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Full text of "Compte-rendu des séances de l'administration provinciale d'Auch"

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COMPTE-RENDU 


DES   SEANCES 


L'ADMINISTRATION   PROVINCIALE    D'AUCH 

AVEC 

NOTES    &    DOCUMENTS 

1787 


COMPTE    RENDU 


DES    SÉANCES 


DE 


D'AUGH 

AVEC    NOTES    ET    DOCUMENTS 

PAK   LK 

MARQUIS  DE  GALARD-MAGNAS 

1887 


^^<^^^  ^^\ 


ACEN 

MPRIMKRIK    VfRGff.E    LEN'THÉRIG 

Madame    v«    lenthéric    successeur 

12,  Rue  de  Cessac,  12 

1887 


BléUOTHECA 


^^^'> 


5^7 


J 


La  Motte-en-Brie,  ce  25  novembre  i6éi. 


«  A  la  campagne  il  faut  qu'un  reclus  s'occupe  et  empesche  son 
«  corps  et  son  esprit  de  se  rouiller.  Je  me  promène  beaucoup  dans 
«  la  salle,  la  chambre,  le  jardin,  le  bois,  les  avenues  de  la  maison, 
«  et  pendant  cela,  mon  esprit  fait  plus  de  chemin  que  mon  corps, 
a  et,  si  l'on  trouve  après  moy,  force  papier  brouillé  dans  mon 
«  cabinet  de  travail,  c'est  que  j'ai  haï  l'oisiveté,  et  qu'il  vaut 
((  mieux  faire  de  médiocres  compositions  que  de  ne  rien  faire.    » 

«  Quant  à  l'origine  et  à  la  généalogie  de  la  famille  des  Gou- 

«  las,  de  Paris,  il  n'est  guère  d'ancienne  race  qui  n'ait  sa  chimère  ; 
«  il  y  en  a  chez  nous  comme  chez  les  autres,  et  la  tradition  veut 
«  que  Robert  Goulas,  le  premier  qui  vint  s'établir  dans  l'Isle-de- 
«  France,  y  faisoit  les  affaires  du  Duc  Jehan  de  Bourbonnais,  en 
«  1453,  après  qu'il  eut  épousé  la  fille  du  roi  Charles  VIP.  Ce 
«  Robert  venoit,  d'après  la  tradition,  d'un  gentilhomme  gascon, 
«  que  le  Duc  de  Bourbon,  aïeul  de  Jehan,  avoit  amené  de  Guyenne, 
«  lorsqu'il  s'en  retourna  victorieux  des  Anglois,  au  temps  de 
«  Charles  VP,  vers  l'an  1400  et  ledit  Gentilhomme  était  sorti  des 
«  seigneurs  de  Terraube,  près  de  Leictoure,  du  nom  de  Goalar  ou 
«  Goular,  I'r  ayant  été  jadis  changée  en  s  et  ayant  été,  plus  tard, 
«  appelé   Goulas,   au  Ueu  de  Goular.  » 


(Extrait  des  Mémoires  de  Nicolas  Goulas  de  La  Motte,  gentilhomme  ordinaire 
de  la  Chambre  de  Mgr  Gaston,  duc  d'Orléans,  décédé  en  son  château  de  La 
Motte-en-Brie,  le  13  avril  1683.) 


ERRATA 


Page    3,    ligne  34,  au  lieu   de  533,  lisez  :    357. 

—  4,      —        5,  au    lieu  de  2,  lisez  :    /. 

—  23,      —      24,  après  province,  lisez  :  depuis  plusieurs  années. 

—  33,      —        3,  au   lieu    du    19  novembre  et    du   12   décembre, 

lisez   :    le   t2  novembre  et  le    19   décembre. 

—  106,      —        2,  après  d'Armagnac,  lisez  :  et  du  Quercy. 

—  112,      —      37,  après   sable  ,  lisez  :    et  ,  brochant  sur  le    tout , 

d'azur  à  la  Tour  d'argent  ,  maçonnée  de 
sable ,  placée  sur  un  semis  de  fleurs  de 
lys  d'or. 

—  147,      —        2,  après  1375,  ajoutez  :   la. 

—  147,      —        9,  au   lieu  de    Langeois ,   lisez   :    Langlois. 

—  153,      —      25,  au  lieu  de  a  donné,  lisez  :  a  compté. 

—  157,      —        6,  après   souverain,   mettez  :    deux   guillemets   et 

le  cliifTre   2,   au   lieu  de   1. 

—  171,      —      33,  au  lieu  de  Behanay,  lisez  :  Duchanay. 

—  180,       —      34,  au   lieu  de  lieutenan,  lisez  :   lieutenant. 

—  187,      —      23,  après  côté,  mettez  :  virgule,  et  supprimez  :  et. 

—  191,      —        4,  au  lieu  de  épousa,  lisez  :  s'allia,  le  15  novembre 

1592,  avec. 

—  196,      —      34,  au  lieu  de  Maulenq,   lisez  :  Moulenq. 

—  205,      —      2'i,  au  lieu   de  laiiternistes,  lisez  :    lanternistes. 

—  229,      —      35,  au  lieu  d'œternan,  lisez  :   wternam. 

—  234,      —        2,  au    lieu   de  Saint-Clar  (Gers),   lisez  :    Gramont 

(Tarn-et-Garonne). 

—  242,      —      35,  au   lieu   de  7'ois,  lisez  :  trois. 

—  255,      —        4,  après  médiocres,   fermez  les  guillemets. 

—  263.      —      30,  au  lieu  de  Ferdinand,  lisez  :  Ferdinande. 

—  266,      —      14,  au    lieu   de  seeret,  lisez  :  secret. 

—  270,      —      27,    au  lieu  de  au,  lisez  :   aux. 

—  281,      —      25,  au    lieu   de   Monnein,    lisez  :    Monein. 


VIII 

Page  299,  lignes  24,  27,  au  lieu  de   Fimarçon,  lisez  :  Fimarcon. 

—  299,      —      32,  après   glands,    lisez  :    de. 

308,  —  29,  ajoutez  guillemets,  entre  devant  et  Monseigneur. 

—  332,  —  14,  ajoutez  après   Larraxe  (^). 

—  332,  —  17,  effacer  après  {1481)  (*). 

—  346,  —  21,  au  lieu  de  Limouzin,  lisez  :  Limousin. 

—  347,  —  9,  au    lieu   de  chapelenie,   lisez  :   chapellenie. 

—  400,  —  19,  au  lieu  de  le  terreur,   lisez  :  la  terreur. 

—  410,  —  28,  ajoutez  ('). 

—  443,  —  17,  au  lieu   de   six,   lisez  :   sept, 

—  454,  —  16,  au   lieu  de  est,  lisez  -.et. 

—  482,  —  33,  ajoutez  (*). 

—  496,  —  29,  après  troisième,  lisez  :  d'azur  à  la  bande  d'or. 

—  502,  —  29,  après  1636,  ajoutez  :  Le  pr-emier  Président  dont 

il   est    ici   question ,    se    nommait    Jean    de 
Bertier. 


COMPTE  RENDU 


DES  SEANCES 


DE  L'ADMINISTRATION  PROVINCIALE  D'AUCH 


1787 


En  notre  époque  de  désorganisation  radicale  et  de  transfor- 
mation violente,  le  monde  qui  rélléchit  aime  souvent,  par 
révolte  et  antithèse ,  à  étudier  le  passé,  à  se  rattachei'  aux 
l'ègles  d'autrefois  et  aux  traditions  de  l'ancien  régime.  Il  se 
prend  d'un  certain  goût,  mêlé  de  regret,  pour  diverses  institu- 
tions disparues,  où  il  constate  de  l'ordre,  de  la  tenue,  et  ce 
sentiment  de  respect  i)Our  l'autorité,  si  profond  jadis,  si  nul 
maintenant.  Jamais  le  siècle  dernier  n'avait  été  aussi  étudié 
que  de  nos  joui's,  et  nous  sommes  avides  de  connaître  les 
habitudes,  les  costumes  ^  et  surtout  les  idées  de  la  génération 
qui  vivait  de  1700  à  1790. 

La  représentation  nationale  actuelle  -,  si  singulièrement 
composée ,  sauf  d'honorables  exceptions ,  de  par  le  droit  du 
sutlVage  universel,  fait  reportei-,  avec  curiosité,  les  esprits 
sérieux  vers  le  temps  qui  précéda  le  bouleversement  généi'al 

'«  Consulter  pour  les  costumes  de  cette  époque,    le   bel    ouvrage   de  M.    le   comte  de 
Reisel.  Moiles  et  usages  nu  temps  île  Marie-Antoinette.  » 

^.lanvi.T  1887, 


2  COMPTE  RENDU  DES  SEANCES 

de  '1792,  temps  de  transition  trop  court,  hélas  !  où  le  Roi,  les 
ministres  et  la  noblesse,  marchaient  d'accord  pour  le  bien  du 
pays.  Cependant  on  doit  remarquer  que  déjà,  la  l'eprésenta- 
tion  nationale,  telle  qu'on  la  comprenait  alors,  ne  paraissait 
plus  suffire  aux  besoins  du  l'oyaume;  de  toutes  parts  s'éle- 
vaient des  plaintes,  motivées  ou  non,  et  des  demandes  énergi- 
ques de  réformes  et  de  changements.  Depuis  quelques  années, 
l'esprit  frondeur  des  villes  battait  en  brèche  les  vieilles  insti- 
tutions, jugées  insuffisantes,  et  la  critique  s'exerçait,  sans 
retenue  et  sans  justice,  sur  les  délégués  chargés  des  intérêts 
des  Provinces.  Partout  se  manifestaient  de  graves  symptômes 
d'indépendance,  souvent  de  désaiïection,  et  l'antique  édifice  de 
la  Monarchie,  abandonné  même  par  ceux  qui  devaient  le 
protéger,  allait  être  bientôt  livré,  sans  défense,  aux  attaques  et 
aux  insultes. 

((  Pourtant,  écrivait  Monsieur  de  Ségur,  si  le  plan  trop 
((  blâmé,  des  administrations  provinciales,  et  qui  était  bien 
«  conforme  aux  paternelles  intentions  du  Roi,  eût  triomphé 
«  des  obstacles  que  l'intrigue  lui  opposa,  au  lieu  de  courir 
((  imprudemment  à  une  liljerté  chimérique  par  les  secousses 
ft  violentes  d'une  orageuse  révolution,  l'éducation  nationale  se 
«  sei'ait  faite  gi'aduellement  ;  ces  réformes  salutaires  seraient 
«  arrivées  peu  à  peu  ;  les  délibérations  municipales  et  pro- 
«  vinciales  auraient  olfert  au  trône  des  lumièresetdesappuis; 
i(  l'autorité  se  serait  accoutiunée  à  écoutei'  un  vœu  national 
«  bien  éclairé,  qui  aurait  centuplé  sa  force,  et  la  vraie  lil)erté 
«  se  sei-ait  naturalisée  cliez  nous  sans  elforts,  au  lieu  d'y 
ft  apparaître  comme  une  puissance  hostile,  qui  envahit,  qui 
«  renverse,  qui  nivelle,  et  devant  laquelle  les  anciens  pouvoirs, 
«  les  anciennes  sui)ériorités,  les  anti<jues  lois  et  les  vieilles 
«,<  (•(Miliimcs,  sont  i'orcés,  a[>ivs  lui combat,  court  mais  jicharné, 
«  de  céder  ou  de  périr. 

a  Les  gens  de  89  trouvèi-ent  la  [)lupart  des  réformes  en 
«  geiine  et  quand  on  lit  les  cahiei's  ap[)ortés  aux  Ktats-Géné- 
«  raux,  il  reste  dans  l'àme  de  chaque  lecteur  sincère  et 
«   iiiip.trliid,   un  sciiliinciil  de  luotonde   reconnaissance  pour 


COMPTE  RENDU  DES  SEANCES  ô 

(c  les  classe»  élevées  de  la  Société,  qui,  au  prix  de  leurs 
(c  privilèges,  de  leur  bien-être,  de  leurs  jouissances,  se  sont 
«  mises  à  la  tête  d'une  opposition  qui  aurait  avorté  sans 
«  leur  aide,  et  qui  a  été  dévoyée  dès  qu'elles  ont  été  éloignées 
c(  du  terrain  politique^  Ceci  n'est  point  un  paradoxe;  on  peut 
ft  en  trouver  la  preuve  ilans  chaque  province-.  » 

Au  Sud-Ouest  de  la  France,  où  s'était  toujours  perpétué  le 
souvenir  des  communes  libres,  des  consuls  nommés  par  elles, 
et  d'une  autonomie  urbaine  et  rurale  qui  était  un  legs  de  la 
domination  romaine,  les  Assemblées  d'Election  et  de  Pro- 
vince avaient  encore  gardé  beaucoup  de  leur  prestige  ancien 
et  de  leur  impoitance  passée.  Dans  les  villes  comme  dans  les 
campagnes,  c'était  un  honneur  très  recherché,  d'être  choisi 
pour  représenter  et  défendre  les  intérêts  des  populations.  De 
tout  temps,  en  Guienne  et  en  Gascogne,  des  hommes  considé- 
rai )les  par  leur  nom,  leur  position  ou  leur  caractèi-e,  avaient 
été  élus  par  la  communauté  qui  avait  foi  en  eux  ;  les  fonctions 
consulaires  n'étaient  nullement  dédaignées  par  la  noblesse 
d'épée,  et  jusqu'en  1594,  les  gentilshommes  les  plus  qualiliés 
entraient  dans  le  mouvement  communal  pour  le  diriger  et  lui 
donner  l'appui  de  leur  autorité. 

Si  dans  toutes  les  provinces  le  même  esprit  eût  animé  les 
seigneurs,  «  la  noblesse  vaincue  sur  le  terrain  de  la  féodalité, 
((  se  serait  promptement  relevée  par  l'influence  d'Assemblées, 
«  où  elle  aurait  dominé,  en  défendant  les  intérêts  de  tous, 
((  en  devenant,  à  son  tour,  l'alliée  du  Tiers-Etat,  qui  avait 
((  jusqu'alors  combattu  avec  les  rois  ;  elle  aurait  réparé  les 
«  défaites  qu'elle  avait  constamment  éprouvées  depuis  Louis- 
(.(  le-Gros,  et  elle  devenait  une  Aristoci'atie  politique-^  » 

Au  moyen  âge,  les  seigneurs  gascons  s'étaient  montrés  plus 
habiles  ou  plus  prévoyants,   et  pendant  longtemps  les  che- 

1  Comme  témoignage  des  seiilimeiits  de  la  noblesse  à  cette  époque,  nous  citons  à 
l'appendice  :  »  le  Cahier  des  nobles  de  la  Prévôté  et  Vicomte  de  Paris-hors-les-murs,  con- 
tenant les  ponviiiis  (juils  ronflent  à  leurs  députés  aux  Etats-Généiaux  >•.  App.  page  533. 

2  G.  Niel. 
•<  Batbie. 


4  COMPTE   RENDU   DES   SEANCES 

valiers  des  plus  anciennes  et  des  plus  illustres  races  ne 
croyaient  point  déroger  en  occupant  les  charges  consulaires 
dans  leurs  villes  ou  villages.  L'histoire,  avec  son  impartialité, 
a  dû  reconnaître  que  les  abus  de  pouvoir  furent  rares  et 
que  les  intérêts  des  «  communautés-  »  furent  presque  tou- 
jours énergiquement  défendus  par  les  gentilshommes  à  qui 
elles  avaient  commis  le  soin  de  les  protéger. 

Bernard  de  Gontaut  était,  en  1328,  consul  de  Gondom 
avec  Vital  de  Peyrecave,  Pierre  de  Fousseries  et  Vital  de 
Labat  ;  Sans  d'Astarac  fut  nommé  consul,  vers  1377,  à 
Valence  d'Armagnac ,  et  en  1418 ,  Auch  avait,  pour  premier 
magistrat,  un  membre  de  la  grande  famille  de  Montant.  Les 
Montbrun,  Villeneuve,  Rouaix,  Varagnes,  de  Pins,  Puybus- 
que,  Montlaur,  Bai'bazan,  Rivière-Thézan,  Paulignac,  Béon, 
Bastard,  d'Astugue,  de  Bordes,  d'Angiade,  d'Aigremont, 
Manas  et  quantité  d'autres  gentilshommes  avaient  brigué  et 
obtenu  l'honneur  d'ajouter  une  illustration  nouvelle  à  leur 
gloire  féodale.  Un  retlet  de  ces  coutumes  et  de  ces  idées 
s'était  conservé  dans  le  Midi  jusqu'en  1787,  et,  à  cette 
époque,  un  membre  de  la  noblesse,  quelqu'élevé  que  fût  son 
lignage,  se  trouvait  encore  honoré  de  pointer  le  titre  de 
délégué  ou  député,  soit  pour  la  réunion  de  l'élection,  soit 
pour  l'Assemblée  de  la  Généralité,  appelée  Assemblée 
Provinciale. 

On  donnait  ce  dernier  nom  aux  gi-andes  subdivisions  qui 
partageaient  la  France  pour  faciliter  la  perception  des  im- 
pôts. L'assemblée  de  l'Election  ne  devait  s'occuper  que  d'af- 
faires peu  importantes  et  limitées  à  l'étendue,  toujours  assez 
lestreinte,  de  l'Election  elle-même.  «  Les  attributions  du 
bureau  de  l'Election  pai-ticipaient  d'un  double  caractère, 
comme  ti'il>unal  et  administiation.  G'est  de  là  que  partaient 
les  instructions  pour  le  mode  de  perception,  les  facilités  à 
accorder,  les  délais  à  fixer,  les  remises  et  modérations  à 
déterminer,  les  moyens  coei-citifs  à  employei'.  G'était  le  gou- 

'  Paroiiisfïs. 


COMPTE   RExNDU    DES    SÉANCES  5 

vernement  qui  posait  les  premières  bases  du  budget  général 
de  l'Etat,  qu'on  partageait  ensuite  entre  les  diverses  provinces, 
mais  le  jugement  en  dernier  ressort  ne  lui  appartenait  pointa) , 
Au  contraire ,  l'Assemblée  Provinciale  comprenait  toute  la 
généralité  ,  et  traitait  les  intérêts  les  plus  graves,  sous  la 
direction  du  Sénéchal ,  dans  les  provinces  du  royaume  où  il 
n'y  avait  pas  d'Etats.  Jusqu'à  la  fin  du  xiii'^  siècle,  les  Séné- 
chaux furent  pris  dans  la  noblesse  et  ils  devaient  être  cheva- 
liers et  possesseurs  de  fiefs  ;  leur  pouvoir  était  fort  considé- 
rable, mais  il  fut  diminué,  plus  tard,  par  les  Parlements  qui 
avaient  le  droit  de  réviseï-  et  de  casser  leurs  jugements.  Dans 
le  Nord  de  la  France,  les  Sénéchaux  s'appelaient  Baillis^,  et 
il  n'y  avait  aucune  différence  entre  les  fonctions  qui  corres- 
pondaient à  ces  deux  titres.  Philip pe-le-Bel  avait  déjà  restreint 
la  puissance  des  sénéchaux  et  des  baillis,  qu'il  soumit  à  la 
nomination  et  à  la  révocation  par  le  Conseil  du  Roi,  Ils  ne 
purent  plus  commander  de  troupes  que  dans  le  cas,  fort  rare, 
de  convocation  de  l'arrière-ban. 

Au  xviie  siècle,  Richelieu  créa,  de  nouveau,  les  Intendants, 
qui  avaient  déjà  existé  vers  1555  et  il  a  donné  les  motifs  qui 
présidèrent  à  cette  institution  :  a  Apprendre  comment  se 
gouverne  la  noblesse,  et  arrêter  le  cours  de  toutes  sortes  de 
désordres ,  spécialement  les  violences  de  ceux  qui ,  étant 
puissants  et  riches,  oppriment  les  faibles  et  les  pauvres  su- 
jets du  Roy  ;  »  cette  magistrature,  ennemie  des  Parlements , 
ruina  la  puissance  du  Sénéchal,  dont  la  charge  devint  purement 
honorifique;  cependant,  en  1789,  le  roi  confia  aux  sénéchaux 
du  Royaume  le  soin  de  convoquer  le  peuple  dans  les  Assem- 
blées électorales  et  de  surveiller  la  liberté  du  scrutin. 

Les  intendants  de  Province,  ou  commissaires  des  finances, 
qui,  à  la  fin  du  xviiP  siècle,  étaient  pour  toute  la  France,  au 
nombre  de  trente-deux,  devaient  représenter  le  pouvoir  central 
dans  la  grande  circonsciiption  administrative  appelée  géné- 

'  F.  de  Cassassolles,  —  Hist.  île  Saranion. 

^  Parfois  on  trouve    aussi  ce  nom  usité  anciennenient  dans  le  Midi  et  il  y  eut,  en  1208, 
une  transaction  passée  à  Agen,  en  présence  du  bailli  du  roi  et  du  bailli  de  l'évêquc. 


6  COMPTE  RENDU  DES  SEANCES 

ralité;  iioniniés  par  simple  commission  du  Conseil  et  révocables 
à  volonté,  ils  se  qualifiaient  d'  ((Intendants  de  justice,  police 
et  finances  du  Royaume,  pour  Sa  Majesté,  commissaires 
députés  dans  les  diverses  généralités  pour  l'exécution  des 
ordres  du  Roy  ï>.  Richelieu  les  avait  institués  dès  1635,  afin 
de  tenir  en  échec  la  noblesse  et  surtout  les  Gouverneurs  de 
Province ,  trop  influents  et  trop  redoutables  pour  le  pouvoir 
du  Souverain.  Les  Intendants ,  supprimés  en  1648  sur  les 
observations  des  Parlements,  furent  rétablis  (1653),  avec 
une  autorité  bien  plus  grande  qu'auparavant,  et  ils  parvinrent 
sous  Louis  XIV,  à  l'apogée  de  leur  puissance ,  qui  pouvait 
aller  jusqu'à  faire  supprimer  à  la  fois,  cinq  présidents  et  dix- 
huit  conseillers  à  la  Cour  des  Aides  de  Montauban'. 

Soutenus  par  le  Ministre,  et  certains  d'avoir  toujours  raison 
en  dernier  ressort  dans  le  Conseil  du  Roi,  ils  se  livrèrent 
souvent  à  des  exactions  que  signalaient  énergiqueraent  les 
Parlements-  dont  ils  auraient  bien  voulu  éviter  la  juridiction 
dans  leuis  procès  particuliers.  Sortis  de  la  classe  bourgeoise 
et  de  la  petite  noblesse  de  robe  ,  les  Intendants  avaient 
fréquemment  de  graves  difficultés  avec  les  Assemblées  Pro- 
vinciales où  dominaient  les  grands  seigneurs ,  le  clergé  élevé 
et  la  noblesse  propriétaire  de  nombreux  fiefs  dans  le  pays  ; 
ces  deux  pouvoirs,  d'accord  en  cela  avec  le  peuple ,  faisaient 
retomber  sur  les  Intendants,  souvent  avec  raison,  l'odieux  des 
charges  fiscales  qu'ils  présentaient  et  devaient  ,  par  devoir 
comme  par  position,  défendre  et  faire  adopter. 

Les  pays  d'Etats  votaient  les  impiHs  dont  la  répartition  et  le 
recouvrement  avaient  lieu  sous  leur  direction;  ces  pays  d'Etals 
se  composaient  de  provinces  qui  n'appartenaient  pas  originai- 
rement à  la  couronne,  et  (jui   avaient  stipulé  le  maintien  de 

'  Louis  XVI  (lisait,  avec  les  meilleures  iiilenlions  du  momie  :  •<  L'administralioii  des 
pays  (rKtal  il  (|iieiinirs  exicptinus  près,  le  léj^ime  îles  Iiilfiidanls,  à  quelques  abus  près, 
est  ce  qu'il  y  a  de  mieux  dans  mou  royaume».  (Faujçère-Dubourg.) 

'  Mcssire  Antoine  de  Bourdcaux,  intendant  du  Bazadais.  un  des  hommes  les  plus  à 
portée  de  connaître  les  gens  de  finances,  écrit  dans  ses  mémoires  que  «  les  eslus  et  aultrcs 
gens  pareilles  lui  paroissent  n'abvoir  esté  créés  que  pour  abismer  les  peuples  mettant  tout 
en  usage  pour  .s'enrirliir».  iHer.  tCAqnilahic  I8(>2  —  l'âge  r>l5. 


COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES  7 

leurs  privilèges,  au  fur  et  à  mesure  de  leur  réunion.  Beaucoup 
de  ces  assemblées  avaient  été  supprimées,  à  des  dates  diverses, 
avant  la  Révolution. 

En  1789  les  pays  d'Etats  étaient  :  le  Béarn,  la  Basse-Navarre, 
le  Bigorre,  la  Soulle,  la  Bretagne,  la  Bourgogne,  l'Artois,  la 
Flandre-Wallone,  le  Cambrésis,  le  Languedoc,  la  Provence, 
le  Marsan,  le  Nébouzan,  le  comté  de  Foix,  le  Labour  et  les 
Quatre-Vallées.  Les  pays  conquis,  ou  cédés,  étaient  :  l'Artois, 
la  Corse,  la  France- Wallone,  le  Hainaut,  la  Franche-Comté,  la 
Flandre-Maritime  et  la  Lorraine  ^  Sauf  dans  les  pays  d'Etats, 
il  y  avait  partout  des  élections.  Dans  les  pays  d'Elections, 
l'impôt  foncier  et  la  capitation  étaient  fixés  par  le  conseil  du 
Roi  et  perçus  sous  la  surveillance  et  l'autorité  d'officiers 
appelés  Elus.  Les  tailles  devinrent  annuelles  à  partir  de  l'Edit 
de  1455,  et  les  fonctionnaires  furent  institués  en  titre  d'office 
tout  en  gardant  la  dénomination  d'Elus. 

Les  cours  des  Aides  statuaient  sur  les  décisions  des  Elus, 
définitivement  toutes  les  fois  que  l'intérêt  du  procès  dépassait 
dix  livres.  Ces  Cours  étaient  au  nombre  de  cinq  pour  toute  la 
France:  Paris,  Montpellier,  Bordeaux,  Montauban  etClermont- 
Ferrand. 

Pour  remédier  au  désordre  des  finances  et  créer  une 
perception  d'impôts  plus  équitable  et  plus  régulière,  l'opinion 
puljlique  réclamait  éiiei'giquem.ent,  dès  1785  -,  la  réunion  des 
Etats-Généraux.  Après  bien  des  hésitations,  dont  les  traces  se 
voient  même  dans  la  date  de  convocation  qui,  fixée  primitive- 
ment au  29  janvier,  fut  ensuite  retardée  jusqu'au  22  février, 
Louis  XVI  redoutant  peut-être  les  Etats  -  Généraux  (leur 
importance  avait  toujours  faitombrage  à  la  Royauté),  convoqua, 
en  1787,  l'Assemblée  des  Notables,  Assemblée  consultative 
seulement.  Messieurs  de  Calonne  et  de  Vergennes,  appuyés 


*  D'après  TEtat  de  la  France,  en  I78'J,  par  Paul  Boiteau,  sur  35  généralités  14  avaient 
conservé  leurs  Etats,  et  :21  étaient  devenues  des  pays  d'Election. 

-  En  1788,  le  parlement  du  Dauphiné,  soutenu  parla  province,  ])roclamait  la  restaura- 
lion  de  ses  anciens  Etats  et  blâmait  la  forme,  donnée  par  les  Edits,  aux  Assemblées 
Provinciales. 


8  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

par  le  comte  d'Artois,  avaient  indiqué  et  conseillé  ce  moyen, 
employé  déjà  sous  les  Valois  et  dont  le  but  était  d'amoindrir 
l'opposition  et  les  droits,  vrais  ou  prétendus,  des  Parlements. 
Le  roi  lui-même  dressa  la  liste  de  l'Assemblée  des  Notables, 
que  nous  transcrivons ,  telle  qu'elle  sortit  du  cabinet  de 
Louis  XVI,  avant  les  modifications  qui  y  lurent  postérieurement 
apportées,  et  sans  le  nom  de  Monsieur  de  La  Fayette,  ajouté 
plus  tard,  au  grand  déplaisir  du  souverain,  toujours  plein  de 
défiance  contre  son  ambition  et  ses  sentiments  bruyamment 
républicains. 

[^a  lettre  de  convocation  écrite  par  le  Roi  aux  divers  mem- 
bi'es  de  l'Assemblée  des  Notables  fut  conçue  en  ces  termes  : 

i(  M 

«  Ayant  résolu  d'assembler  des  personnes  de  diverses  condi- 
tions et  des  plus  qualifiées  de  mon  état,  alin  de  leur  commu- 
niquer mes  vues  pour  le  soulagement  de  mes  peuples,  l'ordre 
de  mes  finances  et  la  réformation  de  plusieurs  abus,  j'ai  jugé 
à  propos  de  vous  y  appeler. 

«  Je  vous  fais  cette  lettre  pour  vous  dire  que  j'ai  fixé  ladite 
Assemblée  au  29  du  mois  de  janvier  1787  à  Versailles,  et  que 
mon  intention  est,  que  vous  vous  y  trouviez  le  dit  jour  à  son 
ouverture  pour  y  assister  et  y  entendre  ce  qui  sera  proposé  de 
ma  part  ;  je  suis  assuré  que  je  trouverai  en  vous  le  secours  que 
je  dois  en  attendre  pour  le  bien  de  mon  Royaume,  qui  en  est 
l'objet. 

«  Sur  ce  je  prie  Dieu  qu'il  vous  ait  en  sa  sainte  garde. 

«  A  Versailles  ce  20  décembie  1780.  » 

Une  estampe  du  temps  »  représente  le  roi  assis  sur  un 
fi(me  llenrdrlysé,  entouré  des  notables  eu  grand  costume  et 
présidant  l'assemblée. 


'  A  l'aris,  chez  M.  de  Lcscla|i;irl,  libraire,  rue   du    Koule  ;  à  Versailles,   rue  Dauphine, 
cheilcs  Associés. 


COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES  9 

L'inscription  suivante  se  lit  au  bas  de  la  gravuie  : 

«  Citoyens  assemblés  par  un  Roy  citoyen, 

Conseil  de  la  patrie,  et   son   noble   soutien, 

Vous  ne  trahirez  pas  l'attente  Généreuse, 

D'un  Roy  qui  veut,  par  vous,  rendie  la  France  heureuse.  » 


10  COMPTE   RENDU   DES    SÉANCES 

Assemblée  des  divers  Notables  du  Royaume  convoqués 
par  le  Roy,  pour  le  29  janvier  1787 


ARCHEVEQUES 


—  PARIS  - 


Antoine,  Eléonor,  Léon  le  Clerc  de  Juigné 
(né  à  Paris  le  2  novembre  IT^S.) 


RHEIMS  — 


Alexandre,  Angélique  de  Taleyrand-Périgord 
(né  à  Paris  en  1736.) 


NARBONNK 


Arthur,  Richard  de  Dillon 
(né  à  S^-Germain  en  Laye  en  17'21.) 


—  TOULOUSE  — 

Etienne,  Charles  de  Loménie  de  Brienne 
(né  à  Paris  en  [T21.) 

-  MX  - 

Jean-de-Dieu,  Raymond  de  Boisgelin 
(né  à  Rennes  le  '11  féviier  173^2. ) 

—  ARLES  — 

Jean-Marie  Dulau 

(né  au  cliàteau  de  La-Coste,  près  Périgueux, 

le  30  octobre  1738.) 

—  BORDEAUX  - 

Jérôme,  Marie  Champion  de  Cicé 
(né  à  Rennes  en  1735.) 


COMPTE   RENDU    DES    SÉANCES  11 

EYÈQUES 

—  LE  PUY  EX  VELAY  — 

]Maiiie,  Joseph  de  Galard-Terraube 
(né  dans  le  diocèse  de  Lectoure  le  20  mai  173G.) 

—  LANGRES  - 

César,  Guillaume  de  la  Luzerne 
(né  à  Paris  en  1738.) 

—  RODEZ  — 

Colbert-SeiCtNElay  de  Gast-le-Hill 
(né  en  1736.) 

—  blots  — 

Alexandre,  François,  Amédée,  Adonis,  Anne,  Louis 

Joseph  de  Lauziéres-Thémines 

(né  à  Montpellier  le  13  janvier  1742.) 

—  NANCY  — 

François  de  Fontanges 
(né  dans  le  diocèse  de  Clermont,  le  8  mars  1744.) 

—  alais  — 

Louis,  François  de  Beausset 
(né  à  Pondichéry  le  14  décembre  1748.) 

—  NEVERS  — 

Pierre  de  Séguiran 
(né  à  Aix,  le  19  avril  1739.) 

NOBLESSE 

Maréchal  de  Contades 

—  de  Broglio  (Broglie) 

—  de  MoucHY  (Noailles) 

—  Mailly 

—  de  Vaux  (d'Espinay  St-Luc) 


12 


COMPTE  RENDU  DES  SEANCES 


Maréchal  (I'Aubeterre 

—  Beauveau 

—  de  Stainville 
Duc  d'  Harcourt 

—  de  NivERNOis 

—  de  La  Rochefoucault 

—  de  Croi 

—  de  Luxembourg 

—  de  Tonnerre 

—  d'  Egmont 
Comte  de  Périgord 

—  Destaing 

—  de  Robec 

—  de  Chabot 

—  de  Briexne 

—  de  Charos 

—  du  Chatelet 

—  de  Laval 

—  de  Montmorin 

—  de  Thyars 

—  de  PUYSÉGUR 

—  de  Montboissier 

—  de  Flaxlande 

—  de  Choiseuil  la  Beaume 

—  de  ROCHECHOUART 

—  de  Langeron 

—  de  Guignes 

—  de  Bouille 

—  de  MiREi'Oix 

—  de  Navailles 

—  de  Croix  des  Chein 


(d'Esparbès) 

(Choiseul) 

(Mazarin) 


(Montmorency) 
(Ciermont) 
(Lamoral) 
(Talleyrand) 

(Montmorency) 

(Rohan) 

(Loménie) 

(Béthune) 

(Lorraime) 

(Montmorency) 

(St-Hérem) 

(de  Bissy) 

(de  Chastenet) 

(Canillac) 


(Lévis) 
(Montaut-Bénac) 


LES  TliOlS  DÉPUTÉS  DES  PROVINCES  EN  PAIS  D'ETAT 


I^nguedoc, 
Bretagne, 


Bourgogne 

Artois. 


COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES  13 

HUIT  CONSEILLERS  D'ETAT 

De  Sat'yigny,  De  Fourqueux, 

BouTiN,  Lenoir, 

ViDAu  de  la  Tour,  Lambert, 

Baccancourt,  La  Galizière. 

MAITRE  DES  REQUÊTES,  INTENDANTS 

Berthier,  Esmaxgard, 

Neville,  Villedeuil. 

COURS  SOUVERAINES 

—  PARIS  - 

D'Aligre,  premier  président 

D'Ormesson, 

Saron, 

Lamoigxon, 

De  Fleury,  pi'ociireur  général 

—  BRETAGNE  — 

Cattuelan,  premier  président 

BouRBUELAN,  procureur  général 

—  TOULOUZE   - 

Le  président  Senault, 
Gambon,  procureur  général 

—  BORDEAUX  — 

Le  Breton,  premier  président 

DuDON,  pi'ocureur  général 

-  DIJO.X  - 
Saint-Seine,  premier  président 

Bérard,  procureur  général 

—  ROUEN  — 

Pontcarré  premier  président 

Belbœuf,  procureur  général. 


14  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

—  AIX  — 

La  Tour,  premier  président. 

Gastillon,  procureur  général. 

—  PAU  — 

La  Gaze,  premier  président. 

BoRDENAVES,  procureur  généraL 

—  METZ  — 

HocQUART,  premier  président. 

Lançon,  procureur  généraL 

—  BESANÇON  — 

Grosbois,  premier  président. 

AuROSE,  procureur  généraL 

—  DOUAY  — 

POLiNCOVE,  premier  président. 

Beaumaize,  procureur  généraL 

—  NANCY  — 

Gœur  de  Roy,       premier  président. 
Marcol,  procureur  généraL 

CONSEIL  SOUVERAIN  D'ALZACE 

De  Gheponne,       premier  président. 
LoiSEAU,  })rocureur  généi'aL 

—  ROUSSILLON  - 

Malartic,  premier  président. 

ViLLAHs,  procureur  général. 

GIIAMBKE  DES  GOMPTES  DE  PARIS 

NiCOLAY  —  MONTHOLON 

COUR  DES  AIDES  DE  PARIS 

BaRK.NTIIIN  —  HoCQUART 


COMPTE  RENDU  DES  SEANCES 

DÉPUTÉS  DES  VILLES 

—  PARIS  — 


15 


Le  Prévôt 
Le  premier 


des  Marchands. 
Echevin. 


CHEFS  MUNICIPAUX  DES  VILLES 


Un  seul  par 

chaque 

ville  suivante  : 

Lion, 

Marseille,    . 

Rordeaux, 

Rouen, 

Toulouse, 

Strasbourg, 

Lille, 

Nantes, 

Metz, 

Nancy, 

Montpellier, 

Valenciennes 

Rheims, 

Amiens, 

Chaalons, 

Caen, 

Orléans, 

Bourges, 

Tours , 

Limoges, 

Montauban. 

Clermont, 


Rayonne, 


Rien  ne  sortit  de  cette  Assemblée,  composée  cependant 
d'hommes  remarquables,  animés  des  meilleures  intentions. 
Monsieur  de  Calonne  essaya  vainement  d'enrayer  le  mal  et 
de  sauver  la  Monarchie  en  lui  conservant  sa  dignité.  L'opinion, 
injuste  dans  cette  circonstance,  était  contre  lui,  et  les  Nota- 
bles  refusèrent  une  partie  des  mesures  qu'il  leur  proposa. 

En  1788,  une  seconde  réunion  traita  du  Rôle  du  Tiers- 
Etat  à  la  prochaine  Assemblée  des  Etats-Généraux  résolue  en 
principe  et  promise  par  le  Roi  dès  4787  *. 

Cette  même  année  avaient  eu  lieu,  comme  à  l'ordinaire,  les 
réunions  dites  d'Election  et  de  Généralité.  Dans  ces  Assem- 
blées de  Province,  les  intrigues  des  gens  de  robe,  membres 
des  Parlements,  juges  et  avocats,  cherchant  à  circonvenir  la 
Noblesse  pour  le  plus  grand  profit  de  leur  Ordre  et  de  leurs 
idées  ambitieuses,  étaient  fréquemment  dévoilées,  et  rarement 
déjouées.    Toujours   instruits,   souvent    habiles,    quelquefois 

*  Les  arrêts  et  les  lettres,  convoquant  les  Etats-Généraux,  parurent  le  8  août  1788,  et  le 
24  janvier  1789. 


16  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

éloquents,  mais  envieux,  imprudents,  animés  d'idées  nou- 
velles, et  caressant  des  utopies  dangereuses ,  ils  firent,  plus 
tard,  la  force  du  Tiers-Etat  et  contribuèrent,  pour  une  large 
part,  à  la  chute  de  la  Monarchie  et  aux  malheurs  de  la  France. 
Dans  le  haut  clergé,  une  partie  bien  faible,  il  faut  le  dire, 
vivait  assez  indifférente  aux  questions  politiques  du  moment  ; 
mais  la  majorité  des  prélats,  tout  en  comprenant  la  nécessité 
de  réformes  devenues,  même  dans  l'Eglise,  urgentes  et  indis- 
pensables, ne  voulait  point  apporter  un  aide  et  une  force 
puissante  aux  désastres  de  tout  genre  qu'elle  prévoyait.  Les 
évéques  se  refusaient  à  adopter  les  nouveaux  sentiments  qu'ils 
qualifiaient  de  révolutionnaires,  et  forts  d'un  passé  glorieux, 
ils  osaient  protester  contre  des  changements  qui  devaient 
amener  le  bouleversement  des  croyances  religieuses  et  la 
perte  d'un  pouvoir  ou  d'une  inlluence  consacrés,  depuis 
des  siècles,  par  le  respect,  l'affection  et  la  reconnaissance. 

La  noblesse,  surtout  dans  les  provinces  méridionales,  avait 
été,  depuis  longtemps,  appauvrie  par  les  guerres  de  religion  et 
par  une  existence  trop  coûteuse  pour  des  revenus  précaires, 
presque  toujours  insuffisants. 

Elle  désirait  des  innovations,  que  réclamait  fi-équemment  le 
triste  état  du  peuple  dans  les  campagnes,  où  elle  résidait,  et 
voyait  de  près  une  misère  qu'elle  était  sans  cesse  appelée  à 
secourir;  mais,  dévouée  au  Roi,  attachée  à  ses  foyers,  ennemie 
des  moyens  violents,  prudente  et  avisée,  c'était  par  des 
demandes  motivées,  des  remontrances  respectueuses  et  des 
etîorts  successifs  et  gradués  qu'elle  voulait,  et  avec  raison, 
améliorer  la  situation  (hi  pays. 

ft  Tout  le  monde  était  animé  d'un  ardent  désir  de  se  mêler 
«  aux  affaires,  et  de  doter  sa  province  d'améliorations. 

«  Les  plus  grands  personnages  du  clei'gé  et  de  la  Noblesse 
«  eurent  à  C(iair,  dès  le  pi'incipe,  de  faire  connaître  leurs 
«  bonnes  intentions;  ils  proclamèrent,  les  premiers,  que 
a  l'inégalité  (\o  l'impôt  était  injuste,  contre  nature;  leur 
<i   langage  était  itlciii  ilc  pitié,  •!(•  coiuiiiiséiatioii  pour  la  classe 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  17 

((  de  misérables  ruinés  par  la  taille  et  par  les  exactions  des 
((  commis  de  finances. 

«  Le  premier  soin  des  Assemblées  fut  de  faire  faire  un 
«  rapport  complet  sur  l'état  de  chaque  province.  A  l'exception 
((.  de  deux  ou  trois  parties  de  la  France ,  ces  rapports  témoi- 
((  gnent  de  la  prospérité  du  pays  à  la  fin  du  siècle  dernier.  Le 
((  commerce  était  plein  d'activité  ;  l'augmentation  du  travail, 
((  l'exportation  allaient  croissant  dans  les  manufactures  ; 
((  l'agriculture  subissait  partout  des  améliorations  progressives, 
((  de  tous  côtés  on  importait  des  procédés  nouveaux,  des  races 
((  étrangères  ;  les  sociétés  d'agriculture  se  formaient  par 
«  enchantement. 

a  Depuis  1766,  on  avait  défriché  dans  vingt-neuf  provinces, 
«  quatre  cent  mille  hectares. 

ce  Quand  on  parcourt  ces  procès-verbaux  des  Assemblées 
«  provinciales,  on  est  pris  d'un  vif  sentiment  de  douleur  en 
((  voyant  tous  ces  noms  d'illustres  races,  tous  ces  hommes 
((  distingués,  embrasés  de  l'amour  du  bien  public,  et  qui 
((  bientôt  allaient  finir  en  exil  ou  périr  sur  l'échafaud. 

(c  Le  talent,  l'ardeur  que  les  uns  et  les  autres  apportaient 
((  dans  le  maniement  des  affaires  publiques  ,  permettaient 
«  d'espérer  un  autre  dénouement.  On  peut  en  conclure  que 
«  les  membres  de  l'Assemblée  Nationale,  pris  d'un  vertige 
((  qu'ils  regrettèrent  plus  tard,  outrepassèrent  leur  mandat  en 
((  mettant  à  néant  beaucoup  de  choses,  beaucoup  d'institutions 
((  qu'il  eût  été  sage  de  conserver i.  » 

L'Angleterre,  plus  prudente,  s'est  avancée  lentement  dans  la 
voie  des  réformes,  et  elle  doit  à  cette  sagesse  le  degré  de 
prospérité  et  de  calme  dont  elle  a  joui  pendant 'si  longtemps. 
Améliorer,  ne  rien  détruire,  mais  toujours  perfectionner, 
telle  était  la  devise  des  Anglais  pour  la  chose  publique. 

En  France,  au  contraire,  on  a  voulu  tout  renverser  à  la  fois 
et  faire  table  rase  des  institutions  qui  avaient  été,  jusqu'à  ce 
moment,   la  gloire  du  royaume.   «  Aussi  la  ruine  totale  de 

1  G.  Niel. 


18  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

«  l'ancien  ordre  de  choses  devait  fatalement  aboutir  à  la 
«  Terreur  quand  l'oligarchie  devint  maîtresse  de  tous  les 
«  pouvoirs,  dont  la  Royauté  préparait  depuis  si  longtemps  la 
«  concentration.  »  (Bladé). 

Au  moment  de  la  réunion  de  l'Assemblée  Provinciale  en  la 
Généralité  d'Auch,  les  grandes  préoccupations  pour  les  imposés 
étaient  la  question  des  chemins  avec  leur  cortège  obligé  de 
corvées,  et  surtout  les  deux  capitations,  tant  nobles  que  rotu- 
rières, avec  les  impositions  des  tailles  et  du  vingtième.  Ce 
devait  être  la  plus  importante  des  réformes  réclamées,  et  dès 
1786,  quantité  de  pamphlets,  signés  ou  anonymes,  mais 
presque  toujours  écrits  en  province,  vinrent  appuyer  énergi- 
quement  ce  désir  d'égalité  dans  l'impôt,  qui  finit  par  être 
réalisé.  ((.  11  faut  faire  passer  la  subvention  territoriale  dans 
((  toutes  les  provinces,  supprimer  ainsi  les  vingtièmes,  et  dans 
((  le  Royaume  toutes  les  terres  des  Grands  et  des  Petits 
«  paieroient  alors  sans  exception,  et  les  Nobles  n'en  seroient 
«  pas  moins  nobles.  »  (Auch  le  1^'"  janvier^.) 

Un  excessif  désordre  régnait  dans  la  topographie  presqu'in- 
connue  de  la  Guyenne  et  de  la  Gascogne,  dépourvues,  à  peu 
près  partout,  de  voies  de  communication,  de  canaux  et  de 
cours  d'eau  navigable.  Seuls,  les  environs  d'Auch  possédaient 
quelques  routes  assez  bonnes,  mais  c'était  un  voyage  long, 
pénible  et  dangereux  que  d'aller  à  Condom,  Lectoure  ou 
Fleurance.  Les  intendants  s'étaient  préoccupés  de  cette 
déplorable  situation,  et  ce  fut  à  l'occasion  de  cette  réunion  de 
l'Assemblée  pi'ovinciale  à  Auch,  en  1787,  qu'on  dressa  la 
carte  encore  inédite  de  la  Généralité,  comprenant  le  territoire 
de  ses  cinq  élections.  Cette  carte,  —  dessinée  par  le  sieur 
Gaulier  fils,  élève  de  l'école  Royale  de  dessin,  établie  à  Auch, 
—  représente  la  singulièi-e  configuration  des  Elections  et  des 
Arrondissements.  Elle  frappa  tellement  les  membres  de 
l'Assemblée  par  sa  bizarreiie  et  la  complète  impossibilité  de 
faire  un  travail   exact  sur    l'entretien  des  routes,    qu'il    fut 

'  Lcllrr  (l'une  dévote  de  Gascogne,  à  Madame  Necker.  (Anonyme.) 


TENUES  A  AUCH  EN  1787  49 

sérieusement  question  oc  et  de  la  réformation  des  Elections  et 
«  de  la  nomination  d'une  commission  particulière  qui,  après 
i(  s'être  occupée  de  cet  objet,  oiïriroit  à  l'Assemblée  un  plan 
((  général  et  uniforme  de  conduite  et  de  combinaison,  pour  la 
((  réformation  des  Elections^.  )) 

C'était  un  prélude  à  la  division  de  la  France  par  départe- 
ments, districts  et  cantons,  qui  eut  lieu  trois  ans  plus  tard^. 

La  Généralité  d'Auch,  créée  par  un  édit  de  4716  aux  dépens 
de  celles  de  Bordeaux  et  de  Montauban,  se  composait,  en  1787, 
des  cinq  Elections  d'Armagnac  (formant  322  paroisses  ou 
communautés,  1,214  feux,  26  bellugues  1/4),  de  Lomagne,  de 
Comminges,  d'Astarac  et  de  Rivière- Verdun.  Elle  comptait 
762,000  âmes,  et  ses  contributions  étaient  de  neuf  millions  de 
livi-es,  ce  qui  faisait  environ  par  tète,  13  livres,  18  sols 
5  deniers. 

Dans  cette  Généralité,  la  taille  était  réelle,  c'est-à-dire 
qu'elle  était  supportée  par  le  sol,  et  que  les  gentilshommes  la 
payaient  quand  ils  avaient  des  domaines  roturiers.  On  avait 
établi  très  exactement  un  état  des  biens  nobles  et  roturiers,  et 
ces  biens,  ainsi  évalués,,  étaient  désignés  sous  le  nom  de  feux^. 

Avant  1787,  la  Généralité  d'Auch  comprenait,  outre  les 
cinq  Elections  déjà  nommées,  celles  des  Lannes,  et  les  pays 
d'Etats  suivants  :  Labourd,  Marsan,  Soûle,  Béarn,  Basse-Na- 
varre, Bigorre,  le  Nébouzan  et  les  Quatre- Vallées,  plus  tard 
réunis  à  l'Intendance  de  Pau  et  Bayonne. 

((  En  résumé  la  Généralité  absorbait,  à  peu  près,  le 
département  actuel  du  Gers  et  huit  arrondissements  qui  sont  : 
Auch,  Mirande,  Lectoure  et  Lombez  dans  le  Gers,  Castel- 
Sarrazin  dans  le  Tarn-et-Garonne,  Muret  et  S^-Gaudens  dans 
la  Haute-Garonne,  enfin  S^-Girons,  dans  l'Ariège  *. 

^  Procès-verbaux  de  rAssemblée  Provinciale. 

2  Prosper-Lafurgue,  Rev.  d'Aquitaine-  1861). 

^  Il  fallait  prouver  par  des  titres  lanobilité  des  fonds  pour  lesquels  on  réclamait  l'cxcmp- 
linn  de  la  taille.  Ces  titres  élaient  ou  des  concessions  royales,  ou  des  abandons  faits  par 
des  communes  à  certains  seigneurs. 

''  Lespy. 


20  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

L'Election  de  Lomagne  se  composait  du  pays  dit  les 
Baronnies,  de  la  Vicomte  de  Bruilhois,  du  Comté  de  Carmaing, 
du  Comté  de  Gaure,  du  Comté  de  l'Isle-Jourdain  et  de  la 
Vicomte  de  Lomagne.  Le  total  des  paroisses  s'élevait  à  160, 
comprenant  ensemble  931  feux,  15  bellugues. 

((  Sans  routes,  sans  canaux,  sans  industrie  et  sans  commerce, 
la  Généralité  d'Auch,  réduite  aux  seules  ressources  d'une 
agriculture  privée  de  débouchés,  ne  parvenait  qu'avec  des 
efforts  inouïs  et  une  stricte  économie,  à  réunir  le  numéraire 
nécessaire  pour  payer  l'impôt*.  » 

Formée  de  contrées  montagneuses  où  les  villages  étaient 
rares  et  les  maisons  clair-semées,  cette  Généralité  ne  contenait, 
suivant  Necker,  que  1,148  communes  et  603  habitants  par  lieue 
carrée,  ou  30  par  cent  hectares.  Grâce  à  l'intendant  d'Etigny, 
qui  l'administra  pendant  seize  aris,  des  routes  furent  établies, 
d'autres  améliorées  et  on  creusa  quelques  canaux.  Moyennant 
ces  efforts,  les  deux  seuls  produits  de  la  province,  les  blés  et 
les  vins,  purent  trouver  des  débouchés  nombreux  sur  Agen, 
Toulouse,  Montauban  et  le  Béarn.  a  De  nos  jours  encore,  près 
de  cinq  cent  mille  hectolitres  de  blé  sont  produits  par  le 
département  du  Gers,  qui  possède  la  plus  grande  culture  de 
froment  qu'il  y  ait  en  France-.  )>  Par  suite  de  la  maladie 
croissante  des  vignes,  cette  production  tend  à  s'agrandir  de 
plus  en  plus. 

Malgré  ses  bienfaits  et  son  entier  dévouement  aux  intérêts 
de  ses  administrés.  Monsieur  d'Etigny  fut  longtemps  regardé 
dans  la  province,  comme  un  intendant  dépensier  ;  on  lui 
reprocha  les  embellissements  de  la  ville  d'Auch,  qu'il  avait 
entrepris  à  l'exemple  de  Monsieur  de  Tourny,  à  Bordeaux, 
et  après  sa  mort ,  on  se  hâta  de  supprimer  diverses  fonda- 
tions, établies  à  grands  frais,  par  ses  soins,  telles  que  le  Haras 
du  Rieutort^,    et  les  pépinières    royales.   Souvent   contrarié 


'  Léonce  de  Laverjjnc. 
*  Léonce  (le  Lavei'^çne. 

•*  Le  château  ilu  Hieulort,  ancien    rendcz-vmis    de  chasse  dos  dncs  de    Roquelanre,  ap- 
partient aujourd'hui  à  M.  de  MontaL 


TENUES   A   AUCH   EX   1787  21 

dans  l'exécution  de  ses  vastes  et  utiles  projets.  Monsieur 
d'Etigny  disait  tristement  :  «  les  pères  me  maudissent,  les  fils 
me  béniront,  »  l'avenir  a  justifié  ces  prophétiques  paroles*. 

Né  en  1720,  Monsieur  d'Etigny  avait  été  appelé,  vers  trente 
et  un  ans ,  à  remplir  les  fonctions  que  son  frère  Maigret  de 
Sérilly  avait  occupées.  Il  joignait  (dit  ^I.  Ladoucette),  aux 
talents  de  l'homme  d'Etat,  les  qualités  qui  font  le  charme  de 
la  vie.  Sa  taille  majestueuse,  sa  figure  prévenante,  ses  maniè- 
res affables,  son  caractère  impétueux  en  même  temps  que 
réfléchi,  inflexible,  mais  juste  et  généreux,  l'ardeur  avec 
laquelle  il  épousait  les  intérêts  de  ses  administrés,  tout  con- 
tribuait à  lui  gagner  les  cœurs. 

La  ville  d'Auch,  tardivement  reconnaissante  envers  ce  grand 
citoyen,  lui  a  élevé  un  tombeau  dans  sa  cathédrale,  et  une 
statue  sur  la  promenade  qui  porte  le  nom  de  d'Etigny. 

«  Le  sentiment  qui  dominait  toujours  dans  les  diverses  réu- 
nions, soit  d'Election,  soit  de  Généralité,  en  Gascogne,  était 
une  épargne  scrupuleuse  de  l'argent  des  contribuables  et  une 
aversion  éclairée  pour  toute  espèce  de  monopole,  comme  pour 
tout  gaspillage  administratif.  Ces  sentiments  font  d'autant  plus 
d'honneur  aux  Assemblées  de  cette  province,  que,  malgré  sa 
pauvreté,  ses  lourdes  charges  et  son  complet  délaissement  par 
le  pouvoir  central,  il  ne  se  mêla  jamais  aucun  mot  amer  dans 
ses  délibérations  -,  et  la  portion  de  la  France  qui  aurait  eu  le 
plus  le  droit  de  se  plaindre,  donnait  l'exemple  de  la  plus  en- 
tière confiance  dans  les  intentions  paternelles  du  Roi^.  » 

Le  24  septembre  1787,  la  réunion  de  l'Election  de  Lomagne 
tenue  pendant  trois  jours,  à  Lectoure,  avait  été  consultée  sur 
les  diverses  questions  qui  sei-aient  discutées  au  mois  de 
novemi)re,  dans  l'Assemblée  Provinciale  à  Auch,  et  chacun 
prévoyait  pour  ce  moment  de  graves  dissentiments.  Malgré  le 


'  Géographie  de  Bourdeau. 

-  Par  une  singulière  ironie  du  hasard,  après  rexéculion  de  Louis  XVI,  on  tira  au  sort 
la  ville  qui  aurait  lechafaud  ayant  servi  au  supplice  du  Roi,  et  il  échut  à  la  ville  d'Auch,  où 
on  l'envoya.  (C»«  de  Reiset,  Modes  et  usages  au  temps  de  Marie-Antoinette.) 

^  Léonce  de  Lavergne. 


22  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

réveil  général  de  l'esprit  public,  l'ardeur  de  chacun  pour  les 
idées  nouvelles,  et  les  nombreux  mémoires  qu'on  adressait  de 
tous  côtés  au  Roi,  ou  à  ses  ministres,  l'Assemblée  de  l'Election 
de  Lomagne  se  passa  encore,  cette  année,  avec  les  formes,  le 
calme,  la  dignité  accoutumés,  sous  la  présidence  de  Monseigneur 
Louis-Emmanuel  de  Gugnac,  évêque  de  Lectoure . 

Nous  donnons  le  procès-verbal  de  l'ouverture  de  cette 
réunion,  qui  se  tint  dans  la  salle  «  dite  du  Gouvernement,  au 
Palais  Episcopal  de  la  ville  de  Lectoure,  sise  en  la  sénéchaus- 
sée d'Armagnac  »  : 

((  Le  24  septembre  1787,  l'Assemblée  de  l'Election  de 
Lomagne  fut  tenue  à  Lectoure  et  le  procès-verbal  suivant  fut 
dressé  à  cette  occasion  : 

(c  L'an  1787  et  le  24'"^  jour  du  mois  de  septembre,  à  six 
heures  du  matin,  dans  une  salle  du  Palais  episcopal  de  la 
ville  de  Lectoure  qui  a  été  choisie  pour  le  lieu  de  la  première 
Assemblée  de  l'Election  de  Lomagne,  ordonnée  par  le  règle- 
ment fait  par  S.  M.  le  P\.oi,  le  12  juillet  1787,  et  composée  de 
Monseigneur  l'évêque  de  Lectoure,  nommé  président  par  Sa 
Majesté,  et  de  MM.  les  députés  nommés  par  l'Assemblée 
Provinciale  d'Aucli,  dont  la  première  séance  a  commencé  le 
25  août  dernier,  et  a  continué  jusqu'au  28  inclusivement  : 

«  Savoir,  dans  l'ordre  du  Clergé  : 

«  Monseigneur  I'Evêque  de  Lectoure,  président*  ; 

((  L'abbé  de  Vitalis,  grand  archidiacre,  grand-vicaire  de 
Lectoure  ; 

((  MoLAS,  curé  de  S^Glar. 

((  Dans  l'ordre  de  la  Nol)lesse  : 

((  Le  marquis  de  Galard,  baron  de  Magnas,  seigneur  de 
Pellehaut,  La  Tour  et  l'Isle-Bouzon ,  lieutenant-colonel  dans 
le  régiment  de  IHcardie,  clievalier  de  S^-Louis  ; 

a  Monsieur  de  Montagu  de  Mondexard,  seigneur  de  Bière, 
maréchal  des  camps  et  armées  du  Roi-. 

'  Louis-Kiiiriiaiiuil  dt;  Ciijçiuic,  milans  li^  diocèscî  di'  Caliors,  cii  I7'2'.t,  sacré    le  27    sep- 
Icnibrc  1772. 
*  Joseph  de  Moiilajçii  de  Moiideiiard  fui  intMé  au  toiillit  ()ui   s'éleva,    en    ilS'J,    eiilrc    le 


1 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  23 

«  Dans  l'ordre  du  Tiers-Etat  : 

«  MoYSSET,  lieutenant-principal  de  l'Election  de  Lomagne,  à 
Fleurance  ; 

ft  La  Glayerie,  aYocat  au  Parlement,  à  la  Chapelle  ; 
«  Deforcade,  aYOcat  au  Parlement,  à  Layrac  ; 
«  Fau  de  Baugin,  aYOcat  au  Parlement,  à  AuYillars  ; 
<i  Mallac,  bourgeois,  à  Gimbrède.   » 

Cette  réunion  Youlait  se  contenter  d'expédier  les  affaires 
courantes  de  l'Election,  et  ne  point  s'occuper  des  intérêts  gé- 
néraux qui  dcYaient  être  traités,  deux  mois  plus  tard,  dans 
l'Assemblée  Pi'OYinciale  d'Auch  ;  cependant  elle  ne  put  se 
dispenser  de  toucher  aux  questions  d'administration  locale  qui 
agitaient  passionnément  les  esprits  à  cette  époque,  et  ses  pro- 
cès-Ycrbaux  témoignent  du  zèle  intelligent  et  patriotique  dont 
les  trois  ordres  étaient  alors  animés. 

Le  Président,  Monseigneur  de  Cugnac,  prononça,  au  début 
des  séances,  un  discours  si  sage,  si  modéré  et  si  éloquent.  (]ue 
l'impression  en  fut  Yotée  à  trois  cents  exemplaires,  et  les 
députés  promirent  de  «  concourir  avec  zèle  aux  Yues  de 
bienfaisance  et  de  patriotisme  de  leur  président  ». 

Profitant  du  trouble  et  de  l'incertitude  qui  répandaient  un 
malaise  général  dans  le  pays,  grâce  à  la  faiblesse  des  fonction- 
naires dont  l'autorité  méprisée  était  déjà  mise  en  question,  de 
graves  désordres  se  produisaient  dans  la  Province  et  les 
propriétés  n'étaient  plus  respectées. 

Des  bandes  armées  parcoui'aient  la  contrée,  en  proférant 
des  menaces  contre  les  gens  paisibles,  et  de  nombreux  actes 
de  violence  avaient  lieu  journellement  sans  répression  possible. 
Une  des  questions  les  plus  importantes  de  la  session  fut  la 
plainte  portée  par  divers  seigneurs,  villageois  et  propriétaires, 
contre  les  «  braconniers  et  autres  gens  de  pillage  »  qui,  sous 
prétexte  de  chasse,  ou  de  manifestations  politiques,  désolaient 
les  campagnes  et  pillaient  même  les  maisons  et  les   récoltes. 

Grand-Sénéchal  et  le  juge  de  La  IMume,  pour  la  convocation  des  Electeurs  et   il  prit  parti 
pour  le  dernier.  (Voir  à  l'appendice |. 


24  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

On  lut  un  long  mémoire,  rapportant  ces  méfaits,  signé  par 
nombre  de  plaignants,  appartenant  à  toutes  les  classes  de  la 
société,  et  qui  jette  un  triste  jour  sur  l'état  de  la  Lomagne  à 
ce  moment. 

Nous  le  citons  en  entier,  comme  document,  à  la  fin  du 
volume',  avec  quelques  lettres  qui  confirment  les  plaintes 
générales  des  habitants  de  la  province. 

Ce  n'était  pas  seulement  en  Guyenne  qu'existaient  le 
désordre  et  le  manque  de  sécurité  pour  les  personnes  et  les 
biens.  Suivant  son  usage,  la  Révolution  dénaturait  le  sens  des 
mots  et  la  liberté  devenait  de  la  licence.  Le  31  juillet  1789, 
Lally-Tollendal  lisait  à  la  tribune  une  correspondance  aussi 
volumineuse  que  désolée,  et  il  donnait  une  liste  de  trente- 
six  châteaux  brûlés,  détruits  ou  pillés  dans  une  seule 
province,  avec  les  détails  d'attentats  pires  encore  contre 
d'inofîensifs  citoyens.  Madame  Elisabeth  écrivait,  le  25  août 
1789,  qu'on  venait  d'apprendre  «.  la  brûlure  de  70  châteaux-.  » 

Le  19  novembre  1787,  l'Assemblée  de  la  Généralité  s'ouvi-it 
à  Auch  ;  le  public,  poussé  par  des  meneurs  soudoyés,  recevant 
de  Paris  leur  mot  d'ordre,  se  montrait  hostile  aux  délégués  du 
clergé  et  de  la  noblesse,  et  peu  sympathique  à  cette  réunion 
qu'on  traitait  de  palliatif  usé  et  inutile;  ce  n'était  pas,  disait- 
on,  un  remède  efficace  aux  maux  dont  souffrait  la  province  ; 
il  fallait  sortir  de  l'ornière  accoutumée,  rompre  avec  les  vieilles 
traditions  et  changer  les  anciennes  habitudes.  Chaque  membre 
de  l'Assemblée  avait  mystérieusement  reçu,  en  arrivant  à 
Auch,  un  papier  avec  cette  phrase  : 

a  Tous  vos  cahiers  portent  ces  mots  :  réformer  les  lois. 
«  Hé!  Messieurs,  faites-en  de  nouvelles,  vous  aurez  bien 
«  plus  tôt  fini. 

((  Signé  :  L'opinion  publique .  » 

Partout  on  réclamait  les  Etats-Généraux  que  le  Roi  annonça 

'  Voir  à  l'appenilicc  :  Mt-moirc  coiilic  des  gens  armés,  déguisés  et  avec  attroupement, 
qui  commettent  toute  espèce  de  délits  en  Lomagne. 
«  Modes  et  usages  au  temps  de  Marie-.Vntoinette,  par  le  (:««  de  Reiset. 


TENUES  A  AUCH  EN  1787  25 

enfin  le  17  décembre  de  cette  même  année,  et  qui  devait, 
croyait-on,  sauver  le  pays  et  ouvrir  une  ère  de  félicité  uni- 
verselle. 

On  étudiait  avec  ardeur  les  relations  des  anciens  Etats  tenus 
à  Tours,  à  Blois  et  enfm  à  Paris,  en  1614  ;  on  demandait  les 
diverses  réformes  que  les  députés  des  xv^,  xvie  et  xviie  siècles 
avaient  à  peine  pressenties. 

La  division  de  l'Assemblée  en  Trois-Ordres  paraissait  inu- 
tile, nuisible  même  et  on  citait  ce  fait,  qu'aux  Etats  tenus  à 
Tours,  en'1484,  il  n'y  eut  qu'un  seul  orateur,  nommé  Relly, 
chanoine  de  Paris,  et  un  seul  cahier  pour  les  trois  ordres, 
«  marque  bien  sensible  de  la  concorde  et  de  la  mutuelle  cor- 
respondance qu'il  y  avoit  lors,  de  l'un  à  l'autre  *  ». 

Aux  Etats-Généraux  de  1467,  le  Tiers-Etat  avait  été  placé 
dans  le  même  parquet  que  les  députés  de  la  noblesse  et  les 
membres  du  Conseil  du  Roi  -. 

Enfm  la  multiplicité,  dans  le  Royaume,  des  hommes  de  loi, 
«  sangsues  du  peuple  »,  était  un  abus  à  réprimer;  «  on  pou- 
ce voit  dire  à  cette  occasion  ce  que  l'Empereur  Adrien  assu- 
«  roit,  en  mourant,  que  c'étoit  le  nombre  des  médecins 
«  autour  de  lui  qui  l'avoit  tué  ^.  » 

Les  gens  de  robe  réclamaient  la  diminution  des  pensions, 
généralement  accordées  comme  récompenses  de  services  mili- 
taires ;  la  noblesse  demandait  la  suppression  de  la  vénalité  des 
charges  publiques.  Voici  le  factum  anonyme  envoyé  à  ce  sujet, 
aux  délégués  de  la  Généralité  d'Auch  : 

«  Messieurs, 

«  La  convocation  des  Etats-Généraux  a  toujours  été  un  hom- 
mage rendu  aux  droits  du  Royaume.  La  Majesté  dont  s'entou- 
roit  le  souverain  ne  l'empêchoit  pas  d'entendre  le  peuple 
élever  énergiquement  la  voix  pour  défendre  ses  libertés, 
réclamées  par  ceux  qu'il  avoit  chargé  de  représenter  ses  inté- 

1  Etats-Généraux  de  France,  1515. 

'  Hist.  des  Etats-Généraux  de  France,  par  M.  de  Landinc,  Paris  1788. 

■*  Etats-Généraux  de  France,  1515. 


26  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

rets.  Des  discussions  sur  ce  dont  doivent  s'occuper  les  Etats, 
éclairèrent,  comme  aujourd'hui,  l'opinion  des  députés.  Il  a 
paru,  en  1615,  deux  brochures  sur  la  vénalité  des  offices  que 
l'une  essayoit  de  justifier  et  dont  l'autre  demandait  la  suppres- 
sion. Diverses  considérations,  des  raisons  assez  bien  exprimées 
ne  manquoient  pas  de  part  et  d'autre.  Cependant,  d'après 
l'aveu  même  du  premier  de  ces  écrits,  l'opinion  publique  et 
son  influence  ont  toujours  été  plus  ou  moins  écoutées  quand 
on  demandoit  cette  suppression  ;  aussi  fut-elle  en  partie 
accordée  sur  la  demande  des  Etats,  et  l'on  proposa"  de  rem- 
placer le  tort  que  cela  causoit  au  trésor,  par  un  nouvel  impôt 
mis  sur  le  sel  et  les  aides.  C'est  à  ce  sujet  que  les  députés  du 
Tiers-Etat  adressèrent  de  très-humbles  mais  très-vives  remon- 
trances au  Roi,  en  un  langage  très-convenable  sui'  ce  que  le 
résultat  de  la  suppression  de  la  vénalité  des  charges  n'appor- 
toit  aucun  soulagement  aux  maux  existants.  Au  contraire,  on 
auroit  encore  à  supporter  le  poids  de  nouveaux  impôts.  Il 
seroit  bien  préférable,  pour  compenser  la  perte  du  Trésor,  de 
diminuer  les  dépenses  générales,  et  de  supprimer  une  partie 
des  pensions. 

Un  mémoire,  rédigé  par  vos  compatriotes,  les  sieurs  Broca, 
Duroy,  député  d'Albret,  et  Boucharan,  de  Condom,  présentent 
d'excellentes  raisons  pour  appuyer  cette  opinion. 

Plusieurs  autres  écrits  de  ce  temps,  tels  qu'une  lettre 
adressée  au  Cardinal  de  Soui-dis^,  où  on  lui  donne  plaisamment 
le  conseil  de  se  mieux  conduii'e,  diverses  i-elations  très-éner- 
giques, et  répandues  alors,  prouvent  (ju'on  jouissoit,  en  ces 
temps  si  éloignés  de  nous,  d'une  cei'taine  liberté  poui-  exprimer 
sa  pensée,  et  on  oseroit  nous  refuser  aujourd'hui  ce  droit  !  » 

Nous  avons  ci'u  intéressant  de  publier  ([uelques  letti'es, 
écrites  à  ce  moment,  et  donnant  une  idée  exacte  de  la  situa- 
tion deses|>rils  en  Gascogne,  pendant  cette  dernière  réunion 
de  l'Asseirdilée  des  Notables  <le  la  Généralité  d'Auch,  en  1787, 
il  y  a  juste  cent  ans  K 

'  Voir   i"t  riippeiMlicc,  la  lislc  des  ilriiiitos  de   la   iv^'iim  Siid-Oiicsl  de   la    France,  aux 
KlaU-Ciénéraux . 


TENUES  A   AUCH   ES   1787  27 

Les  unes  ont  pour  auteurs  deux  membres  de  l'Assemblée, 
faisant  partie  du  Tiers-Etat  ;  d'autres  sont  d'un  simple  bour- 
geois d'Auch,  employé  des  ponts  et  chaussées,  nommé 
Durand  ;  enfin  le  troisième  correspondant  était  un  t^en- 
tilliomme,  assistant  en  spectateur  indépendant,  mais  non 
indifférent,  aux  réunions  des  Notables  de  sa  province. 

Ces  lettres  sont  adressées  à  un  personnage  assez  haut  placé, 
ayant  un  grade  élevé  dans  l'armée,  qui  suivait  avec  un  vif 
intérêt,  du  fond  de  son  manoir  de  Gascogne,  les  diverses 
fluctuations  de  l'opinion,  et  qui  désirait  être  tenu,  jour  par 
jour,  au  courant  de  tout  ce  qui  pouvait  se  passer  d'important 
à  l'Assemblée  provinciale  de  la  Généralité  d'Auch,  par  des 
gens  d'idées  opposées  et  de  condition  différente. 

Nous  avons  joint  à  ces  lettres,  dont  nous  conservons  scru- 
puleusement l'orthographe,  le  procès-verbal  de  cette  Assemblée, 
et  quelques  notes  sur  les  membres  de  la  noblesse  qui  en 
faisaient  partie. 

Monsieur  le  Maréchal  duc  de  Richelieu  était,  à  cette  époque. 
Gouverneur  et  lieutenant-i-fénéral  de   Gu venue  et  Gascogne . 

Monsieur  le  marquis  de  Conflans  commandait  la  Haute- 
Guyenne  et  le  Maréchal  de  Mouchy,  avec  le  vicomte  de 
Noailles  en  survivance,  était  chargé  de  la  Basse-Guyenne. 

Messieurs  Taillepied  de  Bondy  et  Ghanorier  étaient  rece- 
veurs des  finances  à  Auch,  Trul^ert,  directeur  particulier  des 
vingtièmes  dans  cette  ville ,  Gay  et  Guérard  directeurs  de 
l'Administration  des  domaines,  droits  réservés  *  et  contrôles, 
Bonnefin,  régisseur  général,  Lassus  et  de  Moncloux,  directeurs 
des  Gabelles  et  du  tabac. 

Monsieur  le  baron  de  Breteuil,  conseiller  d'Etat  ordinaire. 
Ministre  et  secrétaire  d'Etat ,  était  chargé  de  la  province  de 
Guyenne,  haute  et  basse,  comprenant  les  Intendances  de 
Bordeaux,  Auch  et  Bayonne  ;  Monsieur  de  Golonia,  maître 
des  requêtes,  avait  le  département  de  toutes  les  Gabelles  de 

*  L'impôt  des  droits  réservés  portait  sur  les  objets  de  consommation. 


28 


COMPTE   RENDU   DES    SÉAJN'CES 


France,  sans  exception;  Monsieur  de  Montaran ,  maitre  des 
requêtes,  s'occupait  des  intérêts  du  commerce  dans  le  Béarn 
et  dans  la  Généralité  d'Auch  K 


•  Voir  à  l'appendice,  l'Etal  de  la  France  en  1789. 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  29 


Procès- verbal  de  l'Assemblée  Provinciale 

pour  la  Généralité  d'Auch,  tenue  dans  cette  ville 

en  Novembre  et  Décembre  1787. 


La  présente   Assemblée   a  été    reconnue    être    composée, 
savoir  : 

DE  L'ORDRE  DU  CLERGÉ  : 

MM.  L'archevêque  d'Auch,  président^  ; 

L'ÉvÊQUE  DE  Lescar,  abbé  de  Simorre^  ; 

L'ÉVÈQUE  DE  LeCT0URE3  ; 
L'ÉVÊQUE  DE  COUZERANS*; 

L'ÉVÊQUE  DE  Commences  5; 

DoM  Pélegrin,  abl)é  régulier  de  l'abbaye  de  Rouillas  ; 

L'abbé  de  Laclaverie  de  Soupets,  chanoine  de  l'église 
primatiale  de  cette  ville  et  archidiacre  d'Astarac  ; 

L'abbé  de  La  Tour-du-Pin,  archidiacre  de  Sos,  grand- 
vicaire  d'Auch  ; 

L'abbé  Le  Règue,  archidiacre,  chanoine  de  l'église  de 
Commenges,  vicaire-général  du  diocèse  ; 

L'abbé  de  Faudoas,  chanoine  du  chapitre  de  Pessan. 

DE  CELUI  DE  LA  NORLESSE  : 

MM.  le  vicomte  de  Pointis  S'-Jean  ;  le  marquis  de  Galard, 
seigneur  de  l'Isle-Bouzon  et  Magnas;  le  marquis  de  Luppé, 


*  Louis  Apollinaire  de  la  Tour-du-Pin-Montaiiban. 

2  Marc-Antoine  de  Noé,  devenu  plus  tard  évèqne  de  Troyes. 

3  Louis-Emmanuel  de  Cugnac. 

*  Dominique  de  Lastic. 

■'•  Antoine-Charles-Eustache  d'Osmond. 


30  COifPTE   RENDU   DES   SÉANCES 

seigneur  de  Lacassaigue;  le  comte  de  Noé,  maréchal  des  camps 
et  armées  du  roi,  seigneur  de  Miélan,  Urdens,  Trie,  etc.  ;  le 
marquis  d'Angosse,  maréchal  des  camps  et  armées  du  roi, 
grand  sénéchal  et  gouverneur  d'Armagnac,  seigneur  de  Projan, 
Ségun,  etc.;  le  comte  de  Cardaillac  de  Lomné,  chevalier  de 
S'-Louis,  baron  d'Esparros,  seigneur  de  Castex  et  la  Brande  ; 
de  Maurens,  président  à  Mortier  au  parlement  de  Toulouse, 
seigneur  de  Maurens  ;  le  comte  de  Fezensac,  colonel  en  second 
du  régiment  de  Lyonnais,  comte  de  Marsan,  Lassère,  etc.;  le 
comte  de  Béon,  sous-lieutenant  des  gardes  du  corps  de  Sa 
Majesté,  seigneur  de  Lapalu  (absent);  de  Catelan,  avocat- 
général  du  Parlement  de  Toulouse,  seigneur  de  Caumont. 

DE  CELUI  DU  TIERS-ÉTAT: 

MM,  Hugueny,  maire  et  lieutenant  principal  de  Beaumont- 
lez-Lomagne  ^  ;  Long,  procureur  du  roi  de  Beaumont-lez- 
Lomagne  ;  Messine,  procureur  du  roi  de  Gimont  ;  Descoubès 
de  Monlaur,  seigneur  de  S'-Jean-le-Gomtal  et  d'Arbéchan, 
lieutenant-criminel  au  siège  présidial  d'Auch;  Boubée,  greffier 
en  chef,  civil  et  criminel,  en  la  sénéchaussée  et  présidial 
d'Auch  ;  Despiau,  avocat  au  parlement  à  Auch;  Dumas,  avocat 
à  L'Isle-Jourdain  ;  Marpoy  de  Sabasan,  seigneur  de  S^-André- 
de-Carens  et  Malegasse,  à  Eauze  ;  Rives,  à  S^-Girons  ;  Jun, 
conseiller  à  l'élection  de  Lomagne  (absent)  ;  BoussÈs,  avocat 
à  Mirande  ;  Burgalat,  docteur  en  médecine,  d'Aspect  ; 
Mazères-^Iondon,  notaire  Royal  de  Terraube  ;  Nassans,  juge- 
général  du  comté  d'Astarac;  Noguès,  négociant  à  S^-Martory  ; 
Dastarac,  avocat  au  parlement,  à  Cadours  ;  Bauduer,  bour- 
geois à  Peyrusse-Massas  ;  Tarrible,  avocat  au  parlement  et 
notaire  à  Miiannes;  Dumoulin,  notaire  royal  à  S^-Avit;  Gérac 
(absent). 


'  (>  Ilii-çiu-iiy  (leviiil,  sous  In  Ti'iroiir,  accusateur  public  dans  le  Gers,  ot  mérita,  avec 
l)arli<i<ifilli\  le  siuisln-  suriumi  de  |>iiurvoyeur  de  l'iViialaud.  Il  pn-sida  aussi  le  tribunal 
ri'-volnlii(iuiaiii-  di-  Tdulciiisc  (|ui,  en  trois  mois,  prononça  13  coiidaini\ations  à  mort.  (Voir 
à  l'appt-ndir*-.) 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  Si 

SYNDICS  GÉNÉRAUX  : 

M'Sl.  l'abîmé  d'Arrêt,  grand-vicaire  d'Aiich  et  archidiacre 
d'Angles  ;  Boubée,  juge-général  de  l'archevêché  d'Auch. 

Secrétaire  et  Crreffier, 

Le  sieur  Fajon. 

COMMISSION  POUR  LA  CAPITATION   : 

Monseigneur  l'évêque  de  Couzerans,  président  ; 
l'évêque  de  Commences  ; 
MM.  DoM  Pélegrin,  abbé  régulier  ; 
Le  vicomte  de  Pointis  ; 

Le  marquis  de  Galard,  chevalier  de  St-Louis  ; 
De    Monlaur,    Long,    Messine,   Marpoy,   et 
Burgalat. 

COMMISSION  DES  VINGTIÈMES  : 

MM.  Le  marquis  de  Galard,  président  ; 
Le  marquis  de  Luppé  ; 

De  Catelan,  l'abbé  Le  Bègue,  Long,  Rives,  Boussès, 
Dastarac. 

L'Assemblée,  considérant  qu'elle  a  rempli  les  objets  qu'elle 
s'étoit  proposé,  a  arrêté  de  faire  avertir  M.  le  commissaire  du 
Roy^,  pour  l'inviter  à  venir  faire  la  clôture  de  l'Assemblée.  En 
conséquence,  M^I.  le  comte  de  Cardaillac  et  Despiau  ont  été 
nommés  pour  aller  le  prévenir  que  l'Assemblée  étoit  prête  à  le 
recevoir.  M.  le  commissaire  du  Roy  ayant  été  annoncé,  MM. 
les  procureurs-syndics  se  sont  rendus  au  bas  de  l'escalier  ;  M. 
l'abbé  de  Rouillas,  j\I.  le  marquis  de  Galard,  M.   Hugueny  et 


^  Bertrand  de  Boucheporn,  le  dernier  intendant  des  généralités  d'Auch,  Pau  et  Béarn, 
était  un  ancien  magistrat  au  parlement  de  Metz  ;  il  mourut  sur  l'écliafaud,  pendant  la 
Terreur  ;  d'un  noble  caractère  et  d'un  esprit  distingué,  il  exerça  ces  fonctions  jusqu'en 
1790.  Son  traitement  était  d'environ  vingt  mille  livres.  (La  société  et  les  mœurs  en 
Béarn.) 


32  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

M.  Long  ont  été  nommés  pour  aller  le  recevoir  au  haut  de 
l'escalier  et  le  conduire  dans  la  salle  ;  ^1.  le  commissaire  du 
Roy  étant  entré  et  s'étant  assis  dans  un  fauteuil  au  milieu  de 
l'Assemblée,  en  face  de  M.  le  Président,  a  témoigné  à  l'Assem- 
blée le  zèle  dont  il  est  animé  pour  le  bonheur  et  la  prospérité 
de  la  province. 

Mg^"  le  Président  y  a  répondu  en  lui  exprimant  les  sentiments 
dont  l'Assemblée  est  pénétrée  pour  sa  personne  et  sa  confiance 
aux  bontés  de  Sa  Majesté. 

t  L.  Ap.  Arch.  d'Auch,  président  ; 

7  L.  Em.  évéque  de  Lectoure  ; 

L'abbé  de  Bouillas  ;  Laclaverie  ;  l'abbé  de  Latour-du-Pin, 
vicaire-général,  archidiacre  ;  l'abbé  Le  Bègue  ;  l'abbé  de 
Faudoas  ;  Hugueny  ;  Dumas  ;  Despiau  ;  de  Monlaur  ;  Boussès; 
Rives  ;  Mazères-Mondon  ;  Noguès  ;  Bauduer  ;  l'abbé  d'Arrêt, 
procureur-syndic  ;  le  vicomte  de  Pointis  ;  le  marquis  de 
Galard  ;  le  marquis  de  Luppé  ;  le  comte  de  Noé  ;  le  marquis 
d'Angosse  ;  le  comte  de  Gardaillac  ;  le  comte  de  Fezensac  ; 
Long  ;  Catelan  ;  jNIarpoy  de  Sabasan  ;  Boubée  ;  Burgalat  ; 
Nassans,  juge  ;  Dastarac  ;  Tarrible  ;  Dumoulin  ;  Boubée, 
procureur-syndic. 

Signé  : 

Fajon,  secrétaire. 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  33 


Bulletin  pour  M.  le  chevalier  de  G'** 

relatif  à  ce  qui  s'est  passé  dans  les  séances  de  l'administration 

provinciale  d'Auch,  depuis  le  19  novembre 

jusqu'au  12  décembre  1787. 


La  première  séance  du  19  novembre  fut  ouverte  par  un 
discours  prononcé  par  M'Ji'  l'Archevêque  <,  président,  où  il 
présenta  l'ensemble  des  objets  dont  l'administration  devait 
s'occuper,  sous  des  points  de  vue  dictés  par  l'intérêt  du 
Gouvernement  et  véritablement  par  l'intérêt  commun  de  la 
Province.  Ce  discours  était  très  bien  écrit  ;  Mai"  l'Archevêque, 
pressé  par  un  grand  nombre  de  membres  de  l'Assemblée,  de 
consentir  à  l'impression  de  ce  discours  et  à  ce  qu'il  fût  inséré 
dans  le  procès-verbal  de  l'Assemblée,  s'est,  jusqu'à  présent, 
obstiné  à  s'y  refuser. 

A  cette  première  séance,  il  fut  prononcé  un  discours  par  M. 
l'abbé  Darrès,  syndic  du  clergé  et  de  la  noblesse,  où  il  présenta 
avec  toute  la  précision  et  l'énergie  possibles,  les  détails  de 
toutes  les  impositions  et  charges  de  la  province,  avec  leurs 
causes  premières,  secondaires  et  progressives.  Il  compara  les 
véritables  forces  de  la  Province,  soit  avec  celles  de  la  Province 
de  la  Haute-Guyenne,  soit  avec  celles  de  tout  le  royaume,  et 
prouva  que  la  nôtre  éprouvait,  depuis  sa  séparation  d'avec 
celle  de  la  Haute-Guyenne,  une  surcharge  de  plus  de  la  moitié 
en  sus,  proportion  exactement  gardée  ;  il  prouva  encore,  avec 
le  plus  grand  intérêt,  tous  les  abus  qui  s'étaient,  depuis 
longtemps,  glissés  soit  dans  l'établissement  de  certains  impôts, 
soit  dans  leur  perception,  soit  dans  leur  destination,  et  finit 
par  inspirer  à  l'Assemblée  toute  sorte  de  confiance  dans  le 
succès  de  bonification  que  présentait  à  faire  une  bonne  admi- 

*  Louis,  Apollinaire  tle  La  Tom-du-Pin-Moiitauban. 


34  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

nistration.  Enfin  ce  discours  fit  dans  le  public  la  plus  agréable 
impression. 

Le  lendemain,  20  novembre,  l'Assemblée  assista  à  une 
messe  solennelle  qui  fut  célébrée  à  la  cathédrale,  à  l'autel  du 
S'-Esprit  ;  après  la  messe,  on  se  rendit  encore  à  FArchevêclié 
où  l'on  dîna. 

Le  lendemain,  21  novembre,  l'Assemblée  se  forma,  et  Mon- 
sieur l'Intendant*  y  fut  introduit  et  fut  porteur  des  ordres  du 
Roy  qui  simplement  ordonnait  la  formation  de  l'Assemblée  ;  il 
fit  un  discours  très  court  et  où  il  ne  mit  presque  pas  d'intérêt  ; 
pendant  les  quatre  à  cinq  séances  suivantes  il  fut  fait  lecture 
de  dilTérents  procès-verbaux  des  assemblées  d'Election  ;  l'on 
trouva  dans  ces  divers  procès-verbaux  matière  à  de  grandes 
discussions  et  à  de  grands  développements  d'intérêt  ;  à  la  suite 
de  toutes  ces  lectures.  Ma»"  l'Archevêque  forma  divers  bureaux 
à  chacun  desquels  il  fut  renvoyé  à  discuter  tout  ce  qui  devint 
de  sa  compétence  ;  ces  divers  bureaux  étaient:  l'un  des  tailles, 
le  second  des  vingtièmes,  le  troisième  des  droits  réservés,  ou 
octroi  et  charges  locales,  le  quatrième  des  chemins,  le  cin- 
quième des  ateliers  de  charité,  le  sixième  du  règlement,  le 
septième  de  la  vérification  des  titres  de  noblesse,  le  huitième 
du  bien  public,  le  neuvième  de  la  comptabilité,  et  le  dixième 
de  la  capitation,  présidé  par  Mar  l'Evèque  de  Gouzerans. 

Les  présidents  de  ces  divers  bureaux  sont,  savoir  :  de  celui 
des  tailles,  M.  le  comte  de  Noé  ;  de  celui  des  vingtièmes,  X[. 
le  marquis  de  Galard  de  Liste  ;  du  troisième,  ^L  l'abbé  de 
La  Tour-du-Pin,  parent  de  Mo'"  l'Archevêque  et  archidiacre; 
du  quatrième,  Mg""  l'Evêque  de  Conmiinges  ;  du  cinquième, 
My  l'Evêque  de  Lectoure  ;  du  sixième.  Ma""  l'Evêque  de  Lescar; 
du  septième,  ^L  le  vicomte  de  Pointis  ;  du  huitième,  M.  le 
président  de  Maurens  ;  du  neuvième,  AL  le  marcjuis  de  Luppé. 
Le  bureau  des  chemins  est  celui  qui  de  suite  s'occupa  le  plus 
sérieusement,  et  il  y  fut  invité  plus  particulièrement  [)ar 
rAssemblée,  parce  (ju'on  roi)résenta  (juc  les  travaux  des  che- 

'  Hcrlrand  ilc  Hiiiirh<'|i(irn  orcnpa  cet  emploi  de  178(1  à  17!tU. 


I 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  35 

mins  devaient  être  entamés  le  plus  tôt  possible,  surtout  vu  le 
succès  que  la  commission  intermédiaire  avait  sollicité  et 
obtenu  de  Isl.  l'intendant,  aux  adjudications  commencées  dans 
le  mois  d'octobre. 

Le  '23,  M.  l'intendant  fut  introduit  à  l'Assemblée,  et  il  y 
porta  le  règlement  du  conseil,  fait  dans  le  mois  de  novembre, 
divisé  en  cinq  parties,  la  première  concernant  le  cérémonial, 
les  formes  et  la  tenue  de  l'Assemblée  provinciale,  les  assem- 
blées d'élection,  les  fonctions  des  différents  membres  ou 
officiers  aux  assemblées,  et  autres  objets  relatifs  à  leur 
formation  et  organisation  intérieure. 

La  seconde  partie  concernait  les  fonctions  des  différentes 
assemblées  et  leurs  relations  avec  M.  l'intendant. 

La  troisième  concernait  les  impositions  ordinaires. 

La  quatrième  concernait  le  vingtième,  dans  lequel  Sa  Majesté 
veut  que  les  ressources  du  clergé  soient  portées  sur  les  Rolles 
du  vingtième  des  communautés,  pour  mémoire  seulement,  afin 
qu'on  puisse  connaître  la  juste  proportion  de  ce  que  pourrait 
payer  le  bien  du  clergé,  à  raison  de  ses  revenus  par  comparaison 
avec  les  autres  propriétés  foncières  du  Royaume  ,  y  compris 
celles  du  propre  domaine  de  Sa  Majesté.  Dans  cette  même 
partie  dudit  règlement.  Sa  ]\Iajesté  fait  proposer,  par  M. 
l'intendant,  l'abonnement  du  vingtième  à  un  million  trois  cent 
vingt  mille  livres,  sauf  à  tenir  compte  à  la  Province  de  deux 
cent  soixante  mille  livres  qui  a  paru  pouvoir  être  à  la  charge 
des  biens  ecclésiastiques,  et,  si  tel  est  le  vœu  de  l'Assemblée 
d'accepter  cet  abonnement,  le  Roy  assure  que  de  sa  part 
l'intendant  donnera  ordre  au  Directeur  du  vingtième  de  remettre 
à  l'Assemblée  les  renseignements  qui  auraient  trait  à  la  quotité 
de  l'imposition,  et  de  prendre  les  ordres  de  l'Assemblée  qui 
sera  alors  chargée  de  la  répartition  de  la  somme  à  laquelle 
l'abonnement  sera  fixé. 

La  cinquième  partie  concernait  les  ponts  et  chaussées. 

J'aurais  désiré  pouvoir  vous  envoyer.  Monsieur  le  chevalier, 
un  imprimé  de  ce  règlement,  mais  il  ne  m'a  pas  été  possible 
d'en  avoir  d'autre  que  celuy  que   Ma'"   l'Archevêque  m'a  fait 


36  COMPTE   RENDU    DES    SÉANCES 

remettre.  Il  a  empêché  l'imprimeur  de  distribuer  les  300 
exemplaires  qu'il  a  imprimés  pour  son  compte.  On  ne  sait 
trop  la  raison  de  cette  défïense  et  si  je  n'avais  eu  un  besoin 
constant  de  cellui  que  j'ay,  je  l'eusse  envoyé  de  suite,  mais,  à 
mon  arrivée  à  Beaumont  de  Lomagne^,  j'aurai  le  soin  de  vous 
le  faire  passer. 

Ce  règlement  fit  dans  l'Assemblée  la  plus  agréable  sensation, 
surtout  à  cause  de  l'abonnement  du  vingtième  proposé  ;  il  fut 
en  conséquence  délibéré  de  suite  qu'on  l'acceptait  et  la  délibé- 
ration fut  envoyée  aussitôt  au  Ministre,  avec  néanmoins  les 
représentations  les  plus  pressantes  et  tendant  à  modérer  la 
somme  de  cet  abonnement  demandé  par  le  Roy,  à  cause  de 
l'état  des  surcharges  et  d'épuisement  des  forces  distributives  de 
la  Province. 

Trois  jours  après,  M.  l'intendant  parut  à  l'Assemblée  et 
annonça  qu'il  venait  lui  faire  part  de  certains  ordres  ministé- 
riels qui  portaient,  entr'autres  choses,  que  d'après  les  calculs, 
instructions  et  renseignements  pris  par  le  Gouvernement,  il 
était  présumable  que  la  Province  pouvait  supporter  un 
vingtième  de  deux  cent  cinquante  mille  livres  de  plus,  et  !\I. 
l'intendant  observa  que  le  Gouvernement  désiroit  cette 
augmentation  d'abonnement. 

Tout  le  monde  fut  consterné  d'une  semblable  exaction  ;  on 
délibéra  de  ne  pas  s'y  rendre  et  l'on  écrivit  au  Ministre  tout  ce 
qu'il  fut  possible  d'écrire  de  plus  touciiant  et  de  plus  sensible 
poui'  faire  prévaloir  la  première  délibération  qui  luy  avoit  été 
adressée. 

Nous  attendons,  avec  impatience  nouvelle  du  Ministre  sur 
l'une  et  l'autre  de  nos  délibérations.  C'est  prétendre  que  le 
directeur  du  vingtième  et  tous  ses  agents  travaillent  à  des  relevés 
et  à  des  états  pour  fournir  des  instructions  au  Gouvernement, 
aiin  de  l'éloigner  de  tout  abonnement  au  vingtième  de  la 
Province.  Mo""  l'Archevêque,  qui  parait  avoir  des  relations 
particulières  avec  le  Ministre,  nous  donne  les  plus  grandes 
espérances  et  de  même  nous  assure  que  notre  abonnement 
offert  aura  lieu,  et  qu'il  sera  accepté  par  le  gouvernement. 


TENUES  A  AUCH  EN  1787  37 

Depuis  cette  époque  de  la  présentation  des  derniers  ordi-es 
ministériels,  les  divers  bureaux  ont  fait  quelques  rapports, 
notamment  le  bureau  des  cheuiins,  et  il  a  été  délibéré  que,  pour 
l'année  1788,  les  travaux  des  chemins  seroient  faits  par  impo- 
sitions en  argent  sur  l'universalité  de  la  Province. 

Il  a  été  délibéré  de  plus,  en  premier  lien,  que  la  contribu- 
li(Mi  f'ii  ;tr;_;p]il  seriHl  |iris»'  ;iii  nuire  l;i  livir  df  l;i  rHpilMlion 
riitiiiirrH  :  ccth-  I.ksc  ;i  |i;iiii  .|f|iiii>  iniuslc  :  du  revenait  <l(tn<:. 
qiielqnes  join's  apiés,>ur  la  délibéralion  "pii  rétablissuil  :  M.  le 
président  de  Maurens  propose  d'autres  bases  qui  parurent 
plus  justes  et  par  lesquelles  il  voulut  atteindre  tous  les  états  ; 
en  conséquence,  il  proposa  de  prendre  pour  les  bases  de  la 
taille,  le  vingtième  de  la  capitation,  et  comme  il  crut  qu'une 
somme  de  242  mille  livi'es  pourioit  être  suffisante  en  1788, 
pour  faire  les  travaux  des  routes  qui  sont  à  l'entretien  et  qu'il 
y  aurait  même  un  résidu  pour  être  employé  aux  routes  qui 
sont  en  construction,  les  plus  nécessaires,  il  proposa,  dis-je, 
pour  cette  somme  de  242  mille  livi-es  d'imposer  le  centième 
de  la  taille,  le  quinzième  du  vingtième  et  le  sixième  de  la 
capitation. 

Cette  proposition  parut  à  l'Assemblée  admissible  ;  mais 
comme  elle  ne  remplissoit  pas  tout  à  fait  les  vues  du  clergé 
qui  désiroit  une  somme  beaucoup  plus  considérable  pour 
pouvoir  étendre  à  son  gré  les  travaux  des  chemins,  il  provo- 
qua un  autre  avis  qui  fut  celui-cy  :  en  conservant  les  mêmes 
bases  de  l'épai'tition  proposées  par  M.  de  Maurens,  on  deman- 
derait une  imposition  d'une  somme  l'eprésentative  du  montant 
des  3/5  de  la  capitation,  et  cette  somme  se  monte  à  cinq  cent 
neuf  mille  livi'es.  Cet  avis  fut  balloté  et  néanmoins,  à  la  faveur 
de  cei'taine  équivoque  et  de  certain  malentendu,  il  fut  dit  par 
le  président  de  l'Assemblée  que  cet  avis  qui  était  le  sien,  avait 
prévalu  ;  après  la  séance,  un  grand  nombre  des  membres 
s'étant  réuni,  il  fut  reconnu  qu'il  y  avait  eu  de  l'équivoque  et 
({ue  les  voix  qui  avoient  dit  être  de  l'avis  de  M.  le  président, 
Mil'"  rArchevê(|ue  devoit  se  les  avoir  appropriées,  quoyque  ces 
-Messieurs  eussent  entendu  être  de  l'avis  de  M.  le  président  de 


38  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

Maurens  et  non  de  l'avis  de  M.  le  président  de  l'Assemblée; 
cela  donna  lieu,  dans  une  séance  suivante,  à  une  nouvelle 
émotion,  et  M.  le  président  de  Maurens  se  chargea  de  l'affaire; 
mais,  comme  dans  l'intervalle,  il  se  concilia  avec  Mg''  l'Arche- 
vêque, il  présenta  cette  motion  avec  un  tempérament  qui  ne 
réduisit  rien  à  la  somme  votée  par  le  clergé  ;  ce  ne  fit  autre 
chose  que  diviser  le  paiement  et  la  levée  de  cette  somme  en 
trois  termes  :  le  premier  pendant  les  premiers  six  mois  de 
l'année  1788,  le  second  pendant  les  derniers  six  mois  de  ladite 
année,  et  le  troisième  pendant  les  premiers  six  mois  de  l'année 
1789,  de  manière  que  les  travaux  pour  cette  entière  somme, 
doivent  être  toujours  faits  dans  l'année  1788  ;  c'est  faire  faire 
par  la  Province  un  emprunt  aux  adjudicataires  qui  n'y  consen- 
tiront vraysemblablement  qu'en  faveur  d'un  gros  intérêt  de 
leurs  avances.  Une  telle  résolution  bien  loin  d'être  un  allége- 
ment pour  le  peuple,  deviendra  pour  eux  une  surcharge,  et 
toutes  les  indications  qui  furent  proposées  à  cet  égard,  surtout 
par  les  membres  du  tiers-état,  furent  méprisées  et  l'avis  passa 
au  gré  du  clergé.  Il  fut  également  mis  en  proposition  de  faire 
la  division  des  ateliers,  et  d'en  assigner  à  chaque  communauté 
avec  établissement  de  cantonniers.  On  décida  seulement  de 
former  des  ateliers  autant  que  faire  se  pourrait  et  à  mettre 
des  stationnaires  dedans,  c'est-à-dire  à  la  charge  des  adjudi- 
cataires, mais  après  partage  des  voix  que  Ms'"  l'Archevêque 
vuida  en  faveur  de  son  droit  de  prépondérance.  Il  y  eut  égale- 
ment équivoque  dans  ce  délibéré;  ce  fut  moy  qui  le  démon- 
tray  et  prouvay  à  My  l'Archevêque  qu'il  ne  pouvoit  pas  y  avoir 
de  partage  dans  les  voix,  parce  que  l'Assemblée  n'étoit  alors 
composée  que  de  35  votants. 

La  proposition  fut  donc  remise  en  délibération  et  elle  passa 
avec  22  voix  contre  11.  Dans  une  autre  séance,  où  nous 
n'étions  (jue  33,  il  fut  adopté  que  les  stationnaires  seraient  en 
deiiois,  c'est-à-dire  à  la  charge  de  la  province,  de  manière 
qu'il  n'(^n  fut  établi  que  sur  les  l'outes  qui  en  auraient  besoin, 
et  après  (pie  les  adjudicataires  aiiraicnl  Uni  leurs  travaux  cl 
fait  recevoir  leui-  adjudication. 


TENUES   A   AUCH   EX   1887  39 

Il  s'est  passé  beaucoup  de  train  pour  parvenir  à  faire  naître 
la  proposition.  Si  l'Assemblée  sollicitait  du  Roy,  de  donner 
l'option  aux  communautés  pour  faire  les  travaux  en  nature, 
ou  par  contribution  en  argent,  My  l'Archevêque  et  le  clergé 
auraient  manifesté  le  plus  grand  éloignement,  on  peut  même 
dire  la  plus  grande  résistance,  à  laisser  faire  cette  proposition. 
M'J''  l'Archevêque  voulut  même  prétendre  avoir  le  droit  de  s'y 
opposer  et  il  étendit  son  pouvoir  jusqu'à  annoncer  que  qui  que 
ce  fut  ne  pouvoit  faire  de  proposition  sans  son  agrément, 
surtout  de  ces  propositions  qui  paraissoient  être  contre  les 
vœux  du  gouvernement.  Il  lui  fut  représenté  avec  force  que 
toutes  les  propositions  i*elatives  à  l'administration  de  la  pro- 
vince pouvoient  être  faites,  soit  par  la  voix  de  chaque  membre, 
soit  par  la  voix  de  chaque  bureau  intermédiaire,  après  lui  en 
avoir  fait  seulement  part;  la  question  fut  vigoureusement 
suivie  par  M.  de  Luppé  et  quelques  autres  gentils-hommes, 
soutenus  du  tiers-état,  et  la  proposition  fut  faite  et  passa  à 
l'avis  de  la  plus  grande  majorité.  On  déclara  que  l'Assemblée 
ferait  faire  un  mémoire  relatif,  visité  et  corrigé,  si  besoin  était 
par  la  commission  intermédiaire  dont  les  membres  qui  la 
composent  sont  partisans  de  cette  proposition.  Dans  ce 
mémoire,  on  solliciteroit  avec  la  plus  vive  presse,  de  Sa 
Majesté,  l'option  en  faveur  des  communautés  de  la  Province, 
et  d'après  le  vœu  général,  de  faire,  par  la  réunion  des  foi'ces 
contributives,  et  non  corvéables,  les  travaux  en  nature  au 
moyen  d'une  distril)utioji  individuelle,  ou  de  les  faire  faire  par 
contribution  en  argent,  par  adjudication. 

Voilà  tout  ce  qui  a  été  jusqu'à  présent  délibéré  concernant 
les  chemins  faits;  et  pour  les  nouveaux  chemins  à  faire,  de 
communication,  ou  vicinaux,  ou  grandes  routes,  il  a  été  déli- 
béré que  les  communautés  à  desservir  seroient  autorisées  à 
s'imposer  pendant  dix  ans  le  dixième  de  leur  imposition 
chaque  année,  et  que  si  le  produit  de  cette  imposition  ne 
suffisait  pas  pour  fournir  aux  frais  des  chemins  de  communi- 
cation, qu'elles  seroient  autorisées,  après  due  vérification  de  sa 
nécessité,  et  la  pi-ovince  viendroit  au  secours  de  cette  conuim- 


40  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

nauté,  soit  au  moyen  de   ressources  qu'on  puiseroit  dans  le 
fonds  des  ateliers  de  charité,  soit  autrement. 

Le  bureau  du  règlement  a  fait  un  rapport  relatif  à  divers 
chefs  de  discipline  intérieure,  peu  intéressant,  dont  je  crois 
inutile  de  faire  mention. 

Le  bureau  du  bien  public  a  fait  un  rapport  relatif  aux  mou- 
lins H  farine  et  ipii  \t^\v^  à  [M'évenir  les  fraudes  des  meimiers. 
soit  iImms  I;i  ni;init''t>^  'le  t';iiiv  l;t  t'jfcine.  suit  dans  \:\  iHOnii  dn 
[.Hirevoif  lein-  ilroit  de  mouture,  soit  dans  la  façon  d'éviter  des 
vols.  11  a  été  établi  que  dans  chaque  moulin,  soit  à  eau,  soit  à 
vent,  il  y  aurait  une  mesure  étalonnée  sur  celle  qui  serait 
tenue  dans  chaque  assemblée  de  municipalité;  qu'il  y  auroit 
également  des  poids  pour  peser  les  Itleds,  avant  de  les  mou- 
di-e  et  les  repeseï'  en  fai'ine,  de  manière  ([u'on  put  être  assuré 
d'avoir  en  farine  le  juste  produit  du  bled,  et  qu'il  serait  statué 
d'une  manière  fixe  et  déterminée,  après  des  épreuves  que 
chaque  municipalité  serait  tenue  de  faire  faire,  quelle  devroit 
être  la  quantité  restante  et  la  diminution  du  poids  de  la  farine. 

Ce  plan  a  été  adopté  par  l'Assemblée,  et  même  on  faisoil 
promouvoir  le  })i'ocureui'  général  au  parlement,  pour  excitei- 
un  arrêté  de  l'èglement  relatif. 

Le  bureau  de  la  noblesse  a  fait  un  rapport  à  la  suite  duquel 
il  a  été  délil)éi"é  que  les  meml)res  de  la  noblesse  qui  vou- 
draient entrer  dans  les  assemblées  d'élection,  seroient  tenus 
de  [)rouver  leur  nof)less('  par  (piatre  générations,  sans  com- 
pi-endre  celle  de  l'Elu,  sans  (pi'il  fut  nécessaire  que  les  preuves 
remontassent  au  delà  de  cent  ans  et  que  les  preuves  seroient 
faites  par  titres  ou  extraits  originaux,  ou  par  autres  exti'aits 
compulsés  en  présence  dn  commissaire  nommé  par  le 
président  de  l'Assemblée  d'élection,  et  que  sur  le  rapport  ([ui 
seroit  fait  du  tout  à  l'Assemblée  Provinciale,  et  à  la  commis- 
sion intermédiaire,  il  serait  délinitivemeid  statué  sur  l'admis- 
sion ou  la  non-adnussion  diidit  membre. 

Le  bureau  des  tailles  a  f;i il  lui  rjpjtorl  rehdil' aux  contraintes 
et  a  proposé  ipiehpies  dilVérences  à  portei'  au  règlement.  Ces 
articles  (Mulu-asssoienl  peu  d'objets  relatifs  à  cette  question,  et 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  44 

M«''  l'Evêqiie  de  Lectoure  offrit  de  présenter  à  l'Assemblée, 
sous  peu  de  jours,  un  plan  beaucoup  plus  étudié,  et  il  fut 
décidé  qu'avant  de  rien  fixer  définitivement,  on  attendroit  le 
plan  annoncé  par  My  l'Evêque  de  Lectoure. 

Il  a  été  fait  un  rapport  par  le  bureau  de  la  capitation,  dans 
lequel  on  a  proposé  des  moyens  poui'  réparer,  autant  que 
tnirp  se  pourra,  les  inégalités  qu'il  y  a  dans  la  répartition  de 
rel  iinpol  et  prévenir  Tarbitraiie  qui  s'y  est  glissé  constain- 
iiient.  Entr'autres  moyens  il  a  été  proposé  de  faire  des  classes 
de  contribuables  et  d'en  former  autant  qu'il  y  aurait  de  cotes 
égales,  de  comprendre  chaque  classe  dans  une  colonne  à  elle 
propi-e,  afin  que  chacun  puisse  aussitôt  reconnaître  par  com- 
paraison la  justice  ou  l'injustice,  l'égalité  ou  l'inégalité  de  la 
cote  qu'on  lui  aura  fixée.  Il  sera  fait  un  profit  dans  chaque 
communauté  de  ce  rolle  de  capitation  qui  sera  déposé  au  secré- 
tariat pendant  plusieurs  jours  afin  qu'un  chacun  puisse  l'aller 
examiner  et  y  faire  telle  observation  qu'il  avisera  et  après  un 
temps  moral,  on  retirera  ce  projet  sur  lequel  on  formera  le 
rôle,  en  ayant  tel  égard  ({ue  de  raison  aux  différentes  obser- 
vations qui  y  auront  été  faites. 

Voilà  le  principal  des  résolutions  qui  ont  été  prises  par 
l'Assemblée  pour  cet  objet. 

Le  bureau  des  octrois,  ou  droits  réservés,  fit  tirer  un  rap- 
port où  il  proposa  également  des  moyens  pour  prévenir 
l'inégalité  et  les  injustices  qui  se  commettaient  habituelle- 
ment à  la  répartition  de  cet  impôt,  et  il  fut  arrêté  qu'il  serait 
fait  à  peu  près  les  mêmes  opérations  déterminées  pour  la 
capitation  et  que  les  bases  des  contribuables  consommateurs 
sei-oient  faites  dans  le  même  sens,  toutefois  à  raison  de  leur 
consommation  et  non  pas  de  leurs  ricliesses  et  aisance. 

Il  fut  également  établi  et  prouvé  dans  ce  rapport  que  la 
province  était  très  sui'chargée  dans  la  distribution  de  cet 
im[)ôt,  surtout  en  comparaison  de  la  Haute-Guyenne  et  que 
celle-cy  avait  dans  son  temps  réclamé  une  modération  qu'elle 
avait  obtenue.  La  position  de  notre  Province  était  à  tous 
égards,  plus  favorable  poui-  devoir  espérer  d'obtenir  la  réduc- 


42  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

tion  de  cet  impôt  d'une  manière  proportionnelle  à  ses  fonds  et 
capacités;  il  fut  en  conséquence  délibéré  à  l'Assemblée  qu'il 
seroit  fait  au  Roy  toutes  sortes  d'instances  et  de  représenta- 
tions nécessaires  pour  obtenir  la  modération  et  la  réduction 
de  cet  impôt. 

Voilà,  Monsieur,  tout  ce  que  j'ay  pudans  ce  moment,  vous 
api>i'endre  de  l'état  de  nos  opérations;  j'aurais  désiré  avoir 
l'honneur  de  vous  donner  temps  par  temps  le  détail  de  ce  qui 
s'est  passé  successivement  et  cela  eut  été  peut-être  mieux 
circonstancié,  mais  le  temps  m'a  manqué.  Je  serai  exact  tous 
les  courriers  à  vous  instiiiire  de  ce  qu'il  y  aura  eu  de  nou- 
veau. J'ay  l'honneur  de  vous  envoyer  quelques  mémoires  que 
le  gouvernement  nous  a  fait  distribuer;  quand  vous  les  aurez 
lus  vous  aurez  la  lionté  de  me  les  faire  passer  à  Beaumont  de 
Lomagne,  à  mon  retour. 

Je  vous  prie  de  me  crohe  avec  un  très  respectueux  atta- 
chement, 

Monsieui'  le  Chevalier, 
votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

HUGUENY. 

Auch,  ce  12  décembi-e  1787. 


MoNSiECR  LE  Chevalier, 

Je  tiens  beaucoup  trop  à  votre  satisfaction  i)oui'  n'avoir  pas 
éprouvé  ces  dei'niei'S  jours  les  |)his  grands  regrels  de  ne 
[>ouvoir  vous  mander  les  opérations  de  notre  Assemblée.  Nous 
nous  occu|)Oiis  ])eaucoui)  sans  néanmoins  avancer  la  besoigne, 
et  jr  puis  vous  dire  en  toute  vérité,  (pi'à  i)art  tout  ce  qui  est 
travail,  je  iic  suis  pas  pbis  à  Auch  (pic  si  je  me  trouv(Us  à 
Ikiauiuonl.  Lt^s  Asseml)lées,  U's  inireaiix  et  les  rédactions,  [)kis 


TENUES    A   AUCH   EX   1787  43 

pénibles  qu'on  ne  sceauroit  l'immaginer,  absorbent  plus  de 
temps  qu'on  n'en  a;  j'ai  lu,  aux  derniers  jours  de  l'Assemblée, 
le  rapport  du  bureau  des  preuves  de  Noblesse,  matière  délicate 
et  presque  nulle  pour  l'écrivain,  d'autant  qu'elle  n'avoit  été 
traitée  que  par  un  article  de  règlement,  dans  les  autres 
Assemblées  Provinciales.  J'avois  projette  de  vous  en  envoyer 
copie  avec  un  journal  abrégé  de  nos  délibérations  et  de  leure 
variantes,  car  on  est  revenu  sur  plusieurs,  mais  la  formation 
d'un  nouveau  bureau  concernant  une  nouvelle  division  d'élec- 
tions, dans  lequel  j'ai  été  mis  et  désigné  rédacteur,  joint  à  une 
surcharge  d'autre  travail  de  toute  espèce,  m'a  forcé  de  vous 
supplier  d'agréer  que  je  m'en  rapporte  à  tout  ce  que  m'a 
soumis  mon  compatriote,  M.  Hugueny,  de  vous  en  dire  dans  un 
grand  détail.  Il  vous  parlera  sûrement  de  l'étrange  changement 
et  de  la  rétractation  du  ministère  touchant  le  montant  de 
l'abonnement  qu'il  avoit  offert  de  nous  consentir,  du  délibéré 
sur  la  nature  et  le  montant  de  l'imposition  pour  les  routes,  qui 
se  porte  à  environ  477,000  pour  les  travaux  des  deux  années 
1787  et  1788,  à  prendre  sur  le  6^  delà  capitation,  sur  le  15^  des 
vingtièmes  et  enfin  sur  le  centième  de  la  taille.  Telle  est  la 
proportion  arrêtée  ;  il  pourra  vous  ajouter  que  les  habitants 
d'Aucli  et  leurs  aidants,  fort  éclairés  sur  leurs  avantages, 
auroient  voulu  que  l'imposition  de  toute  espèce  eut  été  bornée 
au  5^  de  la  capitation  pour  les  deux  dernières  années,  parce 
que  leur  capitation  (chose  effroyable,  mais  qu'ils  ne  me  savent 
pas  bon  gré  d'avoir  découverte,)  ne  se  porte  qu'à  8,500  fr, 
tandis  que  celle  de  Beaumont  ne  va  qu'à  1,000  de  moins  et 
qu'en  partant  du  principe,  qu'ils  ne  cessoient  d'avoir  dans  la 
bouche,  qu'il  falloit  se  borner  au  simple  entretien  des  routes 
Unies,  pour  la  prochaine  année,  et  ditlérer  les  ouvrages  de 
confection,  et  bien  certains  que  leurs  i-outes  passeroient  les  pre- 
mières sur  les  états,  il  en  résultoit  pour  eux  cet  indigne  avan- 
tage, qu'avec  1,700  fr.,  à  quoi  se  portoit  leur  5^  de  capitation, 
ils  auroient  fait  entretenir  ou  réparer  pour  30,000  fr.  de  routes 
ou  de  leur  territoire  ou  des  environs,  car  on  porte  celles-ci  au 
sixième  de  la  totalité  de  celles  de  la  Généialité  ;  au  contraire 


44  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

par  l'arrangement  délibéré,  si  notre  argent  vient  à  Auch,  celui 
d'Auch  viendra  aussi  dans  nos  cantons  quoique  dans  une 
proportion  moins  exacte.  Voilà  comme  il  est  bon  que  les 
dilTérents  pays,  ayent  des  représentants,  car  hélas  !  Dieu  sçait 
combien  l'égoïsme  sur  tout,  prédomine  le  cœur.  Encore 
une  fois,  j'espère  que  M.  Hugueny  vous  satisfera  en  tous  points 
cMiniiiP  ayant  beHiicoup  plus  de  temps  ;"i  lui.  ;'(  f;iis<ni  ilc  son 
iii.tl  ;iiix   yeux,  el  ;iy;nit  le  seroiiis  «j'iiii  srril.p. 

Agréez,  je  vous  prie,  les  assui-ances  du    tendre    respei-l   .iver 
lequel  je  suis. 

Monsieur  le  Ghevaliei- , 
votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

Long. 


TENUES   A    AUCH   EN   4787  45 


Suite  du  Bulletin  de  ce  qui  s'est  passé 

dans   l'Assemblée  Provinciale  d'Auch,  depuis  le  12  novembre 

jusqu'au  19  décembre  1787, 

Rédigé  pom*  Monsieur  le  chevalier  de  G'**, 

par  Monsieur  Hugneny,  de  Beaumont  de  Lomagne. 


L'Assemljlée  a  définitivement  arrêté  l'imposition  pour 
l'entretien  des  routes  à  la  somme  de  477  mille  livres,  qui  doit 
être  répartie  sur  chaque  route  relativement  à  ses  besoins.  On 
forme  pour  cela  trois  cents  ateliers,  c'est-à-dire  qu'il  y  aura 
trois  cents  entrepreneurs.  I^es  adjudications  seront  passées  par 
la  commission  intermédiaire  qui  donnera  le  même  pouvoir  aux 
bureaux  d'Election  ;  on  choisira  pour  cela  ceux  qui  seront  le 
plus  à  portée  des  ateliers. 

Quant  aux  travaux  de  charité,  les  communautés  qui  en 
demanderont  seront  tenues  d'offrir  un  tiers  de  la  dépense 
nécessaire  pour  les  communications  qui  les  intéresseront  ;  elles 
seront  obligées  au  paiement  de  la  levée  des  plans,  nivellements, 
devis  et  autres  ouvrages  préliminaires.  Au  moyen  de  ce 
paiement,  les  ingénieurs,  conducteurs,  etc.,  n'auront  jamais 
aucune  gratification  sur  les  fonds  de  charité. 

On  n'a  rien  touché  au  traitement  de  MM.  les  ingénieurs  ni 
conducteurs  ;  tout  reste  dans  le  même  état,  il  n'y  a  que  l'ingé- 
nieur en  chef  qui  est  maltraité  pour  son  logement  ;  il  lui  était 
passé  2,000  livres  pour  cet  objet,  la  Province  s'empare  de  cette 
somme  et  se  charge  de  luy  procurer  un  logement  honnête. 

L'esprit  d'économie  a  également  porté  cette  Assemblée  à 
supprimer  les  1,400  livres  accordées  par  la  Généralité  à 
Monsieur  de  Sariac  pour  son  logement  à  Bagnères,  sous  le 
prétexte  que  ce  traitement  doit  regarder  la  Bigorre. 

On  n'a  rien  statué  définitivement  sur  la  partie  des  vingtièmes; 


46 


COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 


on  attendait  la  réponse  du  ^linistre  pour  l'abonnement  ;  il  est 
midy  et  le  courrier  n'est  pas  arrivé,  ayant  été,  sans  doute, 
retenu  par  les  eaux. 

Les  plans  projetés  pour  la  capitation,  droits  réservés  et 
charges  locales,  auront  leur  etïet. 

On  n'a  rien  statué  sur  la  taille,  ny  sur  le  nouveau  régime  de 
la  perception.  Tous  les  membres  de  l'Assemblée  sont  encore  à 
l'Hôtel-de-Ville.  M.  Hugueny,  qui  part  demain,  aura  soin 
d'instruire  Monsieur  le  chevalier  de  tout  ce  qu'on  ne  peut  pas 
luy  mander  en  ce  moment. 

Monsieur  le  marquis  de  Luppé  a  donné  hyer  sa  démission 
en  pleine  Assemblée  ;  il  a  prétexté  son  âge,  l'éloignement  de 
ses  affaires,  et  autres  raisons  à  peu  près  semblables,  mais  on 
assure  que  la  véritable  est  quelque  sujet  de  mécontentement 
de  la  part  de  Ms'"  l'Archevêque. 

Je  vous  envoie  ci-incluse,  la  liste,  sauf  erreur,  des  personnes 
comprises  à  la  capitation  noble,  dans  l'élection  de  Lomagne, 
selon  votre  désir. 

A  Aucli,  le  19  novembre  1787. 


NOMS 

ETAT  DES  PERSONNES 

DES 

COMPRISES    A    LA    CAPITATION  NOBLE 

COMMUNAUTÉS 

DANS  L'ÉLECTION  DE  LOMAGNE  ' 

AUVILLARS. 

Le  s.  Redon  de  Laval. 

— 

La  veuve  du  s.  de  Gironde. 

Bax. 

Le  s.  Toulon  de  Bax. 

Castet-Arrouv. 

Le  s.  de  S'-Julien. 

Caudecoste. 

Le  s.  de  Montratier. 

DONZAC. 

Le  s.  de  Balzac. 

— 

Le  s.  de  la  Flambelle-Lagarde 

Flkirance. 

Le  s.  de  Lary. 

— 

Le  s.  de  Bas  tard. 



Le  s.  Donzeil. 

'  Nous  coinoiis  U'xtiicllcmciil  le  inamisorit,    sans   jjaraiitir  l'ortlio;;ra|ihu   et  rcxartiliuie 
ilt'8  noms.  (Marquis  de  ('•alanl-M.ijçnas.) 


TENUES   A   AUCH    EN   1787 


47 


NOMS 

ÉTAT  DES  PERSONNES 

DES 

COMPRISES   A   LA   CAPITATION    NOBLE 

COMMUNAUTÉS 

DANS  L'ÉLECTION  DE  LOMAGNE 

La  I'lu.me. 

Le  S.  de  Larroche-Bouscat. 

— 

Le  s.  Pradas. 

— 

Le  s.  Bernard  du  Tuco. 

— 

Le  s.  de  La  Mothe. 

— 

Le  s.  Boudon  de  la  Combe. 

Layrac. 

Le  s.  de  Lascaban. 

— 

Le  s.  de  Martres. 

— 

Le  s.  de  Ste-Goloml)e. 

— 

Le  s.  du  Lion. 

— 

Le  s.  de  Barrau. 

Lectoure. 

Le  s.  de  St-Géry. 

— 

Le  s.  de  Mondran. 

— 

Le  s.  Dupré. 

Pergaln. 

Le  s.  Dampelle. 

Dlazac. 

Le  baron  de  Roquefort. 

Safmont. 

Le  comte  du  Saumont. 

L'ISLE-BOUZOX. 

Le  M>*  de  Galard  de  l'Isle-Rouzon 

MaN SON  VILLE. 

Le  s.  Planet. 

Miradoux. 

Le  s.  du  Goût. 

MONCAUT. 

Le  baron  de  Afoncaut. 

— 

Le  chevalier  de  Lauzière. 

AIauroux. 

Le  s.  de  Grossolles-St-André. 

Montesquieu. 

Le  s.  de  Se  vin. 

Plieux. 

Le  s.  de  Marenque. 

POUYPETIT. 

Le  s.  de  Pouypetit. 

PiÉJAUMONT. 

Le  s.  Mellet  de  Réjaumont. 

PiOUILLAC. 

Le  s.  Bordeaux  de  Rouillac. 

S^-Antoine. 

Le  s.  Fermât. 

St-CLAR. 

Le  s.  de  Frans. 

St-LARY. 

Le  s.  Coquet  de  S'-Lary. 

S^c-GOLOMBE. 

Le  s.  Descalup. 

Sérign  ac-Bruillois  . 

Le  s.  Monbet  de  Jouanisson. 

— 

Le  s.  Vergés  de  Guillemon. 

48 


COMPTE  RENDU  DES  SÉAN'CES 


NOMS 

DES 

COMMTOAUTÉS 


Terraube. 


ETAT  DES  PERSONNES 
COMPRISES  A   LA   CAPITATION  NOBLE 

DANS  l'Élection  de  lomagne 

Le  ^I'*  de  Galard-Terraube. 


ROLE   des    PRIVILEGIES 


AUVILLARS. 


estillac. 

Fleurance. 

Gramont. 

Layrac. 

Mansoxville. 

Plieux. 

La  Plume. 


Pessoulens. 
Plieux. 
puygaillard. 
Sérignac-Bruillois. 

Ste-MÈRE. 


Le  s.  de  Thèze. 

Le  chevalier  de  Bressolles. 

Le  chev.  du  Goût. 

Le  s.  Terret  de  Lissac. 

Le  s.  de  Lamothe-Termes. 

Le  s.  de  Monbrison. 

Le  s.  Despeyroux. 

Le  s.  Marcon  de  Landas. 

Le  s.  de  Borista. 

Le  s.  de  Gauran. 

Le  s.  Laffont. 

Le  s.  de  Lagarière 

Le  s.  du  Casse. 

Le  s.  de  Romas. 

Le  s.  de  Bonnot. 

Le  s.  Galey. 

Le  s.  Goulard. 

Le  s.  Cézerac. 

Le  s.  Dul)0sc. 

Le  s.  Du  fort. 

J^e  s.  de  Lal)usquette, 


1 


TENUES   A  AUGH  EN  1787  49 

IMPOSITIONS   DE   LA   GÉNÉRALITÉ   d'AUGH 

Taille 1.440.533      8 

Accessoires 931.261      8    6 

Gapitation  roturière 797.268    12    6 

Vingtième 1.057.134      9 

Droits  réservés 165.000 

Gapitation  noble  et  des  officiers 

de  justice 21.336      7  10 

Subventioii  de  Lectoure.   .   .  .  4.900 


Total 4.417.434      5  10 

(On  doit  faire  remarquer  que  ce  total  n'est  pas  conforme 
aux  chiffres  officiels  qui  furent  publiés  par  les  soins  de 
l'Assemblée.) 


50  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 


Auch,  ce  30  novembre  1787. 

Monsieur  le  Chevalier, 

Voilà  donc  notre  ville  d'Auch  devenue  un  théâtre  brillant 
pour  toute  la  Province;  j'aurais  désiré  avant  de  vous  en 
envoyer  le  tableau,  qu'il  s'y  fut  passé  quelque  scène  intéres- 
sante et  bien  remarquable,  qu'on  y  eut  pris  quelque  détermi- 
nation ou  fait  quelque  opération  importante  au  régime  de  la 
province;  mais  il  n'y  a  encore  rien  de  définitivement  arrêté; 
on  ne  fait  encore  que  débrouiller  la  matière.  Les  premiers 
jours  ont  été  consacrés  au  cérémonial  auquel  on  a  mis  tout 
l'éclat  qu'on  a  pu  :  grand'messe  célébrée  pontificalement  par 
M.  l'Archevêque,  le  20,  en  musique,  où  tous  les  corps  furent 
invités,  mais  il  ne  s'y  trouva  que  les  officiers  municipaux  et 
un  seul  officier  du  Sénéchal  '  ;  il  y  eut  un  discours  prononcé 
par  M.  l'abbé  Fournier,  vicaire-général,  qui  nous  apprit  qu'il 
débutait  ce  jour-là.  Il  fut  très  long,  parla  avec  beaucoup  de 
fermeté  et  de  véhémence  et  montra  dans  son  débit  tous  les 
dons  physiques  d'un  véritable  orateur.  Quant  à  la  composi- 
tion, il  a,  à  mon  avis,  de  la  verve  et  du  style.  Je  fus  content 
de  la  partie  oratoire,  quoique  nourrie  de  lieux  communs,  mais 
le  raisonnement  m'en  parut  détestable.  D'abord  il  consacra 
une  grande  partie  de  son  travail  à  prouver  la  vérité  de  la 
Religion,  qu'il  devait  supposer  crue  de  tout  son  auditoire,  et 
le  genre  de  preuves  qu'il  employa  était  assez  mauvais.  Il 
voulut  établir  ensuite  que  l'édilice  du  bonheur  public  ne  pou- 
vait avoir  de  base  solide  que  dans  la  religion,  et  cette  thèse, 
qui  était  belle  à  soutenir,  il  ne  la  défendit  qu'en  déclamant 
d'une  manière  outrée  contre  la  fausseté  dos  vertus  humaines 


'  .Iraii-l'aiil  (rAiij^iissi',  liaioii  de  Corljèrcs,  avait  étr  iKitiiim'-,  le  7  jiiillcl  ITlW,  j^raïul 
S«''ii(''rhal  ri  jçinivcrnciir  (rAiinaj^iiar,  pour  li's  sôiiôcliaiissôcs  (rAiicli,  Lectonre  et  l'Islc- 
Jourdain,  en  icmplaceineiit  ilc  Jean-Baptisto-Gabriel-François,  comte  de  Polastron. 


TENUES  A  AUCH  EN  1787  51 

et  rinsuffisance  des  lois  temporelles.  Il  se  livra  même  sur  ce 
sujet  à  des  détails  inutiles,  tels  que  le  jeu,  ce  qui  était  bien 
déplacé  là,  et  le  suicide  dont  personne  assurément  n'avait 
envie  de  faire  usage  dans  l'Assemblée  ;  il  copia  Rousseau,  cita 
Montesquieu,  dit  des  choses  hardies  sur  les  devoirs  des  Rois 
et  des  choses  extrêmes  sur  l'obéissance  des  peuples.  C'est  un 
jeune  homme  dont  la  tête  a  besoin  de  se  mûrir. 

L'assemblée  a  eu  une  mortification  que  lui  a  causée  l'indif- 
férence du  peuple.  Sa  première  séance  publique  n'attira  aucun 
curieux  ;  les  valets  de  ville  allaient  dans  les  boutiques  invitant 
les  gens  à  y  accourir  ;  personne  ne  s'émut  et  voici  la  raison  de 
ce  peu  d'empressement  :  il  s'était  répandu  un  bruit  que 
l'Archevêque  demandait  vingt  mille  francs  pour  faire  face  aux 
dépenses  que  l'Assemblée  allait  lui  causer,  l'Evêque  de  Lec- 
toure  dix  mille,  et  ainsi  chacun  des  autres,  suivant  sa  dignité, 
ou  son  emploi  dans  l'administration.  Le  peuple,  qu'une  longue 
expérience  avait  rendu  défiant,  regardait  toutes  ces  choses-là 
comme  une  belle  représentation  dont  il  allait  payer  les  frais  ; 
il  s'est  figuré  qu'il  n'allait  que  changer  de  sangsues.  Les  seuls 
corps,  qui  ont  visité  l'Assemblée,  sont  les  officiers  municipaux 
et  le  collège.  Le  sénéchal,  quoique  sollicité,  a  refusé  de  rendre 
cet  hommage  et  les  autres  ont  suivi  cet  exemple. 

L'Assemblée,  depuis  sa  fondation,  travaille  tous  les  jours,  ou 
divisée  en  bureaux,  ou  en  séance  générale.  Le  dominant,  celui 
qui  parait  avoir  la  plus  grande  influence,  et  qui  enchante  tout 
le  monde,  c'est  M.  le  président  de  Maurens.  Un  autre  a  tenté 
d'obtenir  une  certaine  prépondérance,  c'est  l'Evêque  de  Gom- 
minges  ;  la  nature  a  doué  ce  prélat  d'une  très  grande  facilité 
pour  parler  et  pour  écrire ,  mais  on  trouve  qu'il  en  abuse  et 
l'on  va  toujours  se  tenir  en  garde  contre  ses  avis  par  l'essai 
qu'on  en  a  fait  en  dernier  lieu.  Il  est  président  du  bureau  des 
corvées  ou  travaux  publics  ;  il  avait  imaginé,  pour  les  travaux 
de  l'année  courante  1787,  de  s'en  remettre  en  entier  à 
M.  l'intendant  pour  faire  exécuter  les  arrêts  du  conseil  du 
mois  de  septembre  1786,  et  mois  de  mai  dernier;  son  bureau 
avait  adopté  cette  opinion,    proposée  dans  l'Assemblée  gêné- 


52  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

raie,  et  entraînait  déjà  les  avis,  même  celui  de  l'Evêque  de 
Lescar  ;  M.  de  Monlaur  fut  le  premier  à  le  fronder  et  proposa 
de  laisser  couler  l'année  prête  à  expirer,  sans  rien  faire;  M.  de 
Maurens,  parlant  après  lui,  suivit  cette  nouvelle  ouverture  et 
disserta  admirablement  bien  ;  il  débaucha  les  partisans  que 
s'était  fait  l'Evêque  deComminges  ;  l'Evêque  de  Lescar  retraita 
sa  première  opinion  :  l'amour-propre  de  M.  de  Gomminges  fut 
blessé,  il  voulut  répliquer  pour  faire  triompher  son  avis,  mais 
M.  de  Maurens  prit  de  nouveau  la  parole  et  le  t'éfuta  au  point 
qu'il  enleva  tous  les  suffrages.  Voilà,  Monsieur,  la  seule  opéra- 
tion qui  paraît  conclue  jusqu'à  présent.  Vendredi  dernier,  il 
arriva  un  règlement  nouveau  qui  fixe  les  relations  de  l'Assem- 
blée avec  le  commissaire  départi  ;  je  ne  l'ai  pas  vu  encore  et 
j'attendais  de  le  bien  connaître  pour  avoir  l'honneur  de  vous 
écrire;  en  attendant,  on  dit  ({u'il  remplit  et  même  qu'il  dépasse 
les  vœux  de  l'Assemblée  ;  tout  le  pouvoir  est  pour  elle,  l'inten- 
dant réduit  à  de  vains  honneurs,  les  officiers  du  génie  mis 
entièrement  sous  la  main  de  l'administration;  ce  qui  est  vrai 
c'est  que  les  ponts-et-chaussées  paraissent  fort  attristés  et  que 
depuis  ce  moment  ils  font  leur  cour  aux  notables  provinciaux, 
mais  les  gens  intéressés  attendent  encore  un  nouveau  i^ègle- 
ment  ;  les  intendants  et  maîtres  des  requêtes  ont  réclamé 
contre  cette  espèce  de  dégradation  de  leur  ministère,  et  la 
fluctuation  qui  règne  dans  les  opérations  du  gouvernement 
leur  fait  espérer  une  nouvelle  résolution.  Voilà,  à  peu  près, 
ce  qui  est  digne  de  queltpie  attention  jusques  à  présent.  D'ici 
à  mercredi  prochain,  j'espère  avoir  quelque  chose  de  nouveau 
à  vous  marquer. 

Je  suis  avec  lespect.  Monsieur  le  chevalier,  votre  très  humble 
et  très  obéissant  serviteur. 

Bertieux. 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  53 

Aiich,  le  lei-  décembre  1787. 

Monsieur  le  Chevalier, 

Je  me  hâte  de  vous  annoncer  l'événement  qui  excite  davan- 
tage l'attention  publique,  relativement  aux  affaires  du  tems. 
J'ai  déjà  eu  l'honneur  de  vous  dire,  par  ma  lettre  d'hier,  qu'il 
était  arrivé,  par  le  courrier  de  la  semaine  dernière,  un 
règlement  nouveau  accueilli  avec  une  joie  extrême  par 
l'Assemblée  Provinciale,  en  ce  qu'il  anéantissait  presque 
l'autorité  des  intendants  et  mettait  les  ponts  et  chaussées  dans 
la  dépendance  des  administrations  ;  le  même  courrier  apporta 
une  nouvelle  qui  fut  également  bien  satisfaisante  :  le  Roi 
admettait  la  Province  à  l'abonnement  de  ses  vingtièmes  pour 
lesquels  elle  avait  offert  treize  cent  vingt-neuf  mille  livres,  sur 
quoi  le  Roi  tiendrait  à  compte  deux  cent  cinquante  mille 
livres  pour  les  biens  ecclésiastiques.  Le  courrier  d'hier  nous  a 
appris  que  nous  n'avions  eu,  à  cet  égard-là,  qu'une  fausse  joie. 
Le  Roi  a  demandé,  au  lieu  de  treize  cent  vingt-neuf  mille  livres, 
quinze  cent  soixante  mille  livres  ;  l'intendant  fut  porter  cette 
nouvelle  à  l'Assemblée  ;  on  en  fut  consterné  comme  d'un 
coup  de  foudre  ;  l'Assemblée  s'est  formée  aujourd'hui  à  huit 
lieures,  pour  délibérer  une  réponse  quia  été  de  représentera 
misère  de  la  Généralité,  pour  laquelle  la  contribution,  fixée 
sur  le  premier  taux,  était  déjà  un  fardeau  accablant  et  l'on  a 
conclu  par  dire  qu'on  s'en  tenait  à  la  première  proposition. 
C'est  un  cri  universel  d'indignation  contre  M.  Trubert  qu'on 
accuse  d'avoir  écrit  au  ministère  pour  exposer  que  la  Généra- 
lité était  susceptible  de  supporter  une  imposition  bien  plus 
forte.  On  attribue  cela  au  ressentiment  qu'il  a  eu  de  ce  que, 
s'étant  fait  proposer  par  M.  l'Archevêque  pour  la  trésorerie 
de  la  Généralité,  il  fut  comme  universellement  éconduit.  Il  a 
cependant  des  partisans  dans  l'Assemblée ,  tels  que  les 
messieurs  de  Noë  qu'il  a  toujours  traités  avec  une  extrême 
galanterie  pour  leurs  vingtièmes. 


54  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

Il  y  a  encore  un  point  d'arrêt  pour  les  travaux  publics.  On  a 
délibéré  de  prendre  pour  base  de  la  contribution  à  cet  objet, 
le  cinquième  de  la  capitation  roturière  avec  la  liberté  aux 
communautés  de  les  faire  exécuter  par  adjudication,  ou  en 
préposant  des  cantonniers.  La  noblesse,  toujours  disposée  à 
faire  des  sacrifices,  a  offert  d'y  contribuer  pour  une  somme 
quelconque  ;  elle  s'est  ensuite  réunie  au  tiers-état  pour  inviter 
le  clergé  à  y  concourir  de  son  côté  ;  mais  celui-cy  ne  s'est  pas 
piqué  de  la  même  générosité  ;  il  a  réclamé  ses  privilèges 
sacrés  ou  ses  sacrés  privilèges.  C'est  surtout  Ma''  l'évêque  de 
Comminges  qui  a  plaidé  la  cause  de  son  exemption  avec  une 
chaleur,  une  véhémence  qui  l'a  même  emporté  au-delà  des 
bornes  de  l'honnêteté,  vis  à  vis  un  des  membres  de  l'Assemblée. 

Le  courrier  me  presse  et  me  force  de  finir. 

Je  suis  avec  respect,  Monsieur  le  chevalier,  votre  très 
humble  et  très  obéissant  serviteur. 

Bertieux. 


Monsieur  le  Chevalier, 

Le  peuple  est  un  animal  bien  léger,  bien  variable, 
bien  inconséquent,  bien  difficile  à  servir  !  Vous  savez 
tout  ce  que  le  régime  des  intendants  a  excité  de  murmures, 
de  haines  et  de  mécontentements  ;  cette  administration 
paternelle  de  l'Assemblée  provinciale  n'a  pas  plus  obtenu  de 
grâce  à  ses  yeux,  et  perpétuellement  ce  sont  les  corvées  qui 
excitent  ces  clameurs  ;  je  vous  marquais  à  la  hâte,  par  la 
dernièie  lettre  que  j'eus  l'iionneur  de  vous  écrire,  quelques 
déterminations  prises  à  ce  sujet  :  On  a,  (lei)uis,  ti-aité  plus 
amplement  cette  matière,  soit  par  i'a})i)orl  aux  travaux  en 
eux-mêmes,  soit  par  rapport  à  la  manière  de  les  faire  exécuter. 


TENUES  A  AUCH  EN  1787  55 

^l'j''  l'évèque  de  Comminges  est  le  président  du  bureau,  et  M. 
de  Gatelan  en  est  un  des  membres  ;  c'est  ce  jeune  magistrat 
qui  a  porté  avant-hier  à  l'Assemblée  générale  un  rapport  qui 
présentait  le  résultat  de  la  délibération  du  bureau.  Ce  rapport 
était  bien  et  très  bien  fait  ;  c'est  ainsi  qu'en  parlent  ceux 
même  qui  étaient  d'une  opinion  contraire.  Sur  les  corvées, 
M.  de  Catelan,  d'après  le  règlement  envoyé  par  la  Cour  en 
dernier  lieu,  fit  quatre  classes  de  chemins  ;  chemins  de 
communauté  pour  aboutir  aux  grandes  routes  et  qu'on  appelait 
autrefois  embranchements,  chemins  d'arrondissement,  chemins 
d'élection  et  chemins  de  généralité  ;  ces  différentes  dénomi- 
nations désignent  les  différents  degrés  d'utilité  publique  ou 
particulière  de  ces  chemins.  Le  rapporteur  se  montra  très 
disposé  à  multiplier  facilement  les  constructions  nouvelles  de 
toute  espèce  de  chemins  ;  il  proposa  cinq  ou  six  points  de 
délibération,  dont  je  ne  vous  ferai  pas  le  détail,  mais  dont 
un  a  excité  une  plus  grande  sensation,  par  là  que  chaque 
communauté  aura  la  liberté  de  construire  pour  son  usage 
particulier  un  chemin  qui  communique  à  la  grande  route,  à  la 
charge  d'en  faire  les  frais  ;  qu'on  l'aidera  néanmoins  au  cas 
qu'elle  n'ait  pas  les  forces  suffisantes,  et  que,  lorsque  la 
confection  sera  achevée,  il  sera  mis  à  l'entretien,  à  la  charge 
de  l'Election.  Quelques-uns  se  récrièrent  ;  M.  de  Maurens 
observa  qu'il  y  avait  à  craindre  qu'on  n'imposât  à  la  Généralité 
un  fardeau  qu'elle  ne  pourrait  pas  porter  ;  mais  l'article  passa 
ainsi  que  tous  les  autres.  Quant  aux  moyens  de  subvenir  à  cette 
dépense,  on  a  bien  vu  que  le  cinquième  de  la  capitation 
roturière  ne  suffirait  pas  ;  on  proposa  d'imposer  le  cinquième 
de  la  capitation  roturière,  le  centième  de  la  taille,  et  le 
quinzième  des  vingtièmes.  On  vit  bien  que  c'était  trop  court, 
et  enfin  par  un  ultimatum,  on  délibéra  d'imposer  sur  ces  trois 
articles  à  concurrence  des  trois  cinquièmes  de  la  capitation, 
dans  cette  proportion  que  la  capitation  contribuerait  pour  deux 
cinquièmes,  la  taille  pour  deux  centièmes  et  les  vingtièmes 
pour  deux  (juinzièmes.  C'est  ainsi  que  la  chose  fut  réglée  dans 
la  séance  d'hier. 


56  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

J.e  peuple  d'Aiich  n'a  pas  applaudi,  bien  s'en  faut,  à  cette 
délibération  ;  on  regrette  aujourd'hui  la  taille  individuelle, 
mise  en  avant  par  M.  de  Vergennes  et  si  malheureusement 
défendue  par  M^  de  La  Chapelle.  Réellement  coci  semble  le 
jour  de  la  vengeance  de  cet  administrateur,  et  le  public  ici  se 
compare  aux  grenouilles  qui  demandaient  un  roi.  On  aura 
remarqué  que  les  ingénieurs  influaient  victorieusement  dans 
les  délibérations  de  l'Assemblée  (c'est  à  vous  que  je  parle, 
Monsieur  le  chevaliei' ,  c'est-à-dire  sans  aucun  danger  ; 
d'ailleurs  ce  n'est  pas  mon  opinion  que  j'exprime  ici,  et  je  ne 
suis  que  narrateur  indifférent).  On  s'est  porté  à  dire  que  M. 
l'évèque  de  Gomminges  et  M.  de  Catelan,  envieux  de  créer  un 
système  sur  les  corvées,  pour  en  avoir  les  éléments,  s'étaient 
adressés  aux  ingénieurs  et  que  ceux-ci,  faisant  semblant  de 
les  instruire  bien  loyalement,  avaient  fait  passer  dans  leurs 
esprits  toutes  leurs  opinions  et  leurs  vues.  On  a  dit  que  toutes 
les  fois  qu'on  débattait  en  Assemblée  deux  avis  dont  l'un  se 
rapprochait  de  la  façon  de  faire  des  ingénieurs,  il  jjrévalait  sur 
l'autre  par  les  dissertations  de  ces  deux  messieurs,  si  bien 
qu'on  a  remarqué  hier  ce  mot  de  M.  de  Monlaur,  qui, 
interpellé  de  dire  son  avis  sur  un  point,  et  ayant  éprouvé 
l'inutilité  de  ses  observations  sur  les  autres,  se  contenta  de 
dire  :  je  suis  de  l'avis  des  ingénieurs.  On  a  recueilli  cela  comme 
une  épigramme.  C'est  un  homme  dangereux  dans  la  discussion 
que  cet  évèque  de  Comminges*  ;  il  est  subtil,  délié  ;  il  a  la 
conception  vive,  la  parole  aisée,  abondante  ;  il  bat  tout  le 
monde  ;  en  général  la  supériorité  pour  les  lumières  n'est  pas 
du  coté  du  Tiei's-Etat,  bien  s'en  faut.  M.  de  Monlaur  est  le 
seul,  pour  ainsi  dire,  qui  se  fasse  écouter  ;  plusieurs  s'en 
rapportent  à  son  avis  et  quand  il  parle  on  fait  ce  mouvement 
qui  manjue  l'estime  qu'on  a  [)our  lui  ;  on  se  tourne  vis  à  vis, 
comme  pour  prêter  une  plus  grande  attention  ;  on  remarque 
encore  l'abbé  i.évèque,  vicaire-général  deComminges,  l'évèque 
de  Lescar^,  celui-ci  parle  tant  pour  lui  que  pour  le  comte  de 

•  Antoine,  Eiisluilit;  irOsinuml. 
'  Monseigneur  de  Noé. 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  57 

Noé,  qui  a  d'ordinaire  pour  formule  :  je  suis  de  l'avis  de  M. 
l'évêque  de  Lescar.  Monsieur  de  Noé  brille  singulièrement  par 
sa  dépense.  Plusieurs  jours  de  la  semaine  ce  sont  des  repas 
d'une  somptuosité  inexprimable,  d'une  délicatesse  extrêmement 
[■ecbercbée  et  d'un  luxe  d'argenterie  qui  éblouit  tous  les  yeux  ; 
cette  maison  protège  beaucoup  M.  Ti'ubert,  et  malgré  les 
malédictions  qu'on  a  données  à  ce  financier,  accusé  peut-être 
mal  à  propos,  de  nous  avoir  attiré  une  augmentation  des 
vingtièmes,  le  comte  de  Noé  et  l'évêque  de  Lescar  ont  accepté 
chez  lui  un  diner  superbe  qu'il  donna  à  trente  personnes. 

Voici  encore  un  point  de  discipline  de  l'Assemblée  dont  je 
vais  avoir  l'honneur  de  vous  rendre  compte  :  il  concerne  la 
noblesse  et  règle  l'espèce  de  preuves  qu'il  faudra  faire  pour 
être  admis  dans  l'ordre  de  l'administration  provinciale.  M.  de 
Pointis,  qui  a  un  beau  nom  et  un  physique  bien  matériel,  est 
le  président  du  bureau  d'où  sortit  ce  travail.  M.  Long,  qui  est 
de  ce  bureau,  fut  chargé  de  faire  le  rapport  qui  fut  très  court 
et  très  dénué.  Il  proposa  qu'il  faudrait  prouver  quatre  généra- 
tions, indépendamment  du  récipiendaire,  c'est-à-dire  celui-ci 
non  compté  et  que  les  preuves  se  feraient  au  moyen  de  titi*es 
ou  extraits  originaux.  Sa  réponse  ne  fournit  pas  de  grands 
éclaircissements,  mais  l'abbé  de  Soupets,  très  versé  dans  la  forme 
et  peut-être  plus  qu'il  ne  convient  à  un  ecclésiastique,  disserta 
beaucoup  là-dessus,  et  on  délibéra  conformément  à  son  avis, 
On  ajouta  à  l'avis  du  bureau  qu'il  faudrait,  indépendamment 
des  quatre  ou  cinq  générations  ,  prouver  une  durée  de 
possession  de  cent  ans  et  combiner  un  article  avec  l'autre,  ce 
qui  me  paraît  très  sage,  car  autrement  les  personnes  qui 
auraient  vu  une  famille  dans  la  roture,  pourraient  la  voir 
figurer  dans  la  noblesse  par  la  facilité  qu'aurait  un  homme, 
déjà  ayeul  ou  bisayeul,  d'annoblir  à  la  fois  trois  ou  quatre 
degrés  de  sa  postérité,  au  moyen  d'une  charge.  On  ajouta 
encore,  ce  qui  est  une  attention  de  bienséance  et  d'iionnôteté, 
qu'il  ne  serait  pas  permis  au  récipiendaire  de  donner  l'essor  à 
sa  vanité,  en  étendant  les  preuves  au-delà  des  quatre  degrés, 
afin  de  ne  pas  humilier  ceux  qui,  d'ailleurs  très  propres  à  être 


58  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

admis,  n'auraient  pas  le  même  avantage  d'une  noblesse  plus 
ancienne. 

Il  me  semble,  si  je  me  livre  ici  à  mon  opinion,  qu'on  aurait 
dû  mettre  une  autre  modification  à  ce  règlement  ;  il  convien- 
drait de  dispenser  de  la  preuve  des  quatre  degrés  un 
gentilhomme  dont  le  père  ou  l'ayeul  aurait  occupé  une  des 
premières  dignités  de  la  Robe  ou  de  l'Epée.  Comment,  par 
exemple,  dans  le  concours  d'un  petit-fils  de  M.  de  Gatinat,  ou 
même  de  M.  de  Ghevert,  et  du  descendant  au  cinquième  degré 
d'un  capitoul  ou  d'un  secrétaire  du  Roi,  pourrait-on  exclure 
ce  beau  nom  de  Gatinat  ou  de  Ghevert,  le  descendant  d'un 
maréchal  de  France  ou  d'un  lieutenant-général,  pour  donner 
la  préférence  à  l'autre  '?  Gela  paraîtrait  assurément  bizarre.  Il 
me  semble,  à  moi,  que  l'illustration  éclatante  d'un  nom  doit 
suppléer  à  la  multiplicité  des  degrés  ,  si  elle  ne  lui  est  pas 
préférable. 

Heureux  ceux  qui  joignent  l'avantage  d'une  naissance 
distinguée  à  l'éclat  de  la  dignité  personnelle  ;  plus  heureux 
encore  ceux  qui  n'envisagent  ces  dons  de  la  nature  et  ces  fruits 
de  leur  mérite  que  comme  de  grands  devoii's  et  des  moyens 
d'être  plus  utiles  à  leurs  semblables.  Je  connais  un  mortel 
respectable  qui  réunit  cet  ensemble,  mais  soyez  tranquille, 
Monsieur  le  chevalier,  je  me  gardei'ai  bien  de  vous  le 
nommer. 

Je  suis  avec  respect,  Monsieur  le  chevalier,  votre  très 
humble  et  très  Obéissant  serviteur. 

Bertieux. 


Auch,  14  décembre  1787. 

Monsieur  le  Ghevalier, 

l'nr  la  dernière  lettre  que  j'ai  eu  l'honneur  <lc  vous  écrire, 
vous  avez  vu  le  public  poussant  les  hauts  cris  de  la  délibération 


TENUES  A   AUCH   EN   1787  59 

de  l'Assemblée  provinciale  qui  imposait  sur  la  province  le 
fardeau  de  cinq  cent  mille  livres  pour  les  travaux  publics  des 
routes.  Ces  nouveaux  administrateurs  furent  émus  de  ce  mécon- 
tentement général  qui  éclatait  sans  aucune  réserve.  Monsieur 
le  président  de  Maurens,  dans  une  nouvelle  assemblée,  proposa 
un  adoucissement  qui  fut  accepté  ;  ce  fut  de  distribuer  cette 
somme  dans  l'espace  de  dix-huit  mois  au  lieu  d'un  an.  Avec  ce 
correctif,  les  députés  se  flattèrent  d'obtenir  grâce  ;  mais  il 
n'apaisa  pas  les  murmures.  M.  le  baron  d'Angosse,  dans  une 
séance  subséquente,  proposa  de  remettre  l'affaire  en  délibéra- 
tion ;  il  annonça  qu'il  allait  faire  une  motion  sur  cet  objet.  Le 
Président  de  l'Assemblée  s'offensa  de  ce  terme,  le  prenant  pour 
le  signal  de  la  révolte  et  de  la  licence,  à  cause  de  son  origine 
anglaise  ;  il  déclara  en  propres  termes  que  nous  n'étions  pas 
en  Angleterre ,  et  ajouta  qu'il  ne  souffrirait  jamais  qu'on 
revînt  sur  un  délibéré  solennellement  arrêté.  Gela  fit,  et  dans 
l'Assemblée  et  dans  le  public,  une  très  mauvaise  sensation;  le 
marquis  de  Luppé,  encouragé  par  la  gloire  du  patriotisme,  fut 
trouver  ensuite  Mg''  l'Archevêque  pour  lui  demander  l'agrément 
d'arrêter  encore  une  fois  l'attention  de  l'Assemblée  sur  un 
article  de  dépense  aussi  important  ;  le  prélat,  dans  la  réflexion, 
vit  qu'il  fallait  céder  au  vœu  général  ;  à  la  prochaine  séance,  il 
fit  lui-même  la  proposition,  non  sans  laisser  éclater  sa  répu- 
gnance. Il  invita  les  délibérans  à  ne  pas  se  laisser  émouvoir 
par  les  cris  et  les  murmures  du  public  ;  il  dit  en  propres  termes 
que  ce  serait  une  faiblesse  honteuse  de  s'arrêter  à  des  propos 
de  servantes.  Il  finit  par  avertir  tout  le  monde  de  s'expliquer  en 
Dieu  et  en  conscience.  MM.  du  clergé  furent  d'avis  de  ne  rien 
changer  au  précédent  délibéré,  et  déclarèrent  qu'ils  parlaient 
en  Dieu  et  en  conscience.  MM.  de  la  noblesse,  à  la  réserve  de 
deux,  qui  sont  MM.  de  Cardaillac  et  le  marquis  de  Galard, 
opinèrent  conformément  au  vœu  général  de  supplier  le  Roi  de 
laisser  aux  communautés  la  liberté  de  faire  les  travaux  en 
nature,  ou  par  la  voie  de  l'adjudication,  pour  leur  faciliter  le 
moyen  de  mettre  ce  bienfait  à  profit.  On  délibéra  de  multiplier 
les  ateliers  autant  qu'il  serait  possible  ;  je  n'ai  pas  besoin  de 


60  COMPTE   RENDU   DES    SÉANCES 

VOUS  dire  que  ce  fut  lavis  du  plus  grand  nombre  des  députés 
du  Tiei's-Etat  ;  il  y  eut  un  de  ceux-ci  qui,  comme  par  raillerie, 
ajouta,  après  avoir  dit  son  avis,  qu'il  parlait  en  Dieu  et  en 
conscietice.  Une  auti-e  particularité  à  vous  raconter  aussi,  c'est 
que  le  comte  de  Noé,  qui  fut  le  premier  de  la  noblesse  à  parler, 
s'exprima  avec  beaucoup  de  dignité  ;  il  dit  qu'il  oserait  faire 
entendre  son  avis  sans  ci'aindre  le  reproche  de  faiblesse.  La 
chose  fut  ainsi  arrêtée  ;  mais  la  joie  qu'elle  a  excitée  sera, 
j'imagine,  d'une  courte  durée.  Cette  option  demandée  blesse 
trop  ouvertement  le  système  du  Gouvernement  ({ui  a  cru 
accorder  lui  grand  bienfait  i)ar  la  conversion  de  la  corvée  en 
une  i)restation  en  argent. 

Hier  on  a  enfin  déterminé  le  traitement  de  ces  coopérateurs 
nouveaux  du  bien  public:  3,000  livides  à  chacun  des  syndics  de 
l'Assemblée  Provinciale,  1,000  livres  à  chacun  des  membres  de 
la  commission  intermédiaire,  3,000  livres  au  greffier  archiviste, 
2,000  livres  au  secrétaire  en  second,  et  10,000  livres  pour  les 
frais  de  bureau  ;  itlus  2,000  livres  à  chacun  des  syndics  des 
Assemblées  d'Election,  600  livres  à  chacun  des  membres  des 
commissions  intei'médiaires,  1,200  livres  à  chaque  greffier, 
200  livres  à  chaque  député  de  l'Assemblée  Provinciale  ;  moitié 
moins  à  ceux  d'Election.  Gela  s'entend  des  députés  du  Tiers- 
Etat,  car  la  noblesse  et  le  clergé  ont  déclaré  qu'ils  ne  voulaient 
rien.  M(i' rArc!ievê([ue  avait  cru  que  le  Tiers-Etat  se  [)iquerait 
du  même  désintéressement  ;  il  l'annonça  de  cette  manière  ; 
mais  M.  Hugueny,  de  Beaumont-de-l-,omagne,  qui  fut  le  pre- 
mier à  parler,  s'éleva  [)0in'  déclarer  au  nom  de  son  ordre,  tout 
le  contraire,  et  en  conséquence  on  leur  fixa  ces  200  livres  à 
titre  de  dédommagement. 

Ce  qu'on  voit  jusque-là  de  plus  clair,  c'est  une  augmentation 
considérable  de  dépense. 

Puisse-t-elle  ne  pas  tourner  en  perte  ! 

.le  suis  avec  i-especl,  Monsieur  le  chevalier,  votre  très  humble 
et  très  obéissant  serviteui'. 

Bertieux. 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  61 


Aiich,  le  22  décembre  1787. 

Monsieur  le  Chevalier, 

La  voilà  enfin  terminée  et  clôturée  cette  Assemblée  si  fort 
prônée  dans  l'origine  par  ceux  qui  la  composaient  et  de 
laquelle  les  sages  et  le  public  auguraient  si  peu  avantageuse- 
ment. Le  pressentiment  de  ces  derniers  a  été  justifié  par 
l'événement;  il  est  sûr  que  l'Assemblée,  au  lieu  de  bénédictions, 
a  recueilli  des  huées  et  des  imprécations.  On  a  fait  des  pointes 
et  des  calembourgs  sur  la  dissolution  ;  l'Assemblée  est  donc 
dissoute,  disait  l'un  ;  vous  vous  exprimez  mal,  disait  l'autre, 
elle  est  dissolue.  Le  projet  était  de  faire  chanter  un  Te  Deum 
le  jour  de  la  clôture  ;  on  n'ose  pas  l'effectuer,  parce  que  les 
frondeurs  allaient  disant  librement  que  les  artisans  se 
rassembleraient  tous  dans  l'église  pour  chanter  en  même  temps 
le  Miserere. 

C'est,  Monsieur,  aux  Evêques  qu'on  attribue  en  partie  tout 
le  mal  dont  on  se  plaint.  Ce  sont  eux,  en  effet,  qui  ont  ouvert 
et  défendu  vigoureusement  tous  les  avis  qui  tendaient  à 
maintenir  la  condition  actuelle  du  peuple  ;  on  reproche  à  M. 
de  Catelan  d'avoir  tenu  leur  parti,  et  s'être  fait  leur  champion. 
((  On  dirait.  Monsieur,  que  vous  aspirez  à  un  canonicat  de 
S^c-Marie,  lui  disait  un  jour  M.  de  Noé,  voyant  avec  quelle 
ardeur  il  employait  son  éloquence  pour  faire  triompher  l'avis 
de  l'Archevêque.  «  Je  m'en  garderais  bien,  répondit  ingé- 
nieusement le  jeune  magistrat,  j'aurais  le  malheur  de  me  trouver 
en  contradiction  avec  vous  »  ;  faisant  allusion  au  procès  de  la 
maison  de  Noé  avec  le  chapitre  de  S^e.Marie. 

On  a  à  i\L  de  Noë  l'obligation  d'un  article  intéressant  relatif 
aux  corvées,  qui  a  été  délibéré  suivant  le  vœu  du  public  pour 
éluder  l'adjudication.  Les  anti-ingénieurs  proposèrent  de  faire 
arrêter  que  les  ateliers  seraient  aussi  multipliés  qu'il  serait 
possible.  M9'  l'Archevêque  croyait,  en  conséquence,  beaucoup 


62  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

faire  que  d'en  demander  cinquante  aux  ingénieurs.  Quoi!  cin- 
quante, s'écria  M.  de  Maurens,  il  en  faut  au  moins  trois  cents, 
L'Evêque  de  Comminges,  par  composition,  en  proposait  cent 
cinquante,  et  on  aurait  conclu  à  ce  dernier  avis;  mais  M.  de 
Maurens, qui  avait  eu  le  malheur  de  faire  de  mauvaises  impres- 
sions dans  le  public  (et  bien  injustement,  je  crois),  parce  que 
dans  les  délibérations  il  ne  s'était  pas  déclaré  ouvertement 
contre  les  évêques  et  qu'il  avait  fait,  autant  qu'il  était  en  lui, 
le  rôle  de  conciliateur,  M.  de  Maurens^,  f^is-je,  voulut  faire  ses 
preuves  de  patriotisme  en  cette  occasion.  M.  de  Noë  devait 
faire  un  rapport  sur  les  tailles  ;  à  propos  de  contraintes,  M.  de 
Maurens  lui  suggéra  d'insérer  la  proposition  des  300  ateliers 
sur  les  routes^  quoique  cet  objet  fût  étranger  au  bureau  des 
tailles.  Le  faiseur  de  M.  de  Noë,  qui  est  un  avocat  de  ses 
terres,  et  en  même  temps  notaire  (on  l'appelle  Tarrible), 
suivit  cette  idée.  M.  de  Noë  communiqua,  suivant  l'usage,  son 
mémoire  à  l'Archevêque,  quand  il  fut  fait.  Le  prélat  ne  fut 
pas  d'avis  qu'il  fût  lu  ;  il  lui  parut  que  ce  mémoire  était  à  la 
fois  offensant,  pour  le  bureau  des  corvées  en  ce  qu'il  avait  l'air 
de  vouloir  suppléer  au  défaut  de  travail  de  ce  bureau  et  pour 
l'administration  des  intendants,  parce  que  le  rédacteur  relevait 
certains  abus  qui  avaient  lieu  autrefois  dans  cette  partie 
d'administration.  M.  de  Noë  envoya  réclamer  son  mémoire 
et  la  partie  était  faite  néanmoins  pour  le  lire  le  lendemain  en 
assemblée  généi-ale.  Or  le  lendemain,  M.  de  Catelan,  à  l'heure 
ordinal  l'e  de  ce  bureau,  arrive  sans  être  ni  peigné  ni  rasé, 
ayant  l'air  d'avoir  veillé  toute  la  nuit;  il  fit  un  rapport  verbal 
dans  lequel  il  exprimait  sa  douleur  et  son  étonnement  de  la 
digi'essiou  qu'un  l)ureau  éti'anger  avait  faite  sur  les  matières 
qui  devaient  faire  l'objet  du  travail  du  bureau  des  corvées, 
comme  si  ce  dernier  bureau  avait  manqué  de  zèle  ou  d'atten- 
tion. Vai  même  temps,  pour  ren(h"e  l'incur'sion  étrangère 
inutile,  il  [)roposa  d'ari'èter  la  division  des  ateliers  à  300,  ce 
qui  l'ut  ainsi  délil)éré.  M.  de  Noë  lut  son  mémoire,  mais  on 
délibéra  de  ne  pas  lui  accorder  les  honneurs  de  la  transciip- 
tion.  M.  de  Noë,  aiïecté  de  ce  qu'on  avait  pi'étendu  que  son 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  63 

ouvrage  renfermait  une  satire  de  l'ancienne  administration, 
fut,  en  présence  d'un  grand  nombre  de  personnes,  le  lire  à 
M.  l'intendant,  en  lui  déclarant  qu'en  sa  présence,  il  le  jette- 
rait au  feu,  s'il  y  trouvait  quelque  expression  qui  ne  fût  pas 
mesurée.  La  lecture  se  fit  et  M.  l'intendant  jugea  qu'il  n'y  avait 
rien  dans  ce  mémoire  qui  ne  fût  très  décent.  Cette  division 
entre  M'J'"  l'Archevêque  et  M.  de  Noë,  du  moins  extérieure- 
ment, n'est  pas  allée  plus  loin  ;  le  prélat  a  dîné  depuis  chez  ce 
seigneur,  et,  au  départ  de  celui-ci,  ils  se  sont  embrassés, 
se  témoignant  beaucoup  d'attachement  l'un  à  l'autre. 

Je  crois  avoir  eu  l'honneur  de  vous  marquer  dans  une  de 
mes  précédentes  lettres,  que  le  rôle  de  M.  de  Maurens  me 
paraissait  très  difficile  dans  l'Assemblée  ;  ma  façon  de  voir 
n'était  pas  sans  fondement.  On  dit  que  du  Parlement  on  lui 
a  écrit  avant  la  clôture  pour  témoigner  la  surprise  des  fortes 
impositions  que  l'Assemblée  délibérait  de  mettre  sur  la  pro- 
vince. M.  de  Maurens  a  paru,  en  conséquence,  redouter  de 
sanctionner  par  sa  signature  ce  qui  avait  été  délibéré  et  il  s'est 
retiré  le  mardi  matin  sans  rien  signer. 

On  a  tout  terminé  par  une  opération  qui  a  excité  un  scandale 
général.  Par  un  article  du  règlement  envoyé  du  ministère,  il 
était  porté  que  l'Assemblée  élirait  trois  avocats  pour  être  les 
consultants  de  l'administration  et  des  communautés  qui  vou- 
draient se  faire  autoriser  à  plaider.  On  a  fait  ce  choix  sur  la 
proposition  de  l'Archevêque,  qui  désigna  M^I.  Despiau  qui  est 
de  l'Assemblée  Provinciale,  Lapeyre  qui  est  syndic  de  l'Assem- 
blée d'Election,  et  un  certain  Bonhomme.  Je  ne  dirai  rien  du 
premier,  et  pour  cause,  mais  le  second  est  un  personnage 
tombé  à  plat  au  barreau,  sans  emploi  dans  sa  profession  et 
qui  n'a  pour  moyens  d'existence,  que  l'intrigue  et  la  bassesse. 
C'est  la  créature  de  MM.  de  Luppé,  vis-à-vis  de  qui,  comme 
vis-à-vis  de  beaucoup  d'autres,  il  remplit  des  emplois,  même 
humiliants,  pour  se  rendre  agréable.  Le  troisième  est  un 
Rouergas,  venu  de  Millau  ici  en  dernier  lieu,  et  qui  s'est  estimé 
très  heureux  d'obtenir  un  emploi  de  scribe  dans  l'administra- 
tion; jugez,    par  là,  de  ses  talents  pour  la  profession.   Tels 


54  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

sont,  néanmoins,  les  flambeaux  qui  doivent  éclairer  la 
Province. 

Accoutumé  à  donner  l'Esprit  saint  à  ses  prêtres,  Mfl''  l'Arche- 
vêque a  pensé  que  sa  divine  influence  opérerait  sans  doute 
sur  ces  hommes-là. 

En  vérité  on  devient  bien  indifférent  pour  les  honneurs  quand 
on  les  voit  ainsi  prodiguer  et  prostituer.  Il  est  une  chose  qui 
flattera  toujours  mon  ambition,  c'est  d'être  honoré  de  vos 
bontés. 

Je  suis,  avec  un  profond  respect.  Monsieur  le  chevalier, 
votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

Bertieux. 


A  Auch,  le  28  novembre  1787. 


Monsieur, 


Si  le  fils  de  Louis  de  Dûmes  m'eût  tenu  sa  parole  de  venir 
chez  moi  chercher  ma  lettre  pour  vous,  ou  du  moins  m'eût 
donné  le  temps  de  l'apporter  à  son  auberge,  vous  l'auriez  reçue 
hier;  cependant  je  ne  suis  pas  fâché  de  ce  retard,  trouvant  la 
commodité  de  M.  Pesme  de  l'Isle,  parce  que  je  suis  en  ce 
moment  plus  dans  le  cas  de  vous  donner  des  nouvelles  sur 
l'Assemljlée  Provinciale. 

Cette  assemblée  triomplie,  Monsieur,  suivant  le  règlement 
arrivé  depuis  vendredi  dernier.  Ce  règlement,  qui  n'est  pas 
encore  patent,  mais  cependant  connu  des  parties  intéressées, 
leur  attribue  tout  pouvoir  sur  les  dilTérentes  impositions  de  la 
Province,  au  point  qu'elle  est  libre  d'abonner  les  vingtièmes 
ou  de  les  faire  régir  ;  cependant  les  préposés  à  cette  partie  ne 
s'étonnent  pas;  .M.  de  Béguillet  a  remercié  le  secrétariat  de 
l'iidiiiinistration  et  s'est  retiré  dans  sa  direction.  On  travaille  à 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  65 

force  chez  M.  Trubert  aux  rolles  exécutoires  pour  envoyer  aux 
communautés,  mais  ces  rolles  ne  portent  l'imposition  que  pour 
six  mois,  c'est-à-dire  jusqu'au  mois  de  juillet  prochain.  Le 
premier  commis  de  la  direction  est  un  de  mes  amis  et  il  m'a 
assuré  que  les  instructions  qu'il  recevait  du  conseil,  sont  toutes 
contraires  au  règlement  de  l'Assemblée. 

Venons  à  la  partie  des  ponts-et-chaussées,  celle  qui  doit 
nous  intéresser  le  plus.  Elle  est  on  ne  peut  plus  assujettie  à 
l'Assemblée  Provinciale,  au  point  qu'elle  est  maîtresse  de  la 
nomination  des  employés  subalternes.  Les  ennemis  des  ingé- 
nieurs dans  cette  ville,  font  aussi  courir  le  bruit  que  l'assem- 
blée est  maîtresse  d'en  faire  le  choix  ;  cependant  l'article  du 
règlement  les  concernant,  porte  que  le  Roy  se  réserve  leur 
nomination  et  la  fixation  de  leurs  appointements,  les  subor- 
donnant cependant  à  l'Assemblée  Provinciale  ;  il  ajoute  à  leurs 
fonctions  la  partie  des  presl)ytères,  sans  pouvoir  exiger  aucune 
rétribution,  sauf  à  l'administration  à  leur  faire  un  traitement 
particulier  relativement  à  ce  nouveau  travail.  Quant  aux  adju- 
dications déjà  passées,  plusieurs  membres  de  l'administration, 
tels  que  Ma'"  l'Evêque  de  Lectoui-e,  celui  de  Commenge,  M.  de 
Gatelan,  avocat-général,  et  plusieurs  autres,  se  sont  beaucoup 
récriés  contre  les  oppositions  faites  aux  adjudications  et  vou- 
laient qu'elles  eussent  leur  plein  et  entier  etîet,  mais  leurs  voix 
n'ont  pas  prévalu  ;  tous  les  autres  ne  voulant  les  adjudica- 
tions que  pour  une  année.  M.  l'intendant  ne  veut  pas  les 
autoriser  pour  ce  temps,  disant  qu'il  ne  peut  pas  scindei' 
l'article  de  l'arrêt  du  conseil  ni  des  conditions  générales,  de 
sorte  qu'il  y  a  huit  jours  (ju'on  travaille  sur  cet  objet,  sans 
avoir  rien  statué.  M.  Béguiei-  et  M.  Albat  sont  chaque  jour 
appelés  au  bureau  chargé  de  cette  partie  et  mangent  souvent  à 
l'intendance  ou  à  l'archevêché. 

Les  piincipaux  membres  qui  composent  le  l)ureau  sont  : 
Mu'-  l'Evêque  de  Commenge,  M.  de  Noë,  M.  le  baron  de 
Gardaillac,  M.  de  Catelan,  avocat-général,  M.  l'abbé  Soupets 
de  La  Glavei'ie,  M.  l'abbé  Darrès,  vicaire  général,  M.  Marpon, 
M.  Despiau,  ancien  subdélégué,  M.  Mondon  (de  ïerraube)..., 

5 


66  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

et  la  conclusion  de  la  plupart  de  ces  membres  est  qu'ils  vou- 
draient prouver  à  la  Province  qu'ils  ont  trouvé  un  moyen 
d'économie  sur  l'entretien  des  routes.  Mgr  l'Evêque  de  Com- 
menge  dit  très  bien  que  cette  spéculation  est  personnelle  et  ne  , 
tend  pas  au  bien  public  pour  cette  partie.  Voilà,  Monsieur, 
tout  ce  que  je  sais  en  ce  moment,  à  ce  sujet. 

J'ai  eu,  ce  matin,  un  moment  d'entretien  avec  M.  Sarrau, 
secrétaire  de  l'assemblée,  frère  du  médecin,  une  de  mes 
anciennes  connaissances,  placé  par  la  protection  de  M.  de  Noë;  • 
je  lui  ay  demandé  si  l'affaire  de  l'évêque  de  Lectoure  était  i 
jugée  avec  la  ville  de  Fleurance,  il  m'a  répondu  qu'il  ne  le 
croyait  pas,  mais  que  suivant  toute  apparence,  cet  évêque  subi- 
rait le  même  soi*t  que  celuy  de  Gommenge,  qui  avait  été 
condamné  pour  le  même  fait. 

Je  n'ay.  Monsieur,  d'autre  nouvelle  à  vous  donner;  j'espère 
avoir  l'honneur  de  vous  voir  à  Miélan  la  semaine  pro- 
chaine. 

Je  suis,  avec  respect,  Monsieur,  votre  très  humble  et  très 
obéissant  serviteur. 

Durand. 


L'affaire  de  l'évêque  de  Lectoure  avec  la  ville  de  Fleurance,  dont 
parle  dans  sa  lettre  M.  Durand,  avait  été  soulevée  par  la  prétention 
de  cette  dernière  ville  d'être,  lors  de  la  prochaine  réunion  de 
l'assemblée  de  Lomagne,  le  chef-lieu  de  l'Election,  ou  au  moins, 
d'avoir  un  collège  séparé  et  une  députation  particulière.  Contrai- 
rement aux  prévisions  générales,  Lectoure  l'emporta  et  M»'  l'arche- 
vêque d'Auch  fut  pour  beaucoup  dans  ce  choix,  comme  le  prouve 
la  lettre  suivante  écrite  par  ce  prélat  à  M.  Delor,  député,  le  9  octohre 
1787  : 

(1  11  est  très  certain.  Monsieur,  (jue  tout  ce  qui  s'est  fait 
jusqu'à  présent  ne  préjudicie  point  à  la  ville  de  Fleurance,  que 
ses  droits  sont  entiers  et  que  l'Assemblée  provinciale  n'a  nul 
dessein  de  les  attaquer;  mais  je  vous  avouerai  franchement 
que  j'ai  demandé  au  ministre  une  décision  qui  autorisât 
M.  l'évêque  de  Lectoure  à  tenir  l'Assemblée  de  Loumagne  à 


1 


TENUE?    A    AUCH    EN    1787  67 

Lectoure,  parce  que  de  très  bonne  foy,  je  crois  que  l'Assem- 
blée sera  mieux  établie  et  plus  commodément  à  Lectom^e;  il 
n'est  point  question  d'ôter  à  la  \ille  de  Fleurance  le  siège  de 
réleclion,  j'ai  positivement  demandé  qu'elle  le  conserve.  La 
commission  intermédiaire  aura  la  peine  d'envoyer  quebju'un  à 
Fleurance  pour  fouiller  le  dépôt  du  greffe,  loi'squ'il  sera  néces- 
saire. Je  pense  que  le  véiùtable  intérêt  de  Fleurance  n'est  pas 
de  vouloir  s'oljstiner  à  vouloir  que  l'Assemblée  y  tienne  ses 
séances,  mais  de  se  borner  à  consener  le  siège  de  Lectoure, 
car  n'ayant  pas  plus  cpi'une  autre  ville  le  droit  d'être  le  chef- 
lieu  de  l'élection,  on  pourrait  être  tenté  de  lui  ôter  cette 
qualité  qui  lui  'lonne  seule  le  droit  de  réclamer.  Le  mieux  est 
donc  de  rentrer  en  composition  sur  cet  objet  et  peut-être  est-il 
plus  pnident  de  se  réunir  à  la  Aille  et  à  M.  l'Evêque  de 
Lectoure  pour  consentir  que  pendant  ces  quatre  années-cy, 
l'Assemblée  de  l'Election  de  Loumagne  soit  tenue  à  Lectoure  ; 
en  vérité.  Monsieur,  je  crois  que  je  donne  ici  à  votre  ville  un 
conseil  d'ami,  telle  est  au  moins  mon  intention.  Je  vous  prie 
d'en  être  bien  pei^uadé.  Les  intérêts  de  la  ville  de  Fleurance 
bien  entendus  me  seront  et  me  sont  toujoure  très  chei*s. 

^^  Recevés,  Monsieur,  l'assurance  de  tous  les  sentiments  avec 
lesquels  j'ai  l'honneur  d'être  votre  très  humble  et  très  obéis- 
sant seniteur. 

«.  L.  A..  Archevêque  d'Auch.  » 


Malgré  le  rejet  de  leurs  prétentions,  les  communautés  de  Fleurance 
et  de  Paulhiac  persistèrent  dans  leur  demande,  et  en  1789,  les 
députés  de  ces  deux  communautés  ne  se  présentèrent  pas  à 
l'Assemblée  de  la  sénéchaussée  réunie  à  Auch,  comme  les  y 
appelaient  leurs  lettres  de  convocation. 


NOTES  SUPPLÉMENTAIRES 


SUR 


MM.    LES    MEMBRES 

DU  CLERGÉ  ET  DE  LA  NOBLESSE 

QUI  FIRENT  PARTIE 

DE 

L'ASSEMBLÉE  PROVINCIALE 

POUR  LA  GÉNÉRALITÉ  D'AUCH 
Ti'iiuc  (Ml  cHIe  \\\\i\  dans  les  iiinis  k  .\o\enibiT  cl  de  Df^ceiiibre 

1787 


MEMBRES  DU  CLERGÉ 


ÎS  DU  CLERGÉ 


MONSEIGNEUR  L'ARCHEVÊQUE  D'AUGH 

Louis-Apollinaire  de  la  Tour-du-Pin-Montauban,  né  à  Paris, 
le  43  janvier  1744,  sacré  premier  évêque  de  Nancy,  le  25  juin 
1777,  devenu  archevêque  d'Auch  le  15  juin  1783,  décéda  le 
28  novembre  1807,  évêque  de  Troyes. 

A  son  retour  de  l'émigration,  Mg^"  de  la  Tour-du-Pin-Mon- 
tauban,  sur  la  demande  de  Pie  VII,  avait  donné  sa  démission 
d'archevêque  d'Auch,  à  la  suite  du  concordat.  Il  refusa  d'être 
nommé  à  Aire-Dax  et  fut  promu,  en  1803,  à  l'évêché  de 
Troyes,  sous  le  titre  d'arche vêque-évêque.  Gréé  officier  de  la 
légion-d'honneur  et  sénateur,  il  mourut  à  l'âge  de  63  ans, 
laissant  un  impérissable  souvenir  de  ses  vertus ,  de  sa 
chai'ité  et  de  sa  sagesse  dans  l'administration  de  ses  trois 
diocèses. 

Armes  :  Ecartelé  aux  1^'-  et  ¥  d'azur  à  la  tour  d'argent, 
maçonnée  de  sable,  au  chef  cousu  de  gueules,  chargé  de  trois 
casques  fermés  d'or;  aux  2''  et  3"  d'or,  au  dauphin  d'azur, 
cretté  et  oreille  de  gueules,  sommé  d'une  couronne  de  marquis, 
surmontée  d'une  croix  archi-épiscopale,  soutenant  le  chapeau 
à  glands  des  archevêques. 


74  COMPTE   RENDU   DES   SÉANCES 


MONSEIGNEUR  LÉVÊQUE  DE  LESGAR 

Marc-Antoine  de  Noé,  devenu  à  trente-six  ans,  évêque  de 
Lescar,  était  né  au  château  de  la  Grimenaudière ,  près  de  La 
Rochelle,  en  1724.  Elevé  au  collège  des  Jésuites  d'Auch,  fort 
en  vogue  à  cette  époque,  il  fut  nommé  grand-vicaire  à  Alby  et 
plus  tard  à  Rouen.  Sacré  évêque  de  Lescar,  le  12  juin  1763, 
il  prononça  plusieurs  discours  qui  donnent  une  haute  idée  de 
sa  science,  de  sa  charité  et  de  son  talent. 

En  1775,  il  sacrifia  presque  toute  sa  fortune  pour  secourir 
ses  malheureux  diocésains  ruinés  par  une  épizootie  survenue 
en  Béarn.  Sa  lettre  pastorale  à  ce  sujet  est  un  chef-d'œuvre  de 
sentiment,  d'instruction  et  d'éloquence,  loué  même  par  La 
Harpe.  On  cite  aussi  avec  de  grands  éloges ,  la  harangue  qu'il 
prononça  dans  la  cathédrale  d'Auch,  pour  la  bénédiction  des 
guidons  du  Régiment-Royal-Dragons,  le  28  septembre  1781, 
devenue  classique  dans  les  écoles  militaires. 

Monseigneur  de  Noé  fut  le  dernier  des  évêques  de  Lescar 
qui  reçut  à  Versailles  (le  31  décembre  1777),  le  serment  prêté 
par  le  roi  de  France  de  respecter  les  fors  et  coutumes  du 
Béarn. 

A  son  retour  d'Angleterre,  où  il  avait  émigré,  il  fut  créé 
évêque  de  Troyes;  sa  nomination  de  cardinal  lui  ari'iva  le  jour 
de  sa  mort,  le  24  septembre  1802. 

Armes  :  Losange  (ou  échiqueté)  d'or  et  de  gueules ,  l'écu  en 
bannière;  supports:  deux  léopards  lionnes. 


TENUES  A  AUCH  EN  1787  75 


MONSEIGNEUR  L'ÉVÈQUE  DE  LEGTOURE 

Louis-Emmanuel  de  Cugnac,  né  en  1729,  au  château  de 
Sermet,  en  Quercy,  '  arriva  à  Lectoure  le  10  janvier  1774, 
après  avoir  été  chanoine  de  Notre-Dame-de-Paris,  et  vicaire- 
général  du  diocèse  de  Bayeux,  sous  l'épiscopat  de  Monseigneur 
de  Rochechouart-Montigny,  ancien  évêque  d'Evreux. 

La  maison  de  Gugnac ,  une  des  plus  anciennes  de  la 
Guyenne ,  avait  formé  les  branches  de  Giversac  en  Quercy, 
de  Dampierre  en  Beauce,  de  Traissies,  etc..  Elle  s'est  alliée 
aux  d'Hautefort,  Durfort ,  Prunelé ,  Lagni ,  Ebrard-S^-Sulpice, 
Gontaut-St-Geniez ,  d'Abzac  de  la  Douze ,  Vassan,  Langheac, 
etc....  Successeur  à  Lectoure  de  ^>l¥  Pierre  Chapelle  de 
Jumilhac-Gubjac  et  dépossédé  de  son  siège  épiscopal  pendant 
la  Révolution,  Monseigneur  de  Cugnac  fut  signalé  comme 
suspect  pai'  le  ministre  de  la  police  qui  adressa  à  la  munici- 
palité de  Condom  la  note  suivante,  à  son  sujet:  ^  Gugnac, 
ci-devant  évêque  de  Lectoure,  royaliste  débouté.  Il  a  protesté 
contre  les  décrets  de  trois  assemblées.  G'estlui  qui  entretient, 
en  sa  qualité  de  seul  évêque,  une  correspondance  avec  le  Pape. 
Il  a  fait  des  lettres  pastorales  pour  exciter  le  peuple  à  la 
révolte.  Condamné  d'abord  à  la  déportation,  longtemps  détenu 
dans  une  maison  de  réclusion,  il  fut  mis  en  liberté  l'an  m,  et 
gouverna  le  ci-devant  district  de  Lectoure  avec  une  verge  de 
fer.  Il  en  devint  le  procureur-syndic  et  a  tenté  de  faire  exter- 
miner tous  les  patriotes  du  département  qui,  sans  leur  énergie, 
auraient  été  les  victimes  de  la  réaction.  ^  » 

Monseigneur  de  Gugnac  eut  ses  biens  confisqués,  mais  il  fut 
autorisé  à  se  retirer  dans  sa  famille,  au  château  de  Fondelin, 
près  de  Condom,  après  un  an  d'emprisonnement 3,  ayant  signé 


'  Son  père  était  Jean-Louis,  vicomte  de  Cugnac,  seigneur  de  Giversac,  sa  mère,  Marie 
Souveraine  du  Faure  de  RoufftUac. 

2  Persécution  contre  le  clergé  du  Gers  pendant  la  Révolution,  par  M.  Lamazouade. 

■''Grâce  à  M.  Constantin,  membre  du  directoire  départemental  qui  eut  pitié  de  l'âge 
avancé  et  des  infirmités  de  l'évêque,  devenu  martyr. 


76  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

rengagement  de  n'en  plus  sortir.  Il  y  mourut  le  9  décembre 
1800,  à  l'âge   de   71   ans.  Ce  prélat  donna,   toute  sa  vie,  un 
remarquable  exemple  de  son  attachement  à  la  foi  catholique. 
Armes  :  Gironné  d'argent  et  de  gueules,  de  huit  pièces. 


MONSEIGNEUR  L'ÉVÈQUE  DE  GOUZERANS 

Dominique  de  Lastic,  né  dans  le  diocèse  de  Mende,  le  16 
octobi-e  1742,  sacré  le  9  janvier  1780. 

Armes  :  De  gueules  (alias  de  sable),  à  la  fasce  d'argent,  à  la 
bordure  de  gueules  ^  (Genouillac.) 


MONSEIGNEUR  L'ÉVÈQUE  DE  COMMENGES 

Gabriel-Antoine-Charles-Eustache  d'Osmond,  de  Médavy,  né 
à  S^-Domingue,  le  6  février  1723,  élevé  dans  le  diocèse  de 
Séez,  devint,  en  1743,  chanoine  comte  de  Lyon;  il  fut  sacré 
évêque  de  Commenges  le  1^   mai  1785. 

Armes  :  De  gueules  au  vol  d'Hermine. 

Devise  :  Nihil  obstat. 

LÏ'vtMjue  de  Gommenges  était  frère  de  Dainabé-Louis- 
Gabriel,  comte  d'Osmond,  chambellan  de  Monseigneur  le  duc 
d'Orléans.  Sa  femme,  née  de  Ferre,  était  dame  pour  accompa- 
gner Madame  Adélaïde  de  France. 


'  !.<•>  Lastir  ilii  Laii;;iii'iliH-  pdi taiiiit  :  tl'ni-  an  ((pur  do  jçiieiili-s  (llii'tslap.i  ;  ils  (■laiciil 
allii'"*  aux  ramilles  ir.Vrrriiticics,  Talleinaciic,  La  Ma/.ic((',  Caiisans,  riaiiliic,  Lcvo-nii  de 
Vczins,  Valliii.  (Me 


TENUES   A   AUCH   EN    4787  77 


L'ABBÉ  DE  LACLAVERIE  DE  SOUPETZ 

Jean-François  de  Laclaverie  de  Soupetz,  seigneur  de  Lacla- 
verie,  archidiacre  de  Ste-Marie  d'Auch  (1747),  occupait  une 
haute  situation  dans  le  clergé  de  laProvince^ 

Armes  :  D'argent  à  la  bande  d'azur,  chargée  de  trois  têtes  de 
lion  d'or,  arrachées  et  lampassées  de  gueules;  couronne  de 
marquis.  D'après  l'armoriai  d'Armagnac,  par  M.  de  Bastard, 
l'abbé  de  Laclaverie  aurait  eu  dans  son  écusson,  outre  le  bla- 
son ci-dessus ,  brochant  sur  le  tout ,  trois  besans  d'or  sur 
fond  d'azur,  et  une  couronne  d'épines  au  naturel ,  sur  fond 
d'argent. 


L'ABBE  DE  LA  TOUR-DU-PIN 

ARCHIDIACRE  DE  SOS 

Parent  de  Monseigneur  l'archevêque  d'Auch,  dont  il  portait 
les  armes,  il  était  grand-vicaire  de  la  Cathédrale. 


L'ABBÉ  DE  FAUDOAS 

CHANOINE    DU    CHAPITRE    DE    PESSAN 

La  noble  et  ancienne  maison  de  Faudoas  tire  son  origine  du 
bourg  et  château  de  Faudoas,  première  baronnie  du  pays  de 
Lomagne ,  au  diocèse  de  Montauban  ;  cette  famille  possédait 


'  Drjà,  en  ltJ3:{,   l'ieno  ilc    Larlavoiic,    sinir    di;    Uangiiiéics  «-t  |)riciir  de  Bouloc,  t'-lait 
:haii()iiie  ilc  réglisf  iiirliopolitaiiic  irAiicli  i  Mniili'rni;. 


78  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

aussi,  entre  Lectoure  et  l'Isle-Bozon,  le  château  de  Plieux, 
dont  les  ruines  importantes  appartiennent  de  nos  jours  aux  du 
Faur.  On  voit  encore  sur  la  porte  du  vieux  manoir  les  armes 
des  Faudoas  écartelées  avec  celles  des  Galard,  en  souvenir  de 
l'alliance  contractée  ('l!296)  entre  Réale  de  Faudoas  et  Ayssin 
de  Goalard,  seigneur  de  Terraube,  maire  de  Bordeaux  et 
de  Dax,  lieutenant  du  sénéchal  de  Guyenne  pour  le  roi 
d'Angleterre. 

Le  premier  Faudoas  dont  il  est  fait  mention  se  nommait 
Raymond- Arnaud,  et  vivait  en  1101.  Cette  maison  a  formé 
plusieurs  branches  dont  les  plus  connues  sont  celles  de 
Barbazan,  llocliechouart,  Sérillac,  Avensac,  Séguenville,  Ayries 
et  Bélin. 

Armes  :  Ecartelé  aux  1(^>'  et  4"  de  France  (concession  royale 
accordée  au  célèbre  Faudoas-Barbazan  qui  fut  enseveli  à  S'- 
Denys),  aux  2^  et  3^  d'azur  à  la  croix  d'or. 

Au  xviie  siècle,  le  poète  d'Astros,  de  S'-Clar,  a  célébré  en 
vers  gascons,  l'entrée  du  marquis  et  de  la  marquise  de  Faudoas 
dans  leur  château  de  Plieux  *,  où  il  les  fait  saluer  par  trois 
bergers,  deux  fi-ançais  et  un  gascon,  qui  chantent  les  louanges 
de  la  grande  maison  de  Faudoas-Barbazan-Rochechouart  -. 


'  Ce  château,  vciitlu  en  1400  aux  Tialanl  de  l'Isle-Bouzon,  par  les  Faudoas,  fut,  plus  tard, 
racheté  par  eux.  Il  appartenait,  avant  la  RévoUition,  à  la  famille  de  Cambolas,  de 
Toulouse. 

'  L'histoire  nénéaloj^'itpie  de  la  famille  de  Faudoas  a  été  publiée  en  1724,  par  Jean- 
Louis  de  Faudoas-Séjçueiivillc  ((ils  de  Pierre  de  Séjçucnville  et  de  Lucrèce  de  Hoque- 
maure-Monlaijçu),  docteur  en  Sorhonne,  i  hanoine  théoloj'ique  de  Montauban,  prévôt  en 
1707,  de  l'abbaye  de  Montauriol,  décédé  en  avril  173:2. 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  79 

DOM  HYACINTHE  PÈLEGRIX 

ABBÉ  RÉGULIER   DE   l'aBBAYE  DE   BOUILLAS 

Après  avoir  été  (.<  professeur  royal  en  théologie  à  l'Université 
(le  Toulouse  »,  vicaire-général  de  la  Province  pour  l'ordre  de 
Giteaux,  dont  Bouillas  dépendait,  il  fut  nommé  par  le  Pioi, 
le  "25  novembre  1771 ,  et  béni  par  Monseigneur  d'Auch ,  le 
25  mars  1772,  dans  l'église  des  carmélites  de  cette  ville. 

L'abbaye  de  Bouillas,  de  l'ordre  de  Giteaux,  et  dédiée  à  la 
Vierge,  fut  fondée  entre  1040  et  1126,  par  Ardoin  de  Bouillas, 
près  Lectoure  et  Pauilhac,  dans  la  forêt  du  Ramier,  appelée 
alors  Porte-Glands  ' . 

Riche  et  important ,  ce  monastère  avait  eu  pour  abbés  des 
personnages  appartenant  à  de  bonnes  familles  de  la  province, 
entr'autres  :  A.  de  Montesquiou-Fezensac  (1228),  B.  de  Gastel- 
bajac  (1283),  B.  de  Roquelaure  (1477),  le  cardinal  d'Albret 
(1520),  J.  de  Godailh  (1522),  deux  Montlezun,  dont  l'un  en 
d272,  quatre  Galard,  de  1557  à  1722,  enfin  un  Laval,  un  du 
Mesnil,  un  de  Gié,  etc.. 


*  Notes  sur  Bouillas  ipar  M.  l'abbé  Laglejse;. 


MEMBRES  DE  LA  NOBLESSE 


MEMBRES  DE  LA  NOBLESSE 


MONSIEUR  LE  VICOMTE  DE  POINTIS-S'-.TEAN 

Jean  de  St-Jean,  vicomte  de  Pointis  et  de  Couserans,  naquit 
le  9  août  1721  ;  garde  du  corps  du  Pvoi  (compagnie  Ecossaise), 
il  assista  à  la  bataille  de  Fontenoy,  reçut  la  croix  de  S^-Louis 
le  8  octobre  1758,  et  épousa,  cette  même  année,  Rose  de  Vaux. 
Doyen  de  l'Ordre  de  la  Noblesse  à  l'Assemblée  Provinciale  de 
la  Généralité  d'Aucli,  il  fut  nommé  pj'ésident  de  la  commis- 
sion chargée  de  vérifier  les  titres  des  gentilshommes  de  cette 
Généralité. 

La  maison  de  S^-Jean,  d'ancienne  chevalerie,  était  originaire 
du  comté  de  Gomminges ,  où  est  située  la  ten-e  de  Pointis 
qu'elle  possédait  depuis  plusieurs  siècles,  avec  les  titres  de 
haron  et  de  vicomte. 

Bernard  de  St-Jean,  chevalier,  figure  en  l^O'i,  comme 
témoin  d'un  acte  passé  entre  Bernard,  baron  de  l'Isle-Jour- 
dain,  et  son  frère,  au  sujet  du  village  de  S^-Césert. 

Raymond-Bernard  de  S^-Jean,  seigneur  de  Sieurac,  Bajon- 
nette,  etc.,  chevalier,  fut  au  nombre  des  nobles  qui  signèi^ent 
les  coutumes  données,  en  1249,  au  Fezensaguet. 

Jean  de  S^-Jean  était,  le  18  janvier  1294,  lieutenant  du  Roi 
d'Angleterre  en  Aquitaine. 


84  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

Roger  de  S'-Jean  (depuis  lequel  on  suit  la  filiation  authen- 
tique) ,  fut  nommé  en  1400 ,  gouverneur  de  S'-Lizier  de 
Couzerans;  il  avait  épousé  Navarre  de  Benque^  et  sa  fille  se 
maria  avec  Roger  de  Pardaillan. 

Roger  II  de  S^-Jean,  seigneur  de  Soueicli,  eut  de  Bertrande 
de  Preissac-Esclignac  Jeannette  de  S'-Jean ,  devenue  en  1512 
la  femme  de  Roger  de  Yize,  seigneur  de  Bareilles. 

Roger  III  de  S^-Jean,  époux  d'Anne  de  Noé ,  eut  pour  fils 
Gaspard,  seigneur  de  Soueich,  qui  se  maria  le  19  mars  1535, 
avec  Catherine  de  Gomminges,  fille  d'Odet  de  Gomminoes  -, 
vicomte  de  Couzerans,  seigneur  de  Pointis,  etc.,  et  de  Marie 
de  Tersac. 

Bernard  de  SMean,  baron  de  Pointis,  seigneur  de  Ghampi- 
gny-Chamussay,  S'e-Julitte,  etc.,  fut  chef  d'escadre,  chevalier 
de  S^-Louis,  de  la  première  promotion,  prit  Garthagène  (Amé- 
rique) ,   en  1697 ,  et  écrivit  la  relation  de  cette  campagne  3. 

Devenu  maréchal  des  camps  et  armées  de  Louis  XIV,  lieu- 
tenant général  au  service  de  Philippe  d'Anjou,  roi  d'Espagne, 
il  se  distingua  à  la  défense  de  Gibraltar  et  mourut  en  1707. 

Le  marquis  de  Sourches,  dans  ses  mémoires,  raconte,  à  la 
date  du  21  février  1689,  «  qu'on  vit  arriver  à  Versailles  M.  de 
Pointis,  capitaine  de  vaisseaux,  lequel  venoit  d'Irlande,  où  le 
roi  l'avoit  envoyé  pour  y  reconnaître  exactement  l'état  de  toutej 
choses.  Comme  Pointis  étoit  homme  d'esprit  et  fort  intelligei 
dans  ce  qui  regardoit  l'artillerie,  il  avoit  inventé  la  manière 
jeter  les  bombes  de  dessus  les  barques,  ce  qui  avoit  si  bi( 
réussi  à  Gènes  et  à  Alger,  et  le  roy  le  donna  au  Roy  d'Angle 
terre  pour  commander  son  artillerie*.  » 

Octavien  de  S^-Jean  de  Pointis,  capitaine  au  régiment 
Uoyal-Artillerie,  eut  le  bras  emporté  par  un  boulet  à  la  bataill 
de  Fleurus,  le  2  juillet   1690  ;  chevalier  de  S^-Louis,    il  ser\ 


'  Armos  tles  (\o  IU'nf|uc  ;  (Je  gueules  à  la  croi.x  d'or. 

*  Aruics  (les  Comminjçes  ;  d'argent  à  la  croix  pattée  île  gueules. 
'«  Amsterdam  1697. 

*  Mémoires  du  marquis  de  Sourches,  sur  le  règue  de  Louis  XIV. 


fi 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  85 

eji  Allemagne  sous  le  maréchal  de  Lorges  et  fut  tué   au  siège 
de  Verrue,  le  5  janvier  1705. 

Nicolas-Melchior  de  S^-Jean,  vicomte  de  Pointis  et  de 
Couzerans,  siégea  aux  Assemblées  électorales  de  la  Noblesse  du 
Comminges  et  du  Nébouzan,  en  1789.  Il  y  est  qualifié  comte 
de  Pointis,  et  chargé  de  la  procuration  du  vicomte  de  Couse- 
rans,  son  père,  et  du  baron  d'Encausse.  Déjà,  à  la  réunion 
générale  des  trois  ordres  de  la  sénéchaussée  d'Armagnac  et  de 
celle  de  l'Isle-Jourdain,  tenue  à  Lectoure  le  16  mars  1690,  le 
baron  de  Pointis  avait  été  le  procureur-fondé  de  Madame  de 
Saussignac  et  de  Monsieur  de  Castelbajac. 

Les  alliances  de  la  maison  de  Pointis  S^-Jean  avaient  été  avec 
les  d'Isaut,  d'Ustou,  Léaumont,  de  Vie,  d'Encausse,  d'Aure- 
Viella,  Gazaux-Laran,  Baulat-Préneron,  Ségala,  Roquemaurel, 
Ghennevière,  du  Pac-la-Bastide,  Saint-Pastou  ^  de  Goueytes, 
Pennautier,  Marin,  Génibrouse-Gastelpers,  Mont-Redon. 

Les  Armes  des  Pointis  S^-Jean  étaient  :  d'azur  à  la  cloche 
d'argent,  bataillée  de  sable,  accompagnée  en  pointe  de  trois 
étoiles  d'or,  posées  2  et  1. 

Devise  :  A  petite  cloche  grand  son. 

Les  araioiries  de  la  famille  de  S^-Jean  d'Honous,  en  Langue 
doc,  tige,  croit-on,  des  S'-Jean-Pointis ,  étaient  d'azur   à   la 
cloche  d'argent,  bataillée  de   sable,   soutenue  de   deux   lions 
affrontés  d'or,  armés  d'argent  et  lampassés  de  gueules^. 

Gatherine-Joséphine-Charlotte  de  S'-Jean,  veuve  de  Louis  de 
Gazaux-Laran,  mestre-de-camp  de  dragons,  baronne  de  Pointis" 
Inard,  seigneuresse  de  Gampalas,  fief  de  la  baronnie  d'Encausse, 
se  fit  représenter  à  l'Assemblée  générale  de  la  noblesse  de 
Gomminges,  tenue  à  Muret  en  1789. 


'  Armes  des  Saint-Pastou.  —  D'azur  à  raigle  d'argent,  tenant  eu  son  bec  une  cloche  du 
même,  bataillée  de  sable,  surmonte  d'une  fleur  de  lys  d'or. 
■^  Borel  d'Hauterive. 


86  COMPTE   RENDU   DES   SÉAiNCES 

LE  MARQUIS  DE  GALARD 

SEIGNEUR  DE  l'iSLE-ROUZOX,   CHEVALIER  DE  SAINT-LOUIS 

Josepli  de  Galat'd,  marquis  de  l'Isle-Bouzon,  en  Lomagne, 
baron  de  Magnas,  seigneui-  de  Castelnau-d'Arbieu,  Latoui-, 
etc.,  était  fils  de  Marie  de  Mibielle*  et  de  Jean  de  Galard, 
seigneur  de  Pellehaut-Luzanet,  etc.  (branche  sortie  des 
seigneurs  de  Galard-Balarin,  issus  de  la  maison  de  Galard- 
Terraube).  Il  obtint,  le  3  janvier  1742,  un  brevet  de  cornette 
dans  la  compagnie  mestre-de-camp  du  régiment  de  cavalerie 
d'Andlau,  et  en  1743,  il  eut  la  commission  de  capitaine  au 
même  régiment,  par  la  retraite  de  Jean-Charles  de  Goalai-d, 
marquis  de  l'Isle,  seigneur  de  Fourcès^,  son  oncle,  qui, 
n'ayant  pas  d'enfant  de  sa  femme,  Marie  de  Bastard,  l'avait 
adopté  et  le  fit  héritier  de  ses  biens  et  de  ses  titres,  par  son 
testament  du  7  avi-il  1753.  Le  25  août  1767,  le  marquis  de 
Galard  fut  promu  major,  et  en  1771,  il  devint  lieutenant- 
colonel  dans  le  régiment  de  Picardie  et  chevalier  de  S^-Louis. 


<  Armes  des  Mibielle  :  crargent  à  1^  l'asces  ondées  de  sable,  écartclé  de  gueules  à  une 
croix  du  S'-Espiit  d'argeut. 

Il  existait  en  Béarn  deux  familles  de  Minviolie,  ou  Mibielle,  qui  avaient  des  armes  tout 
à  fait  différentes  du  blason  des  Mibielli,'  d'Armagnac.  Pierre  de  Mibielle,  seigneur  de 
Noguès  et  de  Charre  avait  dans  sonécu,  le  3  décembre  J675,  un  chevron  d'or,  accompagné 
en  chef  de  deux  étoiles  et  en  pointe  d'un  soleil  du  même.  Jacques  de  Minvielle,  habitant 
deNavarrenx,  avait  pour  scel  un  cartouche  coupé  portant  :  au  premier,  deux  canettes  d'ar- 
gent ;  au  second  :  une  étoile  d'or  accostée  de  deux  tours  ouvertes,  crénelées  et  maçonnées  ; 
timbré  d'un  heaume  de  face,  à  lambrequins.  (Dénombrement  daté  du -4  février  1675,  sceaux 
des  Basses- Pyrénées.)  Joseph  de  (lèrcs,  seigneur  de  Monlignac,  avait  épousé,  le  18  décem- 
bre 1G4U,  Peyronne  de  .Minvielle,  elle  20  mai  11)13,  Asdrubal  de  rières-Gassies,  premier 
capitaine  au  régiment  d'HarcourI,  frère;  de  Jose|ili  de  Gères,  se  maria  avec  Anne  de 
Minvielle. 

Le  27  juin  H'J8,  Guyot  de  .Minvielle  parut  à  la  revue  ])assée  à  (-astres  en  Albigeois,  par 
Monseigneur  d'Albret,  avec  Baymond  de  Cardaillac,  Jean  de  Oaupenne,  Boger  de  Béarn. 
Guillaume  de  Bezolles,  Antoine  de  Sérillac,  Pierre  ilc  Duribrt,  N.  de  Polastrtm  et  autres 
Seigneurs. 

■■'  Le  ;J0  septembre  I7(>r>,  l'estimation  de  la  seigneurie  de  Fourcès,  faite  par  .Molier  de 
Larroumien,  se  monta  à  102,182  livres  10  sols.  (Arch.  de  Magnas).  Jean-Charles  de 
Galard,  Marquis  de  Lislc-Bouzon,  mourut  le  l"  septembre  1753. 


1 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  87 

Marié  le  23  novembre  1773  avec  ^larie-Suzanne  de  Vignes- 
Magnasi,  sœur  de  la  baronne  de  Mauvoisin  et  de  la  baronne 
de  Balzac,  le  marquis  de  Galard  résidait  dans  le  Lectourois, 
à  risle-Bouzon  et  à  Magnas,  dont  il  répara  le  vieux  château 
fondé  par  ses  ancêtres.  Le  17  avril  1794,  il  monta  à  Auch  sur 
l'échafaud  révolutionnaire-^,  pour  cause  d'aristocratie,  âgé  de 
61  ans,  malgré  les  supplications  de  ses  anciens  vassaux  de 
risle-Bouzon  ;  ceux-ci,  reconnaissants  des  bienfaits  reçus 
pendant  des  siècles,  de  leur  ancien  seigneur  et  de  ses  aïeux, 
demandèrent  en  vain  à  la  commission  exécutoire  de  Bayonne, 
séant  à  Auch,  et  présidée  par  Dartigoyte,  la  gi'àce  du  marquis 
de  Galard. 

La  terre  de  Lisle-Bozou,  les  métaiiies  de  la  Garrière,  la 
Salle,  La  Tour,  La  Bouridère,  deux  moulins,  les  prés,  bois, 
jardins,  dépendant  du  château,  furent  vendus  au  district  de 
Lectoure,  pour  338,306  livi-es;  les  meubles  et  le  bétail 
atteignirent  10,314  francs 3. 

De  ses  trois  fils,  l'un  mourut  en  émigration^  ;  l'autre,  dont 
le  crayon  a  retracé  avec  talent  les  vues  et  les  costumes  les 
plus  remarquables  du  Bordelais,  n'eut  qu'une  tille,  morte 
jeune ,  enfin  l'aîné ,  Louis-Raymond-Charles  marquis  de 
Galard  de  l'Isle,  baron  de  Magnas,  né  au  château  de  L'Isle- 
Bouzon,  le  7  octobre  1774,  mousquetaire  dans  la  deuxième 
brigade  à  l'arjnée  de  Coblentz  en  1791,  décédé  à  Magnas   en 


*  Le  père  de  la  marquise  de  Galard  avait  été  longtemps  président  de  la  Bourse  de 
Bordeaux. 

Les  Armes  des  Vignes  étaient  :  d'argent,  au  cep  de  vigne  tortillé  à  un  échalas  de  sable, 
feuille  de  sinople,  terrassé  de  même,  chargé  de  deux  raisins  de  gueules  ;  au  chef  d'azur 
chargé  d'un  croissant  d'argent,  accosté  de  deux  étoiles  d'or. 

2  «  Etat  des  baux  nationaux  du  bureau  de  Fleurance  ».  —  (ialard,  ex-marquis  de  Lisle- 
Bouzon,  condamné  et  exécuté  à  .\uch,  eut  tous  ses  biens  confisqués  ;  mais  une  métairie, 
deux  moulins  et  les  prés,  le  tout  situé  à  Magnas,  provenant  de  sa  femme,  furent  séquestrés 
et  affermés  pour  3  ans,  'J,800  francs,  à  Jean  La  Boubée,  habitant  de  .Marsoulan,  par  le 
directoire  du  district  de  Lectoure,  le  21  Prairial  an  2.  » 

3  Arch.  de  Magnas,  confiscations  de  l'an  11  de  la  Bépublique,  des  biens  du  ci-devant 
marquis  de  Galard,  ex-seigneur  de  Lisle-Bouzon  et  Magnas.  Voir  à  l'Appendice,  la  vente 
des  biens  d'émigrés,  ordonnée  par  Dartigoyte. 

•*  Voir,  à  l'Appendice,  le  certificat  mortuaire  de  Jean,  Bose  de  Galard,   le  7  juin    1800. 


88  COMPTE  RENDU  DES  SEANCES 

4871,  épousa  à  son  retour  de  l'exil,  Amélie  de  Portes- 
Pardaillan^  ;  leur  fils,  Hippolyte  de  Galard,  marié  avec 
Joséphine  de  Captan-Monein-,  continua  la  descendance  qui 
habite  encore  le  château  de  Magnas,  où  elle  est  représentée 
par  le  marquis  Hector  de  Galard  de  l'Isle-Bozon,  baron  de 
Magnas  ;  il  a  eu  d'Elisabeth  de  Grussol ,  fille  de  Monsieur  le 
duc  d'Uzès^et  de  F.  deTalhouët^,  un  seul  enfant,  Raymondede 
Galard,  qui  a  épousé,  en  1885,  le  vicomte  Hector  de  Galard- 
Saldebru,  fils  unique  de  Laure  de  Ségur^  et  du  comte  Hector 
de  Galard-Saldebru,  baron  de  Gaila,  branche  de  la  maison  de 
Galard  séparée,  depuis  1579,  des  rameaux  de  Terraube  et  de 
l'Isle-Bouzon-Magnas . 

Le  second  fils  d'Hippolyte  de  Galard  et  de  J.  de  Captan- 
Monein,  Bertrand  comte  de  Galard,  marié  avec  Elisabeth,  fille 
du  marquis  d'Estampes 6  et  de  G.  de  Robiac,  habite  la  terre  de 
Captan-Castera,  en  Chalosse,  ancienne  seigneurie  venue  aux 
Gaptan,  par  les  Bourdeau-d'Audigeos-Gastera.  Ils  ont  un  tils, 
Hector-Pierre  de  Galard,  né  en  1884. 


*  Anncs  des  De  Portes  :  d'azur  à  la  tour  crénelée  d'argent,  maçonnée  de  sable,  à  la 
bande  d'artfcnt  mise  au  milieu  de  l'écu,  et  au  chef  d'azur,  chargé  de  trois  mericttes 
d'argent  posées  en  fasce  ;  couronne  de  marquis.  (Voir  à  l'appendice.) 

2  Voir  à  l'Appendice  pour  les  armes  de  la  famille  de  Captan,  dont  l'histoire  a  été  écrite 
par  l'abbé  Cazauran,  dans  son  ouvrage  La  Baronnie  de  Bourrouillan. 

3  Armes  des  Crussol  d'Uzès,  princes  de  Soyons,  ducs  de  Grussol  et  ducs  d'Uzès  :  Aux  1"  et 
4«,  fascé  d'or  cl  de  sinople  de  G  pièces,  parti  d'or  à  trois  chevrons  do  sable  ;  aux  2«  et 
3",  coiitr'écartelé  ;  aux  premier  et  dernier  d'azur,  à  3  étoiles  d'or  mises  en  pal,  aux  i" 
et3«  de  gueules,  à  3  bandes  d'or,  et  sur  le  tout  :  d'or  à  3  bandes  de  gueules. 

Devise  :  Ferro  non  aura. 

Couronne  ducale  ;  supports  :  deux  lions. 

Les  Crussol  d'Uzès  étaient  [ircmicrs  pairs  de  France. 

^  Arinc's  ries  Talhouët  :  d'argent  à  3  pommes  de  pin  de  gueules,  posées  '2  et  I,  le  pied 
mis  en  bas  ;  (alias)  mises  en  fascc. 

•'•  Armes  des  Ségur  :  Kcartelé  aux  1«  et  4'^  de  gueules  au  lion  d'or,  aux  "2"  et  3»  d'argent 
plein. 

"  Armes  des  d'Estampes,  Miar(|uis  de  la  l'iMic-linbauH  cl  de  Mauny,  seigneurs  de 
Valençay  etc.  :  d'azur,  à  iJ  girons  d'or  en  chevrons,  au  chef  d'argent,  chargé  de  3  couron- 
nes ducales  de  gueules,  mises  en  fasce.  Devise  :  Fidelis  furtisque  si miil  {Kvmor.  de  Cauna). 
Cette  maison  a  donné  à  la  France  un  cardinal,  un  archevè()ue  duc  de  Rheims,  des  évèques 
à  (^rcassoniie,  àNcvers  et  à  Condom,  un  grand  Prieur  de  l'ordre  de  Malte,  un  maréchal 
de  France,  trois  chevalier  des  ordres,  etc.. 


TENUES   A   AUCH   EN   4787  89 

Les  ai-mes  des  Galaid-Terraube ,  Galard-L'Isle-Boiizon- 
Magnas,  et  Galard-Saldebru,  sont  :  d'or  à  trois  corneilles  de 
sable,  posées  deux  et  une,  becquées  et  pattées  de  gueules  <. 

Devise  :  in  via  nulla  invia. 

Cri  :  Goalard-Goalard. 

Couronne  de  marquis. 

Supports  :  Deux  lions. 

Quelques  branches  de  la  maison  de  Galard  avaient  pour 
devise  :  Ad  utrumque. 

Les  rameaux  de  Béarn-Brassac  prennent  pour  supports 
deux  aigles,  avec  la  couronne  ducale,  et  portent  les  vaches  de 
Béarn,  sans  Ijrisui'e. 


LE    MARQUIS    DE    LUPPÉ 

SEIGNEUR  DE  LA  CASSAIGNE 

Le  marquis  de  Luppé,  seigneur  de  La  Cassaigne-S^-Avit- 
Frandat-,  cousin  du  baron  de  Luppé,  seigneur  de  ïaybosc- 
Vivés,  habitait  le  château  de  La  Cassaigne-S^-Avit ,  ancien  fief 
de  la  vicomte  de  Lomagne ,  ayant  appartenu  vers  1382  à  la 
maison  d'Armagnac,  puis  aux  Galard  et  aux  Vezins,  et  qui  est, 
depuis  1680  à  la  famille  de  Luppé.  Une  des  salles  du  manoii-, 
décorée  par  un  Luppé  du  Garrané,  chevalier  de  Malte,  repré- 
sente les  plans,  les  fortifications  et  les  costumes  de  l'ile,  au 
commencement  du  xviie  siècle. 

La  maison  de  Luppé,  une  des  plus  anciennes  de  France, 
r-emonte  à  Loup,  duc  de  Gascogne,  arrière-petit-fils  d'Eudes 
d'Aquitaine.  «  Le  nom  de    Luppé  vient  de  Lupus   (Loup), 

'  Documents  historiques  sur  la  maison  de  Galard,  par  J.  Noulens. 

2  Le  château  de  La  Cassaiguc  est  situé  entre    Lectourc  et  Sainte-Mère.  Les   Koquelaure 
avaient  jadis  une  partie  de  la  seigneurie. 


90  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

porté  presque  héréditairement  par  les  ducs  de  Gascogne  ;  un 
des  fils  de  Loup-Gentule  construisit,  près  d'Aire  en  Armagnac, 
un  château  appelé  Castellum  Lupi.  Ce  manoir  devint  le 
berceau  de  la  maison  de  Luppé  qui  le  posséda  jusqu'en  1578, 
époque  à  laquelle  il  l'ut  cédé  par  transaction  aux  sires  de 
Montlezun*.  y> 

Il  Les  illustrations  de  cette  grande  race,  encore  noblement 
existante,  consistaient  en  l'antiquité  de  son  origine  perdue 
dans  la  nuit  des  temps,  et  tiouvée  noble  et  magnifique  dès  ses 
premières  traces.  Elle  ligure,  en  956  et  1048  ,  dans  des 
donations  faites  à  S^^-Marie  d'Aucli  et  à  diverses  communautés 
religieuses.  Ses  alliances  avec  les  Caudale,  Grossolles,  de  Mun, 
Castillon,  Navailles,  Yézins-,  Montault,  Polastron^,  Noé, 
Ségur,  Montesquiou,  Caupenne,  Montlezun,  Galard,  Pardail- 
lan,  de  Bruet,  Laurière-Moncault,  Léaumont,  etc.,  complétè- 
rent une  position  à  laquelle  la  bravoure  militaire,  les  œuvres 
de  la  foi  et  détendue  des  domaines  ne  firent  point  défaut*.  » 

Navarre  de  Luppé  épousa  Pons  de  Pardaillan,  seigneur  de 
Gondrin,  et  testa  en  1070. 

Avant  1286,  Fortaner  et  Bernard  de  Luppé,  chevaliers, 
habitaient  Appeaux  dans  l'Agenais. 

Le  sire  de  Luppé  commandait,  en  1338,  la  capitainerie 
d'Aignan. 

Pendant  tout  le  moyen-àge,  le  nom  de  Luppé  se  trouve  à 
chaque  page  de  l'histoire  du  midi  de  la  France,  avec  ceux  des 
d'Albret,  Béarn,  Balzac,  Pardaillan,  Gaumont,  d'Antras,  de 
Lau,  Barbazan,  Montagut,  Faudoas,  Bourrouillan ,  Vicmont, 
d'Abzac,  Biran,  Duifort,  Gelas,  Castelhajac,  Gontaut,  La  Hire, 


*  Les  archives  du  château  de  La  Cassaigue-Sainl-Avit  sont  riches  et  intéressantes  ;  elles 
renferment  de  nombreuses  lettres  de  Monluc,  Gondy,  Richelieu  et  de  plusieurs  rois  el 
reine»  de  France. 

'  Jeanne  de  Vezin  de  La  Cassagne,  lille  de  Jean  de  Vezin,  seigneur  de  La  Cassagne,  et 
de  Charlotte  des  Essarts,  jxirta  dans  la  maison  de  Ln|i|ié  la  terre  de  La  Cassagne- 
Saint-Avil. 

'  Arnips  des  Polastron  :  d'argent  au  lion  de  sable,  lampassé  de  gueules. 

*  Marquis  du  l'rat. 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  91 

Prayssac,  Gomminges,  Lusignan,  (c  ces  fleurs  des  anciennes 
chroniques  méridionales  ». 

Trois  seigneurs  du  nom  de  Luppé  servaient  ensemble,  en 
1372,  sous  la  bannière  d'Armagnac. 

Gaillard  de  Luppé  reçut,  dans  l'année  1390,  comme  récom- 
pense de  sa  valeui',  la  tei're  de  Lassérade. 

En  1419  et  1462,  Garbon,  Jean,  et  Bernard  de  Luppé  firent 
acte  d'hommage  à  leur  suzerain.  Bertrand  de  Luppé,  seigneur 
de  Gensac,  au  diocèse  de  Montauban,  épousa  en  1430,  Pélle- 
grine  de  Goth,  fille  de  Bertrand  de  Goth,  seigneur  de  Rouillac, 
et  de  Jeanne  de  Lautrec.  Les  témoins  furent  :  Gaillard  de 
Goth,  seigneur  de  Manlêche,  et  Bertrand  de  Roquelaure, 
seigneur  de  S'- Aubin. 

Le  12  janvier  1453,  noble  Jean  de  Luppé,  époux  de  Margue- 
rite de  Galard ,  fille  d'Arsieu  IV,  baron  de  Terraube,  était 
seigneur  de  Maravat,  de  La  Lanne,  de  Gasteljaloux,  de  Mire- 
mont  et  de  Lauraët.  11  parut  le  11  juin  1475  dans  la  revue  qui 
fut  passée  à  Damviiliers  par  Gaston  du  Lyon,  sénéchal  de 
Toulouse.  Jean  de  Luppé  conhrma,  le  11  janvier  1488,  les 
coutumes  de  Maravat. 

Annette  de  Luppé,  fille  de  Jean  de  Luppé,  seigneur  de  Mara- 
vat, au  diocèse  de  Lectoure,  donna  sa  main,  le  6  février  1493, 
à  Pierre  de  Montesquiou,  seigneur  de  Marsan,  dont  elle  eut 
un  fils. 

Carbon  de  Luppé,  baron  d'Arblade,  épousa  (1517)  Mar- 
guerite de  Pardaillan;  elle  eut  en  dot  4,000  livres,  testa  en 
1568,  laissa  1,200  livres  à  Antoine  de  Pardaillan,  son  frère,  et 
institua  Carbon  de  Luppé,  son  fils,  poui-  son  héritier. 

Flore tte  de  Montesquiou,  fille  de  Jean  de  Montesquiou, 
baron  de  Marsan,  et  de  Bertrande  de  Devèze,  était  veuve  de 
Bernard  de  Castelbajac,  seigneur  de  Bernet  en  Astarac;  elle 
se  remaria  avec  Bertrand  de  Luppé,  seigneur  de  Crémieu,  et 
épousa  en  troisième  noces,  le  27  avril  1517,  Jean  de  Vernhède, 
seigneur  de  Corneillan. 

Quatre  meml)res  de  la  maison  de  Luppé  figurèrent,  en  1550, 
aux  revues  de  Condom  et  de  Samatan, 


92  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

Jean-Bertrand  de  Luppé,  dit  le  chevalier  du  Garrané,  cheva- 
lier de  St-Jean  de  Jérusalem,  était,  à  sa  mort,  Grand-Prieur  de 
Saint-Gilles.  Fils  de  Garbonnel  de  Luppé  et  de  Jeanne  de 
Vezins  La  Cassagne*,  il  a  laissé  de  curieux  mémoires,  com- 
prenant une  période  de  quatre-vingts  ans  environ,  de  1586  à 
1664,  époque  où  il  mourut,  le  10  juin,  à  Arles,  siège  de  son 
Grand-Piieuré  ;  il  y  fut  inhumé  dans  la  chapelle  de  S^-Jean. 
En  dédiant  ses  papiers  à  Tristan  de  Luppé,  prieur  du  Gar- 
rané, son  frère,  Jean-Bertrand  de  Luppé,  lui  adressait  les  paro- 
les suivantes  :  «  Quand  leur  veue  vous  lassera,  jettes  les  parmi 
les  viens  titres  de  notre  maison ,  affin  qu'on  y  trouve  à 
Vavenir  quelque  mémoyre  de  moy.  ))  Ce  vœu  touchant,  de 
conserver  une  place  dans  le  souvenir  de  ceux  qui  devaient 
porter  son  nom,  a  été  exaucé,  et  un  descendant  de  Jean 
Bertrand  de  Luppé,  Grand-Prieur  de  S^-Gilles,  a  mis  au  jour 
et  fait  connaitie  la  vie  et  les  exploits  de  son  illustre  ancêtre  -. 

En  1614,  Jean  de  Luppé,  maréchal  des  camps  et  armées  du 
Roi,  fut  député  vers  Sa  Majesté,  par  la  noblesse  d'Armagnac. 

Jeanne  de  Montesquiou,  tille  de  Jean  de  Montesquiou,  ii^  du 
nom,  et  de  Jeanne  de  Sen^e,  était  mariée,  vers  1623 ,  avec 
Charles  de  Luppé,  seigneur  du  Garrané. 

Le  6  mars  1629,  Antoine  de  Pardaillan,  seigneur  et  l)aron 
de  Durfort  et  de  Bonas,  épousa  Françoise  de  Luppé. 

Pierre  d'Ornano  (frère  d'Henry-Fi^ançois-Alphonse  d'Or- 
nano,  seigneur  de  Mazargues),  mestre-de-camp  du  régiment 
de  M3''  le  duc  d'Orléans,  prit  pour  femme,  en  1630,  Hilaire  de 
Luppé,  fille  d'Hector  de  Luppé,  baron  de  Taybosc,  seigneur  de 
S'-Martin,  Sanssac,  etc..  Leur  (ils  se  maria  avec  Catherine  de 
Bassahat,  fille  de  Scipion  de  Bassabat-Ponléac,  seigneur  de 
Caste t-Arrouy,  Gachepouy  et  autres  places. 


'  Armes  des  Veziiis-Liigagnac  :  Ecartel»'  aux  premier  et  quatrième  d'azur  au  lion 
d'argent,  aux  deuxième  et  troisième  de  gueules  à  trois  clefs  d'ar^reiit. 

Les  Vezins  portent  :  de  gueules  à  trois  bandes  d'or,  celle  du  milieu  chargée  de  trois 
corneilles  de  sable. 

'  Mémoires  et  caravanes  de  .I.-B.  de  Luppé  du  Garrané,  chevalier  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem,  (Irand-Prieur  de  Saint-Cilles,  publiés  pour  la  première  fois,  par  le  comte  de 
Luppé.  —  Paris,  chez  Aubry,  1865. 


TENUES   A  AUCH  EN  1787  93 

Pierre  de  La  Devèze,  seigneur  de  Charrin  et  de  Larrouy, 
épousa,  le  31  juillet  1622,  au  château  de  Gastillon,  en  Arma- 
gnac, damoiselle  Paule  de  Luppé,  fille  de  feu  noble  Pienaud  de 
Luppé,  seigneur  de  Gastillon  et  de  ^lagdeleine  de  Mélignan.  La 
future  ((  agit  de  l'avis  de  noble  Renaud  de  Luppé,  prieur  de 
Gastillon,  son  frère,  de  noble  Renaud  de  Luppé,  prieur  de 
Pont-Daurat  et  de  noble  Antoine  de  ^lélignan-Trignan,  ses 
oncles.  Elle  était  petite-fille  d'Oger  de  Luppé-Gastillon  et  de 
Jeanne  de  GrossoUes-Flamarens  ^  » 

Phinée  de  Luppé,  seigneur  de  Maravat  et  de  Lassus,  était, 
avant  1660,  capitaine  d'infanterie.  Il  servit  dans  les  g-uerres  de 
Flandre,  d'Allemagne,  de  Bourgogne,  du  Roussillon  et  de  la 
Gatalogne. 

Les  fiefs  possédés  par  les  Luppé,  en  Guyenne  et  en  Gasco- 
gne, étaient  riches  et  nombreux.  Outre  Luppé,  Taybosc, 
Tori'ebren,  Maravat,  Le  Garrané,  Lasseran,  Besmaux  et  La 
Gassaigne  qui  avaient  donné  leur  nom  à  diverses  branches  de 
cette  maison,  elle  avait  encore  eu  les  seigneuries  d'Arblade, 
Grémens,  Sion,  Lalenque,  Gensac,  Sarragachies,  Lasserade, 
Tilhac,  le  Paravis,  Pépieux,  Lioux,  Pellefigue,  Tieste,  Sarrade, 
Marcian,  Avezan,  Mérenx,  Aurenque,  Glarac  de  Lomagne,  et 
quantité  d'autres. 

Le  marquis  de  Luppé  fut  le  procureur  fondé  de  Messieurs 
de  Pantaléon  et  de  Béon,  à  l'Assemblée  générale  des  trois 
ordres  des  deux  sénéchaussées  d'Armagnac  et  de  l'Isle-Jourdain, 
tenue  à  Lectoure,  le  16  mars  1790. 

A  la  réunion  de  la  Noblesse  faite  le  16  mars  1789,  dans  la 
salle  du  Gouvernement  de  la  ville  de  Lectoure,  le  vicomte  de 
Luppé  avait  été  nommé  un  des  onze  commissaires  choisis  pour 
procéder  à  la  rédaction  du  cahier  des  doléances  de  la  Noblesse 
des  deux  sénéchaussées  d'Armagnac  et  de  L'Isle-Jourdain.  Le 
marquis  de  Luppé,  seigneur  de  La  Gassaigne,  Garané,  Saint- 
Avit,  etc.,  qui  fit  partie  de  l'Assemblée  des  trois  ordres  tenue  à 
Auch,  en  1787,  étoit  marié  avec  Françoise-Sidonie  de  Golbert- 

1  Généalogie  de  la  famille  de  la  Devèze  (Nobil.  de  Guienne). 


94  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

Saint-Mars*  (sœur  de  Mesdames  de  Noé  et  de  Mesplès);  il  eut 
entr'autres  enfants,  un  fils  qui  épousa  M^i^  de  Villeneuve, 
(dont  les  descendants  habitent  le  château  de  La  Gassaigne'^), 
et  trois  filles  :  la  baronne  d'Agos,  la  marquise  de  Léaumont- 
Gariès  et  la  comtesse  de  Montlezun. 

Charles  de  Luppé,  officier  au  régiment  de  Gambrésis,  fut 
massacré  à  Versailles,  le  8  septembre  1792  ;  Jean-Ghrysostôme, 
officier  au  régiment  Colonel-Général,  mourut  en  émigration  à 
la  Louisiane;  Louis-Paul-Ferdinand,  vicomte  de  Luppé,  fut 
lieutenant  des  gardes  du  corps  de  S.  A.  R.  MONSIEUR,  avec 
rang  de  maréchal-de-camp.  Outre  Jean-Ghrysostôme  de  Luppé, 
plusieurs  membres  de  cette  famille  furent  obligés,  en  1792,  de 
quitter  la  France  pour  sauver  leur  vie  ou  obéir  aux  ordres  des 
Princes.  L'un  d'eux,  Jean-Phinée-Suzanne,  baron  seigneur  de 
St«-Ghristie,  La  Hitte-Mérens,  Castillon,  chevalier  de  S^-Louis 
et  ancien  député  de  la  noblesse  de  Lomagne  aux  Etats-Géné- 
raux^, colonel  de  cavalerie,  fit  partie  de  l'armée  réunie  à 
Coblentz,  avec  Messieurs  des  PériersdeLagelouze,  deBédorède, 
de  Gaupenne,  de  Flamarens,  de  Galard,  d'Oro-Pontonx,  de 
Béon,  de  Captan,  du  Poy,  de  Monicane,  de  Pins,  de  Bélis- 
sein,  de  Miremont,  d'Antin,  de  S^-Pastou,  de  Batz-d'Aurice, 
de  Preissac*,  de  Maynard,  de  Lons,  de  Beaufort,   de  Barry, 


•  Armes  des  Colbert  :  d'or  à  la  couleuvre  ondoyante  en  pal  d'azur  ;  supports  :  deux 
licornes;  devise  :  Serval  el  abstinel. 

"■'  Le  comte  0.  de  Luppé,  propriétaire  actuel  de  La  Cassaigne-8'-Avit,  a  trois  enfants  : 
Madame  la  baronne  de  Larliguc-Goueytes,  Madame  de  Montai  et  le   comte   Contran  de 
Lu|)lié,  marié  avec  la  fille  du  marquis   d'Oillamsou.  On   blasonne   ainsi   les   Armes   des 
d'Oillamson  :   d'azur  à  l'aigle  d'argent,  éployée,  membrée  et  becquée  d'or,  posée  sur   un 
baril  aussi  d'or,  cerclé  d'argent.  (Etat  présent  de  la  Noblesse  française). 

■'  On  trouve  «  dans  l'état  des  biens  nationaux,  d'ancienne  et  nouvelle  origine,  vendus 
par  le  bureau  de  Fleurance,  le2()  juin  1792,  le  cbàleau,  deux  métairies  et  biens  indépen- 
dants, Oinnant  U;  domaine  de  Taybosc,  appartenant  à  Luppé,  émigré,  ainsi  que  les  terres 
df  lîrugnnis.  La  Mollie  r-l  Mérens,  coufisciuéos  au  même  Luppé,  cy-devant  seigneur.  Le  12 
juillet  I7'.)2,  on  vendit,  au  même  bureau,  les  deux  cbàteaux  de  Cadeillan  et  Hajonetle  avec 
six  métairies  et  trois  moulins,  confisipiés  à  d'Escliguac  (Henry),  cy-devant  duc,  émigré  » 
(Arch.  du  district). 

*  i<  Le  ohftteau  de  Tournccoupe,  avec  jardins,  enclos,  tt'rrasses,  parterres,  deux  moulins, 
un  bois,  sept  métairies,  une  forgr,  une  boucherie,  une  fouruière,  confisqut'-s  sur  Charles- 
Marif-r.;itliciin('-Am:iblc  l'rrissac,  ex-iinbjc  émigré,  liiii'iil  veiulns  eu   I7'.)l,  par  jugement 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  95 

d'Aurei,  de  Castelnau,  de  Juliacq,  de  Guyonnet,  de  Basquiat- 
Péhos,  de  La  Lande-St-Cricq,  d'Abadie  de  St-Germain,  d'Escli- 
gnac  et  autres  gentilshommes  gascons,  dont  il  partagea  la 
gloire  et  les  malheurs. 

«  A  la  suite  de  la  campagne  de  l'Argonne,  et  de  la  retraite 
de  Brunswick,  l'armée  des  émigi^és  fut  licenciée,  et  la  misère 
étendit  sa  main  sur  eux.  Avec  elle  apparut  le  lugubre  cortège 
des  maux  qu'elle  engendre.  Expulsés  de  la  plupart  des  villes 
qui  leur  avaient  accordé  l'hospitalité,  les  Emigrés,  après  avoir 
tenté  en  vain  de  rentrer  dans  leur  patrie,  durent  travailler  pour 
vivre,  ou  pàtir,  faute  de  travail.  Les  uns  devinrent  la  proie  des 
usuriers,  qui  escomptaient  les  chances  futures  d'un  retour  en 
France  de  leurs  victimes,  les  autres  souffrirent  le  froid  et  la 
faim.  On  en  vit,  las  de  se  plaindre,  se  rendre  le  service  de 
s'ôter  mutuellement  la  vie,  se  percer  le  cœur  ou  tomber  brisés 
au  milieu  de  quelque  grande  route  couverte  de  neige. 

«  A  Liège,  à  Aix,  à  Cologne,  leur  détresse  fut  si  lamentable 
que  les  habitants  de  ces  villes  craignirent  de  les  voir  se  livrer 
au  brigandage,  et  allèrent  jusqu'à  accuser  quelques-uns  de  ces 
malheureux  de  vouloir  piller  l'abbaye  de  Siegbourg.  Les 
Princes  et  les  grands  n'échappèrent  pas  à  ces  amers  destins  et 
le  prince  de  Condé  se  vit  abandonné  par  ses  domestiques  qui 
le  volèrent  complètement  poiu-  se  payer  de  ce  qui  leur  était  dû. 

du  tribunal  du  district  de  Lectoure  ».  (Arch.  du  district).  Son  père,  Charles-Louis  de 
Preissac  (fils  de  Jean-Eyineric,  M'^  d'Esclignac,  et  petit-fils  d'Henriette  de  Foix),  mourut  en 
émigration,  vers  1794.  11  avait  épousé  Marie-Margueritc-Concorde-Chol  de  Torpanue,  qui 
habita  longtemps  le  château  de  Cadillac,  près  Langoiran  (Gironde),  venu  à  son  mari  par 
un  legs  du  C'«  de  Moncassin,  descendant  aussi  des  Foix-Candale.  Chassée  de  ce  domaine 
par  la  Révolution,  elle  se  retira  à  Tournecoupe,  et  mourut  sur  la  charrette  qui  la  condui- 
sait à  la  maison  de  détention  d'Auch,  pour  y  être  jugée. 

En  1807,  l'Empereur  rendit  Cadillac,  dont  le  château  n'avait  pas  été  vendu,  à  Amable- 
Charles  de  Preissac,  rentré  en  France,  qui  céda  (1818)  cet  édifice  à  l'Etat,  pour  trente- 
cinq  mille  francs.  —  .\rmes  des  Preissac  :  Parti,  au  premier  d'argent  au  lion  de  gueules, 
armé,  iampassé,  et  couronné  d'azur,  coupé  d'azur  au  [lal  d'or,  au  deuxième  d'azur  à  trois 
fasces  d'argent. 

Les  Preissac,  ducs  d'Esclignac  ,  ajoutaient  un  quartier  de  gueules  au  lion  d'or,  à  la  bor- 
dure d'azur,  chargée  de  huit  fleurs  de  lys  d'or. 

*  Louis  d'Aure,  de  Moritestruc,  émigré,  eut  son  château  "  avec  cour,  granges,  jardins, 
parterres,  terrasses,  bois,  moulins  à  eau  et  a  vent,  prairies,  vignes  et  métairies  »  confis- 
qués d'autorité  par  le  tribunal  de  Toulouse  et  vendu  le  17  juin  1793.  (Arch.  du  district). 


96  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

La  misère  fut  si  atroce,  les  douleurs  furent  si  vives,  qu'un 
contemporain  put  enregistrer  ce  cri  de  désespoir  :  Si  quelque 
historien  fait  un  jour  le  récit  de  ce  que  nous  avons  alors  souf- 
fert, la  postérité  prendra  ce  récit  pour  un  roman  ^.  » 

A  son  retour  en  France,  après  dix  ans  d'exil  et  de  malheurs, 
le  baron  de  Luppé-Taybosc  trouva  ses  biens  confisqués,  son 
château  de  Vives  vendu,  et  il  se  retira  à  Fleurance,  où  il  finit 
ses  jours  en  1831,  à  8:2  ans,  entouré  du  respect  de  tous  ;  en 
lui  s'éteignit  la  branche  de  Luppé-Taybosc,  sortie  du  rameau 
de  Maravat,  fondé  lors  du  mariage  de  Carbon  de  Luppé,  sei- 
gneur de  Maravat,  avec  Anne  de  Pins,  le  6  avril  1544. 

Les  armes  des  Luppé  sont  :  d'azur  à  trois  bandes  d'or. 

Couronne  de  marquis. 

Devise  :  E  Lupis  Vasconiœ. 

Supports  :  deux  loups  2. 

Etienne  et  Bernard  de  Luppé,  seigneurs  de  Lamothe  et  de 
Pouillon,  habitant  la  ville  de  Dax  en  1607,  avaient  un  blason 
différent,  et  portaient  :  de  sable  à  trois  tètes  de  loup  d'argent, 
posées  2  etl.  (Armor.  de  Guyenne). 

La  branche  aînée  de  la  maison  de  Luppé  est  représentée  par 
Pierre,  marquis  de  Luppé,  marié  avec  mademoiselle  d'Angosse; 
ils  ont  eu  comme  enfants  : 

Etienne,  époux  de  M^e  de  Curnieu,  dont  un  fils,  Pierre  de 
Luppé. 

Louis,  marié  avec  la  fille  de  M.  le  duc  de  Rivière,  et  M'"*'  la 
marquise  de  Pomereu. 

Les  lignes  cadettes  se  sont  alliées  aux  familles  d'Agos,  Col- 
bert,  Montai,  du  Bréau,  de  Laitigue,  de Villeneuve-Crousillac, 
Menou3,  Dillon,  de  Montaut,  de  Ferrabouc,  etc. 


'  Histoire  lies  ronxpiralionx  royalistes  du  Midi,  soiix  la  Restauration,  par  Ernest  Dandet 
(Voir  à  l'appendice  :  <  Les  éniij^rés  à  l'étranj^er  pendanl  la  Révolnlioii  française.    • 

'  Hixtoiredes  l^airs  de  France,  par  Courcelles.  (Borel  d'Haulerive). 

•*  Armes  des  Menon  :  de  gueules  à  la  bande  d'or.  (Rietslap,  (ienouiilac,  elc.) 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  97 


LE  C0:\1TE  DE  NOÉ 

MARÉCHAL  DES  CAMPS  ET  ARMÉES  DU  ROI,  SEIGNEUR  DE  MIÉLAN, 
TRIE    ET   URDENS 

Le  comte  de  Noé^,  frère  (\e  Monseigneur  l'évèque  de  Lescar, 
qui  faisait  aussi  partie  de  l'Assemblée  des  trois  ordres  réunis  à 
Auch  en  1787,  comme  abbé  de  Simorre,  descendait  d'une 
branche  collatérale  des  seigneurs  de  L'Isle-de-Noé,  dont  le  nom 
fut  donné  par  eux  à  la  petite  ville  de  l'Isle-d'Arbéchan  (ou 
Arbeissan),  en  venant  s'y  établir  vers  1500,  lors  du  mariage 
de  Jean,  baron  de  Noé,  avec  Léonore  de  Mauléon  de  Francon, 
seioneuresse  dudit  lieu. 

Jean  II,  comte  d'Armagnac  et  de  Fezensac,  avait  confisqué 
cette  baronnie  sur  Gaillard  de  l'Isle  ;  Jean  IV  d'Armagnac  la 
rendit,  le  3  septembre  1443,  à  Manaud,  fils  de  Gaillard,  qui 
figurait  parmi  les  plus  puissants  seigneurs  du  pays. 

En  1303,  un  sire  de  Noé  avait  fourni  vingt  hommes  d'armes 
et  deux  cents  suivants,  pour  la  guerre  de  Philippe-le-Bel 
contre  les  Flamands  ;  Hugues  de  Noé,  capitaine  de  Roque- 
maure  et  grand-maître  de  l'écurie  de  Charles  VIT,  fut  chargé 
par  ce  roi  de  traiter  diverses  affaires  importantes  relatives  au 
Languedoc. 

Un  baron  de  Noé  est  mentionné  dans  le  traité  passé  le 
3  avril  1379,  entre  Gaston,  comte  de  Foix,  et  Jean,  comte 
d'Armagnac. 

Bertrand  de  Noé,  chambellan  du  Dauphin,  lut  pourvu  de  la 
capitainerie  du  château  de  Si^-Gabelle,  le  4  août  1418. 

Jean  de  Noé,  époux  de  Jeanne  de  Galard,  était,  en  1490, 
seigneur  de  Eonrepos  et  Bajéaumont,  près  Toulouse. 

Vers  1650,  Miramonde  de  Noé  contracta  alliance  avec  Jean, 
seigneur  de  Roquefort,  et,  en  1546,  Jeanne  de  Noé  se  maria 


*  La  gi'iKîalojçic  de  la  maison  de   Noé  a   t';t(;  rlonnéo  par   le   iiorc    Anselme,   rlaii» 
dictionnaire  "énéral. 


98  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

avec  Bertrand  de  S^-Pastou,  seigneur  de  Salerm.  Le  31  décem- 
bre 1579,  Pierre  de  Béon,  seigneur  d'Armentieu  contracta 
mariage  avec  Marguerite  de  Noé,  au  château  de  Caumont, 
près  l'Isle-d'Arbeissan,  sénéchaussée  de  Lectoure,  diocèse 
d'Auch. 

Au  mois  d'octobre  1598,  Pons  de  Noé  était  présent  à  la 
montre  de  la  compagnie  de  30  hommes  d'armes  faites  par 
Jean-Biaise  de  La  Roche-Fontenilles,  capitaine. 

Roger  de  Noé  fut  fait  chevalier  des  ordres  du  Roi,  le  21  juillet 
1569,  par  Monsieur  de  Monluc,  commandant  l'armée  de 
Guyenne. 

Urbain,  seigneur  de  Noé  et  de  l'Isle,  fils  de  Géraud,  capi- 
taine de  cavalerie ,  et  de  Catherine  de  Narbonne,  devint 
gouverneur  des  Quatre-Vallées  d'Aure,  de  Magnoac,  de  Nestes 
et  de  Barousse,  le  3  mars  1607  ;  cette  dignité  a  été,  depuis, 
comme  héi-éditaire  dans  la  famille  de  Noé. 

Urbain  mourut  en  1643  ,  mestre-de-camp  d'un  régiment 
d'infanterie,  et  capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes, 
laissant  de  sa  femme,  Marie  de  Mauléon,  plusieurs  enfants. 
Louis  de  Noé,  chevalier,  seigneur  et  baron  de  l'Isle-de-Noé  en 
Armagnac,  sénéchal  et  gouverneur  des  Quatre-Vallées,  avait 
épousé,  le  8  octobre  1625,  Gabrielle  de  Buade,  fille  d'Antoine^ 
de  Buade',  seigneur  de  Fi-ontenac,  baron  de  Palluau,  chevaliei 
des  ordres  du  Roi,  conseiller  d'Etat,  capitaine  du  château  de 
S*-Germain-en-Laye. 

Marc-Roger  de  Noé,  baron  de  l'Isle,  page  de  la  petite  écurie, 
mousquetaire  de  Sa  Majesté,  enseigne  au  régiment  des  Gardes- 
Françaises,  sénéchal,  gouverneur  des  Quatre-Vallées,  troisième 
baron  d'Ai'magnac,  chanoine  honoi-aire  de  l'église  d'Auch, 
brigadier  des  armées  du  Roi  et  colonel  chi  régiment  d'infanterie 
de  son  nom,  en  1719,  avait  pris  pour  femme,  le  2  mai  1714, 
Charlotte-Marguerite  Colbert  de  S^-Mars,  sœur  de  la  comtesse 
de  Luppé-La-Cassaigne,     lille    de    François     Colbert,     chef! 


'    Armes  des  Ruade  :  Fxarlelé  aux  l»'  et   1"«  d'tn-  et  (Kazur  ;    aux    2™»  et  3™»  d'azur  à' 
liDis  |>alles  de  grillon  (r^r.  (Hielstapp). 


i 


TENUES  A  AUCH  EN  4787  99 

d'escadron  des  armées  du  Roi,  grand-croix  de  S^-Louis,  et  de 
Charlotte,  Reine  de  Lée^. 

Jacques-Roger  de  Noé,  baron  de  l'Isle,  marié  dans  l'année 
1746,  avec  Jacquette  de  La  Jonquière,  fille  de  Jacques  de 
Taphanel  la  Jonquière^  baron  de  Magnas-en-Lomagne  ^,  chef 
d'escadre,  et  chevalier  de  S^-Louis,  fut  capitaine  dans  le  régi- 
ment de  Dauphin-cavalerie. 

Louis,  vicomte  de  Noé,  chambellan  de  AIo''  le  duc  d'Orléans, 
lieutenant  des  vaisseaux  du  Roi,  épousa,  le  2  octobre  1753, 
Magdeleine-Elisabeth  Flavie  de  Gohorn  de  la  Palun  ;  une  de 
leurs  filles  devint  marquise  de  Viella,  de  la  maison  de 
Labay3. 

Urbain  de  Noé,  docteur  en  théologie,  chanoine  de  l'église 
métropolitaine  d'Auch,  prieur  de  S'-Maurice  de  Sentis,  fut 
député,  au  mois  de  mars  1723,  à  l'Assemblée  générale  du 
clergé  de  France,  réunie  à  Paris. 

Le  marquis  de  Noé,  seigneur  de  Miélan  depuis  la  mort  du 
dernier  duc  d'Antin*,  en  1757,  était  président  de  la  commission 
nommée  à  Auch,  dans  l'année  1789,  par  l'Assemblée  de  la 
Noblesse. 

Enfm  la  maison  de  Noé  se  trouve  mentionnée  dans  la 
plupart  des  chroniques  civiles  ou  religieuses  de  la  Gascogne  et 
du  Languedoc,  depuis  1279  jusqu'au  xviii*^  siècle  ;  elle  y  avait 
formé  les  branches  des  seigneurs  de  l'Isle,  des  seigneurs  de 
Montesquieu  et  des  seigneurs  de  Samaran.  La  première  seule 
subsiste  aujourd'hui. 


^  Charlotte  Lée  appartenait  à  une  famille  écossaise  dans  laquelle  Walter  Scott  a  pris 
l'héroïne  de  son  roman  Woodstock. 

2  Voir  à  l'Appendice:  «  rabrégé  de  l'Histoire  de  Magnas,  »  et  «  le  mandement  de  la  taille 
dans  Castelnau-d'Arbieu  ». 

3  Armes  des  Labay  de  Viella  :  Ecartelé  :  au  l"d'or  à  deux  vaches  passantes  de  gueules, 
accolées,  accornées,  ungulées  et  clarinées  d'azur  ;  au  2^  d'or  au  lion  de  gueules;  au 
3«  d'azur  à  deux  balances  d'or  l'une  sur  l'autre  ;  au  ■!«  de  gueules,  chargé  d'une  tour  en 
Berry  et  castillée  d'or  ;  sur  le  tout  :  d'argent  à  deux  sangliers  de  sable,  qui  est  Labaï  de 
Viella.  Les  La  Palun  portaient  pour  blason  :  de  sable  semé  de  billettes  d'argent,  au  poisson 
de  même,  posé  en  pal,  brochant  sur  le  tout. 

Devise  :  Quemer  Quelen.  (Prendre  conseil). 

*  Armes  des  d'Antin  :  d'argent  à  trois  demi-lions  d'azur,  posés  deux  et  un  (Jaurgain). 


TlniversT^S^ 

8'bl;otheca 

^P^tavienai» 


iOO  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

Cette  famille  avait  eu  des  alliances  avec  les  Gout-Rouillac, 
d'Orbessan,  Pallès,  Voisin-Blagnac,  Benque,  Pouy-Marignac, 
Bréda,  Narbonne,  Polastroii,  Isalgiiier,  La  Palun,  Mauléon- 
Châteauneuf,  Luppé-Garané,  Ghàteau-Verdim,  etc. 

Le  comte  de  Noé,  seigneur  d'Urdens,  marié  avec  mademoi- 
selle d'Escodéca  de  Boisse  S  avait  les  mêmes  armes  que  son 
frère  l'évêque  de  Lescar  :  Losange  (ou  échiqueté),  d'or  et  de 
gueules,  l'écu  en  bannière. 

Supports  :  deux  léopards  lionnes. 

Quelques  seigneurs  de  Noé  ajoutaient  aux  armes  de  leur 
maison,  un  franc-quartier,  chargé  de  six  besans,  ou  tourteaux. 

La  seigneurie  de  Noé  et  la  baronnie  de  l'Isle  donnaient 
autrefois  droit  de  séance,  dans  le  chœur  de  l'église  cathédrale 
d'Auch,  après  les  dignitaires  et  avant  les  chanoines.  Outre  ces 
deux  grandes  terres,  les  Noé  avaient  possédé  en  Guyenne, 
Gascogne  et  Languedoc,  les  seigneuries  de  S^-Ferréol,  Montes- 
quieu, Samaran,  Montoussin,  Anau ,  Savère,  Ox,  Trie, 
Montbernard,  Audars,  Bonrepeaux,  Fauga,  Guitaut,  Muret, 
Magnas,  Fosseret,  Bruguières,  La  Mothe,  etc. 

Il  existait  en  Normandie  deux  familles  de  Noé,  n'ayant  rien 
de  commun  avec  les  Noé  d'Armagnac  ;  l'une,  résidant  près  de 
Conches  dans  la  seigneurie  de  Villiers,  portait  pour  armes  : 
d'azur  à  la  bande  d'or  côtoyée  de  trois  molettes  de  même,  deux 
en  chef, une  en  pointe;  l'autre,  habitant  l'élection  d'Avranches, 
blasonnait  ainsi  son  écusson  :  d'azur  au  chevron  d'argent, 
chargé  de  cinq  roses  de  gueule  et  accompagné  de  trois  coquilles 
d'or  posées  deux  et  une. 

A  la  réunion  de  la  Noblesse  du  Condomois,  le  7  avril  1789, 
le  baron  de  Sauvan  fut  le  procureur-fondé  de  Madame  la 
comtesse  de  Noé,  pour  sa  seigneurie  de  Miélan,  près  d'Auch. 

Louis-Pantaléon,  comte  de  Noé,  colonel  de  Royal-Comtois 
en  ilG'2,  lit  toutes  les  campagnes  de  la  guerre  de  sept  ans, 
devint  maréchal  de  camp  en  1780,  lieutenant-général  en  1814 
et  pair  de  France  (1815.) 

'  Arnips  (les  crEscodéca  :  de  ^noiiles  à  trois  cliiciis  courant,  ilitlamés  d'argent,  on  pal. 
illixl   (lu  <'li(ileaii  di'  Maiiresiii). 


I 


TENUES   A   AUCH   EN   4787  101 

Son  fils  servit  dans  l'Inde,  pendant  l'émigration,  fut  nommé 
chevalier  de  S^-Louis  (1814)  et  gentilhomme  de  la  chambre  du 
Roi  vers  1821.  Les  Noé  de  l'Isle  n'avaient  aucun  lien  de 
pai'enté^  avec  une  famille  La  Tour  de  Noé,  ancienne  et  noble 
maison  du  Languedoc,  dont  voici  les  armes  :  de  gueules  à  une 
touj'  d'argent  maçonnée  de  sable,  ouverte,  percée  de  deux  jours, 
crénelée  de  cinq  pièces,  au  chef  d'azur,  chargé  d'un  croissant 
d'argent  montant,  accosté  de  deux  étoiles  du  même,  rangées  de 
fasce. 

Devise  :  Si  fortune  me  tourmente  espérance  me  console. 

Couronne  de  comte '^. 


LE  MARQUIS  D'ANGOSSE 

Jean-Paul,  marquis  d'Angosse,  baron  de  Gorbères,  seigneur 
de  Castelpugon,  Portets,  Projan,  Estoi^né,  Batsoriguères-la- 
Vallée,  Ségun,  etc.,  maréchal  des  camps  et  armées  du  roi, 
commandant  le  régiment  de  Cambrésis,  grand-sénéchal  et 
gouverneur  du  pays  d'Armagnac  et  de  la  ville  d'Auch,  prési- 
dent des  trois  ordres  réunis  dans  cette  ville  en  1789,  élu  député 
de  la  noblesse,  était  frère  de  Jean-Auguste,  comte  d'Angosse, 
sénéchal  et  gouverneur  pour  le  roi  en  Bigorre,  et  parent  de 
M.  d'Angosse-Bazas,  qui  fit  partie  de  l'Assemblée  des  trois 
ordres  de  la  sénéchaussée  de  Bigorre,  séant  à  Tarbes  le 
Icr  avril  1789. 

Jean  d'Angosse  figure,  le  2G  novembre  1352,  dans  la 
compagnie  de  Thibaud  de  Barbazan,  capitaine,  résidant  à 
Gondom. 


'  Peut-être  les  deux  maisons  avaioiit-cllcs  une  commune  origine  remontant  à  Gauthier, 
scignour  de  Noé  en  Laiigucilnc,  diocèse  de  Ricux,  près  Muret,  qui  épousa  en  1100, 
Jeanne  de  Goth-Uouillac. 

2  Histoire  (les  hommes  illiislres  de  la  famille  île  La-Toiir-de-Noè,  par  l'abbé  La-Tour-de- 
Noé. 


102  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

On  trouve,  le  10  novembre  1515,  Roger  d'Angosse  à  la 
revue  passée  à  Pau,  où  il  était  homme  d'armes. 

Le  12  mars  1529,  Fiorand  d'Angosse  assistait  à  la  montre 
faite  à  Gondom,  par  Roger  d'Ossun. 

Arnaud  d'Angosse,  le  10  juillet  1552,  faisait  partie  des  gens 
d'armes  qui  se  réunirent  à  Condom,  sous  les  ordres  du  roi  de 
Navarre. 

Christophe  d'Angosse  épousa,  le  5  mars  1541,  Bertrande  de 
Cazaux,  sœur  de  Pierre  de  Gazaux  i,  seigneur  de  Laran-en- 
Magnoac. 

Noble  Armand  d'Angosse,  seigneur  de  Villeneuve-de- 
Bigorre,  était  lieutenant  en  la  sénéchaussée  de  la  Province  au 
siège  de  Tarbes,  et  il  eut  sa  maison  incendiée  par  les  troupes 
venues  en  Béarn  avec  le  comte  de  iMontgomery. 

Arnaud-Jean  d'Angosse,  seigneur  de  Boucarez,  Luc,  Sizo, 
Bourg  d'Espielh,  etc.,  épousa  Marie-Marguerite  de  Baudéan  2, 
fille  du  baron  de  Puylauzic  et  de  Glaire  de  Mus. 

Jean-François  d'Angosse ,  seigneur  de  Boucarez ,  fut  reçu 
page  du  roi  dans  sa  grande  écurie,  le  8  janvier  1683 ,  sur  les 
preuves  qu'il  fournit,  par  titres,  de  sa  noblesse  et  de  l'ancien- 
neté de  sa  race.  Il  portait  d'autres  armoiries  que  les 
diverses  branches  de  sa  famille  ;  elles  étaient  :  d'or,  à  trois 
corbeaux  de  sable,  becqués  et  pattes  de  gueules,  au  fer 
de  lance  d'argent  ^,  posé  au  milieu  de  l'écu,  la  pointe 
en  haut. 

Marie-Anne  d'Angosse  de  Boucarez,  fille  de  noble  François 
d'Angosse,  écuyer,  seigneur  de  Luc,  Bourg-d'Espielh,  etc.,  et 
de  dame  Marie  de  Gironde-Gastelsagrat,  épousa,  le  18  juin 
1733,  noble  Jean-Bernard  de  la  Barthe-Giscaro,  seigneur  de 
Cazeaux,  au  diocèse  d'Auch,  co-seigneur  d'Arné,  et  lieutenant 
au  régiment  de  Médoc. 

Les  d'Angosse  s'étaient  alliés  aux  d'Antin,  Luppé,  Durfort, 


•  Aiini's  (les  ('■azaiix-Laran  :    d'azur  à   (|uatre   |)()intcs   de   giroii  d'or,  à  la  devise  ondée 
d'arj;ciit,(liar^'ée  d'un  cygne  de  uièiiie  .(Aruior.  de  Montlezun). 

*  Armes  des  liaudéan  :  d'or,  au  pin  arraché  de  sinoplc. 

■*  'ie  qui  est  une  faute  de  blasnu  :  jamais  métal  ne  devant  se  trouver  sur  métal. 


TENUES   A   AUCH    EN   1787  103 

Sabiac,  S^-Julien,  Rivière-Labatut,  Loubie  et  à  plusieurs  autres 
bonnes  maisons  de  Guyenne  et  Béarn. 

Ils  avaient  pour  armes  l'écusson  suivant  :  d'azur  à  trois 
épées  d'argent,  garnies  d'or,  posées  en  pal,  les  pointes  en 
haut,  au  chef  d'or  chargé  d'un  cœur  de  gueule  (alias  de  sino- 
ple) ,  couronné  de  même ,  accosté  de  deux  merlettes  affron- 
tées de  sable,  couronnées  d'arg^ent^ 

Devise  :  Deo  Duce  Comité  Gladio. 

Le  marquis  d'Angosse,  en  sa  qualité  de  grand  sénéchal  et 
de  gouverneur  d'Armagnac,  eut  la  présidence  de  l'Assemblée 
des  trois  ordres  de  cette  sénéchaussée^,  le  16  mars  1789,  et  de 
l'Assemblée  des  trois  ordres  de  la  sénéchaussée  d'Auch,  qui 
eut  lieu  dans  cette  ville  le  20  du  même  mois  ;  il  eut  à  lutter, 
pour  cette  nomination,  avec  son  lieutenant-général  et  juge- 
mage  de  ladite  sénéchaussée,  M.  de  Seissan  de  Marignan^; 
mais  le  directeur  général  des  finances,  chargé  avec  le  ministre 
de  la  maison  du  roi,  de  tout  ce  qui  regardait  les  Etats-Géné- 
raux, se  prononça  pour  le  grand  sénéchal,  et  le  marquis 
d'Angosse  eut  l'honneur  de  la  présidence. 


LE  COMTE  DE  CARDAILLAC  DE  LOMNÉ 

CHEVALIER  DE  S^-LOUIS 

Le  comte  du  Faur  de  Gardaillac  et  de  Bioule,  seigneur  de 
Lomné,  Gastex  et  la  Brande,  baron  d'Esparros,  chevalier  de 
S'-Louis,  fit  partie  de  l'Assemblée  générale  des  trois  ordres, 
tenue  à  Auch  en  1789. 


*  Messire  Philibert  d'Angosse,  de  Taibcs,  avait  des  armes  im  peu  différentes  et  portait  : 
d'argent  à  une  fascc  de  gueules,  accompagnée  en  chef  do  deux  étourneaux  de  sable, 
affrontés  et  becquetant  un  cœur  de  gueules,  et  en  pointe,  de  trois  épées  rangées 
de  même.   (Paris,  Armoriai  général.) 

-  Armes  des  Seissan  de  Marignan  :  d'argent,  à  l'arbre  terrassé  de  sinople,  au  chef 
d'azur,  chargé  d'une  merlette  d'argent,  accostée  de  deux  cœurs  du  même. 


104  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

La  maison  de  Cardaillac  tire  son  nom  du  bourg  de  Gar- 
daillac^ ,  près  de  Figeac,  dans  le  Haut-Quercy,  une  des  plus 
anciennes  baronnies  du  pays,  composée  de  vingt-deux 
paroisses.  Elle  a  donné  des  évêques  à  Cahors  (1209  et  1404),  à 
S'-Papoul  (1307),  à  Piodez  et  Montauban,  un  archevêque  à 
Toulouse,  en  1370,  plusieurs  officiers  généraux  et  chevaliers 
de  St-Louis. 

Bertrand,  seigneur  de  Cardaillac,  épousa  en  1247,  Almodie 
de  Périgord,  fille  d'Hélye  VI  de  Taleyran,  comte  de  Périgord. 
Messire  de  Cardaillac,  chevalier,  seigneur  de  Cardaillac  et  de 
Bioule ,  coseigneur  de  S^-Cyr-Popia,  testa  le  20  juin  1336,  et 
reconnut  avoir  reçu  la  dot  de  sa  femme,  Ermengarde,  des 
mains  de  son  père,  Sicard,  seigneur  de  Lautrec-. 

La  baronnie  de  Cardaillac  consistait  en  un  ancien  château, 
entouré  de  hautes  murailles  crénelées  ,  et  protégeant  un 
village  de  ti'ois  cents  feux,  arrosé  par  le  Drozon. 

Les  seigneurs  de  Cardaillac  prenaient  rang  aux  Etats  de  la 
province,  après  les  barons  de  Castelnau,  Lussech,  Puycornet 
et  Gourdon.  Les  diverses  branches  de  la  maison  de  Cardaillac 
avaient  toutes  une  part  indivise  dans  la  baronnie  qui  avait 
donné  le  nom  à  leur  famille. 

Pierre  de  Gontaut,  ii^  du  nom,  baron  de  Biron,  seigneur 
de  Clareux,  Montferrand,  Merles,  Pieyre-en-Jourdain,  épousa 
Huguette  de  Cardaillac,  sœur  de  Marc  de  Cardaillac,  à  qui  il 
donna,  en  1365,  quittance  pour  la  dot  de  ladite  dame. 

Berti-and  de  Cardaillac  se  trouvait  à  la  montre  des  troupes 
de  Jean  d'Armagnac,  réunies  à  Toulouse  le  8  décembre  1308. 

Catherine  de  Penne,  veuve  de  Jean  de  Castelnau,  fille  de 
Rathier  ,  seigneur  de  Penne  ,  et  d'Hélène  de  Cardaillac, 
dame  de  Thémines,  Ceiras,  Espadaillac  et  Cardaillac  en 
partie,  donna  sa  main,  le  13  novembre  1398,  à  Rostaing,  sei- 
gneur de  Lauzières. 

Bertrand  du  Prez,  seigneur  de  Montpezat,  épousa  vers  1419, 

'  firiiralojçic  lie  Cardaillac,  ini|)riiiiL'e  en  1061. 

'  Armes  des  Lautrec  (aiiciciiiics):  de  gueules  au  lion  d'or  (nioilenK'.si  :  de  gueules,  à  la 
croix  vuidéc,  cléchée  et  pommelée  d'or. 


I 


TENUES  A  AUCH  EN  1787  105 

Jacqueline  de  Cardaillac,  fille  de  Hugues  de  Gardaillac,  baron 
de  Bioule,  et  de  Marguerite  de  Montbrun. 

Antoine  de  Gardaillac,  seigneur  de  Bioule,  prit  pour  femme 
Jeanne,  fille  d'Arnaud  Guérin  de  Joyeuse,  seigneur  de 
Ghàteauneuf-Piandon  et  du  Tournel,  le  20  octobre  1423.  Leur 
fille,  Hélips  de  Gardaillac  se  maria,  en  1468,  avec  Antoine  de 
Durfort. 

Jeanne  de  Gardaillac  de  Valade  ,  femme  de  Raymond 
Guilhem,  ii^  du  nom,  seigneur  de  Gaumont  et  de  Berbiguères, 
eut  un  fils,  François  Nompar  de  Gaumont,  qui  épousa,  en 
1434,  Jeanne  de  Durfort. 

Miracle  de  Gardaillac,  fille  de  Pons  de  Gardaillac,  baron  de 
Varaires,  et  de  Miracle  de  Sénaret,  fit  prendre  à  son  mari,  en 
1452,  Dordet  de  Lalizières^,  seigneur  de  Penne,  le  nom  de 
Thémines  de  Gardaillac. 

Guillaume  de  Gardaillac,  seigneur  de  Privazac,  Varaire  et 
Valadye,  épousa,  en  1458,  Marguerite  de  Narbonne,  fille  de 
Jean  de  Narbonne  '^,  baron  de  Talayraii,  Levezonne  et  Guers, 
conseiller  et  chambellan  du  roi,  et  de  dame  Sybille  de  Gar- 
main. 

Guy  de  Lévis  (4^  fils  d'Eustache  de  Lévis,  seigneur  de 
Gaylus^,  et  d'Alix  de  Gouzan-Lugny  *),  seigneur  de  Ville- 
neuve, Périgny,  La  Grémade,  etc.,  mort  en  1508,  s'était  marié, 
le  15  février  1475,  avec  Marguerite  de  Gardaillac,  dame  de 
Varayres  et  Privazac  (fille  de  Guillaume  de  Gardaillac,  et  de 
Marguerite  de  Narbonne).  Gatherine,  leur  héritière,  porta  de 
grands  biens  à  son  mari,   Pierre  de  Gardaillac,  seigneur  de 

'  Plutôt  Lauzièrcs. 

■^  Armes  des  Narbonne  :  de  gueules  plein.  La  branche  de  Naibonne-Melgueii  portail  en 
abyme  (alias  en  cœur),  un  écusson  d'argent,  au  chef  de  sable.  (Rielstapp.). 

3  Armes  des  Lévis-Cajlus  :  aux  premier  et  ((uatrième,  d'or  à  trois  chevrons  de  sable, 
aux  deuxième  et  troisième  d'azur,  à  doux  lions  alTrontés  d'or  supportant  ensemble  une 
tlainme  de  même.  Devise  :  Dieu  aijde  au  second  chrétien  Lévis. 

''  Armes  des  Couzan-Lugny  :  parti,  d'or  à  la  croix  ancrée  de  gueules,  et  d'azur  à  trois 
quintefeuilies  d'or,  posées  deux  et  une,  accompagnées  de  sept  billettes  du  même,  trois 
rangées  en  chef,  une  au  point  d'honneur,  et  trois  en  pal,  deux  et  un.  Devise  ;  //  «'1/  a 
d'oiseau  de  bon  nid  qui  n'ait  plume  de  Lugny.  —  Autre  devise  :  Le  content  est  riche. 
f  Rielstapp.). 


106  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

Bioule.  Le  29  octobre  de  la  même  année,  Odet  de  Lomagne  *, 
(second  fils  d'Odet,  seigneur  de  Fimarcon,  et  de  Marthe  de 
Comminges),  vicomte  de  Terrides  et  de  Gimoës ,  contracta 
alliance  avec  Catherine  de  Cardaillac,  fille  de  Guillaume  de 
Cardaillac,  seigneur  de  Bioule  et  de  Jeanne  de  Caussade^. 

Marie  de  Crussol,  fille  posthume  de  Charles  de  Crussol, 
vicomte  d'Uzès,  sire  de  Beaudisner,  Lévis  et  Florensac,  cham- 
bellan du  Roi,  grand-pannetier  de  France,  sénéchal  de  Beau- 
caire  et  de  Nismes,  lieutenant  du  roi  en  Languedoc  (1544)  et 
de  Jeanne  de  Genouilhac,  unique  héritière  de  Jacques  Gallyot 
de  Genouillac ,  seigneur  d'Acier ,  sénéchal  d'Armagnac  en 
Quercy,  grand-maitre  de  l'artillerie,  grand-écuyer  de  France, 
épousa  François  de  Cardaillac,  seigneur  de  Peyre,  fils  d'An- 
toine Hector  de  Cardaillac,  gentilhomme  ordinaire  de  la 
Chambre  du  Roi.  Marie  de  Crussol,  devenue  dame  de  Car- 
daillac, transigea  avec  le  duc  d'Uzès,  son  frère,  et  se  remaria 
plus  tard  avec  Guyon  de  Combret,  seigneur  de  Broquières. 

((  Philippe  de  Damas  ^,  seigneur  de  Brèves  et  de  Maulévrier, 
marié  avec  Renée  de  Cardaillac  (fille  de  Marc  de  Cardaillac, 
baron  de  Montbrun,  seigneur  de  Brengues ,  et  de  Jeanne  de 
Champagne-Bosocle),  le  24  décembre  1548,  fut  assassiné,  avec 
sa  femme,  au  château  de  Brèves,  pendant  les  troubles  de  la 
reliçfion  *.  » 

Catherine  de  Cardaillac,  veuve  de  Béraud  de  Lomagne, 
seigneur  de  Fieux  ,  Calignac  ,  Montagnac-sur-Auvignon , 
Pouy-sur-Osse,  frère  de  Géraud  de  Lomagne-Fimarcon ,  et 
fils  d'Odet  de  Lomagne  et  de  Catherine  de  Ventadour,  dont  le 
testament  est  daté  du  9  février  1421,  se  remaria  avec  Guil- 
laume de  La  Roche,  seigneur  de  Fontenilles  '">. 

Antoine  de  Cardaillac,  seigneur  de  Montbrun,  épousa  en 


'  Armes  de  Lomagne  :  d'ai-^int  an  lian  do  gueules. 

2  Armes  des  Caussade  :  d'or  à  quatre  cotices  de  gueules. 

''  Armes  des  Damas  ;  d'or  à  la  croix  ancrée  de  gueules.  Devise  :  El  forlis  el  fidelis. 

*  Père  Anselme,  dict.  généalog. 

*  Armes  des  Laroche-Fonlcnilies  ;  d'azur  à  trois  rocs  d'échiquier  d'or. 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  407 

1439,  Agathe  de  Luzech,  veuve  de  Pierre  de  Gontaut,  seigneur 
de  Biron,  Cas,  Mardagne,  baron  de  Gramat,  etc. 

Raymond  de  Cardaillac  figura,  le  27  juin  1498,  à  la  montre 
qui  eut  lieu  à  Castres,  avec  Bertrand  de  Laharthe,  Jean  de  la 
Mothe  et  Guyot  de  Mainvielle. 

François,  seigneur  de  Caumont  et  de  Castelmoron,  prit  pour 
femme,  le  20  janvier  1477,  Claude  de  Cardaillac,  fille  de 
Mathurin  de  Cardaillac,  seigneur  de  Brengues  et  de  Claude  de 
Pierrefort. 

Le  15  mars  1509,  Jehan  de  Cardaillac  est  mentionné  dans 
la  revue  passée  à  Tonnerre,  sous  la  conduite  de  Jacques  de 
Genoilhac,  sénéchal  d'Armaonac. 

Jeanne  de  Cardaillac,  mariée  avec  Béraud  de  Faudoas-Bar- 
bazan-d'Estaing,  iv^  du  nom,  baron  de  Faudoas,  Gramat, 
Loubressac  et  Montégut,  seigneur  de  S*-Paul,  Grignennnt, 
Grez,  Le  Cause,  Maudec,  Saussignac,  Hauterive  et  Marignac, 
eut  une  fille,  Catherine  de  Faudoas,  qui  épousa,  le  25  octobre 
1517,  Antoine  de  Rochechouart  (second  fils  de  François,  sei- 
gneur de  Chandenier  et  de  Blanche  d'Aumont),  sénéchal  de 
Toulouse  et  d'Albigeois,  gouverneur  de  Lomagne  et  de 
Rivière-Verdun,  chevalier  de  l'ordre  du  roi ,  son  chambellan, 
et  lieutenant-général  au  gouvernement  de  Languedoc. 

Antoine  de  Cardaillac,  seigneur  de  Bioule,  eut  pour  femme 
Claude  de  Caumont,  fille  de  Charles  de  Caumont  et  de  Jeanne 
de  Pérusse  d'Escarsi.  Il  mourut  au  siège  de  Perpignan  (1542), 
où  il  avait  suivi  le  dauphin,  fils  du  roi  François  I^r. 

Jean  d'Hostun  IV ,  seigneur  de  la  Baume  d'Hostun  2, 
S*-Nazaire,  Royan,  devint  l'époux  (1556)  de  Claudine  de 
Grammont,  veuve  de  Joseph  de  Cardaillac,  seigneur  de 
Corsac  et  de  Tornel  (ou  Torniel). 

Raymond  de  Cardaillac,  connu  sous  le  nom  de  M.  de  Sarla- 
bous,  chevalier  de  l'ordre  du  roi,  colonel  d'infanterie  et  gou- 
verneur d'Aigues-Mortes,  en  1568,  perdit  un  bras  au  siège  de 


'  Armes  des   Pérusse   d'Escars  :    de   gueules  au   pal    de   vair,   appointé  et  renversé. 
(d'Hozier). 
'  Armes  des  d'Hostun  :  de  gueules  à  la  croix  cngrelée  d'or. 


108  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

Rouen,  où  il  commandait  les  compagnies  du  duc  de  Guise.  Il 
fit,  sous  le  maréchal  de  Damville,  les  guerres  du  Languedoc, 
de  1563  à  1569.  Envoyé  dans  le  Bigorre  par  le  Parlement  de 
Toulouse  pour  défendre  ce  pays,  il  nomma  les  barons  d'Antin 
et  de  Bazillac,  ses  lieutenants,  atin  de  c(  régir,  protéger  et  gou- 
verner la  Bigorre  y>. 

Raymond  de  Sarlabous  et  son  frère  Corbeyran  prirent  une 
part  active  à  la  St-Barthélemy.  ce  Après  avoir  forcé  la  demeure 
de  Goligny,  ils  jettèrent  son  corps  par  la  fenêtre  quand  Berne 
l'eut  frappé  ;  Corbeyran  de  Cardaillac  était  chevalier  de  l'ordre 
du  roi,  gouverneur  de  Dumbar  en  Ecosse  et  du  Hàvre-de- 
Gràce,  chambellan  du  duc  d'Alençon,  enfin  conseiller  d'Etat. 
Il  fut  tué  au  siège  d'Oleron  (1586)  et  Raymond,  son  frère, 
mourut  à  Bagne  res,  en  1591  ^  » . 

Les  deux  frères  portaient  pour  armes  :  d'azur  au  chardon 
d'or,  tige  de  trois  pièces,  à  la  bordure  d'or  chargée  de  huit 
alérions  de  sable, 

La  baronnie  de  Bioule  avait  été  érigée  en  Comté  l'an  1610, 
en  faveur  d'Antoine-Louis  de  Cardaillac  de  Lévis,  marquis  de 
Cardaillac,  comte  de  Bioule,  lieutenant-général  en  Languedoc, 
chevalier  des  ordres  du  roi,  seigneur  de  Gays,  la  Bruguière, 
Montredon,  etc.,  qui  décéda  sans  postérité  ,  au  mois  de 
mars  1666. 

Son  petit-neveu  Tristan  du  Faur,  seigneur  baron  de  S^-Jorry, 
devint  alors  comte  de  Bioule  et  marquis  de  Cardaillac  -.  Il 
avait  pour  aïeul  le  célèbre  Pierre  Dufaur  de  S^-Jorry,  premier 
président  au  Parlement  de  Toulouse,  de  1597  à  1600,  un  des 
légistes  les  plus  estimés  de  son  époque  ^,  qui  mérita  de  Gujas, 
cet  éloge  :  (c  Nunquam  satis  laudatiis  ». 


•  Mémoires  d'Aiitras. 

'  Il  descendait  de  Claude  de  Cardaillac,  fille  d'Heclor  de  Cardaillac,  seigneur  de 
Bioule,  cl  de  Marguerite  de  Lévis,  mariée  avec  Jacques  du  Faur  de  Saint-Jorry,  le  26 
soplemhre  1599, 

■'H  a  écrit,  enlr'aiitres  ouvrages  :  n  De  Re(iulis  juris,  r.\in>nisticoii,  les  Semestres,  le 
Doileninirnon,  etc.  ».  Il  légua  sa  |trécifiise  liibliolliè(iue  à  la  ville  de  Toulouse,  qui,  par 
recoiniais.sanee,  a  placé,  dans  la  galerie  des  illustres  ,  le  buste  du  premier  président 
Pierre  du  Faur  de  Saint-Jorry. 


i 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  109 

Les  du  Faiir,  alliés  aux  Chateauneuf,  Vignes,  Padiès,  Ganiac, 
Fontaine,  du  Vergier.  Gameuille,  etc.,  étaient  seigneurs  de 
Gastanet,  Encuns,  Ribonet,  S^-Félix,  Quirbajon^  Nailhous, 
Marnac,  Ricaud,  Ghalabi'ette,  ^larsac,  le  Gajan,  Abolin, 
Mongay,  Maureville,  Soucale,  St-Julia,  Montagut,  etc..  On  les 
connaissait  dès  l'an  1302  à  Toulouse,  et  le  Capitoulat  était 
presque  héréditaire  dans  cette  maison, 

Jacques  du  Faur,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse,  abbé 
de  Faget,  archidiacre  de  Vie,  prévôt  de  S'-Sauvy,  et  chanoine 
régulier  d'Auch,  fut  abbé  de  Lacaze-Dieu  en  1533.  Il  devint 
prieur  commandataire  de  S^-Orens  d'Aucli  (1550)  et  mourut  vers 
1559.  L'année  précédente,  l'abbaye  de  Lacaze-Dieu  avait  été 
presque  entièrement  réduite  en  cendres  par  un  violent 
incendie.  Son  neveu,  Pierre  IV  du  Faur,  abbé  de  Faget, 
vicaire-général  de  l'archevêque  de  Toulouse,  fut  aussi,  en 
1568,  abbé  de  Lacaze-Dieu,  et  deux  ans  plus  tard,  les  Hugue- 
nots détruisirent  ce  monastère. 

Jean  V  du  Faur  était  (1583),  prieur  de  Pinel,  Marval  et 
Ville-Preux. 

Pierre  du  Faur,  fils  de  Gracian  du  Faur,  seigneur  de  S^-Jorry, 
docteur  en  droit  canon,  chanoine  de  Lectoure,  protonotaire 
apostolique,  président  aux  enquêtes  du  Parlement  de  Tou- 
louse, prieur  commandataire  de  S'-Orens  d'Auch  (1480),  fut 
nommé  évêque  de  Lectoure,  en  1505,  et  mourut  dans  le  cou- 
rant de  l'année  1508  K 

Jean-Pierre  du  Faur  de  Langesse  et  de  Pontéjac,  lils  de 
Pierre  du  Faur  de  S'e-Christie,  près  Nogaro  (cadets  des  du 
Faur  de  Pibrac),  et  de  Marguerite  de  Galard,  épousa,  en  1685, 
Perrette  de  Bastard,  fille  de  Jean  de  Bastard,  seigneur  du 
Bosq,  Bréchan,  Peilheur,  Sève,  Soubaignan,  Bordeneuve  et 
Gone,  premier  consul  de  la  ville  de  Fleurance,  procureur  du 
l'oi  au  comté  de  Gaure  2. 

La  généalogie  des  du  Faur  a  été  écrite  par  Blanchart,  dans 

^  Dom  Brugelles.  Chroniques  ecclésiastiques  du  diocèse  d'Auch. 
*  Nobiliaire  de  Guyenne,  généalogie  de  Bastard. 


110  CO>rPTE   RENDU   DES   SÉA]STES 

son  livre  des  présidents  à  Mortier  du  Parlement  de  Paris,  et 
par  un  anonyme  qui  Ta  publiée  chez  Boude,  à  Toulouse, 
en  1646  1. 

Jean  Bertrand  -,  capitoul  de  Toulouse  en  1498,  premier 
président  au  Parlement  de  Paris,  garde  des  sceaux,  archevê- 
que de  Sens  et  cardinal,  avait  eu,  avant  d'entrer  dans  les 
ordres ,  un  fils  de  Jeanne  de  Barras  -  ^lirebeau  ^,  Guillaume 
Bertrand,  seigneur  de  Villemor  et  de  Wideville  au  pays 
Mantois  *,  maître  des  requêtes  ,  qui  fut  tué  le  jour  de  la 
St-Barthélemy,  1572. 

Il  laissait  une  fille,  Marguerite,  mariée  avec  Gaston  de  Foix- 
Curson^,  marquis  deTrans,  et  un  neveu,  Pierre  III  de  Bertrand, 
Jacobin,  docteur  régent  en  théologie,  et  abbé  de  Saramon  en 
1559;  il  fit  autoriser  les  coutumes  données  aux  habitants  de 
Saramon,  par  un  arrêt  du  Parlement  de  Toulouse  de  1569, 
et  il  mourut  l'année  suivante,  à  Samatan,  où  il  fut  enseveli 
dans  l'église  des  Pères-Minimes,  hors  la  ville. 

Cette  famille  de  Bertrand  finit  par  une  nièce  du  cardinal, 
qui  porta  son  nom  et  sa  fortune  dans  la  maison  des  du  Faur 
S^-Jorry. 

En  1610,  Gabrielle  de  Cardaillac,  fille  de  Jean-Jacques  de 
Cardaillac,  seigneur  de  Lomné,  et  de  Marguerite  de  Sérillac- 
S'-Léonard^,  était  mariée  avec  Antoine  de  Montesquieu ', 
seigneur  de  S'-Pastour. 

Henri- Victor,  marquis  de  Cardaillac,  chef  de  la  branche  de 


*  Traité  de  la  noblesse  des  Capitouls  de  Toulouse. 

2  Armes  des  Bertrand  :  d'azur  au  cerf  d'or,  et  au  chef  d'argent.  (Chapelle  de  Wideville.) 

3  Armes  des  Barras  :  fascé  d'or  et  d'azur  de  six  pièces. 

*  Après  Guillaume  Bertrand,  la  seigneurie  de  Wideville,  située  sur  les  territoires  de 
Davrou  et  de  Crespiéres,  entre  Maule,  Saint-Germain  et  Rambouillet,  passa  aux  Picciuet- 
de-Sautour,  Milon ,  Ghevalier,  Longueil-Maisons ,  Bullion  de  Bonnellcs ,  d'Uzès,  La 
Vallière,  Chastillon,  La  Trémoille-Tareute ,  Bougé,  Lostanges  et  enfin  au  marquis  de 
Galard-Magnas  qui  a  réparé  le  château  dans  le  style  de  sa  construction  primitive,  en 
ItJiU,  par  Claude  de  Bullion,  surintendant  des  finances  sous  Louis  XUl.  (Histoire  de 
Wideville  1874.) 

•"'  Armes  des  Foix  :  dor  à  trois   pals  de  gueules. 
•^  Armes  desSérillac:  d'argent  au  lion  de  gueules. 

'  Armes  des  Montesquieu  :  d'or  à  deux  tourteaux  de  gueules,  l'un  sur  l'autre  ;  les  d'Ar- 
tagnan  ajoutaient  le  loup  de  la  ville  de  Sienne. 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  111 

Cardaillac-la-Capelle-Marival,  avait  obtenu  de  Louis  XIV  la 
permission  de  vêtir  le  lion  d'argent  de  ses  armoiries,  d'une 
cotte  d'armes  d'azur,  semée  de  fleurs  de  lys  d'or,  comme  le 
roi  Louis  XII  l'avait  déjà  permis  au  seigneur  de  Gardaillac- 
S^-Cirq, 

Les  armes  du  comte  de  Faur  de  Gardaillac  étaient  :  de 
gueules  au  lion  d'argent,  couronné,  lampassé  et  armé  d'or, 
couvert  d'une  cotte  d'armes  d'azur,  semée  de  fleurs  de  lys  d'or, 
à  l'orle  de  treize  besans  d'argent,  qui  est  de  Gardaillac  ;  les  du 
Faur  portaient  :  d'azur,  à  deux  fasces  d'or,  accompagnées  de 
six  besans  d'argent,  trois  en  chef,  trois  en  pointe,  rangés  en 
fasce. 

Devise  :  Toto  nascuntur  in  orbe. 

Les  principales  branches  de  la  maison  de  Gardaillac  étaient 
celles  des  comtes  de  Bioule  (ou  Bieule),  des  barons  de  S^-Girq, 
des  marquis  de  la  Capelle-Marival,  des  seigneurs  deThémines, 
de  Varayres  et  de  Brengues. 

Les  Gardaillac  avaient  contracté  des  alliances  avec  les  Rodez, 
du  Bourg,  Gomborn,  Périgord,  Turenne,  Lautrec,  Peire, 
Espagne-Montespan,  Lévis,  Gaumont,  Voisins,  Miolans-Mitte, 
Gourdon,  Ebrard-S^-Sulpice,  Montpezat,  Lomagne,  Montai, 
Crussol,  Gimel,  d'Aquino,  Lavedan,  Gontaut,  Aurillac,  Roque- 
feuil,  Pluvinel,  Gastelnau,  Galard,  Ghampagne,  Durfort, 
Narbonne,  d'Estaing,  Milau,  Monbrun,  Lusech^  Rabastens, 
d'Elbène,  Durban,  de  Pons,  Lignerac,  Gaulejac,  Damas, 
d'Arfeuille,  Nosières,  Barras,  Balaguier,  Murât,  etc.. 

Il  existait  dans  le  comté  de  Gomminges,  une  famille  de 
Gardaillac-d'Auzon,  sortie,  croit-on,  des  Gardaillac  du  Quercy, 
bien  posée  et  bien  apparentée  qui  avait  pour  armes  :  d'azur  à 
trois  chardons  d'or  mouvants  d'une  même  tige,  celui  du  milieu 
plus  haut  que  ceux  des  côtés,  parti  d'argent  à  trois  rocs  d'azur 
posés  2  et  1 . 

Jean  de  Gardaillac,  seigneur  d'Auzon,  parut  en  1574,  au 
siège  de  Tarbes  avec  le  sire  de  Grammont  et  le  valeureux 
Gornac,  gouverneur  de  Marciac  ;  il  prit  pour  femme,  le  26 
octobre  1592,  Gatherine  d'Artagnan. 


112  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

Jean  de  S^-Lary  de  Bellegarde,  seigneur  de  Frontignan,  avait 
épousé  Suzanne  de  Caussade,  veuve  de  Jacques  de  Gardaillac, 
appelé  le  capitaine  d'Auzon.  Elle  testa  le  'll2  novembre  1595 1. 

«  Le  25  septembre  1680,  dans  le  château  seigneurial  de  la 
commanderie  de  Nomdieu  en  Brulhois,  diocèse  de  Condom, 
messire  frère  Jean-Paul  de  Gardaillac-d'Auzon,  chevalier  de 
l'Ordre  de  S'-Jean  de  Jérusalem,  commandeur  de  la  comman- 
derie de  la  cavalerie  de  Nomdieu  et  autres,  ses  dépendances, 
fonda  une  dot  annuelle  pour  le  mariage  d'une  pauvre  fille,  ou 
pauvre  veufve,  au  choix  et  nomination  du  fondateur,  et  après 
lui,  des  patrons  par  lui  nommés,  natives  de  Nomdieu  ou  y 
résidant  au  moins  depuis  trois  années,  en  préférant  toujours 
les  filles  de  vertu  et  de  bonne  réputation  à  tout  autres,  même 
aux  veufves,  et  les  plus  pauvres  à  celles  qui  ne  le  seraient  pas, 
voulant,  le  fondateur,  que  s'il  existait  dans  le  Nomdieu  de 
jeunes  garçons  en  âge  d'être  mariés,  ils  fussent  toujours  consi- 
dérés pour  être  mariés  avec  les  dites  filles  ou  veufves,  en 
mérite  des  honneurs  égal,  et  préférés  aux  étrangers  ))2. 

Anne- Victoire,  fille  de  Marc-Antoine  de  Galard,  baron  du 
Goalaixl  et  d'Arignac,  capitaine  au  régiment  du  Languedoc,  et 
d'Anne-Gatlierine  du  Bouzet  de  Roquépine  (mariés  le  23  avril 
1647),  épousa,  le  25  janvier  1678,  Jean-Jacques  de  Gardaillac, 
baron  d'Auzon  et  de  Pontéjac.  Gette  branche  finit  en  1748,  et 
ses  biens  passèrent  dans  les  maisons  de  Galard-Terraube  et  de 
La  Ïour-Landorthe^. 

La  grande  cloche  de  l'église  S^-Etienne  de  Toulouse  était 
nommée  Gardaillac,  et  on  ne  la  sonnait  qu'à  la  mort  de  l'Ar- 
clievèque  et  des  premiei^  présidents. 

Arnaud,  comte  de  Gardaillac,  chevalier,  baron  d'Esparros, 
seigneur  de  Lomné,  Espièche,  Banère,  jMontaignac,  Gasties-le- 
Haut,  marié  avec  Louise-Françoise-Gabrielle  de  Mirande,  fit, 

'  lu  autre  S»-L:ny,  C.liaili-s  île  l'.elle^aiile,  seijçiieiir  de  Saiiiliailles,  épousa,  le  27  lévrier 
intlo,  (Mitheriiie  ilc  C.ardaillac,  lillt-  de  Paul  de  Caidaillac,  seiynciir  d'Auzon,  et  d'Anne  de 
Cardaillac-Lomné. 

*  Diclinnnaire  de  l'arrondissement  de  Nérac,  par  Samazeuilh. 

•'  Armes  des  La  Tour-Landorlhe  :  d'or  à  un  elu-f  d'azur,  parti  de  sable.  (Armoriai  de 
Toulouse-Monlauban,  fol.  1463,  vol.xiv). 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  113 

le  9  décembre  1749,  devant  les  capitouls  de  Toulouse,  le 
dénombrement  de  ses  biens  nobles.  Son  fils  Bernard,  seigneur 
de  la  Brande,  fut  convoqué  à  l'Assemblée  de  la  Noblesse  du 
Comminges,  tenue  à  Muret,  en  1789. 

Un  de  leurs  parents,  N.  de  Cardaillac,  seigneur  d'Aussendes, 
près  d'Alby,  y  parut  aussi. 

Monsieur  Dupin  de  S'-André  se  présenta  pour  le  comte  de 
Cardaillac  et  pour  lui-même,  à  la  réunion  de  la  Noblesse  du 
Condornois,  le  7  avril  1789.  Le  comte  de  Cardaillac  assistait, 
le  même  jour,  à  l'Assemblée  des  trois  Ordres  du  pays  de 
Rivière-Verdun,  comme  seigneur  d'Esparros. 

Une  famille  de  Cardaillac,  résidant  en  Quercy,  porte  des 
armoiries  tellement  différentes  du  blason  des  marquis  de  Car- 
daillac-Bioule  et  du  Faur  de  Cardaillac,  qu'on  hésite  à  la 
rattacher  à  l'une  ou  l'autre  de  ces  deux  branches.  Son  écusson 
était  ainsi  composé  :  d'or  à  l'épée  de  gueules,  garnie  d'argent, 
accostée  de  deux  grenades  de  guerre,  de  sable,  allumées  de 
gueules,  à  la  bande  d'azur,  brochant  sur  le  tout  et  chargée  de 
trois  étoiles  d'argent,  à  la  Champagne  de  gueules. 


DE  MAURENS 

Il  avait  existé  une  famille  de  Maurens,  d'ancienne  chevalerie, 
descendue,  croit-on,  d'une  branche  de  la  puissante  maison  de 
l'Isle,  et  qui  possédait  la  suzeraineté  des  seigneuries  de  Laurs, 
Mazères,  SMean,  Armadan ville  et  SMustin. 

En  1151,  Odon,  Espagne  et  Guillaume  de  Maurens  firent 
une  cession  de  terres  leur  appartenant,  en  faveur  de  l'abbé 
Arnaud  du  Casai  de  S'-Saturnin. 

Vital  de  Maurens  fut,  en  1180,  abbé  de  Bouillas. 

Espaing  de  Maurens  rendit,  vers  1182,  aux  moines  de  l'abbaye 


114  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

de  Gimoiit,  le  territoire  de  Volpillac,  qu'il  confessa  leui^  avoir 
injustement  enlevé  i. 

Guillaume  de  jNIaurens  accompagna,  en  1309,  le  fils  aîné  du 
roi  au  siège  de  I.yon.  Odet  de  ^laurens  et  son  iils  assistèrent, 
le  10  novembre  1328,  au  mariage  d'Odon  de  ^lontaut  avec 
Symone  de  Preyssac. 

Gaston  de  Maurens  épousa,  le  7  mai  1371,  Marquèse  du 
Solier,  sœur  de  Berti'and  du  Solier,  marié  avec  Aude  de  Roque- 
laure,  fille  de  Bertrand  de  Roquelaure  et  de  Jeanne  de  Bruilhois. 

Agnèse  de  Maurens,  femme  de  Noble  Sicard  d'Esparbès, 
donna,  le  23  juin  1387,  sa  fille,  Agnèse  d'Esparbès-,  à  noble 
Amanieu  de  Marsan,  clievalier. 

Jean  de  ^laurens,  seigneur  de  Viviers,  épousa  en  150'!,  Mar- 
guerite d'Ornézan,  (ille  de  Jean  d'Ornézan,  seigneur  d'Auradé, 
et  de  Florette  de  Faudoas. 

Chi'istopbe  de  Maurens  servit,  pendant  l'année  1571,  sous  les 
ordres  du  Prince  de  Navarre. 

Anne  de  Bourbon,  fille  de  Gédéon  de  Bourbons,  baron  de 
Basian  et  d'Audagence,  seigneur  de  La  Canau,  Parentis, 
St-Aulaye,  S^-Paul  (1608),  et  d'Anne  Louise  d'Alba,  se  maria 
avec  Paul  de  Polastron,  seigneur  de  Maui-ens. 

Sébastien  de  Séverac,  seigneur  de  Maurens,  Juge  etc.,  mari 
d'Isabelle  de  La  Tour,  lit  épouser  à  sa  fille  Catherine,  le  7  mai 
1618,  Bernard-Antoine  de  Montesquiou-S'e-Colombe,  baron  du 
Faget,  capitaine  du  ban  et  arrière-ban  d'Auriac  et  Lauraguais. 

Augustin  des  Innocents  de  iMaurens,  écuyer,  fut  en  1693, 
capitoul  de  Toulouse  et  il  avait  dénombré,  le  27  avril  1689,  ses 
fiefs  nobles  devant  les  capitouls  désignés  par  les  ordonnances. 

Pierre  des  innocents  de  Maurens  fut  conseiller  au  même 
Parlement,  de  1727  à  1781.  Ses  lettres  de  provision  avaient  été 
enregistrées  à  Montpellier  en  mars  1728. 

'  Essai  hislinique  sur  l'abbaije  de  Gimont,  par  rahbé  Diibord. 

'  Armes  des  d'Esiiarliès  :  trai';iMit  à  la  lasco  ilc  giu-ules,  si)inni(''e  de  3  ô])t'rviers  {\f  sable. 

'  Dfscciidant  des  l{(iiiibi)ii-15asi,iii,  issus  de  Oaston  de  Bourbon,  quatrième  fils  de  Charles, 
bâlard  de  Itourbon,  scij;ueur  de  Malanse,  marié  avec  Louise  du  Lyon,  vicomtesse  de 
Lavedan. 


TENUES   A   AUCH   EN    1787  115 

Jean  des  Innocents,  seigneur  de  Maurens,  près  l'Isle-Jour- 
lain,  conseiller  aux  requêtes  (1755),  conseiller  au  Parlement 
le  Toulouse,  président  à  Mortier  (1775),  après  avoir  fait  partie 
1787)  de  l'Assemblée  Provinciale  d'Auch,  fut  présent,  en 
.789,  à  la  réunion  de  la  Noblesse  tenue  à  Toulouse  ;  nommé 
léputé  aux  Etats  de  la  province  du  Languedoc^  il  y  comparut, 
ant  en  son  nom,  que  comme  procureur  fondé  du  comte  de 
^alard-Brassac.  Il  fut  élu  député  de  la  Noblesse  de  cette 
•lénéchaussée,  avec  les  marquis  de  Panât,  d'Avessens  et 
i'Escouloubre. 

A  l'Assemblée  des  trois  ordres  à  Lectoure,  le  16  mars  1700, 
\[onsieur  d'Albis  de  Belbèze  représenta  le  sieur  des  Innocents 
le  Maurens  et  le  marquis  de  La  Valette-Persin. 

Les  armes  de  la  famille  des  Innocents  de  Maurens  étaient  : 
l'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  en  pointe  d'un  aigle 
3SSorant  d'argent,  au  chef  de  même,  chargé  de  trois  molettes 
de  sable. 

Le  chevalier  des  Innocents  (du  Languedoc),  assista  à  la 
réunion  de  la  Noblesse,  convoquée  à  Toulouse  en  1789. 


LE  COMTE  DE  FEZENSAG 

Colonel  en  second  au  régiment  de  Lyonnais,  comte  de 
Marsan,  seigneur  de  Lasserre,  etc.,  le  comte  de  Fezensac 
appartenait  à  cette  grande  maison  de  Montesquieu,  dont  le 
nom  se  trouve  à  chaque  page  de  l'histoire  de  France,  et  qui 
tire  son  origine  d'un  cadet  des  comtes  de  Fezensac,  issus  des 
ducs  de  Gascogne,  rois  de  Navarre.  Il  serait  trop  long  de 
détailler  les  titres  de  ses  divers  membres,  qui  ont  été  relatés 
dans  une  généalogie  très  complète  et  fort  connue,  outre  les 
articles  qui  leur  ont  été  consacrés  dans  les  ouvi-ages  du  Père 
Anselme,  Moréri,  et  La  Chesnaye-des-Bois. 


116  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

Cette  famille  faisait  partie  des  quatre  grandes  maisons 
d'Armagnac  :  elle  a  donné  deux  cardinaux  à  l'Eglise,  trois 
maréchaux  de  France,  deux  chevaliers  du  S^-Esprit,  un  colonel- 
général  de  l'Infanterie,  un  gouverneur  de  Nimes  et  plusieurs 
prélats. 

En  l'250,  Guillaume  de  Montesquiou  figura  à  la  septième 
croisade. 

E.  de  Montesquiou  octroya,  le  il  mai  1279,  des  coutumes  à 
la  ville  de  Riguepeu. 

Le  16  mars  1373,  Genses  de  Montesquiou  fut  caution  de  la 
dot  de  Mathe  d'Armagnac,  fille  de  Jean  comte  d'Armagnac, 
mariée  avec  Jean,  duc  de  Gironne,  fils  aîné  de  Pierre 
d'Aragon. 

Ayssiu  de  Montesquiou  fut  chargé,  le  11  novembre  1380, 
par  le  comte  d'Armagnac,  malade  au  cliàteau  de  Gages,  de 
veillera  la  sûreté  du  comté,  et  d'aider  de  ses  conseils  son  fils 
aîné,  sur  qui  retombait  toute  l'administration  du  pays. 

Bartliélemi  de  Montesquiou,  clievalier,  marié  avec  Anne  de 
Galard-de-l'Isle,  était  seigneur  de  Marsan  en  Armagnac,  de 
Salles  en  Lauraguais,  et  il  rendit  hommage  pour  ces  deux 
terres,  à  Jean,  vicomte  d'Armagnac.  Il  avait  commandé,  en  | 
1426,  une  compagnie  de  neuf  écuyers.  Son  testament  porte  la 
date  du  7  juillet  1481. 

Manaud  de  Montesquiou  fut  père  (1500)  de  Paulon  de 
Montesquiou  qui  forma  le  lameau  des  seigneurs  d'Artagnan. 

Jean  de  Montesquiou  possédait,  en  1520,  les  seigneuries  de 
Gelas,  Lados,  Gumont,  Leyssaux,  et  fut  la  tige  des  trois 
branches  de  S'e-Colombe,  d'Auriac  et  de  Xaintrailles. 

Les  seigneurs  de  Pi'éliac  descendaient  de  Mathieu  de  Mon- 
tesquiou, cinquième  fils  deBarthélemi,  qui  vivait  en  1505. 

Le  célèbre  Biaise  de  Monluc  appartenait  à  la  branche  de 
Montesquiou-Mansencôme,  provenant  d'Odon  de  Montesquiou, 
seigneur  du  S^-Puy,  en  1318,  marié  avec  Aude  de  Lasseran, 
lille  de  Garsias-Arnaud,  seigneur  de  Mansencôme,  Monluc, 
l>ii,.(li-(|('-(;()iitaiil,  Gounens  (ou  Goulens),  etc.. 

Le  comte  de  Fe/ensac,  qui  lit  partie  de  la  réunion  provin- 


TENUES   A    AUCH  EN   1787  117 

ciale  d'Auch,  en  1787,  devint  lieutenant-général.  Son  fi-èi-e  fut 
l'abbé  duc  de  MontesquioU;,  pair  de  France,  membre  de 
l'Académie  Française,  et  ministre  de  l'Intérieur. 

Les  armes  des  Montesquieu  sont  :  d'or  aux  deux  tourteaux 
de  gueules  posés  l'un  sur  l'autre  ^ 

Les  Montesquiou-Monluc  écartelaient  aux  2me  et  3^  d'or,  à 
un  tourteau  de  gueule. 

Enfin  quelques  branches  de  la  maison  de  Montesquieu  ajou- 
taient les  armes  de  la  ville  de  Sienne,  qui  sont  :  d'azur  au  loup 
d'or. 

Assieu  de  Montesquieu  avait  acquis  pour  lui  et  sa  postérité, 
en  1226,  le  droit  de  siéger  dans  le  chœur  de  la  Cathédrale 
d'Auch,  en  qualité  de  fils  et  de  chanoine  de  cette  église. 

Les  Montesquiou  ont  contracté,  surtout  au  moyen-âge,  des 
alliances  riches  et  illustres. 

On  peut  citer  entr'autres,  celles  de  Lasseran-Mansencôme, 
Castelbajac,  d'Antin,  d'Aspremont-d'Orthe,  d'Estaing,  de  Foix- 
Carmain,  de  Villemur,  de  Montespan,  d'Escoubleau-Sourdis, 
de  Roquelaure,  de  Vervins,  de  Manas,  de  Montlezun-St-Lary, 
de  Pardaillan ,  de  Goalard-l'Isle-Bozon ,  de  Bazillac ,  de 
Beaulieu,  de  Batz,  de  Gassion,  etc.. 


LE  COMTE  DE  BÉON 

Le  comte  de  Béon,  seigneur  de  Lapalu,  sous-lieutenant  des 
gardes  du  corps  du  Roi,  était  absent  ce  poui-  cause  du  service 
de  Sa  Majesté  »,  lors  de  la  réunion  de  l'Assemblée  Provinciale 
d'Auch. 

Sa  famille  avait  une  origine  commune  avec  la  maison  de 
Béarn  et  descendait  de  Loup-Centulle,  duc  de  Gascogne.  Elle 

'  Les  Fezensac  ajoutaient  :  au  1"  parti  lic  i<iuMiles  plfiii  ;  les  d'Artaguan  le  suppri- 
maient. 


118  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

en  portait,  sans  brisure,  les  armes  pleines,  qui  sont  :  d'or  à 
deux  vaches  passantes  de  gueules,  accolées  ,  accornées , 
ungulées  et  clarinées  d'azur. 

Quelques  branches  écartelaient  :  de  gueules  à  quatre  otelles 
d'argent,  qui  est  de  Comminges^ 

La  tradition  prétend  que  le  nom  de  Béon  fut  donné  par 
Centulle  Y,  vicomte  de  Béarn,  à  Arnaud  Guilhem,  son  troi- 
sième iils,  en  lui  cédant,  comme  apanage,  le  château  de  Béon 
dans  la  vallée  d'Ossau,  au  diocèse  d'Oleron,  le  jour  de  Pâques 
de  l'année  1133 2. 

Un  seigneur  de  Béon  fut  tuteur  de  Gaston  Phébus,  comte 
de  Foix,  et  de  sa  sœur  Germaine  (mariée  plus  tard  à  Ferdi- 
nand le  Catholique),  en  qualité  d'oncle  de  ces  deux  enfants. 

Arnaud  de  Béon^  assisté  de  Philippe,  seigneur  de  la  Vallée- 
de-Béon,  de  Pierre  de  Béon,  seigneur  de  Serre,  épousa,  le 
6  janvier  1^69,  Jeanne  de  Lapalu,  fille  de  Georges,  seigneur 
de  Lapalu,  Armantieu,  Montcassin,  Belloc,  Noueilhan,  Seme- 
ziès-en-Astarac,  etc. 

Borguine  de  Béon,  fille  de  Pierre  de  Béon,  seigneur  de 
Masses  et  d'Aguin,  se  maria,  vers  1380,  avec  Centulle  de  Lan- 
goi'san,  seigneur  de  Plavès^. 

En  1480,  Marguerite  de  Foix,  fille  de  Jean  de  Foix-Rabat, 
et  de  Bergne  de  Rabastens,  était  femme  de  G.  de  Béon, 
seigneur  de  Miglos. 

Arnaud-Guilhem  de  Béon,  seigneur  de  Gère,  épousa,  le  18 
janvier  1422,  Constance  de  Montault,  fille  de  Jean  de  Montault, 
deuxième  du  nom,  seigneur  de  Bénac,  et  de  Marguerite  de 
Bazillac. 

Mii-amonde  de  Béon  (1475)  donna  sa  main  à  Amadou  de 
Montesquieu. 

Le  20  août  1487,  Bernard  de  Béon,  seigneur  de  Gore,  épousa 
Jeannette  d'Ornézan. 


'  On  blasoiiiic  aussi  les  armes  île  Coinininj;es  :  d'azur   à    la    croix    pattée    irargent   ou 
alésée  (le  sable. 

'  La  r.liesnaye-des-Bois. 
3  Mémoires  de  J.  d'Antras. 


TExNUES   A   AUCH    EN   1787  149 

Ou  cite,  dans  un  acte  du  t2  janvier  1491,  Dominique  de  Béon 
comme  provincial  de  i'ordi-e  des  Templiers  ;  il  fut  uonuTié 
administrateur  du  couvent  de  la  Ti-inité  de  Tei'i-aulte,  fondé 
par  Archieu  de  Gaiai'd,  écuyer,  seigneur  dudit  lieu. 

Jeanne  de  Béon,  lille  unique  et  héritière  de  X.  de  Béon, 
seigneur  de  Giscaro,  était  maiiée,  dés  1460,  avec  Bernard  de 
La  Barthe,  second  (ils  de  Jean  de  Lal)arthe,  seigneur  de  Mont- 
corneil,  et  d'Esclarmonde  de  Bivière-Labatut. 

La  branche  des  Béon,  vicomtes  de  .Sères,  s'est  éteinte  dans  la 
maison  de  Pardaillan-Gondrin-Savignac,  et  celle  des  seigneurs 
de  Massés,  prés  Masseube,  dans  la  famille  de  Tymbrune- 
Valence  ;  un  rameau,  formé  par  Bernard  de  Béon  de  Massés  et 
Marguerite  de  Castelbajac^,  a  fini  dans  la  personne  de  Charles 
de  Béon-Luxembourg,  colon ol  d'infanterie,  mort  sans  posté- 
rité mâle,  en  1725.  Il  n'existe  plus  que  des  descendants  des 
Béon-Biére  et  Béon-Gazeaux, 

A  cette  branche  appartient  Pieri'e-Hippolyte  de  Béon-Gazeaux 
marié  avec  Gonstance  de  V'illemur,  iille  d'Anne  de  Villemur, 
comte  de  Paillez  et  de  Marie  de  Gomminges-Péguilhem. 

Gonstance  de  Villemur  avait  [)ei'du,  en  1686,  son  premier 
époux,  Roger  de  Rochechouai't-Barbazan,  seigneur  de  Monclar- 
en-Lauraguais. 

•  Les  divers  membres  de  la  maison  de  Béon  s'étaient  distin- 
gués [)ar  leurs  belles  alliances  et  leurs  hauts  emplois 
militaires. 

Pieri'e  de  Béon,  seigneui'  de  Massés,  époux  de  Marguerite 
de  Faudoas-Sérillac-,  était  lils  de  Méric  de  Béon,  capitaine  de 
cinquante  hommes  d'armes,  chevalier  de  l'Ordix;  du  Roi,  sou- 
vent cité  par  Monluc  et  Brantôme.  Il  mourut  en  1569. 

Bernard  de  Béon,  seigneur  d'Esclassan,  ])aron  de  Bouteville, 
fut  ci'éé  mestre  de  camp  et  lieutenant-général,  dans  les  bandes 
de  Picardie,  le  le  octobre  1574.  Il  obtint,  en  Mars  1589,  la 
lieutenance-générale  des  gouvernements  de  Saintonge,  Angou- 

'  Armes  des  Caslelbaj.ic  :  (ra/.iir  à  la  cioix  d'aigoiil,  aliaisséc  ou  pointe  suiis  trois  lleur!> 
de  lys  d'or,  en  chef,  deux  et  une. 
'^Arnies  des  Faudoas  :  d'azur  à  la  croix  d'or. 


120  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

mois,  Aiinis  et  La  Rochelle.  S'étant  démis  du  gouvernement 
de  Carmagnoles,  il  fut  nommé  conseiller  d'Etat,  vers  1597  et 
chevalier  des  ordres  du  Roi,  sept  ans  plus  tard.  Il  avait  épousé 
en  premières  noces,  le  l^r  janvier  1572,  Gabrielle  de  Marrast, 
dame  d'Esclassan,  Saintrailles,  Montai gnan,  Aroux,  Marguils- 
en-Astarac,  veuve  de  Jean  de  S'-Lary-Bellegarde,  dit  le  capitaine 
Montestruc. 

I]  s'unit,  en  deuxième  mariage i,  avec  Louise  de  Luxembourg- 
Brienne,  lille  de  Jean  de  Luxembourg  comte  et  baron  de 
Brienne,   Roncy-S'-Martin,  et  de  Guillemette  de  Bouillon^, 

Le  20  août  1564,  Marie  Isalguier,  veuve  de  Sébastien  de 
Béon,  vicomte  de  Serre,  donna  sa  main  à  Jacques  de  Roche- 
chouart-Barbazan ,  seigneur  de  Montégut,  baron  de  Faudoas, 
chevalier  des  Ordres  du  Roi. 

Jacques  de  Béon,  vicomte  de  Serre,  fils  de  Bernard  de  Béon, 
seigneur  de  Ricau  et  de  Miramonde  de  Montant,  prit  pour 
femme,  le  24  juillet  1569,  sa  parente  Philiberte  de  Béon  du 
Massés,  sœur  de  Bernard  de  Béon,  seigneur  d'Esclassan.  Il  se 
remaria  avec  Catherine  de  Faudoas,  veuve  de  messire  Carbon 
de  Marrast,  capitaine  aux  gardes. 

Au  mois  d'avril  1675,  le  marquis  de  Béon-Cazeaux  avait  le 
titre  de  grand-prieur  de  Toulouse,  dans  l'ordre  de  S'-Jean  de 
Jérusalem. 

Pierre  de  Béon  fut  tué  au  siège  de  SMustin  ;  son  frère 
Jean,  marié  avec  Catherine  de  Lamezan,  n'eut  qu'une  tille, 
Brandelise,  qui  épousa,  le  5  juillet  1638,  noble  Biaise  de 
Nouaillan,  seigneur  de  Villeinui'-'. 

Biaise  de  Béon,  seigneui'  de  Lartigue,  consul  de  Valence  en 
Armagnac,  est  (jualilié,  dans  un  acte  de   1650,    de  noble  sei- 

•  Leur  lillf,  Louise  de  Béoii-Massez  (morte  le  2  s('|itenibic  16(m),  épousa  Auj^uste  de 
Loiiiénic,  comte  de  Brienne,  ministre  d'Etat,  et  leur  petite  lille,  Marie-Antoinette  de  Lo- 
ménie-Briennc,  iloniia  sa  main,  le  1  juin  1(542,  à  Joarhim-Rouault,  marquis  de  Ganiaches, 
chevalier  des  Ordres  du  Roi,  et  lieutenant-général  de  ses  armées  (l»ère  Anselme,  Diction- 
naire Généaloiiiqne] 

•  Armes  des  Luxembourg-Brienne  :  Eeartelé  aux  premier  et  quatrième  d'argent  au  lion 
de  gueules,  chargé  d'une  croix  sur  lépaulc,  aux  deuxième  et  troisième  de  gueules  à  une 
comète  à  seize  rais  d'argent. 

•  Armes  des  Noailhaii  :  de  gueules  à  la  croix  vuidée  et  trellée  d'argent. 


TENUES  A  AUCH  EN   1787  121 

gneiir  de  la  maison  des  Comtes  de  Lamezan,  de  Masses  et  de 
Luxembourg. 

Antonin  de  Gugnac,  marquis  de  Dampierre,  conseiller  d'Etat 
décédé  en  1666,  eut  de  Marguerite  de  Texier,  sa  femme,  Marie 
de  Gugnac  qui  épousa  le  comte  de  Béon. 

Jean-Louis-Joseph  de  Béon-Lapalu,  capitaine-aide-major  au 
régiment  du  Boulonnais,  mourut  à  Bayonne,  au  mois  de 
juillet  1755;  son  frère  commandait  le  fort  d'Hendaye. 

François-Frédéric  comte  de  Béon,  tils  de  François  de  Béon, 
et  de  Madeleine-Angélique  de  Neufville-de-Villeroyi,  mariés 
en  1754,  avait  épousé  Mademoiselle  de  Montauroux. 

Le  21  avril  1704,  Guillaume  de  Béon  possédait  la  seigneurie 
de  Bazian,  près  Valence  en  Gondomois. 

Un  Béon  de  Gazeauxfut,  en  1760,  commandeur  de  l'Ordre 
de  Malte. 

Marguerite  et  Marianne  de  Béon-Lapalu  étaient  religieuses 
au  couvent  de  Notre-Dame-Lum-Dieu  de  Fabas,  au  diocèse  de 
Gomminges,  le  21  novembre  1730. 

Anne-Marguerite  de  Béon-Lapalu,  mariée  avec  le  frère  cadet 
de  Jean-Louis-Ignace  de  Seissan,  auteur  des  seigneurs  de  Ma- 
rignan,  fut  la  souche  d'une  branche  éteinte  en  la  personne  de 
Jeanne-Marie- Josèphe  de  Seissan,  née  à  Mirande,  en  1767,  et 
morte  sans  alliance. 

François-Frédéric,  comte  de  Béon  de  Lapalu,  fut  obligé,  en 
1792,  de  quitter  la  France  ;  il  servit  en  Hollande  et  en  Angle- 
terre, où  il  fut  nommé  colonel  d'un  régiment  de  son  nom  ;  il 
mourut  en  émigration  le  1^''  juin  1802,  laissant  un  fils  unique 
François-Antoine-Henri  Béarn  de  Béon  ;  ce  dernier  décéda  le 
18  décembre  1820,  dans  le  château  de  La  Serpent,  près  de 
Couiza,  dans  l'Aude,  et  ses  biens  passèrent  au  marquis  de 
Monlezun,  au  comte  de  Mauléon  et  au  marquis  de  Boussost- 
Gampels. 

François  de  Béon  de  La   Guttère,    volontaire  dans    Loyal- 


'  Armes  des  Neufville-de-Villeroy  :  d'azur  au  chevron  d'or,  accompagné    de   Jrois   croix 
ancrées  de  même. 


122  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

Emigrant,  né  à  Montréal  du  Gers,  fut  massacré  à  Quiberon,  à 
l'âge  de  dix-sept  ans. 

Au  moment  de  la  Révolution,  sept  membres  de  la  famille 
de  Béon  faisaient  partie  de  la  maison  du  Roi. 

Monsieur  l'abbé  de  Béon  devint,  en  1787,  aumônier  ordinaire 
de  la  chapelle  de  Madame  Adélaïde,  et  la  comtesse  de  Béon, 
sa  belle-sœur,  était  dès  1782,  dame  pour  accompagner  auprès 
de  la  même  Princesse  ^ 

A  l'Assemblée  des  trois  ordres  tenue  à  Lectoure,  le  16  mars 
1790,  M.  de  Luppé  se  présenta  comme  procureur-fondé  de 
Monsieur  de  Béon,  seigneur  de  La  Palu. 

Les  Béon  se  qualifiaient  de  marquis  de  Béon,  vicomtes  de 
Sère,  barons  de  Miglos,  comtes  de  Lamezan  et  de  Brienne, 
marquis  de  Boutteville.  Ils  avaient  possédé  les  terres  et  sei- 
gneuries de  Béon,  Armantieu,  La  Palu,  Arrembos,  Ortigos, 
Pontac,  Mazerolles,  Maumus,  Lacassaigne,  Castetz,  Sérian, 
Belloc,  Moncassin,  La  Barthe,  Bière,  Birac,  Verduzan,  Antras, 
Le  Saux,  Le  Massez,  Bézian,  Lartigue,  Cazeaux,  Esclassan, 
Noailhan,  Sémézies,  Macabié,  Tirac,  Lomac,  Peyrussans, 
Malet-Respailhes,  Laumatet,  Casans,  Tronçons,  La  Bastide, 
Aunoux,  etc.. 

Cette  illustre  et  ancienne  maison  a  eu  des  représentants  aux 
croisades,  et  a  produit  un  grand  nombre  de  capitaines  et 
gouverneurs  de  places,  des  chevaliers  commandeurs  de  l'or- 
dre de  Malte  et  de  S'-Louis,  un  chevalier  de  S'-Micliel  et  du 
S'-Esprit ,  trois  maréchaux  de  camp,  un  lieutenant-général 
des  armées  du  Roi,  des  conseillers  d'Etat,  des  gouverneuis  de 
province,  un  évêque  d'Oléron  et  quantité  de  pei'sonnages  mar- 
quants dans  l'église  et  l'armée-. 

Parmi  les  familles  alliées  aux  Béon-Massés-La-Palu-Cazeaux- 
Luxembourg,  on  trouve  les  St-Lary-Bellegarde,  d'Oi-uézan,  de 
S^-Paul,  de  S^-Cricq,  de  Montlezun-Si-Lary,  de  Noé,  Glermont, 


'  Devenue  veuve  flu  comte  de  Béou,  elle  épousa  en  secondes  noces,  J.  M.  0.  Piosper, 
comte  d'Haulpoul,  à  son  retour  de  rénii^iation. 

'  Voir  la  généalojjie  de  Béon,  dans  le  Nobiliaire  de  la  Ginjeniie  et  de  la  Gascogne,  yar 
i.  de  Bourrousse  de  Laffore,  t.  m,  p.  265  (Edition  de  I8G0). 


TENUES   A   AUCH   EX   1787  123 

Gomminges,  Rochechouart,  Gastries,  Gramont,  Lautrec,  Beau- 
mont,  Lévis,Loménie,  Mauléon,  Gugnac-Dampierre,  Barbotan, 
d'Hautpoul,  d'Esparbès,  Villemur,  La  Barthe,  Verduzan-Miran, 
Villeneuve,  de  Ghasteigner,  Manssencôme,  Flageac,  Montault, 
Lartigue,  Montesquiou,  Ghaumareys,  Gliantal,  etc. 

La  maison  de  Béon  subsiste  encore  de  nos  jours,  et,  fidèles 
à  leurs  traditions  de  famille,  ses  membres  ont  figuré  avec 
honneur  sur  divers  champs  de  bataille,  où  plusieurs  ont  trouvé 
une  mort  glorieuse. 

Mathieu  de  Béon  fut  tué,  en  1856,  devant  Sébastopol  ; 
Fabien,  comte  de  Béon,  mourut  sous  les  drapeaux,  en  Algérie, 
(1860)  ;  Ferdinand  de  Béon,  capitaine  dans  l'armée  française, 
périt,  le  2  décembre  1870,  à  la  bataille  de  Yilliers-Ghampigny, 
pendant  le  siège  de  Paris. 

Madame  Marie-Louise  de  Béon,  dame  d'honneur  de  S.  A. 
R.,  Madame  la  duchesse  de  Berry,  décéda,  en  1855,  et  fut 
ensevelie  dans  le  tombeau  des  ducs  de  Parme,  à  Plaisance.  Son 
frère  était  filleul  de  Monseigneur  le  comte  de  Ghambord. 


M.  DE  GATELAN 

M.  de  Gatelan,  marquis  de  Gaumont,  était  fils  de  Messire  de 
Catelan,  conseiller  au  parlement  de  Toulouse. 

Cette  famille,  originaire  de  Florence^  et  venue  en  France  au 
xve  siècle,  habita  d'abord  le  Gomtat  et  portait  autrefois  le 
nom  de  Gatellani  ;  elle  s'établit  à  Toulouse  avant  le  milieu  du 
xvie  siècle. 


1  Michel-Ludovico  Gatellani  était  syndic  et  içonfalonier  de  justice  en  1405.  Le  premier 
qu'on  trouve  en  Fiance  est  Miclieile,  Il«  du  nom,  qui  se  lixa  à  Avignon,  où  il  l'ut  admis 
dans  le  corps  de  la  Noblesse. 


1  24  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

Les  deux  branches  principales  de  cette  maison  étaient  les 
Catelan-S^-Meu,du  diocèse  de  Béziers,  et  les  Catelan-Caumont, 
résidant  à  Toulouse. 

François  de  Gatelan ,  seigneur,  baron  de  Gaure,  capitoul 
en  1645  et  1654,  fut  président  au  Parlement  de  Toulouse  de 
1674  à  1710. 

Jean  de  Gatelan  devint  consul  de  cette  ville  en  1657  et  Fran- 
çois de  Gatelan,  capitoul  vers  1670. 

François  et  Amable  de  Gatelan,  père  et  lils,  furent  tréso- 
riers-généraux de  France  pour  la  province  du  Languedoc. 

Jean  de  Gatelan,  conseiller-clerc  au  parlement  de  Toulouse, 
composa,  en  1645,  le  recueil  des  a  Arrêts  remarquables  du 
Parlement  de  Toulouse.  »  Sa  famille  possédait  simultanément 
sept  membres  dans  le  Parlement. 

Jean-Louis  de  Gatelan,  conseiller  au  Parlement  de  Tou- 
louse, acquit,  vers  1717,  de  François  de  V'abres,  marquis  de 
Gastelnau  d'Estretefons,  la  seigneurie  de  Gaumont.  et  il  la 
transmit,  avant  1769,  à  son  fils,  Etienne-François  Xavier, 
comte  de  Gaumont,  avec  la  seigneurie  du  Pin  qu'il  avait 
achetée  en  1737,  à  Géraud,  Joseph  d'Aldéguier.  {Documents 
historiques  sur  le  Tarn-et-Garo7ine,  parMoulenq.) 

Jean  de  Gatelan  fut  sacré  évéque  et  comte  de  Valence, 
dans  le  Dauphiné,  en  1705,  et  il  y  mourut  vingt  ans 
plus  tard  *, 

Marie  de  Gatelan  avait  épousé  Messire  François  de  Ber- 
thier  -,  conseiller  du  roi  en  tous  ses  conseils,  premier  prési- 
dent du  Parlement  de  Toulouse,  seigneur  de  S'-Géniez,  et 
neveu  du  célèbre  David-Nicolas  de  Berthier,  premier  évêque 
de  Blois,  mort  en  1719. 

Leur  fille,  Catherine  de  Beilhier,  fut  femme  de  Louis  H, 
comte  de  Fumel,  baron  de  Paulhiac,  seigneur  de  Haut-Brion, 
Margaux,  Pessac,  etc.,  mousquetaire  gris. 


'  l,Vv<^quo  flo  Valence,  Jean  de  f.atelan,  a  fait  un  travail  estimé  sur  les  «  Antiquités  de 
l'église  de  Valence  »  (in-i»,  1724). 

'  Armes  des  Berthier  .  d'nran  taureau  effarouché  de  {gueules,  charjçé  de  cinq  étoiles  d'or 
posées  en  bande,  de  front  eu  lin.  Devise  :  Danl  sidéra  vires  (1689). 


TENUES   A   AUCH   EN   1787  125 

«  Au  mois  d'octobre  1747,  le  l'oi  nomma  Jean-Marie  de 
Catelan  (né  en  1696),  à  l'évêché  de  Rieux,  vacant  par  la  mort 
de  Monseigneur  Alexandre  de  Jouanne  de  Saunier  y  ^  » 
L'abbé  de  Catelan,  conseiller-clerc  du  Parlement  de  Toulouse, 
où  il  était  fort  estimé  par  ses  lumières  et  la  grande  régularité 
de  sa  conduite,  fut  sacré  le  J3  juin  1748,  et  trépassa  le  27 
mars  1771. 

Jacques  de  Catelan,  seigneur  de  La  Masquère,  président  aux 
enquêtes  du  Parlement  de  Toulouse,  donna,  le  13  septembre 
1715,  sa  fille  Anne  à  noble  Paul  de  Faure,  seigneur  de  Massa- 
brac,  baron  de  Marquefave. 

Avocat-général  au  Parlement  de  Toulouse,  Jean-Antoine, 
marquis  de  Gatelan-Caumont,  procureur  fondé,  en  1789,  de 
son  frère  et  de  Monsieur  de  Salles,  à  l'Assemblée  des  trois 
ordres,  réunie  à  Lectoure,  fut  sur  le  point  d'être  nommé 
député  de  la  noblesse,  chargé  de  la  représenter  aux  Etats- 
Généraux,  mais  le  marquis  d'Angosse,  de  noblesse  d'épée, 
l'emporta  et  fut  choisi. 

M.  de  Catelan  avait  été  enfermé  en  l'année  1787,  au  château 
de  Lourdes  pour  avoir  conclu,  comme  avocat-général,  contre 
l'enregistrement  des  ordonnances  de  M.  de  Brienne,  relatives 
à  la  cour  plénière.  Cet  emprisonnement  de  peu  de  durée,  le 
rendit  fort  populaire  et  très  influent  ^. 

Son  frère  cadet,  le  comte  Auguste,  dernier  marquis  de 
Catelan,  décéda  à  Rodez,  en  1840,  sans  postérité. 

Etienne  Amable  de  Catelan-Caumont,  reçu,  le  13  mai  1774, 
page  du  grand-maître  de  Malte,  devint  capitaine  de  dragons 
sous  l'empire  et  ne  fut  point  marié. 

Amable  de  Catelan  épousa lel5  aoùtlSll,  Antoine,  comte  de 
Grammont  d'Aster  ^,  pair  de  France.  Ils  eurent  pour  enfants  : 


*  Mémoires  du  duc  de  Luynes,  T.  8. 

*  Il  mourut  pair  de  France  le  13  avril  1838. 

3  Armes  des  Orammont  :  Ecartelc,  nu  premier  d'or  au  lion  d'azur  armé  et  limpassé  de 
gueules  (Grammont),  aux  deuxième  et  troisième  de  gueules  à  trois  flèches  d'or  empen- 
nées et  armées  d'argent,  mises  en  pal,  les  pointes  en  bas  (Aster),  au  (|natrième  d'argent 
au  lévrier  de  gueules,  colleté  d'azur,  à  l'orlc  de  sable,  semé  de  besans  d'or  (Aure).  Sur  le 
tout,  de  gueules  ù  quatre  otelies  d'argent  (Comniinges.)  Devise  :  Dios  nos  aijude. 


126  COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 

Agénor,  comte  de  Gramont-d'Aster,  Antoinette,  comtesse  de 
Salmour,  Thérèse,  marquise  d'Advisard,  et  Antoinette,  com- 
tesse de  Vergennes. 

Marie-Louise  de  Catelan-Caumont,  fille  de  Jean-Louis  de 
Catelan,  comte  de  Caumont,  seigneur  du  Pin,  S^-Aromex  et 
Gaichanès  (de  la  branche  du  Temple),  et  de  Marguerite  de 
Roussel-Saint-Amans,  se  maria,  au  château  du  Pin,  le  21 
septembre  1743,  avec  Jean  de  Bastard,  comte  d'Estang.  Ses 
frères,  Auguste  et  Roger  de  Catelan,  furent  assassinés,  en 
1795,  dans  leur  château  de  Tavel,  près  Nimes,  par  des  bri- 
gands restés  impunis. 

Marie-Marguerite  de  Catelan ,  dite  Mademoiselle  de  Portel, 
surnommée  ft  la  moderne  Corinne  ^) ,  remporta,  quatre  fois, 
le  prix  de  poésie  aux  jeux  tloraux;  elle  mourut  fort  âgée  au 
château  de  La  Masquère,  en  1745  i. 

Les  Catelan  2  portaient  pour  armes  :  d'argent  au  lévrier 
(Catellus)  rampant  de  sable,  accolé  et  annelé  d'or,  au  chef 
de  gueules  chargé  de  trois  molettes  d'éperon  d'argent  , 
à  six  rais  ^ 

Il  parut,  en  1788,  un  pamphlet  intitulé  :  «  Naissance,  vie  et 
mort  du  grand  baillage  de  Toulouse  >>  ;  on  y  lit  les  vers  sui- 
vants à  l'éloge  de  M.  de  Catelan  : 

Dieux  !  quel  voile  funèbre  a  couvert  la  cité 
Où  le  bonheur  attirait  sur  ses  traces 
L'essaim  brillant  des  Plaisirs  et  des  Grâces; 
Où  présidoit  la  déité, 


'  Nobiliaire  de  Guienne,  généalogie  de  Catelan. 

5  Les  Catelan  du  Bois,  en  Bretagne,  avaient  pour  armoiries  :  trois  sangliers  de  sable  sur 
fond  d'aigent. 

^  Dans  un  dénombrement  daté  de  Toulouse,  le  ii  avril  I7.i7.  Jean-Louis  de  Catelan, 
seigneur  de  Caumont,  apposa  le  scel  de  ses  armes,  ainsi  blasonnées  :  d'argent  au  lévrier 
colleté,  rampant,  au  chef  d'azur,  chargé  de  trois  étoiles,  timbré  d'un  heaume  de  face,  à 
lambrequins,  cime  d'une  tête  de  chien  ;  supports  •.  deux  lions.  (Sceaux  des  Basses-Pyré- 
nées, par  P.  Baymond.)  Jean-Marie  de  Catelan,  évoque  de  Bicux,  portait  les  mômes  armes, 
mais  timbrées  d'une  couronne  de  marquis,  accostée  d'une  mitre  et  d'une  crosse,  et  sur- 
montée d'un  chapeau  à  glands,  de  sinople.  (Lettres  de  Diaconat,  datées  de  Bieux,  le  23 
septembre  1753.  ) 


TENUES   A    AUCH   EN   1787  127 

Qui  dans  l'arl  obscur  rlf  Bartliole, 

Pour  rassurer  l'infortuné, 

Eclaira  Catellan,  Boularic  et  Purgole*. 

Les    Catelan  se   sont   alliés   avec   les  Mallard,    Ramondy, 
Campmas-S'-Rémy,  Cazamajor,  de  Blanc  de  La  Guizardie,  etc. 


'  (De  l'imprimerie  du  dernier  archevêque  de  Toulouse,  chez  l'ancien  concierge  du   châ- 
teau de  Balma.) 


REMARQUES 


SUR 


LE  NOM,  L'ETAT,  LA  FAMILLE  ET  LES  ALLIANCES 


DES  PERSONNES 


Comprises  dans  la   Capitation  noble 


EN  L'ELECTION  DE  LOMAGNE 


1787 


I 


Remarques  sur  le  nom ,    l'état ,    la  famille 

et  les  alliances  des  personnes 

comprises    dans  la  Capitation   noble 

en  l'Election  de  Lomagne 

1787. 


En  1789,  tous  les  nobles,  âgés  de  25  ans,  même  les  veuves  et  les 
femmes  non  mariées,  possédant  fiefs,  furent  assignés  pour  prendre 
part,  ou  se  faire  représenter  aux  élections  des  députés  de  leur  ordre, 
aux  Etats-Généraux.  On  donna  défaut  contre  ceux  qui  ne  comparurent 
ni  en  personne,  ni  par  un  fondé  de  pouvoirs.  Si  la  nomenclature 
exacte  des  assignés  avait  toujours  été  transcrite  dans  les  cahiers  de 
l'ordre,  la  collection  de  ces  cahiers  conservée  aux  archives,  offrirait 
le  catalogue  officiel  de  toute  la  noblesse  de  France  à  cette  époque. 
Mais  il  y  a  tellement  de  lacunes  et  d'erreurs  de  noms  qu'il  est 
aujourd'hui  impossible  de  donner  un  travail  complet  pour  la  plupart 
des  provinces  ^ 

Nous  ne  mentionnons  ici  que  quelques  notes  relatives  aux  familles 
comprises  dans  la  capitation  noble  en  l'Election  de  Lomagne,  pendant 
l'année  1787,  il  y  a  juste  cent  ans,  et  citées  dans  le  manuscrit  que 
nous  transcrivons,  sans  nous  occuper  de  celles  qui  figurèrent  plus 
tard  dans  les  Assemblées  de  Province,  réunies  pour  les  élections, 
aux  Etats-Généraux  de  1789.  Le  nombre  des  maisons  nobles  était,  à 

*  Borel  d'Hauterive. 


^32  NOBLESSE  DE  LOMAGNE 

celte  dernière  date,  de  40,000,  et  celui  des  personnes  nobles  s'élevait 
à  200  000  K  D'après  Taine,  ce  chiffre  ne  devait  pas  dépasser  140.000  ;  or 
la  Frlnce  ayant  alors  27,000  lieues  carrées  et  26  millions  d'habitants, 
on  peut  compter  une  famille  noble  par  lieue  carrée  et  par  mille 
habitants.  Le  clergé,  tant  régulier  que  séculier,  comprenait  environ 
cent  trente  mille  personnes. 


1  Conil.-  .le  Ueiset,  Journal  de  Madame  Ehffe. 


ROLLE  DES  NOBLES 


AUVILLARS 


LE  S.  REDON  DE  LAVAL 

La  famille  de  Redon,  encore  existante  en  Guyenne,  formait 
les  branches  de  Laval,  d'Auriole,  de  Las  Fosses,  de  Ron- 
repaux,  de  La  Pujade,  de  Gueymard,  de  Montplaisir  et  de 
Beaumont. 

Sereine  de  Redon,  fille  de  noble  Pierre  de  Redon,  seigneur 
de  Limport,  lieutenant  principal  de  la  sénéchaussée  d'Agenais, 
et  de  Jeanne  de  Ramps,  épousa,  le  15  juillet  1581,  noble 
Jean  de  Raymond,  conseiller  de  la  reine  Marguerite  de 
Valois. 

Jean  de  Redon  prononça,  le  l'i  décembre  1615,  au  lit  de 
justice  tenu  à  Rordeaux,  lors  du  mariage  de  Louis  XIII  avec 
Anne  d'Autriche,  le  discours  préparé  pour  cette  occasion  par 
M.  de  Nesmond,  premier  président  à  ce  parlement,  déjà 
malade  et  qui  mourut  le  4  janvier  1616  K 

Marie  de  Redon,  veuve  de  Noble  Pierre  de  Molère,  seigneur 
de  Gueyse,  vice-sénéchal  d'Agenais,  était  dame  de  Brazalem. 
Son  fils,  Florimond  de  Molère,  vendit  en  1670,  le  fief  de 
Gueyse  à  noble  Joseph  de  Coquet,  conseiller  du  Roi,  au  pré- 

*  Armes   des   Nesmond  :   d'or,  à  trois  cors  de  chasse  de  sable,  liés  de  gueules. 


IIM  NOBLESSE   DE   LOIMAGNE 

sidial  d'Ageii,  petit-lils  lui-môme  de  Jeanne  de  Redon  mariée, 
le  12  janvier  1606,  avec  Cliarles  de  Coquet,  écuyer. 

Dominique  de  Redon,  fille  de  noble  Charles  de  Redon,  sieur 
de  Montplaisir,  et  de  Claire  de  Lescout,  épousa,  le  20  août 
1074,  noble  Armand  de  Laforcade,  sieur  de  La  Prade  et  du 
Pin,  lieutenant-commandant  la  compagnie  de  S'^-Livrade  au 
régiment  d'Anjou. 

Dans  l'état  des  Vassaux  du  Roi,  en  la  vicomte  de  Bruilhois, 
le  28  octobre  1690,  on  mentionne  :  ce  Noble  Armand  de 
Redon,  seigneur  de  Las-Fosses,  pour  le  château  noble  de  Las- 
Fosses,  offices,  écuries,  pâtusK  )>  Cette  seigneurie  appartenait 
à  cette  famille  depuis  noble  Florimond  de  Redon  conseiller  du 
Roi,  lieutenant  principal  de  la  sénéchaussée  d'Agen,  en  1571, 
et  chef  du  conseil  de  la  reine  Marguerite  de  Valois. 

Noble  Sébastien  de  Redon  devint  seigneur  d'Auriole, 
le  13  février  1679,  par  son  mariage  avec  Esther  d'Anglade 
d'Auriole. 

Le  marquis  Charles  de  Redon  avait  été  colonel  du  régiment 
provincial  de  Metz,  sous  Louis  XV. 

François  de  Redon,  sieur  de  Monplaisir,  lieutenant,  puis 
capitaine  en  1704,  fut  maintenu  dans  sa  noblesse,  le  10 
décembre  1698.  Son  fils,  Jean-Joseph,  marié  avec  Jeanne  de 
Bap  de  Pélaubert  ,  devint  lieutenant  du  régiment  de  la 
marine. 

Anne  de  Redon,  fille  de  Jean  de  Redon,  seigneur  de  Man- 
sonville,  La  Chapelle,  etc.,  et  de  Jeanne  de  Goth  de  Daubèze, 
épousa,  le  19  août  1768,  François-Dominique  de  Bastard, 
grand-maître  des  Eaux-et-Forèts  de  Guyenne,  baron  de 
St-Denys-sur-Garonne ,  seigneur  du  Rose  et  des  Iles-Chré- 
tiennes -. 

Le  7  avril  1789,  M.  de  Redon  faisait  partie  de  la  noblesse 
réunie  à  Condom  ;    le  sieur  de    Redon    de    la    Pujade,    son 


'  A.  lie  BoiiiToiissc  tic  LiilToit'. 

*  Sa  sœur,  iM;iii;iicrilc  de  Hasl.inl-S'-Itciiys,  avait  vW  maiii'c,  le  '.)  adùl  I7I',I,  avcoJi'an- 
(".liarli's  (II-  Cialaiil,  iiianinis  dr  l'IsIr-Uoiizoïi,  S('i^;iiciii-  do  Fomcos,  l.atmir,  clr.,  lils  df 
Jeaii  de  Oalaid,  baron  «le  l'Islc-bouzoïi,  et  de  Catlieriiie  de  Cous. 


EN  l'année  1787  135 

parent,  représenta  à  cette  séance  le  président  d'Aguin,  pour 
la  seigneurie  de  la  Mothe,  et  M.  de  Beaufort,  pour  la  sei- 
gneurie de  Cumont.  Enfin  M.  de  Redon  de  Laval  était  porteur 
de  la  procuration  du  marquis  de  Bonfontan,  pour  le  fief 
d'Andoufielle,  et  de  M.  le  comte  de  Rochechouart,  pour  le 
marquisat  de  Faudoas. 

D'après  un  plan  conservé  aux  archives  de  l'évéché  d'Agen, 
il  existait  dans  l'ancienne  cathédrale  de  S^-Etienne,  au  xvp 
siècle,  le  tombeau  d'un  seigneur  de  Redon,  placé  à  l'entrée 
du  chœur,  et  qui  disparut  lors  de  la  démolition  de  cette  église, 
vers  1836. 

La  maison  de  R.edon  (Gascogne)  avait  fait  enregistrer,  avant 
1790,  ses  armes  qui  étaient  :  d'azur  à  deux  tours  d'argent, 
maçonnées  de  sable  et  mises  en  pal  ^ . 

Les  comtes  de  Redon  de  Beaupréau  portaient  :  Ecartelé  aux 
premier  et  quatrième,  échiqueté  d'or  et  d'azur,  au  deuxième 
d'argent  à  l'ancre  de  sable  ;  au  troisième  d'argent,  à  l'olivier  de 
sinople,  terrassé  du  même  -. 

Arnaud  de  Redon,  procureur  au  parlement  de  Toulouse  et 
capitoul  en  1659,  avait  les  mêmes  armoiries  que  son  des- 
cendant, François  de  Redon,  capitoul  en  1710,  dont  l'écusson 
représentait  un  oiseau,  les  ailes  éployées  d'argent,  becqué  et 
membre  de  gueules,  sur  fond  d'azur. 

Raymond  de  Redon  assista  à  l'Assemblée  générale  de  la 
noblesse  convoquée  à  Toulouse  en  1789. 

La  famille  de  Redon  s'était  alliée  avec  les  Bonneau,  Barbier 
de  La  Serre  (mai  1607)  ^,  Barciet  de  La  Busquette  (1770),  La 
Barthe,  Sabaros,  Lamourous-Pléneselve,  Laval-S'^-Antoine, 
Godailh-Fontirou,  etc.. 


'  Jean  de  Redon  de  Las  Cassagnies,  sur  un  dénombrement  daté  de  Caudecoste,  le  15 
avril  172'J,  avait  apposé  son  sceau,  ainsi  blasonné  :  d'azur  à  deux  tours  d'argent  ouvertes, 
crénelées  el  maçonnées,  mises  en  pal  ;  timbre  d'un  casque  à  lambrequins. 

■^  Rietstap. 

3  Armes  des  Barbier  de  la  Serre,  seigneurs  de  Goulens,  La  Serre,  etc.  :  d'azur  à  trois 
flammes  d'or,  posées  deux  et  une,  accompagnées  en  pointe  d'une  étoile  d'argent. 


136  ^^OBLESSE   DE   LOMAG^•E 


AUVILLARS 


LA  VEUVE  DU  S.  DE  GIRONDE 

La  maison  de  Gironde  i,  illustre  et  ancienne,  était  divisée 
en  deux  branches  principales,  dont  l'une  habitait  l'Auvergne, 
où  elle  était  connue  dès  l'an  1302,  et  l'autre  la  Guyenne  ;  elle 
y  a  possédé  jusqu'en  1318  la  terre  de  ce  nom,  entre  La  Réole 
et  Marmande. 

Dès  1486^  la  seigneurie  de  Mondera  en  Quercy  appartenait 
déjà  aux  Gironde,  et  elle  fut,  en  1616,  érigée  en  marquisat 
avec  la  vicomte  de  Lavaur,  en  faveur  de  François  Brandelis  de 
Gironde,  mestre  de  camp  d'un  régiment  d'infanterie,  seigneur 
de  Floiras,  Loupiac,  Cuzals,  Veilax,  Luzech,  Marminiac, 
etc.,  marié  avec  Louise  de  Gontaut-Biron,  et  tué  au  siège  de 
Montauban  2. 

Centud,  Arnaud,  Aquilin  et  Auger  de  Gironde  firent,  en 
1160,  un  don  à  l'abbaye  de  Gimont. 

Arnaud  de  Gironde  partit  pour  la  septième  croisade  (1250). 

Le  14  février  1254,  Guillaume  de  Gironde  fut  l'un  des 
témoins  et  des  signataires  de  la  concession  faite  dans  la  ville 
de  Bazas  par  le  roi  d'Angleterre,  à  Edouard,  son  fils. 

Bernai-d  de  Gironde,  chevalier,  fut  nommé,  en  1284,  com- 
mandant de  l'ordre  de  S^-Jean  de  Jérusalem. 

Jean  de  Gironde,  ai'chiprêtre  de  Belloy,  portait,  dès  1532,  le 
titre  de  protonotaire  apostolique. 


'  Voir  dans  le  Pi-rc  Anseirno,  la  ^,'i-iiéalo^ic  de  l;i  famille  de  Giioiulc. 
'  Armes  des  Goiitaut-Hiron  :  Kcartelé  en  bannière,  d'or  et  de  irueules. 


I 


EN  l'année  1787  137 

Isabeau  de  Gironde  épousa,  l'an  1310,  Bernard  d'Albret, 
vicomte  de  Tartas  ^  ;  celui-ci,  devenu  veuf,  se  remaria  en 
1318  avec  sa  belle-sœur  Giraude  de  Gironde. 

Noble  Renaud  de  Gironde  fut  témoin  de  l'accord  fait  par 
Arnaud  de  Marie,  sénéchal  d'Agenais,  de  la  part  des  rois  de 
France  et  d'Angleterre,  entre  Nompar  de  Gaumont,  seigneur 
du  dit  lieu,  et  Béraud  d'Albret,  au  sujet  de  la  prise  de 
S^-Pierre  de  Tonneins,  le  5  août  1398. 

Jean  de  Gironde,  seigneur  de  Floyras  et  de  Gazais,  marié 
avec  la  fille  de  Brandelis  de  Champagne  2,  sénéchal  du  Maine, 
devint  capitaine  de  la  ville  et  du  château  de  Domme  en 
Périgord,  et  l'un  des  cent  gentilshommes  de  la  garde 
du  Roi. 

Bernard  de  Gironde  était  enseigne  à  la  revue  des  troupes 
passée  à  Valence-d'Armagnac ,  le  l^i-  décembre  15(30. 

Brandelis  de  Gironde,  seigneur  de  Mondera  ,  Toujouse, 
S^-Etienne,  S*-Gaprès,  Léomagnac,  S'-Pez,  La  Garde,  Goca- 
léane,  Montguillem,  etc.,  gouverneur  de  Fronsac,  baron  de 
Loupiac  et  Lavaur,  fut  créé  chevalier  de  l'ordre  d'Henri  III,  le 
24  février  1578. 

Le  château  de  Vallettes,  près  de  Montault,  dans  la  juridic- 
tion de  Gastillonnès,  appartenait,  en  1580,  à  Messire  Pierre 
Alphéry,  d'une  très  ancienne  famille  de  l'Agenais.  Les  deux 
fils  qu'il  avait  eus  de  son  union  avec  Symone  de  Carbonié, 
étant  morts  en  bas  âge,  ce  fief  passa  à  la  maison  de  Gironde, 
par  suite  du  mariage  de  Pierre  de  Gironde  avec  Agnès,  sœur 
de  Pierre  Alphéry. 

Les  Huguenots  avaient  attaqué,  en  févriei-  1580,  ce  château 
de  Vallettes,  qu'ils  savaient  habité  par  deux  enfants  orphelins 
et  fort  jeunes  ;  les  envahisseurs  furent  repoussés,  mais  ce  fait 
«  caKsa  un  grand  courroux  à  la  noblesse  du  pays  qui  crioit 
fort  de  ce  que  Von  ne  voidoit  pas  courir  sus  à  telle  rasse  de 

•  Les  armes  des  d'Albret  anciens  étaient  :  de  gueules  plein  :  Albret  moderne  écarte- 
lait  aux  premier  et  quatrième  de  France. 

^  Les  armes  des  Champagne  sont  :  de  sable  fretté  d'argent,  au  chef  d'argent  et  au 
lion  naissant  de  gueules.  (La  Chesnaye-des-Bois.} 


iâS  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

gens  et  force  disôit  que  si  tels  actes  continuent,  qu'ils  monte- 
ront à  cheval  ».  '^ 

Antoine  de  Gironde,  seigneur  de  Bégoule  et  de  La  Bastide, 
était  gouverneur  de  Fronsac,  et  il  aida  énergiquement  ^lonluc 
dans  le  siège  de  La  Roche. 

Raymond  de  Gironde,  religieux  de  S'-Maurin,  ordre  de 
S*- Benoit,  voyant  que  son  père  était  hors  d'état,  par  ses  infir- 
mités et  sa  vieillesse,  de  rendre  au  roi  les  services  qu'il  lui 
devait,  lorsque  l'arrière-han  fut  convoqué  contre  les  Huguenots 
toujours  en  révolte,  quitta  son  habit  et  son  couvent,  alla 
servir  pendant  cette  guerre,  et  y  lit  preuve  d'un  grand  courage 
et  de  beaucoup  de  talent  militaire.  La  campagne  terminée,  il 
reprit  son  habit,  revint  dans  son  couvent,  et  demanda  pardon 
à  son  supérieur. 

Raymond  de  Gironde  fut  absous  de  cette  irrégularité  par 
l'official  d'Agen,  qui  en  avait  reçu  le  pouvoir  du  Pape  - . 

Jean  de  Gironde,  seigneur  de  Sigoniac,  petit-fils  de  Bran- 
delis  de  Gironde,  seigneur  de  Gastelsagrat,  était  marié  avec 
Gabrielle  de  Fénelon^;  il  fit  enregistrer,  à  Montauban,  le  18 
décembre  1697,  ses  armes  qui  étaient  :  Ecartelé  aux  premier 
et  quatrième  d'or  à  trois  hirondelles  de  sal)le,  becquées  et 
pattées  de  gueules,  posées  deux  et  une,  les  deux  premières 
affrontées,  la  dernière  au  vol  étendu,  qui  est  de  Gironde, 
aux  deuxième  et  troisième  de  r;ueule  à  une  croix  tréfilée, 
vuidée  ou  pommelée  d'or. 

Les  Gironde  d'Auvergne  avaient  quelque  ditiérence  dans 
leur  blason  et  portaient,  outre  les  armoiries  de  leurs  homo- 
nymes de  Guyenne,  trois  molettes  d'éperon  de  sable  sur  fond 
d'argent,  deux  en  chef  et  une  en  pointe,  avec  une  merlette  en 
cœur,  qui  est  de  Rochefort,  l)rochant  sur  le  tout.  Couronne  de 
comte. 

'  llial.  de  Castillunnès,  par  Bouyssy. 

*  Etrcnncs  de  la  noblesse. 

•'  Armes  des  Kénolnn  :  d'azur  an  liiui  d'or.  ac<onipa^;iii'  de  treize  liesans  de  nièinr, 
mis  en  orle. 

Les  Salijçnac-Kéii.dDM  portaient  :  d"<>r  à  trois  bandes  de  sinople ,  l'écu  mis  en 
bannière. 


ExN  l'amnée  1787  139 

Les  seigneuries  de  Teyssonnat,  Gindon,  Maupas,  Piles 
appartenaient,  en  1561  et  en  1674,  à  la  maison  de  Gironde, 
avec  les  terres  de  Lopiac^  Burgende^  S^-Naufari,  etc. 

Marc  de  Gironde,  maréchal  des  camps  et  armées  du  roi,  fut 
nommé  en  1680^  gouverneur  de  Gastillonnès. 

Jeanne  de  Médrano  de  Verlus  épousa,  le  12  février  1720, 
noble  Balthazar  de  Gironde,  baron  de  Moncorneil,  seigneur 
de  Libon,  Laumède,  Launeberg  et  autres  places. 

André  de  Gironde,  chevalier,  comte  de  Buron,  grand  échan- 
son  du  Boi,  lieutenant-général  au  gouvernement  de  l'Isle-de- 
France,  marié,  le  16  octobre  1721,  avec  Anne  Antoinette  Le 
Boistel  \  eut  sept  enfants,  dont  trois  furent  chevaliers  de 
l'Ordre  de  Malte. 

Jean-Octavien  de  Gironde,  marquis  de  Montclera,  baron  de 
Lavaur,  seigneur  du  Casteron,  était,  en  1742,  capitaine  au 
régiment  du  Boi-infanterie. 

Pierre  de  Gironde,  baron  de  Montcorneil,  épousa,  le  21 
novembre  1757,  Marie-Laurence  de  Sédillac  (ou  Sérillac)  ^  de 
S'-Léonard  ^. 

Benée  de  Gironde,  fille  de  Jean  de  Gironde,  seigneur  de 
Montamel,  Peyrilles,  etc.,  fut  mariée,  le  26  septembi'e  1707, 
avec  Jean  Balthazar  de  S'-Exupéry,  seigneur  de  Fleurac, 
Forge-Neuve,  Bouffignac-Belleselve ;  la  mère  de  Benée  de 
Gironde  était  Louise  de  Foucauld  de  Pontbriand,  issue  des 
vicomtes  de  Montréal  et  alliée  aux  Durfort  de  Gouyonnac- 
Montrodier  *. 


'  Les  armoiries  de  la  famille  Le  Boistel  étaient  :  d'azur  h  la  haiule  d'or,  chargée  de 
trois  merlcttes  de  sable. 

La  branche  des  Boistel,  seigneurs  de  Chastignonville,  Arnliriéres,  Lauhaye,  etc.,  accom- 
pagnait la  bande  de  deux  lions  passants  d'or. 

■^  Armes  :  d'argent  au  lion  de  gueules,  armé  et  lampassé  de  sable. 

3  Le  château  de  S'-Léonard,  vaste  construction  des  wn"  et  xviiP  siècles,  llanqnée  de 
quatre  pavillons,  avec  cour  intérieure,  est  située  sur  une  hauteur  boisée,  entre  Tourne- 
coupe  et  S'-Clar  de  Lomagne  ;  il  appartient  au  marquis  de  Bossost-Campels.  On  y  remar- 
que une  porte  de  style  Louis  XIII,  de  beaux  souterrains  et  de  grands  appartements. 

*  Preuves  de  cour  de  Chérin.  Généalogie  de  S'-Exupéry. 

Les  S«-Exupéry  [mrtaicnt  :  d'or  au  lion  de  gucul(!s.  (jucbiues  branches  écartelaient  aux 
deuxième  et  troisième  d'azur,  à  l'épéc  haute  d'argent,  garnie  d'or,  posée  en  pal,  qui  est 
de  Fraisse. 


140  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Le  20  octobre  1741,  le  sieur  de  Gironde,  seigneur  de  La 
Mothe,  obtint  du  duc  d'Aiguillon  la  justice  des  paroisses  de 
Ferrensac  ,  S'-Didier  et  Doudrac  ;  ce  don  causa  un  long 
procès  avec  les  consuls  de  ces  communautés,  qui  eurent  gain 
de  cause,  par  un  arrêt  du  conseil  du  Roi  en  1745. 

Noble  Jean  de  Gironde  se  maria,  le  16  août  1752,  avec 
Rose  de  S'^-Géry  de  Corné,  d'une  ancienne  famille  du  Lectou- 
rois.  La  jeune  femme  reçut,  à  cette  occasion,  du  marquis  de 
risle-Rozon,  parent  commun  des  deux  époux,  un  don  de  dix 
mille  livres,  qui  figura  au  contrat  ^ 

La  marquise  de  Fontbeaujard,  née  de  Gironde,  était  dame 
seigneuresse  de  la  Salvetat,  en  1788. 

Le  comte  de  Gironde,  seigneur  de  Foucaux,  parut,  le 
16  mars  1789,  à  l'Assemblée  des  trois  Ordres  tenue  à 
Condom. 

Quelques  membres  de  la  famille  de  Gironde  avaient  porté  le 
nom  de  Peyrigué,  qui  était  un  de  ses  fiefs. 

Arnaud  de  Gironde-Peyrigué  céda,  en  1181,  à  l'abbé 
de  Gimont,  les  dîmes  de  Rurnau.  Cette  donation  fut  ratifiée, 
huit  ans  plus  tard,  par  Rraida  et  son  mari  Pourdox,  beau- 
frère  d'Arnaud  de  Gironde. 

Un  rameau  de  la  maison  de  Gironde,  séparée  depuis  1100, 
passa  en  Italie  où  il  foiiiia  la  branche  des  Gironda,  barons  de 
S^-Vito  et  de  Caneto  ;  leur  armes  sont  :  d'azur,  au  lion  d'or, 
accompagné  de  trois  lleui's  de  lys  de  même,  au  chef  chargé  de 
l'aigle  impérial  couronné. 

La  famille  de  Gironde  a  conti'acté  des  alliances  avec  les  plus 
illustres  races  ilii  in'nli  de  la  France. 

Outre  les  d'Alljret,  Gonlaiit-Riron,  Féiielon,  Sédillac,  on 
peut  ci  tel'  les  Pons-Castilloii,  d'Assé-Monfaucon,  Castelnau, 
Relcastel,  Hodez-Rénavent,  Champagne,  Reauville,  Montes- 
(piioii,    Foix,    Diiiioit ,    Cosnac-Fargues,    Funiel,    L'Estrade, 


'  Jeaii-C-liarli's  do  (lalaid,  iiianiiiis  de  rislc-Bozoïi,  scijiÇiicur  do  Fourcès,  La  Tour,  etc., 
veuf,  sans  enfant,  de  Marie  de  liastard,  laissa,  en  1753,  ses  titres  et  ses  biens  à  son 
parent  Joseph  de  dalard,  seijçneiir  do  Pellehant.  Luzanet,  et  capitaine  de  cavalerie  an 
régiment  de  IJourlioii-Bussot. 


EN  l'année  1787  141 

Cugnac,  La  Mothe-Rouge,  Cours^  Beaumont,  Raymond-Gis- 
cardie;,  Gaumont  La-Force  i.  Gardaillac  de  Peyre,  Madaillan, 
Gaulejac,  Ségui%  Lur-Saluces^  Bancalis-d'Aragon,  etc. 

Laurence  de  Gironde  fut,  en  1794,  victime  de  la  Révolution, 
pour  avoir  caché  un  prêtre  qui  s'était  réfugié  chez  elle  ;  son 
frère,  chevalier  de  Malte,  page  du  duc  d'Orléans,  lieutenant 
d'infanterie,  mourut  en  émigration. 


'  Catherine  de  Caumont-la-Force,  fille  de  Bertrand  Nompar  de  Caumont,  marquis  de  La 
Force,  premier  gentilhomme  de  la  chambre  du  Roi,  et  de  dame  Adélaïde  de  Oalard- 
Brassac-Réarn,  gouvernante  des  enfants  de  Monseigneur  le  comte  d'Artois,  épousa,  par 
contrat  du  1"  aoûl  1779,  signé  par  le  roi  et  la  famille  royale,  Gilbert  de  Gironde,  comte 
de  Pilles,  capitaine  au  régiment  de  la  Reine-Infanterie,  colonel  on  second  dans  le  régi- 
mentde  Vieimois,  chevalier  de  S'-Louis. 


142  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


AUVILLARS 


LE  S.  TOUTOxX  DE  BAX 

Bax,  petite  commune  située  aux  environs  du  Nom-Dieu,  et 
de  Labastide-de-S^-Louis-la-Montjoie,  possédait  un  vieux  châ- 
teau avec  droit  de  haute  justice. 

Après  avoir  appartenu  à  Pierre  de  Gobes,  chevalier,  à 
Bernard  de  la  Beyrie,  en  1251,  à  Michel  de  Lisle,  seigneur  de 
S'-Aignan  en  1469,  Bax  passa  aux  du  Faur,  qui  rendirent 
hommage  pour  cette  seigneurie  au  vicomte  de  Bruilhois, 
le  20  septembre  1527.  Une  partie  était  déjà  à  Pierre  de  Tou- 
lon i,  qui  se  qualifiait  haut  justicier  et  co-seigneur  de  Bax.  Il 
fit  son  testament  dans  ce  château,  le  7  novembre  1551.  L'un  de 
ses  témoins  fut  Etienne  de  Captan,  seigneur  de  La  Gassorre^. 

Enfin,  le  8  février  1621,  Catherine  du  Faur,  dame  de  Bax, 
vendit  l'autre  moitié  de  la  seigneurie  à  noble  Jean  de  Toulon , 
sieur  du  Colonie. 

Anne  de  Touton  épousa,  le  8  février  1675,  Arnaud  de  Ber- 
nard, sieur  du  Tuquo,  consul  de  La  Plume  en  1667,  lieutenant 
du  bailli  de  Bruilhois. 

Catherine  de  Bazon,  lille  de  Charles  de  Bazon,  baron  de 
Baulens,  gentilhomme  de  la  chambre  de  Marguerite  de  Valois, 
et  de  dame  Anne  de  Malvin-La-Lanne,  se  maria,  en  1680, 
avec  «  noble  de  Touton,  seigneur  de  Bax  ». 


'  l'ioric  (ic  Toiitiiti,  titri'  ^cntillioinniu  romain  tians  li's  loltips-patenles  de  grande  natu- 
ralisation i|ui  lui  furent  données  en  1552,  pai'  Henri  11,  itait  marié  avec  Jeanne  de 
Montlezun-Pardiac. 

*  Voir  à  l'appendice,  l'arlicle  sur  les  Captan. 


EN  l'année  1787  143 

Dame  Jeanne  de  Touton  de  Tanique  était,  avant  1736,  veuve 
de  Jacques  Daubons  de  S^-Pon. 

M.  de  Touton  de  Bax  figurait  à  l'Assemblée  de  la  noblesse 
des  sénéchaussées  réunies  d'Armagnac  et  de  l'Isle-Jourdain, 
dans  la  salle  du  gouvernement  de  la  ville  de  Lectoure,  le  16 
mars  1789. 

La  terre  et  le  château  de  Bax  furent  transmis  par  M^'^  Luce 
de  Touton  de  Bax,  dernière  représentante  de  cette  famille,  à 
son  neveu,  Jacques-Théodore  du  Gos  de  St-Barthélemy  * 
(1848). 

Isaac  de  Landas,  fils  de  Jean  de  Landas  et  de  Françoise  de 
Codoing,  portait,  en  1626,  le  titre  de  seigneur  de  Touton.  Il 
avait  épousé  Toinette  de  Lespès  de  Loustelnau^. 

L'armoriai  de  Bietstap  donne  à  la  famille  de  Touton  les 
armoiries  suivantes  :  d'azur  au  cerf  passant  d'argent,  surmonté 
d'une  étoile  à  cinq  rais  d'or,  et  soutenu  de  deux  lances  de 
tournoi  du  second,  passées  en  sautoir,  en  pointe. 

},[.  de  Bastard,  dans  son  ouvrage  sur  la  noblesse  d'Ar- 
magnac en  1789,  met,  au  lieu  du  cerf  passant,  un  chef 
d'argent. 


'  Armes  des  du  Cos  de  S'-Barthélemy  :  d'azur  à  l'épée  d'argent,  mise  en  bande,  Ja 
pointe  en  haut,  accompagnée  de  trois  étoiles,  posées  deux  et  une  ;  les  du  Cos  de  La  Hitlo 
ajoutaient  un  cœur  d'argent  traversé  par  l'épée. 

^  Armes  des  Lespès  :  de  gueule  à  la  fasce  d'argent  accompagnée  de  trois  roses 
de  même. 


144  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


CASTET-ARROUY 


LE  S.  DE  St-JULIEN 

En  1787  les  St-Julien  étaient  fort  nombreux  dans  la  Gasco- 
gne, et  formaient  quantité  de  familles,  ayant  le  même  nom, 
mais  presque  toutes,  des  armes  différentes.  Les  unes  portaient  : 
d'azur  à  deux  lions  affrontés  d'or,  accompagnés  en  chef  d'une 
fleur  de  lys  de  même,  et  en  pointe,  d'une  colombe  d'argent, 
tenant  dans  son  bec  un  rameau  d'olivier  desinople*;  d'autres 
avaient  pour  blason  :  de  gueules,  à  deux  lions  affrontés  d'or. 
Enfin  l'écusson  des  S^-Julien,  cadets  de  la  maison  d'Antras, 
était  :  de  gueules,  au  chevron  d'or  accompagné  de  trois  roses 
d'argent. 

Vers  1550,  Jacques  de  S^- Julien  fut  nommé  évêque  d'Aire. 

Dordet  de  S^-Julien,  seigneur  de  La  Geneste,  marié  avec 
Marguerite  d'Aubusson,  mourut  en  1551 -. 

Cette  famille,  originaire  des  environs  de  Bourganeuf,  tirait 
son  nom  de  la  baronnie  de  SMulien,  dans  le  comté  de  la 
Marche,  où  elle  possédait,  ainsi  que  dans  le  Limousin,  de 
nombreux  fiefs,  parmi  lesquels  on  cite  Flayac,  Aultérac, 
Beauregard,  La  Rochette,  Puy-Merle,  Soubrevèze,  La  Courtine 
Peyrudette,  Bagillex,  Villevergne,  La  Rivière,  etc. 

Elle  était  alliée  aux  Lestranges-Magnac ,  La  Chassagne, 
S^-Marc,  Chabot-Jarnac,  Rochefort-d'Ailly  ,  Barbançois, 
Peyrusse,  La  Roche-Aymon,  Chaslus,  Bosredon,  Pierre-Buf- 
fière,  Bigny,  Blanzac,  Lostanges,  et  à  plusieurs  autres  grandes 
maisons  du  Périgord.  Lesai'mes  de  SMulien-la-Geneste  étaient: 


'  La  Chesnaye  des  Bois. 

'  Armos  dos  (rAubusson  :  d'or  à  la  croix  ancrt^c  de  pnenles. 


EN  l'année  4787  145 

de  sable,  semé  de  billettes  d'or,  à  un  lion  de  même,  armé  et 
lampassé  de  gueules,  rampant  sur  le  tout. 

Dès  1619,  Joseph  de  Batz^  écuyer,  était  seigneur  de  S^-Julien; 
sa  femme,  Marie-Pvachel  de  Yacquier,  parente  des  Bastard  et 
des  Cambon,  avait  pour  frère  noble  Charles  de  Vacquier-,  sei- 
gneur de  Timon. 

^lessire  Cliarles  de  Batz,  chevalier,  seic^neur  baron  de 
Trenquelléon,  marié  en  1738,  avec  Catherine  de  Lustrac  de 
J.osse\  et  en  1750,  avec  la  fille  du  comte  de  Malide,  portait 
le  titre  de  seigneur  de  Guay  et  de  S^-Julien. 

Jean-Jacques  de  SMulien  possédait,  le  16  août  1756,  la 
seigneurie  de  Cahuzac  en  Armagnac. 

Un  St-Julien  avait  épousé,  avant  1786,  Mademoiselle  d'An- 
eosse. 

Le  comte  de  SMulien  de  Cahuzac  fut,  en  1789,  commissaire 
de  la  Noblesse  à  Auch.  Les  S'-Julien  de  Perron  et  les  S^^-Julien 
de  Vacquier,  leurs  parents,  étaient  présents  ou  représentés 
aux  Assemblées  des  trois  ordres  tenues  à  Lectoure  et  à  Auch, 
en  1789,  pour  l'élection  des  députés  aux  Etats-Généraux. 

Le  16  mars  1790,  Monsieur  de  S'-Julien  fut  nommé 
procureur-fondé  de  Madame  de  Fumel,  à  la  réunion  des  pos- 
sesseurs de  fiefs  nobles,  dans  la  sénéchaussée  de  Lectoure. 

Sept  gentilshommes  du  nom  de  S'-Julien  ont  voté,  en  1789, 
avec  la  noblesse  d'Armagnac  ;  les  plus  connus  sont  les  S^- 
Julien-Cahusac,  St-Julien-d'Arsac-Momuy,  SMulien  de  Gelote 


'  Los  de  Batz  d'Auricp  avaient  pour  armes  -.  d'a/iir  au  (hevron  d'or,  acronipaiçiié  de 
trois  mouchetures  d'Hermine,  deux  en  ciief  et  une  en  pointe,  au  clief  d'argent  chargé 
d'un  lion  naissant  de  gueules. 

Les  Batz  -  Trencaléon  :  parti  au  premier  de  gueules  au  S'-Michel  d'argent ,  sur  un 
dragon  de  sinoplc  au  deuxième  d'azur,  au  lion  d'or,  gravissant  un  rocher  de  cinq  cou- 
peaux  d'argent. 

Les  Batz-Castelmore  :  Ecartelé  aux  premier  et  quatrième  à  l'aigle  éployé  de  sable,  aux 
deuxième  et  troisième  d'azur,  au  château  à  deux  tours  d'argent. 

■■'  Armes  des  de  Vacquier  :  d'argent  à  trois  grenades  de  sinople. 

"  Armes  des  Lustrac  de  Losse  :  Ecartelé  aux  premier  et  quatrième  de  gueules,  à  trois 
fasces  d'argent,  aux  deuxième  et  troisième  d'azur  au  lion  d'or,  couronné  de  même,  armé 
et  lampassé  de  gueules. 

10 


146  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

et  Labardane,  St-Julien-Laminssans ,  S^-Julien  de  Lamothe  et 
Castelnau,  ayant  tous,  prétend-on,  une  même  origine. 

Les  St-Julien,  seigneurs  de  la  Devèze  et  du  Puech,  furent 
déclarés  nobles  et  issus  de  noble  race,  depuis  l'an  1393,  par 
ordonnance  du  45  janvier  1671.  Ils  étaient  alliés  aux  maisons 
de  Ranchin  et  d'Alichoux. 


i 


EN  l'année  4787  447 


CAUDECOSTE 


I.E  S.  DE  MONTRATIER 

MM.  de  Montratier,  seigneurs  de  Labarthète,  Campaigno, 
Favols  et  autres  places  dans  le  Quercy,  ayant  fait  leurs  preuves 
écrites  de  nobilité  depuis  4530,  furent  maintenus  dans  leur 
noblesse  par  Messire  Sanson,  intendant  en  la  généralité  de 
Montauban,  le  30  avril  4697.  I.es  seigneurs  de  Montratier- 
Berty-en-Lomagne,  delà  même  famille,  furent  aussi  confirmés 
dans  leur  noblesse  par  l'intendant  Langeois,  à  Montauban,  le 
29  mai  4745. 

Noble  Pons  de  Parazols  avait  épousé,  en  4375 ,  baronne  de 
Fumel. 

Catherine  de  Parazols,  damoiselle  de  La  Boulbène,  contracta 
union,  vers  4378,  avec  François  de  Lard,  seigneur  de  Trescol, 
(issu  des  anciens  seigneurs  de  Rigoulières,  près  de  Penne  en 
Agénois). 

Suzanne  de  Parazols  était  mariée,  au  xv<^  siècle,  avec  Fran- 
çois de  Pichard,  seigneur  de  St^-Marthe  de  Salvaison. 

Jean-Baptiste  de  Montratier  ,  seigneur  de  Parazols  ,  fut 
nommé,  en  4735,  lieutenant  de  AOL  les  Maréchaux  de  France. 

Messire  Armand  d'Albert  de  Laval,  seigneur  de  Parazols, 
habitant  de  Villeneuve-l'Agenais,  étant  dans  la  maison  noble 
d'Albert,  paroisse  de  St-Sernin,  juridiction  de  Villeneuve,  fit 
son  testament,  le  46  août  4729.  Il  avait  eu  de  dame  Serène  de 
Gamel,  neuf  enfants  :  six  filles  et  trois  garçons.  Le  testament 
fut  reçu  en  présence  de  noble  Jean  de  Rives,  écuyer,  sieur  de 
Chaufour*. 

'  Revue  d'Aijenais. 


148  NOBLESSE   DE   LOMAGNE  f 

Jean-Antoine  de  Montratier-Parazols,  reçu  le  le'-  juin  1777, 
chevalier  de  l'Ordre  de  Malte,  au  grand  prieuré  de  Toulouse, 
devint,  plus  tard,  mousquetaire  du  Roi  Louis  XVI.  Un  de  ses 
frères,  Antoine-François  de  Montratier-Parazols,  capitaine  au 
régiment  Royal- Vaisseau,  chevalier  de  S*-Louis,  assista  à  l'As- 
semblée de  la  Noblesse  convoquée  à  Toulouse  en  1789. 

François-Marie-René-Gharles  de  Montratier-Parazols,  baron   i 
de  Parazols,  lieutenant-colonel  dans  les  chasseurs  du  Langue- 
doc, maréchal  des  camps  et  armées  du  Roi,  chevalier   de  S'-  , 
Louis,  sut,  en  1790,  maintenir,  avec  son  régiment,  l'ordre  et  " 
la  discipline  à  Aire  en  Artois.  Il  fut  convoqué,  avec  ses  trois 
frères,  à  l'Assemblée  de  la  Noblesse  duQuercy,  tenue  à  Cahors 
le  16  mars  1789. 

Les  armes  de  la  famille  de  Montratier  étaient  :  Parti,  au  pre- 
mier d'argent  au  lion  rampant  et  couronné  de  gueules  ;  au 
deuxième,  coupé  d'azur  et  de  sinople  ;  sur  l'azur,  quatre 
losanges  d'argent  mis  en  croix;  sur  le  sinople,  quatre  losanges 
d'argent,  posés  aussi  en  croix. 

Le  Nobiliaire  de  Monsieur  Brémond  donne  comme  armoiries  | 
aux  Montratier-Parazols  :  de  gueules,  au  lion  rampant  et 
couronné  d'or  ;  en  pointe  quatre  losanges  d'argent  posés  en 
croix,  qui  est  de  Montratier  ;  écartelé  d'azur  à  trois  pals  d'or; 
au  chef  cousu  d'azur  chargé  de  trois  soleils  rayonnants  d'or, 
qui  est  de  Parazols. 


Ex\  l'année  1787  149 


DONZAC 


LE  S.  DE  BALZAC  * 

La  branche  aînée  des  Balzac,  Vidâmes  du  chapitre  de  S^- 
JuUen  de  Brioude,  avait  pris  son  nom  de  la  ville  de  Balsac, 
en  Auvergne  ;  elle  finit  dans  la  personne  de  Charles  de  Balzac, 
seigneur  d'Entragues  en  Limagne,  de  Binsac,  d'Antoing,  etc., 
gouverneur  d'Orléans,  descendant  de  Jean  de  Balzac,  qui  avait 
abandonné  tous  ses  biens  au  roi  Charles  VII  pour  l'aider  à 
combattre  les  Anglais.  Pierre  de  Balzac,  son  neveu,  fut,  sous 
Charles  VIII,  gouverneur  de  la  Haute  et  Basse-Marche. 

Il  avait  épousé  Anne  de  Graville,  dame  de  Marcoussis,  qui 
lui  donna  dix  enfants. 

Marie  de  JMontberon,  tille  d'Eustachede  Montberon,  seigneur 
baron  de  Maleuvrier,  vicomte  d'Aunay,  et  de  Marguerite  d'Es- 
tuert,  épousa,  le  4  janvier  1494,  Geoffi'oy  de  Balzac,  seigneur 
de  Montmorillon,  premier  valet  de  chambre  et  enfant 
d'honneur  du  roi  Charles  VIII.  Cette  Marie  de  Balzac  fut 
déclarée  «  seule  sans  per  la  p^?,/s  belle  des  belles  d  ,  par  un 
auteur  anonyme  vivant  à  la  Cour  d'Anne  de  Bretagne-,  qui 
écrivit  l'épitaphe  de  ladite  ce  beauté  »,  morte  peu  de  temps 
après  son  mariage. 

Marie  de  Balzac  était  une  des  trois  dames  d'honneur  de  la 
((  Reyne  Anne  »,  avec  Jeanne  Chabot  de  Montsoreau,  et  la 
dame  de  Talaru. 


'  Consulter  le  père  Anselme  qui  a  donné  la  généalogie  des  Balsac,  en  commençant  par 
Odo,  seigneur  de  Balsac,  auteur  d'une  fondation  établie  en  mars  SKi,  Arnaud  qui  vivait  en 
920,  Roger  en  941,  Etienne  en  1U60,  Hector  en  IIU2,  Raymond  en  1150.  {Archives  île  5'- 
Julien  de  Brioude.) 

2  Leroux  de  Lincy.  «  Epistre.s  d'Ovide,  avec  l'Epilaff'e  de  Ma  dame  de  Balmc,  le  tout  en 
rimes.  U92-U98.  »  Manuscrit  sur  vélin. 


150  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Une  des  branches  cadettes,  fixée  dans  l'Agenais,  compte 
plusieurs  personnages  assez  marquants. 

Antoine  de  Balsac,  conseiller  du  Roi,  docteur  et  professeur 
de  droit  canon,  fut, en  1470,  abbé    de  Gimont. 

Rufîec  de  Balzac,  sénéchal  de  Beaucaire,  seigneur  de  Martis- 
sens  et  de  Cassagne  en  Rouergue,  était  frère  de  Robert  de 
Balzac,  seigneur  et  baron  d'Entragues,  Clermont,  Soubiran, 
Malause  et  Rieumartin,  sénéchal  d'Agenais,  en  1480,  chambel- 
lan du  Roi.  Il  se  rendit,  le  2  décembre  1486,  par  ordre  de 
Louis  XI,  dans  la  ville  de  Penne  pour  y  présider  une  Assem- 
blée du  peuple  qui  délibéra  sur  les  lois  et  sur  les  coutumes  de 
la  juridiction,  sous  les  auspices  et  la  direction  du  représentant 
de  l'autorité  souveraine. 

Alem  de  Pechtrinier,  seigneur  de  Feri-assou,  procureur  du 
Roi,  et  Thomas  de  La  Lande,  avocat,  soutenaient  les  droits  de 
la  couronne,  Pierre  de  Bordes,  Jean  Sarrazin  et  Robert  Léguet, 
consuls,  défendaient  les  intérêts  de  la  communauté.  Avec 
l'aide  de  Martial  Corletta,  juge  ordinaire,  de  Pierre  d'Aubigny 
et  de  Pierre  Dubois,  qui  furent  nommés  assesseurs,  on  dressa 
un  aperçu  détaillé  des  libertés,  droits  et  obligations  réciproques 
des  magistrats  et  des  habitants  ;  dix-sept  bourgeois  de  la  ville,  T 
ayant  précédemment  exercé  des  fonctions  municipales,  furent 
appelés  dans  la  maison  de  noble  Jean  de  Lustrac-Naudonet, 
et  consultés  sur  l'enquête  proposée.  Dans  une  nouvelle 
Assemblée  solennelle  tenue  le  12  janvier  i487,  le  sénéchal 
Robert  de  Balzac,  au  milieu  des  applaudissements  du  peuple, 
proclama  la  nouvelle  charte  en  44  articles,  dont  le  premier 
déclara  que  la  ville  et  la  juridiction  de  Penne  relevaient  direc- 
tement de  l'Autorité  Royale  et  du  Trône  de  France*. 

Robei't  de  Balzac  reçut  de  Louis  XI  mission  de  nommer  un 
syndicat  pour  terminer  le  procès  pendant  entre  les  consuls  de 
Castillonnès  et  divers  habitants  de  cette  ville.  Charles  VIII 
le  cliargea  aussi  d'instituer  li'ois  foires  à  Penne,  aux  fêtes  de 
S^Pierre,  S^c-Croix,  et  S'e-Catherine. 

'  Annales  de  Villeneuve-sur- Lui ,  par  Cassany-Mazel  (184-6). 


FN  l'akaée  1787  151 

Dans  le  «.  Rolle  des  nobles  subjects  à  servir  au  ban  et 
arrière-ban  de  la  sénéchaussée  d'Agênois  et  Gascoigne,  convoc- 
qués  en  la  ville  d'Agen,  les  dernier  de  Fébvrier  et  seizièsme  de 
mars  1557,  par  Herman  de  Seuin,  juge-mage  -»,  figure  François 
de  Balzac,  seigneur  d'Entragues,  et  de  Glermont-Dessus.  Cette 
dernière  seigneurie,  riche  et  importante,  appartenait,  dès  le 
commencement  du  xv^  siècle,  aux  Balsac  qui  devaient  fournir 
au  ban  et  arrière-ban,  quatre  chevau-légers. 

Clermont-Soubiran,  près  de  Puymirol  en  Agenois,  fut  érigé 
en  marquisat,  au  mois  de  janvier  1617,  pour  messire  Henri  de 
Balzac,  qui  n'eut  qu'une  fille  unique  Marie  i.  Elle  épousa  Jean- 
Gaspard-Ferdinand  ,  comte  de  Marchin  et  du  S^-Empire, 
gouverneur  de  Bellegarde,  d'une  famille  noble  du  pays  de 
Liège  ;  leur  fils  devint  maréchal  de  France,  et  mourut  sans 
postérité,  au  combat  de  Turin,  le  7  septembre  1706. 

Les  armes  des  Marchin  étaient  :  d'argent  à  un  poisson  de 
gueules  mis  en  pal. 

Catherine  de  Balzac  S^-Paul,  se  maria  en  1575,  avec  Jean  de 
Sorbier  de  Teyrac,  seigneur  de  Fontenille  et  de  La  Tourasse^. 

Noble  Bobert  de  Balzac  fut  commissaire  nommé  par  le  Boi, 
pour  le  dénombrement  du  ban  et  arrière-ban,  dans  le 
Condomois  (1762). 

Les  branches  des  comtes  et  marquis  de  Clermont,  des  sei- 
gneurs d'Entragues,  Marcoussis,  et  des  vicomtes  de  Montagu, 
sont  éteintes  ;  celle  des  barons  de  Dunes  et  Donsac  subsiste 
seule  aujourd'hui'. 

*  Cousine  de  Mesdames  d'Avaugour,  du  Marais  et  de  Renti. 

-  La  Famille  de  Sorbiers  (ou  du  Sorbier),  dorigiae  chevaleresque,  est  venue  de  la  Tou 
raine  se  fixer  en  Périgord  et  en  Agenais  ;  elle  est  connue  dès  1071,  et  s'est  alliée  aux 
La  Valette-Parisot  (141)4),  Pélagrue  (1510j,  Montesquiou-Fezensac  (1559),  La  .Motte-Védel, 
de  Galard-Terraube  (1595),  de  Vivant  (1629),  de  Lézir  (1653i,  de  Galard-Saldebru  (1710), 
de  Gironde  (1726),  de  Raffin  (1777);  Loys  de  Sorbiers,  chevalier,  chambellan  de  Louis  XI, 
gouverneur  des  villes  et  châteaux  de  Bergerac  et  Domme  en  Périgord,  fut  nommé  en 
1474,  sénéchal  de  cette  province.  Les  seigneuries  de  Tayrac,  La  Tourrasse,  Fonlcnilles, 
etc.,  furent  apportées  en  dot  à  André  de  Sorbiers,  homme  d'armes  du  Maréchal  de  Gié, 
le  24  octobre  1476,  par  Jeanne  de  Timbrunc-Valence,  fille  de  Jean  de  Timbrune  et  de 
Jeanne  du  Tillet. 

3  La  famille  de  Balsac  (des  barons  de  Dunes  et  de  Donzac  )  se  composait  en  1829,  des 
membres  suivants  : 


152  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Les  Balsac  ont  pour  armes  :  d'azur  à  trois  sautoirs  d'argent, 
au  chef  d'or  cliargé  de  trois  sautoirs  d'azur.  On  les  trouve 
blasonnées  différemment  dans  l'Armoriai  de  Rietstap  qui  les 
décrit  ainsi  :  d'azur  à  trois  flanchis  d'argent,  au  chef  d'or 
chargé  de  trois  tlanchis  du  champ. 

En  1596,  Charles  de  Balsac,  évêque  de  Noyon,  écartelait  : 
aux  deuxième  et  troisième  de  gueules  à  trois  fermeaux  d'or, 
sur  le  tout  d'argent  à  la  givre  d'azur,  à  Tissant  de  gueules. 

Enfin,  Monsieur  de  Bastard,  dans  son  armoiial  d'Armagnac, 
donne  à  Monsieui'  de  Balzac,  député  et  conseiller  d'Etat  en 
1830,  les  armes  suivantes  :  d'argent,  à  un  heaume  de  sinople 
sur  une  terrasse  de  même,  au  chef  de   gueules.   (Montauban), 

La  célèbre  marquise  de  Verneuil  était  fille  de  François  de 
Balsac,  seigneur  d'Entragues  ,  Marcoussis  et  Malesherbes  , 
gouverneur  d'Orléans,  chevalier  du  S'-Esprit.  Ayant  perdu  sa 
femme  Jacqueline  de  Rolian*,  dame  de  Gié,  dont  il  avait  eu 
une  fille,  Chailottc-Catherine,  mariée  avec  Jean-Jacques 
d'Illiers-Vendôme,  seigneur  de  Chantemesle,  Vaupiloy,  etc., 
sous  la  condition  de  prendre  le  nom  et  les  armes  de  Balsac ^^ 
François  se  remaria  avec  Marie  Touchet,  dame  de  Belleville, 
déjà  mère  de  Ghaiies  de  Valois,  duc  d'Angoulème,  et  qui  lui 
donna  Henriette,  devenue  maîtresse  d'Henry  IV,  et  Marie 
Charlotte,  si  connue  par  ses  histoires  galantes  avec  François  de 
Bassompierre. 

Les  trois  frères  Balzac  d'Entragues  furent  tous  chevaliers  du 
S^-Esprit. 

Charles  de  Balsac,  baron  de  Dunes,  dit  le  bel  Entraguet, 
gouverneur  de  S^-Dizier,  lieutenant-général  au  gouvernement 
d'Orléans,  célèbre  par  son  duel  avec  Caylus,  Maugiron  et 
Livarot,  avait  été  fiancé  avec  une  fille  du  maréchal  de  Moulue, 


Poljdoie  (le  Balzac,  marié  avec  Marj^iiciitt',  l'aulc,  Kélicité,  Rose  de  S'-Géry  ;  ils  avaient 
pour  enfants  :  Jose|>li,  François,  Maïc,  Antoine  de  Balzac,  Ciiarles,  Anguste  de  Balzac, 
Etienne,  Jose[)li  de  Balzac,  et  Marie,  Françoise,  CJairc,  Valérie  de  Balzac. 

'  Armes  des  Bolian  :  de  gnenles  à  'J  macles  d'or. 

'  Les  armes  d'Illiers-Vcndômc  étaient  :  d'or  à  G  annelels  de  gueules,  posés  2,  II,  1. 


EN  l'année  1787  153 

mais  ce  mariage  n'eut  pas  lieu,  et  il  mourut,  sans  postérité,  à 
Toulouse  en  1599. 

Le  comte  de  Balsac  (appelé  Clermont-Entragues),  capitaine 
des  cent  archers  de  la  garde  du  Roi  et  tué  à  la  bataille  d'ivry 
(1590),  épousa  la  fille  de  Pierre  de  Bon*,  gouverneur  de  Mar- 
seille, veuve  de  Charles  de  Gondi,  seigneur  de  La  Tour;  il  eut 
cinq  fils,  l'un  fut  chevalier  de  Malte,  le  second  évêque  de 
Grenoble  ,  le  troisième  évêque  d'Autun  ;  les  deux  autres 
n'eurent  que  des  filles.  Mesdames  d'Avaugour,  de  Marchin,  du 
Marais,  et  de  Renti-. 

Les  Balzac  de  la  branche  aînée  avaient  contracté  alliance 
avec  les  maisons  de  Cliabannes,  d'Alzon,  S'^-Maure,  d'Urfé, 
d'Humières,  Lavedan,  Stuart-d'Aubigny-Lennox,  Ci'équy, 
Rohan,  Joyeuse,  Malet-Graville,  La  Châtre,  d'Ablon,  Montai, 
Castelnau-Bretenoux,  etc....  ils  ont  été  mêlés,  pendant  deux 
cents  ans,  à  presque  tous  les  grands  événements  de  la  Mo- 
narchie Française,  et  ils  ont  joué  un  rôle  important  à  la  Cour, 
à  l'armée  et  dans  l'Eglise,  à  qui  ils  ont  donné  plusieurs  prélats, 
dont  le  plus  célèbre  est  Cli;irles  de  Balzac,  évêque  et  comte 
de  Noyon  en  1598 3,  décédé  en  1642. 

Il  existait,  dans  le  B^ouergue,  une  famille  de  Balsac-Firmi, 
possédant  les  seigneuries  du  Claux,  Pradelles,  Vialatelle, 
Gamarus,  Vabres,  J^a  Garrigue,  Cadrés,  Auzitz,  Colombiès, 
et  qui  avait  pour  armes  :  de  gueules  au  pal  d'or,  chargé  d'une 
plante  de  baume  de  sinople.  Cette  maison  a  donné  plusieurs 
officiers  supéiieui-s  (cinq  de  ce  nom  furent  tués  à  la  bataille 
de  Fontenoy,  en  1725),  des  conseillers  au  Parlement  de  Tou- 
louse, un  député  du  clergé  pour  la  province  d'Auch,  un  pré- 
sident à  la  Cour  des  Aides  de  Montaul^an,  plusieurs  cheva- 
liers de  S'-Louis  et  de  la  Légion  d'honneur,  et  enfin  un 
conseiller  d'Etat  qui  a  été  préfet  de  l'Oise,  de  la  Moselle,  du 
Tarn-et-Garonne  et  député  de  l'Aveyron. 


'  Armes    de    la    famille  de  Hon   :  de  gueules  à   une  bande   d'or,   char^'ée  d'un  ours 
de  sable. 

2  Marcoussis,  par  Malte-Brun. 

3  Ecrits  inédits  de  S'-Simon. 


454  NOBLESSE  DE  LOMAGNE 


DONZAC 


LE  S.  DE  LA  FLAMBELLE-LAGARDE 

M.  de  Lagarde,  seigneur  de  Narbonnès  et  le  comte  de  La 
Garde-Bonnecoste,  chargèrent  leur  parent,  M.  de  la  Garde- 
Besse,  de  les  représenter  à  l'Assemblée  générale  des  trois 
Ordres,  tenue  à  Gahors,  le  16  mars  1789. 

Paulin  de  Mazelières,  chevalier  de  Douazan  *,  ancien  capi- 
taine de  grenadiers,  avait  épousé,  le  17  août  1773,  Jeanne  de 
Tressos,  veuve  de  noble  Giraud  de  Lagarde,  chevalier  de 
S^-Louis. 

Louise  de  Raymond  '^,  mariée  vers  1706,  avec  Godefroy  de 
Secondât,  baron  de  Roquefort,  était  tille  de  Messire  Gratien 
de  Raymond,  seigneur  de  Lagarde,  lieutenant  des  ^Maréchaux 
de  France  à  Agen. 

Herman  de  Sevin,  juge-mage  en  1557,  avait  le  titre  de 
seigneur  de  Lagarde. 

Une  famille  de  La  Flambelle  habite  encore  de  nos  jours,  la 
ville  de  Miradoux,  près  de  Lectoure,  où  elle  possède  des  pro- 
priétés assez  importantes. 

On  trouve  la  note  suivante,  dans  les  registres  des  posses- 
sions dépendant  de  «  l'abbaye  de  Si^-Sever-Cap,  en  Gascogne, 
au  pays  de  Ghalosse,  M.  François  de  GrossoUes  en  étant 
abbé.  » 

«  Etat  des  taxations  fait  par  nous  Florimond  de  Raymond, 

'  Armes  dos  Mazc'li(^ios  :  il'or  au  chevron  brise  de  i!;iieules,  accompagné  do.  3  lions  de 
sinoplf,  2  en  chef  et  1  en  pointe. 

*  .Vrnie!*  des  Itaynumd  :  d'azur,  semé  de  losanges  d'or.  Une  autre  famille  de  ce  nom 
portait  d'or  à  3  mondes  de  gueules,  au  cliel"  d'azur,  chargé  d'un  croissant  d'argent  accosté 
de  2  étoiles. 


EN  l'année  1787  155 

chevalier,  seigneui-  de  La  Garde,  grand-maître  des  eaux  et 
forêts  de  France,  au  département  de  Guyenne,  pour  les 
journées  et  vacations  par  nous  employées,  pour  avoir  fait  pro- 
céder à  l'arpentage  général,  levée  du  plan  tiguratif,  apposition 
du  garde  de  réserve,  et  division  des  coupes  de  144  arpens  de 
bois  de  futaye ,  essence  de  chêne ,  dépendant  de  la  mense 
abbatiable  de  S^-Sever-Cap  de  G;iscoigne,  ordre  de  S'-Maur,  en 
exécution  de  l'arrêt  du  conseil  du  12  mars  1726,  à  raison  de 
quatre  arpens  par  jour,  conformément  au  règlement  fait  par 
M.  le  conterolleur  général,  du  19  may  1729,  et  la  réduction 
des  frais  de  journées  faicte  par  nous,  par  la  considération  que 
nous  avons,  pour  le  seigneur  abbé,  total  2664  livres,  réduites 
pour  ce  motif,  à  1850  livres  ^  » 


'  Archives  de  Magnas. 


456  NOBLESSE   DE   LOMAGXE 


FLEURANCE 


LE  S.  DE  LARY 

Jehan  et  Jacques  de  Lary  figui'èreiit,  en  1507,  avec  plusieurs 
habitants  de  Fleurance  dans  un  procès  qu'avait  cette  ville 
et  le  comté  de  Gaure,  avec  Jean  de  Pins  *,  seigneur  de  Mon- 
brun,  Forgues  et  Colomiers,  lieutenant  général  du  sénéchal  de 
Toulouse. 

Jeanne  de  Lary,  dame  de  Manlèche,  était,  en  1600,  mariée 
avec  noble  Jean-Pierre  de  Preissac  -. 

Bernard  de  Lary,  seigneur  de  La  Tour,  fit  partie  de  l'Assem- 
blée de  la  noblesse  du  Fézensaguet  et  de  La  Lomagne,  présidée 
par  Gaston  de  Foix-Candale,  réunie  à  Lectoure,  le  27  octobre 
1033,  pour  demander  au  loi  la  conservation  des  privilèges 
obtenus  en  1612  et  1614. 

Jean  de  Lary,  seigneur  de  La  Tour,  de  .Mansempuy,  et 
d'Aurenque,  mestre-de-camp  d'infanterie,  gouverneur  de  la 
ville  et  du  château  de  Quiers,  ambassadeur  du  duc  de  Guise 
auprès  d'Hippolyte  d'Esté,  cardinal  de  Ferrare,  fut  père  de 
Paule  de  Lary,  femme  de  Pierre  du  Bouzet,  et  de  Bernard  de 
Lary,  grièvement  blessé  à  l'attaque  de  Gliarenton.  Ce  dernier 
mourut  au  siège  de  Dunkerque  et  reçut  de  Louis  XIV  une 
récompense  posthume.  Par  lettres  patentes  du  16  mai  166i, 


'  Armes  des  do  Pins  :  de  gueules  à  3  pommes  de  pin,  versées  d'or;  couronne  ducale,  — 
Supports  :  deux  lions  ;  Devise  :  Tun  des  neuf  barons  de  Cutalo^'ne  ;  cri  :  Du  plus  liault 
les  pins. 

-' Armes  des  l'reissac  :  l'arli  au  l»""  d'argent  au  lion  de  gueules,  armé,  lampassé  et  cou- 
ronné d'azur,  coupé  d'azur  au  pal  d'or,  au  2«  d'azur  à  trois  fasces  d'argent. 

Les  l'reissac,  ducs  d'Esclignac,  ajoutaient  un  quartier  de  gueule  au  lion  d'or,  à  la  bor- 
dure d'azur,  chargée  de  8  (leurs  de.  lys  d'or. 


EN  l'axnée  1787  157 

les  terres,  places  et  seigneuries  de  La  Tour,  Mansempuy, 
Aurenque,  La  Lanne,  Gavarret,  Miremont  et  Penviel  furent 
réunies  et  créées  comté,  sous  le  nom  et  appellation  de  La 
Tour,  en  faveur  de  «  dame  Catherine,  Henriette  de  Lary,  née 
de  Bassabat-Pordéac  ^,  veuve  et  mère  de  deux  guerriers  qui 
avaient  donné  leur  sang  et  leur  vie  à  leur  souverain  -. 

Madame  de  Lary,  comtesse  de  La  Tour  ^,  eut,  en  1665,  de 
longs  démêlés  avec  le  sénéchal  d'Armagnac,  au  sujet  de  la 
seigneurie  d'Aurenque  en  Fezensaguet,  limitrophe  des  terres 
de  Lectoure,  de  Gastelnau-d'Arbieu  et  de  la  rivière  du  Gers. 
On  fit  alors  le  dénombrement  des  domaines  de  la  maison  de 
Lary,  qui  prouve  la  grande  situation  de  cette  famille,  connue 
en  Gascogne  depuis  1352. 

Il  est  déclaré  dans  la  liste  des  terres  appartenant  à 
Messire  Bernard  de  Lary,  qu'il  tenait  et  possédait  en  son 
vivant  : 

lo  La  juridiction  et  territoire  noble  de  La  Tour,  au  comté 
de  Fezensaguet,  sénéchaussée  d'Armagnac,  laquelle  juridiction 
consistait  en  la  justice  basse. 

2»  Le  droit  de  prison  dans  le  château  dudit  La  Tour  *. 

30  La  terre  noble  de  La  Lanne. 

4°  La  terre  et  co-seigneurie  de  Penviel,  avec  noble  .Jean  de 
Luppé,  seigneur  de  Maravat. 

50  Les  terroir  et  co-seigneurie  de  Miramont  et  sa  justice- 
basse,  avec  Philippe  de  Préchac.  seigneur  de  Gavarret. 
(Miramont  était  un  archiprétré,  composé  de  douze  cures,  et 
dont  l'église  était  dédiée  à  Notre-Dame  de  l'Assomption.) 


1  Voyez,  à  l'Appendice,  l'article  sur  les  Bassabat. 

î  Archives  de  Flamarens  (Gers)  et  de  Manlay  (Côte-d'Or). 

3  Intelligente  et  énergique  dans  la  revendication  de  ses  droits,  en  digne  fille  des  Bassa- 
bat-Pordéac,  la  comtesse  de  Lary-Latour  a  laissé  dans  le  pays  qu'elle  habitait,  le  souvenir 
de  ses  nombreux  bienfaits.  Elle  avait  créé  et  doté,  à  Miramont,  le  27  mars  1647,  un  vaste 
Couvent  du  tiers  Ordre  de  S'-François,  dont  les  ruines  renferment  un  superbe  autel 
chargé  de  fines  sculptures  de  pierre,  bien  conservées.  Le  caveau  placé  dans  le  chœur, 
renferme  les  restes  de  la  pieuse  fondatrice.  (Dom  Brugèle). 

*  Le  donjon  du  château  de  La  Tour  a  été  détruit  pendant  la  révolution,  ses  fossés  com- 
blés, et  le  vieux  manoir  perdit,  dès  lors,  son  aspect  féodal. 


158  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

60  La  terre  et  seigneurie  de  Mansempuy  ,  avec  toute  justice- 
haute. 

70  Le  terroir  et  maison  noble  de  Marsac. 

8°  Une  partie  de  la  seigneurie  d'Aurenque  et  de  tous  ses 
droits,  acquise,  en  1596,  de  noble  Jean  de  S'-Géry,  baron  de 
Magnas,  seigneur  de  La  Mothe-Ando  et  autres  places,  par 
Jean  de  Lary,  seigneur  de  Latour,  malgré  l'opposition  du 
seigneur  de  S^-Léonard  ;  ce  dernier  prétendait  que  la  justice 
d'Aurenque  devait  être  exceptée  de  la  vente,  en  conséquence 
de  ses  droits  venus  par  la  succession  de  Jeanne  de  Galard,  sa 
femme,  dame  seigneuresse  du  lieu  de  Castelnau-d'Arbieu,  qui 
tenait  ce  fief  de  noble  Pierre  de  Galard,  écuyer,  prédécesseur, 
en  1473,  de  ladite  Jeanne,  lequel  l'avait  reçu  lui-même,  en 
1405,  de  noble  chevalier  Jean,  Bernard  de  Goalard,  seigneur 
du  dit  lieu  de  Castelnau-d'Arbieu  ^ ,  et  co-seigneur  d'Auren- 
que, indivis  avec  les  citoyens  de  Lectoui'e  et  les  habitants  du 
Fezensaguet. 

Le  procès  fut  soutenu  et  gagné  par  Madame  de  La  Tour, 
tutrice  de  Charles,  Louis  de  Lary,  son  fils  2. 

Plus  tard,  la  terre  d'Aui'enque  passa  à  Jacques  de  Cassagnet^ 
Tilladet-Lomagne-de-Narbonne,  marquis  de  Fimarcon,  comte 
d'Astaffort,  baron  de  Blanqueioit,  chevalier  des  Ordres  du 
roi,  gouverneur  de  Montlouis,  lieutenant  général  des  armées 
de  Sa  Majesté  et  commandant  en  chef  du  Roussillon  *;  il  la 
vendit,  en  1729,  à  Joseph  de  Grossolles,  comte  de  Flamarens, 


'  Voir,  à  l'appendice,  le  tnandeinent  de  la  taille  dans  la  eoiiiniuiiauté  de  Casleliiaii- 
d'Arbieu,  et  la  liste  de  ses  seigneurs,  du  nom  de  Galard,  de  1317  à  1751. 

'^  Archives  du  château  de  Magnas  (Gers). 

•'  Les  armes  de  la  maison  de  Cassagnet,  qui  hérita  successivement  des  Narlionne  et  des 
Fimarcon,  étaient  :  aux  l"""  et  4»,  d'azur  à  la  bande  d'or,  qui  est  Cassagnet,  aux  2*  et  3', 
de  gueules  au  lion  d'aigcnl,  qui  est  l.ouiagno,  et  sur  le  tout,  de  gncid(>s  plein,  qui  est 
Narbonne. 

■'  Le  Mar(|iiis  de  l'iiiiiircun  iiiournl  i"i  l.cctoure,  eu  mars  17;}U,  Agé  de  71  ans  ;  il  était 
Dis  de  Jean-Jacques  de  Cassagnet-Lomagne-Narbouuc,  marquis  de  Fimarcon,  et  de  Marie, 
Angélique  de  Roquelaurc,  et  avait  épousé,  le  19  avril  1705,  Madeleine  de  Baschi-d'Aubais, 
lUIe  de  Louis  de.  IJaschi,  Marquis  d'Aubais,  et  d'Anne  de  Boysson.  Louise  de  Cassagnet- 
Tilladet-Lomagne-Fimarcon  était,  le  30  juillet  17'2-1,  veuve  de  Messire  Jean,  Eymcric  de 
Preissac-Marestaing,  Marquis  d'Esclignac. 


EN  l'année  1787  159 

baron  de  Montestruc,  seigneur  de  Peyrecave,  mestre  de  camp 
d'infanterie,  chevalier  de  l'Ordre-Royal  et  Militaire  de  St-Louis. 
Cette  famille  possédait  encore  la  seigneurie  d'Aurenque  en 
1792,  et  une  partie  des  terres  qui  la  composaient  appartient 
actuellement  aux  Lary-Latour  *. 

Jacquette  de  Lary  de  la  Tour,  fille  de  François  Louis  de 
Lary,  comte  de  La  Tour,  et  de  Françoise  de  Montesquiou- 
Fezensac  -,  épousa,  le  30  juin  1805,  le  comte  de  La  Barthe, 
capitaine  au  régiment  de  Médoc,  chevalier  de  S*- Louis;  ils 
n'eurent  pas  de  postérité. 

La  famille  de  Lary-Latour  subsiste  encore  en  Guyenne,  où 
elle  est  représentée  par  plusieurs  rameaux. 

La  branche  aînée  habite  le  château  de  La  Tour,  entre 
Miramont  et  Lalanne,  ancienne  résidence  féodale  réparée 
depuis  quelques  années  ;  dans  un  cartouche  sur  la  porte 
d'entrée  se  trouvent  les  armes  et  la  devise  des  Lary,  «  Durum 
patientia  frango  y^,  avec  la  date  1567. 

Une  branche  de  cette  maison  portait  pour  armoiries  : 
Ecartelé  aux  premier  et  quatrième  d'azur,  à  sept  barres  d'or 
(allias  4),  au  chef  d'argent,  chargé  de  trois  merlettes  de  sable  ; 
aux  deuxième  et  troisième  d'azur,  à  trois  ancres  de  sinople, 
posées  deux  et  une  ;  mais  son  blason  primitif  était  :  d'azur  au 
pal  d'or,  accosté  de  quatre  ancres  de  sinople,  au  chef  d'or 
chargé  de  trois  corbeaux  de  sable  mis  en  fasce.  Les  Lary,  de 
Normandie,  écartelaient  :  en  sautoir  d'argent  et  d'azur. 

Jacques  de  Lary,  chevalier,  seigneur  de  la  Berge,  Peyta- 
veaux,  Lacoux,  etc.,  ancien  chevau-léger  de  la  garde  du  corps 


*  Le  Marquis  de  Flamareiis  était  taxé,  pour  Tannée  1776,  en  raison  de  sa  seigneurie 
d'Aurenque,  à  3Si  livres  4  sols,  duos  à  la  Communauté  de  Pauillac,  plus  5  livres,  3  sols, 
5  deniers  pour  la  Communauté  de  Fleurancc,  plus  70  livres  8  sols,  pour  la  Communauté 
de  Castelnau-d'Arbieu,  plus  72  livres,  1:2  deniers  pour  la  Communauté  de  La  Mothe-Ando, 
plus  pour  31  livres  13  sols,  6  deniers,  pour  la  communauté  de  Lectourc  ;  enfin  le  moulin 
d'Aurenque,  sis  sur  le  Gers,  devait  donner,  de  rente  fixe,  à  l'abbaye  de  Bouillas,  tous  les 
ans,  31  sacs  de  blé.  (Archives  de  Flamarens). 

*  Cette  alliance  explique  la  présence,  dans  le  château  de  La  Tour,  d'un  jjortrait  du 
Comte  de  Montesquiou-Fezensac,  et  de  quelques  meubles  portant  les  écussons  accolés  des 
Lary  et  des  Montesquiou. 


160  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

(lu  Roi,  fasait  partie  de  l'Assemblée  générale  de  la  Basse- 
Marche,  tenue  au  Dorât,  capitale  de  la  Province  en  1789. 

Son  parent,  Louis-Robert  de  Lary,  seigneur  de  la  Côte  et 
Ligardèche,  était  à  cette  époque,  capitaine  de  cavalerie  i. 

Il  est  déclaré  dans  1'  «.  Etat  des  Emigrés  dont  le  directoire 
du  disti'ict  de  Lectoure  a  fait  liquider  les  biens  par  le  bureau 
de  Fleurance,  que  Robert-Marie  Lary,  cy-devant  noble,  ofticier 
àFleurance,  au  Gardenau,  ne  possédait  en  fait  de  fortune,  que 
sa  légitime  paternelle  et  maternelle,  ainsi  qu'Alain  S^-Gery, 
ci-devant  noble  à  Magnas,  Jean-Baptiste  et  Guillaume  Ducos, 
de  Bajonette,  mais  par  un  arrêté  du  département  du  Gers,  du 
8  juillet  1702,  il  a  été  ordonné  que  Callieiine  de  Mauléon, 
veuve  de  Joseph  Ducos,  habitante  de  ÎMontfort,  mère  des  deux 
émigrés  sus-nommés ,  verserait  dans  la  caisse  de  la  Nation, 
les  deux  neuvièmes  des  biens  de  son  mari,  d'après  le  revenu 
net,  fixé  par  la  municipalité  de  Bajonette,  et  ce,  à  compter 
du  jour  de  l'émigiation  des  dits  deux  enfants.  Quant  à  Pierre, 
Hérard  Pins,  ex-noble,  émigré,  sa  métairie  de  Béraut,  à 
Cézan,  séquestrée  par  la  Nation,  sera  <lonnée  à  l)ail  à  Bertrand 
Descomps,  fermier  pour  1125  fr.,  en  assignats,  en  attendant  la 
vente.  On  donnei-a  aussi  à  ferme  les  terres  d'Antoine  liouillan, 
cy-devant  noble,  émigré,  de  Piis,  et  les  domaines  de  Jean 
Laboi'de  Laurensan,  de  Réjaumont-.  ^> 


1  .Manuscrit  di-  M.  I».  de  Ccssac. 
*  Archives  de  Miignas  (Gers). 


EN  l'année  1787  161 


FLEURANCE 


LE  S.  DE  BASTARD 

Les  Bastard  descendaient,  croit-on,  de  Richer,  seigneur  du 
fief  de  Bastardière-sur-Sèvre,  près  de  Clisson,  au  comté 
Nantais,  vers  1061  ;  ils  portaient  les  titres  de  vicomtes  de 
Fussy,  seigneurs  de  Terland,  de  Maultrot,  du  Bosc,  de  Vidalot 
et  du  tief  des  Oliviers-en-Armagnac  ;  cette  famille  a  donné  un 
grand  nombre  d'officiers  de  tous  grades  aux  armées  de  terre 
ou  de  mer,  trois  conseillers  au  Parlement  de  Paris  et  vinot- 
six  chevaliers  de  S'-Louis. 

Guillaume  de  Bastard,  vicomte  de  Fussy,  avait  été  nommé 
lieutenant-général  en  Berry,  pour  le  roi  Charles  VII  (1429). 

Du  mariage  de  Domingo  de  Vacquier  —  Limon  de  La  Tude  — 
avec  Jean  de  Bastard,  en  1539,  fds  de  Pierre  de  Bastard, 
capitaine  et  gouverneur  du  comté  de  Gaure  et  de  la  ville  de 
Fleurance  i,  est  descendue  une  branche  dite  de  La  Fitte,  qui 
fournit  un  premier  président  au  Parlement  de  Toulouse, 
nommé  François  de  Bastard;  élu  le  26  septembre  1762,  à 
trente-huit  ans,  il  fut  forcé,  par  suite  de  ses  démêlés  avec  une 
partie  de  son  Parlement,  de  donner  sa  démission  en  1769;  il 
mourut  vers  1780. 

Marie-Marguerite  de  Bastard-   épousa,   avant  1719,   Jean- 

'  Voir  à  l'Appendice,  le  «  RoUe  de  la  capitalion  dans  la  onmmiinaut*'!  de  Castelnau- 
d'Arbieu,  au  comlé  de  Game,  pour  l'année  173'J  ■). 

*  «  L'an  1753,  et  le  29"  de  juin,  le  corps  de  Haute  Dame,  Marguerite  de  Bastard,  veuve 
de  Messirc  de  Galard,  seigneur  et  marquis  de  l'Isle-Bouzon,  âgée  d'environ  50  années, 
décédée  aujourd'hui  au  château  du  Bosc,  a  été  inhumé  en  Téglisc  de  Pauiliac,  dans  le 
passage  de  M.  le  curé.  »  (Archives  de  Pauiliac).  Les  Galard,  seigneurs  do  Pauiliac,  depuis 
1550  jusqu'en  1774,  avaient  leur  sépulture  dans  l'église  du  dit  lieu. 


162  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Charles  de  Galard,  marquis  de  l'Isle-Bozon,  seigneur  de 
Fourcès,  fils  de  Jean  de  Galard,  baron  de  l'Isle-Bouzon,  et  de 
Catherine-Marguerite  de  Cous^  Ils  n'eurent  point  d'enfant  et 
ce  fut  la  branche  de  Galard-Balarin-Pellehaut  qui  hérita  des 
titres  et  des  biens  de  Jean-Charles ,  marquis  de  l'Isle- 
Bozon, 

En  1685,  Pierrette  de  Bastard  était  mariée  avec  Jean-Pierre 
du  Faur,  fils  de  Pierre  du  Faur,  seigneur  de  Langesse,  et  de 
Marguerite  de  Goalard  de  l'Isle-Bozon. 

Dom  Antoine  de  Bastard,  né  à  Fleurance,  devint  en  1699, 
prieur  titulaire  et  régulier  d'Eauze,  en  succession  de  son  oncle; 
nommé  en  1788,  vicaire-général  de  l'abbaye  de  Cluny,  pour 
toutes  les  maisons  de  Gascogne  qui  dépendaient  de  cet  Ordre, 
il  fit  reconstruire  la  maison  prieurale  près  de  l'église  du 
monastère  d'Eauze, 

Le  4  juillet  1752,  Jeanne-Françoise-Catherine  de  Mazellière, 
dame  de  Béaup,  près  Mézin,  petite-fille  de  Josias  de  Mazel- 
lière,  brigadier  des  armées  du  roi,  chevalier  de  S'-Louis,  porta 
la  seigneurie  de  Béaup  et  le  château  de  Montesquieu,  à  son 
époux,  François-Dominique  de  Bastard,  chevalier,  seigneur 
des  Iles-Glirétiennes ,  de  S^-Denys-sur-Garonne,  du  Bosc,  de 
Gavagnan,  de  La  Bastide,  et  grand-maître  des  eaux  et  forêts 
de  Guyenne. 

L'abbé  de  Bastard  mourut  sur  l'échafaud,  à  Toulon,  le  25 
avril  1793,  en  sauvant  la  vie  à  trois  prêtres  destinés  à  périr 
comme  lui  ;  il  était  prieur  de  Si<^-Gemme  de  Bustet  et  chanoine 
de  Lectoure.  Son  frère,  le  comte  d'Estang,  avait  le  titre  de 
chevalier  d'honneur  de  la  cour  souveraine  des  aides  et 
finances  de  la  ville  de  Montauban. 
Dominique  de  Bastard,  comte  d'Estang,  pair  de  France,  l'un 


•  Un  (Ifi  (Ions  lut  ftiadjntiuir  el  rvôiiue  do  (îondom,  cii  161-i.  Le  clor{ïé  du  Coiidomois  le 
rliiiisil  |Miiir  d(''|»iit(';  ;iiix  Ktals-Cônt-iaux  di'  huis.  La  scij^iu'inio  de  Fourcès  avait  été 
apporter  à  Jean  de  (lalard  de  rislc-lîduzou,  le  II)  juiu  lOlV.I,  par  Catherine  de  Cous,  qui 
cul  le»  biens  de  son  ouclc  I'K\('(iiu-  de  Coiidom.  Kllc  lesla  le  3  novembre  1694,  instituant 
I)Our  héritier  son  (ils  aîné,  Antoine  de  dalard  ;  Cfluiei  laissa  sa  fortune  à  Jean-Charles 
de  Oalurd,  marquis  de  l'Isle-Houzon. 


EN  l'année  1787  163 

des  vice-présidents  de  la  chambre  des  Pairs,  président  à  la 
Cour  de  cassation,  grand  officier  de  la  légion  d'honneur,  et 
auteur  de  plusieurs  ouvrages  sur  les  Parlements,  les  Etats- 
Généraux,  etc.,  appartenait  à  cette  famille,  qui  possède  encore 
en  Gascogne  les  terres  de  S^-Denys-sur-Garonne,  de  S'- Aman d 
et  du  Mirait. 

A  l'Assemblée  des  trois  ordres  réunie  en  1789,  le  comte  de 
Bastard*,  grand-maître  des  eaux  et  forêts  de  la  Guyenne,  était 
commissaire  de  la  noblesse  ;  il  résidait  à  Agen.  «  Ses  maitrises 
s'étendoient  sur  Bordeaux,  Lisle-J ourdain ,  Grurie  de  Fleu- 
rance,  S^-Gaudens,  Grurie  d'Arreau  et  S^-Girons,  Tarbes 
et  Grurie  de  Nogaro,  Pau  et  Grurie  de  Lichare,  Foi.r  et 
Rodez'\  » 

Les  armes  des  Bastard,  comtes  d'Estang  et  barons  de 
S'-Denys-sur-Garonne,  sont  :  d'or  à  l'aigle  d'empire  de  gueule, 
rai-parti  d'azur  à  une  demi-fleur  de  lys  d'or.  Ces  armoiries 
sont  celles  qui  furent  déclarées  par  Guillaume  Bastard,  maître 
des  requêtes,  en  1421. 

Les  Bastard  de  Lectoure  et  de  Fleurance  portaient  :  Ecartelé 
aux  premier  et  quatrième  d'azur  à  deux  outardes  affrontées 
d'or,  becquetant  dans  un  fourneau  de  sable,  accompagnées  en 
pointe  d'un  croissant  d'argent  ;  au  deuxième,  tiercé  en  bande 
d'argent  à  trois  étoiles  de  sable,  de  gueules  plein  et  d'azur,  à 
trois  hures  de  sanglier,  au  troisième,  tiercé,  en  fasce,  d'argent 
à  trois  tourteaux  de  sable,  de  gueules  plein  et  d'azur,  à 
trois  aiglettes  d'or^,  la  première  et  la  dernière  essorantes 
et  affrontées. 

Le  18  juillet  1844,  Elisabeth  de  Bastard  d'Estang  épousa 
François-Joseph,  duc  des  Cars  ^,  fils  d'Amédée  de  Pérusse,  duc 


*  Sa  femme  était  Anne  de  Redon. 

^Almanach  Royal  de  1787. 

3  Armes  de  la  famille  de  Pérusse  d'Escars  :  de  gueules  au  pal    de  vair  ;  légende  :   Sic 
per  usum  fulyet.  Support  :  deux  sauvages. 


164 


NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


des  Cars,  et  crAugustine-Frédérique-Joséphine  du  Bouchet-de- 
Sourches-de-Tourzel  •. 

Les  Bastard,  seigneurs  de  Béffes,  Machy,  d'Arthel,  Chasy  et 
Mottedon,  dans  les  chatellenies  de  Nevers  et  de  Montenoison, 
s'étaient  alliés  avec  les  Boisserand,  Rufïey,  Villiers,  Bardin,  etc. 

Hugues  Bastard,  chevalier,  fut  témoin  d'une  charte  de 
franchise  donnée  à  Cosne  en  1198.  On  ignore  si  ces  Bastard 
appartiennent  aux  Bastard  du  Berry  et  de  la  Gascogne. 


i 


'  Les  ilii  lldiiilict-ilc-SuuiTlics-ili'-Toiiizol  ('cartclaiciil  :  aux  iiiemier  cl  tioisit'iiie  de 
^'ueulcs  à  la  tnur  caiire  (l'arj,'t'iit,  à  cAU'.  do  trois  I1puis-(1c-1\s  d'or  eu  llaiic,  qui  est 
<rAlèj,'rc  ;  aux  deuxièuic  et  qualrièuic  d'arjfont  à  deux  l'asccs  de  sable  qui  est  du  Boucliet- 
di'-Sourclics. 


EN  l'année  1787  165 


FLEURANCE 


LE  S.  DONZEIL 

Messieurs  Donzeil  (ou  d'Onzeil),  d'Arzens,  avaient  possédé, 
pendant  longtemps,  la  seigneurie  de  Ghélan,  qui  fut  apportée, 
en  1658,  dans  la  famille  de  Flamarens,  par  le  mariage  de 
Marie  de  Donzeil  avec  Jean  de  Grossolles-Flamarens. 

Au  nombre  des  assassins  de  Louis  I  de  Condé,  à  la  bataille 
de  Jarnac^,  on  cite,  avec  Montesquieu  et  d'autres  gascons,  le 
sieur  d'Argence,  qui  avait  cependant  promis  de  sauver  le 
prince. 

Les  Donzeil  avaient  hérité  de  la  baronnie  d'Argence  (ou 
d'Arzens),  possédée,  en  1722,  par  Gédéon  de  Bruet-,  seigneur 

de  Peyrecave. 

François  d'Onzeil  était,  vers  1578,  seigneur  d'Aigues- 
Mortes. 

Le  25  mars  1724,  Marie  de  Donzeil  de  Chélan  fit  profession 
au  couvent  de  »,(  Nostre-Dame  de  Fabas,  en  Commenge  »,  où 
elle  décéda  le  l"''  mai  1756. 

Nous  avons  ti'ouvé  dans  les  archives  de  la  maison  de  Donzeil 
un  document  adressé  aux  consuls  d'Argence  que  nous  rappor- 
tons ici  avec  son  style  et  son  orthographe. 


<  En  156'.). 

'  Un  Laurent  de  Bruet,  damoiseau,  s'était  allié  avec  noble    Natalisse  de  Saintiailles, 
sœur  du  Maréchal  Poton  de  Saintraillcs. 


ORDONNANCE 


DE   MONSEIGNEUR 


LE  PRINCE  DE  CONTY 


POUR  Lt  DEFFANCE  DES  ARRIES 


5    de    ]Mars 


1661 


^ 


EN  l'année  1787  169 


Le  Prince  de  Conty,  Prince  du  sang-,  pair  de  France, 
gouverneur  et  lieutenant-general  pour  le  Roy,  en  sa  province 

de  Languedoc. 


Sur  ce  qui)  nous  a  esté  represanté  qu'il  ce  commet  une 
infinitté  de  désordres  dans  notre  gouvernement  par  les  attrou- 
pements et  par  les  assemblées  journalières  qui  s'y  font  et  que 
le  port  des  armes  qu'on  a  souffert  a  toutes  sortes  de  personnes 
depuis  la  guerre  en  est  la  principalle  cause  comme  aussy  des 
assassinats,  meurtres,  vols  et  concussions  et  autres  violances 
qui  se  comettent  fréquemment ,  et  d'autant  que  Sa  Majesté 
ne  souhaicte  rien  tant  que  d'establir  le  repos  et  la  tranquilitté 
dans  son  royaume  et  de  pourvoir  à  la  surette  publique  en 
remettant  toutes  les  choses  au  mesme  estât  qu'elles  estoient 
auparavant  la  guerre,  conformément  aux  antiennes  ordon- 
nances nous  désirant  d'y  contribuer  de  nostre  part  et 
d'apporter  tout  ce  quy  dépendra  de  nostre  authoritté  pour 
faire  exécuter  l'intention  de  Sa  Majesté  clans  Vestendue  de 
yiostre  gouvernement  faisons  très  espresses  injonctions  et 
deffances  a  toutes  sortes  de  personnes  de  quelle  qualitté  et 
conditions  quelles  soient  de  porter  aucunes  armes  a  feu.  soit 
fusils,  mosquettons,  pistolets  d'arson  ou  de  poche,  espées  ou 
basions  renfermant  espées  poignards  ou  cousteaux  en  forme  de 
bayonnette  ou  autres  armes  offensives  et  deffensives  à  l'excep- 
lion  des  prévost,  leurs  lieutenans,  exempts,  officiers  de  justice 
portant  livrées,  casaques,  bandolières  ou  marques  d'archers, 
escussons,  ou  autres  marques  de  leurs  charges,  sergens  ou 
autres  personnes  comises  par  les  magistrats  pour  l'exécution 
des  actes  de  justices  et  des  commis  à  la  recepte  des  deniers  de 
Sa  Majesté  toutes  les  fois  seulement  que  la  façon  de  percevoir 
lesdits  deniers  sera  aux  bureaux  des  receptes  générales   et  d 


170  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

la  demeure  aussy  des  gentilhommes  de  nom  et  d'armes,  seigneurs 
de  par roisses, places  et  antres  ayant  justice  haute,  moyenne  ou 
basse  des  officiers  communaux  de  la  Maison  du  Roy,  des  fils  de 
France  ou  princes  du  sang  et  des  officiers  des  trouppes  de  Sa 
Majesté  quy  seront  actuellement  dans  le  service,  ausquels 
sera  permis  de  porter  l'espée  en  tous  lieux,  et  des  pistolets 
d'arson,  seulement  lorsquils  montront  à  cheval  sans  qu'il  soit 
permis  à  leurs  valets  de  porter  aucun  mosquetton,  fusils,  et 
quant  aux  autres  gentilshommes  de  nom  et  d'armes  n'estant 
point  seigneurs  de  places  et  n'ayant  justice  haute,  moyenne  ou, 
basse  et  d  ceux  qui  auront  commandé  en  chef  des  compagnies 
de  cavalerie  ou  d'infanterie  pour  le  service  de  Sa  Majesté  ou 
des  princes  du  sang,  ils  portront  pareillement  l'espée  en  tous 
lieux  et  des  pistolets  d'arson  lorsqu'ils  yront  à  la  campagne, 
pourvu  qu'auparavant  ils  en  aient  prins  une  permission  de 
nous  par  escrypt  quy  leur  sera  accordée  toutes  les  fois  que  la 
façon  apparoisse  de  leur  qualitté  et  des  comissions  qu'ils 
auront  obtenue  de  Sa  Majesté  lorsqu'ils  étoient  dans  le  service, 
et  à  l'esgard  de  tous  autres  généralement  sans  en  excepter 
personne,  ils  seront  exclus  de  la  faculté  de  porter  aucune  sorte 
d'armes  deffensives  ny  offensives  synon  ceux  à  quy  nous  don- 
nerons nostre  dicte  permission  par  escrypt  pour  des  raisons  et 
considérations  particulières,  et  en  cas  de  contravention  aux 
articles  cy-dessus  par  les  gentilshommes  de  nom  et  armes,  sei- 
gneurs des  parroisses  et  autres  ayant  justice  haute,  moyenne 
ou  basse,  ou  autres  quy  auroient  permission  particulière  de 
nous  par  escrypt,  qu'ils  encourront  la  perte  de  leurs  armes  et 
de  leurs  chevaux,  et  les  rotturiers,  païsans  et  autres  gens  de 
basse  extraction  celle  de  la  punition  corporelle  et  des  autres 
peynes  portées  par  les  Ordonnances  du  Roy  et  les  arrest  du 
Parlement.  Ordonnons  en  outre  que  les  habitaiis  des  villes, 
bourgs  et  villages,  paysans  et  autres  n'ayant  aucune  charge, 
permission  ny  tittre  pour  porter  des  armes,  seront  tenus  de  se 
de ff aire  de  leurs  fusils,  mosquettons  et  pistolets  d'arson  et  de 
poche  dans  deux  moys  après  la  publication  de  la  présante  sur  }^ 
les  peynes  portées  par  les  Ordonnances  de  Sa  Majesté,  et  de  la 


NOBLESSE   DE   LOMAGNE  171 

confiscation  desdites  armes  la  moitié  appartiendra  au  dénon- 
ciateur et  Vautre  à  Vhospital  des  lieux  ou  au  plus  prochain. 
Comme  soubs  prétexte  de  la  chasse  plusieurs  personnes  pour- 
roient  conserver  dans  leurs  maisons  des  fiisils  et  arquebuses, 
nous  conformément  d  l'instruction  de  Sa  Majesté,  et  aux 
divers  articles  de  la  déclaration  qu'elle  a  donné  sur  ce  subject 
en  décembre  1660 ,  deffandons  à  toute  personne  de  quelque 
qualitté  et  condition  cju'elles  soient,  d'en  rettenir  et  conserver 
soubs  ce  prétexte,  à  la  réserve  des  gentilshommes  et  autres 
ayant  droict  de  chasse  ou  permission  de  nous  pour  son  service 
ou  pour  en  faire  tirer  seulement  par  leurs  chasseurs  domesti- 
ques sur  leurs  terres  et  autres  sur  lesquelles  ils  ont  droit  de 
chasse,  enjoignant  à  tous  seigneurs,  leurs  lieutenans,  baillifs, 
sous-baillifs,  préuosts  générais  de  la  province,  prévosts  en 
chef  et  à  tous  autres  officiers  de  justice  de  tenir  la  main  à 
l'exécution  de  la  présante,  chacun  sous  peijne  d'en  respondre. 
Nous  mandons  en  outtre  et  ordonnons  à  tous  gentilshommes 
consuls  et  habittans  des  villes  et  lieux  de  notre  gouvernement 
de  donner  l'assistance  et  main  forte  dont  ils  seront  requis  pour 
cet  effect,  et  en  cas  que  par  force  ou  par  résistance  de  quelques 
particuliers,  ils  fussent  empêchés  de  mettre  a  exécution,  ils 
dresseront  procès-verbal  de  la  rébellion  qui  leur  en  sera  faicte 
et  nous  l'enverront  incessament  pour  y  estre  par  nous  pourvu 
ainsy  que  de  raison,  et  afin  que  personne  ne  prétande  cause 
d'ignorance  sur  la  présante,  registrée,  leue,  publiée  et  affichée 
partout  ou  besoing  sera,  et  foy  sera  adjoustée  à  icelles 
duement  collationnées  comme  au  propre  original,  fait  à 
Pezenas  le  vingtième  jour  de  febvrier  1661,  signé  Armand  de 
Bourbo)i  et  plus  bas,  par  Monseigneur,  Duchanay.  Collationné 
à  l'original  par  moy,  l'un  des  conseillers  et  secrettaires  des 
commandements  de  son  Altesse,  Monseigneur  le  prince  de 
Conty. 


Soubsigné,  Dchanay. 


172  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Collationné  par  moy  scindyc  du  diocèze  de  Car^^^  avec 
ordre  défaire  publier,  registrer  et  afficher  son  ordonnance  par 
toutes  les  villes  et  lieux  du  diocèze  de  Car^^'^. 

Le  cinquièsme  mars  1661. 

En  foy  de  quoi  me  suis  signé. 


Collationé  sur  la  coppie  envoyée  aux  consuls  cVArgens  par 
le  scindyc  du  diocèzse  de  Car^^^  par  moy ,  Jean  Breil  notaire 
Royal  du  dict  Argens,  d  moy  exibée  par  Pierre  Fournial 
greffier  des  dits  consuls,  soubsigné  avec  moy,  en  foy  de 
quoy, 

Fournial,  greffier, 

Breil,  no'c^. 


Cinquante-six  ans  plus  tard,  une  princesse  deConty,  loin  de 
défendre  dans  ses  domaines,  comme  son  homonyme  et  parent, 
le  port  des  armes,  octroyait,  en  ces  termes,  la  permission  de 
chasser  sur  ses  terres. 

Marie-Anne  de  Bourbon,  U.  de  France,  Princesse  Première 
Douairière  de  Conty,  Princesse  du  sang.  Pair  de  France, 
Duchesse  de  La  Vallière,  Dame  des  Baronies  de  Pagny,  de 
Sillé-le-Guillaume,  de  Montmirail,  de  l'Isle  de  Rhuys,  etc., 
à  tous  ceux  qui  ces  présentes  lettres  verront,  salut. 

Estant  bien  informée  de  la  bonne  conduitte,  mœurs  et  capa- 
cité du  sieur  Claude  Henry  Musnier  de  Foncine,  prcstre, 
désirant   le  récompenser   des    services   qu'il    nous  a  rendus 

*  Caiciissoiinc. 

»  Archives  ilii  cliùloaii  do  Lu  Uoclu:lt(!-Maiil;iy  (Côlc-d'Oi). 

'•*  L.  Légitimée. 


EN  l'année  1787  173 

pendant  plusieurs  années  qu'il  a  esté  curé  de  Nostre  terre  et 
Baronie  de  Parpiy,  et  voulant  l'engager  à  nous  les  continuer, 
nous  lui)  avons  donné  et  accordé,  donnons  et  accordons  la 
qualité  de  nostre  premier  chapelain  avec  tous  les  droits  hono- 
rifiques ([ui  y  sont  attachez,  avons  permis  et  permettons  a  luy 
personnellement  et  sans  tirer  en  coyiséquence  pour  tout  autre, 
de  faire  porter  yiostre  livrée  à  deux  de  ses  domestiques,  cache- 
ter ses  lettres  de  nos  armes,  et  faire  chasser  dans  toutte 
l'estendue  de  nostre  terre  et  haronie  dePagny,  un  homme  avec 
son  valet,  et  lorsqu'il  voudra  aller  luy-même  en  personne  à  la 
chasse,  il  luy  sera  permis  de  pouvoir  y  mener  avec  luy  deux 
ou  trois  de  ses  amis,  sans  en  abuser,  n'y  porter  aucun  préju- 
dice à  ce  qui  est  laissé  aux  fermiers  par  leur  bail.  Tous  les  dicts 
droicts,  distinctions  et  prérogatives  ne  pouvant  tirer  à  aucune 
conséquence  pour  tout  autre,  mais  n'estant  accordez  qu'audict 
sieur  Musnier  de  Foncine  personnellement. 

Enjoignons  pour  cet  effet  à  tous  nos  officiers  le  laisser  et 
faire  jouir  paisiblement  de  tous  les  honneurs  et  privilèges 
contenus  en  ces  présentes;  et  de  les  faire  enregistrer  au  greffe 
de  Nostre  Justice,  lorsqu'ils  en  seront  requis,  ayant  voulu 
poiir  les  rendre  plus  authentiques,  les  signer  de  Nostre  propre 
Main,  y  faire  apposer  le  cachet  de  nos  armes  et  les  faire  con- 
tresigner pour  nostre  conseiller  ordinaire  et  secrétaire  de  nos 
co  mmandements . 

Faict  à  Paris  ce  treize  d'avril  mil  sept  cent  dix  sept,  signé 
sur  la  minute  : 

Marie- Anne  de  Bourbon,  L.  de   France, 

par  Madame  de  Percy. 

Collationné  par  nous  escuyer,  conseiller  secrétaire  du  Roy, 
maison,  couronne  de  France, 

Arthaud^ 

•  Archives  de  Wideville,  liasse  des  titres  de  i.i  baronie  de  Pagny-le-Chàtcau,  sise  en 
Bourgogne  entre  S'-Jean  de  Losnc  et  Senrre. 


174  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

((  Le  28  avril  1740,  Noble  Barthélémy  de  Donzeil,  écuyer, 
avec  MM'î  Jean  Desponts,  con^r  du  Roy,  lieutenant  principal 
au  comté  de  Gaure,  Antoine  Mellis,  proc"  du  Roy  en  l'élection, 
premier  consul,  Arnaud  Castarède  et  Jean  Laurens,  consuls, 
Jean  de  Bastard,  receveur,  et  autres,  se  réunirent  dans  la 
maison  commune  de  la  ville  de  Fleurance  pour  décider  que 
ladite  communauté  établiroit  un  bureau  de  direction  des 
pauvres  en  l'hôpital  St-Jacques  de  ladite  ville ^  ». 

Une  famille  Tison  d'Argence-,  originaire  de  l'Angoumois, 
noble  et  considérée,  existe  de  nos  jours.  Elle  a  une  bonne 
position  et  a  contracté  d'excellentes  alliances,  entr'autres  avec 
les  Joumard-des-Achart,  de  Vins,  de  Crancé,  Grailly,  i\Iont- 
ferrand,  etc.. 

Nous  ignorons  si  des  liens  d'origine  la  rattachent  aux  du 
Bruet,  ou  aux  Donzeil,  seigneurs  d'Argence. 

En  Normandie,  deux  maisons  d'Argence  existaient  avant 
1790  ;  l'une  dans  l'élection  de  Bernay,  possédait  la  seigneui'ie 
de  La  Rufïaudière,  dès  1667,  et  avait  pour  armes  :  une  lleur- 
de-lys  d'argent  sur  un  fond  de  gueules;  l'autre,  dans  le  diocèse 
d'Evreux,  ajoutait  le  nom  d'Origny  et  portait,  dans  ses  ar- 
moiries, trois  fermeaux  d'or  sur  fond  d'azur. 


'  Voir  à  l'A|i[iini{lice  :  m  F{eiiti's  faites  par  des  paitioilicrs  à  rhôpilal  di-  Flomance  ». 

'  l.'ôcussiiii  lies  risnii  (rArjrcncc  était  :  (l'or  à  deux  lions  passants  de  j^ueulc,  posés  riiii 
sur  l'autre,  au  lamliel  de  j;;upulc  chargé  en  chef  de  trois  pendants  du  même  ;  on  citait,  en 
Angouniois,  le  distique  suivant  :  «  Les  Acliaiis,  les  Tisons,  les  Voisins,  du  pays  ont 
chassé  les  Sarrasins  ». 


EN  l'année  1787  175 


LA  PLUME 


LE  S.  DE  LA  ROCHE-BOUSGAT 

La  Plume,  chef-lieu  derarchiprôtré  de  Bruilhois,  au  diocèse 
de  Condom,  possède  une  église,  fondée  en  1511,  par  no])le 
Pierre  de  S^-Cyr,  architecte,  et  qui  fut  construite  en  trente 
ans.  Le  clocher  forme  une  tour  carrée  à  la  base,  et  octogone  au 
sommet.  La  nef  comprend  quatre  travées,  dont  les  trois  su- 
périeures sont  bordées  de  chapelles  latérales.  Les  voûtes  sont 
en  étoiles  et  les  croisées  en  ogivesi. 

Benoit  de  La  Roche  de  La  Montjoie  faisait  partie,  le  '26 
avril  1572,  de  la  compagnie  de  Fabien  de  Monluc,  seigneur  de 
Montesquiou,  qui  la  commandait  par  suite  du  congé  pris,  ce 
jour-là,  par  le  capitaine  Biaise  de  Monluc. 

Jean  de  La  Roche  était  bailli  de  Bruilhois  sous  Henri  IV. 

Monsieur  du  Bouscat  figurait  sur  le  rôle  de  la  noblesse, 
réunie  le  14  novembre  1612,  sous  le  commandement  de  Mon- 
seigneur le  Prince,  et  conduite  par  Monsieur  de  Bazillac. 

Noble  Jean-Clair  de  La  Roche,  sieur  du  Bouscat  et  de 
Dieuzaire,  fils  de  noble  Daniel  de  La  Roche-Bouscat,  écuyer, 
et  de  Charlotte  de  Bonnaire,  épousa,  le  27  janvier  1629, Marie 
de  La  Forcade,  fille  de  Bernard  de  La  Forcade-La-Prade  -,  et 
de  Cécile  du  Drot. 


'  Architecture  religieuse  île  TAgenais,  par  Tholin. 

5  Blason  des  La  Forcade-La-Prade  :  Ecarlelé  au  \"  d'argent  au  lion  de  gueules,  armé 
et  lampassé  de  sable,  aux  2"  et  3»  d'azur,  à  3  étoiles  d'or,  posées  2  et  1,  au  4»  d'argent, 
à  3  bandes  de  gueules.  (Armes  enregistrées  à  Condom,  le  21  février  1698.) 


AHQ  xNOBLESSE  DE   LOMAGNE 

Le  sieur  de  La  Roche  assista  à  l'Assemblée  générale  des 
trois  ordres  de  la  sénéchaussée  de  Lectoure,  le  16  mars  1789, 
où  il  siégeait  avec  la  noblesse.  ^ 

Ses  armes  étaient  :  d'az^ur  au  chevron  d'or  accompagne  de 
trois  trèfles  de  même,  deux  en  chef,  un  en  pointe. 


EN  l'année  1787  177 


LA  PLUME 


LE  S.  PRADAS 

La  famille  de  Varagne  du  Pradas,  originaire  du  Languedoc, 
descendait  de  Raymond  du  Rousquet,  qui  vivait  dès  l'an 
1008,  de  Rernard  du  Fossat,  dont  il  est  fait  mention  vers 
1090,  de  Guillaume  de  Gardouch,  signataire  d'un  acte,  en 
1153,  avec  son  frère  Raymond  de  Gardouch,  et  enfin  de  Rer- 
Irand  de  Varagne  et  d'Armand  de  Vasiège,  qui  testèrent  en 
1162  et  1184.  " 

Les  branches  de  Gardouch,  de  Ries  et  de  Vasiège  s'éteigni- 
rent successivement  ;  les  Varagne,  titrés  marquis  de  Rélesta, 
se  sont  seuls  perpétués. 

Leurs  armes  étaient  :  d'or  à  la  croix  de  sable  ^,  avec,  comme 
supports,  deux  guerriers  des  croisades,  revêtus  de  leur  dalma- 
tique  chargée  des  pièces  de  l'écusson  et  portant  un  étendard 
ainsi  timbré  ;  la  devise  est  :  Nulli  cedo. 

Le  cri  de  guerre  :  Deo  juvante. 

Enfin  le  cimier  est  un  griffon,  issant  d'un  casque  ouvert. 

Souvent  on  trouve  l'écu  mis  en  bannière,  et  sommé  d'une 
couronne  ducale. 

Cette  ancienne  et  illustre  maison  a  possédé  des  terres  con- 
sidérables dans  les  temps  les  plus  reculés,  et  a  eu  les  meilleures 
alliances. 

Rertrand  de  Varagne  et  Guillaume  de  Vasiège,  son  frère, 
passèrent,  en  1130,  un  traité,  portant  promesse  de  ne  céder  à 

'  L'armoriai  de  S'-Allais  et  le  nobiliaire  Toulousain  deBrémond  donnent  à  la  famille  des 
Baragnes  de  Bélesta  [sic)  du  Languedoc,  l'écusson  suivant  :  d'azur  à  la  croix  d'or  chargée 
d'une  croix  de  sable. 

12 


178  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

personne  la  ville  de  Vasiège,  afin  d'assurer  à  leur  postérité  la 
perpétuité  de  la  possession  de  cette  seigneurie. 

Guillaume  de  Varagne  (1224)  fut  le  père  de  Gauffrid  de 
Varagne,  gouverneur  de  Carcassonne ,  avant  1271,  et  de 
Florent  de  Varagne,  amiral  du  Roi,  en  cette  même  année. 

Roux  de  Varagne  assista  à  la  septième  croisade  entreprise 
sous  le  pontificat  d'Innocent  IV  (1248  y. 

Rertrand  de  Varagne- Vasiège  donna  en  1280,  des  coutumes 
à  la  ville  de  Gardouch;  il  avait  épousé  Raymonde  de  Villars. 
Leur  fils  Bertrand,  seigneur  de  Ceyré,  Fanjaux,  etc.,  ayant  eu 
des  démêlés  avec  Gaillard  et  Guillaume  de  Varagne,  ses  cou- 
sins, les  tua  en  duel  (1307),  et  se  retira  à  Majorque,  pour  fuir 
la  colère  du  roi  Philippe-le-Bel  ;  il  obtint  sa  grâce  plus 
tard  et  mourut  vers  1327. 

Bernard  de  Varagne,  seigneur  de  Gardouch,  Reneville- 
Lagarde ,  Villefranche  ,  Saint-Rome ,  Viellevigne ,  Ceyré , 
Montferrand,  Vignonet,  Saint-Félix,  Rével,  Sorèze,  etc.,  fut 
gouverneur  de  S^-Riquier  ;  il  avait  réuni  une  collection  assez 
considérable  de  manuscrits  qu'il  légua,  par  son  testament, 
fait  en  1341,  à  trente  jeunes  filles  pauvres,  pour  être  dotées 
avec  le  produit  de  la  vente  de  cette  bibliothèque. 

Jean  de  Varagne  fut  viguier  et  capitoul  de  Toulouse, 
en  1412. 

Gaillard  II  de  Varagne,  baron  de  Bélesta,  Roqueville,  Lam- 
paud,  Mourvilles,  Gardouch,  rendit  hommage  pour  ses  fiefs,  à 
Louis  XI,  le  7  juin  1463,  dans  la  salle  de  la  trésorerie  de 
Toulouse,  où  le  Roi  était  logé.  Son  petit-fils.  Gaillard  IV  de 
Varagne-Bélesta,  devint  chevalier  de  l'Ordre. 

Dans  la  compagnie  d'ordonnance  du  comte  de  Tende,  à  la 
bataille  de  Marignan,  et  combattant  près  de  François  Icr,  se 
trouvaient  Jean  de  Varagne,  Michel  de  Redon,  Jean  de  Fla- 
niarens,  Antoine  de  Raymond,  Etienne  de  Mellet,  Jacques  de 
Montault  et  les  deux  frères  de  Biaise  de  Monluc,  Jean  et 
Joachim^.  « 

'  Musée  de  Versailles.  M 

*  J.  de  Bourrousse  de  Laffore. 


■m- 
'A 


EN  l'année  1787  179 

Jean  de  Varagne-Bélesta,  capitaine  d'une  compagnie  de  cent 
hommes  d'armes,  gentilhomme  de  la  chambre  du  Roi,  sei- 
gneur de  Gardouch,  Morville,  Agux,  Trémoulet,  les  Cassés, 
etc.,  assista  au  siège  de  Metz,  à  la  prise  de  Calais  sur  les 
Anglais,  à  la  bataille  de  Dreux  et  à  l'expédition  faite,  en  1558, 
par  le  duc  de  Guise  dans  la  Picardie  et  le  Luxembourg.  Il 
devint  capitaine  de  cent  hommes  d'armes  et  gentilhomme 
ordinaire  de  la  chambre  du  roi  Charles  IX. 

Il  avait  épousé,  le  23  novembre  1574,  Anne,  fille  de  Jean, 
baron  de  Bazillac^  et  d'Anne  de  Rochechouart  ;  les  religion- 
naires  l'assassinèrent  dans  son  château  de  Bélesta,  au  mois 
d'octobre  1585. 

Louis  de  Varagne,  baron  de  Bélesta,  marquis  de  Gardouch 
et  de  Massanès,  fut  nommé  capitaine  de  chevau-légers,  à  l'âge 
de  25  ans  (1650). 

Son  fils,  Charles  de  Gardouch-Bélesta,  page  du  Roi  à  la 
Grande-Ecurie,  cornette  au  régiment  Royal-Roussillon,  capi- 
taine de  cavalerie  dans  celui  de  Monseigneur  le  Dauphin, 
devint  mestre  de  camp  en  1675. 

Jean-Sébastien  de  Varagne,  chevalier  de  Malte,  enseigne  au 
régiment  de  la  Marche-Infanterie  (1712),  puis  capitaine  au  même 
régiment  (1714),  fit  les  campagnes  de  Pologne  et  de  Dantzic  ; 
on  le  nomma  bailli,  grand-croix  de  l'Ordre  de  Malte,  le  18 
décembre  1759. 

Jean-Charles  de  Varagne,  marquis  de  Gardouch,  seigneur 
de  Bélesta,  Beaupui,  Brignamont,  Stramiac,  Cépet-Labastide, 
St-Sernin,  Villariès,  Fignan,  Bar,  S^-Clément,  Cazillac,  co- 
seigneur  de  la  ville  de  Brives  en  Limousin,  après  avoir  été 
page  du  Roi,  en  1715,  cornette  au  régiment  d'Anjou-cavalerie, 
épousa,  vers  1724,  Marie-Thomasse  de  Julliard,  fille  de  mes- 
sire  François  de  Julliard  et  de  Marie  de  Thésan^. 

'  Armes  des  Bazillac  :  Ecartelé  aux  l"  et  4«  de  gueules  à  un  aiiille  d'argent,  aux  2«  et 
3«  d'azur  au  lion  d'or  (alias),  aux  l*'  et  4«  d'argent  au  lion  d'azur,  aux  2«  et  3*  d'or  à 

l'anillet  de  gueules. 

*  Armes  des  Thésan  de  Lescout,  de  Biiau  et  de  S'-Christeau  :  d'azur  à  l'aigle  d'argent  ; 
d'autres  Thézan  portent  :  ecartelé  d'or  et  d'azur. 


180  >;OBLESSE   DE   LOMAGNE 

Le  2  août  1742,  Louis-Hippolyte  de  Varagne-Bélesta-Gar- 
douch,  était  chevalier  profez  de  l'ordre  de  SMean  de 
Jérusalem  en  l'Hôtel  Prieural  de  Toulouse. 

François  de  Varagne-Gardouch,  marquis  de  Bélesta,  seigneur 
de  Grozon,  Artois,  Poulmic,  Rosmadec,  etc.,  entra  dans  les 
Mousquetaires  du  Roi,  en  1745  ;  enseigne  de  la  compagnie 
des  Gendarmes-Berry,  cornette  de  la  compagnie  des  chevau- 
légers  d'Orléans,  il  était  appelé  le  comte  de  Bélesta,  et  épousa 
le  15  juin  1752,  par  contrat  signé  du  Roi  et  de  la  famille 
Royale,  Marie-Marguerite-Charlotte,  née  le  20  septembre  1728, 
fille  de  François-Louis-Emmanuel  de  Rousselet,  marquis  de 
Chàteau-Regnauld  en  Touraine,  premier  baron  de  la  province, 
lieutenant-général  de  la  Haute-Bretagne,  vice-amiral,  com- 
mandant de  toutes  les  côtes  maritimes,  clievalier  des  Ordres 
du  Roi,  grand-croix  de  S^-Louis  et  enfin  maréchal  de  France ^ 
Après  sa  mort,  Anne-Julie  de  Montmorency-Fosseux,  sa  veuve, 
fut  nommée,  en  1750,  dame  de  Madame  Henriette. 

^la rie-Charlotte  de  Varagne  de  Gardoucb,  femme  de  Cliarles 
de  Preissac,  vicomte  d'Esclignac^  était  en  1768,  dame  pour 
accompagner  Madame  Adélaïde. 

Le  marquis  de  Gardouch  de  Bélesta,  mestre  de  camp  de 
cavalerie,  premier  capitoul-gentilhomme  de  Toulouse,  compa- 
rut (1789),  à  l'Assemblée  de  la  Noblesse  de  cette  sénéchaussée. 
La  même  année,  le  baron  de  Bélesta  lit  partie  de  la  réunion 
des  trois  ordres  des  pays  et  jugerie  de  Gaure  et  Rivière- Verdun 
pour  sa  terre  de  Mazeret. 

La  famille  de  Gardouch-Varagne  avait  donné  à  Toulouse 
plusieurs    consuls     et    capitouls,  entr'autres    Guillaume   de 

'  François-Louis  de  Rousselet.  comte  de  Grozon,  Marquis  de  Chàteau-Regnauld,  Maré- 
chal de  France,  était  fils  du  Marquis  de  Château-Renauld  (marié  avec  M"»  de  La  Porte, 
fille  du  Comte  d'Artois),  et  frère  de  M"«  de  Rousselet,  qui  épousa  en  1710,  le  Comte  de 
Matignon.  Le  Maréchal,  veuf  d'une  Noailles,  se  remaria  en  1724,  avec  M"">  de  Montmo- 
rency-Fosseux. Leurs  enfants  furent  :  la  Marquise  de  IJélcsta  et  Emilie-Sophie,  devenue 
femme  de  Jean-Raptiste-Charles,  comte  d'Estaing,  chevalier  des  ordres  du  Roi,  licutcnan 
général  de  ses  armées  et  commandant  général  par  mer  et  par  terre,  dans  les  lies  sous  le 
Vent.  {Archives  de  Magnas).  Les  armes  des  Rousselet  de  Chàteau-Regnauld  étaient  :  d'or  à 

un  arbre  de  sinople,  fruité    d"or. 

i 


E.\  l'année  1787  481 

Gardouch  (1197),  Arnaud  de  Varagne  (1219),  Bernard  (1220), 
Jean  (1412)  ;  ce  dernier,  viguier  de  la  ville,  fut  enseveli  dans 
le  chapitre  des  Pères-Jacobins. 

Les  principales  alliances  de  la  maison  de  Gardouch- Vara- 
gne-Bélesta  ont  été  avec  les  Garmain,  Puybusque,  d'Astorg, 
Villars,  La  Tour-Laurac ,  Verniolle ,  de  Vaure-Lavaur , 
d'Escassès  ,  d'Hautpoul,  Mirepoix,  Gasc,  Château- Verdun, 
Gastillon,  Méritens,  Vaudreuil^,  Manse,  Yilleneuve-Grouzillac, 
Peytes,  Rouaix,  Plagnolle,  Roqueville,  Montesquieu,  Gavarret, 
Montauriol,  d'Elpech-Gugnac,  Thury,  S^-Germain,  Gheverry- 
la-Réole,  Tauriac,  La  Bastide,  Morlhon,  d'Arjeac,  Roquefort- 
de-Salles,  Prohenques,  Preissac-d'Esclignac,  Lautrec-Toulouse, 
Basillac,  Lordat,  etc. 


182  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


LA  PLUME 


LE  S.  BERNARD  DU  TUCO 

Les  du  Bernard,  ou  du  Bernât,  de  Lagrange,  de  Lécussan, 
du  Barthès  et  de  S^  -  Lary  sont  originaires  de  La  Plume  en 
Bruilhois,  où  ils  possédaient,  depuis  1500,  la  seigneurie  du 
Tuco.  Dans  le  procès-verbal  de  l'Assemblée  des  trois  ordres 
réunis  à  Lectoure,  le  16  mars  1790,  Monsieur  de  la  Grange  du 
Tuco  était  procureur  fondé  de  Monsieur  du  Bernât  de  la 
Grange,  son  père. 

Etienne  de  Bernard,  sieur  du  Tuco,  en  la  commune  de  La 
Plume,  conseiller  et  procureur  du  Roi  à  l'élection  d'Agenais, 
devint  seigneur  haut-justicier  de  Plaichac,  par  l'acquisition 
qu'il  fit  de  ce  fief  à  la  famille  de  Secondât,  au  xvF  siècle.  Peu 
d'années  après,  les  consuls  de  La  Plume  et  Jean  de  La  Roche, 
bailli  de  Bruilhois,  députèrent  à  Paris,  Guillaume  de  Gaptan, 
lieutenant-général  dudit  bailliage ,  et  obtinrent  des  lettres- 
patentes,  en  vertu  desquelles  Henry  IV,  roi  de  France,  «  retraijait 
i>  ladite  seigneurie  de  Plaichac  par  droit  féodal  et  puissance  de 
»  fief,  en  sa  qualité  de  vicomte  de  Bruilhois,  et  comme  tel, 
t>  seigneur  dominant  de  Plaichac,  et  VajoUtait  aux  paroisses 
»  de  La  Plume  ^  ». 

Noble  Etienne  de  Bernard,  sieur  du  Tuco,  marié  le  8  janvier 
1706,  avec  Marie-Anne  de  i^arroudé  de  Lécussan,  eut  deux 
fils  :  Messire  François  de  Bernard,  écuyer,  seigneur  de  Lécus- 
san et  de  Rozès,  co-seigneur  de  Dolmayrac,  officier  dans  le 
régiment  d'Aunis,  et  Messire  Joseph  de  Bernard,  sieur  de  La 
Grange,  seigneur  du  Tuco,  premier  consul  de  La  Plume. 

'  J   (le  Bourrousse  deLafforc. 


i 


EN  l'année  1787  183 

Les  armes  des  Bernard  (du  Périgord  et  du  Limousin; 
étaient  :  de  gueules  au  chevron  d'or,  au  chef  d'argent,  chargé 
d'un  croissant  de  gueules,  accompagné  de  deux  étoiles  de 
même. 

Les  branches  de  Lécussan  et  du  Tuquo  (ou  Tuco;  écarte- 
laient  :  d'argent  à  une  roue  de  six  rais  de  sable,  au  chef  d'azur, 
chargé  de  trois  étoiles  d'or,  qui  est  de  Larroudé. 

Enfin  les  Bernard  d'Astugues  portaient  :  trois  cors  de  chasse 
de  gueules  liés  d'argent,  posés  deux  et  un,  sur  fond  d'or. 

Les  Bernard  du  Tuco  et  de  Lécussan  ont  compté  parmi  les 
membres  de  leur  famille  :  un  capitaine,  sous  François  I^r,  un 
lieutenant  du  bailli  de  Bruilhois  sous  Louis  XIV  ;  plusieurs 
consuls  de  La  Plume  ;  un  capitaine  au  régiment  de  Roquelaure 
en  1668  ;  un  lieutenant-colonel  de  cavalerie  en  1715  ;  des 
lieutenants  au  régiment  du  Médoc,  d'Aunis,  de  Cotentin,  de 
Bourbonnais,  d'Artois,  de  Forez,  et  plusieurs  chevaliers  de 
S'-Louis. 

Ils  se  sont  alliés  aux  La  Brunetière,  Bayle  de  Latuque, 
d'Aignan,  de  Molinis,  de  Bandinelli,  de  Piens,  de  La  Roche,  de 
Monbet,  de  Coquet,  de  Touton  de  Bax,  de  Larroudé,  de 
Bonnefous-la-Garenne,  de  Bonnot-de-S*-Maurice,  de  Montagu- 
Mondenard,  de  Fumel-Roquebrune,  de  Fabri-d'Augé,  d'Ay- 
renx-Baultian,  etc. 


184  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


LA  PLUME 


LE  S.  DE  LA  MOTHE 

Le  nom  de  La  Mothe,  ou  la  Motte,  est  très  répandu  dans  le 
Sud-Ouest  de  la  France  ;  en  Guyenne  seulement;,  on  trouve 
La  Mothe-Bardigues,  La  Mothe  d'Ysault,  la  Motte-Teste,  La 
Mothe-Terrebren,  La  Mothe-Bézat,  La  Motlie-St-Géry,  La  Mothe 
Fortet,  La  Mothe-Gondrin,  La  Mothe-Ando,  La  Motte-Daurée, 
La  Mothe-Podens,  La  Mothe-Bonnet,  La  Mothe-d'Ante,  La 
Mothe  S^-Héraye,  La  Motte-Prades,  La  Mothe-Manas,  La 
Mothe-Thermes,  La  Mothe-Pardies  et  quantité  d'autres. 

Vers  1407,  Bertrand  de  La  Mothe,  seigneur  de  Bruch,  fut 
surpris  par  Jean  de  Ferréol  et  détenu  sept  ans  dans  une  basse 
fosse.  Délivré  par  Pons  de  Castillon,  il  fit  cession  de  son  fief  à 
son  libérateur  ^ . 

Anne  de  Lamothe  épousa,  le  26  janvier  1509,  Antoine  de 
Ghamborel. 

Son  père,  Bernard  de  La  Mothe,  mari  de  Béatrix  de  Par- 
daillan"^,  était  neveu  et  héritier  du  maréchal  Pothon^  de 
Saintrailles*. 

Le  5  mai  1580,  Pierre,  baron  d'Ossun,  légua  par  testament 

'  Did.  (le  l'Air,  de  Nérac,  par  Samazeuilli. 

*  Aiincs  des  Pardaillan  :  d'argent  à  3  lasces  ondées  d'azur.  Les  Pardaillan-r.oiniriii 
portaient  :  aux  1*''  et  4*  d'or,  à  la  tour  de  gueules  maçonnée  de  sable,  donjonnée  de  8 
pièces,  surmontée  de  3  tètes  de  more  de  sable,  tortillées  d'argent,  qui  est  de  Castillon  ; 
aux  2»  et  3«  de  Pardaillan  ancien. 

^  DIct.  de  l'Arr.  de  Nérac,  par  Samazeuilh. 

*  .\rmes  des  Xaintrailles  :  aux  l"  i;t  i»  d'argent  à  la  croix  alaisée  <le  gueules,  aux  "2» 
et  3"  de  gueules  au  li'Ui  d'argent. 


Ex\  l'année  1787  185 

(c  huit-vingt  écus  sol  »  à  noble  Hector  de  La  Mothe,  son  page 
et  son  parent. 

A  l'Assemblée  de  la  Noblesse  tenue  à  Condom,  le  9  mars 
1789,  on  trouve  deux  sieurs  de  La  Mothe  ainsi  désignés  : 
La  Mothe  père,  La  Mothe  fils. 

Monsieur  de  La  Mothe,  seigneur  de  La  Tour  de  Montfaucon, 
et  Monsieur  de  La  Mothe-Fortet  parurent  à  la  réunion  géné- 
rale des  trois  ordres,  séant  à  Gahors,  le  16  mars  1789,  où  le 
sieur  de  Nucé  était  aussi  appelé  seigneur  de  La  Mothe. 

Monsieur  de  Redon  de  la  Pujade  était  porteur  de  la  procu- 
ration du  président  d'Aguin  pour  la  seigneurie  de  La  Mothe, 
à  l'Assemblée  des  Nobles  du  Gondomois  et  du  pays  de  Gaure, 
le  7  avril  1789. 

Les  La  Mothe  d'Isault,  de  Pardies  et  de  Terrebren  avaient 
pour  armoiries  :  trois  cyprès  de  sinople  terrassés  de  même, 
posés  en  pal,  sur  fond  d'argent. 

Les  La  Mothe-Teste  portaient  :  parti,  au  premier  d'azur  au 
lion  contourné  d'or,  au  deuxième  de  gueules  à  la  colonne 
d'argent. 


186  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


LA  PLUME 


LE  S.  BOUDON  DE  LA  COMBE 

dc  André  I^r  de  Lacombe,  capitaine,  Tobie  de  Lacombe, 
André  II,  capitaine,  et  André,  sieur  de  Lacombe,  cadet  et 
gentilhomme,  étaient  tous  qualifiés  nobles.  Jean  de  Boudon, 
^ur  de  l'Hoste,  fut  membre  des  deux  Assemblées  de  la 
Noblesse  d'Agenais,  du  Gondomois  et  de  la  Gascogne,  pour  le 
ban  et  l'arrière-ban,  en  1536  et  1542.  Il  fournit  à  chacune 
d'elles  archers  et  combattants^.  » 

Jehan  de  Boudon,  écuyer,  sieur  de  Pompéjac,  en  la  juridic- 
tion de  Galapian  d'Agenais,  fils  de  Michel  de  Boudon,  écuyer, 
sieur  de  l'Hoste,  et  de  Gabrielle  d'Estuer,  fut  capitaine  des 
gardes  du  Maréchal  de  Biron  et  tigura  comme  homme  d'armes 
dans  le  rôle  des  60  lances  sous  la  charge  du  prince  de  Navarre, 
qui  firent  montre  le  10  janvier  1571. 

Le  roi,  par  l^revet  du  8  janvier  1600,  lui  permit,  en  consi- 
dération de  ses  services,  «  de  chasser  et  de  faire  chasser  ses 
domestiques  dans  ses  terres  et  aux  environs.  »  Il  était,  en  1600, 
seigneur  de  la  Boque-David  ,  dans  la  juridiction  de 
Montflanquin,  et  avait  épousé  Suzanne  de  Peyronny-. 

Magdeleine  de  Tarraut,  veuve  de  Barthélémy  I^r  de  Boudon, 
écuyer,  sieur  de  Lacombe,  premier  consul  d'Aiguillon,  de 
1667,  à  1668,  capitaine,  maintenu  dans  sa  noblesse  par  M. 
Bazin  de  Bezons,  le  23  avril  1698,  et  par  M.  de  La  Bour- 
donnaye,  intendant,  le  8  octobre  1704,  transigea  avec  son 
fils,  André,  le  24  avril  1710. 

Michel-Mathieu  de  Boudon  de  La  Gombe,  capitaine  de 
dragons,  chevalier  de  S*-Louis,  fit  élever  son  fils,  Etienne- 
Jean-Baptiste  de  Boudon  de  La  Gombe  (dit  de  Flaville),  au 
nomljre  des  pages  de  Monseigneur  le  comte  d'Artois,  en  1781. 

Félix  de  Boudon  de  La  Gombe,  seigneur   de   La   Grassière, 

'  Documents  |iarliculiers. 
*  A.  Magen. 


I 


EN  l'année  1787  187 

La  Lande,  chevalier  de   S*^-Louis,    fut  capitaine  d'infanterie 
dans  les  régiments  de  Talaru  et  de  Mailly. 

Cette  famille,  encore  existante,  a  donné  sept  capitaines  et 
chevaliers  de  S^-Louis  et  un  officier  supérieur  de  cavalerie, 
chevalier  de  S^-Louis  et  de  la  Légion  d'honneur  *. 

En  1787,  Monsieur  de  Lacombe,  qualifié  de  secrétaire  du 
Roi,  faisait  partie  de  la  cour  des  aides  de  Montauban. 

Marc-Antoine  Boudon  de  Lacombe  se  fit  représenter,  en 
mars  1789,  à  l'Assemblée  de  la  Noblesse  d'Agenais,  par 
Mathurin  de  Galibert-S^-Avid,  maréchal  de  camp. 

Dans  son  ouvrage  sur  V Architecture  religieuse  en  Agenais, 
Monsieur  G.  Tholin  cite,  dans  le  chœur  de  l'ancienne 
cathédrale  de  S'-Etienne  d'Agen,  le  tombeau  d'un  sieur  de 
Lacombe  ;  ce  monument  disparut  avec  l'église,  dont  la  des- 
truction décrétée  le  l^''  Prah^al  an  VI,  fut  achevée  vers 
18362. 

Les  Boudon  de  Pompéjac  et  du  Pin,  parents  des  d'Estuer, 
seigneurs  de  Galapian,  s'étaient  éteints  dans  les  Boudon  de 
S^-Pierre,  alliés  à  la  grande  maison  de  Ghasteigner^. 

Les  armes  des  Boudon  de  S^-Amans  étaient  :  lozangé  d'or 
et  d'azur  ;  les  branches  des  Lacombe  et  Pompéjac  portaient  : 
d'argent  au  chevron  de  gueules,  accompagné,  en  chef  de  sept 
étoiles  d'azur,  posées  en  pal,  trois  de  chaque  côté  et  une 
au-dessus  du  chevron,  et  en  pointe,  d'une  colombe  (ou  mer- 
lette)  du  même.  Supports  :  deux  lions. 

Les  alliances  de  cette  famille  ont  été  avec  les  Bouthier, 
Montméjean,  d'Orliac,  Bonnefoux,  de  Merle,  du  Barry,  de  la 
Fitte-Garrigue,  du  Fort,  de  Brienne,  de  Méalet,  de  La  Borie- 
St-Sulpice  ,  d'Aulnix-Tasseran  ,  de  Galibert-St-Avid ,  de 
Boucher-S^-Ciers,  de  Frère-Peyrecave-Montaignac,  de  Gaze- 
nave-Montpeyroux,  du  Bernat-Montmège,  etc. 

'  Etat  de  la  noblesse  de  la  Sénéchaussée  d'Agen,  en  1717,  par  J.  de  Bourrousse  de 
Laffore.  {Revue  d'Agenais  1885). 

'  La  généalogie  de  la  famille  de  Boudon  de  Lacombe  a  paru  dans  le  tome  ii,  du  nob. 
de  Guienne  et  de  Gascogne,  pages  276  à  284. 

3  Revue  de  l'Amenais.  Armes  des  Chasteigner  :  d'or  au  lion  posé  de  sinople.  (Rietstapp), 
alias,  d'or  au  lion  léopardé,  arrêté  de  sinople,  orné  et  lampassé  de  gueules.  (Gourdon  de 
Genouilhac). 


188  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


LAYRAC 


LE  S.  DE  LASCABAN 

Le  nom  patronymique  de  cette  famille  est  Ghollet  de  Las- 
caban.  Elle  possédait  les  seigneuries  de  Lausseignan  et 
de  Commère,  en  Gascogne. 

Messire  François-Henri  Ghollet  de  Lascaban  (fils  de  N. 
Ghollet  de  Lascaban,  vivant  avant  l'année  1693),  fut  trésorier 
de  France.  11  avait  épousé  Françoise  de  Soustras,  et  mourut  à 
Layrac,  le  2  mars  1781. 

Noble  Messire  Etienne  Ghollet  de  Lascaban,  seigneur  de 
Gommère,  ancien  capitaine  d'infanterie  au  régiment  de 
Béarn,  chevalier  de  S*- Louis,  gouverneur  de  Layrac,  et 
subdélégué  de  l'intendant  d'Auch  au  département  de  cette 
ville,  fut  marié,  en  1763,  avec  dame  Gabrielle-Elisabeth- 
Jacquette  du  Rivau. 

Leur  fille,  Gabrielle-Mai^guerite-Rosalie  Ghollet  de  Lasca- 
ban, contracta  union  le  10  décembre  1787,  avec  Messii'e 
Joseph-Denis  de  Métivier^,  vicomte  seigneur  de  S'-Pau, 
ancien  garde  du  corps  du  Roi,  fils  de  Glaude,  vicomte  de 
Métivier,  ancien  premier  jurat-gentilhomme  de  la  ville  de 
Bordeaux,  et  de  défunte  dame  Marie  de  Gauffreteau  de 
Ghàteauneuf^. 

Jean-Baptiste  Ghollet  de  Lascaban,  écuyer,  était,  en  1759, 
capitoul  de  Toulouse. 


'  Armes  dos  Métivier  :  craziir  ;\  la  gorbe  d'or,  liée  de  sinoplc.   au  chef  d'or,  chargé  de 
deux  fleurs  de  pavot,  di;  gueules. 

*  Nobiliaire  de  Guienne. 


I 


EN  l'année  1787  489 

Dans  le  procès-verbal  de  l'Assemblée  des  sénéchaussées 
réunies  d'Armagnac  et  de  l'Isle-Jourdain,  en  la  salle  du 
gouvernement  de  Lectoure,  le  16  mars  1789,  Monsieur  de 
Lascahan  réunit  avec  Monsieur  de  Vie,  la  pluralité  des  suf- 
frages, pour  la  nomination  des  secrétaires  pris  dans  l'ordre  de 
la  Noblesse. 

Un  an  plus  tard,  à  l'Assemblée  des  trois  ordres  tenue  en  la 
même  ville,  Monsieur  de  Lascaban  était  procureur-fondé  de 
Monsieur  de  Garbonneau  et  du  marquis  de  Galard,  baron  de 
Magnas. 

Un  dénombrement,  daté  de  Layrac,  du  30  décembre  1748, 
porte,  sur  un  sceau  ovale  en  cire  rouge,  les  armes  de  Messire 
Jean-Baptiste-Chollet  de  Lascaban,  seigneur  de  Commères, 
qui  sont  *  :  d'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  en  chef,  d'un 
croissant,  et  en  pointe  d'une  grappe  de  raisin  du  même  ; 
timbré  d'une  couronne  de  comte,  supporté  à  dextre  d'un 
homme,  et  à  senestre,  d'une  femme  sauvages 2,  le  tout  posé 
sur  une  terrasse.  (Sceaux  des  Basses-Pyrénées,  par  Raymond). 


'  Le  nobiliaire  Toulousain,  par  Rréniond,  donne  aux  Chollet  de  Lascaban  un  blason 
quelque  peu  différent  :  d'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  en  chef  d'un  croissant,  accosté 
de  deux  mouchetures  d'hermine,  d'argent  ;  en  pointe,  d'un  raisin  d'or,  au  chef  coupé 
de  Languedoc. 

'  Ou  de  carnation 


190  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


LAYRAC 


LE  S.  DE  MARTRES 

L'abbé  Raymond  de  Martres  fut  promu  au  siège  épiscopal 
de  Rayonne,  en  1120,  et  reçut,  à  St-Sever-Cap,  une  donation 
importante  du  duc  Guillaume,  en  présence  de  Geoffroy  de 
Roquefort. 

Pierre  de  ^Martres  rendit,  l'an  1274,  une  sentence  arbitrale 
entre  le  commandeur  d'Argentens  et  Bertrand  de  Goalard, 
«  pour  raison  du  différend,  qui  estoit  entr'eux,  d  cause  des 
terres  de  Maupas  et  bois  d'Espiens  dans  la  paroisse  de  Saint- 
Vincent-de-Padieryi,  rettenue  par  Debruc,  notaire  deNérac^.  » 

Manaud  (ou  Menaud)  de  Martres  de  Ste-Golombe,  évêque 
de  Tarbes,  puis  de  Couserans,  mort  à  Coulommiers,  le  8 
décembre  1548,  avait  joué  un  rôle  important  dans  les  affaires 
de  France  en  Italie,  où  il  s'était  rendu  avec  Lautrec  et  Lescun. 
Quand  ce  dernier,  devenu  Maréchal  de  France,  eût  été  nommé 
gouverneur  du  Milanais,  Manaud  de  Martres  présida,  au  nom 
du  Roi,  les  affaires  ecclésiastiques  du  duché  ;  mais  sa  hauteur 
lui  aliéna  la  Cour  romaine,  et  il  dut  rentrer  en  France  vers 
1522.  Ses  armes  étaient  :  d'azur  à  une  martre  d'hermine. 

Raymonde  de  Martres  s'unit,  le  20  avril  1563,  avec  Jean- 
Alexandre  de  Lasseran%  seigneur  de  Mansencôme,  Moncla 
et  La  Tour. 

Marguerite  de  Martres,  dame  de  la  Salle  et  de  La  Roque, 
mariée  avec  messire  Antoine  de  la  Duguie ,   chevalier ,  sei- 

'  Archives  de  Magnas. 

•  Armes  des  Lasseran  :  d'argent  à  la  fasce  de  gueules,  chargée  de  deux  tours  d'or. 


EN  l'année  1787  191 

gneiir  du  Bosc  et  de  Noaillac,  eut  une  fille  unique  qui  épousa, 
le  6  décembre  1587,  au  château  du  BosC;,  près  de  Tournon  en 
Agenais,  Jehan  1^''  de  Vivant,  seigneur  de  Doyssat^ 

Jean  de  Mauléon,  seigneur  de  Francon,  épousa,  le  15  no_ 
vembre  1592,  Geneviève  de  Martres.  Leur  fille,  Marie  de 
Mauléon,  fut  mariée  avec  Urbain  de  Noé,  gouverneur  des 
Quatre-Vallées,  nommé  le  3  mars  1607,  mestre-de-camp 
d'un  régiment  d'infanterie. 

Pierre-Paul  de  Martres,  seigneur  de  Martres,  Haumont,  et 
Ganties,  était,  en  1636,  capitoul  de  Toulouse. 

Paul  de  Martres,  seigneur  de  Benque  et  de  Gélat,  capitoul 
en  1646,  et  Alexandre  de  Martres,  seigneur  de  Haumont,  don- 
nèrent, le  7  avril  1689,  le  dénombrement  de  leurs  fiefs  nobles 
et  furent  maintenus  dans  leur  noblesse  par  ^I.  Langlois, 
intendant  de  la  Généralité  de  Montpellier,  le  29  mai  1715. 

Jean  et  Pierre  de  Martres,  seigneurs  de  Beaulieu,  dans  la 
juridiction  de  Lussan  en  Comminges,  ayant  présenté  leurs 
preuves  écrites  depuis  1588,  furent  déclarés  nobles,  par  M. 
Le  Gendre  de  Monclar,  à  Montauban,  le  17  août  1716. 

Catherine  de  Martres,  dame  de  Loupian^  mariée  avec  mes- 
sire.de  S'-Sivier,  seigneur  de  Montant,  eut  une  fille, 
Philiberte  de  S^-Sivier,  qui  vivait  encore  en  1718. 

Dans  le  rôle  des  ((.Nobles  et  sujets  au  ban  dans  la  Sénéchaus- 
sée d'Armaignac  au  wi^  siècle^  y),  on  trouve  mentionné  le 
sieur  de  iMartres  de  là  Lomaigne. 

Joseph  de  Martres,  seigneur  de  Beaulieu,  dans  le  Comminges, 
fut  convoqué  à  l'Assemblée  de  la  Noblesse,  tenue  à  Muret,  en 
1789,  avec  Jean-François-Ignace  de  Martres,  écuyer,  et  le 
chevalier  de  Martres. 

Ils  portaient  pour  armoiries  :  Ecartelé  aux  premier  et 
dernier  d'argent,  au  lion  rampant  de  sable  ;  aux  deuxième  et 
troisième  de  gueules,  à  une  meule  de  moulin  d'argent^. 

'  Magen. 

'  Archives  de  Magnas  (Gers). 

3  Nobiliaire  Toulousain. 


192  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


LAYRAC 


LE  S.  DE  Ste-COLOMBE 

Plusieurs  personnages,  appartenant  à  des  familles  anciennes 

et  illustres  du  ]\Iidi,  avaient  porté  le  nom  de  S^'^-Golombe. 

Ce  village,  près  de  La  Plume,  avait  reçu  ses  coutumes  en 

-12681. 
Jean  de  Montagu  de  Mondenard,  baron  de  Moncault,  était, 

avant  1451 ,  seigneur  en  partie  de  S^c.Colombe,  ainsi  que  son 

fils  François. 

Vers  1528,  Arnaud  du  Bouzet,  marié  avec  Marie  de  Loze, 
fille  d'Henri  de  Loze,  seigneur  de  Marin,  et  de  Catherine  de 
Sérilhac,  avait  le  titre  de  co-seigneur  de  Roquépine  et  de 
S'c-Colombe,  qu'il  transmit  à  ses  héritiers.  L'un  d'eux,  Jean 
du  Bouzet,  gouverneur  du  château  de  Ham,  éleva  dans  la 
ville  de  La  Montjoye,  le  couvent  des  religieuses  de  S^-François 
et  testa  le  17  décembre  1612.  Son  fils  Michel,  gouverneur  du 
Château-Trompette,  à  Bordeaux,  prit  une  part  active  aux  guer- 
res de  la  Fronde. 

Au  xviiie  siècle,  les  Laclaverie^,  originaires    de   La  Plume, 

»  Bladé,  Tholin. 

'  Dans  la  collection  des  Sceaux  aux  Archives  des  Basses-Pyrénées,  l'empreinte  des 
armes  de  Jean-Nicolas  de  Laclaveric,  placée  sur  un  dénombrement,  daté  de  Brax,  le  21 
mai  1777,  présente  le  cartouche  suivant  :  parti  au  l"  coupé  à  l'aigle  cployée,  au  2°  échi- 
riueté  de  gueules,  au  2«  coupé,  d'or  au  lion  rampant  ;  timbré  d'une  couronne  de  Marquis, 
supporté  à  dextre  d'un  aigle  essorant,  et  à  snnestre  d'un  lévrier  assis.  Les  Laclaverie  de 
Soupcts  portaient  :  écartelé,  aux  t»'  et  4«  de  gueules,  à  3  bcsans  d'or,  aux  2"  et  3»  d'ar- 
gent à  une  couronne  d'épines  de  sinoplc,  sur  le  tout,  d'argent  à  la  bande  d'azur,  chargée 
de  3  tètes  de  lion  d'or,  lampassées  de  gueules.  Jean  François  de  Laclaverie-Soupets,  sei- 
gneur de  Laclaverie,  archidiacre  de  S'»-Marie  d'Auch,  mit,  le  18  novembre  1747,  sur  un 
dénombrement,  fait  à  Auch,  son  sceau  ainsi  blasonné  :  d'argent  à  la  bande  d'azur,  char- 
gée de  3  tôles  de  lions  d'or  arrachées  et  lampassées  de  gueules,  avec  couronne  de  marquis. 


EN  l'année  1787  193 

avaient  succédé  aux  Du  Bouzet,  en  qualité  de  seigneurs  de 
S^'^-Colombe,  et  Messire  Jean  Nicolas  de  Laclaverie,  seigneur 
de  Ste-Golombe  et  de  Brax,  vota  à  l'Assemblée  de  la  Noblesse 
d'Agenais  pour  l'élection  des  députés  aux  Etats-Généraux ^ 

Une  branche  des  Montesquieu  s'appelait  aussi  Stf-Colombe  ; 
elle  avait  pour  tige,  Jean  Gaillàrdon,  lils  de  Barthélémy  de 
Montesquieu,  seigneur  de  Salles  et  de  Marsan,  en  14G0. 

Ce  nom  se  trouvait  encore  dans  l'illustre  famille  de 
Lomagne-ïerride,  et  dans  celle  d'Esgarrebaque  en  Béarn, 
qui  a  donné  au  xvp  siècle  un  gouverneur  de  Plaisance  (Italie), 
lieutenant  de  Lautrec,  maire  de  Bayonne,  et  un  vaillant 
guerrier,  Jacques  d'Esgarrebaque-Stc-Golombe.  Il  défendit 
liéroïquement  Oléron  contre  le  liaron  d'Arros. 

En  1751,  Monsieur  de  Vie  de  St^^-Golombe  était  prieur 
d'Antignac,  au  diocèse  d'Alais.  Il  succéda  à  François  de  Gros- 
solles,  abbé  de  S'-Sever-Cap,  seigneur  de  S'-Martin  «  où  il 
avait  été  enterré  dans  le  sanctuaire  de  la  dite  Eglize,  annexe 
de  Mauroux,  près  Lectoure,  le  8  juin  1750''  ». 

Une  autre  maison  de  S'c.Qolombe  était  fixée  dans  le  Beau- 
jolais, depuis  1200  ;  elle  avait  foui'ni,  outre  un  grand  nombre 
de  chevaliers,  baillis,  grands-croix  de  l'ordre  de  S'-Jean  de 
Jérusalem,  plusieurs  clianoines  et  comtes  de  Lyon.  L'un  d'eux, 
Guichard  de  S'e-Coloml)e,  mourut  le  11  janvier  1228. 

Cette  famille  subsistait  en  de  nombreux  rameaux  :  celui 
des  seigneurs  de  Poyet,  qui  avaient  pour  armes  :  écartelé 
d'argent  et  d'azur  ;  celui  des  marquis  de  l'Aubépine,  dont  le 
blason  était  :  écartelé  aux  premier  et  quatrième  d'azur  à  trois 
bandes  d'or,  aux  deuxième  et  troisième,  d'or  à  la  tour  de 
gueules. 

A  ce  dernier  appartient  Hector-Léonard  de  St*^-Golombe  de 
l'Aubépine,  chef  d'escadre  des  vaisseaux  du  Roi,  et  lieutenant 
général  de  ses  armées  en  1772^. 

'  J.  de  Hoiii rousse  de  liallbie. 
2  Arcliivcs  de  Flaiiiarons  (Gers) 
^  Etreiines  de  la  Noblesse,  1773. 


194  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Enfin  il  y  avait  encore  les  branches  de  S^-Priest,  du  Thil, 
de  Nauton,  de  Cadirac,  de  ïournade  et  de  Boissonnade 
d'Astugue*  ;  les  Ste-Coloinbe,  issus  de  Jean-Baptiste  de 
Ste-Colombe  de  Boissonnade^,  seigneur  d'Astugue,  trésorier 
général  de  France  au  bureau  des  finances  de  la  Généralité 
d'Auch  en  4741,  habitant  Layrac  en  Bruilhois,  subsistent 
encore  de  nos  jours. 

Les  Laclaverie  de  S^'^-Golombe  de  Layrac  occupaient,  depuis 
longtemps,  une  situation  importante  dans  le  Bruilhois.  Le  0 
août  1415,  Jean  de  Laclaverie  était,  avec  Arnaud  d'Audebert, 
consul  du  Saumont,  et  il  fut  chargé,  en  cette  qualité,  de  rece- 
voir noble  Jean  de  La  Serre,  comme  procureur,  envoyé  par 
^larguerite  d'Albret'-.  Ses  armes  étaient  :  d'azur  à  trois  co- 
lombes d'argent,  deux  et  une,  et  au  croissant  du  mèjiie,  en  chef. 

S^'^-Colombe  fut  érigé  en  marquisat  vers  1789. 

Les  d'Avon  de  Gollongue-Stc-Colombe  avaient  pour  armes  : 
d'azur  au  chevron  d'argent,  accompagné  de  trois  étoiles  de 
même;  écartelé  de  gueules  à  un  pont  aux  deux  arches  d'or,  qui 
est  de  Ponte vez. 

En  Languedoc,  Guillaume  do  S^^^-Golombe,  seigneur  d'Oupia 
et  de  Laval-de-Dagne,  lit,  avec  son  fils  Pierre,  ses  preuves  de 
Noblesse  remontant  à  1415,  devant  Monsieur  de  Besons,  qui 
les  maintint  comme  gentilshommes,  par  jugement  souverain, 
rendu  le  '23  septembre  16G9.  Gette  famille  portait  pour  ai- 
moiries  :  d'azui'  à  trois  bandes  d'or  ;  écartelé  d'or,  à  une  tour 
de  gueules 3. 

Les  S^c-Golombe-Boissonnade-d'Astugne  se  sont  alliés  aux 
Le  Venier  de  Pouylehaut,  Glaret  de  Fabas,  Montesquiou-la- 
Boulbène,  KerHvio  de  Brandrion,  de  Redon  et  autres  bonnes 
familles  appartenant  à  la  Noblesse*. 

'  François  de  S*e-Colombe,  ccuyer,  fit  registrcr,  à  Bazas,  le  '2()  sfiitcmbre  1098,  ilaiis 
Tarniorial  {général  de  France,  ses  armes  (ini  étaicMit  ;  do  gueules  à  deux  ci)loiiities  d'ar- 
gent [lassantes  l'une  sur  l'autre. 

'  J.  de  Hourroussc  de  LafTorc.  , 

3  Armoriai  de  Hrémond. 

*  La  Géiiéalo(jie  des  S*^'-Colo)nbe  a  (•lé  publiéf  dans  h-  Nobiliaiic  di-  riujcnnp  cl  Gascogne, 
par  O'r.ilvie. 


EN  l'a.\nki<:  4787  d95 


LAYRAC 


LE  S.  DU  LYON 

L'abbaye  de  Moissac  possédait,  dans  la  paroisse  de  ►S^e_]\Xade- 
leine  del  Corn,  des  fiefs  dont  les  terres  furent  reconnues,  en 
4296,  4307  et  4334,  appartenir  à  l'aljbé  de  ce  monastère.  Le 
couvent  les  aliéna  plus  tard,  et  ils  formèrent  une  seigneurie 
dite  de  Vidounet,  dont  Jean  du  Lion  fit  hommage  au  Roi,  en 
4464,  et  que  Georges  du  4ion  déclara  dépendi^e  de  l'abbaye, 
l'année  suivante. 

Jean  et  Georges  du  Lion  appartenaient  à  une  ancienne 
famille  de  Moirax,  depuis  longtemps  annoblie,  puisque  Ber- 
nard del  Léo,  notamment,  prêta  serment  de  fidélité^,  le  45 
janvier  4364,  avec  les  liabitants  deMoissac,  au  roi  d'Angleterre, 
dans  les  mains  de  Jean  Chandos. 

Georges  du  Lion,  dit  le  capitaine  Vidounet,  rendit  son 
hommage  au  Roi,  le  5  octobre  4555,  pour  les  seigneuries  de 
Vidounet,  ^lilhole  et  Landorre.  Ce  Georges  du  Lion,  seigneur 
de  Gorn,Gasques  et  Golonges,  avait  épousé,  en  4524,  Antoinette 
de  Bar  de  Meauzac,  qui  lui  porta  la  seigneurie  de  La  Bastiole 
en  Agenais. 

Fils  de  Guillaume  du  Lion,  seigneur  de  Ferrussac,  Gasques, 
etc.,  et  d'Agnès  de  Loniagne,  Georges  du  Lion- Vidounet 
accompagna  Monluc  en  Italie,  se  fit  remarquer  par  son  cou- 
rage, et  fut  tué,  en  4568,  dans  une  sortie  contre  les  ]\Iontalba- 
nais,qui  avaient  tenté  de  surprendre  Castelsarrazin,  où  il  com- 
mandait; chevalier  de  l'Ordre  du  Roi  et  capitaine  de  50  hommes 
d'armes,  il  était  neveu  du  vicomte  de  Lomagne-ïerride,  et 
c'est  ainsi  que    le  désigne    Monluc,    dans    ses    mémoires ^ 

^  Mémoires  de  Jean  d'Antras. 


196  NOBLESSE    DE    LOMAGXE 

Marie  du  Lion,  tille  de  Georges  du  Lion  et  d'Antoinette  de 
JBar,  porta  en  mariage,  le  17  juillet  1582,  la  seigneurie  de 
Vidounet  à  Jean-Louis  de  Lostanges,  gentilhomme  ordinaire 
de  la  chambre  du  Roi,  seigneur  de  Puydrèges  ;  leurs  descen- 
dants conservèrent  cette  terre  jusqu'en  1783. 

Les  du  Lion  avaient  leur  tombeau  dans  l'église  de  la 
Madeleine  del  Corn,  annexe  de  S^-^Iartin  de  Moissac,  et 
Guillaume  du  Lion,  mari  d'Agnès  de  Lomagne,  ordonna, 
dans  son  testament  du  31  août  1524,  sa  sépulture  «au  tombeau 
de  ses  prédécesseurs  dans  l'église  de  la  Madeleine,  s'il  vient  à 
mourir  dans  sa  maison  del  Corn^  » 

Noble  Guillaume  du  Lion  acheta,  le  17  juillet  1497,  de  Jean 
de  Grossolles,  seigneur  de  Gaumont,  Gayssanès,  S'-Arroumex 
et  Asques,  la  moitié  des  dimes  de  Gayssanès,  moyennant  300 
livres  tournois. 

Guillaume  du  Lion,  de  la  famille  de  Vidounet,  était  seigneur 
de  Gasques,  en  Agenais,  dès  1495.  Il  transmit  cette  seigneurie 
à  sa  postérité  qui  en  jouissait  encore  en  1789 

La  seigneurie  de  Bruniquel  était  venue  aux  du  Lion  par  le 
mariage  de  Jean-Paul  du  Lion,  seigneur  de  Gasques,  avec 
Marie-Pvoger  de  Comminges,  vicomtesse  de  Bruniquel,  le  19 
mars  1619. 

Guy  du  Lion  de  Gasques,  vicomte  de  Bruniquel,  avait  pour 
femme  Jacquette  de  Corneilian,  tille  d'Amaury  de  Gorneillan, 
baron  de  Mondenard. 

Pons  (ou  Paul)  du  Lion,  seigneur  baron  du  Belcastel,  veuf 
de  Marie  de  Syreuilh,  épousa,  le  15  février  1657,  Damaris  de 
Vivant;  leur  lille  Juditli,  Louise  du  Lion,  dame  de  Siorac,  se 
maria,  le  19  janvier  1697,  avec  Barthélémy  de  La  Verrie,  sieur 
de  Sainte-Rade^onde.  Paul  du  Lion  avait  vendu,  le  10  mai 
1650,  les  trois  quarts  de  sa  tori'e  de  Belcastel  à  l\achel  do 
La  Verrie-. 

Jean  du  Lion  de  Gasques  était,  en  1658,  prieur  de  Golonges, 

'  Maiilcii(|.  Iloniineiilx  liisliirii/ues  sur  le  Tani-el-Giironne. 
■•'  Ad    Maxell. 


EX  l'année  1787  197 

prés  Moissac.  Quoique  le  Roi  fût  seigneur  de  Golonges, 
plusieurs  membres  de  la  famille  du  Lion  s'en  qualifièrent 
aussi  seigneurs,  depuis  Guillaume  du  Lion,  en  1495,  jusqu'à 
Jean  du  Lion,  vicomte  de  Bruniquel,  seigneur  de  Gasques  et 
de  Golonges,  qui  prend  ces  titres  dans  son  testament,  le  8  avril 
1752. 

Louise-Galiotte  du  Lion  de  Gomminges  était  mariée,  avant 
1703,  avec  Hector  d'Ouvrier  de  Bazus,  président  de  laGhambre 
des  requêtes  au  Parlement  de  Toulouse. 

Marguerite  du  Lion  épousa,  en  1700,  Louis,  seigneur  de 
Fages,  capitaine  dans  le  régiment  d'Auxeri'ois. 

Marie  du  Lion  de  Gasques,  mariée  avec  Antoine  de  Re- 
gnauld,  seigneur  de  Maurel,  eut  une  fille  nommée  Marguerite, 
qui  donna  sa  main,  en  1720,  à  Gabriel  de  Testas,  sieur  de 
Guitai'd;  elle  lui  apporta  la  seigneurie  de  Maurel,  près 
Sigonhac  en  Agenais. 

En  1789,  Jean-Heni-y  du  Lion,  seigneur  de  Gasques,  assista 
à  l'Assemblée  des  trois  ordres  tenue  à  Agen,  pendant  le  mois 
de  mars. 

André-Etienne  du  Lion,  chevalier,  iiabitant  Layrac,  vers 
1782,  était  marié  avec  noljle  Anne  Descanaux,  d'une  ancienne 
famille  de  Nérac'. 

Nous  ne  savons  si  les  du  Lyon  d' Agenais  avaient  un  lien 
d'origine  avec  les  du  Lyon  de  ^larsan,  seigneurs  de  Gampet- 
Geloux,  .Leu,  Bezaudun,  Malause,  L'Isle,  Besle,  Canet, 
Vieille-Secure,  Gareins,  Viannes,  Gazeaux,  etc..  Gette  famille, 
connue  dans  les  Lannes,  dès  l'an  1150,  est  mentionnée  par 
Froissard  dans  son  curieux  voyage  vers  le  Midi  de  la  France. 
Elle  s'est  alliée  avec  les  Ségur,  Bourl)on-Lavedan,  Arsac,  Ber- 
goignan,  Mal  vi  rade,  Lons,  Mauléon,  Gap  tan.  Luxe,  Juillac, 
Spens,  Ferragut,  Navailles,  Baylens,  etc..  D'après  la  tradition, 
cette  maison  tirait  son  nom  de  la  terre  de  Leu,  près  Morlas, 
au  diocèse  de  Lescar  ;  elle  descendait    de    Raymond-Arnaud 


'  Les  armes  des  Descanaux  étaient  :  l'arti  au  premier  de  sinople  à  trois  clievrons  brisés 
d'argent,  posés  l'un  sur  l'autre  ;  au  deuxième  d'azur,  a  la  licorne  effarée  d'argent. 


108  NOBLESSE   DE   LO.MAGNE 

du  Lyon,  témoin,  en  1150,  de  la  fondation  du  Prieuré  d'Ordias, 
par  Pierre,  vicomte  de  Béarn. 

Spain  du  Lyon,  gouverneur  du  ^Iont-de-Marsan,de  Pamiers, 
du  comté  de  Foix  et  du  château  d'Orthez,  fit  liommage,  le 
21  juin  1390,  au  vicomte  de  Béarn,  «  pour  les  terres  qu'il pos- 
((  sécloit,  avec  son  fils,  dans  le  pays  Béarnois  du  chef  d'Antoinette 
«  de  Nav ailles,  sa  femme,  sœur  de  noble  Manaud,  seigneur  de 
«  Navailles^  y<. 

Sous  Louis  XI,  Gaston  du  l^yon,  vicomte  de  l'Isle  et  mari  de 
Jeanne  deLavedan,  était  sénéchal  de  Toulouse  et  d'Alby^.  Son 
frèi'e,  Pierre,  devint  archevêque  de  Toulouse,  et  Gaston,  son 
autre  frère,  fut  sénéchal  de  Guyenne,  de  Saintes,  des  Lannes 
et  du  Bazadais. 

((  Isabeau  d'Armagnac,  dame  des  Quatre-Vallées,  en  consé- 
quence de  la  donation  de  son  frère,  Jean  111,  comte  d'Armagnac, 
tué  à  la  prise  de  Lectonre,  par  l'armée  du  Boi,  en  1473,  fut 
sauvée  de  la  ville  par  Gaston  du  Lyon,  vicomte  de  Lavedan, 
sénéchal  de  Toulouse  et  d'Allé  y,  mestre  de  camp  dans  l'armée 
Boyale. 

((.  Il  mena  Isabeau,  avec  tous  les  honneurs  qui  lui  étaient 
dus,  en  son  château  de  Malause,  où  il  la  traita  le  mieux  qu'il 
lui  fut  possible,  pendant  près  d'un  mois. 

«  De  là  il  la  lit  conduire  dans  le  Pais  des  Quatre-Vallées, 
dont  elle  jouit  pendant  environ  deux  ans,  qu'elle  vécut,  au 
bout  desquels  elle  lit  son  testament,  et  en  reconnaissance  des 
bons  traitements  qu'elle  avait  reçus  du  même  Gaston,  elle  le 
fit  son  héritier  universel,  tant  dans  ses  teri-es  des  Quatre- 
Vallées,  que  dans  sa  portion  patrimoniale  des  comtés  d'Arma- 
gnac, de  Bodez,  de  Périgueux  et  autres  biens  de  sa  maison. 
Elle  décéda  peu  de  jours  après,  et  Gaston  du  Lyon,  héritier 
d'Isabeau,  posséda  les  Quatre-Vallées  de  1475  à  1486,  (pi'il 
décéda^,  t)  A  la  mort  de  sa  fille  unicpie,  le  pays  des  Quatre- 
Vallées  lit  l'otourà  la  couronne  de  France. 

<  I>||n/.inr. 

^  l.ciir  tille  iiiii(|iio,  Lnuiso,  vicdiiitcssc  (te  Lavodaii,  épousa,  li- ;2I   février  MS'.l,    C-liarlos      t 
(If  lîdinboii,  lits  naturel  de  Jean  il  de    lîourbou,    lijfe   des   seijjueiirs   de    Torrchren,    (l(>s 
viconilcs  de  Lavedan  cl  des  Miar(|uis  de  Malau/.e. 

^  Uoni  HruL'elles. 


EN  l'année  1787  199 

l.e  19  juillet  1409,  Annette  du  Lyon  était  femme  de  noble 
et  puissant  seigneui-,  Etienne  de  Béarn,  Ijaron  du  Saumont. 

Louise  du  Lyon,  le  30  juin  1518,  est  qualifiée  de  Dame  sei- 
s^neuresse  de  Lavedan. 

Jean-David  du  Lyon,  marié  avec  Eléonore  de  Baylens- 
Poyamie,  seigneur  de  Gampet,  Geloux  et  Gazeaux,  chambellan 
des  Roi  et  Reine  de  Navari'e,  leur  sénéchal  en  Marsan, 
Tui'san,  Gabardan  et  dans  la  baronnie  de  Gaptieux,  fit,  en 
cette  qualité,  le  12  juin  1557,  la  vérification  des  privilèges  du 
Béarn. 

Les  armoiries  des  du  Lyon  de  Gampet-Geloux  sont  :  d'or  au 
lion  d'azur,  armé  et  lampassé  de  môme,  avec  la  devise  : 

Léo  rugit  et  non  timebit. 

Leur  château  de  Gampet  en  Marsan  est  l'ancienne  forteresse 
1  où  commandoit  Gaston  du  Li/on,  dit  le  capitaine  Gampet, 
((  lorsqu'il  voulut,  en  1581,  s  emparer  du  Mont-de-Marsan, 
«  pour  piller  la  ville  avec  Jean  de  Lissalde,  Jehan  d'Audigeos 
a  et  aultres  huguenots^.  )> 

Louise  du  Lyon  épousa,  le  20  avril  1555,  dans  le  château 
de  Genouilhac,  Antoine  de  Touchebœuf-Beaumont,  seigneur  de 
Ferrières. 

Jehan  du  Lyon  de  Gampet  fut  gratifié  jjar  Henry  IV,  le  31 
mai  1008,  d'une  somme  de  1000  livres  à  prendre  sui'  les  biens 
saisis  des  l'ebelles  d'Armagnac,  du  Bazadais  et  du  Gondo- 
mois-. 

Henri  du  Lyon,  décédé  le  17  septembre  1089,  avait  été 
capitaine  dans  le  régiment  de  la  marine. 

Jean-Pierre  du  Lyon,  seigneur  de  Besle  et  de  Labatut, 
capitaine  d'infanterie  au  régiment  de  Guiche,  fut  tué  au  siège 
de  Kehl,  en  1703, 

Alexandre  du  Lyon,  seigneur  de  Gampet-Geloux,  était,  au 
commencement  de  1714,  lieutenant  dans  le  régiment  de 
Coëtquen. 

'  Revue  île  Gascofine,  ISSI. 

2  Armoriai  des  Landes,  par  A.  de  Cauiia. 


200  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

La  baronnie  de  Gampet  avec  les  seigneuries  de  S"^-Groix, 
Rague,  S^-Martin  et  Gélos  fut  érigée  en  marquisat,  le  15 
novembre  1731,  pour  Pierre  du  Lyon,  seigneur  de  Geloux  et 
Garreins,  fils  d'Alexandre  du  Lyon  et  de  Jeanne  de  miasme*. 
Cette  seigneurie  était  venue  aux  du  Lyon  par  le  mariage  de 
Jean  du  Lyon,  seigneur  de  Viane,  avec  Marguerite  de  Lexe, 
au  milieu  du  xive  siècle. 

Jacques  du  Lyon,  capitaine  dans  le  régiment  de  Goëtquen, 
lils  de  Mathieu  du  Lyon,  seigneur  du  Bosc,  et  de  Romaine 
d'Abadie,  mourut  de  ses  blessures  au  siège  de  Lille,   en   1708. 

Marie- Angélique  du  Lyon,  fille  d'Alexandre,  marquis  du 
Lyon  de  Gampet-,  et  de  Gorisandre  de  Lons^,  prit  pour  mari, 
dans  l'année  1738,  noble  Jean-^Iarie  de  Prugue*,  seigneur  de 
Gaillauet  de  Baquera^. 

Pierre-Gaston  du  Lyon,  marquis  de  Gampet  et  Geloux, 
chevalier,  ancien  page  de  Sa  Majesté,  se  remaria  avec  made- 
moiselle Marie  de  Goui'gues'',  après  avoir  perdu  sa  première 
femme  Louise  dePujoUé'de  Juliac,  dont  il  avait  eu  Gatlie- 
rine  du  Lyon,  baronne  de  Labatut,  près  Tartas,  qui  épousa  le 
vicomte  de  Gourgues,  seigneur  de  Lanquais. 

Laurent-Marc-Antoine  du  Lyon,  marquis  de  Gampet,  che- 
valier de  S'-Louis,  sous-lieutenant  dans  la  compagnie  de 
Gourteille,  assista,  en  1789.  à  l'Assemblée  de  la  Noblesse  des 
Lannes. 

Le  château  de  Gampet-Geloux,  près  de  Mont-de-Marsan, 
appartient  encore  à  la  famille  du  Lyon. 


'  Armes  des  de  Mesme-Ravignan  :  Ecartclo  au  premier  d'or  au  croissant  de  sable,  aux 
deuxième  et  troisième  d'argent  à  deux  lions  passant  de  gueules,  au  riuatrième  d'or  à  une 
étoile  de  sahle,  au  chef  de  gueules. 

Les  .Mesme  anciens  portaient  :  d'or  au  croissant  de  sable. 

*  Grand  sénéchal  de  Marsan,  Tursan  et  Gavardan  en  1733. 

3  Armes  de  de  Lons  :  d'argent  au  pin  de  sinople,  sur  une  terrasse  de  même,  côtoyé  à 
dextre,  d'une  étoile  d'azur,  et  à  seneslre  d'une  ourse  de  gueules. 

'  Armes  des  de  Prugtie  :  d'azur,  à  deux  lions  atTrontés  d'or,  armés  et  lampassés  de 
gueulrs,  supportant  une  ancre  d'argent.  Les  de  Piugue  étaient  seigneurs  de  Cézéron, 
Baquera,  Micarrére,  Caillau,  .Maichcn,  .Marin  et  Lazarinx  (dans  les  Landes). 

^  Archives  de  la  maison  du  Lyon. 

"  Armes  des  Gourgues  :  d'azur,  au  lion  dor. 

'  Armes  des  Pujollc  :  de  gueules  au  porc-épic  d'or. 


EN  l'année  1787  201 


LAYRAC 


LE  S.  DE  BARRAU 

Ti'ois  messieurs  de  Barrau  parurent  à  l'Assemblée  des  trois 
ordres  à  Lectoure  en  1790,  et  tous  portaient  des  armoiries 
différentes.  Le  comte  de  Barrau  avait  pour  blason  :  d'azur,  à 
trois  sceptres  royaux  d'or,  mis  en  trois  barres,  à  la  bande  de 
gueules,  brochant  sur  le  tout  ;  c'était  les  mêmes  armes  que 
possédait,  en  1531,  un  sieur  de  Barrau,  chevalier  de  ^lalte. 
L'écusson  du  chevalier  de  Barrau,  en  1787,  était  :  de  gueules 
aux  deux  lions  léopàrdés  d'or,  l'un  sur  l'autre^  surmontés  de 
deux  étoiles  d'argent. 

Enfin  le  baron  de  Barrau  avait  à  peu  près  le  blason  du 
comte  de  Barrau,  mais  il  supprimait  la  bande  de  gueules 
brochant  sur  le  tout. 

Une  famille  de  Barrault,  du  Languedoc,  avait  dans  son 
écusson  une  croix  d'or,  cantonnée  de  quatre  soleils  de  même, 
sur  fond  d'azur. 

Bertrande  de  Barrau,  fille  de  Pierre  de  Barrau,  co-seigneur 
d'Andiran  en  Albret,  et  de  Marie  de  Noaillan,  épousa,  le  31 
juillet  1556,  au  château  de  Poudenas,  près  Mezin,  Auger  de 
Gaubios,  lieutenant  du  roi  en  Languedoc,  gouverneur  de 
Garcassonne^ 

Vers  1560,  Jeanne  de  Barrau  était  mariée  avec  noble  Pierre 
de  Morville,  seigneur  de  Brazalem,  dont  le  grand-père  fut  mis 
en  possession  de  ce  fief  par  Gharles  II,  sire  d'Albret,  comte 
de  Dreux  et  de  Gaure,  vicomte  de  Tartas  en  1470. 

Pierre   de   Barrau,    conseiller   au    présidial   d'Angouléme, 

'  Ad.  Masen. 


202  NOBLESSE  DE  LOMAG.NE 

avait  dans  ses  armoiries  :  trois  croissants  d'argent,  posés  deux 
et  un,  sur  fond  d'azur,  à  la  palme  d'or  en  pal.  Son  fils,  nommé 
échevin  le  5  octobre  1629,  signa,  le  même  jour,  au  grelïe  de 
l'Election,  la  promesse  «.  de  vouloir  vivre  noblement^ .  i> 

Un  comte  de  Barrau  était,  en  1637,  gouverneur  du  comté  de 
Foix-. 

Messieurs  d'Abadie  de  Barrau  habitent  actuellement  le  châ- 
teau de  Gastex,  près  de  Gazaubon  (Gers).  G'était  un  manoir 
fortifié,  commandant  la  plaine  du  Midou  et  défendant  la  petite 
place  de  Monguilhem. 

Leurs  armoiries  sont  :  d'argent  à  la  bande  d'azur,  chargée  de 
trois  étoiles  d'argent,  accompaguées  de  deux  lions    de  môme. 

Une  famille  de  Barrau  de  Lacassagne  s'est  perpétuée  à  Lec- 
toure  jusqu'à  nos  jours. 

((  Arnaud  de  Barrau  figui'a  comme  téuioin,  avec  Raymond 
de  Lamote,  Guileran  de  la  Molères,  Sicard  de  Mons,  Jean  de 
Gassagnac,  Pierre  de  Laborie,  Gausbert  de  Bernard,  Denis  de 
Vignes,  Guillaume  de  Penne,  Guiraud  de  VeiYlier,  Bernard 
d'Artigavadal  et  les  consuls  de  la  ville  d'Auvillars,  Jean  de 
Poupas,  Etienne  de  Lapierre,  Jean  Delpey,  Jean  Goussan  et 
Arnaud  Raymond,  au  serment  réciproque  du  comte  d'Arma- 
gnac, seigneui'  d'Auvillars,  et  de  la  communauté  dudit  lieu, 
avec  approbation  et  conlirmalion  des  coutuQies,  prononcé 
solennellement  dans  le  monastère  de  S'-Pierre,  le  15  juillet 
1387,  devant  les  seigueurs  de  Bail^asan,  de  Manihan,  de  Gi- 
mat,  de  Gocumont,  chevaliers,  de  GrossoUes,  chancelier 
d'Armagnac,  de  Galvarupe,  secrétaire  du  comte,  et  de  Varanges 
et  Meyde,  notaires  du  Roi^.  « 

On  connaissait,  à  Toulouse,  la  famille  de  Bari'au,  (|ui 
comptait  |)armi  ses  membres  un  capitoul,  seigneur  de  Mervilla 
en  1323. 

Un  de  ses  descendants,  seigneur  de  Montégut,  dans  le  Com- 
minges,  fut  confirmé  dans  sa  noblesse,    [)ar  jugement    rendu, 

'  Nobiliaire  du  Limousin. 

'  Annales  de  Pamiers. 

^  Vicomte  d'Auvillars,  par  Lagrèze-Fossat. 


EN  l'année  1787  203 

sur  la  proposition  de  j\I.  Le  Gendre,  intendant  de  la  Généralité 
de  Aiontauban,  le  'i'i  juillet  1700.  Il  fit  enregistrer  ses  armes 
(jui  étaient  :  de  gueule  à  deux  lions  léopardés  d'or,  superposés, 
surmontés  de  deux  cloches  d'ai'gent. 

Son  fils,  Bernard  de  Barrau,  seigneur  de  Montégut,  Fronti- 
gnac,  Samouilhan,  dénombra  ses  fiefs  nobles  devant  les 
capitouls,  comme  habitant  de  Toulouse,  le  Tl  avril  1744. 

Pierre-Elisabeth-Denys  de  Barrau,  seigneur  de  Montégut, 
fut  présent  à  l'Assemblée  de  la  Noblesse  du  Gomminges,  tenue 
à  Muret  le  10  avril  1789,  ainsi  que  le  chevalier  de  Barrau- 
]\lontégut,  son  frère. 

Un  seigneur  de  Muratel  en  Rouergue,  du  nom  de  Barreau 
(Jean-Jacques)_,  avait  énuméré  ses  fiefs  nobles,  le  20  octobre 
1737,  devant  les  trésoriers-généraux  de  France,  en  la  Généra- 
lité de  Montauban. 

Jean-Jaubert  de  Barrant,  archevêque  d'Arles  *,  en  1612, 
timbi'ait  les  livres  de  sa  bibliothèque  avec  l'écusson  suivant  : 
d'or,  à  la  croix  de  sable  chargée  de  cinq  coquilles  d'argent-. 

Les  Barrau  d'Esparron  portaient  comme  armoiries  :  d'or 
(alias  d'argent),  au  lion  de  gueules  ;  d'autres  Barrau  chai- 
geaient  leur  écusson  de  trois  fasces  de  sinople. 

G'est  à  la  famille  des  Barrau,  seigneurs  du  Pairon,  en  Gon- 
domois,  qu'appartenait  Bertrand  de  Barrau,  chanoine  de 
Gondorn,  prieur  de  Perle,  abbé  de  Bouillac,  devenu,  en  1579, 
évoque  de  Pamiers.  11  eut  pour  successeui',  Joseph  d'Esparbès 
de  Lussan^. 


'  Nobiliaire  Toulousain. 

-  Armoriai  du  lîiMiophilc. 

3  Annales  de  Pamierx,  par  Laliouilcs. 


204  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


LECTOURE 


LE  S.  DE  St-GERY 

Le  baron  de  S'-Créry  fut  le  doyen  de  l'Assemblée  des  gentils- 
lioiiimes,  el  président  élu  par  la  Noblesse  de  la  sénéchaussée 
d'Armagnac,  en  l'absence  du  marquis  d'Angosse,  grand 
sénéchal,  le  18  mars  1789. 

La  maison  de  S^-Géry,  d'origine  espagnole,  suivaid  la  tradi- 
tion, était  ancienne  et  bien  apparentée.  Elle  possédait  de 
vastes  domaines  dans  le  Lectourois,  l'Agenais,  le  Fesensaguet 
et  le  comté  de  Gaure.  Une  alliance  avec  les  Galard  de  l'Isle- 
Bouzon  lui  avait  apporté  la  seigneurie  de  la  ^lothe-Ando,  la 
moitié  de  celles  de  Brugnens,  d'IJrdens  et  d'Aurenque,  entin 
la  baronnie  de  Magnas  (entre  Lectoure  et  Castelnau-d'Arbieu), 
où  les  St-Géry  résidèrent  longtemps.  Cette  terre,  faisant 
primitivement  partie  du  grand  fief  de  l'Isle-Bouzon,  passa 
par  mai'iage,  plus  tard,  aux  S'-I^éonard,  aux  J^avalette,  aux 
Noé,  et  elle  revint,  en  1785,  à  la  famille  de  Galard,  qui  la 
possède  encore  aujourd'luii  avec  celle  de  La  Motlie, provenant 
aussi  des  S'-Géry,  mais  acquise  postérieurement. 

De  1488  à  1689,  les  S^-Géry  portèrent  le  titre  de  barons  de 
Magnas  ;  une  terre,  du  même  nom,  pi-ès  Agen,  appartenait  en 
même  temps,  à  une  autre  branche  de  cette  famille. 

Antoine  de  S^-Géry,  seigneur  de  La  Mothe-Ando  et  de 
Magnas,  épousa  le  5  juin  1503,  Marguerite  de  S'-Lary,  sœui- 
du  maréchal  de  Bellegarde,  et  tante  de  Roger  de  S^-Lary,  duc 
de  Bellegaide,  marquis  de  Beuvron,  grand  écuyer  de  France. 

La  scimi-  d'Antoine  de  S'-Géry  se  maria,  en  1570,  avec  noble 
François  de  Bourrousse,  sieur  de  Laffore. 


EN  l'année  1787  205 

Charlotte  de  S^-Géry  prit  pour  époux,  le  9  janvier  1639, 
François  de  Galard,  seigneur  de  l'Isle-Bouzon,  en  Lomagne. 

Jean  de  S^-Géry,  baron  de  Magnas,  lieutenant-colonel  au 
régiment  de  Picardie,  vendit,  le  2  juin  1596,  à  Jean  de  Lary, 
seigneur  de  La  Tour,  les  droits  seigneuriaux  exercés  par  le 
seigneur  de  Magnas  ,  sur  le  domaine  d'Aurenque  ^  ;  il  mourut 
en  16'2!2,  d'une  blessure  reçue  au  siège  de  Montpellier,  laissant 
une  veuve,  Marguerite  de  Laas-,  dame  de  la  Mothe,  belle- 
sœur  de  Guy  de  Goalard,  seigneur  de  Gastelnau-d'Arbieu. 

Joseph  de  S'-Géry  naquit,  vers  1590,  au  château  de  Magnas, 
et  y  décéda  en  1674.  Il  avait  été  commandant  du  régiment 
de  Guyenne,  pour  le  duc  d'Epernon,  lieutenant  au  gouverne- 
ment de  Lectoure,  et  il  se  trouva  gravement  compromis  dans 
la  conspiration  de  Ghalais.  Ayant  sauvé  sa  tête  à  grand'peine, 
il  se  retira,  au  commencement  de  l'année  1642,  dans  son 
manoir  de  Magnas,  où  il  ne  s'occupa  plus  que  d'œuvres 
littéraires. 

Il  écrivit  plusieurs  volumes  de  poésies,  en  français  et  en 
latin,  entr'autres  les  a  Essais  de  Messire  Joseph  de  S^-Géry, 
((  seigyieur  de  Magnas,  mélange  de  prose  et  de  vers'^  ;  »  «  Ma 
iL  félicité'^,  »  etc.  Il  avait  épousé,  en  1617,  Jeanne  de  MontauU, 
fille  du  co-seigneur  de  Gastelnau-d'Arbieu. 

Un  de  leurs  descendants,  désigné  sous  le  nom  de  Magnas, 
de  Lectoure,  eut  un  sonnet  couronné  par  la  société  des  Lau- 
ternistes  de  Toulouse,  en  1703,  rivale  de  l'Académie  des  Jeux 
Floraux"'. 

A  l'époque  où  Jose[)h  de  S^-Géry  oubliait  à  Magnas,  au 
milieu  de  ses  occupations  poétiques,  la  vie  et  le  tumulte  de  la 
Cour,  Guillaume  d'Astros,  le  poète  gascon,  était  curé  de 
S'-Glar,  petite  ville  voisine  de  Magnas,  et  il  rima  plusieurs 
pièces  de  vers  en  l'honneur  de  Monsieur  et   de   Mademoiselle 

'  Voiici.'l  uclc  à  rAppcrulicc. 

-  AiiiR's  (les  Laas  :  Ecaitolt;  aux  prt;inicr    ut    (|iialrièine    d'or    an    Hun   de    gueules,   aux 
deuxièine  et  troisième,  d'azur  à  la  levrette  rani|)aate  d'argent. 

^111-4",  1(563,  cliez  Thomas  Jolly  et  Louis  IJillaine. 

*  Chez  Antoine  Vitré,  à  l'aris,  IG(J2. 

*  Voir  à  l'Appendice. 


206  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

de  Magnas,  et  des  belles  eaux  de  leur  domaine,  auxquelles  il 
avouait,  malgré  leur  limpidité,  préférer  le  vieux  vin  des  caves 
du  château  1. 

Jean  de  S^-Géry,  baron  de  Magnas  (fils  de  Joseph),  avait 
épousé,  le  3  novembre  1645,  Marguerite  de  Montesquiou;  leur 
fille  unique,  Marie  de  S^-Géry,  devint,  le  19  janvier  1689, 
marquise  de  Sérillac-S'-Léonard,  et  apporta  à  son  mari  la 
l)aronnie  de  Magnas;  un  lils  de  Joseph  de  S^-Géry,  Alain, 
fut,  en  1725,  abbé  de  Flaran,  archidiacre  de  S^-Gervais  et 
vicaire-général  de  Lectoure.  Jean-Joseph  de  S^-Géry  (qui  est 
enseveli  dans  la  chapelle  du  château  de  Magnas),  fils  de  mes- 
sire  Alain  de  S^-Géry  et  de  M.  de  Galard  de  l'Isle-Bouzon, 
fut  abbé  de  Nogent-sous-Grécy,  et  devint  un  orateur  fort  estimé 
en  son  temps.  Premier  aumônier  de  Madame  (Elisabeth- 
Gharlotte  de  Bavière),  décédée  le  8  décembre  1722,  il  prononça 
le  discours  d'usage,  en  présentant  le  corps  de  cette  princesse 
à  la  portede  S^-Denys^.  Très  bien  en  Cour  et  jouissant  d'impor- 
tants bénéfices,  Jean-Joseph  de  S'-Géry  faisait  de  fréquents 
séjours  à  Magnas  dont  il  répara  la  chapelle.  Sa  parente,  qui 
était  sœur  Carmélite  à  Lectoure  (Marie  des  Anges  de  S'-Géry), 
janséniste  outrée,  mais  instruite  et  spirituelle,  soutenait  avec 
lui  de  violentes  discussions  où  l'abbé  n'avait  '  pas  souvent 
l'avantage.  A  ses  conseils  d'humilité  et  de  soumission,  elle 
répondait  avec  logique  et  énergie:  i.(  Se  ménager,  s'accommoder 
«  au  temps,  quand  il  s'agit  de    la  foi,    quelle    honte  '?  Mon 

1  I..\  IIOINT  DE  M.V.NAS 

La  lliiniil  lie  Mwjniis  es  plan  hero 
Tous  oiii'ils  lie  lien  ijà  iiraiin  leva. 

El  se  iniron  en  sa  beroii. 
Mes,  certo  si  nous  caii  lienqueslo, 
Nas,  mus,  pots,  dents,  gniif,  leiKjouo  et  tout  iiiu  resto 
Depauson  que  Ion  liin  île  Maiiiias  es  niilloii 

E  mes  si  lou  pourtur  ilepausn. 
Nous  ilirnjnmès  auto  causa. 
Poésies  Gasconnes,  t.  ii,  pa^'c  \'M\.  Ed.  de  Tross. 

'  Cl' disrdiirs  est  r:i|i|iiii  II'' iImiis  IcN  /i()r///y/('///.s'  llisloriijiiex  sur  lu  ninisitn  de  Cnlnid. 
t.  II,  par  M.  Niiiileiis. 


EN  l'année  1787  207 

((  grand-père  et  le  vôtre,  un  des  grands  génies  de  son  siècle, 
((  était  bien  éloigné  de  s'accommoder  à  ceux  qui  voulaient 
((  introduire  l'erreur  ;  au  contraire,  il  s'élevait  avec  force 
«  contr'eux.  Au  temps  de  la  grande  alTaire  du  jansénisme,  les 
((  pères  capucins  le  craignaient  si  fort  que  pas  un  n'osait  s'ap- 
((  procher  de  Magnas,  où  il  demeurait  ordinairement  )■>. 

Sœur  Marie  mourut,  le  2  décembre  1733  au  Carmel  d'Agen, 
où  elle  avait  dû  se  rendre  en  exil,  par  ordre  de  l'abbé  ^Mon- 
plan,  aum(Hiier  de  ce  couvent  et  ancien  aide-major  au  régiment 
de  Meuse,  qui  Jie  lui  laissa  pas  le  temps  de  voir,  avant  de 
partir,  son  fi-ère  M.  de  La  Mothe-S^-Géry,  ni  les  dames  de 
Lectoure  qui  voulaient  lui  dire  adieu*. 

Françoise  de  S*-Géry,  dame  de  Pauillac,  près  Fleurance, 
veuve  de  messire  Antoine-Gabriel  de  Galard-Saldebru,  che- 
valier, seigneur  dudit  lieu,  céda,  le  10  décembre  1783,  une 
partie  de  la  seigneurie  de  Pauillac  à  François-Saturnin  de 
Galard,  marquis  de  Terraube.  Peu  d'années  après  cette  vente, 
le  château  fut  détruit-,  les  jardins  changés  en  prés  et  guérets, 
mais  on  l'especta  la  sépulture  de  la  famille  de  Galard,  placée 
sous  un  des  bas-côtés  de  l'église  S'-Oi-ens  de  Pauillac.  Dans 
ce  caveau  se  trouvaient  inhumés  Jeanne  de  Bérailh,  née  de 
Galard  (1564),  Catherine  de  Bérac,  femme  de  Gaillard  de  Ga- 
lard (1576),  Jean-Paul  de  Galard,  seigneur  de  Pauillac  (1609), 
^larguerite  de  Montant,  femme  de  Jean-Paul  de  Galard  (1602), 
Brandelise  de  Galard-Terraube,  seconde  femme  de  Jean-Paul 
de  Galard,  Jean-Bernard  de  Galard-Pauillac,  capitaine  de 
cavalerie  au  régiment  de  Galard,  du  comté  de  Gaure  (décédé  le 
24  mars  1693),  Bei-nard  de  Galard,  seigneur  de  Pauillac  et  de 
Piiberon,  enseveli  le  16  novembre  1717,  Annette-Henriette  de 

'  I-t'ioiico  Couture.  Revue  île  Gascoijne,  ISTO. 

2  l'rocùs-veibal  conservé  à  la  mairie  de  Pauillac  (Gers)  :  «  La  municipalité  de  Pauillac, 
de  concert  avec  des  commissaires  nommés  jiar  la  Société  républicaine  du  dit  lieu,  a  pro- 
cédé, le  20  Floréal,  an  II  de  la  république,  à  la  brûlure  des  papiers  terriers  et  titres  de 
noblesse  des  Galard,  cx-sci^neiu s  de  Pauillac,  existant  dans  leur  cy-devanf  château,  au 
pied  de  l'arbre  de  la  liberté. 

"  Fait  à  la  luaison  commune,  les  jour  et  an  que  dessus.  » 


208 


NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


Montant,  femme  de  Bernard  de  Galard,  décédée  le  8  septem- 
bre 1707,  Joseph  de  Galard-Pauillac,  mort  le  12  mars  1751, 
Jacquette  de  Tamaignan-Bonnegarde,  femme  d'Antoine-Gabriel 
de  Galard-Pauillac,  décédée  le  16  décembre  1773,  Madame  de 
Gapdeville,  veuve  de  messire  François  de  Tamanlian,  seigneur 
de  Bonnegarde,  ensevelie  le  0  juillet  1759,  Marguerite  de 
Bastard,  veuve  de  messire  de  Galard,  seigneur  et  marquis  de 
risle-Bouzon  en  Lomagne,  morte  le  29  juin  1753,  Antoine 
Gabriel  de  Galard,  mort  à  Lectoure  en  1774,  et  transporté 
dans  l'église  de  Pauillac. 

Enfin  on  croit  que  Gaillard  de  Galard,  abbé  eommandataire 
de  Bouillas  et  seigneur  de  Pauillac  en  1585,  fut  déposé  dans 
la  sépulture  de  sa  famille  en  l'église  de  Pauillac. 

Les  Galard  avaient  été  seigneurs  de  ce  village  depuis  Gail- 
lard de  Galard,  avant  1550,  jusqu'à  Antoine-Gabriel,  qui 
mourut,  en  1774,  sans  postérité^ 

La  famille  de  S^-Géry  passa  les  mauvais  jours  de  la  Révolu- 
tion dans  le  château  de  la  ^lothe,  voisin  de  celui  de  élaguas. 
Le  baron  de  S'-Géry,  plus  lieureux  que  son  cousin,  le  mar- 
quis de  Galard,  échappa  à  l'échafaud  et  fut  enfermé,  plusieurs 
mois,  à  Aucli,  dans  l'ancien  palais  archiépiscopal.  A  son  re- 
tour à  la  Mothe,  il  trouva  sa  femme  et  ses  enfants  qui  avaient 
donné  l'hospitalité  à  ses  deux  sœurs,  dont  l'une  était  religieuse 
carmélite,  chassée  de  son  couvent. 

<L  Ames  douces,  esprits  des    plus  aimables,    leur   humeur 


'  SEIGNEURS  DE  PAUILLAC, 
DU  NOM  DE  Galard 


Gaii-lard  dk  Galard  (fils 
lie  Gilles  (le,  Galard-Tcnaiilic 
et  de  G.  de  Ki}i;aiid  de  Vau- 
dreuili,  vivant  en  I .').")(), 

é|».  Catiierinc  de  Herrac, 
I5G8; 

cp.  Kiaiiçoise  de  Lézir- 
Saldcbrii  1579. 

Jean-Paul   de    Galard  , 
vivant  en   16U9, 
ép.  Marguerite  de  Montaut, 


é|j.  lliaiiili.'iise  de  Galaid- 
Teii'aiilie. 


Jeax-Uernahd  de  Galard, 
ép.   Paule    de   Laj;ardèie, 

lO'iiy;    il   vivait  encore    on 

I6i7. 


Bernard   de  Galard, 
é|).   Henrietle-Annettc  de 


Montaut  en  1C74. 


Je  AN- Joseph  de  Galard, 
en  I7UI,  ép.  Marie  de  So- 
ros  de  Hroqnas,  mourut  en 
MiÀ. 


Antoine-Gabriel  de  Ga- 
lard, seijjneur  de  Riberon, 
ép.  J.de  Tamaignan  1745. 
ép.  Claire-Françoise  de  S»- 
Géry,  meurt,  en  1774,  sans 
enfant. 


EN  l'année  1787  209 

«  enjouée  dissipait  bien  des  nuages,  comme  leur  inébranlable 
((  confiance  en  Dieu  ranimait  le  courage  de  cette  famille  si 
«  éprouvée*.  )) 

Le  madrigal  suivant  leur  l'ut  adressé  par  Monsieur  L.  Malus, 
ancien  oratorien  et  grand  ami  de  la  maison  : 

POUR   LA   BIBLIOTHÈQUE   DES   DEMOISELLES   DE   S'-GÉRY 


Si  tant  de  livres,  par  mallieur,      Car  vous  retrouverez  en  elles, 
Sont  volés  à  ces  demoiselles  ,        Dans  leur  esprit  et  dans  leur  cœur. 
Ne  courez  après  le  voleur,  Ce  qu'ils  contiennent  de  meilleur-. 

Née  à  Lectoure,  en  1742,  Gabrielle  de  S'-Géry,  sœur  de 
^larçiuerite  et  fille  de  Jean-Louis  de  S'-Géi-v  et  de  Catherine 
de  Richement,  avait  été  professe  au  Carmel  de  Lectoure,  le 
21  avril  1764,  et  elle  décéda  au  château  de  La  ]\Iothe,  le  2 
mars  1804  3.  Une  de  ses  compagnes  de  couvent,  Jeanne  de 
Goudin,  (en  religion  sœur  Jeanne,  Thérèse  de  St-Jean),  ayant 
perdu  son  père,  Pierre  de  Goudin  \  seigneur  de  Peyrusse,  et 
sa  mère  Pétronille  de  ^lorlan,  se  vit  sans  parents  et  sans 
ressources,  en  quittant  le  Carmel.  Elle  partagea,  pendant  la 
Terreur,  la  réclusion  à  Lectoure  de  la  marquise  de  Galard. 
Entrée  au  couvent  le  1<^'"  novembre  1777,  ses  grandes  infirmités 
l'empêchèrent  d'y  revenir  avec  ses  sœurs,  en  1826,  et  elle 
trouva  longtemps  un  asile  au  château  de  élaguas.  Elle  mourut 
à  Lectoure  le  5  juin  1832. 

Le  12  Frimaire  an  IV  de  la  République,  ^lonsieur  l'abbé 
de  St-Géry,  ancien  supérieur  du  Carmel  de  Lectoure,  résidant 
à  la  ^lothe,  près  ^lagnas-S^-Clar,  âgé  de  91  ans,  aveugle  et 
perclus  de  ses  membres,  fut  forcé,  malgré  son  état  de  santé,  de 
se  rendre  à  la  maison  de  réclusion  d'Auch.  Les  protestations 
de  sa  sœur,  Marguerite  de  St-Géry,  les  déclarations  des  offi- 
ciers de  santé  Guillaume  Danzas  et  Jacques  Morisse,  et  môme 

*  Madame  la  baronne  de  S^-Génj,  par  l'alibc  MaKjuet,  Rente  de  Gascoijne,  1S69. 

2  Revue  de  Gascogne,  i883. 

3  11  Ventôse,  an  Xll.  (A.  l'iieux.) 

*  Armes  ries  GoiuUn  :  de  sinoiile  à  3  fliainpignons  d'argent. 

14 


210  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

une  décision,  en  sa  faveur,  de  la  municipalité  républicaine  de 
S'-Clar  ne  purent  sauver  ce  vieillard  qui  fut  arraché  de  La 
Motte,  et  traîné  à  Aucli,  d'où  il  ne  sortit  que  le  17  Nivôse, 
an  YIII,  ayant  perdu,  par  suite  de  ses  soulfrances  dans  la 
prison,  l'usage  de  la  raison i. 

Les  armes  des  S'-Géry  sont  :  d'or  (alias  d'argent),  à  la  croix 
de  gueules. 

Devise  :  In  hoc  signo  vinces. 

Outre  les  Montant,  Montesquiou,  Galard  et  Laas,  les 
S'-Géry  se  sont  alliés  aux  Balsac,  Cambon,  Sérillac,  Châ- 
teau-Renard,   Richemond,   etc. 

Des  procès,  longs,  coûteux  et  souvent  peu  justifiés,  ont  fait 
perdre  aux  S^-Géry  du  Lectourois  leurs  nombreuses  posses- 
sions territoi'iales. 

Les  Rey,  marquis  de  S^-Géry,  dans  le  Montalbanais,  sont 
d'une  famille  tout  à  fait  distincte  de  celle  des  S'-Géry  de  la 
Lomagne,  malgré  la  similitude  des  noms.  Leur  blason,  très  dif- 
férent, est  d'azur  à  la  bande  d'or,  accompagnée  de  six  besans 
du  même,  mis  en  orle. 

C'est  aux  Rey  de  S^-Géiy  qu'appaitenait  Monsieur  l'abbé 
de  S^-Géry,  chanoine  théologal  et  vicaire-général  de  Mon- 
tauban,  auteur  du  «  Discours  sur  le  désintéressement,  prononcé 
le  7  septembre  1780,  à  Vouuerture  de  V Assemblée  Provinciale 
de  la  llaute-Guj/enne  »  -. 

Il  existait  aussi,  dans  le  llaut-Quercy,  une  maison  deSoyris 
do  SKléry,  (jui  avait  de  l)onnes  alliances  dans  le  pays  et  qui 
comptait  parmi  ses  membres  : 

Bertrand  de  S'-Géry  de  Cabanes,  qui  fit  accord,  le  1<^'"  avril 
1471,  avec  Jean  do  Galard,  seigneui"  de  Brassac,  Guillaume 
de  S^-Géry,  commissaire  délégué  en  1  iUi,  par  les  habitants  de 

'  l'ersécnlioii  conlic  le  clcnjé  du  Gers,  soux  la  Hrroliilioii  franraise,  jtar  Lamazouade. 

2  C.liL'/,  iMoiilaid,  iiii|iiiinoiir  delà  r.oiiu',  de  Madame,  el  de  Madame  la coiiilcssc  d'.Ulois, 
rue  des  Matlmiiiis,  liùlcl  de  Cluiii,  1781. 


EN  l'année  1787  214 

la  Bastide  de  Font-Neuve,  pour  défendre  leurs  intérêts  contre 
les  consuls  de  Montauban^  et  Bertrand  de  S^-Géry,  mari  de 
Catherine,  fille  de  ^larc  de  S'-Gili,  seigneur  de  S'-Pantaléon^,  et 
de  Jeanne  Hue  de  Génebrède,  en  la  baronnie  de  Castelnau  de 
Montratier-. 


1  Moulenq. 

'  Etude  sur  le  moyen -âge,  par  L.  Limayrac. 


•il'i  NOBLESSE   DE    LOMAGNE 


LECTOURE 


LE  S.  MONDRAN 

Guillaume  de  Mondran,  écuyer,  et  François  de  ^londran, 
conseiller  du  Roi,  contrôleur-général  du  Taillon,  en  la  Géné- 
ralité de  Toulouse,  tirent  le  dénoml)rement  de  leurs  biens 
nobles  et  leur  déclaration  de  noblesse  devant  les  capitouls,  le 
7  avril  1689. 

Louis  de  Mondran,  écuyer,  fut  capitoul  de  Toulouse  en  1710, 
ainsi  que  Jean-Jacques  Bertrand  de  Mondran,  son  petit-fils. 

Guillaume  de  Mondran,  trésorier-général  de  France,  dans 
la  généralité  de  Toulouse,  rendit  hommage  au  grand-prieur 
de  l'ordre  de  S'-Jean  de  Jérusalem,  pour  les  fiefs  qu'il  possé- 
dait, le  12  janvier  1725. 

Messire  Jean-Aymar-Joseph-Gaspard  de  Mondran  fut,  le 
Ici"  juillet  1765^  un  des  témoins  du  baptême  de  J^ouis-Victor  de 
Galard,  fils  de  Saturnin,  marquis  de  Terraube,  et  de  Marie- 
Anne  de  Lostanges^ 

Lors  de  l'entrée  à  Lectoure  de  Monseigneur  de  Cugnac,  qui 
en  a  été  le  dernier  évoque,  Monsieur  de  Mondran,  maire  de 
cette  ville,  reçut  le  prélat  solennellement,  à  la  tête  des  Eche- 
vins  et  de  la  compagnie  des  grenadiers,  le  10  janvier  1774. 

Fi'ançois- Victor  de  Mondi-an,  ancien  capitaine  au  régiment 
de  Ilainaut,  habitant  Lectoure,  en  1700,  fut  nommé  chevalier 
de  S'-Louis. 

Enfin  cette  famille  comptait  parmi  ses  membres,  avant 
1700,  un  chanoine  de  l'église  de  Paris. 


'  Arcliivi's  (II-  Terraube  (Ocrs). 


EN  l'année  1787  213 

Les  armes  des  Mondran  étaient  :  écartelé,  aux  premier  et 
dernier  d'or,  au  chevron  d'azur,  en  pointe  un  monde  de  sable, 
cerclé  et  croiseté  d'argent  ;  aux  deuxième  et  troisième  d'or,  au 
taureau  passant  de  gueules,  au  chef  de  gueules  chargé  de  trois 
étoiles  d'argent. 

(Nob.  Toulousain). 


214  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


LECTOURE 


LE  S.  DUPRE 

Les  Dupré  étaient  originaires  de  la  vicomte  de  Bruilhois; 
une  branche,  dite  de  Pujet,  liabitait  Gimont. 

A  la  revue  passée  à  Condom,  le  l'i  mars  1529,  par  Roger 
d'Ossun,  noble  Pierre  de  Pujet  figurait  comme  homme 
d'armes. 

Gaspard  Dupré  avait  été  gouverneur  de  Bazas,  pour  le  roi 
de  Navarre,  et  était  marié,  avant  1562,  avec  Marguerite  de 
Luppé-Torrebren . 

En  1655,  noble  Paul  de  ^lazelières  épousa  Jeanne  Dupré. 

Un  Dupré  devint,  vers  1761,  conseiller  à  la  Cour  des  Aides 
de  Montauban. 

Messire  Du  Pré,  seiqneur  de  La  Granfje,  conseiller  au  Par- 
lement  de  Paris,  mourut  le  2  août  1754,  à  l'âge  de  66  ans  ;  il 
était  connu  sous  le  nom  de  Monsieur  de  La  Grange-Bléneau. 
Ses  armes,  d'or  à  tr'ois  pals  d'azur,  chargés  chacun  d'une  fleur 
de  lis  d'or,  n'avaient  nul  rapport  avec  le  blason  des  Dupré  de 
Guyenne,  ce  qui  permet  de  croire  que  les  deux  familles, 
quoiqu'ayant  un  nom  commun,  étaient  étrangères  l'une  à 
l'autre. 

En  Auvergne,  les  Dupré  ou  Duprat,  seigneurs  de  Veyrières, 
étaient  devenus  fort  puissants  et  avaient  abandonné  Issoire, 
vei's  1496,  pour  venir  se  (ixer  à  Nérac.  Outre  plusieurs  évoques^ 
des  chevaliers  des  ordres  du  Roi,  un  capitahio  do  la  forteresse 
d'Argental,  bailli  d'Annonai,  les  Duprat  donnèrent  à  la  France, 
en  1514,  un  grand  chancelier  qui  joua  un  rôle  im})ortant  dans 
les  affaires    de  son  temps.   Alliés  aux   Boliier,    L'Aubcspin, 


EN  l'année  1787  215 

Saiilx-Tavanes,  Vény-d'Arbouze,  Clermont  d'Amboise,  d'Alè- 
gre,  Baii)ançon,  Séguier,  Fay  de  La  Tour-Mauhourg,  Colbert, 
Amelot,  Arpajon,  Ghabannes,  Gosnac,d'Estouteville,Faudoas- 
Barbazan,  Gouffier,  S'-Simon,  Nouant  de  Raray,  Thiard  de 
Bissy,  etc.,  les  Duprat  formèrent  plusieurs  branches  dont  la  plus 
connue,  celle  des  Nantouillet-Thoury,  compta,  parmi  ses 
membres,  Antoine  Duprat,  baron  de  Thiern,  qui,  de  chance- 
lier devint  archevêque  de  Sens,  cardinal,  légat  du  Pape 
Clément  VII  et  mourut  en  1535,  comblé  debiensetd'lionneurs, 
Guillaume  Duprat,  évêque  de  Clermont,  dès  1528,  et  fondateur 
du  collège  de  ce  nom,  Antoine  Duprat,  prévôt  de  Paris,  che- 
valier de  l'Ordre  du  Roi,  François  Duprat,  marquis  de  Cani, 
capitaine  de  cavalerie  au  régiment  de  la  Reine,  marié  avec 
Anne-Marie  Colbert  du  Terron*,  décédé  en  1695,  Henry 
Duprat,  chevalier  de  Malte,  dit  le  comte  de  Barbançon,  Fran- 
çois du  Prat,  comte  de  Barbançon,  colonel  d'un  régiment 
d'infanterie,  et  quantité  d'autres  personnages  illustres  dans 
l'église,  l'armée  ou  la  magistrature. 

La  descendance  directe  du  chancelier  Duprat  s'éteignit, 
durant  l'émigration,  dans  la  personne  d'Antoine  du  Prat, 
marquis  de  Barbançon,  colonel  de  cavalerie,  mais  Claude  du 
Prat,  seigneur  d'Hauterive  en  Auvei\nne,  avait  fondé  une 
branche  qui  s'est  perpétuée  jusqu'à  nous. 

Nous  ne  savons  si  les  Dupré  de  Lectoure  et  la  maison  des 
Duprat,  seigneurs  d'Estussan,  Lauseignan  et  Cazeneuve,  étaient 
du  même  lignage.  Les  armes,  quoique  différentes,  se  rappro- 
chent assez  et  pourraient  n'avoir  varié  que  bien  après  la 
séparation  des  diverses  branches  de  la  même  souche. 

L'écusson  des  Duprat  était  :  d'or  à  la  fasce  de  sable, 
accompagnée  de  trois  trèfles  desinople,  deux  en  chef,  un  en 
pointe-. 

1  Armes  des  Colbert  :  d"ur  à  une  couleuvre  d"azur  posée  en  pal. 

2  Quelques  branches  de  la  maison  du  Prat  portaient,  outre  cet  écussoii  brochant  sur  le 
tout,  les  écartclurcs  suivantes  :  aux  premier  et  dernier,  d'argent  à  trois  lions  de  gueule, 
aux  deuxième  et  troisième  conlr'ccartelé  de  gueules  à  la  bande  d'or,  et  d'or  au  cor  de 
chasse  d'azur  lié  de  gueule,  et  un  sur  le  tout,  chargé  de  cinq  points  d'or,  équipolés  à 
quatre  d'azur.  (La  Chesnayc-des-Bois). 


216  NOBLESSE  DE   LOMAGNE 

Les  Dupré  de  Guyenne  portaient  pour  armoiries  :  d'azur  à 
la  fasce  d'argent,  accompagnée  de  trois  besans  d'or,  deux  en 
chef,  un  en  pointe. 

Il  existait  en  Normandie,  près  de  Carentan,  une  famille  Du 
Pré,  possédant  les  seigneuries  de  Montmartin  et  de  ]\Iarmilly, 
qui  avait  pour  armes  :  d'argent  au  sautoir  endanté  de  sable, 
cantonné  de  quatre  quintefeuilles  de  gueule. 

Jean-Baptiste  des  Bravards  d'Eissat,  lils  du  chevalier  des 
Bravards  d'Eissat,  a  pris  le  titre  de  comte  du  Prat,  et  l'a 
transmis  à  ses  descendants,  par  suite  du  mariage  de  son  père 
avec  Claire-Françoise  du  Prat,  héritière  de  Jean-François 
du  Prat,  son  oncle,  représentant,  en  1716,  une  branche  de 
cette  maison,  qui  avait  pour  auteur  Thomas-Annet  du  Prat, 
frère  cadet  du  célèbre  chancelier. 

En  vertu  de  cette  substitution,  la  famille  des  Bravards 
d'Eissat,  comtes  du  Prat,  écartèle  ainsi  son  écusson  :  Aux 
premier  et  quatrième,  d'azur,  au  chevron  d'or,  accompagné  de 
trois  billettes  du  même,  qui  est  des  Bravards  d'Eissat;  aux 
deuxième  et  troisième,  d'or,  à  la  fasce  de  sable,  accompagnée 
de  trois  trèfles  de  sinople,  qui  est  des  du  Prat. 

Devise  :  Spes  mea  DeiisK 

Les  Dupré  de  Geneste,  originaires  de  l'Agenois,  fixés  aussi 
pour  une  de  leurs  branches  en  Lorraine,  avaient  comme  armes  : 
écartelé  aux  premier  et  quatrième  d'argent,  à  la  pitié  d'azur-, 
au  chef  d'azur  chargé  de  trois  molettes  d'argent  ;  aux  deuxième 
et  troisième  d'azur,  au  chevron  d'or,  accompagné  de  3 
genettes  aussi  d'or,  passant  deux  en  chef,  une  en  pointe. 

Les  Du  Pré,  de  Pomarède  en  Gascogne,  de  Billy  en  Berry  et 
de  Yisnaugé  en  Bourgogne,  portaient  dans  leur  écusson,  un 
compas  ouvert  d'or,  sur  fond  d'azur. 

La  famille  Dupré  de  S'-Maur  avait  pour  Ithison  :  parti  au 
premier  d'azur,  à  la  bande  d'or,  chargée  de  ti'ois  cosses  de  pois 
de  sinople  ;  au  deuxième  d'aigent,  à  la  fasce  de  sinople, 
accompagnée  de  trois  trèlles  de  même. 

'  Bort'l  (rHautcrivc; 

'  IN'Iicaii  nourrissant  ses  p«lits. 


EN  l'année  1787  217 


PERGAIN 


LE  S.  DAMPELLE 

Le  château  d'Ampels  ou  Dampelle,  situé  près  de  Pergain, 
en  Lectourois,  avait  été  habité  par  la  famille  d'Ampelle,  dont 
une  des  descendantes  a  épousé  Monsieur  du  Gos  de  la 
Ribérette. 

Sanson  d'Artigau  d'Ampeils  hérita,  le  22  avril  1555,  de  Jean 
d'Artigau  ;  un  autre  Jean  d'Artigau  d'Ampeils  vivait  en  1585. 

Dans  l'état  des  gentilshommes  de  la  vicomte  de  Bruilhois, 
le  20  octobre  1576^  figure  le  sieur  d'Ampeils. 

Jacques  et  Marc-Antoine  de  Montlezun,  frères  de  Bernard 
de  Montlezun-Ligardes,  portaient,  au  seizième  siècle,  le  titre 
de  seigneurs  d'Ampeils.  Leur  écusson  était  :  d'argent  au  lion 
couronné  de  gueules,  à  l'orle  de  neuf  corneilles  de  sable, 
becquées  et  pattées  de  gueules,  4,  2,  2  et  1. 

Pendant  le  mois  de  mars  1652,  la  dame  d'Ampeils,  co-sei- 
gneuresse  de  Valle  de  Lomâgne,  reçut,  dans  son  château,  les 
habitants  de  Pergain,  qui,  harcelés  par  les  gardes  du  Prince 
de  Condé  et  de  Gonti,  ne  pouvaient  sortir  que  déguisés  en 
femmes^  car  les  «  ennemis  les  auraient  pris,  attachés  et  fait 
mourir  misérablement  avec  de  gros  coups,  ou  pour  le  moins 
leur  auroieyit  fait  rôtir  les  pieds  ».  Ces  excès  durèrent  jusqu'au 
17  mars.  L'armée  du  Roi,  sous  les  ordres  de  d'Harcourt,  Saint- 
Luc  et  Marin,  désarma  les  gardes  et  interna  les  rebelles  à 
Lectoure  et  Fleurance.  «  C'était  beau  de  les  voir  se  retirant 
chaque,  sa  canne  blanche  à  la  main  seulement^.  » 

'  Noulens  (Les  du  Buuzet). 


218  NOBLESSE  DE  LOMAGNE 


DOAZAC 


LE  BARON  DE  ROQUEFORT 

En  1376,  noble  Bertrand  de  ^liran  était  seigneur  de  Roque- 
fort, de  Brax  et  du  Limport  en  Bruilhois. 

Jean  de  Dermyesse,  écuyer,  seigneur  de  Roquefort,  bailli 
de  la  vicomte  de  Bruilhois,  autorisa,  par  lettres  du  12  janvier 
1503,  ((  les  consuls  de  Sérignac  à  porter  des  chaperons,  ainsi 
que  le  font  les  consuls  de  La  Plume,  Layrac,  Gaudecoste  et 
Montesquieu  »  ^ 

Roquefort  fut  érigé  en  baronnie  pour  la  maison  de  Montes- 
quieu, qui  la  possède  encore. 

Le  nom  patronymique  de  cette  famille  est  Secondât  ;  elle 
s'était  divisée  en  plusieurs  branches,  celle  des  barons  de  Mon- 
tesquieu et  de  Roquefort,  celle  de  Raymond  et  de  Roques. 

Le  premier  seigneur  de  Roquefoi't  du  nom  de  Secondât,  fut 
Pierre  II  de  Secondât,  seigneur  de  La  Fleytes,  Glermont- 
Dessus,  Roques,  Belmont,  Lisse,  Taillebourg,  Termes, 
Samazan,  Romefort,  Faugères ,  Escassefort,  trésorier-général 
des  finances  de  France,  aux  pays,  généralité  et  duclié  de 
Guyenne,  en  1544.  Il  descendait  de  Pierre  Secondât,  qui  vint 
du  Berry,  s'établir  à  Agen,  dans  la  moitié  du  xv^  siècle-. 

Jean-Godefroy,  baron  de  Roquefort,  seigneur  de  S^-Marcel, 
avait  épousé  Marie-Bernardine  de  la  Myre^,  dame  de  Doazac. 
Elle  lui  apporta  ce  domaine.  Au  xvi^  siècle,  les  Secondât  pos- 

'  J.  (le  lîourroussc  de  LafTorc. 
•■'  Id. 

3  Armes  des  la  Myrc  :  d'or  à  la  bande  de  gueules,  côtoyée  eu  chef  de  trois  merlcttcs  de 
sable,  et  accompagnée  de  deux  tourteaux  d'azur. 


EN  l'année  1787  219 

sédaient;,  dans  le  Bruilhois,  sept  seigneuries  ayant  droit  de 
justice  :  Roquefort,  Goulard,  Sérignac,  Montesquieu,  Ségongnac 
Plaichac  et  Cup.  Ces  fiefs  leur  avaient  été  vendus,  à  pacte  de 
rachat  perpétuel^  par  Jeanne  d'Albret,  reine  de  Navarre, 
vicomtesse  de  Bruilhois,  le  30  octobre  1562.  Ils  avaient  été 
précédemment  confisqués  sur  Pierre  de  Secondât,  seigneur  de 
Roques,  père  de  Jean,  qui  reçut  de  nouveau  ces  terres.  La 
cession  fut  constatée,  le  19  décembre  1576,  par  Henri  de 
Bourbon,  roi  de  Navarre,  devenu  plus  tard,  roi  de  France. 

Jean  de  Secondât,  marié  avec  Eléonore  de  Brénieu,  arrière 
petite-fille  d'une  princesse  de  la  maison  royale  d'Angleterre, 
de  la  branche  d'York,  fut  le  père  de  Jacob  de  Secondât,  baron 
de  Montesquieu,  gentilhomme  ordinaire  d'Henri  IV  et  de 
Louis  XIII,  chevalier  de  l'ordre  de  S^-Michel,  lieutenant- 
colonel  et  bisaïeul  de  Charles-Louis  de  Secondât,  baron  de  La 
Brède  et  de  Montesquieu,  président  au  Parlement  de  Bordeaux, 
auteur  de  V Esprit  des  Lois,  et  l'un  des  quarante  de  l'Académie 
Française. 

Marie-Louise  de  Secondât-Roquefort  épousa  le  comte  Joseph 
de  Raymond,  capitaine  de  cavalerie,  et  Godefroy  de  Secondât, 
baron  de  Roquefort,  se  maria,  en  1706,  avec  Louise  de 
Raymond,  fille  de  Messire  Gratien  de  Raymond*,  seigneur  de 
Lagarde  et  de  Bonnegarde,  lieutenant  des  maréchaux  de 
France  à  Agen. 

Les  armes  des  Montesquieu-Secondat  étaient  :  d'azur  à  deux 
coquilles  d'or  en  chef,  et  au  croissant  d'argent  en  pointe. 

Madame  de  Montesquieu  d'Hautpoul,  marquise  de  Roquefort, 
fut  appelée,  à  l'Assemblée  de  la  noljlesse  de  la  sénéchaussée 
de  Toulouse,  en  1789. 

Monsieur  de  Larroche  était  le  procureur-fondé  de  Monsieur 
de  Roquefort,  à  la  réunion  des  trois  ordres,  tenue  à  Lectoure. 


'  Les  armes  Jes  Raymond  sont  :  losange  d'or  cl  d'azur  ;  on  les  trouve  aussi  :  écartclé 
au  premier  d"azur  à  la  cioix  alésée  d'argent,  au  deuxième  losange  d'or  et  d'azur,  au  troi- 
sième de  gueules,  à  la  cloche  d'argent,  au  quatrième  d'azur  à  la  mappemonde  d'argent  ; 
enfin  un  membre  de  cette  famille  portait  :  d'or  à  trois  mondes  de  gueules,  au  chef  d'azur 
chargé  d'un  croissant  d'argent  accosté  de  deux  étoiles. 


220  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

On  trouvait  aussi  dans  la  sénéchaussée  de  S'-Sever-Chalosse, 
une  baronnie  de  Roquefort  de  Tursan,  près  Lasque,  apparte- 
nant à  la  famille  de  Fortisson  et  qui  avait  été,  en  1560,  à 
Antoine  de  Grammont. 

Pierre-François  de  La  Salle  de  Bordes,  baron  de  Sarraziet 
dans  les  Landes,  conseiller  d'honneur  au  Parlement  de  Bor- 
deaux, fils  de  Jean-Martin  de  La  Salle,  seigneur  de  Gère  et  de 
Plaisance,  président  en  la  première  chambre  des  Enquêtes,  et 
de  noble  Jeanne  de  Mons*,  obtint,  le  16  novembre  1739,  que  sa 
terre  de  Roquefort,  première  baronnie  de  Marsan,  fût  érigée 
en  marquisat  ;  son  frère,  Jean-Louis  de  La  Salle,  portait  le 
titre  de  seigneur  de  Sarraziet  ;  leur  sœur  Jeanne  avait  épousé, 
en  1722,  François  de  Gastelnau'-,  baron  de  Brocas,  et  leur 
autre  sœur,  Pauline-Catherine,  s'était  mariée,  le  2  mars  1726, 
avec  Jean  de  Gours,  seigneur  de  Vigneau  3. 

François  de  La  Salle,  marquis  de  Roquefort,  baron  de  Sar- 
raziet, fut  député  de  la  noblesse  pour  la  sénéchaussée  du 
Mont-de-Marsan,  à  l'Assemblée  constituante.il  avait  ligure,  en 
1789,  à  la  réunion  tenue  à  Dax,  par  les  nobles  du  pays.  Ses 
armes  étaient  :  échiqueté  d'or  et  d'azur,  au  chef  d'azur  chargé 
de  trois  rocs  d'échiquier  d'or,  dont  l'un  bordé  d'une  bordure 
composée  d'or  et  de  gueules.  Alias  :  d'argent  à  la  bande  d'azur 
chargée  de  trois  tètes  de  lion  coupées  d'or.  Les  Mougins  de 
Roquefort,  dans  la  sénéchaussée  de  Grasse,  en  Provence, 
avaient,  pour  blason,  un  peuplier  de  sinople,  soutenu  par  un 
croissant  de  gueule,  accompagné  de  trois  étoiles  de  sable*. 


•  Armes  des  Uc  Mons  :  d'azur  à  trois  molettes  d'éperon  d'or,  au  clief  cousu  de  gueules, 
chargé  d'un  lion  passant  d'or.  (Armoriai  de  Cauna). 

'  Armes  des  Caslelnau-lJrocas  :  écartelé  aux  premier  et  iiuatriènie  de  gueules  au  ihàleau 
d'or,  donjonné  de  trois  pièces,  aux  deuxième  et  troisième  d'argent,  au  lion  de  gueules. 

3  Armes  des  Cours  :  d'argent  au  pin  de  sinople  terrassé  de  sable,  séuestré  d'uu  lion,  con- 
tre-rampant de  gueules,  et  couronné  de  même.  » 

♦  Etat  présent  de  la  Noblesse   Française.  i 


k 


EN  l'année  1787  221 


SAUMONT 


LE  COMTE  DU  SAUMONT 

On  connaissait  dans  le  Bruilliois,  deux  terres  du  Saumont  ; 
l'une  sans  titre  et  n'ayant  aucun  droit  de  justice,  avait  appar- 
tenu aux  Garbonneau,  aux  Gaudecoste  et  aux  Dampierre, 
l'autre,  titrée  vicomte,  était  située  dans  la  commune  de  ce 
nom.  Elle  avait  été  auxd'Albret,  aux  Béarn  et  aux  Mauléon. 

Jeanne-Marthe  de  Tersac,  vicomtesse  du  Saumont,  fille  de 
Marie  de  Mauléon  (dont  la  mère  étaitJeanne-Marthe  de  Béarn), 
avait  pour  père,  François  de  Tersac*,  marquis  de  Monberault. 
Elle  porta  cette  seigneurie,  le  8  avril  1657,  dans  la  famille  des 
Montault  S'-Sivier,  barons  de  Gadeillan,  seigneurs  de  ^lalartic. 

Les  Montault,  vicomtes  du  Saumont,  étaient  d'une  noble 
race,  qui  descendait  des  premiers  comtes  de  Fezensac,  et 
avait  une  origine  commune  avec  la  maison  de  Noé. 

Ucians  de  Montant  est  cité,  dès  l'année  1030,  parmi  les 
bienfaiteurs  du  monastère  d'Eauze,  avec  le  comte  de  Fezensac 
et  le  vicomte  de  Gavarret  et  Lomagne^. 

Le  père  d' Ucians,  Odon  Icr,  baron  de  Montant,  avait  cédé 
l'Eglise  S^-Orens  d'Aucli  à  Bernard  le  Louche,  premier  comte 
d'Armagnac,  vers  957,  en  échange  de  la  terre  de   Villepeinte. 

Les  Montault,  seigneurs  de  Bouillan,  faisaient  partie  des 
quatre  grands  barons  d'Armagnac,  et  ils  avaient,  en  1008  et 
1201,  donné  à  Auch  deux  archevêques^. 

'  Armes  des  Tersac  :  écartelé  aux  premier  et  quatrième  de  France  ;  au  deuxième  d'azur 
à  la  fasce  d'or,  au  troisième  de  gueules  plein. 
^  Hevue  de  Gascogne,  t.  xvi. 
3  Montlczun,  Histoire  de  Gascogne,  t.  ii. 


222  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Un  seigneur  de  ^lontault  alla,  vers  la  lin  de  1219,  défendre 
la  ville  de  Toulouse,  assiégée  par  le  fils  de  Philippe-Auguste. 

Gaston  de  ^lontaut  signa,  le  3  septembre  4242,  un  traité 
d'alliance  conclu  entre  le  comte  de  Toulouse,  Raymond  YII, 
et  le  roi  d'Angleterre  ;  les  autres  témoins  étaient  :  Amanieu 
d'Albret,  Pierre  de  Castillon,  Raymond  de  Caumont,  Gaston 
de  Gontaud,  Arnaud  de  Montpezat,  Esquirs  de  Fumel,  Guil- 
laume de  Pins,  Vital  de  Gazenove  et  la  communauté  d'Agen, 

Rernard  II  de  jMontault  accompagna  S^-Louis  à  la  croisade. 

On  conserve  dans  les  archives  du  château  de  Magnas-S'- 
Glar  (Gers),  un  vieux  parchemin  qui  relate  «  l'hommage  rendu, 
le  l"^'"  décembre  1299,  au  vicomte  de  Lomagne,  par  Othon  de 
^[ontaut,  pour  sa  terre  de  Peyrecave,  située  dans  la  dite 
vicomte,  sous  l'hommage  d'une  paire  d'éperons  dorés  )). 

Le  30  octobre  1526,  au  lieu  du  St-Puy,  dans  le  comté  de 
Gaure,  diocèse  d'Auch,  noble  jNIiramonde  de  Montant,  dame 
de  Clermond,  au  diocèse  de  Toulouse,  et  Bertrand  de  Montaut, 
sieur  de  Paulhac,  assistèrent  au  mariage  de  nol^le  Biaise  de 
Mansencôme  avec  noble  Antoinette  Isalguieri,  lîlle  de  défunt 
noble  Jacques  Isalguier,  en  son  vivant,  baron,  chevalier,  sei- 
gneur de  Glermond,  et  de  la  dite  noble  dame  Miramonde  de 
Montaut,  dame  de  Clermond  -. 

Un  sire  de  Montault  se  trouve  mentionné  sur  le  rôle  des 
sujets  au  ban,  en  la  sénéchaussée  d'Armagnac  au  XVI^  siècle. 

Dans  un  état  des  gentilshommes  de  la  vicomte  de  Bruilhois, 
dressé,  le  20  octobi^e  1576,  figure  le  seigneur  du  Saumont. 

Les  S'-Sivier  étaient  une  branche  des  INIontault-Bénac^,  et 
tiraient  leur  origine  de  Boos  de  ^[ontaut,  seigneur  de  Broil, 
fils  de  Jean  II  de  Montaut,  baron  de  Bénac.  Il  épousa  Gail- 
larde de  S^-Sivier.  Leur  fils  Bernard  se  maria,  en  1506,  avec 


'  Les  Izalguier,  seigneurs  de  Graves,  Casteliiau  d'Estretefonds,  Autciivc,  S'*-Liviade, 
etc.,  avaient  pour  armes:  de  gueules  à  la  llcur  d'izalguc  d'argent  (alias),  d'or  à  5  bran- 
ches d'isalgue  feuillces  de  sinople.  S 

'  I{evue  de  Gascoijne,  t.  xvi, 

^  Onsc  de  Bénac  apporta  cette  seigneurie  à  son  mari,  Bcrlraïul  de  Moalault,  vers  I35U. 


i 


EN  l'année  1787  223 

Catherine  d'Aubarède.  L'aîné  de  leurs  petits-fds,  François, 
devint  l'auteur  des  seigneurs  de  Montault.  Cette  terre,  près 
de  risle-de-Noé,  fut  acquise,  en  1630^  par  Etienne,  fils  aîné 
de  Messire  Philippe  de  Montault-Bénac,  baron  de  Navailles  et 
de  Montault. 

Le  cadet,  Guillaume,  forma  la  branche  des  S^-Sivier,  sei- 
gneurs de  ÎMalartic-Roquetaillade,  près  Auch,  vicomtes  du 
Saumont  en  Bruilhois. 

La  branche  aînée  de  la  maison  de  Montault-Corrensaguet 
s'éteignit,  dès  1422,  dans  la  famille  de  Voisins,  ainsi  que  la 
branche  cadette  de  Montault-Gramont;  le  dernier  rameau  des 
Montault-de-Lomagne  s'est  perpétué  en  Armagnac  jusqu'en 
1778. 

Vers  cette  époque,  cette  famille  se  fixa  en  Normandie,  où 
elle  existe  encore,  avec  le  titre  de  marquis,  et  elle  abandonna 
définitivement  le  pays,  où  ses  ancêtres  avaient  possédé  les 
seigneuries  de  Gramont,  de  Confolens  et  de  Castelnau,  acqui- 
ses par  suite  d'un  mariage  avec  l'héritière  de  ces  fiefs  qui 
avaient  appartenu,  jusqu'au  commencement  du  xv^  siècle,  à 
la  maison  d'Arbieu. 

Guillaume  de  Voisins,  baron  de  ]\Iontaut,  fut  exécuteur  tes- 
tamentaire de  Jacques,  baron  de  Pardaillan,  vicomte  de  ^lau- 
vaisin  et  de  Juillac,  qui  testa,  le  5  août  1522;  il  nomma,  pour 
assister  le  baron  de  Montant  dans  le  partage  de  sa  succession, 
Bertrand  d'Estissac,  Arnauld  de  Caumont-Lauzun,  Jean,  sei- 
gneur de  La  Rochebeaucourt,  et  André  de  Gelas,  seigneur  de 
Léberon. 

En  1473,  un  cadet  de  la  famille  de  Galard  de  l'Isle-Bouzon 
s'était  allié  avec  Jeanne  de  Montault,  fille  de  Jean  de  Montaut, 
seigneur  de  Castelnau-d'Arbieu,  et  de  Miramonde  de  Galard, 
formant  ainsi  une  branche  qui  partagea  avec  les  ^Montault  la 
seigneurie  de  Castelnau  et  d'Aurenques,  jusqu'à  la  fin  du 
XVJe  siècle. 

Vers  1570,  Antoine  de  Montault,  ayant  épousé  Catherine  de 
Laas,  veuve   de  Guy  de   Galard,    co-seigneur  de  Castelnau- 


224  NOBLESSE  DE  LOMAGNE 

d'Arbieu,  prit  des  arrangements  avec  Jeanne,  lille  unique  de 
Guy  de  Galard,  à  la  suite  desquels  il  devint  seigneur  de  la 
totalité  de  Castelnau*  et  d'Aurenque.  Jeanne  de  Galard  fut 
mariée,  en  1587,  avec  Alexandre  de  Sérillac  (ou  Sédillac),  sei- 
meur  de  St-Léonard-. 

Pliilippe  de  Montault,  baron  de  Bénac,  sénéchal  et  gouver- 
neur du  Bigorre,  époux  de  Judith  de  Gontaut-S^-Geniez,  fut 
créé,  dans  l'année  1650,  duc  de  Lavedan.  Cette  seigneurie 
était  entrée  dans  la  maison  de  Montault  par  les  mariages  d'Ar- 
naud et  Jean  de  Montault,  seigneurs  de  Bénac,  père  et  fils, 
avec  la  sœur  et  la  fille  de  Raymond  Garcie  de  Lavedan^,  le  23 
janvier  1457. 

Philippe  II,  duc  de  Navailles*,  pair  et  maréchal  de  France, 
en  1675,  chevalier  des  ordres  du  Roi,  gouverneur  de  Bapaume, 
du  Havre  et  de  l'Aunis,  mari  de  Suzanne  de  Baudéan^,  dame 
d'honneur  de  la  Reine  Anne  d'Autriche,  appartenait  à  la  mai- 
son de  Montault-Bénac. 

Leur  lille  épousa  Henri  d'Orléans,  marquis  de  Rothelin, 
descendant  du  célèbre  Dunois*^.  Henry  de  ]\Iontault,  frère  du 
Maréchal,  seigneur  d'Audanne,  fut  gouverneur  de  Mariem- 
bourg  et  de  S^-Omer. 

Cette  branche  des  Montault,  barons  d'Auterive,  Bénac, 
Navailles  (devenu  duché),  seigneurs  de  Miramon  et  Pechda- 
gnel,  finit  en  la  personne  du  duc  de  Navailles,  père  de  madame 
d'Elbeuf,  dont  la  fille  épousa  le  duc  de  Mantoue. 


*  Voir,  à  Tappendice,  le  maïKlcinciit  de  la  Taille  en  la  r.ommunaiité  do  Caslelnaii- 
d'Arbieu. 

^  fier  ne  de  Gasco(jne,  187y. 

3  Armes  des  Lavedan  anciens  :  d'azur  à  3  cœurs  d'or,  posés  2  et  I. 
id.     des  Lavedan  modernes  :  d'argent  à  3  corbcanx  de  sable. 

♦  Gaspard  d'Andoins  avait  laissé  la  baronnie  de  Navailles  à  sa  fille  Madeleine,  mariée 
en  1527  avec  Jean-Marc,  baron  de  Montault-Bénac. 

^  Armes  des  Baudéan  :  d'or,  au  pin  arraché  de  sinople. 

"  Les  armes  des  Rollielin  étaient  ;  ccartelé,  aux  l»'  et  i"  d'or  à  la  bande  de  gueule, 
aux  i«  et  3«  d'argent  au  pal  de  gueule,  chargé  de  3  chevrons  d'argent,  et  sur  le  tout, 
d'Orléans,  au  balon  péri  de  gueule  en  bande. 


V 

I 


EN  l'année  1787  225 

Plusieurs  membres  de  cette  famille  avaient  été  capitouls  de 
Toulouse;  Jean  de  Montaut,  eu  liOi,  Jacques,  seigneur  de 
PeclKlagnel,  en  1410,  1417,  1425  et  142(),  Bertrand,  chevalier, 
seigneur  d'Hauterive  et  du  Vernet,  on  1430,  Jean-Marc  de 
Montault,  chevaliei*,  seigneur  de  Bénac,  en  1538,  ne  dédai- 
gnèrent pas,  malgré  l'illustration  militaire  de  leur  maison, 
d'occuper  ces  fonctions  consulaii'es,  où  ils  rendirent  de  grands 
services.  Le  duc  de  Navailles,  à  la  création  des  chevaliers  des 
ordres  du  Roi,  rappela  dans  ses  preuves  de  noblesse,  le  titre 
de  Capitoul  porté  par  son  bisaïeul,  Jean-Marc  de  Montault- 
Bénac^  Enfin,  en  IGOG,  les  commissaires  du  Roi,  pour  la 
recherche  des  faux  nobles  du  Languedoc,  déclarèrent,  par  la 
voix  de  Monsieur  de  Besons,  intendant  de  justice,  que  la 
noblesse  appartenait  à  tous  ceux  qui  pouvaient  prouver  être 
ou  avoir  été  capitouls,  ou  descendant  d'un  capitoul. 

Frise  d'Antras,  dame  de  Flourès  et  de  Greschies,  épousa, 
par  contrat  du  12  mars  1005,  César  de  Montault,  seigneur  de 
Barthères,  deuxième  fils  d'Antoine  de  Montault-Barthères  et  de 
Jeanne  de  Gélas-Bonas-.  Antoine  était  le  second  fils  de  Jacques 
de  Montault,  seigneur  de  Castelnau-d'Arbieu,  et  il  avait  pour 
grand-père,  le  célèl)re  Bernard  de  Montant  seigneur  de  Gas- 
telnau,  dont  parle  Monluc  et  qui  fut  mêlé  aux  guerres  de 
Louis  XI,  Charles  VIII,  Louis  XII  et  François  I'^'^, 

César  de  ÎMontault,  mari  de  Frise  d'Antras,  eut  un  fils, 
Arnaud  Guilliem  de  Montault,  seigneur  de  Flourès  ;  sa  femme 
était  Françoise  d'Estève,  fille  de  Jean  d'Estève,  vice-sénéchal 
d'Armagnac  et  de  Jeanne  d'Antras  de  Cornac. 

Le  père  de  cette  dernière,  Jean  d'Antras  de  Samazan  *,  sei- 
gneur de  Pallane,  marié  avec  Françoise  de  La  Violette-Cornac, 

'  D'après  un  vieux  dicton  du  douzième  siècle,  conserve  jusqu'à  nos  jours. 
De  grand  noblesse  prend  Titoul  (qualité) 
Qui  de  Toulouse  est  Capitoul. 

^  Armes  des  Gelas  :  d'azur  au  lion  d'or,  armô,  lampassé,  couronné  de  gucurcs. 

3  Mémoires  de  J.  d'Antras. 

*  Armes  des  d'Antras  :  d'argent  à  3  roses  de  gueules  boutonnées  d'or. 

15 


226  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

est  l'auteur  d'intéressants  mémoires  publiés  par  ^lessieurs  de 
Carsalade  du  Pont  et  Tamizey  de  Larroque. 

A  l'assemblée  générale  des  trois-ordres,  tenue  à  l'Isle-Jour- 
dain  le  16  mars  1790,  le  comte  du  Saumont  et  Monsieur  de 
Narbonne  avaient  choisi  le  baron  de  S'-Géry  pour  leur  procu- 
reur fondé,  sans  doute  à  cause  des  liens  de  parenté  existant 
entr'eux,  depuis  le  mariage,  en  1617,  de  Jeanne,  Louise  de 
Montault  avec  Joseph  de  S^-Géry,  baron  de  Magnas. 

Il  existe,  dans  le  midi  de  la  France,  plusieurs  familles,  fort 
honorables  d'ailleurs,  et  portant  le  nom  de  Montant  ou  Mon- 
tault, mais  dont  l'origine  n'a  rien  de  commun  avec  celle  des 
Montaut-S'-Sivier,  Montaut-Bénac  et  Montaut-d'Arbieu. 

Les  armes  anciennes  des  Montault  étaient  :  Ecartelé  au  l*-''", 
contr'écartelé  d'or  et  de  gueule  qui  est  Gontaut-Biron  ;  au  2<^ 
de  Navarre,  au  3^  de  Foix,  au  4'^  de  Béarn,  et  sur  le  tout 
ecartelé  aux  1<^''  et  ¥  d'azur  à  2  mortiers  de  guerre  d'argent, 
allumés  de  gueules,  posés  en  pal,  qui  est  Montault  d'Arma- 
gnac et  de  Xaintrailles,  parti  de  gueule  à  la  croix  pattée  d'ar- 
gent qui  est  Comminges,  aux  2^  et  3^  d'azur  à  2  lapins  d'or, 
courant  l'un  sur  l'auti'e.  Les  IMontault  de  Normandie,  de  Lisse 
et  de  Sion  portent  seulement:  losange  d'argent  et  d'azur, 
couronne  de  marquis;  cimier,  une  aigle  issante  au  vol  abaissé. 

Les  alliances  de  la  famille  de  jMontaut,  toutes  dignes  de  son 
ancienneté  et  de  son  illustration,  ont  été  avec  les  mai,sons  d'Al- 
bret,  de  Barbazan,  d'Astarac,  de  Comminges,  de  Dreux-Brézé, 
de  Faudoas,  de  lAippé,  de  Goth,  de  l'Isle-Jourdain,  d'Héricy, 
de  Lespinay,  de  Montpezat,  de  Rohan,  de  Montesquieu,  de 
Preissac-Esclignac,  de  la  Rochefoucauld,  de  Rabastens,  de  Sa- 
vinhac,  de  Verduzan,  de  Sérillac,  d'Isalguiei',  de  Radepont, 
de  Monluc^,  etc.. 

'  Les  Isalguier,  niii;iiiaiics  du  Lauragiiais,  avaient  l'oniK;  les  branches  des  barons  de 
Clcrmout,  d'Audars,  Casleliiaii-d'Estretcrouds  cl  Foiirquevaiix-Mérenvielle...  Ils  s'étaient 
alliés  aux  Hochccliouart-Faudoas,  Rouaix,  etc.  Le  célèbre  Moulue  avait  épousé,  le  20 
octobre  1526,  Antoinette  Isalguier,  fille  de  Jacques  Isalguier,  baron  de  Clermont. 

2  Cliarlollc-Callierino  de  Monluc,  fille  de  Biaise  de  Moulue,  niaréclial  de  Franre,  cl  de 
sa  seconde  fcuiine,  Isaboau  de  Heanville,  so  maria  avec  Ayniery  de  Voisins,  seigneur  de 
Montault. 


EN  l'année  1787  227 

Les  Montaiit-Mucidan  ne  portaient  ni  les  armes  des  Montant 
anciens  ni  celles  des  Montault-Voisins;  leur  blason  était:  d'ar- 
gent au  chef  denché  d'azur.  L'écusson  des  S'-Sivié  présentait 
un  bras  d'argent  tenant  une  croix  de  même,  sur  fond  de 
gueules . 

On  trouve  aussi,  dans  plusieurs  armoriaux  que  les  Montant 
(lu  midi  de  la  France  avaient  porté  les  armoiries  suivantes: 
d'or  au  pin  de  sinople,  accompagné  de  deux  faucons  de  sable, 
alïrontés  chacun  sur  un  monceau  de  sable  du  même,  becque- 
tant dans  l'arbre. 


228 


NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


LISLE-BOUZOX 


LE  MARQUIS  DE  GALARD 

La  seigneurie  de  l'Isle-Bouzon  (ou  Bozon),  en  Lomagne,  eut 
d'abord  le  titre  de  baronnie,  puis  de  marquisat.  Elle  fut  don- 
née, en  i^TO,  par  la  fille  et  héritière  de  Bertrand  de  l'Isle 
(de  la  dynastie  des  comtes  de  l'Isle-Jourdain),  à  son  fils,  Géraud 
de  Goalard,  deuxième  enfant  d'Ayssin  II  de  Goalard,  seigneur 
de  Goalard,  Teriaube,  S*-Avit,  St-Léonard,  et  premier  Ijaron 
du  Condomois. 

Arnaud  IV  de  Goalard  fut  évèque  d'Agen,  de  1235  à  l'245, 
et  à  sa  mort,  on  l'ensevelit  dans  l'église  du  couvent  des  Cor- 
deliers. 

Bertrand  de  Goalard  partit  pour  la  septième  croisade  (L250)». 

En  1307,  Raymond  de  Goalard  fut  le  premier  évèque  de 
Condom  ;  son  neveu,  Pierre-Raymond,  lui  succéda  sur  le  même 
siège  épiscopal. 

Pierre  de  Goalard,  seigneur  de  Limeuil,  marié  avec  Talésie 
de  Caumont-.  gouverneur  de  Douai,  devint  grand-maître 
des  arbalétriers  de  France,  en  1310 •'. 

Bertrand  de  Goalard,  chancelier  (rAnnagnac  et  chambel- 
lan du  roi  de  Navarre  (14'25),  portail  le  litre  de  seigneur  de 
Lisle-Bozon  et  de  JNIagnas;  Bernard,  son  frère,  possédait 
Urdens,  La  Motte-Ando  et  la  co-seigneurie  de  Castelnau- 
d'Arbieu,  près  Fleurance. 


'  Musée  de  Versailles. 

'  Armes  des  Caumont  :  d'azur  à  3  léopards  d'or,  couronnes,  lampassés,  armés  de  gueules 
posés  Tun  sur  l'autre. 
3  Père  Anselme. 


EN  l'année  1787  229 

Bertrand  de  Goalard  de  l'Isle-Bozon,  maître  des  eaux  et 
forêts  d'Aquitaine,  ambassadeur  de  Gliarles  VII  auprès  du  roi 
de  Navarre,  fut  un  des  personnages  les  plus  marquants  de  son 
époque. 

Dans  plusieurs  actes  de  1464,  Viguier  de  Goalard,  fils  de 
Jean  de  Goalard,  baron  de  Terraube,  est  qualifié  de  seigneur 
de  l'Isle-Bozon,  Flamarens,  Gastera-Lectourois,  La  Chapelle, 
Balarin  et  Castelnau-d'Arbieu. 

Hector  de  Goalard,  premier  capitaine  des  cent  gentilshom- 
mes de  la  garde  du  roi,  dits  au  bec  de  Corbin,  avait  donné  son 
nom  au  valet  de  carreau,  quand  les  cartes  reçurent,  sous 
Charles  VI,  leur  dénomination  actuelle.  Il  fut  chambellan  de 
Louis  XL 

Jean  de  Goalard  de  l'Isle-Bozon,  envoyé  à  Rome  comme 
protonotaire  apostolique,  y  mourut  en  1504  ;  son  tombeau  se 
trouve  dans  la  chapelle  de  S'-Benoit,  qui  précéda  l'église  S^- 
Louis  des  Français,  construite  plus  tard  sur  le  même  empla- 
cement 1 . 

Le  1^'  décembre  154!2,  le  roi  lit  cession  par  lettres  patentes, 
au  sire  de  Goalard,  de  la  troisième  pai'tie  de  la  seigneurie  de 
l'Isle-Bozon. 

Il  y  a  eu  quatre  abbés  de  Bouillas  du  nom  de  Galard: 
Gaillard,  en  1557,  Saniard  (1573),  Jean  et  Antoine,  pendant 
le  xviie  siècle. 

Joseph  de  Goalard  de  Lard,  seigneur  d'Aubiac  et  de  Ber- 
rail  (ou  Birac)  avait  épousé,  en  157'2,  Marie  de  Noailles^,  fille 
d'Antoine  de  Noailles,  gouverneur  de  Bordeaux. 

Leur  fille,  Renée,  fut  mariée,  le  5  juin  1590,  avec  Agésilas 
de  Narbonne-Lara^,  fils  de  Bernard  de  Narbonne,  seigneur  de 
Fimarcon,  baron  de  Taleyrand,  et  de  Françoise  de  Bruyères- 
Chalabre. 

Jean  de  Galard,  comte  de  Béarn  et  de  Brassac,   appelé  le 

•  Voici  l'inscription  gravée  sur  sa  tombe  :  Joaii.  de  Goalardo  protonotario  apostolico,  de 
Insulis  presbytère,  Lcctorens.  Dioc  ex  benem.  P.  Aiirio  Christi  M.  D.  HII.  —  Viator  quis- 
quis  es,  mortuis  die  œtcrnan  quietcm. 

2  Armes  des  Noailles  :  de  gueules  à  la  bande  d'or. 

3  Armes  des  Narbonne  :  de  gueules  plein. 


230  NOBLESSE  DE  LOMAGNE 

comte  de  Brassac,  baron  de  S^-Maurice,  Poy,  Terre-rouge, 
Saint-Loboer,  Saint-Sever,  La  Roche-Beaucourt,  seigneur  de 
Sémoussac,  Sémillac,  Clion,  Saint- Antoine-du-Bois,  chevalier 
du  Saint-Esprit,  gouverneur  de  SMean  d'Angély,  ambassadeur 
près  du  pape  Urbain  VIII,  lieutenant-général  du  Poitou,  gou- 
verneur de  Saintonge,  d'Angoumois  et  de  Lorraine,  surinten- 
dant de  la  maison  de  la  reine  et  ministre  d'Etat,  avait  épousé, 
le  16  avril  1602,  Catherine  de  S^e- Maure  *,  fille  de  François 
de  S*c-Maure,  baron  de  Montausier,  qui  devint  première  dame 
d'honneur  d'Anne  d'Autriche.  Jean  de  Goalard  mourut  en  1645-. 

Charles  de  Goalard,  baron  de  l'Isle-Bozon,  dans  la  séné- 
chaussée d'Armagnac,  rendit  liommage  au  roi  pour  la  dite 
terre,  en  1634  devant  les  trésoriers -généraux  de  France  à 
Montauban. 

Jean-Georges  de  Goalard,  baron  de  l'Isle-Bozon,  comman- 
dant les  chevau-légers  du  maréchal  de  Roquelaure,  capitaine 
général  des  forêts,  major  de  la  forteresse  de  Lectoure,  fut 
blessé  (1648)  à  la  bataille  de  Lens. 

Jean-Baptiste  de  Goalard  était,  en  1668,  chanoine  du  cha- 
pitre de  La  Roumicu,  et  il  signa,  le  5  janvier  de  cette  même 
année,  le  contrat  de  mariage  de  messire  Jean-Jacques  de  Cam- 
bon,  seigneur  d'Arconques,  de  Roquaint  et  de  La  Roque- 
Engalin  '\  avec  Marie  de  Brizac,  fille  d'André  de  Brizac,  baron 
de  Hordosse  *,  Landiran  et  de  Catherine  de  Lartigue,  habitant 
la  ville  de  Nérac. 

'  Armes  des  S'»-Maurc  :  d'arijeul  à  la  fasce  de  gueules. 

'  A  partir  de  Louis  XIII,  le  nom  primitif  de  cette  famille  fut  luodifu',  et  le  nom  de  Goa- 
lard devint  Galard,  cependant  les  soit,Mieurs  de  l'Isle-Bozon  et  de  Balarin-PcUehaut  couli- 
imiMcnt,  jusqu'en  I7'J3,  à  signer  Gdalard.  (Voir  à  rappcndicc,  documents  sur  les  lîcfs  de 
risIc-Bouzou  et  Magnas). 

■''  Fils  de  Josepii-Henry  de  (",aini)oa,  chevalier,  et  de  dame  Françoise  de  Chic  de  Iloijuain, 
liabilant  le  château  d'Arconques,  juridiction  d'Es]>iens.  Les  autres  témoins  du  mariage 
furent  la  dame  de  Lescout,  Le  Sage  de  la  Salle,  Joseph  de  Matisson,  chevalier,  Paul  de 
Mazelière,  chevalier  de  S'-Louis,  Joscfih  de  Mazelière,  seigneur  de  Nassau,  Jean  de  Lafar- 
gue,  chevalier  de  S'-Louis  et  maréihal  des  camps  et  armées  du  roi,  messire  Pierre  Duroy 
de  Cauhiod,  seigneur  de  S''-.Margiierile,  et  messire  Bohert  du  Bernct  de  Mazeren.  (Arch- 
de  Magnas.) 

*  Le  château  d'Ilurilosse,  au  cniillnnil  de  la  Célize  et  de  l'Osse,  passa  des  Brizac  au 
marquis  de  l'onipignan,  pelit-lils  du  poète,  et  ancien  maire  de  Nérac.  (Guirlande  des 
Maujueriles,  par  Faugère-Dubourg). 


EN  l'année  1787  231 

CTiiillaume  de  Goalard,  baron  de  l'Isle-Bozon,  seigneur  de 
S^-Micliel,  capitaine  au  régiment  Vivant-cavalerie,  gouverneur 
du  cliàteau  et  de  la  ville  de  Lectoure,  chevalier  de  S'-Louis, 
épousa,  en  1720,  Jeanne  de  Vaux. 

Jeanne,  fille  d'Hector  de  Galard,  seigneur  de  Balarin,  et 
d'Anne  de  Lévignac,  se  maria,  le  1^  décembre  1721,  avec  M. 
de  Pédesclaux^  Elle  avait  pour  frères,  Joseph  et  Pierre  de 
Galard,  et  pour  sœurs,  Jeannette,  Esther  et  Marie. 

Dans  le  procès-verbal  de  l'assemblée  des  trois  ordres  de  la  ju- 
gerie  de  Piivière-Verdun  et  du  Comté  de  Gaure,  le  marquis 
de  Galard  de  l'Isle  y  représenta  le  marquisat  de  l'Isle-Bouzon, 
avec  la  baronnie  de  Magnas  en  Lomagne;  son  frère,  la  sei- 
gneurie de  Pelleliaut-Luzanet  en  Gondomois,  et  son  cousin  le 
marquisat  de  Terraube  dans  le  Lectourois. 

Joseph  de  Galard,  marquis  de  l'Isle-Bouzon,  baron  de  Ma- 
gnas, seigneur  de  la  Tour,  qui  lit  partie,  en  novembre  1787, 
de  l'assemblée  des  Etats  provinciaux  réunie  à  Auch,  était 
lieutenant-colonel  au  régiment  de  Picardie,  et  chevalier  de  S^- 
Louis.  Il  mourut  sur  l'échafaud  le  17  avril  1794,  et  ses  domai- 
nes furent  confisqués;  de  ses  trois  fils,  l'ainé,  Louis,  Raymond, 
Charles-,  a  continué  la  postérité,  qui  réside  encore  au  château 
de  Magnas-S'-Clar,  dans  le  Gers. 

Les  branches  de  la  maison  de  Galard  existant  de  nos  jours, 
et  descendant  toutes  des  seigneurs  de  Terraube,  sont  :  celles  des 
marquis  de  Terraube  et  des  marquis  de  l'Isle-Bouzon,  barons 
de  IMagnas,  en  Guyenne,  des  comtes  de  Saldebru,  barons  du 
Caila'^,  dans  le  Bordelais,   et  des  comtes  de  Béarn-Brassac, 

'  Suzanne  de  Pcdcsckuix,  mariée  avec  Pierre  de  Baillct,  seigneur  de  Fiorensac,  donna, 
le  22  juillet  1717,  sa  fille  Jeanne,  à  Jérôme  de  Bécays,  seigneur  de  la  Caussadc.  Les 
Pédesclaux  étaient  alliés  aux  Mazelièrcs-Réaup,  Cliasteau  de  Cheyssac,  etc... 

2  Louis  Raymond  Charles  de  Galard,  né  au  chùlcau  de  l'Isle-Bouzon  le  7  octobre  1774, 
se  rendit  à  Coblenlz  en  décembre  1791,  et  servit  aux  mousquetaires  dans  la  2»  brigade.  Il 
quitta  le  corps  au  licenciement  de  l'armée  des  Princes,  et  se  réfugia  en  .\ngletcrrc  jus- 
qu'au moment  où  il  obtint  sa  radiation  de  la  liste  des  émigrés. 

3  La  seigneurie  de  Saldebru,  située  en  Agenais,  dans  la  paroisse  de  Lagarde,  était 
venue  à  la  famille  de  Lézir,  vers  la  fin  du  w"  siècle.  Françoise  de  Lézir  porta  cette  terre 
en  mariage,  le  8  juillet  1579,  à  Gaillard  de  Galard,  seigneur  de  Pauilhac,  et  les  Galard 
conservèrent  le  domaine  de  Saldebru  jusqu'en  1789.  Le  dernier  propriétaire  de  ce  nom 
fut  Jean,  vicomte  (appelé  quelquefois  maniuis)  de  Galard,  qui  signait  :  seigneur  de  Sal- 
debru et  de  Lagarde.  (Moulcnq). 


232  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

subdivisée  en  plusieurs  rameaux,  dits  du  Repaire,  d'Argentine, 
et  de  la  Roche-Beaucourt. 

Cette  dernière  ajoute  au  nom  patronymique  de  Galard,  celui 
de  Béarn,  en  conséquence  de  l'obligation  de  porter  les  armes 
et  le  nom  de  Galard  unis  aux  armes  et  au  nom  de  Béarn,  qui 
lui  fut  imposée  par  le  contrat  de  mariage  de  François  de  Ga- 
lard, baron  de  Brassac,  seigneur  de  la  Porte,  La  Rivière,  Pra- 
deilles  en  Rouergue,  gentilhomme  ordinaire  de  la  cliambre  du 
roi,  avec  Jeanne  de  Béarn,  iille  de  Jean,  baron  de  Béarn,  sei- 
gneur de  Roquefort,  S'-Loubouer  dans  les  Lannes,  S^-Maurice 
sur  l'Adour,  Montoisel,  Mont-de-Marsan,  etc.,  et  de  Jeanne 
d'Antin,  le  12  octobre  1508 *. 


'  Aixliivcs  (les  chatiMiiN  de  Ibli'-rniiizoïi,  Ma^'iias,  rriiiiiilic,  riaiii.iii'iis,  S'-Avit  (Gers), 
Laioclielifaiicdiirt  'Donld-nc),  Wi.lfvillc  (Sfiiu'-ct-C»isci,  La  lioclicltc  ((".(Mi-  il'Or),  <;t  C.aila 
(Giioii(lc). 


EN  l'année  1787  233 


MANSONVILLE 


LE  S.  PLANEÏ 

La  famille  de  Plaiiet,  encore  honorablement  représentée  de 
nos  jom^s,  dans  le  midi,  descendait  de  Joseph  de  Planet,  capi- 
toul  en  1700,  procureur  au  Parlement  de  Toulouse.  Il  rendit 
hommage  au  roi,  avec  son  petit-fils,  Jean-Jacques  de  Planet, 
devant  les  ti'ésoriers-généi-aux  de  France,  dans  la  généralité  de 
Languedoc,  le  11  mai  1768,  pour  la  co -seigneurie  de  Puy- 
busque.  Ce  dernier  assista  à  l'assemblée  générale  de  la  noblesse, 
tenue  à  Toulouse,  en  1789.  Leurs  armes  étaient:  de  gueules 
au  lévrier  passant  d'or,  sur  une  terrasse  de  sinople  ;  au  chef 
d'or,  chargé  de  trois  étoiles  de  sable. 

Messire  de  Planet  du  Terrage,  chevalier  de  Notre-Dame  du 
Mont-Carmel  et  de  S'-Lazare,  en  1757,  portait  pour  armoiries, 
un  semis  de  lleurs  de  lis  d'or  sur  fond  de  sable,  au  griffon 
d'argent  brochant  sur  le  tout. 

Dans  le  tableau  des  officiers  de  la  «  Compagnie  royale  de 
Messieurs  les  Pénitents  bleus  de  Toulouse  »,  en  l'année  1825, 
on  trouve  mentionné,  comme  trésorier  et  membre  du  Conseil 
des  trente,  établi  pour  le  gouvernement  des  officiers  de  cette 
Compagnie,  «  Monsieur  de  Planet,  avocat  et  propriétaire  en  la 
susdite  cité.  »  Le  prieur  honoraire  à  vie,  nommé  par  délibé- 
ration du  17  juillet  1785,  était  S.  M.  le  roi  Charles  X;  le 
prieur  réel  fut  le  comte  de  Roquelaure,  le  censeur  élu,  le 
marquis  de  Caumels,  colonel  de  cavalerie,  et  les  consulteurs, 
ou  conseillers  étaient  :  le  marquis  d'Aubusson,  ancien  maré- 
chal des  logis  de  la  première  compagnie  des  mousquetaires, 
le  marquis  de   Flamarens,  député,    le   marquis   de   Palarin, 


234  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

chevalier  de  S'-Louis,  le  marquis  de  Fontenilles,  le  marquis 
de  Tauriac,  Messieurs  de  Bouscatel,  chef  de  bataillon  d'état- 
major,  de  Montbel,  Cassand,  de  Gortade,  de  Verdiguier,  de 
S^-Félix,  chevalier  de  Malte  et  de  la  Légion  d'honneur,  capi- 
taine d'infanterie,  de  Saint-Padoue,  capitaine  de  cavalerie. 

La  seigneurie  de  Mansonville,  où  résidait,  en  1787,  Monsieur 
de  Planet,  avait  été  possédée,  dès  1578,  par  la  maison  de  Goth, 
et  était  venue  de  la  famille  de  Marsac,  d'après  un  titre  du  0 
janvier  i39L 

Le  château  actuel  de  Marsac  s'élève  sur  une  hauteur,  entre 
S'-Glar  et  La  Ghapelle  (Gers).  Il  appartient  aux  Célès,  ou  Sé- 
lesses  de  Marsac,  descendant  de  Nicolas  de  Reversât  de  Gélès, 
conseiller  au  Parlement  de  Toulouse,  de  1681  à  1731. 

Gilbert  de  Reversât  de  Marsac,  seigneur  de  ]\Iontmaure, 
dénombra  ses  iiefs  nobles  devant  les  capitouls  de  Toulouse,  le 
29  août  1785.  Armes:  d'azur  au  chevron  d'or,  accompagné  de 
3  lions  rampants  du  même,  2  en  chef,  1  en  pointe  ^ 


•  Noliiliaiic  Toulmi.'îain. 


EN  l'année  1787  235 


MIRADOUX 


LE  S.  DE  GOUT 

Les  de  Goût  (ou  du  Gouth;  tiraient  leur  origine  de  l'an- 
cienne maison  de  Goth,  qui  fut  très  puissante  au  moyen  âge, 
dans  le  midi  de  la  France,  où  elle  possédait  de  nombreuses  et 
importantes  seigneuries.  Elle  a  formé  plusieurs  branches, 
entr'autres  celles  de  Lomagne,  Rouillac,  Lieux,  La  Chapelle, 
du  Bouzet,  d'Epernon,  etc.. 

Le  24  mai  1309,  Arnaud  Garsias  de  Goth  jui'a  sur  les  Saints 
Evangiles,  aux  habitants  du  Maransin,  dont  sa  femme,  ^lira- 
monde  de  Mauléon^,  était  dame  seigneuresse,  qu'il  serait  bon 
et  loyal  seigneur  pour  eux,  et  qu'il  ferait  droit  aux  pauvres 
comme  aux  riches. 

En  échange  de  sa  promesse,  les  habitants  du  Maransin  l'as- 
surèrent de  leur  fidélité. 

Le  roi  d'Angleterre  écrivit,  en  1315,  à  Bernard  de  Goth, 
vicomte  de  Lomagne  et  d'Auvillars,  pour  solliciter  tous  les 
secours  en  armes  et  en  chevaux  dont  il  pourrait  disposer. 

Bertrand  de  Goth  était,  dès  1324,  seigneur  de  Duras  et  de 
Blanquefort;  son  parent,  nommé  comme  lui,  Bertrand  de 
Gotli,  devint  pape,  le  5  juin  1305,  sous  le  nom  de  Clément  V-, 
et  fut  la  principale  illustration  de  cette  famille.  Son  frère,  Bé- 
i-aud  de  Goth,  archevêque  de  Lyon,  fut  créé  cardinal  et  légat 

'  Aiinos  des  Mauléoii  :  de  gueules,  au  lion  d'or,  armé  et  lampassé  de  sable. 

-  15ei tiaud  de  OolJi,  né,  croit-oii,  à  Villaiidraut,  fut  évcnue  de  Commin-os,  puis  aiclic- 
vèquc  de  F5ordcaux.  Elu  pape,  au  Couclave  do  i'éiouse,  couronne  à  Lyon,  au  mois  de 
novembre  130Ô,  dans  l'église  de  S'-Just,  il  transféra  le  S'-Siègc  à  Avignon,  le  8  janvier 
130'J,  et  mourut  le  2U  avril  1314  à  Ru(juemaure.  11  fut  iniiumc  en  août  13115,  à  Izcstc,  près 
de  Bazas. 


236  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

par  Boniface  VIII.  Leur  nièce,  Régine  de  Goth,  se   maria, 
vers  1373,  avec  Jean,  comte  d'Armagnac  et  de  Rodez. 

Bertrand  de  Goth,  d'abord  évêque  d'Agen,  fut,  en  1312,  évo- 
que duc  de  Langres,  et  pair  de  France. 

Le  6  juillet  1393,  noble  Raymond,  Arnaud  de  Goth,  seigneur 
de  Rouillac,  ^lansonville  et  autres  places,  acheta  de  messire 
Othon  de  Caumont,  seigneur  de  La  Chapelle  et  de  S^-Pessère, 
le  moulin  du  Gompte  avec  ses  dépendances,  moyennant  trois 
cents  florins  d'or  et  de  poix^. 

Etienne  de  Goth,  seigneur  de  Rouillac  et  d'Andozille  (ou 
Andou(ielle),  épousa,  en  1465,  Glaire  de  Goalard. 

Il  eut  pour  témoins  Jean  de  Goth,  son  oncle,  seigneur  de 
Castei'a-Bouzet,  écuyer  du  comte  d'Armagnac. 

Dans  l'année  1490,  noljle  Bei'ti'and  de  Goth,  seigneur  de 
Rouillac,  écuyer-tranchant  de  monseigneur  le  duc  de  Bar,  se 
maria  avec  Marguerite  de  Vise,  lille  du  seigneur  Jacques  de 
Boncourt,  baron  dudit  lieu-. 

Noble  Arnaud  de  Goth,  et  Bernardine  de  Galard-Brassac,  sa 
femme,  se  qualifiaient  en  1554,  de  seigneurs  de  Manleiche, 
d'Aubèze,  du  Palais  et  du  Pergain. 

Octavien  du  Gouth,  demeurant  en  Condomois,  et  Pierre  du 
Gouth,  seigneur  de  S'-Jignan,  étaient  inscrits  sur  le  «  Rolle  de 
la  Compagnie  de  30  ho)nnies  d\irnies  et  45  archiers  des  or- 
donnances du  Roi/  sous  la  charge  de  Monsieur  de  Monluc  », 
pour  l'an  1560-'. 

Le  Ic'-  décembre  de  cette  même  année,  Joseph  et  Jehan  de 
Got,  guidon  et  homme  d'armes,  figurèrent  à  la  revue  qui 
fut  passée  à  Valence,  en  Armagnac. 

Jean  de  Goth,  seigneur  do  Rouillac  et  Auloino  de  Goth, 
seigneur  de  Mansonville,  furent  poursuivis,  ainsi  que  les  plus 
grands  seigneurs  féodaux  d'Armagnac  et  de  Lomagne,  au  nom 
du  roi  de  Navarre,  pour  avoir  commis  divers  empiétements 
sur  la  puissance  judiciaire  diulit  Souverain. 

*  Archives  de  I>a  Rochcltc-Maiilay  (Cùlc-irOi). 
'  Archives  du  château  de  Majjuas  (Gers). 
3  Histoire  île  Gascoijne,  par  Montlezuu. 


EN  l'année  4787  237 

Antoine  de  Goth  possédait,  en  1578,  la  seigneurie  de  Man- 
sonville;  celle  de  Peyrecave,  entre  S'-Antoine  et  Flamarens, 
appartenait  déjà  à  sa  famille  dès  1317;  elle  passa  par  mariage 
au  xYiiic  siècle,  dans  la  maison  de  Grossolles,  qui  l'a  conservée 
jusqu'à  ces  dernières  années. 

La  seigneurie  de  Peyrecave  avait  été  octroyée,  en  1295,  par 
le  vicomte  de  Lomagne,  à  Messire  Bon  de  Bozet*,  ainsi  que  le 
témoigne  l'acte  suivant: 

«  Don  faict  par  noble  homme  Hélias  de  Taillarandi,  vis- 
«  compte  de  Loumaigne  et  d'Auvillars,  et  noble  dame  Philipe 
((  sa  famé,  à  maître  Bon  de  Bozet,  jurisconsulte  de  Montau- 
((  ban,  de  la  teri-e  et  seigneurie  de  Peirecave,  avec  toutes  ses 
((  apartenances  et  dépendances  et  droits  aux  haute ,  basse  et 
(c  moyenne  justice,  toutes  ses  terres  cultes  et  incultes,  mai- 
u.  sons,  jardins,  préds  pasturages,  eaux-vives,  vinages,  molins 
(c  cens  et  spécialement  tous  droits  corporels  et  incorporels, 
((.  qui  luy  appartiennent  et  doivent  arriver  pour  liaison  dudit 
(c  viscompteou  pour  autre  cause  ou  raison,  lequel  sieur  du  Bon 
((  fut  investi  par  le  dit  sieur  viscompteavec  tous  les  fiefs  appar- 
«  tenans  et  dépendans  de  la  dite  seigneurie  de  Peire  Cave,  ne 
((  retenant  le  dit  viscompte  pour  homage  à  chaque  mutation 
((  une  paire  d'esperons  dorés  promettant  le  dit  sieur  de  luy  en 
((  porter  bonne  et  fidèle  garantie  sou  les  obligations  de  tous  et 
((  chacun. 

«  La  dite  donation  a  esté  faitte  par  le  dit  viscompte  au  s. 
((  Bon  de  tous  droits  corporels  et  incorporels  dixmes,  homages, 
ft  questes  hommes  et  femmes  ventes  et  achapts  et  tous  autres 
((  droits  quels  qu'ils  soyent  quy  puissent  et  doivent  appartenir 
((  au  s.  viscompte  en  la  dite  qualité  ou  en  autre  façon  ce  que 
((  soit..  La  dite  terre  de  peire  cave  donée  par  ledits,  viscompte 
((  au  dit  s.  Bon,  confronte  aux  terres  de  La  Chapelle,  et  de 
«  ^lii'adoux  et  château  de  Flamarens  et  château  de  Manson- 
((  ville  et  de  la  maison  de  Sainte-Bose  et  autres  confrontations 
«  si  point  il  y  en  a. 

'  Armes  des  du  Bouzct  :  d'argent  (alias  il'or),  au  lion  d'azur,  lanipassé  et  armé  de 
gueules,  couronné  d'or. 


238  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

«  Ladite  donation  lut  faicte  l'an  mil  deux  cent  nonante- 
((  cinq  le  dixième  du  mois  d'april,  à  Moissac  par  Arnaud 
((  Dupuy,  notaire  de  Tholose  et  notaire  de  la  Cour  du  sieur 
((  vicaire  de  Tholose  et  du  sceau  du  sénéchal  dudit  clievalier. 

(L  Piegnant  Philipe  roy  de  France  ^  » 

Philippe  de  Bozet,  fils  de  Bon  de  Bozet,  vendit  à  Otlion  de 
Montant  la  seigneurie  de  Peyrecave  le  12  octobre  1298.  En 
1309,  cette  commune  obtint  des  Coutumes  de  ce  dernier  sei- 
gneur, qui  la  céda,  en  présence  de  ses  enfants,  Pvaymond  et 
Nolit,  moyennant  deux  mille  sept  cens  livres  tournois,  à  Ray- 
mond Arnaud  de  Goth,  seigneur  de  Rouillac,  chevalier  pour 
Iwj  et  les  siens,  consentant  que  le  très  illustre  seif/neur  Ber- 
trand de  Gouth,  viscompte  de  Lomagne  et  Auvillars  le  reçoive 
pour  son  vassal  et  l'investisse  de  la  dicte  seigneurie,  promet- 
tant luy  en  porter  bonne  et  franche  garantie. 

Faict  Van  mil  trois  cens  dix  sept  et  le  dernier  de  febvrier. 

Retenu  par  Cauhert  Franc  not.  de  Tholose.  Régnant  Phi- 
lipe  R.  de  France  et  Navarre-. 

François  de  Goth  faisait  partie  de  la  compagnie  de  Monsieur 
de  La  Valette,  au  mois  d'octobre  4582,  et,  en  juin  1588,  il  quitta 
le  service  du  roi. 

Antoine  de  Goth,  seigneur  de  Peyrecave,  donna,  le  G  juin 
1552,  un  dénombrement  de  ses  biens,  à  Jean  de  Galard,  baron 
de  risle-Bozon,  seigneur  de  St«^-Livrade,  et  sénéchal  d'Arma- 
gnac. 

«  Jelian  de  Galard,  chevallier,  seigneur  baron  de  l'Isle  en 
((  Lomaigne,  et  commissaire  par  le  Roy,  dépputé  en  ceste  par- 
oi tie,  à  tous  ceux  qui  appartiendra,  certifions  que  aujourd'huy 
«  par  devant  les  gréfiers  de  la  présente  sénéchaussée  soulz 
«  signé,  de  la  partie  de  noble  Anthoine  de  Gouth  seigneur  de 
«  Peyrecave,  a  esté  présenté  et  baillé  la  déclaration  des  biens 
«  nobles  qu'il  tient  en  nostre  sénéchaussée  et  affirme  par  ser- 

*  «  L'original  est  en  lalin  et  lu  présente  copie  en  François  a  été  faite  dans  l'année 
1525.  »  (Arch.  de  Magnas). 

'  «  Coppic  en  François  a  élé  faicle  sur  Foriginal  latin  l'an  1527  ><  (sic).  Archive*  de 
Magnas-S«-Clar,  Gers. 


EN  l'année  1787  239 

«  ment,  contenir  vérité,  de  laquelle  en  doble  est  sous  le  scel 
«  de  nostre  dite  sénéchaussée,  ez-attacliée.  » 

«  Donné  à  Lectore,  le  sixiesme  jour  du  moys  de  jung,  mil 
«  cinq  cens  cinquante-deux.  t> 

^lOREAU, 

(f.  Par  commandement  de  môndict  seigneur  le  sénéclial  ^  » 

Le  9  octobre  1680,  noble  François  de  Goth,  seigneur  du 
Bouzet,  comparut   à  l'Assemblée  des  nobles  de  la  Lomagne. 

Jean-Baptiste-Gaston  de  Goth,  marquis  de  Rouillac,  eut  le 
titre  de  duc  d'Epernon  et  occupa  une  grande  situation  dans 
l'Etat.  Il  mourut  au  mois  de  juin  1690. 

Monsieur  de  Goth  lit  partie  de  la  réunion  des  nobles  d'Ar- 
magnac, qui  se  tint  à  Lectoure  le  22  mars  1789. 

Les  Gotli  avaient  pour  armes:  d'or-  à  3  fasces  de  gueules. 

Parmi  les  diverses  branches  éteintes  de  cette  maison  on  peut 
citer  celle  de  vS'-Agnan. 

Jean-Pierre  de  Goth  de  S^-Agnan  fut  enseveli  le  23  août 
1622  dans  l'église  de  S^-Martin  de  Plieux,  près  Vichau. 

Noble  Elysée  de  Goth,  seigneur  de  S*-Agnan  et  de  Beau- 
regard,  lieutenant  de  la  mestre  de  camp  du  régiment  de  cava- 
lerie de  La  Valette,  marié  avec  Frise  du  Saget  de  Salles,  fils 
de  Jean-Pierre  de  Goth  et  de  Marguerite  de  Thuzo,  fit  cons- 
truire, en  1693,  une  chapelle  dans  son  château  de  Beauregard. 
Cette  branche  de  la  maison  de  Goth  s'éteignit,  dans  l'année 
1733,  par  le  décès,  sans  postérité,  de  Jean  de  Goth.  Marie  de 
T^auriac,  fille  d'Anne  de  Goth  de  S'-Agnan  et  de  noble  Jean  de 
Lauriac,  [)orta  le  domaine  de  Beauregard  dans  la  famille  ]3é- 
gué-Plieux. 

Elle  avait  épousé,  le  6  mai  1718,  Pierre  Bégué-Plieux,  lieu- 
tenant au  régiment  de  Boulonais-Infanterie,  qui  fut  blessé  à  la 
bataille  de  Malplaquet^. 

*  Archives  des  châteaux  tic  Lislc-Bouzon  et  Magnas. 

2  Alias  :  (l'argent. 

3  Archives  de  M.  Pileux. 


240  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Les  du  Goût  (ou  de  Goth)  de  St-Agnan  avaient  possédé  la 
seigneurie  de  Benauville,  dans  le  comté  de  Salm  en  Lorraine, 
qui  leur  était  venue  par  le  mariage  de  Jean  du  Goût  de  Saint- 
Agnan,  commandant  de  Marlem,  en  basse  Alsace,  avec  Cathe- 
rine, fille  de  nol)le  Pierre  de  ^lus,  seigneur  de  Benauville,  le 
26  avril  1691. 


EN  l'année  1787  2M 


MONCAUT 


LE  BARON  DE  MONCAUT 

La  seigneurie  de  Moncaut  appartenait,  aux  xiiF  et  xivc  siè- 
cles, à  l'ancienne  maison  de  Rovignan. 

Bernisson,  seigneur  de  Moncaut,  vivait  en  4312,  et  Pierre, 
son  fils,  en  1331. 

Pierre  de  Rovignan,  seigneur  de  Moncaut,  rendit  hommage 
dans  Bordeaux,  le  30  juillet  1363,  à  Edouard,  prince  de  Gal- 
les (dit  le  prince  noir),  représentant  son  père,  le  roi  d'Angle- 
terre, en  présence  de  l'archevêque  de  Bordeaux. 

Nohle  Mathe  de  Rovignan,  dame  de  ^Moncaut,  mariée  avec 
Garcie-Arnauld  d'Albret,  donna,  le  25  février  1422,  l'inves- 
titure de  certains  biens,  situés  en  la  juridiction  de  Moncaut  et 
de  Montagnac.  Leur  fdle,  Miramonde  d'Albret,  céda  la 
baronnie  de  ^loncaut  à  son  époux,  Gassiot  de  ^lontagu-^Ionde- 
nard,  seigneur  de  Montjoy,  qui  acheta,  en  1447,  du  père  d'O- 
don  de  Galard,  seigneur  de  Lécussan,  la  seigneurie  d'Estillac, 
près  d'Agen.  Gassiot  de  Montagu  eut  trois  fils:  Le  plus  jeune 
fut  seigneur  de  R^oquelaure;  le  second,  seigneur  d'Estillac, 
laissa,  de  son  union  avec  Marguerite  de  Galard,  une  fille, 
Françoise,  mariée  avec  François,  seigneur  de  Monluc,  Puch 
de  Gontaud,  etc.,  qui  fut  mère  du  maréchal  Biaise  de  Monluc; 
enfin,  l'aîné,  Jean,  baron  de  Moncaut  et  de  S'^-Golombe,  eut 
de  sa  femme,  Bertrande  de  Durfort^,  un  fils,  François  (dit 
de  Durfort),  père  d'Antoinette;  cette  dernière  porta  Moncaut  à 

*  Armes  des  Durfort  :  Ecartelé  aux  1  et  '2  d'argent  à  la  bande  d'azur,  qui  est  de  Dur- 
fort  ;  aux  2  et  3  de  gueule  au  lion  d'argent,  qui  est  de  Lomagne,  brisé  sur  le  tout  d'un 
lambel  de  gueule.  Les  Durfort-Civrac  supprimaient  le  lainbel. 

16 


242 


NOBLESSE   DE   LOMAGXE 


Bertrand   de   Laurière,   seigneur    d'Andas,    près   S^-Maurice, 
chevalier  de  l'ordre  du  roi,  veuf  d'Anne  de  Lomagne. 

Il  devint  ainsi  le  premier  baron  de  Moncaut,  du  nom  de 
Laurière. 

L'origine  de  cette  famille  était  ancienne  et  illustre  ;  les  Lau- 
rière descendaient  de  Jean  de  Pompadour*,  baron  de  Laurière, 
second  fils  de  Jean  II,  seigneur  de  Pompadour,  marié  le  23 
juin  1453,  avec  Marguerite  Ghauveron,  dame  de  Ris. 

En  1622,  Joseph  I  de  Laurière,  baron  de  ^loncaut,  mestre 
de  camp  d'un  régiment  d'infanterie,  gouverneur  de  Layrac, 
eut,  en  sa  qualité  de  protestant,  de  violents  démêlés  avec  le 
maréchal  de  Roquelaure,  qui  protégeait  les  catholiques  ;  Joseph 
de  Laurière,  lils  de  Biaise  II  de  Laurière,  baron  de  Moncaut, 
chevalier  de  l'ordre  du  l'oi,  capitaine  de  50  hommes  d'armes 
de  ses  ordonnances,  conseiller  en  ses  conseils  d'Etat  et  privé, 
avait  épousé  Marie  de  Fabas^. 

Monsieur  de  S'-Julien  fut  le  procureur  fondé  du  baron  de 
Moncaut  à  l'Assemblée  des  trois  ordres  tenue  à  Lectoure,  le  16 
mars  1790,  pour  les  sénéchaussées  d'Armagnac  et  de  l'Isle- 
Jourdain. 

Le  15  octobre  1875,  Louise  de  Laurière,  baronne  de  Mon- 
caut, mariée  avec  Joseph,  marquis  de  S'-Exupéry,  dernière 
descendante  de  Joseph  de  Laurière,  baron  de  Moncaut,  et  de 
Marie  de  Lusignan,  donna  sa  fille,  Thérèse  de  S'-Exupèry,  au 
comte  A.  de  Lusignan,  de  la  branche  des  barons  de  Gouhé  en 
Poitou^.  Blason  :  losange  d'or  et  d'azur. 

Les  armes  des  Laurière  de  Moncaut  étaient  :  d'azur  au  lion 
d'or,  couronné,  lampassé  et  armé  de  gueules,  surmonté  d'une 
croisette  d'argent;  une  famille  Fabri  de  iNIoncaut,  en  Langue- 
doc, portait  seulement  :  d'or  au  lion  di  sable,  armé  et  lam- 
passé de  gueule;  enfin  les  Laurière  de  Lanmary  avaient  pour 
blason  :  d'azur  à  trois  tours  d'argent,  maçonnées  de  sable, 
surmontées  d'un  lion  léopardé  d'or.  (Matagrin.)  È\ 

'  Armes  dos  Pompadour  :  d'azur  à  3  tours  dargeiU,  maçonnées  de  sable. 
*  Armes  des  Fabas  :  d'or  à   rois  pals  de  gueules. 
3  Buurrousse  de  Laffore. 


EN  l'année  1787  243 


MONCAUT 


LE  CHEVALIER  DE  LAURIÈRE 

Biaise  de  Laurière,  seigneur  et  baron  de  ]\Ioncaiit  et  de 
Sainle-Colombe,  gentilhomme  de  la  chambre  du  Roi,  mestre 
de  camp  d'un  régiment  d'infanterie,  gouverneur  de  Layrac, 
fut  tué,  en  1580,  auprès  de  Marmande.  Le  roi  de  Navarre  le 
fit  inhumer  à  Tonneins  et  assista  à  ses  funérailles. 

Un  chevalier  de  Laurière,  fils  du  baron  de  Moncaut,  périt 
sur  un  pont,  près  de  Montagnac,  dans  un  duel  avec  MM.  de 
Frère  de  Peyrecave,  contre  lesquels  un  décret  de  prise  de 
corps  fut  décerné,  en  1678,  par  le  bailli  de  Bruilhois,  à  la 
requête  du  père  de  la  victime.  Les  jeunes  de  Frère  de  Peyre- 
cave furent  condamnés  à  mort,  et,  (c  vu  leur  qualité  de  gentils- 
hommes, ils  demandèrent  à  être  décapités  et  non  peyidus  *  ». 

A  l'assemblée  des  Trois  Ordres,  tenue  à  Lectoure  et  à  Auch, 
en  1789,  le  chevalier  de  Laurière  fut  convoqué  sous  le  nom  de 
^l.  de  Moncaut. 

Dans  la  liste  des  gentilshommes  réunis,  la  même  année,  à 
Cahors,  on  trouve  mentionné,  comme  faisant  partie  de  la 
noblesse,  M.  Thiron  de  La  Devèze,  seigneur  de  Laurière. 


'  Bourrousse  de  Laffore. 


244  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


MAUROUX 


LE  S.  DE  GROSSOLLES  SAINT-ANDRE 

Le  2  septembre  1294,  Mauroux  reçut  ses  coutumes  des  sei- 
gneurs (ï  Vezian  de  Lomagne,  Raymond  et  Arnaud  de  Léau- 
«  mont,  Raymond  de  Séguenville,  et  Arnaud  Guilhem  de  Mau- 
«  roux,  gentilshommes,  Pliilippe  étant  roi  des  François,  Guil- 
«  laume,  évêque  de  Lectoure,  et  Hélie  Taleyrand,  vicomte  de 
«  Lomagne,  de  quoy  sont  témoins  Arnauld  Pomès,  Arnauld  de 
«  Vie,  gentilhomme,  Rernard  de  Sentis,  Vital  de  Montault, 
«  Guillaume  de  Clairac,  Gérant  Fitte,  Bernard  Fitte,  Bernard 
((  Lesquire,  Dominique  de  Montagnan,  Fortin  Davasse,  Pierre 
«  Vinal,  Arnauld  Labusquède,  Adam  Davasse  et  moi,  Pierre 
c(  Teissier,  commun  et  public  notaire  de  toute  la  terre  de 
«  Lomaigne,  qui  a  fait  écript  et  signé  de  mon  seing  accoutumé 
is.  le  présent  public  instrument  des  coutumes  susdites,  et  nous 
((  seigneurs  susdits  pour  la  plus  grande  force  et  valeur  avons 
((  faict  mettre  nos  sceaux  au  présent  instrument*.  » 

La  maison  de  Grossolles,  ancienne  et  illustre,  est  originaire 
du  Périgord;  elle  a  donné  deux  grands  louvetiers  de  France, 
des  évêques  à  Gondom,  Quimpei-,  Périgueux,  des  maréchaux 
de  camp  et  plusieurs  autres  officiers  généraux. 

La  généalogie  de  cette  maison  ayant  été  écrite  par  le  père 
Anselme,  nous  ne  citerons  que  les  personnages  les  plus  mar- 
quants. 

Guillaume  et  Raymond  de  Grossolles,  chevaliers  de  la  langue 
d'Oc,  partirent,  en  1250,  pour  la  septième  Croisade. 

'  Traduction  des  coutumes  de  Mauroux,  par  Lormant,  de  Saint-Léonard,  le  2-1  février 
1670,  qui  avait  reçu  l'original  en  latin  de  Hayniond  Auzas,  régent  de  Mauroux. 


EN  l'année  1787  245 

Bernard  de  Grossolles,  damoiseau,  était,  avant  1331,  chan- 
celier du  comte  d'Armagnac. 

Bernard  de  Grossolles,  père  de  Jeannette  de  Grossolles, 
mariée  vers  1439  avec  Jean  de  Léaumont  *,  seigneur  de  Mau- 
roux,  portait  les  titres  de  vicomte  de  Montgaillard,  seigneur 
d'Asques,  Gensac  et  Saint-]\Iartin. 

Françoise  de  Grossolles,  lille  de  Renaud  de  Grossolles, 
baron  de  Flamarens,  gentilhomme  de  la  chambre  du  roi, 
gouverneur  du  Marsan,  et  de  dame  Anne  de  Montlezun-Gam- 
pagne^  «  contracta  mariage,  le  8  avril  1580,  avec  noble  Marc, 
Antoine  de  Navailles,  baron  de  Banos  et  de  Dûmes,  au  pays  de 
Ghalosse,  dans  les  Lannes.  » 

En  1484,  Jean  de  Grossolles,  seigneur  de  Flamarens  ■^,  mari 
de  Jeanne  d'Aljzac  de  la  Douze  3^  avait  une  fille  qui  épousa 
Hugues  de  Galard,  baron  de  Brassac,  seigneur  de  La  Valette 
et  de  Gussol,  dont  les  sœurs  étaient  Anne  de  Durfort-Duras, 
Prohense  de  Miran  et  Jeanne  de  Noé. 

Hérard  de  Grossolles,  maréchal  de  camp  de  l'armée  du  Roi 
en  Guienne,  seigneur  de  Flamarins,  d'Asques  et  Montastruc, 
fut  nommé,  en  1596,  chevalier  de  l'ordre  et  capitaine  de  cin- 
quante hommes  d'armes,  etc.  Ne  pouvant  obtenir  le  payement 
d'une  somme  qui  lui  était  due  par  messire  Bertrand  de  Mont- 

•  Armes  des  LéaumoiU  :  d'azur  au  faucon  perclié  et  grillé  d'argent. 

"^  La  baroniiie  féodale  de  Flamarens  était  passée  des  vicomtes  de  Lomagne  dans  la 
maison  de  Durfort,  par  le  mariage  de  Régine  de  Goth,  fille  du  vicomte  de  Lomagne,  avec 
Bernard  de  Durfort,  chevalier,  et  cette  terre  était,  avant  1472,  aux  Grossolles. 

3  Armes  des  d'Abzac  :  d'argent  à  la  bande  d'azur  chargée  en  abîme  d'un  besan  d'or,  à 
la  bordure  d'azur,  chargée  de  8  besans  d'or. 

L'état  présent  de  la  noblesse  française  donne  aux  d'Abzac  de  la  Douze  un  écusson  diffé- 
rent ;  d'argent  au  chevron  de  sable,  chargé  d'une  pomme  de  pin  d'argent.  (Baciiclin- 
Deflorenne.) 

Matagrin  et  Froidefond,  dans  leur  Armoriai  du  Pérujord,  composent  ainsi  le  blason 
des  d'Abzac  :  Ecartelé  aux  l^''  et  3''  d'argent  à  la  bande  et  à  la  bordure  d'azur,  chargée  de 
9  besans  d'or,  posés  3,  3,  3  ;  aux  2«  et  3«  d'or,  à  la  fasce  de  gueules,  accompagnée  de 
6  fleurs  de  lys  d'azur,  3  en  chef.  3  en  pointe  (qui  est  de  Barrière)  ;  sur  le  tout,  de  gueule 
à  3  léopards  d'or.  Enfin  M.  de  Jaurgain,  dans  son  étude  sur  les  Galard-Béarn,  grave  ainsi 
les  armoiries  des  d'.\bzac  :  d'azur  à  8  besans  d'or  mis  en  orle,  charge  d'un  écusson 
d'argent,  à  la  bande  d'azur,  chargée  d'un  besan  d'or. 


246  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

lezun,  seigneur  de  Baratnau,  il  dut  s'adresser  au  sénéchal  de 
Lectoure,  qui  envoya  au  débiteur  l'intimation  suivante  : 

«  Jean  de  Goalard,  chevalier,  seigneur  et  baron  de  Vlsle- 
«  Bozon,  en  Lomaigne,  conseiller  et  chamhelkm  des  Roy  et 
«  Règne  de  Navare,  comtes  d'Armanhac,  et  leur  sénéchal 
«  gouverneur  au  dict  comté,  au  premier  sergent  royal  ou 
«  aultre  personne  requis,  salut  :  Vous  mandons  contraindre 
«  Bertrand  de  Montlezun,  escuyer,  seigneur  de  Baratiiau, 
«  payer  à  noble  Hérard  de  Grossolles,  seigneur  d'Asques,  ou 
«  à  son  mandement,  la  somme  de  cent  livres  tournois,  à  luy 
((  deue  pour  les  causes  et  raisons  contenues  en  V instrument 
((  obligatoire  cy-attaché,  et  ce  par  prinze,  exécution,  vendition 
((  et  aliénation  de  ses  biens  et  aultres  voyes  raisonnables. 

«  Donné  à  Lectoure  le  dixième  jour  du  moys  de  juillet  mil 
«  cinq  cens  soixante  cinq. 

((  Contresigné  :  GROSSOLLES^.  » 

Arnaud  de  Grossolles,  seigneur  de  Flamarens,  fut  convoqué 
au  ban  et  arrière-ban,  le  5  mai  153G,  par  le  sénéchal  d'Arma- 
gnac, dont  il  reçut,  pour  «  luy  servir  de  descharge  »,  un  acte 
qui  a  été  conservé. 

((  JSous,  Jehan  de  Galard,  chevalier,  seigneur  et  baron  de 

((  VIslc-Bozon,  en  Lomaigne,  et  de  Sainte  TJvrade,  senneschal 

((  d'Armanhac,  d  tous  ceulx  qui  ces  présentes  verront,  salut  : 

d  scavoir  faisons,  et  par  ces  présentes  attestons  que  suyuant  la 

a  commission  et  mandement  à  nous  donné  par  le  Roy  pour 

<i  faire  la  monstre  de  son  ban  et  arrière-ban  de  tous  gentils- 

«  hommes  subjects  au  ban  et  arrière-ban,  tenant  fiefs  et  arrière- 

((  fiefs  dudict  seigneur,  exempts  et  non  exempts,  privilégiés  et 

«  non  privilégiés  en  nostre  dicte  sencschaussée,  en  vertu  de 

«  .ses  lettres  patentes   contenant  notre  commission,   sommes 

«  transportés,   ce  jour  et  date  des  présentes,  en  la  ville  de 

«  Puycasqué,  ou  illec  procédant  à   ladicte  monstre,  faisans 

'  Archives  de  Magnas  (Gers). 


EN  l'année  1787  247 

t>  appeller  par  noste  greffier  criminel  les  gentilshommes  de 
((  nostre  dicte  séneschaussée,  suhjects  audict  han  et  arriéré- 
es ban,  à  servir  ledict  seigneur  à  la  manière  accoutusmée 
a  suyuant  les  contrerolles  vieulx  et  anciens,  a  comparu  noble 
«  Arnauld  de  Grossolles,  escuger,  seigneur  de  Flamarenx  et 
((  aultres  places,  lequel  tenant  sa  maison  paternelle  en  nostre 
«  dicte  séneschaussée,  de  laquelle  porte  le  nom  et  fait  sa  re'si- 
((  dence  continuelle,  a  promis  et  juré  suyvant  ses  ansestres  et 
((  prédécesseurs,  bien  loyaulement,  honnestement  et  vertueuse- 
if.  ment  servir  ledict  seigneur  en  sondit  ban  et  arrière-ban  en 
((  V estât  et  equlppage  d'hommes  d'armes,  en  telle  puyssance  que 
((  sur  ce  il  pourra  et  par  ce  se  tenir  prest  pour  chemisier  au 
«  service  dudict  seigneur  ou  sera  son  bon  plaisir  a  toute  heure 
((  que  par  luy  ou  ses  commis  sera  demandé,  en  quoi  ledict  sieur 
((  de  Flamarenx  nous  a  requis,  attestation  luy  estre  faicte  pour 
((.  luy  servir  en  descharge  que  de  raison,  en  temps  et  lieu;  ce 
((  que  Luy  avons  octroyé  et  mandé  faire  par  nostre  greffier 
((  soubzsigné  en  la  manière  susdicte,  en  présence  du  procureur 
((  général  de  nostre  dict  seigneur. 

«  Liste,  sénneschal  d'Armanhac. 

a.  Par  mandement  de  mondict  seigneur , 

((  ORRANCE.  » 


Dans  une  montre  de  troupes  qui  eut  lieu  à  Layrac,  le  2  avril 
1568,  figure  noble  Jehan  de  Grossolles. 

Jolian  de  Grossolles,  mestre  de  camp  d'un  régiment  d'in- 
fanterie, baron  de  Flamarens  et  de  Montastruc,  dont  la  sœur 
s'unit,  en  1614,  avec  Jean-Gaston  de  Foix-Candale,  seigneur 
de  Villefranche,  avait  épousé,  le  29  décembre  1609,  Françoise 
d'Albret  *,  dame  de  Miossens. 

Françoise -Glaire   de   Grossolles -Flamarens   se   maria,    le 


'  Armes  des  d'Albret    :   aux  l"  et  4»  de  gueules  plein,  aux  '1^  et  3«  de  France.  Les 
Miossens  ajoutaient  un  lion  d'or  sur  fond  d'azur. 


248  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

21  octobre  1657,  avec  Pierre-Gaspard  de  Bare,  sieur  de  La 
Tour,  capitaine  de  cavalerie  ^ 

Agésilas  (Joseph),  clievalier  de  Grossolles,  marquis  de  Fla- 
marens,  fut  lieutenant-général  des  armées  du  Roi,  et  un  des 
commissaires  à  la  réunion  de  l'Assemblée  de  la  sénéchaussée 
d'Agen,  en  1787. 

La  terre  de  Flamarens,  entre  Miradoux  et  Peyrecave,  pos- 
sédée par  les  Grossolles  depuis  1466,  avait  été  primitivement 
le  partage  des  cadets  des  vicomtes  de  Lomagne  et  des  barons 
de  Galard  -;  elle  devint  marquisat  au  milieu  du  xvii^  siècle  3. 
Parmi  les  personnages  marquants  qui  y  étaient  nés,  on  cite 
Regnauld-Bernard  de  Grossolles,  baron  de  Flamarens,  marié 
vers  1542  avec  Anne  de  ^lontlezun  du  Yignau,  sénéchal 
des  pays  de  Marsan,  Tursan  et  Gabardan,  en  1550,  chevalier 
des  ordres  et  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du  Roi, 
Arnaud  de  Grossolles,  baron  de  Montastruc  et  de  Flamarens, 
seigneur  de  Mauroux  et  de  La  Chapelle ,  bailli  du  Nivernais, 
gouverneur  de  Lesparre,  et  enfin  Antoine  Agésilas  de  Gros- 
solles, marquis  de  Flamarens,  baron  de  ^lontastruc;  ce  dernier 
voulant,  en  1640,  venger  la  mort  du  marquis  de  Yaillac,  son 
ami  intime,  tué  en  duel  par  M.  de  Ganillac,  provoqua  ce  der- 
nier, qui  resta  sur  la   place.  «  M.  de  Flamarens  fut  tué  le 


1  Armes  des  de  Bure  et  de  Burin,  seigneurs  de  Bcaurogard,  La  MaurcUc,  Bartlielongue, 
du  Haniiin,  Bonrcpos,  Lusan,  la  Calcinie,  La  Tour,  etc.  :  ccartelé  aux  1"  et  4»  de  gueules 
à  la  tour  crénelée  de  trois  créneaux  et  porticée  d'argent,  ajourée  et  maçonnée  de  deux 
fenêtres  et  une  porte  de  sable,  au  loup  d'argent  battant  à  la  porte  de  la  tour  ;  aux  2«  et 
3«  de  gueules  à  la  tour  pavillonnée  et  girouettée  d'argent;  sur  le  tout  :  d'azur  à  trois 
étoiles  d'or  rangées  en  face,  accompagnées  en  pointe  d'une  lance  d'or  posée  en  pal. 
(Nobiliaire  de  Guyenne,  généalogie  de  Burin.) 

'  Dans  un  acte  du  18  mars  1461,  Viguicr  ilc  Galard  est  qualilié  de  seigneur  de  Bnlarin 
en  Condomois,  du  Castera  en  Lcctourois  et  de  Flamarens  en  Lomagne.  Le  9  novembre 
1484,  Hugues  do  Galard,  seigneur  de  La  Valette,  épousa  Marie  de  Grossolles,  lillc  de 
Jeanne  d'.Xbzac  et  de  Jean  de  Grossolles,  baron  de  Flamarens.  Le  fi  avril  14'J7,  Jean  de 
Grossolles,  baron  de  Flamarens  et  son  frère,  Antoine,  seigneur  de  Montastruc,  en  Guyenne, 
firent  une  donation  universelle  de  tous  leurs  fiefs  à  François  de  Galard,  fils  de  messirc 
Hugues  de  Galard  et  de  Marie  de  Grossolles-Flamarcns.  (Archives  de  Magnas.) 

3  Le  cliàtcau  de  Flamarens,  curieux  si)écimen  de  rarcliilecturc  féodale,  et  placé  sur 
une  hauteur  très  élevée,  non  loin  de  .Miradoux,  appartient  actuellement  au  marquis  de 
Galard-Magnas.  La  tradition  du  pays  attribue  au  prince  Noir  la  construction  de  la  grosse 
tour. 


■I 


EN  l'année  1787  249 

2  juillet  1652,  au  combat  de  la  Porte-Saint- Antoine,  au  même 
endroit  où  il  avait  occis,  quelques  années  auparavant,  le  comte 
de  Canillac;  ce  dont  j'eus  beaucoup  de  déplaisir^.  » 

Il  avait  épousé  Marie-Françoise  le  Hardy  2^  fille  de  Sébastien, 
marquis  de  La  Trousse,  grand  prévôt  de  France,  lieutenant 
général  des  armées  du  Roi,  chevalier  de  ses  ordres  ^. 

Les  Grossolles  possédaient  en  Guyenne  et  Gascogne  de  nom- 
breuses seigneuries  :  Buzet,  La  Barthe,  Montastruc,  Céez,  La 
Chapelle,  Angeville,  Peyrecave,  Bouligneux,  Flamarens,  Au- 
renque  *,  Montgaillard,  Caumont,  Le  Pin,  Mauroux,  La  Bas- 
tide faisaient  partie  de  leurs  domaines;  le  fief  de  Saint-Martin, 
près  Lectoure,  leur  appartenait,  dès  1392,  et  avait  donné  son 
nom  à  un  rameau  de  cette  famille,  qui  devint  la  branche 
aînée. 

De  grandes  alliances,  de  hauts  emplois  dans  l'Eglise  et  dans 
l'armée,  une  belle  fortune  territoriale  procurèrent  pendant 
longtemps  à  cette  maison  une  importance  considérable,  sur- 
tout dans  le  Midi,  où  elle  résida  presque  toujours,  soit  au  châ- 
teau de  Buzet,  soit  dans  le  manoir  de  Flamarens  ou  dans  celui 
de  Saint-Martin. 

La  branche  de  Grossolles-Saint-Martin,  issue  de  Bernard  1er 

*  Mémoires  de  M"«  de  Montpensier. 

-  Bassompierre,  dans  ses  Mémoires  du  siège  de  La  Rochelle  (i  octobre  1628),  parle 
ainsi  du  maniuis  de  La  Trousse  :  «  Nous  prîmes  cet  espion  Tavart,  qui  avoit  déjà  esté 
«  deux  fois  entre  nos  mains  et  s'en  estoit  échappé,  dont  le  grand-provost  Sébastien  Le 
«  Hardy,  seigneur  de  L\  Trousse,  estoit  tombé  en  disgrâce.  »  François  Le  Hardy,  seigneur 
de  Fay,  fut  tué,  en  1648,  au  siège  de  Tortose;  il  était  gouverneur  de  Roses  Philippe- 
Auguste  Le  Hardy,  marquis  de  La  Trousse,  seigneur  de  Crépoil,  Couchcrel,  Radcniont, 
Liniezy,  etc.,  gouverneur  d'Ypres,  capitaine-lieutenant  des  gendarmes-Dauphin,  lieute- 
nant-général des  armées  du  Roi,  chevalier  des  ordres,  de  la  promotion  du  !«' janvier  1689; 
mourut  le  10  octobre  i691.  «  Son  seul  gouvernement  d'Ypres,  écrit  Dangeau,  lui  valait 
plus  de  -45,000  francs.  »  Ses  armes  étaient  :  d'azur  à  un  chevron  de  sable  bordé  d'or, 
potence  et  contrepotcncé  de  même,  au  chef  d'or  chargé  d'un  lion  de  gueules  passant.  La 
seigneurie  de  La  Trousse,  en  Bric,  fut  érigée  en  marquisat  au  mois  d'août  1615. 

3  M"»  de  Flamarens,  un  peu  parente  de  M^^  de  Sévigné  par  le  frère  de  son  mari  (F.  Le 
Hardy,  qui  avait  épousé  Henriette  de  Coulangcs),  remarquable  par  son  intelligence,  sa 
bonté  et  son  instruction,  fut  fort  liée  avec  Chapelain  et  les  beaux  esprits  de  son  temps; 
elle  mourut  à  Paris,  âgée  de  86  ans,  le  9  février  1703. 

*  Voir,  à  l'appendice,  le  Mandement  de  la  Taille  en  la  communauté  de  Caittlnau- 
d'Arbieu. 


250  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

de  GrossoUes ,  fils  puiné  de  Guillaume,  et  de  N.  de  Saint- 
Ribier,  qui  vivaient  en  1313,  forma,  il  y  a  environ  trois  siècles, 
quatre  rameaux; 

La  branche  aînée,  résida  toujours  à  Saint-Martin,  près 
de  Lectoure,  et  son  dernier  descendant  en  ligne  directe 
fut  le  chevalier  de  GrossoUes,  lieutenant-général  des  armées  du 
Roi,  en  1789. 

La  seconde  était  la  branche  de  GrossoUes  de  Flamarens; 
elle  finit  en  la  personne  de  Ms''  l'évêque  de  Périgueux,  décédé 
à  Londres  pendant  l'émigration,  en  1815.  Son  frère,  le  mar- 
quis de  Flamarens,  mourut  sans  enfants. 

La  troisième  branche  forma  la  maison  de  GrossoUes  de 
Caumont  d'Asques  \  qui  n'existe  plus,  de  même  que  la  qua- 
trième, éteinte  depuis  longtemps  en  Lorraine.  Vers  1660,  un 
frère  de  ]\L  de  Grossolles-Saint-Martin  était  le  chef  du  rameau 
dit  de  La  Bastide-Saint-André,  qui  hérita  plus  tard  des  bran- 
ches aînées  de  Saint-Martin  et  de  Flamarens,  et  dont  les  des- 
cendants continuèrent  la  filiation  jusqu'à  nos  jours  -. 

Un  hasard  heureux  contribua  à  établir  la  fortune  des  Flama- 
rens et  à  leur  donner  les  moyens  de  vivre  à  la  cour.  <i  Le  comte 
de  Flamarens,  après  avoir  rempli  avec  honneur  sa  carrière 
militaire,  s'était  retiré  dans  sa  province,  où  une  honnête  aisance 
lui  permettait  de  soutenir  avec  économie  la  dignité  de  son 
nom.  Un  procès  qu'il  avait  déjà  gagné  devant  plusieurs  tribu- 
naux, fut  porté  au  Conseil  par  sa  partie  adverse  et  le  força  de 
faire  le  voyage  de  Paris.  Il  marchait  à  petites  journées,  allant 
avec  ses  chevaux;  passant  par  la  forêt  de  Fontainebleau,  il  vit 
beaucoup  de  gens  à  cheval  qui  tous,  prenant  une  route  de  tra- 
verse, paraissaient  avoir  la  même  destination.  La  curiosité  le 
porta  à  les  suivre,  sauf  à  s'écarter  un  peu  de  son  chemin.  Après 
avoir  marché  quelque  temps  il  arriva  à  un  grand  rond  appelé 
le  fort  de  la  Briclie,  où  il  trouva  plusieui"S  hommes  assez  mal 
vêtus  qui,  ayant  mis  pied  à  terre,  avaient  attaché  leurs  che- 

'  Voir  à  rappciidicc  ;  «   Documents  sur  Hennj  de   GrossoUes,  seiyneur  d'Asques  ». 
^  Archives  du  château  de  Flamarens. 


EN  l'année  1787  251 

vaux  à  des  branches  d'arbre.  Sa  première  idée  fut  de  se  croire 
au  milieu  d'une  bande  de  voleurs,  et  la  fuite  lui  paraissant 
impossible,  parce  qu'il  voyait  beaucoup  de  monde  arriver 
encore  par  la  seule  allée  qui  put  lui  servir  de  retraite,  il  ima- 
gina que  le  meilleur  moyen  de  se  tirer  d'alYaire  serait  d'agir 
comme  les  autres  et  de  paraître  ainsi  être  de  leur  société;  il  mit 
donc  aussi  pied  à  terre  et  attacha  son  cheval  à  un  arbre,  mais 
son  inquiétude  augmenta  bientôt  quand  il  vit  tous  les  yeux  se 
fixer  sur  lui,  des  groupes  se  former  successivement,  le  rejoindre 
ensuite,  des  chuchottements  s'établir  sans  qu'on  parût  le  perdre 
de  vue.  Enfin  un  homme  se  détache,  vient  directement  à  lui  et 
lui  demande  avec  embarras  quel  motif  l'amène  en  ce  lieu?  Le 
comte  persistant  dans  la  môme  idée,  lui  répond  avec  assez  de 
fermeté  :  «  Probablement,  Monsieur,  le  même  qui  vous  y  a 
conduit.  ))  Le  député  se  retire,  rentre  dans  le  cercle;  les  chu- 
chottements recommencent  avec  plus  d'activité;  on  revient  à 
M.  de  Flamarens,  on  lui  offre  deux  cents  louis  s'il  veut  se  retirer; 
très  étonné  d'une  proposition  aussi  imprévue,  il  commence  à 
trouver  son  aventure  plaisante,  sans  y  rien  comprendre,  et 
répond  à  tout  hasard  que  ce  n'est  pas  assez.  On  retourne,  on 
revient,  on  insiste,  on  lui  propose  enfin  cinq  cents  louis  qu'on 
compte  devant  lui;  il  ne  conçoit  rien  à  tout  cela,  mais  il 
accepte,  prend  l'argent  qu'on  lui  offre,  remonte  à  cheval  et 
s'en  va,  recevant  de  ces  Messieurs  toutes  les  civilités  possibles, 
et  fort  surpris  de  les  laisser  avec  autant  de  joie  de  son  départ 
qu'il  en  avait  lui-même  de  les  quitter.  Arrivé  à  Melun,  il  prend 
les  informations  sur  le  rassemblement  qu'il  a  trouvé,  et  par 
les  détails  qu'on  lui  donne,  il  apprend  que  le  hasard  l'a  con- 
duit au  fort  de  la  Briclie  au  moment  où  on  allait  y  faire  l'ad- 
judication d'une  partie  considérable  de  la  forêt.  De  là  il  ne  lui 
fut  pas  difficile  de  conclure  que  tous  les  gens  qu'il  avait  vus 
étaient  des  miseurs  associés,  qui,  l'ayant  pris  pour  un  enché- 
risseur inquiétant,  avaient  été  bien  aises  de  se  défaire  de  lui 
à  prix  d'argent,  et  à  meilleur  marché  qu'ils  ne  l'espéraient. 

Obligé  de  se  rendre  à  Versailles  pour  la  poursuite  de  son 
procès,  le  comte  de  Flamarens  se  promenait  un  matin  fort 


252  NOBLESSE   DE   LOMAG^'E 

tranquillement  dans  la  grande  galerie  lorsqu'un  homme,  mis 
très  honnêtement,  après  l'avoir  considéré  un  instant,  se  jette 
avec  autant  d'empressement  que  de  respect  sur  sa  main,  en 
s'écriant  :  «  Quoi,  Monsieur  le  comte,  j'ai  le  bonheur  de  vous 
revoir!  Permettez-moi  de  vous  demander  par  quel  hasard  vous 
êtes  ici?  »  Cet  homme  était  le  fameux  Barjac,  ancien  valet  de 
chambre  du  comte^,  et  alors  attaché  en  la  même  qualité  au 
cardinal  de  Fleury  i,  dont  il  possédait,  et  à  juste  titre,  par  sa 
scrupuleuse  probité,  toute  la  confiance.  M.  de  Flamarens  le 
reconnaissant  aussitôt  :  «Eh  !  c'est  toi,  mon  cher  Barjac,  je  suis 
((  bien  aise  de  te  retrouver.  Je  conçois  que,  connaissant  mes 
«  habitudes  et  la  médiocrité  de  ma  fortune^,  tu  sois  étonné  de 
((  me  voir  ici,  c'est  un  mauvais  procès  devant  le  Conseil  qui 
ce  m'a  forcé  d'y  venir.  »  —  «  Ah  !  Monsieur  le  comte,  que  je 
«  suis  heureux  puisque  je  puis  avoir  l'avantage  de  vous  être 
«  utile.  »  —  «  Toi,  et  comment  donc?  »  —  «  Je  suis  le  pre- 
«  mier  valet  de  chambre  de  Son  Éminence  Mg'"  le  cardinal  de 
((  Fleury;  il  m'honore  de  ses  bontés,  je  peux  même  dire  de 
((  toute  sa  confiance.  Je  vous  demande  la  permission  de  vous 
«  présenter  moi-même  à  ce  respectable  ministre,  et  j'ose  vous 
«  assurer  que  vous  serez  mieux  accueilli  que  si  vous  lui  étiez 
«  présenté  par  les  plus  grands  seigneurs.  ))  Une  telle  propo- 
sition ne  pouvait  manquer  d'être  acceptée  avec  reconnaissance, 
et,  en  effet,  le  cardinal  prévenu  par  Barjac,  dont  il  faisait  le 
plus  grand  cas,  traita  le  comte  avec  toute  l'affabilité  et  l'intérêt 
imaginables.  Bientôt  celui-ci  mérita,  par  lui-même,  les  bontés 
qu'il  n'avait  dues  en  premier  ordre  qu'à  son  ancien  domes- 
tique. Une  figure  prévenante,  une  gaîté  franche  et  soutenue, 
une  candeur  dont  on  trouvait  peu  de  modèles  à  la  Cour,  lui 
concilièrent  l'estime  du  premier  ministre,  dont  il  devint  pour 
ainsi  dire  le  commensal;  l'on  se  doute  bien  qu'avec  son  bon 
droit  et  un  pareil  protecteur,  il  eut  bientôt  gagné  son  procès 
au  Conseil. 

*  André  Hercule  de  Fleury,  né  à  Lodcve  en  1053,  auni()nier  de  Louis  XIV,  évèque  de 
Fréjus,  précepteur  de  Louis  XV,  devint  (1726)  premier  ministre  et  cardinal.  11  mourut 
en  1743. 


EN  l'année  1787  253 

Rien  ne  le  retenant  davantage  à  Versailles,  il  se  préparait  à 
retourner  dans  ses  terres  du  Midi  ;  le  cardinal  ne  cacha  pas  à 
Barjac  le  chagrin  qu'il  avait  de  ce  départ  projeté  sous  peu  de 
jours.  ((  Monseigneur,  lui  dit  Barjac,  il  ne  tiendrait  qu'à  vous 
«  de  retenir  à  la  cour  M.  de  Flamarens  et  d'y  attirer  sa  famillle, 
«  en  lui  procurant  les  moyens  d'y  vivre  avec  dignité.  »  — 
«  Barjac,  répondit  le  cardinal,  souviens-toi  que  si  je  suis  le 
«  dépositaire  et  le  dispensateur  des  deniers  publics,  mon  devoir 
«  est  de  les  employer  uniquement  à  l'utilité  de  l'État,  et  je  ne 
«  dois  me  permettre  sur  cela  aucun  sacrifice  pour  mes  atta- 
((  chements  personnels.  »  —  «.  Aussi,  Monseigneur,  suis-je 
«  incapable  de  vous  proposer  quelque  chose  qui  puisse  blesser 
((  votre  délicatesse  ou  votre  conscience  ;  mais  le  récit  de  ce  qui 
«  est  déjà  arrivé  à  M.  de  Flamarens  me  permettra  de  suggérer 
«  à  Votre  Éminence  une  idée  qui  peut  être  avantageuse  à  mon 
«  ancien  maître,  sans  compromettre  les  intérêts  du  Roi.  »  Alors 
il  lui  fit  très  plaisamment  le  narré  de  l'aventure  dans  la  forêt 
de  Fontainebleau,  ce  qui  amusa  beaucoup  le  cardinal.  Barjac 
voyant  l'Éminence  en  gaieté,  se  bâta  d'ajouter  :  «  Monsei- 
«  gneur,  on  procède  demain,  dans  une  des  salles  du  Louvre, 
«  à  l'adjudication  des  Fermes  générales  de  Sa  Majesté;  per- 
ce mettez  seulement  que  le  comte  de  Flamarens  y  arrive  dans 
«  un  de  vos  carrosses^  accompagné  de  votre  livrée,  et  que, 
«  sans  se  mettre  aucunement  en  avant ,  il  profite  des 
((  hasards  qui  pourront  lui  être  offerts.  »  Le  cardinal  trouva 
l'idée  plaisante  et  y  consentit  volontiers.  Le  comte  de  Flama- 
rens fut  prévenu  par  Barjac,  qui  l'accompagna  dans  la  voiture 
du  premier  ministre.  Les  enchérisseurs  qui  étaient  associés, 
de  même  que  ceux  de  la  forêt  de  Fontainebleau,  étaient  déjà 
rassemblés  quand  ils  arrivèrent.  En  entendant  une  voiture 
entrer  dans  la  cour  intérieure  du  Louvre,  où  celles  des  princes 
du  sang,  des  cardinaux  et  des  ministres  avaient  seules  le  droit 
de  pénétrer,  on  mit  avec  empressement  la  tôle  à  la  fenêtre  et 
l'on  fut  fort  étonné  de  voir  la  livrée  du  cardinal  et  un  inconnu 
descendre  de  voiture  avec  Barjac,  qui  s'apercevant  de  l'atten- 
tion avec  laquelle  on  examinait  tous  ses  mouvements,  affecta 


254  NOBLESSE   DE   LOMAGXE 

de  causer  avec  l'air  du  plus  grand  intérêt  et  remonta  ensuite 
dans  la  voiture,  comme  pour  attendre  un  dénoùment  auquel 
il  prenait  une  grande  part.  Les  miseurs  consternés  ne  doutè- 
rent pas  au  premier  moment  que  celui  dont  ils  virent  les  pas 
se  diriger  de  leur  côté,  ne  fut  un  prête-nom  du  cardinal  qui, 
sans  doute,  voulait  avoir  lui-même  l'adjudication  des  fermes, 
et  contre  lequel  ils  ne  pouvaient  lutter;  cependant  quelques 
tètes  plus  tranquilles  représentèrent  que  peut-être  cet  inconnu 
n'était  qu'un  homme  protégé  par  le  ministre  ou  même  par 
Barjac,  et  dont  on  voulait  faire  la  fortune  en  le  mettant  à  la 
tête  de  quelque  société  rivale  de  la  leur,  que  dans  ce  cas-là  il 
serait  possible  de  le  désintéresser  par  des  offres  avantageuses. 
Cet  aperçu,  qui  calma  les  esprits,  ayant  été  adopté  unanime- 
ment, on  se  hâta  de  convenir  du  taux  auquel  on  pourrait 
porter  les  offres.  ^I.  de  Flamarens  entra  dans  le  moment  où  ce 
plan  venait  d'être  conclu  et  il  s'assit  modestement  dans  un 
coin  de  la  salle.  Il  fut  bientôt  entouré  de  plusieurs  de  ces  Mes- 
sieurs qui,  sous  différents  prétextes,  clierchaient  à  savoir  quel 
était  le  motif  de  sa  présence;  il  répondit  à  toutes  les  questions 
d'un  air  mystérieux  et  préoccupé  qui  ne  laissa  plus  de  doute 
sur  les  intentions  qu'on  lui  supposait.  On  crut  alors  que  c'était 
le  cas  d'agir  franchement  par  les  grands  moyens,  et  l'un  des 
associés,  sur  le  signe  approbatif  des  autres,  le  tire  en  particu- 
lier, et  après  quelques  préambules  sur  le  peu  de  profits  qu'on 
pouvait  espérer  des  fermes,  ne  lui  cacha  pas  que  s'il  était  ici, 
comme  on  pouvait  le  présumer,  d'après  la  manière  dont  il  y 
était  arrivé,  l'organe  d'une  autorité  supérieure,  on  la  respectait 
trop  pour  vouloir  la  combattre;  mais  que  si,  sous  une  aussi 
grande  protection  il  ne  paraissait  que  pour  son  intérêt  per- 
sonnel, il  était  chargé  de  lui  offrir  cent  mille  écus  pour  se 
reth'er.  Le  comte  ne  balança  pas  à  avouer  que  c'était  unique- 
ment son  intérêt  personnel  qui  l'avait  amené  en  ce  lieu;  le 
marché  fut  bientôt  conclu,  et  il  se  retira  emportant  une  somme 
qui  le  mit  en  état  d'acheter  une  grande  charge  à  la  cour  et  d'y 
établir  sa  famille  qui,  plus  tard,  s'allia  très  grandement  et  fit 
grosse  figure. 


i 


EN  l'année  1787  255 

Barjac  quoique  disposant,  par  la  faveur  du  cardinal,  des  pre- 
mières places  de  l'État,  conserva  toujours  sa  première  simpli- 
cité et  n'oublia  jamais,  au  milieu  des  plus  grands  seigneurs 
qu'il  voyait  presque  à  ses  pieds,  ses  origines  si  médiocres  ^. 

Une  des  principales  illustrations  de  la  maison  de  Grossolles 
a  été  Hérard,  évêque  de  Gondom,  qui  acheva  en  1531  l'église 
de  cette  ville,  commencée  vers  1504  par  l'évêque  Marre  -,  dont 
il  avait  été  vicaire  général.  Voici  l'inscription  que  ce  prélat  fit 
graver  au-dessus  de  la  porte  de  la  sacristie,  sur  une  plaque  de 
marbre  blanc,  pour  conserver  la  mémoire  de  la  consécration 
de  ce  monument. 

«  L'an  du  seigneur  1531  et  le  15  octobre,  qui  était  un 
dimanche,  le  Rév.  Père  en  J.-C,  seigneur  Hérard  de  Gros- 
solles, évêque  de  Gondom,  consacra  cette  église  et  son  maître- 
autel  en  l'honneur  de  Dieu  et  de  Jésus-Ghrist,  notre  Sauveur, 
et  en  mémoire  de  Pierre,  prince  des  Apôtres.  Il  enferma  dans 
cet  autel  des  reliques  des  bienheureux  Pierre  et  Paul,  André, 
Jacques,  Alphée,  Simon  et  Judes,  apôtres,  de  S.  S.  Jean,  Paul, 
Fabien,  Sébastien  et  Laurent,  martyrs,  et  Léon,  pape,  fonda- 
teur de  cette  église;  des  saintes  Agnès  et  Prisce,  vierges,  ainsi 
que  des  parcelles  réduites  en  poussière  du  bienheureux  Jean- 
Baptiste,  de  la  tête,  des  cheveux  et  du  bonnet  de  saint  Etienne, 
premier  martyr,  et  des  fragments  du  sépulcre  de  Notre-Sau- 
veur,  accordant  à  chacun  des  fidèles  chrétiens  qui  visiteront 
cette  église  au  jour  anniversaire  de  cette  consécration,  quarante 
jours  de  véritable  indulgence  en  la  forme  usitée  de  l'Église, 
Étaient  présents  à  cette  consécration  les  révérends  Pères  et 
seigneurs  Jean  de  Galard,  Louis  d'Arzac,  Jean  de  Gobai,  abbés 
de  Simorre,  de  Pontault  et  de  Bouillas,  noble  Ant.  de  Gros- 
solles, seigneur  de  Buzet,  frère  de  l'évêque  consécrateur,  An- 
toine de  Grossolles,  seigneur  de  Flamarens,  François  de  Pont- 
briant,  seigneur  de  Montréal  en  Périgord,  neveu  dudit  consé- 

'  Versailles  et  les  provinces  au  XYiii^  siècle. 

'  Jean  Marre,  évêque  de  Condoni,  est  l'auteur  du  «  Traicté  pour  l'instruction  des 
Roys.  »  Ce  manuscrit  est  à  la  bibliothèque  royale  sous  les  numéros  1211)  et  1220  des  fonds 
français. 


256  NOBLESSE   DE   LOMÀGNE 

crateur,  ensemble  les  consuls  et  habitants  de  Condom  et  plus 
de  quinze  cents  personnes  de  l'un  et  de  l'autre  sexe.  » 

Le  marbre  occupé  par  cette  inscription,  aux  deux  tiers  de  sa 
surface,  figure  au  bas  et  en  relief,  une  scène  mystique.  Dans  le 
milieu,  le  Sauveur  est  représenté  en  croix,  et  à  ses  pieds  Marie, 
sa  mère  et  Jean,  le  disciple  bien-aimé. 

A  droite  de  la  croix  et  un  peu  plus  loin,  Hérard  de  Gros- 
soUes,  à  genoux,  tête  nue,  et  la  crosse  en  main,  paraît  appeler 
pieusement  la  protection  du  Sauveur  sur  son  église.  A  gauche 
et  à  une  distance  égale,  Antoine  de  Grossolles,  seigneur  de 
Buzet,  son  frère,  prie  aussi  dans  la  même  attitude  d'humble 
piété.  Ces  deux  personnages  sont  désignés  par  l'écusson  colorié 
qui  gît  à  terre  à  côté  de  chacun  d'eux  ^ 

Le  6  janvier  1545,  noble  Jean  de  Galard,  baron  de  l'Isle- 
Bozon,  en  Lomagne,  seigneur  de  Sainte-Livrade,  sénéchal 
d'Armagnac,  autorisa  l'insinuation  et  l'enregistrement  en  la 
cour  de  la  sénéchaussée  de  Lectoure,  des  donations  faites  par 
Jean  de  Grossolles,  protonotaire  du  Saint-Siège,  à  ses  neveux 
Hérard  et  Régnault  de  Grossolles,  fils  d'Antoine  de  Grossolles, 
seigneur  de  Buzet  ^. 

On  a  conservé  le  testament  d'Arnaud  de  Grossolles,  seigneur 
de  Flamarens,  Montastruc,  co-seigneur  de  jNIauroux  et  de  La 
Chapelle,  avec  les  lettres  délivrées  par  le  sénéchal  d'Armagnac 
pour  autoriser  Jehan  de  Grossolles,  seigneur  d'Asques  et  prieur 
de  Buzet,  à  rechercher  et  lever  tous  les  divers  documents  rela- 
tifs à  la  succession  d'xVrnaud  de  Grossolles,  dont  les  dernières 
volontés  avaient  été  consignées  dans  un  acte  dressé  à  Toulouse, 
le  15  juillet  1536,  au  moment  de  son  départ  pour  la  guerre, 
chez  Pierre  May  mal,  avocat  au  Parlement  ^. 

Emmanuel-Félix  de  Grossolles,  guidon  des  gendarmes  an- 
glais, fut  tué  fort  jeune,  en  Italie,  à  la  bataille  de  Luzra  {[102). 
Son  frère,  Agésilan  Gaston  de  Grossolles,  marquis  de  Flama- 

'  Josei>li  Lassalle,  curé  de  Saint-Michel,  lievue  de  Gascogne,  186i. 
'  Voir  cot  acte  à  l'appendice. 
3  Id. 


EN  l'année  1787  257 

rens,  seigneur  de  Buzet,  La  Barthe,  Maiiroux,  etc.,  capitaine- 
lieutenant  des  chevau -  légers  de  Bretagne,  brigadier  des 
armées  du  Roi  en  1719,  chevalier  de  Saint-Louis,  était  grand 
louvetier  de  France.  Il  épousa  Anne-Agnès  de  Beauvau,  fille 
d'Henri  de  Beauvau,  marquis  de  Montgoger,  capitaine  des 
gardes  du  corps  du  duc  d'Orléans,  frère  de  Louis  XIV,  et  de 
Madeleine  de  Brancas,  fille  de  François,  duc  de  Villars. 

Emmanuel-François  de  Grossolles,  neveu  d'Agésilan,  mar- 
quis de  Flamarens,  né  le  15  juin  1754,  reçut  en  survivance  la 
charge  de  grand  louvetier  de  France. 

Au  xviiie  siècle,  Jules-César  de  Grossolles,  de  la  branche  de 
Saint-André  ^,  déjà  abbé  de  Beaulieu,  au  diocèse  de  Rhodez, 
devint  en  1738  abbé  de  Saint-Sever-Cap,  dans  le  diocèse  d'Aire. 
Il  succéda  à  Antoine  Anselme,  célèbre  prédicateur,  qui  con- 
serva l'abbaye  de  1G99  à  1737  -.  Après  M.  de  Grossolles,  Fran- 
çois de  Berthier  fut  abbé  commandataire  de  Saint-Sever-Cap 
depuis  le  8  juin  1751  jusqu'en  1773. 

A  l'Assemblée  des  trois  ordres,  tenue  à  Gondom  le  9  mars 
1789,  le  comte  de  Gelas  était  le  procureur  fondé  de  M.  le  mar- 
quis de  Flamarens. 

Le  vicomte  de  Grossolles  et  le  marquis  de  Flamarens  com- 
parurent en  personne  à  l'Assemblée  tenue  à  Lectourelel6  mars 
1789;  mais,  en  1790,  M.  d'Aux  était  le  procureur  fondé  des 
MM.  de  Flamarens,  et  M.  de  Bonnot  celui  de  l'abbé  de  Gros- 
solles-de-Saint-Martin . 

Les  armes  des  Grossolles  sont  :  d'or  au  lion  de  gueules  ^, 
armé  et  lampassé  de  même,  naissant  d'une  rivière  d'argent,  au 
chef  d'azur  chargé  de  trois  étoiles  d'or.  Supports  :  deux  grif- 


'  Fils  (le  Jean  de  Grossolles,  seigneur  de  La  Bastide. 

2  Lisle-Jourdain  donna  le  jour,  en  1652,  au  prédicateur  et  littérateur  Anselme,  membre 
de  l'Académie  des  inscriptions,  surnomme  le  «  petit  prophète  ».  M">6  de  Sévigné  lui  pré- 
férait peu  d'orateurs  chrétiens. 

Il  est  l'auteur  de  sermons,  dont  plusieurs  furent  prêches  à  la  cour,  en  1683,  IGUS,  1709, 
de  divers  panégyriques  de  saints,  d'odes,  de  dissertations  savantes  et  d'oraisons  funèbres. 
Il  mourut  à  85  ans,  en  1737,  à  Saint-Sever-Cap-dc-Gascogne,  dont  Louis  XIV  lui  avait 
donné  l'abbaye. 

3  Alias  :  de  gueules  au  lion  d'or  couronné  de  même. 

17 


258  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

fons.  Quelques  branches  écartelaient  de  France  et  d'Albret,  en 
souvenir  de  l'alliance  contractée  le  19  décembre  1609,  par 
devant  François  de  Sourdis,  cardinal-archevêque  de  Bordeaux, 
entre  Jean  de  Grossolles-Flamarens  et  Françoise  d'Albret, 
fille  d'Antoinette  de  Pons  *  et  de  Henri  d'All^ret,  chevalier  des 
deux  ordres  du  Roi,  son  gouverneur  et  lieutenant-général  au 
pays  de  Béarn,  seigneur  de  JMiossens,  Goarase  et  autres  places  -. 
M.  de  Grossolles,  seigneur  de  Saint-Martin,  reçut  du  sire 
de  Saint-Luc  la  lettre  suivante,  pour  se  joindre  au  cortège  du 
prince  de  Conty  lors  de  l'entrée  de  ce  dernier  dans  la  ville  de 
Bordeaux,  le  1<^'"  mai  1638  : 

((  A  Agen,  le  l^''  may  1638. 

«  Monsieur, 

«  Mg""  le  prince  de  Gonty  venant  faire  son  entrée  à  Bordeaux, 
et  Son  Altesse  m'ayant  fait  coguoisti'e  qu'elle  désiroit  que  les 
personnes  de  qualifié  de  son  gouvernement  l'accompagnassent 
en  cette  rencontre,  j'ay  cru  que  vous  séries  bien  ayse  d'estre 
du  nombre  de  suite;  en  mon  particulier  je  vous  en  supplie,  sy 
vous  prenes  la  peine  de  vous  rendre  avec  quelques  uns  de  vos 
amis  à  Bordeaux  le  premier  du  mois  prochain,  nous  pourrons 
aller  ensemble  au-devant  de  Son  Altesse  et  la  suivre  dans  cette 
cérémonie.  Par  tout  vous  cognoistrez  que  je  suis  véritablement, 

((  Monsieur, 


«  Vostre  très-humble  et  très-alîectionné  serviteur,  é 

3 


\ 
«  Saint-Luc.  »  ? 

A  Monsieur  de  Saint-Martin,  à  Saiiit-Martiii^. 

'  .Vrilles  (les  de  l*ons  :  d'argent  à  la  fasce  coticéc  d'ur  et  de  gueules.  Les  de  i'inis  du 
Languedoc  portent  les  mômes  armoiries. 

-  Le  frère  de  M™«  de  Flamareus  était  Henry  d'.Mbrel,  deuxième  tlu  nom,  Ikiiou  de  Poiis 
et  de  Miossens,  marié  avec  Anne  de  Pardaillan,  dame  d'Escandillac. 

•''  Archives  du  château  de  Flamarens  (Gers). 


EN  l'année  1787  259 

Le  grand  Condé  écrivit  souvent,  pour  des  ordres  de  service, 
à  M.  de  Grossolles,  seigneur  de  Saint-Martin,  fort  avant  dans 
ses  bonnes  grâces,  et  qu'il  avait  décidé  à  le  suivre  chez  les 
Espagnols. 

La  lettre  que  nous  transcrivons  ici  est  datée  de  Rocroy,  le 
4  octobre  1(353,  et  elle  est  adressée  : 

((  A  Monsieur  de  Grossolles,  Viin  de  mes  gentilshommes, 
à  Dunkerque. 

((  Monsieur  de  Grossolles,  a  mesure  que  les  Irlandois  arri- 
veront vous  ne  manqueres  d'en  donner  advis  a  Monsieur  le 
comte  de  Castelhaven,  auquel  j'escris  pour  le  prier  de  les 
conduire  luy-même  dans  le  quartier  de  rafraichissement. 
Vous  ne  laisserés  pas  de  me  mander  Testât  ou  ils  seront. 

((  Louis  de  Bourbon  i.  » 

Nous  donnons  une  autre  lettre  écrite  à  ]\L  de  Grossolles, 
seigneur  de  Saint-Martin,  par  le  grand  Condé,  en  1653  : 

«  A  Monsieur  de  Grossolles,  F  un  de  mes  gentilshommes, 
à  Dunkerque. 

«  J'ay  veu  ce  que  vous  aves  mandé  à  Caillot,  et  m'estonne 
que  ny  les  Irlandois  ny  l'argent  ne  soient  pas  encore  arrivés. 
Dès  que  l'argent  sera  venu,  vous  dires  au  neveu  de  M.  de 
Mazeroles  de  le  fere  porter  à  Bruxelles,  qu'il  prenne  poui"  cela 
touttes  les  seuretés  qu'il  faudra,  affni  de  n'estre  point  volé, 
que  pour  cet  effet  il  face  mettre  l'argent  dans  des  batteaux, 
pour  le  porter  par  eau,  et  qu'il  prenne  escorte  de  liëuë  en 
liëuë,  et  que  dès  qu'il  sera  arrivé  à  Bruxelles,  il  m'en  donne 
avis  en  diligence. 

((  Pour  le  régiment  de  Westmoath,  quand  il  sera  venu,  vous 
le  conduirés,  sans  attendre  les  troupes  de  Bouteler,  dans  les 

1  Archives  particulières. 


260  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

quartiers  que  l'on  leur  donnera,  et  m'en  donnerés  avis  des  que 
vous  y  serés  arrivés.  Surtout  prennes  bien  garde,  dans  la  reveiie 
que  vous  en  feres,  de  ne  point  passer  de  gens  hors  de  service, 
pour  des  gens  de  service, 

«  Louis  de  Bourbon, 
«  de  Rocroy  le  6^  décembre  1653  i.  ^) 

Cinq  ans  plus  tard  le  prince  de  Condé,  qui  n'avait  pu  rame- 
ner la  victoire  dans  les  rangs  des  Espagnols,  persistait  toujours 
dans  sa  vengeance  contre  la  cour  de  France  et  surtout  contre 
le  cardinal  Mazarin  ;  il  écrivit  la  lettre  suivante  à  son  fidèle 
Grossolles  : 

((  Monsieur  le  marquis  de  Caracen  m'escript  qu'yl  n'est  pas 
nécessaire  que  le  régiment  de  Bandis  vienne  à  Terremonde,  et 
qu'yl  suffit  de  le  faire  venir  en  Haynault,  suivant  la  première 
résolution  qui  avoit  été  prise.  Je  luy  renvoie  à  cet  elTet,  les 
premiers  ordres  de  passage  qui  avoient  été  expédiés,  ne  sachant 
pas  sy  depuis  votre  arrivée  auprès  de  luy,  yl  n'auroit  pas 
changé  de  dessein. 

«  S'il  fait  venir  ces  gens-la  a  Terremonde  vous  n'aurez  qu'a 
demeurer  auprès  de  luy  selon  que  je  vous  l'ay  ordonné;  mais 
s'yl  les  fait  venir  en  Haynault  il  faudra  que  vous  alliés  par 
advance  trouver  M.  le  comte  de  Buquoy  pour  le  prier  de  leur 
donner  quelque  lieu  ou  ils  soient  bien,  comme  yl  me  l'a  pro- 
mis, et  vous  pourrez  les  y  establir;  que  s'yl  y  avoit  quelque 
difficulté  à  cela,  de  la  part  de  M.  le  comte  de  Buquoy,  ou  qu'il 
les  misse  quelque  part  ou  ils  ne  pussent  pas  avoir  a  subsister, 
comme  yl  n'y  a  pas  loing  de  la  icy,  vous  me  viendriez  trouver 
pour  m'y  rendre  compte. 

«  Si  M.  le  marquis  de  Carcen  vous  les  fait  mettre  entre  les 
mains  vous  les  enverres  a  du  Verger  et  luy  manderes  de  vous 

'  Aicliivcs  parliculièrcs. 


EN  l'année  1787  261 

advertir  de  tout  ce  quy  se  passera  sur  le  subject  de  ces  gens  la. 
De  votre  costé  ne  manquez  de  m'informer  de  ce  que  fera  sur 
cela  M.  le  marquis  de  Caracen. 

«  Louis  de  Bourbon. 
((  A  Tournay,  le  i¥  octobre  1658. 

((  A  M.  de  Grossolles.  » 

Nous  citons  ici  la  dernière  lettre  adressée  à  M.  de  Grossolles 
par  le  prince  de  Gondé,  pendant  son  séjour  chez  les  Espagnols. 
La  i)aix  des  Pyrénées  le  rendit  bientôt  après  à  sa  patrie,  où  il 
rentra  avec  le  gentilhomme  gascon  dont  le  dévouement,  pen- 
dant six  ans  d'exil,  ne  s'était  jamais  démenti  : 

((  De  Bruxelles  le  7e  avril  1659. 

((  Depuis  que  je  vous  ay  faict  partir,  Du  Berger  est  arrivé  quy 
m'a  apporté  nouvelles  de  M.  de  Bandis  qui  me  mande  que  le 
gouverneur  de  Juliers  sur  quelques  avis  que  l'on  luy  avoit 
donnes,  avoit  retrouvé  le  monde  qu'il  desiroit.  Gela  estant 
ainsy,  vous  dires  à  M.  le  comte  de  Bucquoy  qu'il  n'y  a  rien  qui 
presse  d'expédier  les  ordres  que  je  vous  avois  ordonnés  de  luy 
demander  pour  ce  monde  la.  Aussitôt  la  présente  receûe  vous 
ires  en  diligence,  suivant  l'ordre  que  je  vous  en  envoie,  à 
Longwy  et  à  Saint-Guilhin  faire  reveûe  fort  exacte  du  monde 
qu'il  y  a  du  régiment  de  Bandis,  pour  vous  rendre  en  suitte 
auprès  de  moy,  le  plus  diligemment  que  vous  le  pourrés  pour 
m'en  rendre  compte. 

((  Louis  de  Bourbon. 

(Et  de  la  main  du  prince)  :  «  Voies  les  officiers  et  soldats 
fort  exactement.  Gette  reveûe  n'est  que  pour  moy,  ainsi  faite 
la  bien  exacte  sans  passer  soldats  ny  valets. 

«  A  M.  de  Grossolles.  » 


262  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

La  révolution  fit  relativement  peu  de  mal  à  la  famille  de 
Grossolles.  Grâce  au  dévouement  d'un  régisseur  honnête,  le 
sieur  Cadéot;,  qui  sut  empêcher  la  confiscation  de  la  terre  d'Au- 
renque,  les  revenus  de  ce  domaine  furent  régulièrement  adres- 
sés chaque  année  au  chevalier  de  Grossolles,  caché  à  Toulouse 
sous  un  nom  d'emprunt.  Dans  le  château  de  Flamarens  on 
pilla  une  partie  des  meuhles  et  on  détruisit  les  tableaux  et 
quelques  liasses  d'archives,  comme  le  témoigne  l'acte  suivant  : 

«  Nous,  officiers  municipaux  de  Flamarens,  soussignés,  cer- 
tifions que,  en  exécution  des  décrets  de  la  Convention  natio- 
nale, le  citoyen  Flamarens,  absent,  nous  a  fait  remettre  par 
le  citoyen  Laclaverie,  de  La  Chapelle,  trois  cahiers  de  recon- 
noissances  féodales,  dix  livres  pour  la  levée  des  rentes  de  la 
cy-devant  seigneurie  du  présent  lieu,  un  poi'trait  de  Louis  XV, 
pour  le  tout  être  bruUé  conformément  audit  décret. 

((  A  Flamarens,  le  4  octobre  1793,  an  2  de  la  llép.  une  et 
indivisible. 

((  Le  Maire.  Ferberon,  officier  municipal. 

Bordes,  id.  » 

La  terre  de  Pey recave,  près  Gaudonville,  avait  été  apportée 
aux  Grossolles,  en  1722,  par  le  mariage  de  Marguerite-Louise 
de  Bruet  *,  fille  de  Gédéon  de  Bruet,  baron  d'Arzens,  seigneur 


'  Les  armes  des  Bruet  de  Peyrecave  étaient  :  écartelé  aux  \"  et  4°  de  gueules,  au  lion 
d'argent,  aux  2«  et  3'^  d'argent  à  la  croix  de  >lalte  de  gueules,  bordée  de  sable. 

Le  25  octobre  1688,  messire  (Charles  de  lii  net,  seigneur  de  Saint-Caprazi,  Longneville 
et  Lagarde,  épousa  Maric-Théièse  de  Pichard,  fille  de  Jean  de  Pichard,  seigneur  de  Beau- 
gramont,  baron  de  Saucats,  Barp  et  de  Marie  du  Solier  (nob.  de  Ouyenne).  Alexandre  de 
Bruet,  écuycr,  seigneur  de  La  Ciarde,  Liingiiivillc,  IVyrecave  et  Arz<'us,  fils  de  Jacques  de 
Bruet,  gouverneur  pour  le  Boi  de  la  ville  tl  du  château  de  Toinieins,  accorda  son  niaiiagc 
à  Montréal,  [très  Carcassonne,  le  10  féviier  Itiiir),  avec  Françoise  d'All)a  ',  fille  du  seigneur 
de  Peyrecave.  Il  mourut  le  3U  août  itî83,  laissant  trois  fils  :  («  fiédéon,  (pii  eut  de  Margue- 
rite de  Bar-de-Mauzac,  Margucrite-Louisi;  d(!  Bruet,  devenue  comtesse  de  Flamarens  ; 
2'  François  de  Bruet,  qui  transigea  le  10  mai  1710  avec  le  comte  de  La  Vaugnyoïi,  baron 
de  Toiineins;  3*  noble  Alexandre  de  Bruet. 

Les  de  Bar  avaient  été  seigneurs  de  Sauveterre,  La  Motlie-Navarremiue  (I36()),  Campar- 
naud  (1(120),  barons  de  Mauzac  et  île  Villeinadc  ;  ils  s'étaient  alliés  avec  les  Lusiguau,  de 
Séguin-Reyniès,  de  Calonges,  du  Lion,  etc...  (Mouleu(|.) 

*  Armes  des  d'Alba  :  de  gueules  à  trois  lètes  de  chiens  eourant>  d'argent  au  chef  cousu 
d'azur  chargé  île  trois  molettes  d'éperon  d'or.  {Armoriai  du  l*rriiiur<l,  par  .Matagriii  et 
Froidcfond.) 


I 


EN  l'année  1787  263 

de  Peyrecave,  La  Garde,  Saint-Blancard,  Longueville,  etc.,  et 
de  Marguerite  de  Bai'-de-^Iauzac,  avec  Marie-Glément-Joseph 
comte  de  Flamarens,  colonel  d'infanterie,  seigneur  d'Aurenque 
et  de  ]\Iontestruc,  chevalier  de  Saint-Louis,  fils  de  François- 
Gaston  Asésilan  de  Grossolles,  seiçjneur  de  Flamarens,  Mau- 
roux,  etc.,  premier  maitre-d'hOtel  de  Ms'"  le  duc  d'Orléans, 
fi'ère  de  Louis  XIV  et  de  Marie-Gabrielle  Le  Tillier;  elle  était 
(t  lille  de  Jacques  Le  Tillier,  seigneur  de  La  Chapelle,  inten- 
dant des  linances,  et  sœur  utérine  du  cardinal  Le  Camus,  lieu- 
tenant civil  )>.  (Père  Anselme.'  Le  dommage  causé  à  Peyrecave 
par  la  fureur  révolutionnaire  fut  plus  considérable  qu'à  Fla- 
mai-ens,  cai-  presque  tous  les  actes  et  documents  entassés 
depuis  des  siècles  dans  le  vieux  manoir,  quantité  de  portraits 
de  famille  et  de  souverains  furent  livrés  aux  flammes  dans  la 
cour  du  château,  par  ordre  du  maire  de  la  commune  et  en  pré- 
sence du  régisseur  de  ^L  de  Flamarens. 

((  Nous  officiers  municipaux  de  Peyrecave,  soussignés,  certi- 
fions qu'en  exécution  des  décrets  de  la  Convention  nationale, 
le  citoyen  Flamarens  nous  a  fait  remettre  par  le  citoyen  La 
Claverie,  de  La  Chapelle,  trois  cages  pleines  de  reconnais- 
sances féodalles  de  la  commune  de  Peyrecave,  deux  gros  livres 
tériers,  un  cadastre  en  parchemin,  divers  portraits  anciens  et 
tableaux  antipatriotiques  pour  être  brûlé. 

«  Ce  7  octobre  1793,  l'an  II  de  la  République  Françoise. 

«  Labolle,  maire  ^  )) 


Cette  grande  maison  de  Grossolles  est  maintenant  éteinte; 
le  marquis  de  Flamarens  (marié  pendant  l'émigration  avec 
Mi'c  de  Caraman),  gentilhomme  honoraire  de  la  chambre  du 
Roi,  officier  de  la  Légion  d'Honneur,  député  du  Gers,  laissa 
trois  enfants  :  la  comtesse  Ferdinand  Russel-Killoug,  le  comte 
Emmanuel  de  Grossolles-Flamarens  de  Saint-Martin,  conseiller 

1  Archives  de  Flamarens. 


264  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

général  du  Gers,  sénateur  sous  l'Empire,  membre  du  Conseil 
des  sceaux  et  titres,  commandeur  de  la  Légion  d'Honneur, 
décédé  sans  alliance  à  San-Remo,  et  le  marquis  de  Flamarens, 
officier  aux  chasseurs  de  la  garde,  qui  épousa,  le  8  juillet  1828, 
Mlle  Mathilde  de  Tilly-Blaru  %  dont  il  a  eu  un  fils,  mort  jeune, 
et  une  fille,  Élodie,  mariée  en  mai  1853  avec  Henry-Gustave, 
marquis  Dugon  -  de  la  Rochette  (Gôte-d'Or).  Outre  leurs  alliances 
avec  les  maisons  d'Albret,  d'Abzac,  de  Beauvau,  de  Galard  et 
celles  qui  ont  déjà  été  citées,  les  Grossolles-Flamarens  en 
avaient  contracté  d'autres  avec  d'illustres  familles,  qui  aug- 
mentèrent leur  influence  et  leur  fortune.  Nous  mentionnerons 
seulement  les  Lustrac,  Siguenville,  La  Tour-Murat,  Noaillan, 
Montpezat,  Narbonne-Fimarcon,  Saint -Ribier,  Beaumont, 
Faudoas,  La  Tour-d'Auvergne,  Lautrec,  Lomagne,  Marsan, 
Montesquieu,  de  Pons,  Preissac-Esclignac,  Vabres-Castelnau, 
Caumont,  etc 


•  Armes  des  Tilly-HIani  :  d'or  à  la  fleur  de  lis  de  gueules,  écartelé  de  gueules  à  l'aigle 
éployée  à  deux  lèles. 

'  Armes  des  Dugon  (Hourgognc  el  Périgoid)  :  d'argent  à  trois  meriettes  de  sable, 
posées  2  et  I . 


EN  l'année  1787  265 


MONTESQUIEU 


LE  S.  DE  SEVIN 

Les  Sevin,  originaires  du  Piémont,  quittèrent  l'Orléanais, 
où  ils  s'étaient  depuis  longtemps  fixés,  pour  habiter  au  xyi^ 
siècle  la  ville  d'Agen. 

Ils  ont  donné  plusieurs  magistrats  aux  Parlements  de  Paris 
et  de  Toulouse.  En  1508,  Jacques  de  Sevin  et  son  fils,  Armand, 
sieur  de  la  Garde  et  de  Primet,  étaient  juges-mages  d'Age- 
nais  ;  ce  dernier  fut  massacré  comme  huguenot,  à  Bordeaux, 
le  30  octobre  1572. 

Thomas  de  Sevin,  trésorier  d'Albret,  devint  consul  d'Agen, 
en  1539. 

Pierre  de  Sevin  fut  nommé,  le  21  juillet  1612,  président  au 
Parlement  de  Toulouse. 

Herman  de  Sevin,  fils  de  Jacques  de  Sevin,  seigneur  de 
Vilves,  des  Bois-Pontils,  etc.,  juge-mage  de  l'Agenais  et  du 
Condomois,  par  lettres-patentes  de  Louis  XII  datées  de  Blois, 
le  14  septembre  1508,  était  seigneur  de  La  Garde  et  président 
de  la  cour  présidiale  de  Gascogne. 

Son  petit-fils  épousa  à  Agen,  le  18  juillet  1624,  Jeanne,  fille 
de  noble  Sans  du  Pin,  seigneur  de  Ganet,  et  de  Diane  de  Pis- 
cilla. 

Marguerite  de  Sevin,  veuve  de  Jacob  de  Secondât,  baron  de 
Montesquieu,  se  remaria,  le  5  février  1633,  avec  Joseph  du 
Bernet,  baron  de  Saint-Médard,  premier  président  au  Parle- 
ment de  Bordeaux, 

Germain  de  Sevin,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse 
(1596),  et  Pierre  de  Sevin-l\Iansencal  (fils  d'Armand  de  Sevin, 


266  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

seigneur  de  Pélissié  et  de  Jeanne  de  Yassal-Reignac  *),  por- 
taient pour  armoiries  :  d'azur  à  trois  gerbes  de  blé  d'or, 
posées  2  et  1. 

En  1647,  Charles  de  Sevin,  seigneur  de  Bandeville,  était 
chevalier  de  Malte. 

jVIme  clu  Coudray,  surnommée  la  Mère-Sainte^,  fille  de  ^I.  de 
Sevin,  président  au  Parlement  de  Paris,  naquit  vers  1573  et 
fut,  sous  le  nom  de  Atère  de  la  Trinité,  une  des  fondatrices  du 
Garmel  de  Lectoure.  «  Par  son  intelligence  d'élite,  son  cou- 
((  rage  indomptable,  son  grand  cœur,  elle  se  présente  comme 
«  rémule  de  la  bienheureuse  Marie  de  l'Incarnation.  Nulle  ne 
«  régale  dans  l'art  d'établir  une  nouvelle  colonie  du  Carmel; 
((  il  semblait  qu'elle  n'avait  besoin  que  d'un  sablier  et  d'un 
«  crucifie.  Elle  avait  si  bien  le  secret  de  la  vie  cjue  sa  puissante 
«  empreinte  reste  encore,  deux  cents  ans  après  sa  mort,  dans 
«  les  maisons  qu'elle  a  fondées  -.  y> 

Ces  couvents  étaient  nombreux,  car  on  lisait  sur  son  épi- 
taphe,  adossée  au  mur  de  la  chapelle  Sainte-Thérèse,  à  Auch, 
qu'elle  était  fondatrice  des  Carmels  de  Dieppe,  Saintes,  Nar- 
bonne,  Lectoure,  Agen,  Auch,  Pamiers,  IMontauljan,  et  de  la 
seconde  maison  élevée  à  Bordeaux. 

Ms'"  de  Sevin,  évêque  de  Cahors,  au  xyii^  siècle,  se  distingua 
par  sa  piété  et  sa  charité.  Il  contribua  puissamment  à  la  créa- 
tion, dans  son  diocèse,  des  écoles  chrétiennes,  et  cette  institu- 
tion devint  si  prospère  que  son  successeur,  Ms''  de  Noailles, 
obtint  pour  elle  des  lettres-patentes  de  Louis  XIV,  datées  de 
Saint-Germain,  en  l'année  1676. 

Théodoric  de  Sevin  de  Miramont  fut  abbé  de  Berdoues(l661); 
il  fit  bâtir  la  maison  abbatiale  de  Mirande  et  décéda  en  1695, 
léguant  à  son  monastère  sa  belle  bibliothèque.  Il  eut  pour  suc- 
cesseur à  Berdoues,  Clément  de  Montesquiou  de  Préchac,  abbé 
de  Vaibonne,  dans  le  diocèse  de  Perpignan. 


'  Arm(3.s  (les  Vassal  :  d'azur  à  la  bande  d'argent  chargée  de  trois  bcsans  d'or,  accom- 
pagnée de  deux  étoiles  de  même. 

*  M.  l'abbé  Henry  Marquet. 


EN  l'année  1787  267 

Outre  Thomas  de  Sevin,  qui  fut  consul  d'Agen  en  1539, 
plusieurs  membres  de  cette  famille  occupèrent  cette  charge, 
entr'autres  Armand  et  Pierre  (1586),  Guillaume  (1604),  Jean, 
sieur  du  Ganet  (1630),  Armand  (1698)  et  Herman  (1717). 
(Andrieu.) 

Charles  de  Sevin,  marquis  de  Quincy,  brigadier  des  armées 
du  Roi,  lieutenant-général  de  l'artillerie,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  a  écrit  l'histoire  militaire  du  règne  de  Louis-le-Grand, 
de  1681  à  1715. 

Il  eut  de  sa  femme,  Geneviève  de  Saint-Maurice  i,  une  fille 
unique,  Charlotte  de  Sevin-Quincy,  mariée  en  1721  avec  René 
Jourdan,  seigneur  de  Launay,  chevalier  de  Saint-Louis,  gou- 
verneur de  La  Bastille,  dont  on  connaît  la  triste  tin,  au  com- 
mencement de  la  Révolution. 

Les  armes  des  Sevin  de  Quincy  étaient  :  d'azur  à  la  gerbe 
d'or,  liée  de  même. 

Devise  :  Virescit  vulnere  virtus. 

Jean-Antoine  de  Sevin  rendit  hommage  au  Roi  pour  la  terre 
seigneuriale  de  Rayssac,  au  diocèse  de  Narbonne,  le  27  février 
1723. 

Dulcide-Jean  de  Sevin  de  Ségongnac  fut  reçu  de  minorité, 
le  27  décembre  1773,  dans  l'ordre  de  Malte,  au  grand  prieuré 
de  Toulouse,  ainsi  que  Théobald  de  Sevin,  le  8  juillet  1774,  et 
Xavier,  \e  18  septembre  1775. 

Le  16  mars  1789,  à  l'Assemblée  de  la  noblesse  des  sénéchaus- 
sées d'Armagnac  et  de  l'Isle-Jourdain,  dans  la  salle  du  gouver- 
nement de  la  ville  de  Lectoure,  M.  de  Bazon  était  le  procureur 
fondé  de  M.  de  Sevin,  et  il  signa  pour  ce  dernier  le  procès- 
verbal  des  protestations  faites  par  les  nobles  de  la  vicomte  de 
Bruilhois. 

]\L  le  baron  de  Baulens  représenta  M.  de  Sevin,  le  15  mars 
^790,  à  la  réunion  générale  des  trois  ordres,  séant  à  Lectoure. 


'  Armes  des  Saint-Maurice  du  Languedoc  :  d'azur  au  paon  d'or,  surmonté  de  trois  étoiles 
d'argent. 


268  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


PLIEUX 


LE  s.  DE  MARENQUES 

Plieiix  avait  eu  pour  seigneurs  les  Faudoas ,  en  1389 , 
les  Galard  de  l'Isle-Bouzon,  en  1400  \  Arnaud-Guillaume  de 
Puybersac  d'Homps,  en  1481,  et  les  Caulet  :  ces  derniers  se 
trouvaient  aussi  seigneurs  de  Grammont. 

Le  nom  patronymique  des  Marenques  (ou  Marunques)  était 
Garaud  (alias  Garros). 

Le  13  septembre  1270,  Bens  de  Garros  fut  témoin  d'un  acte 
passé  devant  l'évêque  de  Lectoure  par  Fortaner  de  Cazenove. 

Un  autre  Bens  de  Garros  ligurait  pai'mi  les  seigneurs  convo- 
qués le  16  mars  1377  par  le  comte  d'Armagnac,  pour  deman- 
der à  la  noblesse  de  la  juridiction  de  Lectoure  l'abandon  de  la 
moitié  du  pouvoir  judiciaire. 

Pierre  de  Garros,  calviniste  gascon,  poète  assez  célèbre, 
vivait  à  Lectoure  en  1481  et  y  mourut  centenaire  -.  Il  signait 
ses  livres  «  Pei/  de  Garros  Leijiorez.  Ses  œuvres  les  plus  con- 
nues sont  les  j)oesias  gasconas  (15G7),_psa?»ies  de  David,  virais 
en  rime  (jascoune  (1565),  à  l'usage  des  protestants  3.  Il  publia 
aussi  un  sonnet  sur  le  sépulcre  de  Clémence  Isaure  et  quel- 
ques ballades  présentées  à  l'Académie  des  Jeux  floraux. 

'  Beiiraïul  (le  Galaid,  écuyer,  acquit,  le  21  IV'vrier  liOU,  une  partie  de  la  justice  de 
Lisle-Hozou  eu  Loniat^iie,  de  Louis  de  Faudoas,  qui  lui  vendit  aussi  la  terre  de  Plieux.  Le 
3  avril  li^i,  Hertraud  de  f.alard,  seijçneur  de  Lisie-llouzon,  dc^clara  tjue  les  châteaux  de 
Lisle-Bouzon,  Castet-Arrouy  et  Gacliepouy,  lui  appaili'uanl,  (Haicnt  niouvanls  du  comté 
d'Armagnac.  {Doc.  iiist.,  par  Noulens.) 

'  On  croit  qu'il  avait  pour  armes  :  d'azur  à  la  fasce  d'or  accompagnée  de  3  coquilles 
d'argent,  2  en  chef,  I  eu  |)ointe. 

•'  Tliolosc,  Jacijites  Culoiniei-,  1505,  in-8". 


EN  l'année  1787  269 

Le  9  avril  1492,  Jehan  de  Garros  fit  un  bail  avec  les  consuls 
(le  Lectoure,  et  le  5  juin  1506,  Pierre  de  Garros  assistait  à  la 
réunion  tenue  par  les  habitants  de  cette  ville  pour  les  élections 
consulaires. 

En  1611,  Jean  de  Garros  était  conseiller  en  la  sénéchaussée 
d'Armagnac. 

Henriette  de  Garros,  lille  de  Bernard  de  Garros,  conseiller 
du  Roi  et  lieutenant  principal  à  la  cour  présidiale  d'Armagnac, 
était  mariée  avec  Jean  de  Lacaze;  leur  fils,  Isaac  de  Lacaze, 
époux  d'Angélique  de  Rouzet-Genouillac,  fut  lieutenant  aux 
chevau-légers  (1674),  capitaine  au  régiment  de  Piémont,  et 
enfin  au  régiment  de  Picardie  en  1697  '.  Leur  descendant,  Jean 
de  Lacaze,  lieutenant  de  grenadiers  au  régiment  d'Ussy  (1712), 
était  marié  avec  Marguerite  de  Galard,  fille  de  Bernard  de 
Galard,  seigneur  de  Pauillac  et  d'Henriette  de  Montaut-Cas- 
telnau-d'Arbieu.  Les  Lacaze  avaient  pour  armes  :  d'azur  à 
deux  lions  affrontés  d'or,  lampassés  et  armés  de  sable.  (Astaf- 
fort  en  Agenais,  par  Baradat  de  Lacaze.) 

Le  24  août  1642,  Bernard  d'Aux  de  Lescout,  seigneur  de 
Sourdet,  épousa  noble  Dominiquette  de  Maruques-Garros. 

Alain  de  Saint-Géry,  seigneur  de  J^a  Motte,  avait  pour  femme, 
en  1676,  Gabrielle  de  Garros;  il  mourut  le  7  janvier  1697  à 
Lectoure  et  fut  enseveli  à  Magnas.  Leur  fils,  Alain,  né  le 
30  octobre  1680,  avait  eu  pour  parrain  Armand-Guilhem  de 
Saint-Géry,  seigneur  d'Urdens,  et  pour  marraine  la  dame  de 
Chastanet. 

^larie  de  Maruques-Garros  était  mariée,  en  1693,  avec  noble 
Jean  d'Escanaux,  seigneur  d'Escrimis. 

Pierre  de  Garros,  sieur  de  ^lauléon  assista  à  Lectoure,  le 
6  février  1692,  au  mariage  de  Louis  de  Barciet  de  Besodis, 
((  cappitaine  de  cavallerie  au  régiment  de  ^lollac,  avec  Fran- 
çoise de  Larroudé,  fille  de  feus  noble  Armand  de  Larroudé, 
écuyer,  et  de  damoiselle  Françoise  de  Garros  »,  et  ont  signé 

*  Nobiliaire  de  Guyenne,  par  J.  de  Bourrousse  de  Laffore. 


270  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

au  contrat  :  Besodis  de  La  Taste,  Fr.  de  Larroudé,  Marguerite 
de  La  Taste-Besodis,  Garros,  Magnas  de  Saint-Géry,  Barciet 
de  La  Busquette*. 

Le  16  juillet  1718,  noble  Pierre  de  Garros-Mauléon,  conseil- 
ler du  Roi,  assista,  à  Layrac,  au  mariage  de  Claude  de  Benquet 
d'Arblade-Brassal  et  Bernède  -,  avec  Jean-Jacques  de  Mont- 
pezat,  seigneur  de  Lalande  et  de  Lestelle  3. 

Le  16  mars  1789,  M.  de  Garros,  seigneur  de  Marenques,  fit 
partie  de  la  noblesse  convoquée  à  Lectoure. 

Les  Garros,  parents  des  Saint-Gresse,  Laroudé-Pesqué,  etc., 
ont  des  armes  fort  compliquées;  elles  sont  ainsi  blasonnées 
dans  le  nobiliaire  de  Gourdon  de  Genouillac  :  coupé  au  l^"" 
parti,  d'azur  au  lévrier  passant  d'or,  surmonté  de  trois  étoiles, 
2  et  1  d'argent;  au  2^  parti,  de  gueules  à  l'épée  haute  en  pal 
d'argent;  et  brochant  sur  le  tout  :  d'or  au  chevron  de  gueule, 
accompagné  en  chef  de  deux  molettes  et  en  pointe  d'un  fer  de 
javelot  à  l'antique,  de  sable. 

Une  famille  du  Bernet  de  Garros  *,  habitant  le  château  de 
Horthon-d'Andiran^  près  de  Nérac,  a  des  armoiries  dilïérentes 
et  porte  :  d'azur  au  pal  d'or,  chargé  d'un  arbre  arraché  de 
sinople,  côtoyé  de  deux  licornes  saillantes  et  affrontées  d'argent. 

Devise  :  Vivo  flumine  altum. 

Les  Garros  de  Guyenne  mettaient  dans  leur  écusson  un  lion 
d'argent,  accompagné  de  trois  étoiles  de  même,  1  en  chef  et  2 
en  pointe,  abaissé  sur  un  chevron  d'argent  sur  fond  d'azur. 


'  ?(obiUaire  de  Guyenne,  par  J.  de  Bounousse  de  LalTorc. 

*  Armes  des  Benquet  d'Arblade  ;  écartelé  au  l»'  et  4«  d'or  à  la  croix  ancrée  de  gueule, 
aux  2«  et  3«  d'azur  à  trois  fasces  d'argent. 

^  Armes  des  .Montpezat  :  écartelé  aux  \"  et  4«  de  gueules  à  deux  balances  d'or,  posées 
l'une  au-dessus  de  l'autre,  aux  ^^  et  3«  d'or,  à  trois  barres  de  gueule. 

*  Le  nobiliaire  de  Guyenne  et  Gascoijne,  par  J.  de  Bourroussc  de  Laffore,  a  publié  la 
généalogie  des  du  Bernet,  barons  de  Saint-Médard  d'Eyrans,  seigneurs  de  Talence,  Baron, 
Li  l'eyrinc,  (larros,  Savignac,  La  Maurelle,  C.rochat,  Le  Courrejeot,  etc..  Ils  se  sont  alliés 
aux  Honiieau,  Sevin,  de  Baymond,  de  l*esnel-la-Brédc,  du  Cos-Bourgade,  Kaulong,  de 
Boiric,  Luslrac,  lîernard  de  Lécussan,  Sainte-Colombe,  La  Forcade  de  Tauzia,  de  La 
budrie,  du  Sage,  Larti^ue,  etc. 


EX  l'année  1787  271 


POUYPETIT 


LE  S.  DE  POUYPETIT 

Pouypetit  était  une  seigneurie  située  entre  Saint-Orens  et 
Maignaut,  dans  le  Condomois,  appartenant  de  temps  immémo- 
rial à  la  inaison  d'Orlan  de  Polignac  ou  Paulignac  i. 

En  1047,  Pierre  de  Paulignac,  seigneur  de  Pouypetit,  fit 
donation  de  la  moitié  de  la  «  disme  »  de  sa  métairie  d'Auloue 
en  faveur  des  recteurs  de  l'église  de  Pouypetit,  pour  qu'ils 
priassent  Dieu  pour  le  repos  de  son  dme,  de  celle  de  son  père, 
noble  Alexandre  de  Paulignac,  et  de  celle  de  sa  mère,  Hélène 
de  Sédirac  (ou  SédillacJ. 

Eéandre,  seigneur  de  Pouypetit,  céda,  en  1145,  la  quatiiéme 
partie  île  la  dîme  du  susdit  endroit,  à  la  dite  église,  n  afin  d'as- 
surer des  prières  pour  le  repos  de  l'àme  de  son  père,  Bernard 
de  Paulignac,  et  de  l'àme  de  sa  mère,  née  de  Toujea  ».  Cette 
donation  fut  confirmée,  en  1253,  par  Henri  de  Paulignac,  sei- 
gneur de  Pouypetit. 

Pierre  de  Paulignac  fonda,  vers  1328,  une  chapelle  dans 
l'église  de  Saint-Orens. 

((  Le  8  octobre  1762,  messire  Joseph  de  Paulignac  d'Orlan, 
chevalier,  seigneur  de  Pouypetit  et  du  Boutet,  patron  laïque  de 
la  chapelle  de  Saladon,  en  Saint-Orens-Pouy,  au  diocèse  de 
Condom,  étant  instruit  du  décès  de  M.  Pierre  Fitte,  ancien  curé 
de  Pouypetit,  dernier  et  paisible  possesseur  de  la  dite  chapelle 
de  Saladon,  nomma  en  ladite  qualité  de  patron-laïque,  messire 


'  Armes  :  d'azur  à  la  croix  d'or  cantonnée  de  deux  étoiles  de  même  en  chef  et  de  deux 
roses  d'argent  en  pointe. 


272  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Jean-Marie  de  Paulignac  d'Oiian  ',  son  fils,  prêtre  licencié  en 
droit  canon  de  l'université  de  Toulouse  et  du  diocèse  d'Aucli, 
suppliant  Sa  Majesté  de  lui  en  accorder  toutes  les  provisions, 
à  cause  de  son  droit  de  régale-.  y> 

A  l'Assemblée  des  trois  ordres  des  pays  de  Rivière-Verdun, 
Gaure,  baronnie  de  Léonac  et  Marestaing,  M.  d'Orlan  com- 
parut pour  son  fief  de  Pouypetit. 

Cette  famille,  éteinte  de  nos  jours,  a  compté  parmi  ses  mem- 
bres un  grand  nombre  d'officiers  dans  les  armées  du  Roi  et 
plusieurs  chevaliers  de  Saint-Louis. 


^  Il  devint  plus  tanl  prieur  dn  Layrac  et  praïul  vicaire  de  Metz. 
'  Archives  particulières. 


EN  l'année  1787  273 


REJAUMONT 


LE  S.  MELLET  DE  REJAUMONT 

Le  12  janvier  1427,  Bernard  de  ^lélet  est  mentionné  dans 
une  lettre  de  Gliarles  d'Albret,  comte  de  Dreux  et  de  Gaure, 
relative  au  traité  d'alliance  conclu  avec  Nompar  de  Gaumont. 

M.  de  Calvière,  seigneur  de  Saint-Césaire,  marié  en  1559 
avec  Isabelle  d'Affis,  eut  une  fille,  Rose,  qui  épousa  Guillaume 
de  Mélet,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse. 

Noble  Gaston  de  Mélet  était  témoin,  le  19  octobre  1568,  au 
mariage  de  Bertrand  de  Galard,  seigneur  de  Terraube,  avec 
Diane  de  Lusignan. 

Léonard  de  Mélet  fut  député  par  le  Gondomois  aux  Etats- 
Généraux  de  Blois,  en  1576. 

Deux  ans  plus  tard,  le  seigneur  de  Réjaumont  figurait  sur 
le  rôle  du  ban  des  gentilshommes  de  Lomagne  entourant  le  roi 
de  Navarre,  et  il  devait  fournir  onze  archers  avec  le  seigneur 
de  Balarin  et  le  sieur  de  Torrebren. 

Jehanne,  fille  de  Jean  de  Malhiac  \  et  de  Marguerite  de 
Bassa,  épousa  noble  Jean  de  Mélet,  sieur  de  La  Hitte,  gentil- 
homme de  Mnie  Gatherine,  sœur  unique  du  Roi. 

Il  existait  en  Guyenne  plusieurs  familles  de  Mélet  ou  Mellet; 
l'une,  dite  du  Faudon,  remontant  à  l'an  1039,  ayant  figuré  aux 
Croisades  en  1190,  portait  dans  ses  armoiries  un  cerf  passant 
d'or,  surmonté  à  sénestre  d'un  croissant,  contourné  du  même, 
sur  fond  d'azur.  Elle  s'était  alliée  aux  Gontaud  (1370),  Fuinel- 


'  Armes  des  Malhiac  ou  Mallac  :  écliiijueté  d'azur  et  d'or  de  10  pièces,  chargées  cha- 
cune d'une  étoile  de  l'une  en  l'autre. 

18 


274  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Montségur  (1415),  Madaillan-Montvieil  (1444),  Puymaignan 
(1519),  d'Abzac  (1559),  d'Arnoul-Saint-Simon  (1596),  de  Borie 
(1633),  de  Luxe,  de  Raymond,  de  Léaumont,  de  La  Touche- 
Vaillac,  de  Tournemire,  du  Lau-Lusignan,  de  Vaucocourt,  de 
Gironde,  etc. 

A  cette  branche  appartenaient  Jean-Jacques  de  Mélet,  sei- 
gneur de  Saint-Pardoux,  capitaine,  en  1668,  au  régiment  de 
Picardie^  aide-major  du  régiment  d'Orléanais  *,  et  Jean-Pierre 
de  Mélet,  écuyer,  seigneur  de  ^lélet,  Le  Faudon,  La  Roche  et 
Gontaud,  fils  de  noble  F.  de  Mélet,  capitaine,  en  1632,  et  de 
dame  Cécile  de  Rapin-^lauvers. 

Une  autre  maison  dite  de  Mialet,  ou  Mellet,  était  connue  en 
Périgord  dès  1334. 

Enfin,  une  troisième  maison  de  ^lellet,  originaire  du 
Condomois,  prit  le  nom  de  Fondelin,  par  suite  de  Talliance, 
en  1585,  de  François  Mellet  avec  Anne  d'Ancezis.  Ces  trois 
familles  ont  produit  des  personnages  assez  marquants. 

Jean  II  de  Mélet,  seigneur  de  La  Salle,  était,  en  1508,  séné- 
chal d'Albret,  chambellan  du  Roi  de  Navarre,  et  gouverneur 
de  Tartas  et  Gossens. 

Pierre  II  de  Mélet- Laubescq,  seigneur  de  Castelvieilh  et 
Hauteroque,  servit  dans  les  gardes  du  corps  du  Roi,  compa- 
gnie de  Gharost,  vers  1687,  et  fut  nommé  inspecteur  des  com- 
pagnies bourgeoises  de  l'élection  de  Bordeaux. 

Pierre  de  Mélet,  chevalier  de  S'-Louis,  était  brigadier  de  la 
garde  du  Roi,  en  1736. 

François  de  i\Iélet,  baron  de  Montbalen,  page  du  Roi,  en  sa 
grande  écurie,  entra,  le  26  avril  1766,  cornette  au  régiment 
Royal-Dragons.  On  nomma,  le  16  mars  1632,  François  de 
Mélet,  chanoine  de  l'église  de  S»-Pierre,  à  Condom. 

M.  de  Mélet,  sénéchal  d'Armagnac  à  Lectoure,  avait 
épousé  une  fille  du  célèbre  Pierre  de  Fermât,  mort  en  1665, 
à  qui  Pascal  écrivait  :  «  V^os  enfants  portent  le  nom  du  pre- 


'  Son  fils  aillé,  Jacques  de  Mélet,  soigneur  de  Réjamiiiinl,  baron  de  Moidtaien,  fut  blessé 
à  l'liili|i.sliiinii;  et  Pignerol. 


* 


EN  l'année  1787  275 

»  mier  homme  du  monde;  je  vous  tiens  your  le  plus  grand 
))  géomètre  de  toute  VEurope.  » 

A  la  montre  de  vingt  gentilshommes  de  la  sénéchaussée 
d'Auch,  devant  entrer  en  campagne  le  30  mai  1693,  dressée 
par  Irénée  d'Aspe,  juge-mage,  on  mentionne  Jean  de  Mélet, 
seigneur  de  Las  et  de  S'-Orens. 

Plusieurs  personnages  du  nom  de  Mélet  avaient  été  capi- 
touls  de  Toulouse,  de  1548  et  1603  à  1625  : 

Jean  Pierre  de  Mélet  fut  nommé  Président  à  mortier  au 
Parlement,  en  1656. 

Guillaume  de  Mélet,  premier  écuyer  de  S.  A.  Madame 
la  duchesse  douairière  de  Guise,  fit  un  acte  de  reconnaissance, 
le  30  avril  1673,  devant  les  capitouls  de  Toulouse. 

Vers  1704,  Laurent  de  Mélet  possédait  les  seigneuries  de 
S'-Orens,  Beaupuy  et  Castanet. 

Messire  deMellet,  marquis  de  Bonas,  seigneur  de  S'^-Livrade, 
fut  porté,  en  1719,  sur  le  rcMe  de  la  capitation  de  la  noblesse 
du  Condomois  réunie  par  le  comte  de  Launay,  intendant  de 
la  Généralité  de  Bordeaux. 

Pierre  de  Mélet,  était^  avant  1723,  seigneur  de  Fondelin; 
Robert  de  Mélet,  chevalier  de  S^-Louis,  avait  le  grade  de 
capitaine  de  vaisseau  major,  à  Rochefort,  et  leur  belle-sœur, 
dame  Ambroisie  de  Malaubert,  se  trouvait  veuve  de  Jean  de 
Mélet,  seigneur  de  Beauregard. 

Jean-Jacques  de  ^lélet,  seigneur  de  Rochemont,  fut  lieute- 
nant au  régiment  de  Beauce,  en  1758,  et  plus  tard,  capitaine 
dans  la  compagnie-colonelle. 

Antoine  de  Mélet  de  S'^-Livrade,  chevalier,  marquis  de 
Bonas,  seigneur  de  Sarraut-Vivent,  capitaine  au  régiment 
de  Jarnac-Dragons,  né  à  Gondom  le  10  mars  1777,  fils  de 
Laurent  de  Mélet  de  S'e-Livrade,  et  de  Françoise  d'Auxion  ^ 


'  Armes  des  d'Auxion  :  écartelé,  aux  l"  et  4^  d'azur  à  deux  étnilcs  d'argent,  accom- 
pagnées en  chef  d'un  croissant  do  rnèmc,  aux  2»  et  3"  de  gueules,  au  chevron  d'argent, 
accompagné  en  pointe  d'une  canette  de  même. 


276  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

de  Vivent,  marquise  de  Bonas,  avait  épousé  Sophie,  Victoire 
de  Montagu*. 

Avant  1780,  Françoise  de  Mélet,  mariée  avec  Raymond  de 
Jausselin-Brassay -,  avait  eu  une  fille,  Marianne,  qui  devint 
baronne  de  Guyonnet  de  Montbalens. 

Dans  le  procès-verbal  de  la  l'éunion  des  trois  ordres,  tenue 
à  Gondom,  en  1780,  figurent  ^lonsieur  de  Mellet,  marquis  de 
Bonas,  et  Monsieur  de  Mélet  de  S'-Orens,  baron  de  Las. 

Les  Mélet-Labartlie-Ségas  *,  établis  à  Mugron,  en  Chalosse, 
dans  le  pays  des  Lannes,  s'étaient  alliés  aux  Grammont, 
Poyanne,  Ventadour,  Coudroy,  ^larreing,  S'-Julien-d'Arsac- 
Momuy,  Lavigne,  Poyusan,  Lamolie,  etc.. 

Ils  furent  maintenus  dans  leur  noblesse  par  une  ordonnance 
de  Monsieur  Pellot,  intendant  de  Guyenne,  datée  du  5  mai 
1068,  et  avaient  pour  armes,  un  cerf  passant  d'or  (alias  d'ar- 
gent), sur  fond  d'azur.  Les  armoiries  des  ^lellet  du  Périgord, 
seigneurs  de  Neuvic,  Saint-^fartial,  Lenclave,  Vallereuil, 
Puydepont,  Sanzelles,  La  Servantie,  etc.,  étaient  d'azur  à  3 
ruches  d'argent,  posées  '2  et  1,  écartelé  d'azur  au  lion  d'or, 
couronné  de  gueule,  qui  est  de  Fayolle. 

Une  autre  famille  de  Méllet  portait  dans  son  écusson,  trois 
merlettes  de  sable  sur  un  fond  d'argent;  enfin  les  Mélet  de 
S^-Martin  mettaient,  dans  leur  blason,  3  abeilles  d'or,  émail- 
lées  de  pourpre,  posées  2  et  1,  sur  fond  d'azur. 


*  Armes  des  Montagu  du  Languedoc  :  dazur  au  tourteau  de  gueules,  au  chef  endanché 
à  3  pointes  d'azur. 

*  Armes  des  Jausselin  :  de  gueules  au  chevron  d'argent  accompagné  de  2  étoiles  d'or, 
posées  l'une  en  chef,  l'autre  en  pointe,  parti  d'azur  au  lion  d'or,  surmonté  d'une  étoile 
du  même. 

'  Armes  des  Guyonnet  :  d'or  à  3  perdrix  de  sable,  posées  2  et  1,  (enregistrées  par  Jean, 
Joseph  de  Guyonnet.  conseiller  au  Parlement  de  Bordeaux.)  Pierre  de  Guyonnet,  procu- 
reur d'office  en  la  juridiction  de  Savaignac,  poitait  dans  son  écusson,  un  quartier  d'ar- 
gent, à  une  bande  de  gueules,  chargée  de  3  licornes.  —  (Arm.  génér.  de  Guyenne,  vol.  15.) 

*  Cette  noble  et  ancienne  maison  a  produit  diverses  branches  :  celle  des  seigneurs  de 
La  llochc-Marais,  des  seigneurs  de  la  Conqucste,  de  l'auilon,  de  Laubesc,  de  Castelvieil, 
de  Sarrau,  de  Maupas  et  de  Labrouste.  —  (Arm.  de  Cauna.) 


EX  L' ANNÉE  1787  277 


ROUILLAC 


LE  S.  BOURDEAUX  DE  ROUILLAC 

Roiiillac  était  une  importante  seigneurie,  avec  un  grand 
château  entouré  de  vastes  dépendances,  situé  dans  le  Lectou- 
rois,  enti-e  Miradoux  et  S^c-Mère,  et  qui  avait  appartenu  aux 
maisons  de  Goth  et  d'Epernon.  Deux  tours  bien  conservées, 
des  salles  voûtées,  un  bel  escalier,  témoignent  encore  de  la 
splendeur  passée  du  château  de  Rouillac. 

Le  8  octobre  1255,  Bertrand  de  Rouillac,  seigneur  duditlieu, 
fut  présent  à  l'hommage  rendu  par  Gaston,  vicomte  de  Béarn 
et  de  Bruilhois,  à  Guillaume,  évêque  d'Agen. 

0.  de  Goth,  seigneur  de  Rouillac,  acheta,  le  l^r  mars  1470, 
les  parties  des  seigneuries  de  La  Mothe-Bardigues  et  du 
Moutet,  vendues  à  Arnaud  de  Vignes,  seigneur  de  la  Bastide- 
S^-Pierre,  par  Bertrand  de  Galard,  seigneur  de  Glatens,  fils 
puîné  de  B.  de  Galard,  seigneur  de  l'Isle-Bouzon,  Gumont, 
etc.*. 

Antoine,  seigneur  de  Rouillac,  transigea,  le  27  mars  1522, 
pour  certains  droits  féodaux,  avec  son  parent,  Jean  de  Goth, 
seigneur  de  Lieux. 

Les  Bourdeaux^,  possesseurs  de  cette   seigneurie  avant  la 


•  Moulenq,  doc.  sur  Tarn-et-Garonne. 

-  «  Nous,   soussigné,   seigneur  de   Rouillac,    certifions  et  déclarons  que  les   nommés 

Castille  Rarennes  fils,  habitant  au  hameau  de  Martel,  et  Jean  Sarrau,  au  hameau  de 

Malouat,  le  tout  de  cette  paroisse,  et  mes  vassaux,  sont  des  braconniers,  négligeant  leurs 

biens   pour    ne  s'occuper  que  de  la  chasse  de  toute  espèce  de  gibier,  et  que  ce  scroit  leur 

rendre  un   grand  service   que  de   les  faire  désarmer,  en  foy  de  quoi  nous  avons  signé  à 

Rouillac,  lo  .3  mars  1787. 

»   ROLUDEALX   DE   ROLILLAC.    )> 

^Arch.  de  Magnas.) 


278  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Révolution,  étaient  originaires  de  la  Provence.  Leurs  héritiers 
vendirent,  il  y  a  quelques  années,  la  terre  de  Rouillac  à 
M.  Gourrent,  de  Miradoux. 

Messire  Bourdeau  de  Rouillac  se  trouva  convoqué,  le  16  et 
le  21  mars  1789;,  aux  Assemljlées  de  la  noljlesse  tenues  à 
Lectoure,  pour  les  sénéchaussées  d'Armagnac  et  de  l'isle-en- 
Jourdain. 

Le  16  mars  1790,  M.  Bourdeau  de  Rouillac  fut  assigné 
à  Lectoure,  par  le  marquis  d'Angosse,  baron  de  Corbères, 
gouverneur  d'Armagnac,  pour  la  rédaction  isolée,  par  les  trois 
ordres,  des  cahiers  de  leurs  doléances  respectives. 

Une  famille  de  Bordeaux,  en  Normandie,  différente  des 
Bourdeaux  de  Rouillac  et  des  Bourdeaux-Gastera,  portait  pour 
armes  :  d'or,  au  pal  d'azur,  chargé  de  trois  fleurs  de  lis  d'or  et 
accosté  de  deux  lions  de  gueules  affrontés.  L'écusson  des 
Bordeaux  de  Neuville,  dans  l'Ile  de  France,  était  :  de  gueule 
à  trois  merlettes  d'argent;  enfin  les  Bourdeaux-Gastera,  du  pays 
des  Lannes,  avaient  le  blason  suivant  :  écartelé  au  l^r  d'azur, 
au  chevron  d'or,  accompagné  en  chef  de  deux  molettes  d'éperon 
(ou  étoiles)  et  en  pointe  d'une  vire  du  même,  au  2c  de  gueules 
à  deux  épées  d'argent  (ou  d'or).,  croisées  en  sautoir,  les  pointes 
en  haut,  au  3*^  de  gueules  à  la  croix  potencée  d'argent,  au  4^ 
d'azur  au  lion  d'argent  (ou  d'or),  sommé  en  chef  de  deux 
fleurs  de  lis  d'or. 

Couronne  de  Gomte. 

Le  nom  de  Gastera  fut  adopté,  en  1755,  par  noble  Ghristo- 
phe  de  Bourdeaux,  lors  de  l'achat  de  la  terre  seigneuriale  de 
Gastera,  près  S^-Sever  (Landes),  à  Messire  Antoine  de  Barry, 
qui  la  tenait  de  M.  de  Juge*,  et  qui  était  qualifié,  dès  1671, 
de  seigneur  de  Gastera. 

Les  Bourdeau  de  La  Judie,  seigneurs  de  Linards  et  du  Mas 
(Limousin),   figurèrent,    en  1789,  parmi  les  membres  de  la 

•  Armes  des  de  Juge  :  d'azur  au  chevron  d'or  accompagné  en  chef,  à  dextre  d'une  étoile 
d'or,  à  seneslrc  d'un  croissant  d'ar^'cnt,  et  en  pointe,  d'une  coquille  du  même,  à  la  bor- 
dure d'argent,  chargée  de  seize  chiilons  de  sable.  —  (Rietstap.) 


EN  l'année  1787  279 

Noblesse,  aux  Etats- Généraux  de  Limoges.  On  ne  sait  s'ils  se 
rattachent  aux  Bourdeau  de  Fontenay,  fixés  dans  le  Berry,  qui 
ont  donné  un  maire  à  la  ville  de  La  Châtre,  un  député  (1815;, 
et  plusieurs  officiers  à  l'armée;  descendant  de  Jacques  Bour- 
deau, cité  dans  un  contrat  de  mariage  du  sire  de  La  Trémoille, 
à  Issoudun,  en  1446,  ils  firent  ainsi  enregistrer  leurs  armes  : 
de  gueules  à  trois  bourdons  d'argent,  posés  2  et  1. 

Il  existait  en  Ghalosse,  dans  le  pays  des  Lannes,  une  famille 
de  ]3ourdeau,  noble,  ancienne  et  bien  apparentée,  qui  comp- 
tait parmi  ses  niem])res  d'assez  illustres  personnages.  William 
de  Bourdeaux  figure,  le  4  avril  1363,  dans  le  procès-verbal  des 
hommages  rendus  au  Prince  de  Galles,  par  les  seigneurs  de 
Guyenne. 

Un  ambassadeur  de  France  en  Angleterre,  portant  le  nom 
de  Bourdeaux,  avait  été  mêlé  aux  grands  événements  du 
protectorat  de  Grornwel'.  On  a  de  curieux  mémoires  sur  le 
ministère  de  Mazarin,  rédigés  (dit-on),  par  le  père  de  cet 
Antoine  de  Bourdeaux,  ancien  intendant  des  finances,  et  qui 
mourut  disgracié  par  le  Cardinal"^. 

Une  branche  des  Bourdeau  s'était  perpétuée,  jusqu'à  notre 
époque,  dans  les  environs  de  St^-Sever-Cap,  où  elle  possédait 
les  seigneuries  de  Benung,  Boulin,  Bombardé,  Mouscardès, 
Castera,  etc.. 

Achille  de  Bourdeau  était,  en  1701,  abbé  et  seigneur  de 
S^-Loubouer-en-Chalosse. 

Christophe  de  Bourdeau,  seigneur  de  Castera,  Gauzis  et 
Balazin,  avait  été  directeur  de  la  Monnaie  de  Perpignan  (1737) 
et  de  celle  de  Toulouse  (1739;.  Il  avait  épousé,  en  1727,  Noëlle 
de  Laporte  de  Balazin^,  et  était  frère  de  Jean  de  Bourdeau, 
né  à  Urgons,  le  10  octobre  1685,  fils  de  Bertrand  de  Bourdeau, 
lieutenant-général,    et    de   Jeanne-Marie  du  Poy;    il   devint 

'  Antoine  de  Bourdeaux  (Revue  d'Aquitaine,  1862). 

'  On  attribue  ces  mémoires  à  Sandraz  des  Courtils  qui  se  serait  servi  des  notes  laissées 
par  M.  de  Bourdeaux. 
3  Armes  des  Laporte-Balazin  :  d'argent  à  trois  i)als  d'azur. 


280  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

conseiller,  grand  chambrier  en  la  Cour  du  Parlement  de 
Bordeaux,  et  fut  abbé  de  S'-Loubouer  du  28  novembre  1734 
au  7  avril  1767,  jour  de  sa  mort. 

Un  de  leurs  oncles,  appelé  Bourdeau  d'Audigeos^,  lils  cadet 
de  Messire  Jean  de  Bourdeau  d'Audigeos,  seigneur  de  Renung 
et  de  Harëou,  près  Coudures  (Ghalosse),  s'était  révolté,  en 
1660,  contre  les  exactions  des  employés  de  la  Gabelle;  aidé 
par  le  peuple^  il  avait  pu  tenir  en  échec,  pendant  plusieurs 
années,  les  troupes  royales,  envoyées  pour  le  saisir,  sous  le 
commandement  de  M.  de  Poyanne,  gouverneur  de  Dax. 

Après  avoir  soutenu  un  siège  dans  le  château  de  Dûmes-, 
près  de  Doazit,  il  fut  forcé  de  se  réfugier  en  Espagne,  avec  les 
seigneurs  de  Pontaignan,  de  JMontagut,  du  Vacquier  et  quel- 
ques autres  gentilshommes  Ghalossais  compromis  avec  lui.  Les 
instances  de  sa  mère,  fille  de  Messire  Henri  de  Talazac, 
seigneur  de  Bahus  et  d'Isabeau  de  Foix-Candale-Doazit^,  fini- 
rent par  obtenir  sa  grâce.  «  Ce  capdet  se  trouuoit  être  un 
«  homme  bien  adroit,  je  vous  asseure,  ce  quij  luy  a  fort 
«  servy^.  » 

En  effet,  il  ne  fut  jamais  pris  ;  pendant  plusieurs  années, 
il  lutta  avec  son  escadron  invisible  contre  quatre  régiments 
de  dragons,  détruisant  les  troupes  qui  lui  étaient  opposées,  et 
allant  braver  les  convois  de  sel  jusque  dans  la  ville  de 
S^-Sever,  monté  sur  un  cheval  ferré  devant  derrière  ;  enfin,  il 
fallut  traiter  avec  ce  terrible  adversaire  ;  après  une  retraite  au 
séminaire  d'Aire,  auprès  de  Monseigneur  de  Fromentières 
qui  en  était  évoque,  le  Roi  lui  rendit  ses  places  et  un  régi- 
ment. Nommé  colonel,  M.  de  Bourdeau -d'Audigeos  fut 
présenté  à  Louis  XIV,  dans  la  grande  galerie   du   Louvre,   et 

*  Les  Bourdeau  d'Audigeos  se  sont  fondus,  en  IG'Jô,  dansla  maison  de  Bourdeau-Castera. 

2  Le  château  de  Dûmes  appartient  actuellement  à  la  famille  de  Navailles-Banos. 

•'  Armes  des  Foix-Candale-Doazit  :  éearlelé  aux  1"'  et  4«,  d'or  à  trois  pals  de  jçuculcs, 
aux  2»  ft  3«  d'or,  à  deux  vaches  passantes  de  gueules,  accolées,  accoruécs  ungnlées  et 
clarinécs  d'azur. 

*  Livre  de  raison  de  M.  de  Laborde-Péboué,  où  il  raconte  les  princi|>anx  événements  arri- 
vés en  Ghalosse  au  xvn«  siècle. 


EN  l'année  1787  281 

quelques  années  plus  tard,  une  armée  française  ayant  fait  une 
expédition  à  Messine,  ordre  fut,  dit-on,  donné  au  Maréchal 
de  France  qui  commandait,  d'exposer  Bourdeau-d'Audigeos  à 
l'attaque  la  plus  périlleuse,  où  ce  fameux  personnage,  emporté 
par  sa  valeur,  trouva  la  mort^ 

On  lit  dans  les  documents  de  la  communauté  de  Trie,  près 
de  Miélan,  au  diocèse  d'Aucli,  que  <i  le  12  avril  1640,  le 
fameux  rebelle  Audigeos,  Béarnais,  à  la  tête  de  près  de  trois 
mille  hommes  qu'il  avait  levé  dans  le  Pardiac  et  dans  le  voisi- 
nage, s'approcha  de  Trie  et  lit  sommer  les  habitants  de  lui 
fournir  une  centaine  de  jeunes  hommes  pour  courir  avec  lui 
contre  ceux  qui  levaient  les  droits  de  gabelle  et  autres  nou- 
veaux impôts  ;  mais  les  habitants  fermèrent  vite  les  portes  de 
la  ville  et  renvoyèrent  ses  députés;  de  quoi  Audigeos  fut  si 
irrité  qu'il  se  jeta  avec  sa  troupe  sur  les  environs  dont  il  rava- 
gea toute  la  campagne  -  » . 

Les  Bourdeau,  des  Lannes,  qui  s'étaient  alliés  aux  La  Porte- 
Balazin,  Bahus-Talazac,  du  Vignau,  Spens-d'Estignols,  d'Au- 
baignan,  Comarieu-Bastennes,  se  sont  éteints,  de  nos  jours, 
dans  la  maison  de  Gaptan-Monein^. 


1  Armoriai  des  Landes,  par  le  baron  de  Cauna.  (T.  m.) 

2  Dom  Brugelles. 

3  L'ancienne  seigneurie  des  Bourdeau,  située  dans  la  commune  d'Audignon,  près 
S»-Sever  de  Chalosse,  est  venue  par  héritage  au  Comte  Bertrand  de  Galard,  dont  la 
grand'mère  était  C.  de  Bourdeaux-Castera,  baronne  de  f.aptan-Monnein. 


282  NOBLESSE   DE   LO>L\GNE 


S^-ANTOINE 


LE  S.  FERMAT 

Ce  nom  a  été  illustré  par  Pierre  Fermât,  né  en  1601,  à 
Beaumont-de-Lomagne,  fils  de  Dominique  Fermât,  second 
consul  de  cette  ville,  et  de  Claire  de  Long. 

«  Conseiller  au  Parlement  de  Toulouse,  il  devint,  en  1631, 
((  capitoul  (senator  Tholosanus).  Au  milieu  des  austères  devoirs 
«  de  sa  charge,  il  sut,  par  un  conti*aste  singulier,  se  créer  des 
((  occupations  littéraires,  composer  des  vers  français,  latins, 
«  italiens,  espagnols,  cultiver  l'érudition  grecque  et  se  livrer 
«  aux  mathématiques  avec  une  telle  supériorité  qu'on  a  pu 
((  dire  de  lui  qu'il  eût  suppléé  Descartes,  si  ce  dernier  n'eût 
«  pas  écrit  sa  géométrie.  Il  trouva,  avec  Pascal,  le  calcul  des 
((  probabilités,  et  avant  Leibnitz  et  Newton,  il  avait  posé  les 
«  principes  du  calcul  infinitésimal.  Les  trois  plus  hautes  auto- 
ce  rites,  d'Alembert,  La  Grange  et  La  Place,  lui  font  honneur 
«  de  l'idée  du  calcul  différentiel  et  lui  attribuent  sa  part  dans 
«  toutes  les  grandes  découveiles  de  son  époque.  Il  jnourut  le 
«  12  janvier  1665,  à  Castres,  où  il  avait  été,  pour  la  septième 
«  fois,  délégué  comme  commissaire  du  Roi,  en  la  Chambre  de 
«  l'Edit.  Ses  restes  furent  plus  tai'd  portés  dans  l'église  des 
«  Augustins,  à  Toulouse^  et  ils  y  étaient  encore  en  1789*.  )> 

Forestié,  dans  les  Ephémérides  Montalbanaises,  porte  le 
jugement  suivant  sur  ce  personnage  : 

«  Pierre  Fermât,  un  des  conseillers  les  plus  autorisés  du 

*  Beaumont  el  Toureil,  par  S.  Frayssinct.  Monlauban  1878. 


EN  l'année  1787  283 

«  Parlement  de  Toulouse,  avait,  de  son  vivant,  la  réputation 
«  d'un  juriste  consommé.  Egalement  apprécié  pour  ses  goûts 
«  littéraires,  il  possédait  les  langues  anciennes  de  manière  à 
((  interpréter  les  passages  les  plus  difficiles  et  jusqu'à  lui,  intra- 
((  duisibles,  de  Diophante,  d'Euclide  et  d'Apollonius  de  Perge. 
((  La  plupart  de  ses  démonstrations  et  de  ses  traités  sont  rédi- 
«  gés  en  latin.  Il  écrivait  aussi,  avec  une  grande  facilité, 
((  l'italien  et  l'espagnol  ;  enfm  ses  travaux  sur  la  théorie  des 
((  nombres,  où  il  est  resté  maître  encore,  étaient  si  remarqua- 
«  blés,  que  dans  cette  branche,  assure-t-on,  il  en  savait  plus, 
((  il  y  a  deux  siècles,  qu'on  n'en  sait  de  nos  jours.  » 

Pierre  de  Fermât  eut  de  sa  femme,  Louise  de  Long,  cinq 
enfants  :  Samuel,  l'aîné,  conseiller  au  Parlement  en  1662,  a 
publié  à  Toulouse  (1679),  les  travaux  de  son  père,  sous  le  titre 
de  :  Varia  Opéra  Mathematiqua.  Une  statue  de  Pierre  de 
Fermât  a  été,  en  1882,  élevée  sur  une  place  de  Beaumont-de- 
Lomagne,  et  l'impression  de  ses  œuvres  décrétée  par  la 
Chambre  des  députés. 

Sur  le  socle  de  la  statue  sont  gravées  les  paroles  suivantes  : 

<L  Je  vous  tiens  pour  le  plus  grand  homme  du  monde.  » 

Août  1660. 

Pascal. 

nFermat, l'un  des  plus  grand  s  génies  qui  aient  illustré  la  France  ^) 

1839. 

Cauchy. 

c(  Fermai,  véritable  inventeur  du  calcul  différentiel.  » 

1812 

Laplace. 


284  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Un  des  enfants  de  Pierre  de  Fermât,  Antoine,  fut  nommé 
capitoul  de  Toulouse  en  1648  ^  L'abbé  Larrîeu,  son  descen- 
dant, a  été  missionnaire  apostolique  en  Chine,  membre 
correspondant  de  l'Académie  des  sciences,  inscriptions  et 
belles  lettres,  de  Toulouse. 

Charles  de  Fermât,  écuyer,  dénombra,  tant  en  son  nom 
(ju'en  celui  de  sa  mère,  M^ie  de  Carrière,  les  biens  nobles 
qu'ils  possédaient,  devant  les  capitouls  de  Toulouse,  le  10 
avril  1689 -.  Les  armes  des  Fermât  étaient  :  de  gueules  à  un 
mont  d'or,  mouvant  d'une  mer  d'argent,  ondée  d'azur  ;  au  can- 
ton dextre  en  chef,  un  soleil  d'or  ;  au  chef  d'azur  chargé  d'un 
croissant  d'argent  accosté  de  deux  étoiles  d'or  3. 


'  lieclierches  liixloriques  sur  l'ancien  caiiiUmlat  île  Toulouse,  par  le  Y'"  de  Juillac.  1855. 
'  Le  U  novembre  Ifi69,  Antoine  Fermât,  capitoul,  avait  été  maintenu  dans  sa  noblesse 
par  jugement  souverain  rendu  par  M.  de  Bezons. 
^  Nobiliaire  Toulousain. 


EX  l'année  1787  285 


S^-CLAR 


LE  S.  DE  FRANS 

Les  (le  Frans,  ou  de  Francs,  apparaissent,  dès  le  xiif  siècle, 
dans  les  annales  de  la  Gascogne.  Guillaume-Jean  de  Francs 
(de  Franchis)  rendit,  le  7  juin  1300,  une  sentence  comme  juge 
du  Fezensaguet. 

Avant  1315,  Bernard  de  Frans,  écuyer,  était  père  d'Otlion 
de  Frans  qui  assista  le  13  novembre  1343,  dans  l'église  de 
Miradoux,  à  la  mise  en  possession,  par  la  couronne  de  France, 
en  faveur  de  Jean,  comte  d'Armagnac,  des  vicomtes  de  Loma- 
gne  et  d'Auvillars,  qu'on  lui  restituait. 

Vital  de  Frans  fut  présent,  le  6  janvier  1393,  à  l'Assemblée 
des  Etats  de  Lomagne,  réunie  à  Lectoure,  pour  demander  aux 
grands  feudataires  d'Armagnac,  le  maintien  et  l'élargisse- 
ment des  privilèges  de  la  vicomte.  Son  père,  Guillaume  de 
Frans,  avait  été  inscrit,  le  21  avril  1379,  pour  un  legs  de  cent 
livres,  dans  le  testament  de  Gérauld,  vicomte  de  Bruilhois  et 
de  Fezensaguet. 

En  1446,  Alexie  de  Frans  avait  pris  pour  époux,  Guillaume- 
Bernard  de  Galard,  seigneur  de  Gastelnau-d'Arbieu. 

Le  17  octobre  1619,  M.  de  Frans  était  lieutenant-général 
de  la  sénéchaussée  de  Condom. 

Joséphine-Marguerite,  sœur  de  Gérard-François  de  Lagutère 
de  Béon,  lils  de  noble  Jean  de  Lagutère,  seigneur  de  la  salle 
noble  de  Béon  et  de  dame  Marie-Louise  de  Captan-Bourrouil- 
lan,  naquit  le  19  juillet  1779,  et  épousa  Jean-Philippe  de 
Frans,  émigré  et  officier  dans  l'armée  des  Princes.  Un  de  ses 
descendants  s'allia  avec  Mademoiselle  de  Puységur. 


286  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Les  Molas,  seigneurs  de  Frans,  habitaient  une  ancienne 
commanderie  des  Templiers,  située  près  de  S'-Clar  et  de 
Tournecoupe,  qu'ils  possédaient  depuis  longtemps. 

Deux  autres  branches  de  cette  famille  portaient  les  noms  de 
La  Barthète  et  de  Barbani. 

Un  Molas  de  La  Barthète,  curé  de  S'-Clar,  avait  été  choisi, 
en  il81,  avec  l'abbé  de  Vitalis,  grand-vicaii'e  de  Lectoure, 
pour  représenter  le  clergé  à  l'Assemblée  de  l'Election  de 
Lomagne,  réunie  dans  le  Palais  Episcopal,  le  24  septembre  de 
cette  même  année,  sous  la  présidence  de  Monseigneur  Louis- 
Emmanuel  de  Gugnac,  évêque  de  cette  ville. 

«  Le  18  prairial,  an  ii,  le  Comité  du  district  de  Lectoure 
confisqua  les  biens  appartenant  au  sieur  Molas-Frans,  père 
d'émigré-  et  les  afferma  pour  1700  livres.  Il  agit  de  même,  le 
21  juin  1788,  pour  les  domaines,  sis  dans  S^-Léonard,  consis- 
tant en  quatre  métairies,  prés  et  vignes,  appartenant  à  Clément- 
François-de-Paule  Lapujade,  de  Provins,  émigré,  cy-devant 
officier  au  régiment  de  Vivarais-infanterie,  et  les  donna  à  bail, 
moyennant  2180  livres,  au  sieur  Somabère  de  Tournecoupe,  le 
6  Messidor,  an  m,  la  métairie,  dite  du  Lan,  située  à  Magnas, 
fut  confisquée  sur  Etienne  S'-Géry,  prêtre  reclus,  et  affermée 
à  la  citoyenne  Marguerite  S^-Géry,  sa  mère,  pour  3600  livres  3. 
Quant  à  Raymond  Mollis,  cy-devant  chevalier  de  S'-Louis,  à 
Fleurance,  Gaspard  Bastard,  cy-devant  garde-du-corps  du  cy- 
devant  Roi,  Alain  |S'-Géry,  cy-devant  noble  (de  Magnas), 
Montant,  fils,  ex-noble,  de  Gastelnau-d'Arbieu ,  leurs  biens 
consistant  seulement  en  rentes  et  pensions,  seront  frappés 
d'un  droit  d'enregistrement  à  fixer*.  » 


'  On  voit  figurer  sur  la  liste  des  habitants  de  Lectoure,  en  I  iSi-Sô-SG,  Rerlhouniieu, 
Johan  et  Bonshom  de  .Molas. 

*  L'arrêté  inique  séquestrant  les  biens  des  pères  et  mères  d'émigrés,  fut  pris  par   Darti- 
lîoëyte,  représentant  du  peuple,  le  25  floréal,  an  i.  (Voir  à  l'Appendice.) 

3  Afin  d'éviter  la  confiscation  et  le  séquestre. 

*  Archives  du  château  du  Bosc,  près  Fleurance  (Gers). 


I 


EN  l'année  1787  287 


S^'-COLOiMBE 


LE  S.  D'ESCALUP 

Les  seigneurs  d'Escalup,  de  Révignan  et  Micheau  de  Patras, 
dit  Campaigno,  co-seigneur  de  Ligardes,  devaient  a  fournir 
un  Archier,  cV après  le  Rolle  des  Vassaux  du  Roy,  nostre  sire, 
composant  Veslite  de  la  Noblesse  du  Condomois,  convoquée 
pour  son  service  pour  l'année  1579^  y. 

M.  d'Escalup  de  la  Montjoie  était,  en  1719,  sur  la 
liste  de  la  Gapitation  de  la  Noblesse  du  Gondoniois,  dressée 
par  le  chevalier  du  Pleix,  lieutenant-général  au  présidial  de 
Gondom. 

Escalup  avait  été  une  seigneurie  appartenant,  dès  1727,  à 
Pierre  de  Montesquieu,  seigneur  du  Maine,  mousquetaire  du 
Roi,  fils  de  Jean  de  Montesquieu  et  de  Gatherine  de  Bergue, 
qui  avait  apporté  à  son  mari  la  terre  d'Escalup  2. 


'  Montlezuii.  Hist.  de  Gascogne. 
-  Père  Anselme.  Hist.  Généalogique. 


288  NOBLESSE   DE  LOMAGNE 


S"-LARY 


LE  S.  COQUET  DE  St-LARY 

Il  y  avait  eu,  dans  la  Guyenne,  plusieurs  familles  de  S^-Laiy  ; 
l'une,  celle  des  Coquet  de  S^-Lary,  fixée  dans  l'Armagnac, 
subsiste  encore,  ainsi  qu'une  autre,  habitant  le  château  de 
Si-Lary,  près  de  Francescas,  et  dont  le  nom  était  Bernard; 
enfin  une  troisième,  éteinte  en  1715,  avait  pour  berceau  la 
seigneurie  de  S'-Lary,  près  de  Jegun,  et  tirait  son  origine  de 
Bernard  de  ^lontlezun,  fils  d'Arnaud-Guilliem,  comte  de 
Pardiac.  Une  terre  du  nom  de  S^-Lary,  ayant  appartenu  aux 
ducs  de  Bellegarde,  se  trouvait  aussi  dans  le  pays  de  Com- 
minges. 

En  1470,  le  seigneur  du  Bouchage  reçut  du  roi  la  seigneurie 
de  St-Lary,  avec  Vie,  Duran,  S'-Jean-Poutge,  Séailles,  Ordan, 
Biran,  Lavardens,  le  Castera,  Valence  et  presque  tout  le 
Fezensac.  La  même  année,  Pierre  de  Beaujeu  était  gratifié  de 
tout  l'Armagnac,  avec  Aignan  et  l'Eauzan. 

Les  Montlezun-S'-Lai'y  furent  titrés  ducs  de  Bellegarde,  et 
occupèrent  des  emplois  élevés  à  la  Cour  de  France.  Ils  avaient 
pour  armes  :  d'azur  au  lion  couronné  d'or.  Le  nom  et  le  titre 
de  Bellegarde  furent  imposés  à  la  ville  de  Seurre,  en  Bour- 
gogne, par  l'érection  en  duciié,  puis  transférés  avec  la  dignité, 
Itai-  lettres-patentes,  enregistrées,  en  1(»'m,  sur  la  teire  de 
Clioisy-aux-Loges  (anjoni'd'hiii  Bcllogai'tic  eu  (îasiinois),  (jui 
a  passé  aux  ducs  d'Antiu. 

Ou  trouve  une  donaliun  au  luouasLère  do  Nisors,  diocèse 
de  Gomminges,  faite  l'an  11224,  par  les  enfants  de  Bernard  de 


EN  l'année  1787  289 

S^-Lary.  Un  meml^re  de  cette  maison  fut  écuyer  de  la  reine 
Catherine  de  Navarre. 

Bernard  de  S'-Lary,  en  Gaure,  épousa  (1480;  Florette  de 
Galard,  fdle  d'Archieu,  seigneur  de  Terraube,  et  de  Marie 
d'Aurensan. 

Le  fils  cadet  de  Jean  II  de  S^-Lary  (marié  en  secondes 
noces  avec  Jeanne  de  Benquei),  épousa  une  d'Ornezan  ;  le  petit- 
fds,  une  Comminges  ;  enfin,  l'aîné,  Raymond  de  S^-Lary ,  fils 
de  Jeanne  de  Béon,  première  femme  de  Jean  II  de  S'-Lary  fut 
la  tige  de  la  branche  du  duc  de  Bellegarde.  D'une  Lagorsan,  il 
eut  Pierre,  gouverneur  de  Toulouse  et  de  l'Albigeois,  tué  en 
1569,  au  siège  de  Mazèi-es,  qui  laissa  trois  enfants  de  Margue- 
rite d'Orbessan,  sœur  de  Paul  de  Termes,  maréchal  de  France. 
Sa  fille,  Marguerite  de  S'-Lary,  avait  épousé  (1563)  Joseph 
de  S^-Géry,  baron  de  Magnas. 

Roger,  l'aîné  de  ses  fils,  sieur  de  Bellegarde,  devint  maréchal 
de  France,  en  1574;  le  second  fut  père  du  duc  de  Bellegarde, 
et  la  fille  fut  la  mère  du  fameux  duc  d'Epernon. 

Roger  de  S^-Lary  et  de  Termes,  duc  de  Bellegarde,  pair  de 
France,  épousa  Anne  de  Bueil^,  petite-fille  du  comte  de  San- 
cerre.  Il  fut  chevalier  du  S^-Esprit,  gouverneur  de  Bourgogne 
et  de  Bresse,  grand  écuyer  de  France,  lieutenant-général  au 
siège  de  la  Rochelle,  en  1628.  Il  mourut  à  83  ans,  le  13  juil- 
let 1646,  et  en  lui  s'éteignit  le  duché-pairie  de  Bellegarde, 
46  ans  après  avoir  été  érigé  en  sa  faveur.  (Ecrits  inédits  de 
S^- Simon.) 

Sa  sœur,  mariée  avec  Antoine-Arnauld  de  Pardaillan,  Mar- 
quis de  Montespan^,  premier  capitaine  des  gardes  du  corps, 
chevalier  du  S^-Esprit,  en  1619,  gouverneur  de  la  Navarre,  du 
Béarn,  etc.,  était  la  bisaïeule  du  duc  d'Antin,  dont  les  der- 
nières descendantes  furent  Gillette   de  Gondrin,  abbesse  de 

'  Armes  des  de  Benque  :  de  gueules  à  la  croix  d'or. 

*  Armes  des  de  Bucil  :  d'azur  au  croissant  montant  d'argent,  accompagné  de  six  croix 
recroisettées  au  pied  fiché  d'or. 

3  Armes  des  Mnnlespan  anciens  :  d'argent  au  lion  de  gueules  armé  et  lampassé  d'arur 
à  la  bordure  de  sinople,  chargé  d'un  écusson  d'or,  horde  de  gueules. 

19 


290  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

FontevraultS  et  Magdelaine,  Julie.  Victoire  de  Pardaillan 
d'Antin,  duchesse  d'Uzès^. 

Les  alliances  de  la  maison  de  S'-Lary-Bellegarde-Termes 
avaient  été  avec  les  familles  de  Ghabot-Mirebeau,  Villemur,  du 
Lyon,  Saluées,  ]\Iontclar  et  celles  que  nous  avons  déjà  citées. 

Nous  ne  croyons  pas  qu'il  y  ait  communauté  d'origine  entre 
les  Monlezun-S'-Lary,  les  Bernard  de  S^-Lary  et  les  Coquet 
de  S'-Lary,  malgré  la  similitude  du  nom  et  l'identité  de  la 
province  qui  a  été  le  berceau  de  ces  trois  familles. 

Le  3  novembre  1457,  noble  Bernard  de  S'-Lary  habitait  le 
comté  de  Gaure,  en  la  juridiction  de  la  ville  de  Fleurance.  Sa 
femme,  Florette  de  l'Isle-Bouzon,  était  sœur  de  noble  Jean  de 
Luppé,  seigneur  de  Maravat. 

Françoise  de  Coquet,  mariée  avec  Pierre  de  Douzon,  seigneur 
de  Bellestat,  donna  sa  tille,  ^larguerite  de  Coquet,  à  Messire 
Pierre  de  la  Crompe,  sieur  de  La  Mothe,  le  27  mai  1636. 

Noble  Bertrand  de  Lard,  seigneur  de  Bordeneuve,  épousa, 
le  3  janvier  1641,  Françoise  de  Coquet  ;  leur  tils,  Antoine  de 
Lard,  capitaine  au  régiment  de  Navarre,  contracta  union,  le 
19  décembre  1678,  avec  Isabeau  de  Sacriste-Malvirade. 

Catherine  de  Coquet  se  maria,  le  6  mars  1639,  avec  Antoine 
Gabriel  de  Cunolio,  lieutenant  civil  en  la  Cour  présidiale  et 
sénéchaussée  d'Agenais. 

Noble  Joseph  de  Coquet,  conseiller  du  Roi  au  présidial 
d'Agen,  petit-fils  de  Charles  de  Coquet,   écuyer,  et  de  Jeanni 

1  Gillette  de  Gondrin,  traquée  à  Fontcviault  par  les  révolutionnaires,  qui  voulaient  la 
massacrer,  revêtit  les  habits  d'une  servante  de  ferme,  obtint  de  la  municipalité  d'Angers 
un  laisser-passer  et  s'enfuit  à  Vernon,  puis  à  Paris,  où  elle  arriva,  le  12  vendémiaire  an  iv 
(Archives  du  comte  de  Lauhespin),  malade,  éjuiisée  de  fatigues  et  de  privations,  accompa- 
gnée de  deux  sœurs  de  son  abbaye,  Agathe  et  Rose  Poulet,  qui  n'avaient  pas  voulu  la 
quitter.  Lue  partie  de  sa  famille  s'était  déjà  réfugiée  en  Angleterre,  et  se  voyant  sans  amis, 
sans  ressources,  elle  fut  au  moment  d'entrer  à  rHolel-Dieu.  Recueillie  à  Autcuil,  par  une 
de  ses  parentes.  M""»  de  Tracy,  et  secourue  par  M'"«  la  duchesse  douairière  d'Orléans,  sa 
cousine,  elle  y  mourut,  peu  de  temps  après,  à  l'âge  de  70  ans,  en  pardonnant  à  ses 
persécuteurs.  L'ne  des  deux  sœurs  qui  l'avaient  suivie  dut  se  réfugier  dans  un  hô|iital. 

'  Magdelaine,  Julie,  Victoire  de  Pardaillan-d'.\nlin,  née  à  Paris,  à  l'hôtel  d'Antin, 
paroisse  S'-Eustachc,  le  !•'  octobre  1729,  riécédéc  à  Londres,  pendant  rémigralion,  le 
13  septembre  1799,  avait  épousé  François-Emmanuel  de  Crussol-d'l'zès,  duc  d'L'zès,  pre- 
mier pair  de  France,  lieutenant-général  des  armées  du  Roi,  gouverneur  de  Saintonge  et 
d'Angoumois,  chevalier  des  Ordres,  elc 


EN  l'année  1787  291 

de  Redon,  acheta,  le  18  août  1670,  le  château  de  Gueyse,  sis 
en  la  paroisse  de  Brazalem,  appartenant  à  Florimond  de 
Molère,  écuyer.  Joseph  de  Coquet  eut,  de  son  mariage  avec 
Antoinette  de  Malvin  de  Montazet^  Charles  de  Coquet,  maire 
d'Agen,  seigneur  de  Gueyse,  Brazalem  et  FeugaroUes,  qui 
laissa  ces  biens  à  son  parent,  Messire  Jean-Joseph  de  Coquet, 
seigneur  de  Ligue;  son  fils,  Marc-Antoine,  fut  capitaine  et 
chevalier  de  S^-Louis;  son  petit-fils  devint  lieutenant-colonel. 

Monsieur  Coquet  de  S^-Lary  assista,  le  7  avril  1789,  à 
l'Assemblée  de  la  noblesse  du  pays  de  Gaure,  tant  en  son 
nom  que  comme  chargé  des  procurations  de  Madame  la  Com- 
tesse de  Verlhac,  pour  sa  terre  de  Frichet,  et  de  Madame  la 
Comtesse  de  Beaumont,  pour  sa  terre  de  Goas  et  son  fief  de 
Menjoulet.  Louise  de  Coquet,  fille  de  Monsieur  de  Coquet  de 
S'-Lary,  ancien  colonel  d'infanterie,  s'est  alliée,  en  1845,  avec 
Léopold-Joseph  Stanislas  de  Batz  de  Trenquelléon. 

Les  Coquet  de  S'-Lary  possédaient  près  de  Miradoux  (Gers), 
le  vieux  manoir  de  Gachepouy,  ancienne  propriété  des  famil- 
les de  Galard,  de  Bassabat,  La  Balu  et  Bonnefond^.  On  peut 
encore  lire,  sur  la  maîtresse  poutre,  dans  le  salon  du  château, 
la  date  de  1607.  Cette  seigneurie  appartenait  alors  à  Jean 
Béraut  de  Bassabat-Pordéac  de  Vicmont,  capitaine  de  50  hom- 
mes d'armes  des  ordonnances,  fils  de  Bernard  de  Bassabat- 
Vicmont,  baron  de  Pordéac,  seigneur  de  Gachepouy,  Castet- 
Arrouy,  marié  avec  Anne  d'Aydie-Guittinières  ^. 

Outre  les  Coquet  de  S^-Lary,  il  existe  en  Agenais  d'autres 
branches  de  la  famille  de  Coquet,  connues,  dès  1558,  sous  les 


'  Armes  des  Malvin  :  d'azur  à  trois  étoiles  d'or,  posées  2  et  1. 

2  «  Noble  Odoa  de  Bonnefont,  chevalier,  était,  en  1487,  co-seigneur  de  S«-Avit,  près 
Lectoure,  avec  Ayssin  de  Bonnefond,  damoiseau,  noble  de  Vczin,  seigneur  de  La  Cassai- 
gne,  Jean  de  Tinras,  co-seigneur  de  S*-Avit  pour  la  quatrième  partie,  comme  successeur 
de  noble  Cavarlne  de  Bonneront,  sa  mère  ;  le  reste  de  la  seigneurie  était  à  noble  Jean  de 
Galard  ».  (Archives  de  Lectoure,  par  Druilhet.)  Les  Bonnefont,  seigneurs  de  Fieux  (près 
de  Miradoux),  de  Cardelus,  etc.,  avaient  prouvé,  en  1690  et  en  1715,  leur  noblesse 
remontant,  sur  titres,  à  1555   Leurs  armes  sont  :  de  gueules  à  la  bordure  d'or. 

3  Armes  des  d'Aydie  :  de  gueules  à  quatre  lapins  d'argent,  courant  l'un  sur  Tautre,  parti 
de  gueules  au  cœur  d'or. 


292  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

noms  de  Mombrun,  La  Roche  et  Montpezat,  qui  ont  donné 
un  conseiller  du  roi,  vice-sénéchal  du  Condoniois,  en  1720,  un 
maître-d'hôtel  d'Henry  IV,  plusieurs  chevaliers  de  S^-Louis  et 
des  magistrats  au  Parlement  de  Bordeaux. 

Leurs  armes  étaient  :  d'azur  au  chevron  d'or,  accompagné 
de  trois  coqs  de  même,  crêtes,  becqués,  barbés  et  membres  de 
gueule,  celui  placé  en  pointe,  surmontant  une  tour  d'argent, 
maçonnée  de  sable;  au  chef  d'argent,  chargé  d'un  croissant 
de  sfueule  accosté  de  deux  étoiles  d'azur i. 

Tortil  de  baron. 

Les  Bernard  de  S^-Lary  portaient  pour  armoiries  :  d'azur 
au  chevron  d'or,  accompagné  en  chef  de  deux  étoiles  d'argent, 
et  en  pointe  d'un  croissant  de  môme. 

Couronne  de  comte. 

Les  Coquet  de  Genneville,  en  Normandie,  ont,  comme  bla- 
son :  dix  l'ocs  d'échiquier  d'or,  placés  4,  3,  2,  1,  sur  fond 
d'azur.  Cette  famille  fut  maintenue  dans  sa  noblesse,  en  1463 
et  1668. 

On  voyait  dans  le  chœur  de  S^-Etienne,  l'ancienne  cathé- 
drale d'Agen,  dont  les  vestiges  ont  disparu,  il  y  a  quelques 
années,  le  tombeau  de  Messire  de  Coquet,  a  officier  supérieur 
dans  les  armées  de  Sa  Majesté  Très-Chrétienne  ». 


'  On  trouve  aussi  les  armes  des  Coquet  S'-Lary  ainsi  blasounées  :  d'azur  au  chevron 
d'or,  accompaj;né  en  pointe  d'un  coq  de  même,  crèté,  liarbé  de  ijucules.  au  chef  cousu  de 
gueules,  chargé  de  trois  étoiles  d'argent. 


EN  l'année  1787  293 


SERIGN  AC  -  BRUILHOIS 


LE  S.  ]^IONBET  DE  JOUANISSON 

Ee  nom  de  cette  famille  était  de  Pouy  ;  elle  appartenait  à  la 
noblesse  de  la  vicomte  de  Bruilhois,  et  prétendait  descendre 
de  Michel  I*^'"^  seigneur  de  S'-Martin,  qui  possédait,  l'an  1498, 
la  maison  noble  de  S'-Martin  du  Pouy,  au  diocèse  de  Dax^ 

Le  18  novembre  1286,  Pierre  de  Pouy  et  Dupet  de  Gozon 
furent  témoins  de  la  reconnaissance  faite  par  Géraude  de 
Larivière  au  seigneur  d'Agenais,  pour  la  4^  partie  du  fief  de 
La  Rivière,  près  Lavardac.  Le  22  novembre  de  la  même  année, 
Antoine  de  Pouy  assista  à  l'hommage  rendu  par  Arnaud  Guil- 
laume de  Padiern  au  môme  seigneur,  pour  les  terres  de 
Montgaillard'^. 

Jeanne  de  Monbet  était,  le  27  novembre  1659,  au  nombre 
des  religieuses  de  St<^-Claire  de  Lectoure,  qui  appartenaient 
toutes  à  des  familles  nobles  de  la  Guienne. 

En  1761,  Madame  de  Nayrac,  et,  en  1767,  Madame  de  Nar- 
bonne-Pelet,  comtesse  de  Lasserre,  prenaient  le  titre  de 
marquises  de  Pouy.  Les  Lomagne-Fimarcon  avaient  eu  aussi 
la  co-seigneurie  de  ce  fief.  Noble  Joseph  de  Monbet,  sieur  du 
Nègre,  habitait  Montesquieu,  le  13  août  1767,  «  où  il  vivait 
noblement)^.  (Nob.  d'Ogilvy.) 

Monsieur  de  Pouy  vota,  en  1789,  avec  les  gentilshommes, 


'  Etat  (le  Vi  noblesse  d'Agcnais,  en  1717,  par  M.  de  Bourrousse  de  Laffore. 

2  Le  château  de  Ruscon,  près  d'Agen,  appartenait,  avant  1470,  à  M.  de  Podio  Exfremo;  sa 
fille  Catherine  de  Pouy.  apporta  cette  seigneurie  à  Jean  de  Galard.  Ils  sont  appelés,  dans  un 
acte  de  14(58,  «  seigneur  et  dame  de  Buscon  ».  (Relation  du  Congrès  archéologique  de 
France,  séances  tenues  à  Agen,  1874.) 


294  NOBLESSE   DE  LOMAGNE 

lors  de  la  réunion  de  la  noblesse  à  Lectoure  ;  son  parent,  le 
sieur  Monbet  de  Jouanisson,  signa  la  protestation  des  nobles 
de  la  vicomte  de  Bruilhois. 

Monsieur  de  Monbet  Ht  partie  de  l'Assemblée  des  trois 
ordres  de  la  Sénéchaussée  d'Armagnac,  tenue  à  Lectoure,  le 
16  mars  1790. 

L'écusson  de  la  maison  de  Pouy  était  :  écartelé,  aux  ler  et  ¥ 
d'azur,  au  lion  d'or,  gravissant  un  rocher  d'argent,  surmonté 
de  trois  étoiles  d'or;  aux  2^  et  3%  d'argent,  au  lion  de  sable, 
couronné  de  gueules,  accompagné  de  neuf  corneilles,  bec- 
quées et  pattées  de  gueules,  rangées  en  orle,  posées  4  en 
chef,  2  et  2  en  tlanc  et  1  en  pointe,  qui  est  de  Montlezun. 

La  branche  de  Pouy  d'Avensac  portait  :  d'argent  au  sautoir 
d'azur,  chargé  de  cinq  roses  d'or. 

Les  de  Pouy  étaient  alliés  aux  Labat,  du  Verrier,  La  Ramière, 
de  Bar,  etc.  Ils  avaient  possédé  les  seigneuries  de  La  Roche, 
La  Salle,  Portes  et  S^-Giron. 

«  Les  de  Pouy,  du  pays  des  Lannes,  seigneurs  de  Marignac, 
Emparron,  Gouaux,  barons  de  Sacerre,  etc.,  avaient  des 
armes  différentes,  qui  étaient  :  «  d'argent  à  la  tour  de  gueu- 
les ».  Ils  descendaient  de  Jean  de  Pouy  qui  rendit  hommage 
au  roi  d'Angleterre,  le  8  juin  1281,  et  fut  la  tige  des  de  Pouy, 
seigneurs  de  Bonnegarde^  La  Teulère,  Gaudonville,  alliés 
aux  d'Auxion,  La  Briffe,  Gortade  de  Gézan,  d'Astorg,  Mont- 
lezun, Massas,  Sarriac  et  Gastillon.  C'est  de  ce  rameau 
qu'était  sorti  Daniel  de  Pouy,  marié,  en  1597,  avec  INIartlie  de 
Béarn,  fille  naturelle  d'Henry  IV,  qui  assista  à  ce  mariage  et 
accorda,  en  1609,  une  pension  annuelle  do  600  livres  à  ladite 
Marthe  pour  l'aider  à  élever  sa  famille'-'.  » 

*  Il  y  avait,  en  Gascogne,  une  famille  iln  Tony,  dont  les  armes  étaient  :  d'azur  à  deux 
vaches  rangées  d'or,  passant  snr  une  terrasse  de  sinople,  accompagnées  en  chef  de 
trois  étoiles  malordonnées  d'or,  la  |)remière  accostée  de  deux  croissants  d'argent. 

'fleDMC  de  Gascogne,  Lupiac,  par  D.  de  Thézan. 


EN  l'année  1787  295 

Jacques,  seigneur  de  Bourrouillan,  avait  épousé,  le  9  sep- 
tembre 1642,  Georgette  de  Pouy,  appartenant  à  cette  maison, 
représentée,  en  1789,  à  l'Assemblée  de  la  Noblesse  tenue  à 
Dax,  dans  l'église  des  RR.  PP.  Carmes  de  cette  ville,  le  16  mars, 
à  huit  heures  du  matin. 


296  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


SÉRIGNAC  -  BRUILHOIS 


LE  S.  VERGÉS  DE  GUILLEMON 

Deux  branches  de  la  maison  de  Vergés  existaient  en 
Guyenne,  celle  de  Guillemon  et  celle  de  La  Salle. 

Pierre  de  Guillemon  figure,  le  7  juillet  1507,  dans  l'instruc- 
tion d'un  procès  entre  Jean,  seigneur  de  Pins  et  les  habitants 
de  la  ville  de  Fleurance. 

En  1789  et  1790,  le  sieur  de  Vergés  de  La  Salle  fut  convo- 
qué, comme  faisant  partie  de  la  noblesse,  à  l'Assemblée  des 
trois  Ordres,  réunie  à  Lectoure. 

Noble  Caprais  de  Las,  seigneur  d'une  partie  d'Espalais, 
prés  le  Port-S'c-Marie  (ariiére  petit-fils  de  noble  Guillaume 
de  Las,  maître  d'hôtel,  en  1473,  de  Jean  V,  comte  d'Arma- 
gnac), épousa  Claude  de  Vergés,  fille  de  Jean  de  Vergés, 
seigneur  de  Brimont,  et  de  damoiselle  Anne  de  Godailh,  ce 
qui  porta  la  seigneurie  de  Brimont  dans  la  famille  de  Las. 

Les  Vergez  du  Bigorre,  éteints,  vers  1600,  dans  la  branche 
aînée,  qui  suivait  la  carrière  des  armes,  se  sont  perpétués  dans 
les  cadets,  préférant  a  le  parti  de  robe*  i>. 

Possédant  de  nombreux  fiefs,  qu'ils  tenaient  des  Comtes  de 
Bigorre,  les  Vergez  ont  fréquemment  rempli  les  charges  de 
Syndic  de  la  province  et  de  subdélégué  de  l'Intendant,  à 
Tarbes. 

Les  armes  des  aînés  étaient  :  écartelé,  aux  l'''"  et  3^  d'azur  au 

'  bict.  de  La  Chesnaye-des-Bois. 


EN  l'année  1787  297 

lion  i-ampant  d'or;  aux  2^  et  4^,  de  gueule  à  la  croix  d'argent; 
la  branche  cadette  ajoutait  à  cet  écusson  des  armoiries  par- 
lantes, et  portait  d'argent,  au  soleil  dardant  ses  rayons  sur  une 
grappe  de  raisins  au  naturel. 


298  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


TERRAUBE 


1 


LE  MARQUIS  DE  GALARD-TERRAUBE 

Terraube,  gros  bourg  près  de  Lectoure,  était  une  ancienne 
baronnie  qui  fut  érigée  en  marquisat,  le  13  mars  1683,  pour 
Jean-Louis  de  Galard,  seigneur  de  Ferrières,  et  ses  descen- 
dants. 

Les  premiers  du  nom  de  Galard  que  l'on  connaisse  par  les 
titres  sont  Aymeric  et  Géraud  de  Goalard^  cautions  en  1062, 
dans  un  écliange  que  lit  Raymond,  abbé  de  Gondom. 

Un  Galard  de  Syrac  lit,  en  1160,  1162  et  1189,  donation 
de  tous  les  biens  qu'il  possédait  entre  Sérampione  et  la 
Gimone,  à  Pons  le,  abbé  de  Grandselve,  ordre  de  Citeaux, 
diocèse  de  Toulouse. 

Montassin  de  Goalard  était,  avant  1140i,  seigneur  de  Ter- 
raube; il  avait  pour  arrière-grand-père,  Garsie-Arnaud,  pre- 
mier baron  du  Goalard  en  Gondomois  (  iils  d'Arnaud  II  de 
Lomagnc,  vicomte  de  Gascogne),  marié,  dès  1011,  avec  Ada- 
lias  (ou  Adalaïs)  et  descendant  d'Alaric,  duc  de  Vasconie  en 
788,  tué  en  8122. 

Ayssieu  ITI  de  Goalard,  seigneur  de  Terraube  et  d'Aubiac, 
octroya  (1205)  des  coutumes  à  Sonipessere,  qui  fut  alTranchie 
avant  toutes  les  autres  communes  de  Gascogne;  la  seconde 
fut  Riguepeu,  qui  reçut  les  siennes,  le  11  mai  1279,  de  R.  E. 
de  Montesquieu  et  de  Bernard  de  Séran. 

Géraud-Assieu  de  Goalard,  cbevalier,  baron  de  Terraube,  et 

•  Moulenq,  Doc.  sur  le  Tarn-et-Garonne. 

'  Notice  héraldique  sur  les  maisons  de  Galard  et  de  Béarn,  par  E.  de  Jaurgain.  —  Docu- 
ments, par  Noulens. 


EN  l'année  1787  299 

premier  baron  du  Gondomois,  épousa,  en  4278,  Eléonore 
d'Armagnac'. 

Le  24  juin  1284,  Géraud,  Bertrand  et  Gaission  de  Goalar  d 
émancipèrent  la  ville  d'Aubiac  en  Bruilhois,  et  donnèrent  des 
coutumes  aux  habitants  de  Terraube,  qui  obtinrent,  en  l'an- 
née 1308,  d'Ayssin  de  Goalard,  la  permission  d'entourer  leur 
ville  de  remparts. 

Goalard  de  Terraube,  abbé  de  Bouillas,  aumônier  d'Henry  II, 
est  l'auteur  d'un  traité  de  cosmographie  et  d'un  ouvrage  inti- 
tulé VAqiiitainog  l'aphte  ^ . 

Arsieu  de  Goalard  fut,  en  1315,  gouverneur  d'Auch. 

Bertrand  de  Goalard,  baron  de  Terraube,  seigneur  de  Bor- 
des, Ferrières,  etc.,  épousa,  le  19  octobre  1568,  Diane  de 
Lusignan. 

Philippe  de  Goalard,  capitaine  dans  le  régiment  de  Cham- 
pagne, fut  tué,  en  1628,  au  siège  de  La  Bochelle. 

Marc-Antoine  de  Goalard,  seigneur  de  Ferrières  en  Arma- 
gnac, rendit  hommage  au  roi  pour  la  dite  terre,  devant  les 
trésoriers  de  France,  en  1634. 

François  de  Goalard  était,  avant  1670,  chanoine  de  l'Abbaye 
de  St-Sernin  de  Toulouse;  il  mourut  le  5  mai  1740,  laissant 
sa  fortune  aux  pauvres  de  sa  paroisse. 

Henri  de  Goalard,  marquis  de  Terraube,  seigneur  de  Fer- 
rières, devint,  en  1703,  capitaine  au  régiment  de  Fimarçon. 

Gilles  de  Goalard,  marquis  de  Terraube,  baron  d'Arignac, 
seigneur  de  Malplas  et  de  Grampagnac  au  comté  de  Foix, 
capitaine  au  régiment  de  Fimarçon,  avait  épousé,  le  29  décem- 
bre 1727,  Marguerite-Victoire  de  Moret-Montarnal-''. 

Pierre  de  Goalard,   doyen  du  chapitre  de  S^-André  de  Bor- 

'  Armes  d'Armagnac  :  d'argent  au  lion  de  gueules. 

2  Paris,  Frédéric  Morel,  1565,  petit  in-S". 

3  Armes  des  Moret  :  d'or  à  la  hure  de  sanglier  de   sable,  accompagnée  de  cinq  glands 
sinople,  trois  au-dessus,  deux  au-dessous. 


300  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

deaux,  fut  enseveli  à  l'entrée  du  Cloître,  au  pied  d'un  autel 
qu'il  avait  fait  ériger  à  ses  fraisa 

Il  y  eut  six  membres  de  la  famille  de  Galard  convoqués  aux 
diverses  réunions  de  la  Noblesse,  tenues  pendant  les  années 
1787,  4789  et  1790,  à  Auch,  Lectoure,  Gondom  et  Cahors. 

La  branche  de  Galard-Terraube  fut  représentée  par  Louis, 
Antoine,  Marie,  Victor,  marquis  de  Galard-Terraube,  qui 
devint,  plus  tard,  contr'amiral,  gouverneur  de  l'école  de  la 
marine  à  Angoulême,  député  du  Gers,  sous  la  Restauration, 
et  chevalier  de  S^-Louis^. 

Son  frère,  Arnaud-Louis  de  Galard-Terraube,  lieutenant- 
colonel  au  régiment  de  Royal-cravate-cavalerie,  alla  rejoindre 
les  Princes  à  Coblentz,  vers  1791,  et  servit  dans  l'armée  de 
Condé,  jusqu'au  licenciement  des  troupes  en  1800. 

Les  rameaux  actuellement  existants,  sortis  de  la  branche  de 
Galard-Terraube,  sont  ceux  de  Terraube,  Saldebruc,  Rrassac- 
Béarn  et  L'Isle-Rozon-Mas^nas.  Dans  cette  dernière  se  sont 
fondus  les  seigneurs  de  Balarin ,  Gastelnau-d'Arbieu  et 
Luzanet-Pellehaut.  Les  branches  de  Limeuil,  Espions, 
S'-Michel3,  Pauillac,  S^-Avit,  Si^-Léonard,  n'existent  plus. 

François  de  Galard,  dit  le  chevalier  de  Béarn,  ancien  page 
du  roi  Louis  XVI,  fut  tué  à  Quiberon;  le  Marquis  de  Galard 
de  risle-Bozon-Magnas  (issu  des  seigneurs  de  Balarin-Pelle- 
haut,  branche  sortie  de  celle  de  Terraube,  en  1510),  monta 
sur  l'échafaud,  à  Auch,  le  17  avril  1794  ;  le  17  février  de  la 

*  Eglise  Métropolitaine  et  primatialc  de  S*-Andié  de  Bnurdeaux,  par  Lopez,  nouvelle 
édition,  chap.  vu,  pages  214  et  234. 

Le  27  mai  l-i38,  le  chapitre  de  Bordeaux  décida  que  la  maison  habitée  par  le  clianoinc 
Pierre  de  Galard-Béarn  serait  démolie,  vu  que  l'emplacement  qu'elle  occupait  serait 
peut-être  nécessaire  pour  remhellisscmcnt  de  l'Eglise. 

'-  En  1720  les  religieuses  professes  du  Couvent  de  l'rouillan,  en  Condomois,  étaient  : 
Gahrielle  du  Bouzet-Roquépinc,  prieure  perpétuelle,  Nicolle  de  Monllczun,  Claire  de 
Lu.ssan,  Louise  de  Sérillac,  Anne  de  Canolles,  et  Marie  de  Galard-Terraube.  (lievue  de 
Gascogne.) 

^  La  direction  du  Comité  du  district  de  l,ectoure,  mit  sous  séquestre  les  biens  du  sieur 
Goalard  de  S'-Michel,  ex-noble  <le  Lcctoure,  père  d'émigré,  mort  dans  la  maison  de  réclu- 
sion à  Auch,  et  alTerma,  le  25  Prairial  an  II,  pour  3  ans,  les  terres  de  Vigneaux  et  Sala- 
manque,  situées  dans  la  commune  de  Cadeillan,  à  Bernard  Fagel,  de  Terraube,  moyennant 
2  050  fr. 


EN  l'année  1787  301 

même  année,  avait  été  guillotiné  à  Bordeaux,  où  il  s'était 
réfugié  pendant  la  Terreur,  son  parent ,  Joseph-Michel  de 
Galard,  seigneur  de  Saldebru,  Valende  et  SMulien  en  Agenais, 
aljbé  de  St-^Iaurice,  prieur  de  N.-D.  du  fief  Sauvin  en  Anjou, 
et  de  N.-D.  de  Louesme,  près  Langres,  vicaire-général  de 
Lectoure,  chanoine  de  l'église  de  Paris,  député  à  l'Assemblée 
«générale  du  clero-é  en  1780.  Il  était  né  à  Perville,  diocèse  de 
Gahors,  le  18  septembre  1745. 

Leur  cousin,  Marie-Joseph  de  Galard-Terrau])e,  nommé, 
en  1774,  évèque  du  Puy,  comte  du  Velay  et  de  Brioude, 
mourut  en  exil,  à  Ratisbonne,  le  10  octobre  1804*. 

Les  branches  de  Terraube,  de  l'Isle-Bozon-Magnas  et  de 
Saldebruc  ont  les  mêmes  armes.  Les  Béarn-Brassac  ajoutent 
aux  trois  corneilles  des  Galard,  l'écusson  de  Béarn,  qui  est  : 
d'or  à  deux  vaches  passant  de  gueules,  accolées,  accornées, 
onelées  et  clarinées  d'azur. 

La  branche  éteinte  des  Galard,  seigneur  de  Dûment,  écar- 
telait  :  aux  1^'-  et  4^  de  Galard,  aux  2^  et  3^  de  gueules,  à  une 
bande  d'argent. 

Quelques  membres  de  la  maison  de  Galard-Terraulje  ont 
porté  autrefois  pour  devise  :  «  ad  utrumque,  s^  au  lieu  de 
in  via  nulla  invia,  qui  a  été  adoptée  par  celte  famille,  il  y 
a  deux  siècles  environ. 

Les  principales  alliances  des  Galard  ont  été  avec  les  Cau- 
mont,  Thézac,  d'Armagnac,  Beauville,  Manas,  La  Valette, 
Grossolles-Flamarens,  La  Roche-Andry,  Montausier,  La  Roche- 
Foucauld,  Cotentin-Tourville,  S^-Géry,  Clermont-^Iontfort, 
Montault,  d'Escoyeux,  de  Saulx,  de  La  Géard,  de  Beaulieu, 
de  Beaupoil,  des  Achards,  d'Aurensan,  de  Vaudreuil,  J^usi- 
gnan^  du  Bouzet,  de  Peyre,  de  Portes,  Gaptan-Monein,  de 
Ségur,  Périgord,  Choiseuil,  Govion,  Grussol-d'Uzès,  d'Estam- 
pes-Yalençay,  Gromières,  Montaran,  Galonne-d'Avesne,  Los- 
tanges-S'-Alvaire ,  Gampaigno,  d'Aux,  Sérillac,  Bastard,  ^lari- 
gnan,  d'Encausse,  Puymirol,  etc. 

•  Monseigneur  de  Galard-Terraube  avait  i-lé  vicaire-général  d'Avranches  et  de  Seniis, 
abbé  de  La  Chassaigne,  près  Troyes,  et  de  S'-Paul  de  Verdun. 


N 


N 


ROLLE  DES  PllH  ILÉGIÉS 


EN  l'année  1787  305 


AUVILLARS 


LE  S.  DE  THEZE 

La  famille  de  Thèze  est  originaire  des  environs  de  Castel- 
Sarrazin,  où  un  de  ses  membres  possédait  le  château  de 
Belleperche. 

Raymond  de  Thèze,  seigneur  de  Pis,  habitant  Riscle,  fut 
père  de  Déodat  de  Thèze,  qui  fut  aussi  seigneur  de  Pis,  près 
de  Tarsaguet,  en  1442  ^ 

Le  13  décembre  1661,  Philippe,  sieur  de  Thèze,  était,  avec 
Bertrand,  sieur  de  Baugin,  «  créancier  de  la  somme  de  715 
livres  due  par  Jean  de  Grossolles,  seigneur  de  S^-^Iartin,  au 
sujet  de  la  tutelle  des  enfants  de  ^larie  de  Garros^,  veuve  de 
Pierre  de  S'^-Marie,  ancien  juge  royal  d'Auvillars,  représen- 
tée par  Joseph  de  S^e-Marie;,  du  Bosc^,  docteur  en  sainte 
théologie,  prêtre  et  curé  du  lieu  de  Poupas,  sénéchaussée  de 
J^ectoure  2  )) . 

A  l'Assemblée  générale  du  clergé,  de  la  noblesse  et  du  Tiers- 
Etat  des  deux  sénéchaussées  d'Armagnac  et  de  l'Isle-Jour- 
dain,  réunies  à  Lectoure,  le  16  mars  1790,  Monsieur  de 
Thèze  était  procureur  fondé  de  Monsieur  le  comte  d'Esparbès. 

Le  16  mars  1789,  le  sieur  de  Thèze,  frère  du  précédent, 
faisait  partie  de  l'Assemblée  de  la  Noblesse  des  sénéchaussées 
d'Armagnac  et  de  l'Isle-Jourdain,  tenue  dans  la  salle  du 
gouvernement  de  la  ville  de  Lectoure. 

Maître  Jean  de  Labourdenne,    notaire  royal  des  Landes,  fut 

*  Comptes  consulaires  de  Riscle,  par  Parfouru. 
'  Archives  de  Magnas  (Gers). 

20 


306 


NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


chargé  le  9  août  1776,  par  dame  Jeanne  de  Canton,  de  tirer 
une  expédition  du  testament  fait,  le  28  décembre  1773,  par 
Jean  de  Thèze  et  sa  femme,  Marie  de  Canton,  habitant  à 
Dousse  ;  ils  avaient  déclaré,  dans  cet  acte  de  leurs  dernières 
volontés,  «  qu'ils  veulent  être  inhumés  dans  le  cimetière  de 
l'église  S'-Julien,  à  Dousse.  lueurs  trois  enfants  sont  :  Jean, 
marié  avec  Jeanne  de  Bordes,  Jeanne,  mariée  avec  Monsieur 
de  Canton,  et  Jeannot;  la  tutelle  de  ce  dernier  sera  dévolue  à 
son  frère,  Jean  de  Thèze,  qui  devra  hériter  de  tous  les  biens 
immeubles,  tandis  que  sa  sœur  aura  le  reste,  plus  une  rente 
de  six  cent  livres  pendant  sa  vie.  Fait  ledit  jour  que  cy-dessus, 
en  présence  de  Jean  Sabaillé  de  Cam,  Jean  de  Luc  de  Sou- 
moulon,  et  Jean  Lassus,  à  Morlaas^  ». 

La  maison  de  Thèze  existe  encore  à  Auvillars  ;  elle  est  alliée 
aux  Bressolles,  d'Esparbès  de  Lussan,  etc..  Ses  armes  sont  : 
de  gueules  au  lion  d'or,  au  chef  du  même,  chargé  de  trois 
étoiles  d'azur.  (Arm.  de  Rietstapp.) 


*  Archives  liu  Magnas  (Gers). 


EN  l'année  1787  307 


AUVILLARS 


LE  CHEVALIER  DE  BRESSOLLES 

Les  Bressolles  étaient  originaires  du  Bourbonnais,  où  ils 
avaient  possédé  de  nombreux  fiefs.  Raoul  de  Bressolles  est 
cité  dans  un  cartulaire  de  la  Charité  sur  Loire,  en  1174,  et 
il  fut  témoin  de  la  charte  de  confirmation  des  privilèges  de 
Souvigny,  donnés,  en  1217,  par  le  sire  de  Bourbon  (Comte  de 
Soultrait).  On  voit  encore^,  près  de  Moulins,  le  vieux  château 
qui  leur  a  donné  leur  nom.  Une  branche  vint  se  fixer  en 
Poitou,  puis  à  Auvillars,  où  elle  s'est  perpétuée  jusqu'à  nos 
jours. 

Bernard  de  Bressolles  avait  été  prieur  de  S'-Avit  de  Haute- 
Serre,  abbaye  dépendant  de  la  collation  de  l'évêque  de  Cahors  ; 
il  mourut  en  1311  ^ 

Le  27  octobre  1453,  messire  Jean  de  Barbançois,  seigneur 
de  Sarzay  et  autres  lieux,  épousa  Françoise  de  Boisé,  fille  de 
Jacques  de  Boisé,  écuyer,  seigneur  de  Courcenay,  et  de  Sou- 
veraine de  Blanchefort.  A  ce  contrat,  assistèrent  Jean  de 
Chauvioiiv,  seigneur  de  Chàteauroux,  vicomte  de  Brosse, 
André  de  Chauvigny,  seigneur  de  Revel,  Guy  de  Blanchefort, 
chevalier,  seigneur  de  Bois-à-Louey,  Guillaume  de  Bres- 
solles, seigneur  de  Monteroux,  et  Georges  de  la  Châtre,  grand 
écuyer  de  France  ^. 

Antoine  de  Cassagnet,  seigneur  de  Tilladet,  avait  épousé 
Jeanne  de  Bressolles  ;  ils  eurent,  en  1555,  un  fils,  Bernard  de 
Cassagnet-Tilladet,  qui  fut  capitaine  au  régiment  des  gardes, 

*  Documents  sur  le  Tani-ct-Garonne,  par  Moulenq. 
-  Archives  de  la  l'arnille  de  Bressolles. 


308  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

(1589),  gouverneur  de  Bourg-sur-Mer,  vers  iQ22  ;  il  mourut  de 
la  peste  à  Béziers*. 

Jeanne  de  Bressolles,  mariée  avec  Jean  de  Sabaros,  juge- 
royal  du  Port-S''?-Marie,  eut  une  fille,  Isabeau,  devenue,  en 
1653,  la  femme  de  Michel  d'Imbert.  Leur  petit-lils,  François 
d'Imbert,  juge-royal  du  Port-S^'^-Marie,  s'allia,  le  22  août  1692, 
au  château  d'Ensoulès,  près  Condom,  avec  Jeanne  du  Pleix, 
fille  de  Louis  du  Pleix,  seigneur  baron  de  Clarens  et 
Cadignan. 

Antoine  de  Bressolles,  décédé  à  Agen,  le  4  juillet  1627, 
laissa  quatre  fils  :  «  Jean  de  BressoUeSy  prestre  et  recteur  de 
CAermont-Dessus,  proche  la  ville  de  la  Magistère,  Anthoine 
de  Bressolles,  prestre  en  la  Cité  d' Agen,  Bernard  de  Bressolles, 
prestre,  docteur  en  théologie,  chanoine  théologal  en  Vcglise 
cathédrale  de  Condom,  et  vicaire-général  de  Monseigneur 
l'évêque  Bénigne  Bossuet-  qui  V avait  chargé  de  prendre  pos- 
session de  son  siège,  le  9  novembre  1670,  avec  Messire 
Hugues  Janon,  ancien  procureur-général  de  la  Cour  des  Agdes 
du  Dauphiné,  chanoine  de  Si-Just  de  Lyon. 

D  Le  quatrième  fils,  Bertrand  de  Bressolles,  était  sieur 
d'Autrxiil,  et  vivoit  encore  le  5  May  1656,  lequel  a  continué 
la  postérité^.  » 

Les  diverses  branches  de  la  famille  de  Bressolles  portaient 
les  noms  de  Mesplès,  Delpech,  Autruil,  Goujetou,  Lisle, 
Fongau,  Siscé,  La  Hongaie,  La  Rivière,  d'Argeville. 

Avant  1659,  Bernard  de  Bressolles,  conseiller  du  roi,  était 
magistrat  au  siège  présidial  d'Agen. 

Marc-Antoine  de  Bressolles,  conseiller  au  siège  présidial 
d'Agen,  en  1666,  comparut  devant  Monseigneur  Bellot,  inten- 
«  dant  de  Guyenne,  pour  lui  exposer,  qu'en  1596,  son  ayeul, 
«  Antoine  de  Bressolles,  avait  été  capitaine  dans  les  armées  du 
V  roy,  et  que  son  père,  Bernard  de  Bressolles,  marié  sous  l'année 

'  MémuiiL'â  (le  Bassompifire. 

'  Itossuct    succéda  à    Jean   d'Estrades,    qui  résigna  lévèclié  de  ("ondom  en  IGr)8,  pnur 
l>iendie  en  éclinngc  raltbaye  de  Chailly  au  diocèse  de  Senlis. 
^  Archives  de  Magnas  iriors). 


EN  l'année  1787  309 

«  1G18,  avec  Marie  de  Ranse,  portait  la  qualité  de  noble  et 
«  d'écuyer,  comme  le  prouve  son  extrait  baptistaire,  en  date 
«  du  ler  Décembre  1G23  ;  que,  déplus,  le  sieur  de  Bressolles 
((  son  dit  père,  a  vécu  noblement  et  a  été  honoré  par  le  défunt 
((  roy,  Louis  le  treizième,  d'heureuse  mémoire,  de  la  charge 
«  de  conseiller,  pendant  quarante-huit  ans,  dont  il  produit 
«  les  provisions  audit  office,  avec  la  réception  au  Parlement 
«  de  Bordeaux,  en  date  du  8  octobre  1618. 

((  Il  déclare,  en  outre,  qu'il  est  sorti  de  la  maison  de  Bres- 
«  solles,  un  chevalier  de  Malte,  du  nom  de  Guillaume,  qui  fut 
«  commandeur  de  Golfech,  en  date  du  27  mars  1544,  comme  il 
((  résulte  de  la  commission  du  chapitre  provincial  de  l'ordre  de 
«  S'-Jean  de  Jérusalem.  Le  suppliant  déclare  que  Guillaume 
((  de  Bressolles,  chevalier  de  Malte,  vint  s'établir  dans  la 
«  commanderie  de  Golfech,  et  emmena  de  la  province  du 
((  Poitou,  son  frère,  Jean  de  Bressolles,  qui  se  fixa  au  lieu  de 
(t  Clermont-Dessus,  dans  le  voisinage  dudit  sieur  commandeur, 
((  sous  la  protection  duquel  il  acquit  quantité  de  beaux  biens, 
«  dont  ses  descendants  jouissent  encore,  ayant  toujours  con- 
«  serve  les  mêmes  nom  et  armes,  qui  sont  :  à  l'écu  de  sable, 
((  chargé  d'un  lion  d'argent,  avec  trois  billettes  de  gueules  sui' 
«  l'estomac,  armé,  lampassé  et  couronné  de  même. 

((  Moyennant  quoi,  le  suppliant  croit  avoir  droit  de  prendre 
«  la  qualité  de  noble  que  portaient  ses  ancêtres  K  » 

Cette  demande  fut  plus  tard  accordée  et  la  maintenue  de 
noblesse  concédée,  en  1699,  à  Bernard  de  Bressolles,  sieur  de 
Coujetou  et  d'Autruil,  pour  lui  et  ses  enfants,  sur  l'avis  favo- 
rable de  d'Hozier,  juge  d'armes  de  France,  qui  décrit  ainsi  les 
armoiries  de  la  famille  de  Bressolles  :  d'azur  au  lion  d'argent 
sur  une  terrasse  de  sinople,  au  chef  de  gueules,  chargé  de 
trois  étoiles  d'argent  ;  l'écu  tim])ré  d'un  casque  de  profil,  orné 
de  ses  lambrequins  d'azur,  de  sinople,  d'argent  et  de  gueules  "-. 
Ces  armes  sont  celles  que  portaient  les  Bressolles-Breschai'd, 

■  Archives  de  la  famille  de  Bressolles. 

-  Maintenue  de  noblesse  de  la  famille  de  Bressolles.  lArcli.  partie.). 


310  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

du  BeiTv,  et  les  BressolleS;,  crAuvillars.  Ceux  du  Poitou  avaient, 
dans  leur  écusson,  un  orle  de  six  besans  d'or,  sur  fond  de 
gueules. 

Noble  Jean  de  Bressolles,  écuyer,  fils  de  Bernard  de  Bres- 
solles,  sieur  d'Autruil  et  de  Coujetou,  épousa  Anne  de  Cunolio 
d'Espalais,  tille  de  noble  Antoine,  Gabriel  de  Cunolio,  écuyer, 
sieur  d'Espalais,  conseiller  du  Boi,  lieutenant  civil  et  asses- 
seur criminel  au  présidial  d'Agenais,  et  d'Anne  du  Bois  de 
Libersac. 

De  ce  mariage  est  né  noble  Etienne  de  Bressolles,  écuyer, 
sieur  d'Autruil,  habitant  son  château  de  Coujetou,  juri- 
diction de  Clermont-Dessus.  Il  fit  un  accord,  le  28  janvier 
1722,  avec  Messire  Jean  Florimond  de  Raymond,  seigneur 
de  La  Garde  et  de  Suqueti. 

Vers  1600,  Bernard  de  Bressolles  avait  donné  un  fonds  de 
terre,  sur  les  bords  de  la  Garonne,  et  y  avait  fait  bâtir  une 
chapelle  sous  l'invocation  de  N.-D.  de  Pitié,  avec  l'autorisa- 
tion de  Monseigneur  de  Villars,  évêque  d'Agen.  En  1785,  Jean- 
Baptiste  de  Bressolles  d'Autruil,  patron  de  cette  chapelle, 
élevée  près  de  La  Magistère  en  Agenais,  s'opposa  très  énergi- 
quement  â  la  destruction  de  ce  sanctuaire,  construit  par  son 
bisayeul,  qui  devint  paroissial  après  le  concordat  et  qui  a  été 
démoli  il  y  a  un  demi-siècle-. 

Claude  de  Bressolles-Lisle  était  lieutenant  dans  la  compa- 
gnie d'Attigny,  au  régiment  d'infanterie  commandé  par 
Catinat,  le  15  mars  1690  3. 

Noble  Jean  de  Bressolles,  sieur  de  Coujetou,  fils  de  Bernard 
de  Bressolles,  sieur  d'Autruil,  et  de  dame  ^larie  de  Molinard, 
épousa,  le  16  janvier  1702,  à  Villeneuve  d'Agen,  Anne  de 
Bap-Pellambert. 

Marc- Antoine  de  Bressolles-Delpech,  enseigne  dans  la  com- 
pagnie  de   S^-Simon,  devint  lieutenant  dans  le  régiment  de 

'  Archives  de  Madame  la  coinlcssc  M.  de  Raymond,  d'Agen. 

*  Muulcnq. 

3  Ceililical  du  marquis  de  Reffugc,  maréchal  des  camps  et  armées  du  Roi. 


EN  l'année  1787  311 

Gondnn-infanterie,  en  garnison  à  Arras,  où  il  fit  son  testa- 
ment, le  J5  février  1742.  Il  fut,  en  1745,  nommé  commandant 
d'une  compagnie  nouvellement  créée  dans  le  régiment  de 
Montboissier. 

Joseph  de  BressoUes,  sieur  de  la  Hongaie,  brigadier  des 
armées  du  roi,  chevalier  de  St-Louis,  avait  épousé  Jeanne, 
Rose  de  Tendol  ;  leur  fils,  Bernard-Joseph,  eut  pour 
parrain  noble  Bernard  de  BressoUes -Larivière,  capitaine 
dans  le  régiment  de  Joyeuse,  et  chevalier  de  S'-Louis. 

Bernard-Joseph  de  BressoUes,  sieur  de  Fongau,  capitaine 
dans  le  régiment  du  Perche  (1783),  était  fils  de  Jean  de  Bres- 
soUes, sous-brigadier  des  gardes-du-corps  du  roi,  compagnie 
de  Gharost,  chevalier  de  S'-Louis  (1748)  qui  décéda,  à  Auvil- 
lars,  le  9  novembre  1786. 

Jean-Baptiste  de  BressoUes,  sieur  de  Siscé,   né  à  Auvillars, 
le  23  décembre  1753,    capitaine  au  régiment   de    Bretagne 
(1777),  chevalier  de  S^-Louis,  fit  toutes  les  guerres  de  la  Révo- 
lution et   de  l'Empire.  Tl   devint  général  de  brigade   (1793), 
puis  de  division  (1811),  et  fut  nommé,  en  1818,  commandeur 
de   la  Légion   d'honneur  ;    il  avait   pris  part   à  l'expédition 
d'Amérique,  et  s'était  embarqué  avec  le  marquis  de  La  Fayette, 
n  mourut  à  Auvillars,   en  1836.    Son   neveU;,   Ferdinand  de 
BressoUes   (né  le  8  janvier    1793),     fils    d'une   Bernard    de 
S'-Lary,    suivit    très    brillamment    la    carrière    des    armes. 
Général  de  division,  directeur  en  chef  de  l'artillerie,  cheva- 
lier  de    S^-Louis,    grand   officier    de   la    Légion   d'honneur, 
commandeur  de  l'Ordre  du  Christ  de  Portugal,   grand-croix 
de  S^-Grégoire  de  Rome,  chevalier  de  S^  Maurice  de  Savoie, 
de  S'-Stanislas  de  Russie,  de  la  Medgidié,    du  Nichan,   du 
Sauveur  de  Grèce,  etc.,  il  rendit  les  services  les  plus  signalés 
pendant  la  guerre  de  Crimée.  Retiré  à  Baugin,  près  d'Auvil- 
lars,  il  fut  longtemps  président  du  Conseil  général  de  Tarn- 
et-Garonne,  et  mourut  le  20  mars  1874. 

Son  frère,  Jean-Baptiste-Vincent  de  BressoUes  (né  à 
Auvillars,  le  18  janvier  1789,  décédé  le  13  novembre  1861), 
connu  sous  le  pseudonyme  de  l'Hermite  de  S^-Pierre    (ou  de 


312  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

S' -Vincent- lez -Agen),  passait  pour  un  littérateur  érudit  ; 
il  avait  formé  une  riche  bibliothèque  et  était  en  corres- 
pondance avec  la  plupart  des  hommes  célèbres  de  son 
époque.  Aussi  modeste  qu'instruit,  il  demeura  toute  sa  vie  à 
Auvillars  et  refusa  les  places  nombreuses  que  son  mérite  lui 
avait  fait  offrir.  «  Il  avait  réuni  une  collection  curieuse  de 
documents  et  d'antiquités  intéressant  sa  ville  natale  et  fait  des 
recherches  très  considérables  sur  une  foule  de  questions  de 
philologie  et  de  linguistique.  Messieurs  de  Saulcy  et  Paul 
Lacroix  (le  bibliophile  Jacob),  restèrent  souvent  confondus 
d'étonnement  devant  son  érudition,  ses  lumières  et  la  sûreté 
de  ses  renseignements  i  « . 

Les  alliances  des  Bressolles  ont  été  avec  les  ^lolinard  (1641), 
Genevois  (1666),  de  Mellot  (1696),  de  Bap-Pellambert  (1702), 
de  Tendol  (1749),  de  Gunoho  d'Espalais,  de  Laborde,  de  la 
Chausse  de  Rance,  de  S'-Lary,  de  Thèze,  etc. 


'  Lu  Viroinlf  d'Aiiiillars,  par  l.ngrczc-I'ossal.  Le  bulletin  île  l'Alliance  des  Arts,  publié 
par  l'aul  Lacroix,  de  1842  à  1818,  a  donné  plusieurs  articles  de  bibliologic,  écrils  par 
Vincent  de  Bressolles. 


EN  l'année  1787  313 


AUVILLARS 


LE  CHEVALIER  DU  GOUT 

Il  existait  à  Auvillars  une  famille  du  Goût,  dont  le  nom 
patronymique  était  Lassaigne  ou  Lassagne,  et  que  les  Gros- 
solles  de  Flamarens  et  de  S^-Martin  refusaient,  à  tort  ou  à 
raison,  de  reconnaître  comme  descendant  des  du  Goût,  leurs 
parents,  seigneurs  de  Rouillac  et  de  Peyrecave,  qui  tiraient 
leur  origine  des  anciens  vicomtes  de  Lomagne  et  d'Auvillars^. 
Le  chevalier  de  Grossolles  écrivit,  à  ce  sujet,  la  lettre  suivante 
au  comte  de  Flamarens,  son  parent,  le  7  février  1784. 

((  A  St-Martin,  le  6  février  1784. 

((  J'ay  eu,  Monsieur  le  Comte,  l'honneur  de  vous  adresser 
par  un  exprès,  il  y  a  quelque  temps,  deux  mémoires  dans 
l'intention  de  faire  connaître  à  tous  M'"'^  de  la  maison  de  Noé 
la  fausse  prétention  de  M.  Lassagne  d'Auvillars,  qui  veut 
se  faire  descendre  de  la  maison  du  Goût,  lequel  à  l'occasion 
de  cette  imposture  a  occasionné  un  procès ,  à  un  seigneur  de 
la  terre  de  Puygaillard,  qui  en  est  limitrophe,  que  celui-cy, 
qui  n'est  pas  gentilhomme  non  plus  que  l'autre  ,  vient 
d'achetter,  pour  un  droit  de  chasse  dans  son  pourpris. 

((  Bien  que  vous  ne  m'ayez  pas  fait  l'honneur  de  me  répon- 
dre, je  vous  connois  assés  pour  être  persuadé  que  vous  n'avés 
pas  resté  dans  l'inaction,  et  qu'ainsy  que  je  vous  en  ay  prié 
par  ma  lettre  jointe  aux  mémoires,  vous  aurés  fait  connoitre  à 

'  Bertrand  de  Goth  portait  ces  litres  quand  il  reçut  les  hommages  de  l'abbaye  de 
Belleperche,  le  18  Février  1311,  et  le  2  Mai  1323. 


314  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

M"""  l'Evêque  de  Lescar*  qui  soutient  cette  imposture,  qu'il  a 
été  trompé,  La  lettre  dont  coppie  est  cy-jointe,  que  M.  d'Hozier 
vient  d'écrire  au  seigneur  de  Puigaillard ,  vous  prouvera  , 
Monsieur  le  Comte,  tout  à  la  fois,  et  la  protection  ouverte  que 
le  prélat  accorde  au  soi-disant  du  Goût,  et  la  vérité  des  faits 
espozés  dans  le  mémoire. 

«  M'"s  de  Narbonne  et  moy,  qui  comme  enfants  de  deux 
sœurs  de  la  maison  du  Goût ,  n'avons  pas  obligation  à  M>" 
l'Evêque  de  Lescar,  de  soutenir  cet  usurpateur  condamné, 
ainsi  que  vous  l'aurés  vu  par  arrêt  de  la  Cour  des  aides  de 
Montauban ,  dans  sa  prétention  d'être  du  Goût.  Monsieur  le 
C'e  d'Esparbès  lui  en  auroit  moins  que  nous,  puisque  si,  à  la 
faveur  de  la  protection  qui  luy  fait  mettre  une  fille  à  S'  Gir  et 
obtenir  un  arrêt  du  Conseil,  il  parvenoit  à  se  faire  reconnaître 
du  Goût,  il  spolieroit  le  comte  de  sa  terre  de  La  Mothe  et  de 
celle  de  Bardigues,  qui,  vous  verres  dans  le  mémoire,  avoit  été 
portées  dans  sa  maison  par  une  du  Goût,  à  défaut  d'enfants 
maies. 

«  Que  M''  l'Evêque  de  Lescar  fasse  du  bien  au  sieur 
Lassagne ,  qu'il  emploie  son  crédit  pour  faire  placer  ses 
enfants  à  l'école  militaire,  ses  filles  à  S*^  Cir ,  c'est  un  bienfait 
digne  de  lui,  et  nous  ne  pouvons  que  l'approuver  ;  mais  qu'il 
le  fasse  sous  l'imposture  du  nom  de  du  Goût,  ma  maison, 
celle  de  Narbonne  et  celle  du  O^  d'Esparbès  sont  intéressées 
à  s'en  plaindre  ;  c'est  nous  donner  à  tous  une  mortification  , 
dans  le  moment  ou  tous  ceux  qui  sont  à  Paris  sont  invités  à 
la  signature  du  contrat  de  mariage  de  "SI.  votre  neveu  et 
parent. 

((.  Chef  de  la  maison  de  Grossolles  j'espère  ,  Monsieur  le 
Comte,  que  vous  accueillerez  ma  réclamation  et  la  ferés  passer 
au  Prélat  et  à  tous  messieurs  de  votre  famille. 

(c  J'ay  l'honneur  d'être  votre  très-humble  et  tres-obeissant 
serviteur, 

(L  Le  Ciicr  DE  Grossolles.  » 

'  M«'  de  Noé. 


EN  l'année  1787  315 

A  Monsieur 
Monsieur  de  Sainte  Marie  du  Bosc, 

Seigneur  de  Piiigaillard. 

«  Paris  le  21  Janvier  1784. 

«  Vous  avez  sceu  sans  doutte,  Monsieur,  que  l'année 
dernière  ni  trouvant  point  de  Noblesse  à  M.  Lassaigne,  dit  du 
Goût,  comme  commissaire  du  Roy  pour  les  preuves  de 
noblesse  des  Délies  de  S*  Cyr,  je  luy  reffusay  mon  certificat 
pour  l'entrée  de  sa  fdle  en  cette  Maison.  Vous  aurez  appris 
depuis  peu,  aussy  sans  doute,  que  néamoins  elle  y  est  entrée 
cette  année.  N'allés  pas  croire,  je  vous  prie,  que  ce  soit  d'après 
un  certifficat  de  moy  ;  je  ne  suis  pas  plus  dans  le  cas  cette 
année  de  luy  en  donner  un  que  je  n'y  étais  l'année  dernière  ; 
mais  on  a  forcé  la  main  à  M'"  d'Ormesson,  conseiller  d'état  et 
chef  du  Conseil  de  S^  Cyr  et  aux  dames  de  cette  maison,  et  ces 
dames  ont  été  obligées  de  la  recevoir  quoyqu'elle  ne  soit  pas 
noble  ;  c'est  le  premier  exemple  que  j'aye  veu  de  pareille 
chose.  Je  croyois  queM'"  l'Evêque  de  Lescar,  qui  est  le  protec- 
teur de  ce  M.  Lassaigne,  avoit  renvoyé  sa  fille  dans  son  pays, 
et  que  le  père  n'ozerait  jamais  revenir  à  la  charge  ;  il  paroit 
qu'aujourd'huy  l'on  oze  tout,  et  que  la  protection  fait  tout.  Je 
pense,  comme  vous,  Monsieur,  que  le  jugement  de  M. 
Legendre  du  28  Janvier  1700,  est  un  jugement  subreptice  et 
qui  devroit  être  cassé  puisqu'il  est  rendeu  sur  les  faux  titres 
que  l'on  m'a  produit  aussy.  Si  j'avois  voix  au  conseil,  il  le  seroit 
bientôt. 

«  Et  le  procès,  Monsieur,  ou  en  est-il?  j'ay  receu  le 
mémoire  que  vous  avies  fait  imprimer  à  ce  sujet  et  je  ne  scai 
par  ou  il  m'est  veneu  ;  ce  n'est  sûrement  pas  votre  adversaire 
qui  me  l'a  envoyé,  et  à  l'inspection  de  ses  titres,  à  leur  veue, 
j'ay  jugé  comme  vous,  et  je  ne  pense  pas  que  le  parlement 
puisse  y  être  trompé. 


316  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

«  Vous  ettes  sans  doute  étonné  de  me  voir  expliquer  ainsy 
devant  vous  ;  je  vous  avouerai  que  c'est  la  crainte  que  vous  ne 
me  cittiés  dans  vos  mémoires,  qui  me  le  fait  faire,  et  c'est  ce 
que  votre  avocat  feroit  si  vous  n'ettiés  pas  au  fait.  Mon  frère 
estcitté  dans  celuy  que  j'ay,  et  il  n'en  est  pas  plus  content  ;  il 
a  cru  d'après  le  jugement  de  ]\I>"  Legendre  pouvoir  donner  son 
certifficat,  surtout  ignorant  que  ce  jugement  peut  dans  le  cas 
être  attaqué,  et  la  vraie  extraction  de  M^  Lassaigne.  C'est 
selon  moy,  un  bien  mauvais  procès  qu'il  s'est  fait  la. 

«  Si  par  la  suitte,  Monsieur,  vous  pouves  me  donner  com- 
munication des  titres  que  vous  opposés  aux  siens,  vous  m'obli- 
geres  de  le  faire,  et  il  est  nécessaire  qu'il  y  en  ait  des  nettes 
dans  ma  bibliothèque  pour  nos  successeurs  comme  commis- 
saires du  Roy  en  cette  partie. 

((  Ne  sachant  ou  vous  rézidés,  j'adresse  ma  lettre  au  procu- 
reur qui  a  signé  votre  mémoire  et  qui  doit  être  le  votre. 

«  J'ay  l'honneur  d'être,  Monsieur,  votre  très  humble  et  très- 
obéissant  serviteur. 

D'HoziER,  le  président-juge  de  la  noblesse  de  France.  f> 

Paris,  dans  la  vieille  rue  du  Temple*.  » 

Cette  famille  de  Lassaigne  avait  longtemps  servi  dans  les 
armées  du  roi  et  y  avait  gagné  honneur  et  prolit. 

Guillaume  Lassaigne  du  Goût,  de  la  Mothe-Bardigues,  était 
capitaine  en  1552. 

Pierre  Antoine  du  Goût  de  Lacoste,  sieur  de  Lassa ignC;, 
neveu  du  précédent,  commandait  une  compagnie  de  gens  de 
pied  en  1580. 

Gabriel  du  Gouth  de  Lacoste,  sieur  de  Lassaigne,  lils  i\v 
Pierre  Antoine,  devint  capitaine  d'un  corps  de  cent  hommes 
levé  par  ordre  de  la  reine  Mère  du  Roi,  l'année  1620. 

Sylvestre  du  Gouth  de  Lassaigne,  capitaine  au  régiment 
d'Artois  (1667),  fut  tué  à  la  bataille  de  Trêves. 

'  Archives  de  La  Rochcttc-Manlay  (Côtc-d'Or). 


EN  l'année  1787  317 

Antoine  Jacques  du  Gouth  de  Lassaigne,  sieur  de  Vernon, 
était  maréchal  des  logis  dans  le  régiment  de  Picardie,  le  24 
juillet  1691. 

Jean  François  du  Gouth  de  Lassaigne,  officier  au  régiment 
d'artillerie  de  Bezançon,  fut  créé  chevalier  de  S^-Louis,  le  3 
février  1763. 

PVançois  Joseph  du  Goût  de  Montfort,  lieutenant  dans  le 
régiment  de  Flandres,  est  celui  dont  fait  mention  d'Hozier,  et 
le  protégé  de  Monseigneur  de  Noé,  évêque  de  Lescar. 

Dans  sa  défense  contre  ^lessieurs  de  Grossolles,  d'Esparbès 
et  de  Narbonne,  François-Joseph  du  Gouth  de  Montfort  prou- 
vait que  Pierre-Antoine  du  Gouth  (dit  de  Lacoste),  son 
trisayeul,  sieur  de  Lassaigne,  capitaine  au  régiment  de 
Guyenne,  mort  en  1584,  avait  pour  quatrième  ayeul,  Raymond 
Arnaud  II  de  Goth,  seigneur  de  Rouillac,  La-Mothe-Bardi- 
gues  et  Lieux,  époux  de  Ptousse  d'Astarac,  auteurs  communs 
des  de  Goth,  marquis  de  Rouillac,  des  du  Gouth,  seigneurs  de 
Lieux,  et  des  du  Gouth,  seioneurs  de  Lassaiç^ne.  Enfin  les 
armes  des  Goth-Lassaigne  étaient  les  mêmes  que  celles  des 
Goth-Rouillac,  d'or  à  trois  fasces  de  gueules  ^ 


'  Messieurs  de  Grossolles,  de  Narbonne  et  d'Esparbès  prétondaient  que  les  Golh- 
I.assaigne  avaient  un  fond  d'argent  à  leurs  armes,  et  non  d'or,  comme  les  anciens  Gotli, 
vicomtes  de  Lomagnc. 


318  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


AUVILLARS 


LE  S.  TERRET  DE  LISSAG 

Albert  et  Jourdain  de  Lissac  sont  mentionnés  dans  l'acte  du 
a  Scmimentum  comitatus  Tolosœy>  de  1271,  au  nombre  des 
seigneurs  nobles  du  baillage  de  Caraman. 

Bertrand  de  Lissac  fut  compris  parmi  les  possesseurs  de 
fiefs,  du  baillage  de  Laurac,  mentionnés  dans  le  même 
document. 

Jehan  de  Lissac  et  Janot  de  S'-Géry  étaient  hommes  d'armes 
à  la  revue  passée  près  de  Béziers,  en  1525. 

Tristan  de  Lissac  figurait  sur  le  rôle  de  la  compagnie  de 
Monsieur  de  Bellegarde,  le  4  Mai  1572. 

Jehan  de  Lissac  faisait  partie,  au  mois  d'avril  1582,  de  la 
montre  commandée  par  Monsieur  de  La  Valette. 

Sclarmonde  de  Lissac  fut  sous-prieure  de  l'abbaye  de  Lum- 
Dieu  de  Fabas,  au  diocèse  de  Comminges,  depuis  le  Ic'' 
novembre  1589,  jusqu'au  4  septembre  1644,  et  Jeanne  de 
Lissac  avait  été  infirmière  dans  le  même  couvent,  du  20  août 
140G  au  13  mai  1456. 

Jean  de  Tinel  se  qualifie,  le  29  avril  1685,  de  seigneur  de 
Lissac,  Florentin,  Escalquens  et  Moussons  ;  les  Nupces,  con- 
seillers au  Parlement  de  Toulouse  en  1504,  1521,  1554,  1635, 
16(30,  1676,  portaient  aussi  le  titre  de  seigneurs  de  Lissac.  Ils 
eurent  un  chevalier  de  Malte,  le  11  octobre  1704,  et  donnè- 
rent plusieurs  présidents  à  mortier,  au  même  parlement. 

Gaspard  de  Lissac,  seigneur  de  La  Tour  et  de  S'-Quentin, 
au  diocèse  de  Mirepoix,  ayant  fait  ses  preuves  de  noblesse 


EN  l'année  1787  319 

depuis  1565,  fut  maintenu  par  M.  de  Bezons,  le  16  novembre 
1669;,  comme  gentilhomme. 

Marguerite  de  Lissac  épousa,  vers  1673,  Guillaume  de  Noga- 
ret,  seigneur  de  Roqueserrière*. 

Antoine  Nupce  de  Lissac  était,  en  1773,  lieutenant-particu- 
lier honoraire  auprès  du  sénéchal  de  Martel,  à  Toulouse. 

Philippe  de  Bonfontan,  chevalier,  seigneur  et  baron  d'En- 
doufielle,  comte  du  Puy,  prenait  la  qualité  de  seigneur  de 
Labatut  et  de  Lissac,  en  1786. 

Les  armes  des  Lissac  sont  :  de  gueules  à  trois  épées  d'ar- 
gent, mises  en  pal. 

Pierre  d'Orbessan  -  possédait,  en  1699,  la  seigneurie  de 
Lissac,  au  pays  de  Foix. 


'  Armes  des  Nogaret  de  Roqucscrrière,  seigneurs  de  Gramogues  :  écartelé  aux  1"  et -i" 
d'argent  au  noyer  de  sinople,  au  chef  de  gueules  chargé  d'une  croisette  d'argent,  qui  est 
Nogaret  ;  et  aux  2'  et  3«  de  gueules  ù  sept  losanges  d'Hermine. 

'  Armes  des  d'Orbessan  :  écartelé  aux  !<='  et  -i»  d'azur  à  un  vase  d'or  à  la  bordure  de 
sable,  aux  2»  et  3»  de  gueules  au  lion  rampant  d'or,  lampassé  et  couronné  de  sable. 


320  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


AUVILLARS 


LE  S.  DE  LA  MOTHE- TERMES 

La  famille  de  La  Bartlie^,  comme  celle  de  La  ^lothe, 
joignait  à  son  nom  celui  de  Termes^  qui  était  une  seigneurie 
située  en  Agenais,  appartenant,  en  1544,  aux  Secondât  de 
Roquefort. 

Jean  de  La  Motlie,  seigneur  du  Sempuy,  avait  été  chargé, 
en  1288,  par  Raoul  de  Clermont;,  connétable  de  Nesle,  de 
remettre  les  clefs  du  château  du  Sempuy  et  de  la  ville  de 
Fleurance,  à  Gausbert,  abbé  de  S'-Maurice. 

Le  7  mai  1294,  Bernard  de  La  Mothe  assista  à  la  donation 
faite  par  Marquèse  de  Talayran  à  son  père,  de  la  vicomte  de 
Lomagne  pour  le  désintéresser  d'un  prêt  de  vingt  mille  marcs 
d'argent. 

Plusieurs  seigneurs  du  nom  de  La  iMothe  ont  figuré  dans  les 
guerres  du  xv^  et  du  xvi^  siècles. 

Bertrande  de  La  Mothe  était,  en  1607,  religieuse  au  cou- 
vent du  Paravis,  ordre  de  Fontevrault. 

Un  ancien  sceau  du  moyen  âge,  en  cuivre,  appartenant  jadis 
à  Monsieur  Boudon  de  S'-Amans,  et  représentant  S'-]\Lartin 
qui  se  dépouille  de  ses  vêtements,  pour  en  couvrir  un  pauvre  à 
ses  côtés,  portait,  parfaitement  gravée  et  très  lisible,  cette 
inscription  :  Sagel  Johan  de  Termes  prior  Diusac. 

Un  écusson,  chargé  de  trois  merlettes,  est  au  bas  du  sceau. 

'  L'ccussou  des  l.a  Barllic  était  :  érartolé  aux  l'-'"'  et  4»  d'or  à  i  pals  de  giunilos  (alias 
d'azur),  aux  2»  et  .')«  d'azur  à  3  flammes  cufuuiùcs  d'argent,  i)artant  du  pied  de  l'écu  (|ui 
est  de  Fumel.  Hiclstapp  blasoniic  ainsi  les  armes  des  La  Bartlic  :  d'or  à  4  pals  de  gueules. 


EN  l'année  1787  321 

Nous  ne  savons  ni  la  date  exacte  de  ce  sigillum,  ni  à  quelle 
famille  de  Termes  appartenait  ce  prieur  de  Diusac. 

En  1397,  Guillaume-Arnaud  de  Lamothe,  seigneur  de 
Roquetaillade^,  près  Langon,  rendit  hommage  à  Monseigneur 
Arnaud  de  Navailles^  seigneur  de  Peyre,  sénéchal  du  Béarn, 
député  à  cet  effet  par  le  comte  de  Foix,  suivant  acte  donné 
au  château  d'Orthez,  le  G  juin  de  la  même  année  K 

Le  blason  des  La  Mothe  d'Isault  était  :  d'argent  à  trois 
cyprès  de  sinople,  terrassés  de  même  et  posés  en  pal. 

Sous  le  second  Empire,  un  La  Mothe-Termes,  colonel 
d'infanterie,  s'est  distingué  pendant  la  guerre  d'Italie  ;  son 
frère  était  chef  de  bataillon. 


'  Archives  d'Orlhez. 


322 


NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


AUVILLARS 


LE  S.  DE  MONBRISON 

Le  nom  patronymique  de  cette  famille  est  Conquéré.  Elle 
ligure  sur  le  «  rôle  des  nobles  du  Languedoc  )>,  dressé,  en 
'15G0,  pour  l'appel  du  ban  et  de  l'arrière-ban,  et  possédait  les 
seigneuries  de  la  Cave  et  de  Combret.  A  la  fm  du  xvii°  siècle^ 
un  mai'iage  lui  apporta  la  seigneurie  de  Monbrison,  dont  elle 
prit  le  nom  qu'elle  a  porté  jusqu'à  ce  jour  •.  Riches,  consi- 
dérés, alliés  aux  Gervain,  La  Villestreux,  etc..  Messieurs  de 
Monbrison  ont  fait  construire,  dans  le  département  de  Tarn- 
et-Garonne,  non  loin  de  Moissac  et  d'Auvillars,  le  magnitique 
château  de  S^-Roch-le-Pin  -,  où  ils  ont  réuni  une  curieuse 
collection  de  meubles  anciens  et  de  nombreux  portraits  du 
xvic  siècle,  par  Porbus,  Clouët,  Holbein,  etc.. 

Les  armes  des  Conquéré  de  Monbrison  sont  :  d'argent,  au 
chevron  d'azur,  accompagné  de  trois  merlettes  de  sable. 

Les  Bernard  de  Monbrison  avaient  pour  blason  :  écartelé 
aux  1er  et  ¥  d'or  à  la  bande  d'azur  chargée  d'un  croissant 
accosté  de  deux  étoiles  d'or,  qui  est  de  Bernard  ;  aux  2^  et  ;> 
de  sable  à  la  tour  d'argent,  crénelée  et  maçonnée  du  même, 

qui  est  de  Monbrison  ancien. 

Il 
Devise  :  Brisons  tout. 

Mademoiselle  Françoise  do  Bernard  de  Monbrison  avait 
épousé  Messire  de  Agros,  conseiller  du  Roi  à  Lcctoure,  et  elle 
vivait  encore  le  29  octobre  1673. 


^  Klal  prrsciit  (le  la  Noblesse  riatiçaist". 

'  Sur  i'oinplaccmeiil  où  s'élevail  un  ancien  oratoire  portant  le  nu^mc  nom.  ♦ 

< 


EN  l'année  1787  323 

Monsieur  de  Monbrison,  de  Gasteljalouxi,  commandait,  en 
1784,  une  compagnie  dans  le  régiment  de  Limousin. 

Les  Conquéré  de  Monbrison  émigrèrent  à  la  révocation  de 
l'Edit  de  Nantes,  et  fondèrent  en  Hollande  un  rameau  qui  s'est 
éteint  récemment. 

Cette  maison  s'est  alliée  avec  les  Buisseret,  Colonne,  La 
Myre,  Ornano,  Pteusse,  d'Isarn,  ^lissy,  Pontbriant,  Vivons, 
Saint-Ferréol,  Chansiergues,  d'Astorg,  Casenove,  Oberkirch, 
Sariac,  etc.  Les  mémoires  de  la  baronne  d'Oberkirch,  née 
comtesse  de  Waldner-Freundstein,  ont  été  publiés  par  le  comte 
Léonce  de  Monbrison,  son  petit-fils.  ^lonsieur  Georges  de 
^lonbrison  a  donné,  en  187i,  une  curieuse  étude  sur  le  duc 
d'Epernon^  sous  ce  titre  :  «  Un  Gascon  du  XVI^  Siècle,  d 

Jenny-Adrienne  Conquéré  de  Monbrison,  d'Auvillars,  avait 
épousé  Adrien  de  Vivons  (frère  du  vicomte  de  Vivons), 
auteur  de  1'  a.  E crin  littéraire  et  philosophique  ».  (Toulouse, 
1820,  in-12.) 

La  seigneurie  de  Monbrison  avait  appartenu  à  l'abbaye  de 
Belleperche,  et  à  la  famille  de  Montech,  dès  1300.  Jacques  de 
^lercier  succéda  à  Guillaume-Arnaud  de  Montech,  et,  le  9  mai 
1575,  les  sieurs  de  Lamyre,  de  Long  et  Petit  s'en  rendirent 
acquéreurs.  Jean  de  Lamyre,  seigneur  de  Merles,  vendit  sa 
pai't  à  Jean  d'Isalguier,  seigneur  du  Pin  ;  cette  partie  revint 
ensuite  à  Hérard  de  Chastenet,  seigneur  de  Barast  et  de 
Merles,  tandis  que  Pierre  de  Long  et  Daniel  de  Petit,  seigneur 
de  Monbrison,  avaient  les  deux  autres  tiers.  Henry  de  Petit 
était  encore  seigneur  de  Monbrison,  en  1701.  Jean  Conquéré 
de  Lacave  lui  succéda  vers  1736,  et  Henry  Conquéré  de  Mon- 
brison en  1778  -. 

Le  Pin  dépendait  aussi  de  l'abbaye  de  Belleperche;  il  passa 

'  Juan  (lu  CdiKniûrù  ilu  la  Cave,  suigncur  du  .Muiihiisoii,  assista,  lo.  8  IVvriur  ITÔG,  ad 
1  baptême  de  Joseph-Nicolas  de  S'^-Colonibe,  sui^-'Hcur  de  Hoissomiade  et  d'Astugne, 
I        célébré  à  Layrac. 

■^  Moulenq. 


3^24  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

aux  Isalmiier,  qui  le  vendirent,  vers  mO,  à  Arnaud  de  Gros- 
colles,  seioneur  d'Angeville;  son  fils,  François,  céda,  en  16/1, 
le  Pin  à  Ravmond  d'Aldégiiier,  conseiller  au  Parlement  de 
Toulouse.  Cette  terre  passa  plus  tard.  à^Jean-Louis  de  Gatelan, 
(jui  s'en  qualifie  seigneur  de  1734  à  1743  ^ 


W 


*  Moulenq. 


EN  l'année  1787  325 


AUVILLARS 


LE  S.  DESPAYROUX 

Le  7  avril  1331,  Gaillard  de  Léaumont  rendit,  en  la  cité  de 
Lavit-lez-Lomagne,  au  comte  d'Armagnac,  pour  la  ville  de 
Puygaillard,  sept  parties  de  Mauroux,  l'intégralité  de  Framiac, 
la  moitié  de  Gaudonville  et  de  Pessoulens. 

Espain  d'Espayroux  assista  à  cet  hommage,  avec  le  sire  de 
Montpezat  et  plusieurs  autres  seigneurs. 

Bertrand  d'Esparros,  ou  Despayroux,  faisait  partie  de  la 
compagnie  de  Thibaut  de  Barbasan,  capitaine  de  Gondom 
et  de  Montréal,  qui  fut  passée  en  revue  dans  le  Condomois, 
le  26  novembre  1352. 


326  NOBLESSE   DE   LOMAGXE 


ESTILLAC 


LE  S.  MARGON  DE  LANDAS 

Noble  Léonard  Christophe  du  Grez,  assisté  de  noble 
Pierre  du  Grez,  son  grand-père,  épouse,  le  7  février  1550, 
devant  Monsieur  Denissort,  notaire  à  Nérac,  dame  Iphigénie 
^larcon  de  Pousset,  fdle  légitime  de  noble  homme  Bernard 
Marcon  de  Pousset,  qui  avait  servi,  avec  la  qualité  de  a  Noble 
cavalier  commandant  cent  autres  nobles  ))^  et  de  Catherine  du 
Déhès.  Dans  ces  pactes  de  mariage,  il  est  formellement 
stipulé  entre  les  parties  que  «  le  premier  donzel  (damoiseauj, 
né  du  dit  mariage,  portera  éternellement  le  nom  de  Marcon 
de  Pousset,  et  l'autre  fils  aura  le  nom  de  Marcon  ou  de  du 
Grez,  ou  les  deux  noms  réunis  ^ 

Deux  fils,  Jean  et  Pierre,  nés  de  ce  mariage,  suivirent  la 
carrière  militaire.  L'aîné,  noble  Jean  Marcon  de  Pousset,  capi- 
taine d'une  compagnie  de  cent  hommes,  était,  en  juillet  1570, 
gouverneur  du  château  d'Estillac;  son  frère,  Peyré  (ou  Pierre) 
du  Grez,  devint  premier  lieutenant  du  capitaine  Fabien  de 
Moiduc,  qui,  dans  une  lettre  du  21  juillet  1570,  rend  compte 
à  Monsieur  Marcon  de  Pousset,  de  la  mort  de  son  frère, 
a  écrasé  d'un  coup  d'arquebuse  y>.  Cette  lettre  constate  en 
termes  glorieux,  «  les  vertus  guerrières  et  la  noble  origine  de 
la  famille  Marcon  de  Pousset  et  de  Landas  y>. 

Le  10  août  1563,  Biaise  de  Mansencome  acheta  des  terres, 
prés  et  vignes,  proche  Estillac,  à  Monsieur  Jean  Fonfrède,  qui 
les  avait  précédemment  ac(iuises  de  Jean  Marcon  de  Pousset^. 

'  Archives. 

*  J.  de  Bourrousse  de  Laffore. 


Ei\  L'A^•^•ÉE  1787  327 

Les  Landas,  vicomtes  de  Fleurival  (depuis  1603),  étaient 
des  gentilshommes  de  Flandres,  éteints  de  nos  jours, 
issus  des  anciens  sires  de  Mortagne;  ils  figuraient  à  la 
croisade  de  1190. 

L'écusson  d'Othon  de  Landas,  créé  chevalier  en  1662,  était  : 
coupé,  emmanché  d'argent  et  de  gueule,  de  dix  pièces. 


328  ^'OBLESSE   de   LOMAGxNE 


FLEURANCE 


LE  S.  DE  BORISTA 

Joseph  de  Borista,  procureur  au  Parlement,  habitait,  en 
1685,  la  ville  de  Toulouse. 

Géraud  de  Borista,  prêtre,  avait  fondé,  le  2  octobre  1686, 
la  chapellenie  de  Notre-Dame-de-Pitié,  au  lieu  appelé  La 
Garde,  près  la  ville  de  Fleurance,  dans  le  comté  de  Gaure  ^ 

Joseph  de  Borista-La-Garde  porte,  dans  un  acte  du  10  juil- 
let 1734,  le  titre  de  «  Seigneur  de  Marturens  en  la  jiiridiction 
de  Fleurance  au  comté  de  Gaure,  dcms  le  pays  cV Arma- 
gnac^ ». 

Monsieur  de  Borista,  archidiacre  (1789),  sous  Tépiscopat  de 
Monseigneur  Appollinaire  de  La-Tour-du-Pin-Montauban,  se 
trouvait,  en  1821,  être  le  doyen  du  chapitre  d'Aucli. 

Les  Borista  ont  eu  deux  alliances  avec  la  famille  d'Esparbès, 
une  des  plus  connues  de  la  Gascogne. 

Mathieu  Borista,  propriétaire  à  Réjaumont,  canton  de  Fleu- 
rance, fut  désigné  le  20  juillet  1811,  par  le  procureur  impérial 
près  le  tribunal  d'instance  de  l'arrondissement  de  Lectoure, 
[)0ur  remplir  les  fonctions  du  ministère  public,  dans  les  com- 
munes, non  chef-lieu,  du  département  du  Gers. 

N.  de  Borista,  mariée  avec  un  sieur  d'Esparbès,  eut  un  (ils, 
Mathurin,  Lucien  d'Esparbès,  qui  épousa,  le  24  mai  1867, 
Marie,  Caroline,  Berthe  de  la  Verrie  de  Vivant. 


'  1)1)111  llrugcllcs. 

■■'  Archives  du  diàlcau  du  Bosc,  près  Pauillac  (Gers) 


EN  l'année  1787  329 


GRAMONT 


LE  S.  DE  GAURAN 

Gayssie  et  Géraud  de  Gauraii  se  trouvent  cités  au  nombre 
des  notables  habitants  de  la  ville  de  Gondom,  le  6  janvier 
1338. 

En  1628,  Jean  de  Gauran  était  magistrat  royal  d'Auvillars. 

Jean-Paul  (ou  Pons)  de  Gauran  fut  capitoul  de  Toulouse, 
en  1675  et  1691. 

Bernard  de  Gauran^  conseiller  au  Parlement  (Languedoc), 
de  1727  à  1776,  avait  succédé  dans  sa  charge,  à  son  père, 
Guillaume-Augustin  de  Gauran,  qui  l'avait  occupée  de  1695 
à  1723. 

Monsieur  de  Gauran  faisait  partie,  en  1778,  du  Jjureau  des 
finances  de  la  Généralité  d'Aucli. 

Jean  de  Gauran,  conseiller  du  Roi  et  son  lieutenant-parti- 
culier dans  la  sénéchaussée  et  cour  présidiale  d'Armagnac, 
siégeant  à  Lectoure,  passait,  vers  1789,  pour  un  des  légistes 
les  plus  instruits  de  la  province. 

Messire  de  Gauran,  avant  la  Révolution,  grand-vicaire 
de  Monseigneur  de  Gugnac,  évêque  de  Lectoure,  fut  le  der- 
nier supérieur  du  Garmel  de  cette  ville,  de  1765  à  1793. 

La  famille  de  Gauran,  qui  existe  encore  dans  la  Guyenne, 
s'est  alliée  aux  Balzac,  Portets,  S^-Géry,  S^-Michel,  etc. 

Elle  a  pour  armes  :  d'azur  à  trois  flèches  d'argent,  posées 
en  pal. 


330  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


LAYRAC 


LE  s.  LAFFOND 

Dans  un  armoriai  des  maisons  nobles  de  la  vicomte  de 
Bruilhois,  dont  La  Plume  était  le  chef-lieu  de  justice  bailla- 
gère,  et  Layrac  la  ville  la  plus  importante,  on  lit  qu'une 
famille  Laffond,  de  Layrac,  avait  pour  armes,  avant  1790,  un 
écusson  qui  portait  :  d'argent  à  la  bande  de  gueules. 

Les  Lafon,  sieurs  de  Montplaisir  et  La  Bastide,  s'étaient  alliés 
aux  Sabaros  (1686),  aux  Groussou,  aux  La  Salle  d'Astorg  de  la 
Chapelle  (1763)  i. 

Estrange  de  Lafond,  mariée  avec  Jehan  de  Godailh,  seigneur 
d'Arasse,  receveur  des  tailles  d'Agenais,  donna  sa  fille,  le  23 
juillet  1600,  à  Messire  Gratien  de  Roussanes. 

On  trouve,  en  1517,  Jean  de  Lafont  parmi  les  habitants  de 
Lectoure  assemblés  pour  régler  les  taxes  de  la  cité  ;  Guilhem 
de  Lafont  est  désigné  comme  citoyen  de  cette  ville,  en  1481 
et  1483. 

Il  y  avait  eu  à  Toulouse  plusieurs  capitouls  du  nom  de 
Lafon  et  Lafont  (1296,  1558,  1563,  J600,  1714),  qui  portaient 
pour  armoiries  :  d'azur  à  la  bande  d'or,  au  chef  cousu  de 
gueules,  chargé  d'un  soleil  rayonnant  d'or,  accosté  de  deux 
molettes  d'éperon  d'argent.  Ils  furent  confirmés  dans  leur 
noblesse,  par  Monsieur  Le  Gendre  de  Lormoy,  intendant  en 
la  Généralité  de  Montauban,  le  26  décembre  1700. 

Les  Lafont  de  Garagoudes,  seigneurs  de  Cédais,  S^-Rustice 

'  J.  do  Bounousse  de  LalTorc. 


EN  l'année  1787  331 

et  Castelnove-en-Rouys,  firent,  le  4  avril  1689,  le  dénombre- 
ment de  leurs  fiefs  nobles  devant  les  capitouls  de  Toulouse. 

Ils  avaient  été  reconnus  nobles  par  jugement  de  Monsieur 
Bazin  de  Besons,  le  13  septembre  1669. 

Le  baron  André  de  Laffont^  de  Layrac,  servit  avec  distinc- 
tion sous  l'Empire  et  la  Restauration,  et  mourut  en  1844  *. 


'  '(  Quelques  soldats  Agenais,  du  xvii«  au  xix«  Siècle  )>,  par  Jules  Andrieu. 


332  NOBLESSE   DE   LOMAGN'E 


MANSONVILLE 


LE  S.  LAGARRIERE 

^lansonville  avait  eu  pour  seigneurs  les  Mansonville  (1215), 
les  Jourdain  de  L'Isle  (1378),  les  Goth  (1633),  les  Lescout  pour 
une  partie  de  la  seigneurie  (1613),  les  Causséa  (1688),  les 
Martin,  les  La  Chapelle,  les  Marsac  et  les  Yésins. 

((  Le  livre  terrier  et  cadastre  du  lieu  de  Mansonville  pour 
l'année  1599,  par  le  Grefiier  de  TElection  de  Loumaigne, 
comme  détempteur  d'iceluy,  et  signé  par  luy,  Lauzero  )^,  cite 
Messire  Adrian  de  Monluc,  comte  de  Garmain,  seigneur  de 
La  Garrière  et  autres  lieux  en  la  juridiction  de  Mansonville, 
comme  possesseur  de  divers  biens  «  limitrophes  des  terres  de 
La  Chapelle,  et  du  seigneur  de  Roumegas,  proche  de  la 
rivière  de  Larraxe  ». 

Les  évêques  de  Lectoure  avaient  à  Mansonville  une  maison, 
où  ils  se  rendaient  pour  surveiller  les  propriétés  qu'ils  possé- 
daient dans  les  environs.  (Acte  du  23  mars  1481)  -. 

Guillaume  de  Caponel,  sieur  de  la  Garrièi-e,  et  Michel  de 
Causséa,  sieur  de  Monvoisin,  étaient,  le 9  juillet  1688,  seigneurs 
de  Mansonville.  Kn  1708,  Ignace  de  Martin  leur  succéda  ; 
mais,  en  1779,  Jean-Michel  de  Monvoisin,  descendant  de 
Michel  de  Causséa,  avait  le  titre  de  seigneur  de  ^lansonville 
et  du  Bosc;  enlin,  Jean  de  Redon-,  (par  son  mariage  en  1742, 

'  Moulcnq. 

-  Jean  tlv.  Hodoii  acquit  aussi  la  seigneurie  de  La  Chapelle,  en  1756,  de  François  de 
Fcrron,  qui  la  tenait  d'Henriette  de  Grossolles  de  Flaniarens,  femme  d'Asdubral  de 
Ferron,  .seigneur  de,  Carbonieux  (1072). 

Il  y  avait,  en  I77"2,  trois  seigneurs  à  La  Chapelle,  Monsieur  de  Fourquevaux,  Monsieur 
Bclloc  de  Labroussc  et  Monsieur  Thomas  Laclaveric,  avocat  au  Parlement  *.  L'église  de 
La  r.hapelle  fut  ré|)aréc,  en  1776,  par  les  alibés  de  Goulard  qui  y  Tirent  placer  de  belles 
boiseries.  (Archives  de  Tarn-ct-Oaronne,  jiar  Monlenq.) 

Monsieur  Laclaveric  lit  partie  des   Membres  du  Tiers-Etat  réunis  à  Lectoure   pour 
l'Assemblée  de  la  Généralité,  en  1787  et  1788. 


EN  l'année  1787  333 

avec  Jeanne  du  Goiit),  et  jMari^ueiite  de  Redon  (comme  héri- 
tière de  Jean  de  Vesins,  son  mari),  étaient  seigneurs  de 
Mansonville,  avant  Sébastien  de  Redon  des  Fosses,  leur 
neveu,  et  Marc-Antoine  de  Redon  de  Monplaisir,  désignés 
comme  seigneurs  du  dit  lieu  dans  le  procès-verbal  de  l'Assem- 
blée des  trois  ordres  de  la  sénéchaussée  d'Agenais^  en  1789. 

La  famille  de  Reversât  de  Célès  de  ^larsac,  dont  le  château 
patrimonial  s'élève  sur  une  hauteur  entre  S^-Glar,  Flamarens 
et  Mansonville,  habita  longtemps  le  Rieutort,  près  d'Auch, 
ancien  rendez-vous  de  chasse  des  ducs  de  Roquelaure. 

Melchior,  François  de  Reversât  de  Célès,  conseiller  au 
Parlement  de  Toulouse,  avait  acquis  la  seigneurie  de  Marsac, 
en  1741,  de  Pierre  d'Auterive^,  conseiller  au  même  Parlement. 
Son  père  la  tenait  de  Jean,  Louis  de  Rochechouart,  marquis 
de  Faudoas,  héritier,  vers  1677,  de  Jean-Louis  d'Astarac,  sei- 
gneur de  Fontrailles  et  sénéchal  d'Armagnac. 

Les  Goth,  souche  de  la  maison  des  ducs  d'Epernon  et  des 
marquis  de  Rouillac^  résidaient  à  Rouillac,  vieux  manoir 
assez  bien  conservé,  près  de  Mansonville,  entre  Miradoux, 
Gastet-Arrouy  et  S'^-Mère. 

«  Anne  de  La  Chapelle  *  avait  épousé  noble  Jean-Marie  de 
Prugue,  d'une  bonne  et  ancienne  famille  des  Lannes  ;  leur 
fils,  François  de  Prugue,  était  né  le  22  novembre  1682.  A  cette 
époquO;,  Jean  de  Prugue  était  lieutenant-colonel  et  maréclial- 
général  des  logis  de  la  cavalerie  ;  il  avait  eu,  de  sa  femme, 
Catherine  de  Juge,  un  fils,  qui  fut  baptisé  en  1680.  Le  parrain 
fut  Jacques  Arnaud  de  Gourgues,  marquis  de  Vayres^,  conseiller 
du  Roi  en  ses  Conseils,  maître-ordinaire  des  requêtes  de  son 
hôtel,  à  Paris. 

Les  Prugue  avaient  contracté  des  alliances,  dans  les  Landes 
et  le  Maransin,  avec  les  Beauregard,  Castelnau,  La  Salle, 
Valier,  Cap  tan,  Vidàrt,  etc..  Ils  étaient  seigneurs  de  Baquera, 
Gaillau,  Micarrère,  Cézeron  et  autres  places-  ». 

^  Armes  des  La  Cliapcllc  :  de  gueules  à  la  fascc  (nierminc.  (Gcnouillac.) 
2  Armoriai  de  Cauna. 


334  ^'OBLESSE   DE   LOMAGNE 

Noble  Augustin  de  Vesin  ^,  fils  de  noble  Jean  de  Yesin, 
seigneur  de  S^-Michel ,  et  d'Anne  du  Lau,  était,  le  9  novembre 
1694,  seigneur  de  Mansonville.  Sa  sœur,  Louise  de  Vesin, 
avait  épousé,  le  26  janvier  1684,  Jean-Jacques  de  Grossolles, 
seigneur  d'Asques,  dans  le  château  noble  de  S'-Michel;,  au 
diocèse  et  sénéchaussée  de  Lectoure  ^^. 

La  famille  de  Lagarrière,  ancienne  et  honorable,  s'est  perpé- 
tuée à  Mansonville  jusqu'à  nos  jours.  Elle  était  parente  des 
S'-Géry  et  d'autres  bonnes  maisons  du  pays. 

Non  loin  de  Mansonville  s'élève,  à  Gaudonville,  le  sanc- 
tuaire de  Notre-Dame  de  Tudet,  que  le  poète  gascon  d'Astros 
appelle  «  la  tutèle,  lou  boulouard,  l'abric  et  lou  refuge  deu 
praube  gascoun  ».  La  première  chapelle  fut  élevée  par 
Vivian  II,  vicomte  de  Lomagne,  entre  1152  et  1178.  Henry  II, 
roi  d'Angleterre  et  vicomte  de  Lomagne,  comme  duc  d'Aqui- 
taine, construisit,  à  l'ouest  de  cette  chapelle,  une  église 
monumentale  dans  le  style  Bysantin.  Vers  1617,  les  Pères  de  la 
doctrine  chrétienne  desservaient,  avec  la  chapelle,  les  églises 
paroissiales  de  Gasteron  et  de  Gaudonville.  Plusieurs  grands 
personnages  visitèrent  le  sanctuaire  de  N.-D.  de  Tudet, 
entr'autres,  Louis  XIII,  Anne  d'Autriche,  une  grande  partie 
de  la  Noblesse  du  Midi  de  la  France,  et  les  habitants  des 
localités  environnantes,  telles  que  Lectoure,  Fleurance, 
Si-Clar,  Lavit- en -Lomagne,  Tournecoupe,  Pessoulens  et 
Bezan;  l'édifice,  réparé  en  1874,  a  été  béni,  le  29  mai  1877, 
par  i\fonseigneur  de  Langalerie,  archevêque  d'Auch,  au  milieu 
(l'un  immense  concours  de  fidèles 3. 


^  Augiislin  (le  Vusiii  avait  |ioii!-  fiMiiiiic  Mai'^iii-iiti'  de  Rcilon,  lille  d'Ailrii'ii  do  Hodoii, 
seigneur  de  Las  Fosses,  et  de  iMaiie  de  lioissoiiiiade,  de  la  ville  d'Apjen. 

2  l'aiini  les  lémoiiis  se  trouvaient  : 

Jean  de  Causséa,  seigneur  de  Mauvezin,  Jacques  de  La  Salle  il'Astor^,  Pierre  Rogout, 
curé  du  Castera,  Monsieur  de  Lussan,  seigneur  de  la  Motlic,  noble  Micliel  du  Uouzet, 
seigneur  du  Castera,  Jacques  de  Causéa,  ald»é,  Henriette  de  Pordéac,  etc. 

3  Semaine  Religieuse  d'Auch  [1886). 


EN  l'année  1787  33" 


PLIEUX 


LE  S.  DUCASSE 

Bernard  Ducasse  était,  le  6  février  1634,  chanoine  de 
l'église  cathédrale  S'-Gervais,  de  Lectoure. 

Jean  Ducasse,  marié  avec  Marie  de  Laborie,  avait  été 
nommé  président  au  sénéchal  d'Armagnac. 

François  Ducasse,  vicaire-général  et  oflicial  de  Monseigneur 
de  Grignan,  évêque  de  Garcassonne,  puis  de  Monseigneur  de 
Matignon,  et  enfin  de  Monseigneur  de  Millon,  évêques  de  Gon- 
dom,  chanoine  et  grand  archidiacre,  né  à  Lectoure,  en  1640, 
fut  un  célèbre  canoniste.  A  sa  mort,  le  30  janvier  1706, 
son  neveu,  -Pierre  Ducasse,  occupait  son  canonicat.  Ge  dernier 
avait  adressé  une  épître  dédicatoire  à  M^''"  L.-J.  Adheimar  de 
Monteil  de  Grignan,  évêque  de  Garcassonne,  placée  en  tête 
du  «  Traité  des  droits  et  des  obligations  des  chapitres  des 
églises  cathédrales^  ». 

Joseph  Ducasse,  sieur  du  Mirail,  assista,  le  19  avril  1670, 
au  mariage  d'Anne  Dubois,  avec  E.  de  Rangouse. 

Noble  Bernard  du  Gasse,  seigneur  du  Mirail,  rendit  foi  et 
hommage  en  son  nom  et  au  nom  de  sa  femme,  Elisabeth  de 
Joly  d'Esclarens,  au  duc  de  Bouillon,  pour  sa  maison  noble 
de  Gamine,  le  15  mai  1721.  Antoinette  Ducasse,  leur  fille, 
héritière  de  la  maison  noble  de  Mont-Garnine,  épousa,  le  9 
août  1758,  François  Brocas,  seigneur  de  la  Nauze.  Le  13  mars 
1728,  noble  Pierre  Henry  de  Brocas,  sieur  de  Las  Grézières, 
cadet-gentilhomme  dans  le  régiment  de  Santerre  (1720),  s'était 

'  Veuve  Boude,  Toulouse  1706. 


336  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

uni  en  mariage  avec  Jeanne  du  Casse,  fille  de  Noël  du  Casse, 
sieur  de  Las  Hontines  K 

En  1789,  l'abbé  Ducasse,  curé  de  Castera-Lectourois,  repi^é- 
senta  à  Lectoure,  lors  de  l'Assemblée  des  trois  ordres,  tenue 
au  mois  de  mars,  Monsieur  l'abbé  de  Coucy,  prieur  de 
Stc_Madeleine  de  Soudary. 

Le  16  mars  1790,  le  sieur  Ducasse  de  la  Salle  était  procu- 
reur-fondé de  Monsieur  de  Beauffort,  à  la  réunion  des  trois 
ordres,  séant  à  Lectoure. 

Une  famille  Ducasse  habitait,  au  commencement  du  xyiii^^ 
siècle,  la  ville  d'Arzacq,  dans  les  Landes,  Elle  portait  pour 
écusson  :  aux  1^1-  et  ¥,  d'argent  au  chêne  de  sinople,  aux 
•2°  et  3'',  de  gueules  à  trois  couronnes  d'argent  -. 

Pierre  de  Langon,  fils  de  Jean  de  Langon,  procureur  du  Roi 
dans  les  villes  d'Aire  et  du  ]Mas,  et  de  noble  Marie  Deschars, 
épousa,  en  1727,  demoiselle  Catherine  Ducasse,  fille  de  Charles 
Ducasse,  sieur  de  Peyran,  homme  d'armes.  Cette  maison  s'est 
éteinte  il  y  a  quelques  années. 

La  plus  illustre  des  diverses  familles  du  Casse  est  celle  des 
du  Casse-Lartigue,  qui  a  fourni  un  vice-amiral,  grand-croix 
de  l'Ordre  de  S'-Louis,  sous  Louis  XIV,  un  maréchal  des 
camp  et  armées  du  Roi,  en  1780,  et  d'autres  personnages  émi- 
nents.  Elle  descendait  de  Raymond,  Arnaud  du  Casse  qui 
rendit  hommage,  le  29  octobre  1598,  dans  la  sénéchaussée  de 
Toulouse  pour  sa  seigneurie  de  Larbout^  et  elle  s'est  alliée 
aux  Botet  de  la  Gaze,  Menou,  La  Faye,  etc. 

Ses  armes  étaient  :  d'or  à  la  rencontre  de  cerf  de  sable. 


I 


'  (iénéalogic  de  llrocas,  nobiliaire  ilo  Guycmic. 

'  Les  barons  du  Casse,   de  Chanteloup   (Sarllie),  anoblis  par  l'empire,  avaient  pour 
armes  :  d'azur  au  chènc  arraché  et  fruité  d'or,  à  1  branches,  passées  en  sautoir. 
•'  Revue  de  Gascoijne,  Lupiac,  par  D.  de  Thézan. 


EN  l'année  1787  337 


LA  PLUME 


LE  S.  BONNOT 

On  trouvait,  dans  la  vicomte  deBruilhois,  plusieurs  bran- 
ches des  Bonnot  ;  elles  descendaient  toutes  de  noble  François 
de  Bonnot,  seigneur  d'Aurignac,  près  de  Lectoure,  marié  en 
1540,  qui  tirait  son  origine  de  noble  Louis  de  Bonnot  et  de 
Huguette  de  Bellemanières,  habitant  Viviers,  dès  14G0. 

Les  Bonnot  du  Languedoc  avaient  pour  armes  :  d'azur  à 
trois  croisettes  d'argent  posées  2  et  1 ,  au  chef  cousu  de 
gueules,  chargé  de  trois  étoiles  d'or,  (D'Hozier.)  D'autres 
Bonnot  portaient  :  écartelé  aux  1er  et  4^  d'azur,  à  trois  croiset- 
tes d'argent  rangées  en  fasce  ;  aux  2^  et  3<5  de  gueules  à  trois 
losanges  d'or  (ou  d'argent)  posés  en  fasce  [cachet  de  famille]^. 
Enfin  plusieurs  membres  des  Bonnot  avaient  dans  leur  bla- 
son trois  bandes  de  gueules,  accompagnées  de  trois  losanges 
de  sable,  sur  fond  d'or. 

A  la  revue  passée  à  Condom,  le  30  mai  1560,  Charles  de 
Bonnot  est  cité  comme  enseigne. 

Suzanne  de  Bonnot,  fille  de  noble  Hercule  de  Bonnot, 
seigneur  de  La  Tuque,  et  de  dame  Catherine  de  Beaumont, 
fut  mariée,  le  9  juillet  1634,  avec  François  I'^''  de  Bazon-,  lils 
de  Charles  de  Bazon,  seigneur-baron  de  Beaulens  et  de  Ber- 
thoumieux,  çfentilhomme  de  la  chambre  de  la  Beine  Marque- 
rite  de  Valois. 

Marie  -  Victoire   de  Bonnot ,    fille   de    messire   Charles    de 

'  Nobiliaire  de  Guyenne. 

^  Armes  des  Bazon  :  d'azur  au  rocher  de  trois  coupeaux  d'argent,  soutenu  de  deux  fasccs 
abaissées  de  gueules  et  accompagne  en  chef  de  deux  étoiles  d'or. 

22 


338  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Bonnot,  sieur  de  S*-Maiirice,  avait  épousé  noble  François  de 
Bernard,  seigneur  de  Rozès,  co-seigneur  de  Dolmayrac,  lieute- 
nant au  régiment  d'Aunis.  Leur  fille  aînée,  Pauline  de 
Bernard,  donna  sa  main  à  j\Iarc-Antoine  de  Mellet,  marquis 
de  Bonas. 

Marie  de  Bonnot,  seconde  fille  de  Charles  de  Bonnot- 
S'-]\Iaurice,  se  maria  avec  le  chevalier  de  Lécussan  (Paulin 
François  de  Bernard),  lieutenant  au  régiment  d'Aunis  et  maire 
de  La  Plume. 

Noble  François  Léon  de  Bonnot,  fils  de  Guillaume  de 
Bonnot,  brigadier  des  gardes  du  corps,  chevalier  de  S^-Louis, 
épousa  Jeanne,  Marie  de  Barbier  de  La  Serre;  leur  fils,  Léon 
de  Bonnot,  s'unit  successivement  avec  deux  demoiselles  de 
Cours,  descendantes  de  François  de  Cours,  seigneur  de  Thoma- 
zcau,  Puyguiraud  et  de  dame  de  Secondat-La-Perclie  ^ 

En  1789,  Monsieur  de  Bonnot  assista  aux  réunions  de 
l'Assemblée  de  la  Noblesse,  tenues  dans  la  salle  du  Gouver- 
nement de  la  ville  de  Lectoure  ;  un  autre  sieur  de  Bonnot 
était  présent  à  l'Assemblée  des  trois  ordres,  séant  à  Condom, 
la  môme  année. 

Madame  de  Bonuot-La-Tuque-de-Lespinasse  avait  désigné 
Monsieur  de  La  Roche  pour  son  procureur-fondé  à  la  réunion 
des  trois  Ordres,  à  Lectoure,  le  16  mars  1790,  et  Monsieur  de 
Bonnot,  tuteur  du  sieur  de  Las,  fut  chargé  de  représenter 
Monsieur  de  Grossolles  de  St-Martiii. 


'   Nobiliaiif  de  (inyonnc. 


EN   L'ANiNÉE   1787  339 


LA  PLUME 


LE  S.  DE  ROMAS 

Ramon  de  Romas,  consul  d'Aiich,  escortait  François  de 
Glermont-Lodève,  cardinal  et  archevêque  d'Aucli,  lors  de 
son  entrée  dans  sa  ville  métropolitaine,  le  16  octobre  1512. 

Jacques  de  Romas  était,  avant  1762,  conseiller  du  Roi, 
lieutenant-particulier,  assesseur  civil  et  criminel  au  sénéchal 
et  siège  présidial  d'Albret,  dans  la  ville  de  Nérac;  c'est  à  lui 
qu'est  duC;,  en  1753,  avant  Franklin,  l'invention  du  cerf-volant 
électrique,  et  il  publia  le  récit  de  son  travail  dans  un 
((  Mémoire  sid'  les  moyens  de  se  garantir  de  la  foudre  dans 
les  Maisons,  suivie  d'une  lettre  sur  Vinuention  des  cerfs-volants 
électriques  y> .  Bordeaux,  1776,  in-12  ^ 

Grâce  au  zèle  de  Monsieur  le  baron  de  Frère  de  Peyrecave, 
châtelain  de  Marteret,  près  Jegun,  une  plaque  de  marbre  a  été 
placée,  de  nos  jours^,  à  Nérac_,  sur  la  maison  où  naquit,  habita 
et  mourut  Jacques  de  Romas,  avec  cette  inscription  :  «  Au 
précurseur  et  au  rival  de  Fra^iklin  y>.  Le  portrait  de  Jacques 
de  Romas,  le  seul  qui  existe,  se  trouve  au  musée  de  Nérac. 


'  Il  existe  de  Romas  une  correspondance  avec  Tourny  et  le  maréchal  de  Richelieu,   sur 
une  école  de  physique  expérimentale  et  de  mathématiques  projetée  par  l'intendant. 


340 


NOBLESSE   DE   LOMAGNE 


LA   PLUME 


LE  S.  GALE  Y 


D'après  les  registres  terriers  de  la  ville  de  Laplume,  noble 
Jean  Galle  du  Brana,  éciiyer,  possédait,  en  1781,  au  faubourg 
S'-Michel,  deux  maisons  avec  jardins,  pigeonnier,  vignes 
et  pré. 

Noble  Jacques  de  Galle,  écuyer,  ancien  garde  du  corps  de 
Sa  Majesté,  chevalier  de  l'Ordre  Royal  et  militaire  de  S'-Louis, 
habitait  vers  la  môme  époque,  la  paroisse  de  Plaissac,  et  il 
avait  diverses  pièces  de  terre  à  Pouzergues,  Haget,  S^-Sernin 
et  Simon.  Sa  parente,  Mademoiselle  de  Galle,  occupait,  près 
de  Moirax,  une  maison  avec  métairie,  enclos,  jardin,  pré,  bois, 
vignes  et  friches,  le  tout  situé  dans  un  lieu  appelé  Durand. 

Cette  famille,  qui  subsiste  encore  dans  le  pays,  sous  le  nom 
de  Galle  du  Brana,  était  originaire  de  Moirax,  aux  environs 
de  Laplume. 


EN  l'année  1787  34i 


PESSOULENS 


LE  S.  GOULAKD 

Les  Goulard  de  Pessouleiis,  encore  honorablement  repré- 
sentés dans  le  Gers,  il  y  a  peu  d'années,  s'étaient  fixés,  après 
la  vente  de  leur  domaine  de  Pessoulens,  dans  le  cliàteau  de 
La  ^lotlie-Goas,  près  de  La  Sauvetat,  qu'ils  avaient  acheté 
des  comtes  de  Preissac-Maravat,  héritiers  de  Madame  la  com- 
tesse de  Beaumont. 

Marie-Jacqueline  de  Biran  d'Armagnac,  comtesse  de  Goas, 
vicomtesse  de  Gimoës,  baronne  de  Goalard,  La  Mothe,  La 
Hillière,  Puypardin,  Borens,  Cannes,  Lantignac,  etc.,  dame 
pour  accompagner  Madame,  comtesse  de  Provence,  après  avoir 
été  dame  de  feue  Madame  la  Dauphine,  était  veuve  de  Louis, 
comte  de  Beaumont  du  Repaire,  seigneur  de  La  Roque,  colonel 
des  Grenadiers  de  France,  brigadier  des  armées  du  Roi,  cheva- 
lier de  S'-Louis,  et  neveu  du  célèbre  Christophe  de  Beaumont, 
archevêque  de  Paris.  Sans  enfant  et  fort  riche,  malgré  ses 
longs  procès  avec  les  Gelas  et  les  d'Esclignac,  elle  s'était 
réfugiée,  au  commencement  de  la  Révolution,  loin  de  la  Cour, 
dans  l'ancien  manoir  de  La  iMothe,  construction  féodale  dont 
les  fondations  dataient  de  1100  et  qui  était,  depuis  1479,  dans 
la  famille  de  Goas,  illustre  race  sortie,  dit-on,  de  la  maison 
d'Armagnac.  Un  comte  de  ce  nom  est  cité,  avec  éloge,  par 
Monluc  et  Brantôme  • . 

Madame  de  Beaumont  employa  sa  grande  fortune  à  embellir 
sa  nouvelle  résidence,  où  elle  avait  créé  un  beau  parc  composé 

'  «  Gohas  mourut  au  siège  de  La  Rochelle,  don!  certes  ce  fut  un  grand  dommage,  car 
c'cbloit  un  très-beau  capitaine  et  digne  pour  les  gens  de  pied.  (Brantôme.)  » 


342  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

de  douze  allées  aboutissant  à  un  rond-point  appelé  le  Carre- 
four de  Diane.  Des  fêtes  somptueuses^,  dont  la  mémoire  s'est 
conservée  dans  le  pays,  et  des  réceptions  fréquentes  où  accou- 
rait toute  la  noblesse  des  environs,  égayèrent,  pendant  la 
Restauration,  cette  vieille  demeure,  aujourd'hui  démantelée, 
privée  de  ses  tours  et  presqu'en  ruine.  Son  hospitalité 
fastueuse  avait  fait  surnommer  le  château  de  La  Mothe-Goas, 
a  le  Palais  des  Délices  »;  un  des  beaux  esprits  du  temps 
écrivait  qu'on  était  heureux  d'aller  y  a  visiter  Armide  dans 
ses  ja rdins  en ch a n teu rs  » . 

Madame  la  comtesse  de  Beaumont  y  mourut,  en  1836,  à 
cent  ans  moins  trois  mois,  laissant  le  souvenir  d'une  inépuisa- 
ble bienfaisance  et  d'une  affabilité  qui  ne  se  démentait  jamais. 

Les  Beaumont  avaient  pour  armes  :  de  gueules  à  la  bande 
d'argent  chargée  de  trois  lleurs  de  lys  d'azur. 

Les  Biran-d'Armagnac  portaient  :  aux  Icr  et  4^  d'or  à  trois 
corneilles  de  sable  becquées  et  pattées  de  gueules,  posées  deux 
et  une,  qui  est  de  Goalard  ;  aux  2^  et  S*'  d'argent  au  lion  grim- 
pant d'azur,  qui  est  de  Biran-d'Armagnac. 

Le  couvent  des  Religieuses  Ursulines  de  la  ville  de  Fleurance 
avait  été  fondé,  le  14  mai  1674,  par  Jeanne-Marie  de  Gobas 
et  Louis  de  Biran-d'Armagnac,  chevalier,  comte  de  Goas, 
seitïneur  de  Bérens,  lieutenant-oénéral  des  armées  du  Roi, 
qui  dépensèrent  18,000  livres  pour  ses  constructions.  Cette 
fondation,  soumise  à  l'ordinaire  Diocésain,  fut  confirmée  par 
des  lettres-patentes  du  Roi  Louis  XIV,  en  avril  1676  ^  Louis 
de  Biran  était  père  de  Jean  de  Biran-d'Armagnac,  seigneur  du 
Chemin,  comte  de  Goas,  seigneur  dudit  lieu  en  la  sénéchaus- 
sée de  Condom,  diocèse  d'Auch,  marié,  le  19  novembre  1723, 
avec  Marie  de  Fimarcon  -, 


*  Dom  Brugelles. 

^  Archives  île  La  Roclictte  (Côlc-d'Or). 


EN  l'an.née  1787  343 


PLIEUX 


LE  S.  CEZERAG 

Jean-Pierre  Gézerac  était  greffier  en  chef  de  la  sénéchaussée 
d'Armagnac,  les  16  mars  1789  et  1790.  Son  grand-père,  maître 
Gézerac,  avait  été  notaire  à  Lisle-Bouzon,  en  1670  et  1676. 

Les  Gézerac  s'étaient  fort  lionorés,  en  offrant,  pendant  la 
Révolution,  à  Monseigneur  de  Gugnac,  ancien  évêque  de 
Lectoure,  une  hospitalité  d'autant  plus  généreuse  qu'elle  était 
alors  pleine  de  dangers  pour  eux^. 

Sur  les  bords  du  Lot,  près  de  Furnel,  une  localité  porte  le 
nom  de  Gézerac.  On  trouve  mentionné  le  nom  du  seigneur 
de  Gézerac  avec  l'obligation  de  fournir  «  une  XXV^^  partye  de 
«  cheval-léger,  dans  le  Rolle  des  nobles  subjects  d  servir  au 
((  ban  et  arrière-ban  de  la  Séneschausse'e  d'Agenais  et  Gas- 
«  coigne,  convoqués  en  la  ville  d'Agen,  les  dernier  de  febvrier 
«  et  seiziesme  de  mars  1557 ,  par  devant  Herman  de  Sevin, 
((  juge-mage  ;  y  acistant  Jean  de  Lusignan,  seigneur  baron 
«  dudit  lieu,  et  lieutenant  de  robe  courte,  du  Seneschal  d'Age- 
«  7iois  et  Gascoigne,  suivant  les  patantes  du  Roy  »  -. 

Le  19  mai  1695,  noble  Raymond  de  la  Borie,  écuyer,  sei- 
gneur de  Gézerac,  habitant  audit  lieu  de  Gézerac,  juridiction 
de  Tournon,  passa  un  acte  de  renonciation  avec  Messire  Fran- 
çois de  la  Goutte,  chevalier. 

Noble  Marc-Antoine  de  la  Borie,  écuyer,  seigneur  de  Géze- 
rac, assista,  au  mois  de  mai  1646,  au  mariage  de  noble  Antoine 
de  la  Boissière  ^. 

'  L.  E.  de  Cugnac,  deruier  évêque  de  Lectoure,  par  X.  Plieux.  Revue  de  Gascogne,  1879. 

^  J.  de  Bourrousse  de  Laffore. 

''  Id.  Revue  d'Agenais. 


344  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

La  seigneurie  de  Plieux  en  Lomagne  avait  appartenu  aux 
Faudoas,  aux  Galard  de  Tlsle-Bouzon  ^  et  enfin,  en  1705,  à 
Guillaume  de  Gaulet,  seigneur  de  Gramont,  Graniagues  et 
Tournefeuille,  président  à  mortier  au  Parlement  de  Toulouse  ; 
c'est  par  les  Caulet  que  la  terre  de  Gramont,  dont  le  château 
est  si  remarquable  par  ses  fines  sculptures,  passa  aux  d'Aspe, 
puis  aux  Montbel  et  enfin  aux  Lafontan  de  Goth,  qui  font 
réparer  le  vieux  manoir. 


'  Lf  2  juin  1100,  Hcrlraiid  cl  ('.iiill.tiime-Hornard  de  Halard,  frères,  seigneurs  de  Tlsle- 
FJozon,  prirent  rengagement,  envers  Jean  de  Fandoas,  seigneur  d'Avcnsac,  de  compléter 
leur  paiement  de  la  terre  de  l'iieux.  (Noulcns.) 


EN  l'année  1787  345 


SÉRIGNAC-BRUILHOIS 


LE  S.  DUFORT 

La  seigneurie  de  Dufort,  ou  Duffort,  avait  appartenu  à  la 
famille  de  MédranO;,  originaire  de  la  Navarre,  et  qui  est 
mentionnée;,  pour  la  première  fois,  le  8  juillet  1550,  lors  du 
mariage  de  noble  Julien  (ou  Julian)  de  ^lédrano,  «  estranger, 
natif  cVEspaigne^,  escuyer  du  pays  de  Navarre  »,  avec  Serène 
de  Montauban,  dame  de  Flourès,  près  Marciac. 

Titrés  barons  de  La  Bassère,  seigneurs  de  Vertus,  Marque- 
fave,  Maumusson,  Coudi-et,  Laguian,  Coladrey,  Goûts,  ^lont- 
Pardiac,  etc.,  les  Médrano  s'allièrent  avec  les  maisons  de 
Durban,  Gassagnet-Baulat,  Sérignac,  ]\Iellet,  Gaissac,  et  autres 
de  bonne  noblesse. 

Un  Médrano  «  du  royaume  de  Navarre  et  marié  en  Gascoi- 
gne  »  voulait,  en  1595,  livrer  Bayonne  aux  Espagnols  ;  il  fut 
mêlé  à  la  conspiration  de  Biron,  et  en  correspondance  avec 
Henri  IV  et  le  marquis  de  La  Force.  On  croit  qu'il  est  l'auteur 
d'un  ouvrage,  imprimé  en  1583,  et  intitulé  :  «  La  silva  curiosa 
de  Julian  de  Medrano,  caballero  Navarro,  en  que  se  tratan 
diversas  cosas  sutilissimas  y  curiosas  muy  convenientes  paro 
damas  y  caballeros,  en  toda  conversacion  virtuosa  y  Jionesta^.  » 

Plusieurs  branches  des  Médrano  portaient  le  nom  de 
Mauhic. 

Le  25  juillet  1603,    Béraut,    baron  de  Mimort,    époux  de 

'  Monsieur  de  S'-Gouard,  (Jean  de  Vivonne-Pisaiiyi,  pendant  son  ambassade  en  Espa- 
gne (1573),  habitait  à  Madrid  la  maison  de  Juan  de  Médrano  «  dont  il  n'eut  qu'à  se 
louer  ».  (Vie  de  Jean  de  Vivonne,  par  le  vicomte  de  Urémont  d'Ars.) 

-  Paris,  Nicolas  Chesneau,  1583. 


346  NOBLESSE   DE    LOMAGNE 

noble  Diane  de  Batz,  fut  tué  en  duel,  à  Dému,  dans  les  envi- 
rons de  Castillon-de-Batz,  par  Antoine  de  Médrano  de  Mauhic, 
Fritz  de  Bourouillan,  seigneur  dudit  lieu,  près  de  la  ville  de 
Nogaro,  dans  le  pays  d'Armagnac^,  et  seigneur  de  Laborye, 
Jean  d'Armau,  seigneur  de  Pouydraguin,  Bertrand  du  Goussol, 
seioneur  de  Marsan,  et  les  sieui's  d'Antras  et  de  Laterrade. 
Les  meurtriers  obtinrent  les  lettres  de  grâce  en  février  1606 1. 

On  nomma  le  marquis  de  Médrano-Baulat^,  commissaire  de 
la  noblesse,  en  mars  1789,  à  l'Assemblée  qui  se  tint  dans  la 
ville  d'Aiich  pour  l'élection  des  députés  aux  Etats-Généraux. 

Le  17  avril  1794,  Monsieur  de  Médrano  de  Mauliic  monta 
sur  l'écbafaud  à  Aucb,  avec  le  marquis  de  Goyon-Verduzan, 
Pierre  de  Ghambrau,  le  marquis  de  Galard-Magnas-de-l'Isle^ 
Jean  de  Larocbe  et  Pierre  La  Gassaigne. 

L'écusson  de  la  maison  de  Médrano  était  :  coupé  d'azur  et 
d'or^  une  fasce  d'argent  sur  le  tout,  accompagnée,  en  cbef, 
d'une  colombe  volant  de  même,  portant  dans  son  bec  en  lettres 
de  sable  :  Ave  Maria  gracia  plena,  et  en  pointe,  d'une  croix 
fleurdelisée  de  sable  ;  le  tout  entouré  d'une  bordure  de  gueule, 
chargé  de  treize  tours  d'argent  -. 

Il  existait  en  Limouzin  une  famille  Dufort,  remontant  au 
xivc  siècle,  dont  la  grande  illustration  fut  Jean  Nicolas  Dufort, 
comte  de  Dufort  et  de  Gheverny^  seigneur  de  Gour,  L'ène 
Fontaine,  lieutenant-général  pour  le  Boi,  du  Blaisois,  Dunois, 
Vendomois,  né  le  3  février  1731,  introducteur  des  ambassa- 
deurs en  1752-^;  son  fils  Bernard,  dit  le  comte  de  Gheverny, 
devint,  vers  1767,  gouverneur  de  la  ville  de  Romorantin. 

Jeanne  du  Fort^,  lille  de  Guillaume  du  Fort,  épousa,  le  9 

'  Mémoires  de  Juan  d'Aulras. 

2  Dans  le  Nobiliaire  Toulousain,  les  armes  des  Médrano  soûl  ainsi  blasonnées  :  d'ar^'ent 
à  la  (asce  de  sable,  aceompagnée  en  chef,  d'une  aiglellc  de  sable,  tenant  au  bec  une 
banderolle  d'azur  chargée  des  mots,  ave,  ora,  d'argent  ;  en  pointe,  d'or  à  la  croix  tréfléc 
de  gueules  ;  l'écu,  à  la  bordure  d'azur,  chargée  de  tours  crénelées  d'or,  posées  en  orle. 

^  Ses  armes  étaient  :  d'azur  à  la  fascc  d'or,  accompagnée  en  chef  d'un  croissant 
accosté  de  deux  étoiles  et  en  pointe,  d'un  poisson  nageant.  (Lettre  datée  de  Wissembourg, 
le  fi  juillet  1744.)  Ses  mémoires  publiés  récemment  sont  fort  intéressants. 


EN  l'année  1787  347 

novembre  1662,  noble  André  de  Boudon,  sieur  de  Lacombe, 
capitaine. 

Enfin  un  sieur  Grimod  de  Dufort,  frère  de  Grimod  de  La 
Reynière,  avait  été  fermier-général  et  intendant  des  postes 
sous  iMonsieur  d'Argenson*.  Il  s'était  allié  avec  Mademoi- 
selle de  Gaulaincourt,  parente  des  Bétliune  et  mourut  en  1748. 

La  seigneurie  de  Duffort,  dans  l'archiprêtré  de  Sadournin, 
près  d'Auch,  appartenait  au  marquis  de  Bonas  qui  avait  aussi 
le  patronage  de  la  chapelenie  de  S'^'^-Gatherine  dont  la  colla- 
tion était  à  Monseigneur  l'Archevêque. 


1  Mémoires  du  duc  de  Luynes^  tome  ix. 


348  >OBLESSE  DE  LOMAG.NE 


PUYGAILLARD 


LE  S.  DUBOSC 

Jean  Dubosc  assista  à  l'Assemblée  des  seigneurs  convoqués 
à  Lectoure,  par  le  comte  d'Armagnac,  le  16  mars  1377. 

En  1421,  Raymond  Dubosc,  prêtre,  était  curé  de  Nogaro. 

Diane  de  Fumel  épousa,  le  13  août  1578,  Jean  du  Bosc, 
seigneur  de  Canteloup,  L'Isle  et  Bagniaux. 

Anne  de  Bastard  du  Bosc  était  mariée,  avant  1700,  avec 
Antoine  de  Lucas,  seigneur  du  Mirait. 

Le  sieur  Dubosc  se  trouvait  taxé  à  100  livres,  sur  le  rôle 
des  taxes  du  Fesensaguet,  le  12  novembre  1759. 

Henry  François  du  Bosc,  père  de  Messire  Clément  Henry 
Casimir  Dubosc,  chevalier,  était,  en  1790,  «  conseiller-maître 
à  la  Cour  des  comptes,  aydes  et  finances  de  la  ville  de  Mont- 
pellier y>. 

Le  18  août  1676,  demoiselle  Claude  de  Lalande,  fille 
d'Etienne  de  Lalande,  seigneur  de  Habas,  baron  de  Hinx,  et 
de  dame  Jeanne  de  Bayle,  épousa,  cà  Habas  en  Béarn,  Jacques 
Dubosc,  seigneur  du  Tillet.  Un  de  leurs  descendants,  ^lessire 
Dubosc,  fut  commandant-gouverneur  de  la  ville  de  Navarrenx. 

En  1788,  Louis  Dubosc-Peyran  était  prieur  de  S'-Orens  de 
Condom,  et  présida,  en  cette  qualité,  les  obsèques  de  messire 
Fabien  de  Benquet  d'Arblade,  ancien  capitaine  d'artillerie, 
décédé,  le  9  octobre  de  la  môme  année,  et  inhume  dans  le 
cimetière  de  l'église  de  S^-Pierre  du  Houga. 

Il  y  a  encore  des  Dubernet  de  Bosc  en  Agenais  ;  un  d'eux 
a  été  conseiller  à  la  Cour  d'appel  d'Agen,  et  il  existe  aussi,  au 
Houga,  une  famille,  honoral)loment  représentée,  qui  ])orte  le 
nom  de  Dubosc  de  Pesquidoux  et  Peyran. 


EX  l'année  1787  349 


S'^'-MERE 


LE  S.  LABUSQUETTE 

Le  château  de  S''^-Mère,  ancienne  résidence  des  évêques  de 
Lecloure,  fut  construit,  vers  la  fin  du  xiiF  siècle,  par  Géraud 
de  ^lonlezun,  évèque  dudit  lieu,  en  môme  temps  que  les 
châteaux  de  S'-Clar  et  de  Pessoulens.  On  prétend  que  S'c_]\ière 
a  appartenu  pendant  quelque  temps  aux  Templiers,  et  que  le 
malheureux  Zizime  y  fut  emprisonné.  Ses  ruines,  qui  domi- 
nent une  vaste  étendue  de  pays,  entre  S^-Pessère  et  S^-Avit, 
étaient,  dès  1627,  dans  l'état  où  on  les  voit  aujourd'hui.  Elles 
devinrent,  en  1791,  la  propriété  de  la  famille  Barciet  de 
Labusquette. 

Les  évêques  de  Lectoure  portaient  le  titre  de  seigneurs 
barons  de  S^c-Mère  ;  les  habitants  de  ce  village  se  disaient 
leurs  vassaux  et  n'avaient  pas  d'autre  seigneur  temporel.  Les 
consuls  étaient  nommés  par  lui,  dans  leur  charge,  et  exerçaient, 
sur  toute  l'étendue  de  la  juridiction,  la  police  et  la  justice  cri- 
minelle, en  son  nom  et  sous  son  autorité.  C'est  à  ce  titre  que 
Monseigneur  de  Polastron ,  le  15  septembre  1699,  ]\Ionsei- 
gneur  de  Jumilhac^,  le  7  septembre  1769,   Monseigneur  de 


1  II  existe  un  beau  portrait  de  Monseigneur  de  Polastron,  chez  le  comte  de  Luppé,  au 
château  de  Lacassaigne  S'-Avit  (Gers). 

2  Pierre  Chapelle  de  Jumilhac  de  Cubjac,  évèque  et  seigneur  de  Lecloure,  seigneur  de 
S«-Clar,  seigneur  et  baron  de  S'o-Mère,  ancien  agent-général  du  clergé  de  France,  et 
conseiller  du  Pxoi  en  tous  ses  Conseils,  avait  succédé,  sur  le  siège  de  Lectoure,  à 
M'J>  Claude  François  de  ÎS'arbonne-Pelet,  qui  décéda,  le  9  mai  1760,  dans  son  palais 
épiscopal,  à  72  ans  ;  on  l'inhuma  dans  sa  chapelle,  à  côté  de  sa  sœur.  Il  fut  unanimement 
regretté  dans  son  diocèse  ;  ayant  reçu  du  Koi  le  vieux  château  de  Lectoure,  il  en  fit  don  à 
la  ville  pour  y  créer  un  liospice.  Son  prédécesseur  avait  été  Monseigneur  de  Reaufort. 


350  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Ciignac,  le  22  septembre  1786,  tous  les  trois  évêques  de  Lec- 
toure,  approuvèrent  diverses  délibérations  prises  par  les 
consuls  de  S'^-Mère  *. 

L'église,  ancienne  chapelle  du  château,  est  assez  pauvre,  et 
n'offre  de  remarquable  qu'un  portail  dans  le  style  de  la  renais- 
sance, avec  la  Salamandre  de  François  !«■■.  Le  9  novembre 
1670,  fut  célébré,  dans  cette  église,  le  baptême  de  Marie-Angé- 
lique d'Estival,  fille  de  Pierre  d'Estival,  sieur  de  S^-Pé,  et  de 
demoiselle  Thérèse  d'Escuran.  Le  parrain  était  messire  Gas- 
ton Jean-Baptiste  de  Goth,  duc  d'Epernon,  et  la  marraine 
Marie  -  Angélique  de  Roquelaure,  marquise  de  Fimarcon, 
épouse  de  Jean-Jacques  de  Gassagnet-Tilladet-Narbonne- 
Lomagne,  marquis  de  Fimarcon,  seigneur  de  Caussens,  baron 
d'Auradé,  Seysses,  Bragaurac  et  autres  lieux. 

La  famille  Barciet  de  Labusquette,  noble  et  ancienne,  possé- 
dait la  Salle,  ou  château,  de  La  Busquette,  dans  les  environs 
de  S^c-Mère.  Cette  terre,  ainsi  que  celle  de  la  Plantade,  avait 
appartenu,  dès  le  xvF  siècle,  aux  Boubée  du  Lectourois-. 
C'est  là  que  naquit  le  père  Gabriel  de  Boubée,  récollet,  auteur 
d'un  ((  Ovide  Chrétien  ^  )).  Jeanne  de  Boubée,  femme  de  Jean 
Barciet  de  Labusquette,  fut  ensevelie,  le  9  février  1690,  dans 
l'église  de  Si'^-Mère,  comme  l'avait  été  son  beau-père,  Gabriel 
Barciet  de  La  Busquette,  le  9  septembre  1662. 

Marc-Antoine  Barciet  de  La  Busquette  est  mentionné  (1715), 
comme  membre  de  l'Assemblée  de  S^c-Mère. 

«  Messire  Bernard  de  Barciet,  natif  d'Auch,  était,  en  1784, 
curé  de  Toujun  et  Perchède.  Son  nom  se  trouve  sur  la  cloche 
de  ce  dernier  village  dont  furent  parrain  et  marraine  :  «  J.  H. 
«  F.  C.  de  Trenqualie,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse*, 

'  Archives  de  l'église  de  S'«-Mèrc  (Gers). 

-  Armes  di-s  Boubc-e  de  Lcctourc  ;  d'argent  à  deux  palmes  adossées  de  sinoplc,  au  chef 
il'azur  chargé  de  trois  étoiles  d'argent,  posées  en  fascc.  Les  Boubée  de  Oramont  portaient 
il'aznr  au  chevron  d'argent,  sommé  d'une  étoile  du  même,  accompagné  en  pointe  de  cinq 
clous  de  la  Passion,  mouvant  du  bas  de  l'Ecu. 

•''  Toulouse,  Boude,  IGtJS. 

*  Armes  des  Trenqualie  :  d'argent  à  un  lion  de  gnonles,  tenant  un  rameau  d'olivier  de 
sinoplc. 


EN  l'année  1787  351 

«  et  Madame  Suzanne  de  Claverie,  sa  mère,  seigneuresse  du 
«  présent  lieu,  Lafontan,  consul    ». 

Les  armes  des  Barciet  de  La  Busquette  sont  :  d'azur  au  lion 
d'or,  tenant  en  ses  griffes  une  croix  d'argent,  au  chef  de 
gueules  chargé  de  trois  étoiles,  posées  en  pal  -. 

François  de  Barciet  de  Bezodis  était,  en  1695,  clerc  tonsuré 
et  chapelain  de  la  chapelle  de  Carrère,  et  Jean  de  S'-Géry, 
chapelain  de  la  chapelle  de  Hauqué,  sous  l'épiscopat  de 
M'î''  Louis  de  Polastron,  évêque  de  Lectoure  ^. 

Les  Barciet  de  La  Busquette,  sieurs  de  Yerduc,  Plumassan, 
Sauvaige,  Lage,  La  Salle,  etc.,  avaient  formé  plusieurs  bran- 
ches ;  celle  des  Bésodis  La  Forest,  éteinte,  au  xyiii^  siècle,  en 
la  personne  de  Jeanne-^Iarie  de  Barciet  de  Bésodis,  fille  uni- 
que de  Messire  Pierre  de  Barciet-Bésodis,  et  d'Ursule  de 
Lagausie.  Le  rameau  de  Beaulieu,  dans  la  Saintonge,  existait 
encore  en  1733. 

Le  premier  du  nom  de  Barciet,  que  l'on  connaisse,  est 
noble  de  Barciet,  vivant  de  1378  à  1388,  père  d'un  fils  prêtre 
et  de  Joseph  de  Barciet,  marié  vers  1455,  avec  Marguerite  du 
Bouzet,  issue  d'une  des  plus  importantes  maisons  de  la  Loma- 
gne.  La  seigneurie  de  La  Busquette,  près  Lectoure,  venue 
aux  Barciet  en  1640,  est  toujours  restée  dans  cette  famille, 
qui  a  donné  un  capitaine  d'une  compagnie  de  chevau-légers, 
d'abord  lieutenant  de  cavalerie  au  régiment  de  Grillon,  un  offi- 
cier dans  le  réo-iment  de  Navarre,  un  brigadier  des  gardes  du 
corps  du  Roi,  un  cornette  dans  le  régiment  de  cavalerie  de 
Beaucaire,  un  maître  des  requêtes  ordinaire  de  la  Reine  de 
Navarre,  et  plusieurs  conseillers  du  Roi  et  lieutenants  parti- 
culiers au  présidial  d'Auch. 

Cette  maison  a  eu  des  alliances  avec  les  Barrigue,  Boutand, 

^  Armoriai  des  Landes,  par  M.  le  baron  de  Cauna. 

2  Armoriai  de  la  Gascogne,  par  Monlezun.  —  Le  Nobiliaire  de  la  Guyenne  place  les 
étoiles  en  fasce. 

^  Recensement  de  la  ville  de  Lectoure. 


352  NOBLESSE   DE   LOMAGNE 

Bilherie,  Villedon,  Lussy,  Pellepoul,  Reydes,  Gauran,  La 
Taste,  Lausin,  Larroudé-Garros,  Sudria,  Molinéry,  de  Boubée, 
Plumassan,  Bonnefont,  de  Fieux,  La  Barthe,  Montlézun- 
LagrangeS  Redon,  Lartigue-,  de  La  Barrière  ^  Résidence  :  le 
château  de  La  Busquette,  près  Ste-Mère  (Gers)*. 


>  A  celte  famille  de  La^rangc  appartient  Josepii,  comte  de  La  Granjfc,  pair  de  France, 
lic\ilenant-général,  grand-croix  de  la  Li'-gion  d'iKmnour,  chevalier  de  S'-Louis,  décédé  à 
Paris,  le  16  janvier  183G. 

2  Armes  des  Lartigue  :  de  gueules  au  lion  d'or  armé  et  lampassé  de  sable. 

•''  Armes  des  La  Barrière  :  de  gueules  à  trois  chevrons  d'or,  hermines  de  sable. 

*  Voir  la  Oénéalogie  des  Barciet,  dans  le  \ohiHniic  tic  Citieiuie,  par  J.  île  Bonrrousse 
de  LafTore,  tome  iv,  page  101. 


S 


APPENDICE 


23 


CAHIER 

DE  LA  NOBLESSE 

DE  LA  VICOMTE  ET  PRÉVOTÉ  DE  PARIS 
HORS-DES-MURS 


I 


APPENDICE  357 

Cahier  de  la  Noblesse  de  la  Prévôté  et  Vicomte 

de  Paris,  hors  des  Murs, 

contenant  les  pouvoirs  qu'elle  confie  à  ses 

Députés  aux  Etats-Généraux, 


L'ordre  de  la  Noblesse  de  la  prévôté  et  vicomte  de  Paris, 
hors  des  murs,  dépose  au  pied  du  Trône  Thommage  de  sa 
respectueuse  reconnaissance  et  de  son  inviolable  fidélité;  il 
étoit  digne  du  Pvoi  de  rassembler  autour  de  lui  la  Nation  si 
longtemps  négligée.  Le  devoir  de  la  Noblesse  est  de  chercher, 
avec  les  autres  ordres,  les  moyens  d'afïermir,  sur  des  bases  à 
jamais  inébranlables,  l'autorité  royale,  la  liberté  publique  et 
le  crédit  national. 

Elle  distinguera,  dans  ses  pouvoirs,  la  constitution,  l'admi- 
nistration et  ses  demandes  particulières. 

Après  la  vérification  des  pouvoirs,  l'Assemblée  des  Etats- 
Généraux,  une  fois  formée,  les  députés  de  la  Noblesse  ne 
pourront,  sous  aucun  prétexte,  délibérer  sur  les  subsides  ni 
sur  d'autres  objets,  sans  qu'on  ait  assuré,  par  une  loi  précise 
et  promulguée  : 

La  liberté  individuelle  des  citoyens, 

La  sûreté  des  propriétés, 

La  liberté  de  la  presse, 

Le  secret  des  lettres. 

Le  retour  périodique  des  Etats-Généraux  à  des  époques 
rapprochées,  dont  il  paroit,  à  l'ordre  de  la  Noblesse,  que  le 
plus  long  intervalle  ne  doit  pas  excéder  trois  ans  ; 


358  APPENDICE 

La  nécessité  du  concours  de  la  résolution  des  Etats-Généraux, 
et  de  la  volonté  du  Roi  pour  la  formation  des  lois  ; 

Le  droit  des  Etats-Généi^aux d'accorder  seul  les  subsides  qui 
seront  déterminés  quant  à  la  somme;  ils  seront  aussi  limités 
pour  le  temps,  à  l'exception  néanmoins  de  ceux  qui  seront 
hypothéqués  à  la  dette  publique,  sans  que  les  autres  puissent, 
en  aucun  cas,  se  prolonger  au  delà  du  terme  fixé  pour  le 
retour  des  Etals  ; 

Le  droit  des  Eltats-Généraux  de  déférer  seuls  la  régence, 
d'aviser  aux  moyens  d'être  convoqués,  pour  cet  objet,  dans  le 
plus  bref  délai,  et  d'assurei'  provisoirement  l'administration 
des  alîaires  publiques  jusqu'au  moment  de  leur  choix; 

Eiiliii  la  responsabilité  de  tous  ministres,  ordonnateurs, 
ofûciers  publics  et  autres,  qui  porteroient  atteinte  à  ces  prin- 
cipes fondamentaux  de  toute  bonne  constitution,  à  ces  droits 
essentiels  de  toute  nation  libre. 

Ces  bases  une  fois  assurées,  ces  lois  une  fois  promulguées 
dans  les  formes  que  les  Etats  du  l'oyaume  auront  prescrites, 
les  députés  de  la  Noblesse  déclareront  que  l'ordre  entier 
regarde  connue  nuls  les  impôts  établis  sans  le  consentement 
des  Etats-Généi-aux;  mais  ils  jjroposeront  d'en  accorder  la 
continuation  provisoiie  pour  un  an,  après  ([uoi,  ils  s'occu- 
peront des  objets  suivants  : 

Article  premier. 

Le  i'espect  dû  à  la  Majesté  Royale  paroit  exiger  que  les 
lois  preiuient  naissance  dans  les  Etats-Généraux,  pour  être 
agréées  ou  refusées  par  le  Roi  sans  fpi'il  soit  nécessaire,  en 
aucun  cas,  (pic  Sa  Majesté  expli(pie  l(>s  motifs  de  son  refus; 
et  c'est  le  vœu  de  l'ordre  de  la  Noblesse. 

Article  ii. 

Les  députés  s'atlacheroid,  à  rant'ienne  forme  de  r(.)[)inion, 
[)ar  oi'dres  indépendans  les  uns  des  autres,  que  la  Noblesse 


APPENDICE  359 

regardera  toujours  comme  la  sauve  garde  constitutionnelle  de 
la  liberté  des  Etats-Généraux. 

Article  m. 

Les  députés  s'occuperont  des  moyens  de  régler  la  convo- 
cation, la  composition  et  l'organisation  des  Etats-Généraux 
par  des  lois  constitutionnelles  qui  préviennent  les  troubles, 
et  fondent  à  jamais  la  force  et  la  prospérité  publique  sur 
l'union  des  citoyens  et  l'harmonie  de  tous  les  Ordres. 

Article  iv. 

La  Noblesse  demande  que  les  députations  soient  réglées  en 
raison  composée  de  la  richesse  et  de  la  population  ;  que  toutes 
les  élections  soient  renouvelées  à  chaque  terme  d'Etats,  et 
qu'il  ne  puisse  être  formé,  sous  aucun  prétexte,  ni  sous 
aucune  dénomination,  ni  par  le  moyen  d'aucun  corps  ou 
d'aucune  assemblée,  une  commission  intermédiaire. 

Article  v. 

La  Noblesse  pense  que  les  domaines  corporels  doivent  être 
déclarés  aliénables,  suivant  les  formes  qui  seront  prescrites 
pai-  les  Etats-Généraux,  à  l'exception  des  forêts. 

Article  vi, 

La  question  des  apanages  et  des  dotations  sera  soumise  aux 
Etats-Généraux.  Les  députés  de  la  noblesse  proposeront  d'y 
prendre,  pour  l'avenir,  les  moyens  d'accorder  la  dignité  des 
fils  de  France  avec  les  intéi'êts  de  l'Etat. 

Article  vu. 

Ils  s'occuperont  également  des  domaines  engagés;  mais  ils 
prendront  les  mesures  nécessaires  pour  concilier,  à  cet  égard, 
les  principes  de  l'équité  et  les  droits  de  la  couronne. 


360  appendice 

Article  yiii. 

La  Noblesse  demande  que  l'inamovibilité  des  juges  soit 
confirmée  par  une  loi  constitutionnelle,  et  qu'il  soit  établi, 
par  la  même  loi,  que  le  cours  de  la  justice  ne  puisse  être 
suspendu,  en  aucun  cas,  ni  par  l'autorité  du  gouvernement,  à 
peine  de  responsabilité,  ni  par  la  délibération  des  tribunaux, 
à  peine  de  forfaiture. 

Article  ix. 

Le  vœu  de  la  Noblesse  est  qu'il  soit  pris  aux  Etats-Généraux, 
des  précautions  légales,  pour  préserver  des  entreprises  du 
pouvoir  arbitraire,  l'honneur  et  l'état  des  officiers  militaires 
et  pour  concilier  à  l'égard  de  l'armée,  les  devoirs  de  citoyen 
et  de  soldat. 

Article  x. 

Le  vœu  de  la  Noblesse  est  également  qu'il  soit  formé  dans 
chaque  province  une  assemblée  d'administration,  composée 
d'un  eei'tain  nombre  de  citoyens  des  trois  ordres  librement 
élus,  et  comptables  aux  Etals-Généraux  qui  prescriront  l'orga- 
nisation, les  fonctions  et  les  pouvoirs  de  ces  assemblées. 

Article  xi. 

Les  députés  s'occuperont  de  la  dette  publique,  pour  la 
vérifier  et  la  consolider,  du  déficit  pour  1(^  constater,  remon- 
ter à  sa  source,  en  rechercher  les  auteurs,  enjoindre  à  tout 
administrateur  d'en  venir  rendre  compte  aux  Etats-Généraux. 

Ils  s'occuperont  de  chaque  déparleuient,  pour  en  fixer  les 
fonds  avec  une  exactitude  scrupuleuse,  des  pensions,  dons  et 
giatilications  annuelles,  pour  demander  que  rétat  actuel  en 
soit  mis  sous  les  yeux  des  Etats-Généraux,  qu'il  soit  à  l'avenir 
imprimé  cl  publié  tous  les  ans,  et  que  la  somme  annuelle, 
applicable  à  cet  objet,  soit  déterminée  ;  ils  demanderont  en 


APPENDICE  361 

même  temps  que  l'état  des  traitements  de  toute  espèce, 
alïectés  aux  charges  de  la  Cour,  soit  publié  comme  celui  des 
pensions. 

Article  xii. 

La  Noblesse  demande  que  les  vices  de  la  perception  soient 
corrigés;  les  abus  de  la  comptabilité  réformés;  les  impôts  les 
plus  onéreux  modifiés,  en  attendant  qu'on  puisse  les  rempla- 
cer; les  impôts  distinctifs  convertis  en  subsides  communs 
également  répartis.  Que  les  refontes  arbitraires  des  monnoies 
soient  prévenues,  qu'il  soit  pourvu  au  remboursement  prompt 
et  fidèle,  en  argent,  des  charges  civiles  et  militaires  supprimées 
ou  réformées,  et  qu'enfin  l'on  s'occupe  des  moyens  d'assurer 
la  subsistance  des  pauvres,  d'opérer  la  destruction  des  loteries 
et  de  la  mendicité^  et  de  faire  supporter  les  contributions 
publiques  aux  rentiers,  négociants  et  capitalistes. 

Article  xiii. 

Les  députés  de  la  Noblesse  insisteront  aux  Etats-Généraux  : 

Sur  le  maintien  du  respect  dû  à  la  Religion  ; 

Sur  le  rétablissement  de  la  discipline  ecclésiastique; 

Sur  la  résidence  des  évêques  ; 

Sur  l'abus  de  la  pluralité  des  bénéfices , 

Et  sur  l'observation  exacte  des  lois  à  cet  égard; 

Sur  la  nécessité  d'ordonner,  par  une  loi^  que  les  baux  des 
bénéfices  faits  sans  fraude  seront  maintenus  par  leurs 
successeurs  ; 

Sur  l'examen  des  annales  et  du  droit  de  dispense  en  Cour  de 
Rome  ; 

Sur  les  moyens  d'améliorer  le  sort  des  curés  ; 

Sur  l'état  des  non  catholiques,  pour  l'assurer  d'une  manière 
uniforme  dans  tout  le  royaume  ; 

Sur  la  nécessité  d'établir  en  principe  constitutionnel  que  le 


362  APPENDICE 

clergé  ne  pourra  consentir  les  subsides  qu'en  Etats-Généraux, 
et  qui  sera  sujet  au  mode  commun  de  répartition; 

Enfin  sur  les  dettes  du  cleri(é,  à  l'égard  desquelles  il  sera 
statué,  en  distinguant  leur  origine  et  leur  nature. 

Article  xiv. 

Les  députés  réclameront  avec  instance  la  modification  des 
lois  pénales,  la  nécessité  de  rassurer  l'innocence  par  l'instruc- 
tion, et  d'accorder  dès  à  présent  un  conseil  aux  accusés,  la 
réformation  des  lois  fiscales,  la  proscription  absolue  des  com- 
missions en  matière  criminelle,  la  limitation  des  commissions 
en  matière  civile,  à  celles  que  demandent  toutes  les  parties 
intéressées;  ils  demanderont  également  des  procédures  plus 
simples,  une  administration  de  la  justice  plus  prompte,  plus 
sûre  et  moins  dispendieuse.  Ils  exprimeront  le  vœu  de  la 
noblesse,  pour  que  nul  ne  soit  admis  dans  les  Cours  souve- 
raines qu'il  n'ait  suivi  le  barreau  pendant  un  temps  déterminé, 
ou  passé  le  même  temps  dans  un  tribunal  inférieur  ;  enfin  la 
Noblesse  insiste  pour  que  tous  les  citoyens,  privés  arbitraire- 
ment de  leur  emploi,  et  notamment  Monsieur  le  comte  de 
Moreton  de  Ghabrillant,  soient  admis  à  demander  des  juges 
compétens. 

Article  xv. 

La  Noblesse  demande  que  les  fondations  royales  faites  en 
faveur  de  l'ordre  soient  maintenues  ;  que  la  question  des 
ennoblissemens  par  cliarge  soit  i-igoureusement  discutée  aux 
Etats-Généraux;  qu'il  soit  créé  un  tiilnmal  })Our  juger  les 
preuves  de  noblesse  ;  que  les  décorations  militaires  soient 
exclusivement  réservées  aux  militaires  ;  que  le  pouvoir  très 
pi'écieux  des  marécliaux  de  Fi'ance  soit  circonscrit  dans  ses 
limites  naturelles;  qu'il  soit  fait  une  loi  pour  déterminer  les 
espèces  de  professions  et  de  commerces  qui  n'emporteront  i)as 
la  dérogeance  et  que  le  droit  de  fi'anc-fief  soit  supprimé. 

Au  sui'plus,  la  Noblesse  déclare  qu'en  renonç,'ant  volontai- 


APPENDICE  363 

leinent  à  ses  privilèges  pécuniaires,  elle  n'entend  compro- 
mettre par  cet  engagement,  ni  ses  auti'es  propriétés,  ni  ses 
droits  honoritiques.  Elle  charge  expressément  les  députés  de 
renouveler  aux  Etats-Généraux  la  présente  déclaration. 

Article  xvi. 

L'établissement  des  capitaineries  est  une  atteinte  aux  pro- 
priétés, une  source  de  vexations  contre  lesquelles  il  est  impos- 
sible à  la  Noblesse  de  ne  pas  réclamer.  Elle  charge  les  députés 
de  traiter  aux  Etats-Généraux  les  moyens  d'effectuer  l'abolition 
des  capitaineries,  et  de  la  concilier  avec  le  respect  dû  à  la 
personne  du  roi. 

Article  xvii. 

Ils  insisteront  sur  la  nécessité  de  détruire  les  bêtes  fauves, 
et  d'ordonner  que  les  indemnités  qui  pourraient  être  dues  à 
raison  des  dégâts  qu'elles  occasionnent,  ou  toute  autre  espèce 
de  gibier,  seront  supportées  par  les  propriétaires  des  chasses. 

Article  xviii. 

Ils  s'occuperont  également  des  moyens  d'affecter  aux  dépen- 
ses publiques  dans  chaque  province,  les  fonds  provenant  de 
ses  subsides. 

Article  xix. 

Ils  discuteront  les  abus  de  Tadministration  des  eaux  et 
forêts. 

Article  xx. 

Les  vexations  commises  par  ceux  qui  sont  connus  sous  le 
nom  de  Thiérachiens,  et  leurs  droits  prétendus,  formeront 
un  des  objets  de  la  réclamation  des  députés. 

Article  xxi. 
Ils  demanderont  l'augmentation  des  Maréchaussées. 


3(34  appendice 

Article  xxii. 

Ils  examineront  s'il  est  possible  d'établir,  dans  les  marchés 
de  la  prévôté  et  vicomte,  l'uniformité  de  poids  et  mesures. 

Article  xxiii. 

Ils  insisteront  pour  que  les  municipalités  soient  électives, 
et  pour  que  les  principes  de  l'Edit  de  1764,  sur  cette  matière, 
soient  rétablis  et  maintenus. 

Article  xxiv. 

lis  proposeront  incessamment  aux  Etats-Généraux  de  pj-en- 
dre  des  mesures  pour  que  les  colonies  y  soient  représentées  à 
la  session  qui  va  s'ouvrir. 

Article  xxv. 

Ils  traiteront  des  droits  domaniaux  et  des  drois  de  contrôle, 
pour  qu'ils  soient  déterminés  et  perçus  d'une  manière  inva- 
riable. 

Article  xxvi. 

Ils  recliei'clieront  les  abus  qui  résultent  des  arrêts  de  sur- 
séance, des  sauf-conduits,  des  évocations,  et  des  di'oits  de 
comniittimus  et  garde  gardienne. 

Article  xxvii. 

Leur  attention  se  poi'tera  sur  le  commerce,  les  arts,  les 
manufactures,  et  principalement  sur  l'agriculture,  poui'  en 
favoriseï-  l'accroissement,  et  sur  les  canaux  navigables  pour 
en  })rocurer  la  multii)lication,  mais  ils  demanderont  la  suj)- 
pi'ession  absolue  du  projet  actuel  de  l'Ivette. 

Article  xxviii. 

Ils  proposeront  de  fixer  les  pi-incipes  sur  le  commerce  des 
grains,  et  de  restreindre  les  privilèges  exclusifs  aux  inventeurs 
et  pour  un  temps. 


appendice  365 

Article  xxix. 

Ils  emploieront  avec  persévérance  tout  leur  zèle,  pour  que 
les  prisons  d'état  et  autres  maisons  de  foi'ce  soient  visitées 
sans  délai,  à  Paris  et  dans  chaque  province,  par  des  commis- 
saires nommés  à  cet  effet,  pour  que  les  prisonniers  qui  deman- 
deront leur  liberté  ou  leur  jugement,  soient  délivrés  ou  jugés, 
et  pour  que  la  servitude  personnelle  soit  abolie  dans  tout  le 
royaume. 

Article  xxx. 

Enfin  les  députés  de  la  Noblesse  demanderont  que  l'éduca- 
tion publique  soit  rendue  nationale. 

Tels  sont  les  pouvoirs  que  la  noblesse  et  la  prévôté  et 
vicomte  de  Paris,  hors  des  murs,  confie  à  ses  députés.  Ils  en 
suivront  l'esprit;  dans  les  cas  non  prévus,  elle  attend,  de  leur 
sagesse  et  de  leur  fermeté,  l'accomplissement  des  espérances 
publiques  ;  ils  sauront  justifier  l'estime  de  la  Noblesse,  et  en 
maintenant  les  droits  de  la  Nation  et  les  principes  de  leur 
ordre,  ils  prouveront  à  l'univers  que  la  liberté  est,  tôt  ou 
tard,  le  fruit  de  la  modération  et  du  courage. 

Signés  : 

Desprémesxil. 

Le  Marquis  de  Grillon. 

Le  Bailli  de  Crussol. 

De  Blaire. 

Le  p.  p.  Hocquart. 

D'Aguesseau. 

Le  Vicomte  de  No  ailles. 

Le  p.  Gilbert. 

Le  Duc  d'Aiguillon. 

Le  Comte  de  Nicolai. 

Boucher  d'Argis. 


366  APPENDICE 


Le  Marquis  de  Goui  d'Arsy. 

Le  Comte  de  Walsh  Serrant. 

Le  Duc  d'Uzès. 

Le  Duc  de  Castries. 

Le  iMarquis  de  Boulainvilliers  , 
Président   de   la   Noblesse. 

Le  Président  d'Ormesson,  Secré- 
taire de  la  Noblesse  . 


'  Arcliivos  (lu  rhâleaii  «le  Magnas  (Gers). 


APPENDICE  367 


M.  DE  MONDENARD 

Joseph  de  Montagu  de  Mondenard,  seigneur  de  Bière,  en  la 
commune  de  Laplume,  maréchal  des  camps  et  armées  du  roi, 
descendait  de  Gassiot  de  Montaigu-Mondenard,  baron  de  Mon- 
caut,  seigneur  d'Estillac,  marié  avec  Miramonde  d'Albret. 

Un  de  ses  ancêtres,  Simon  de  Montagu,  seigneur  de  ^lont- 
cuq,  avait  épousé,  vers  ISl^,  Juliette  de  Chàtillon  ^. 

Arnaud  de  Montagu,  père  de  ce  Simon ,  était  l'un  des 
soixante-quatorze  grands  seigneurs  laïcs  (dont  trois  ducs,  dix 
comtes  et  six  vicomtes),  qui  commandaient  sous  leurs  banniè- 
res avec  Simon  de  Montfort,  lors  de  la  croisade  contre  les 
Albigeois.  L'écusson  des  Mondenard  était  :  écartelé  d'or  (alias 
d'argent)  et  d'azur  -. 

Biaise  de  Monluc  était  fils  de  François  de  Monluc,  seigneur 
du  Puech  de  Gontaud,  et  de  Françoise  de  ^lontagu-Monde- 
nard,  fille  de  G.  de  Montagu,  seigneur  d'Estillac,  et  de  Mar- 
guerite de  Galard. 

Guillaume  de  Mondenard,  seigneur  de  Roquelaure,  lieute- 
nant au  régiment  de  Piémont,  marié  avec  Angélique  de  Lavau, 
eut  une  fille,  Angélique  de  Roquelaure  de  Mondenard,  qui 
épousa,  le  9  décembre  1784,  Bertrand  d'Antin  de  Saint-Pé, 
marquis  d'Antin,  lieutenant-colonel,  le  15  septembre  1787, 
major  des  vaisseaux  du  Roi. 

Joseph  de  Mondenard,  né  au  château  de  Bière,  en  17'22, 
eut  une  carrière  militaire  très  brillante  :  «  Il  fit  douze  cam- 
pagnes, assista  à  neuf  sièges  et  huit  batailles,  fat  blessé  à 
Rosbach,  le  5  novembre  1757,  et  remplit  plusieurs  missions 
importantes  ^.  » 

'  Armes  des  Chàtillon  :  de  gueule  à  trois  pals  de  vair,  au  chef  d'or.  Les  Chàtillon, 
comtes  de  Blois,  chargeaient  le  chef  d'un  lambel  d'azur  de  trois  pièces.  Le  connétable 
Gaucher  de  Chàtillon  remplaçait  le  lambel  par  une  merlette  de  sable  au  canton  dextre 
du  chef. 

2  Noblesse  de  France  aux  croisades,  par  P.  Roger. 

3  Quelques  soldats  Ayenais  du  XVII'  au  XIX^  Siècle,  par  Jules  Andrieu.  (Agen,  Michel 
et  Médan,  1886.) 


368  APPENDICE 

Monsieur  A.  de  Mondenard  a  publié  (1879)  un  manuscrit 
intitulé  :  «  La  féodalité  dans  l'Agenais  en  1789  »  dû  à  l'abbé 
Séguy,  curé  de  Sauveterre  ;  cet  ouvrage,  avec  notes  et  intro- 
duction, donne  la  liste  des  redevances  féodales  exercées  en 
Amenais,  avant  la  Piévolution  '. 


^ 


P 


Manuscril  d'un  curé  île  rampafine.  {\^cn,  M\c\\o\  pt  Mf'-dan,  1879. 


APPENDICE  369 


MÉMOIRE 


Contre   les  gens   armés,    déguisés   et   avec  attroupement, 

qui  commettent  toute   espèce  de  délits, 

principalement    dans    le  pays   de    Lontagne. 


La  seureté  et  la  tranquillité  étant  les  deux  plus  précieux 
avantages  dont  tout  membre  de  la  société  a  droit  de  réclamer 
la  jouissance,  lorsqu'il  en  est  privé,  c'est  à  ce  titre  que  ceux 
qui  ont  des  possessions  dans  cette  contrée,  sont  forcés 
aujourd'huy  d'invoquer  l'autorité  du  Gouvernement,  seule 
capable  de  mettre  un  terme  à  des  excès  en  tout  genre  commis 
journellement  par  une  foule  de  brigands  qui  ne  respectent  ni 
les  biens  ni  les  vies  des  habitants.  Pour  démontrer  la  vérité 
et  l'étendue  d'un  mal  dont  les  conséquences  peuvent  être  infi- 
nies, et  la  nécessité  d'y  remédier,  indispensable,  on  va  renfer- 
mer dans  le  présent  mémoire,  un  narré  succinct  de  partie  de 
désordres  qu'on  éprouve  et  de  tous  les  moyens  qu'on  a  infruc- 
tueusement tentés  pour  les  arrêter,  et  on  y  joindra  ensuite  le 
détail  plus  circonstancié  des  faits  constatés  par  les  procédures 
ou  par  la  notoriété  publique  et  qui  sont  relatifs  à  chaque 
genre  de  délit  qu'on  aura  rapporté. 

Quoique  les  incursions  de  la  part  des  braconniers  déguisés 
ne  soyent  pas  d'une  date  récente  dans  les  terres  voisines  de 
Lectoure,  S^-Clar,  Lavit,  Fleurance,  etc.,  comme  néanmoins 
on  ne  les  éprouvoit  autrefois  que  rarement,  et  qu'elles 
n'étoient  pas  accompagnées  de  circonstances  bien  graves,  elles 
sembloient  ne  point  mériter  une  attention  aussi  sérieuse  que 
depuis  que  ces  sortes  de  visites,  étant  devenues  plus  fréquen- 
tes et  plus  licentieuses,  les  seigneurs  des  terres,   vexés  par 

24 


370  APPENDICE 

diverses  insultes  de  la  part  de  ces  gens,  se  virent  forcés  d'y 
mettre  des  bornes.  Pour  y  parvenir,  ils  eurent  recours  aux 
voies  de  la  justice,  mais  ce  remède  unique,  que  les  lois  leur 
permettaient  d'employer  contre  ces  garnements,  a  produit  un 
effet  justement  tout  contraire  à  celuy  qu'on  devait  en  atten- 
dre, puisque  toutes  les  informations  faites  contr'eux,  faute  de 
témoignage  de  la  part  des  paysans,  qui  après  avoir  dit  qu'ils 
avoient  vu  tels  et  tels  à  la  chasse,  ne  déposent  jamais  les  uns 
contre  les  autres,  nient  effrontément,  lorsqu'ils  sont  assi- 
gnés, les  avoir  vus  ou  connus,  ne  servirent  qu'à  constater 
juridiquement  grand  nombre  de  délits,  sans  en  faire  découvrir 
les  auteurs  ;  de  sorte  que  l'impunité  la  plus  complète  qui  s'en 
suivit,  a  été  la  malheureuse  époque  où  ces  braconniers  mas- 
qués, irrités  des  démarches  que  les  seigneurs  avoient  tenté 
contr'eux  et  témoins  de  leur  peu  de  succès,  ont  poussé  au 
dernier  période  leur  insolence,  particulièrement  contre  ceux 
qui  avoient  osé  faire  informer.  Dès  ce  moment  encore,  une 
multitude  de  jeunes  gens  des  villes  voisines,  sans  état,  sans 
ma:'urs,  sans  principes,  n'étant  plus  retenus  par  la  crainte 
des  lois  et  du  châtiment,  voyant  combien  il  leur  seroit  aisé 
de  rester  inconnus  en  se  déguisant  et  en  se  rendant  môme 
redoutables  par  des  traits  de  violence,  s'étant  joints  à  eux,  ont 
formé  une  bande  effrayante  de  gens  armés  de  fusils  et  munis 
de  pistolets  de  poche,  qui  depuis  Auch  jusques  au  bord  de  la 
Garonne,  et  de  Lectoure  jusqu'à  Gimont,  inondent  tout  le 
pays.  Sous  prétexte  de  chasse,  attroupés  en  assez  grand  nom- 
bre pour  en  imposer  aux  maréchaussées,  ils  ne  se  bornent 
plus  à  détruire  le  gibié,  mais  comettent,  tant  de  nuit  comme 
de  jour,  toutes  sortes  de  mauvaises  actions  dans  les  villes  et 
dans  les  campagnes,  où  ils  font  mille  espèces  de  vols,  enlevant 
les  volailles  dans  les  mettairies,  ne  laissant  aucun  fruit  ni 
légumes  dans  les  jardins  et  les  champs.  Ils  enfoncent  avec 
elfraction  les  portes  et  les  fenêtres  des  maisons  pour  y  dérober 
argent,  grains,  bardes  et  tout  ce  qui  leur  tombe  sous  la  main, 
après  avoir  ou  la  précaution  de  tuer  à  coups  de  fusils  tlevant 
les  portes,  ou  empoisonner  les  chiens  de  garde.  Pour  se  venger 


APPENDICE  371 

de  ceux  à  qui  ils  veulent  du  mal,  ils  pénètrent  dans  les  caves, 
où  ils  percent  les  tonneaux  pour  en  faire  perdre  le  vin,  jettent, 
par  les  jours  de  ces  mêmes  caves,  du  faux  tabac  et  vont  dénon- 
cer les  propriétaires  aux  gardes  de  la  Ferme,  dans  la  vue  de  les 
faire  condamner  à  de  grandes  amendes;  ils  égorgent  les  che- 
vaux dans  les  prairies  ou  leur  causent  la  mort  dans  les  écu- 
ries; ils  incendient,  dans  une  multitude  d'endroits,  granges, 
gerbes  de  grains,  paillers,  meules  de  foin,  amas  de  bois  ;  ils 
coupent  les  arbres,  les  souches  et  les  récoltes  en  vert,  enfm  ils 
arrêtent  les  gens  dans  les  rues,  sur  les  chemins  dans  les  cam- 
pagnes, enlèvent  des  obligations  privées,  et  forcent  les  parti- 
culiers, à  main  armée,  à  consentir  les  actes  qu'ils  veulent,  en 
les  menaçant  de  les  tuer  s'ils  veulent  se  plaindre.  Ils  se 
répandent,  en  tel  nombre  qu'il  leur  plaît,  dans  les  terres  des 
seigneurs,  pour  y  chasser  sans  nul  égard  pour  le  temps  pro- 
hibé; non  seulement  ils  détruisent  le  gibier,  mais  encore 
foulent  au  pied  les  récoltes,  pillent  les  vignes  et  les  fruits, 
tirent  sur  les  pigeons  et  les  volailles,  usent  de  violence  pour 
se  faire  donner  des  vivres,  maltraitent  à  outrance  ceux  qu'ils 
soupçonnent  de  les  observer;  non  contents  de  ces  excès,  ils 
viennent  narguer  les  seigneurs  jusques  sous  les  fenêtres  de 
leurs  châteaux,  tirent  sur  leurs  chiens  de  chasse,  menaçant 
leurs  maîtres  du  même  traitement.  Ils  ont  même  tué  ceux 
auxquels  on  a  contîé  la  garde  des  terres,  et  par  des  billets 
anonymes  ou  quelquefois  en  face,  ils  menacent  de  feu  et  de 
mort  les  officiers  de  justice  s'ils  osent  continuer  contr'eux 
les  poursuites,  ainsi  que  les  témoins  déposants  et  enfin 
les  seigneurs  eux  -  mêmes  qui  font  informer  contre  ces 
brigands. 

Cette  troupe  de  malfaiteurs  est  devenue  si  importante  dans 
ces  contrées,  et  la  terreur  qu'ils  inspirent,  est  portée  à  un  tel 
point  que  les  gens  qu'ils  maltraitent,  n'osent  en  porter  plainte  ; 
moins  encore  les  personnes  publiques  des  premières  juridic- 
tions, ni  les  juges,  ni  les  greffiers  ne  se  bazardent  à  faire  des 
procédures,  ni  aucun  témoin  ne  vient  déposer,  crainte  d'être 
égorgé.  En  certains  lieux,  nul  n'ose  sortir  de  nuit  ny  mener  le 


372  APPENDICE 

bétail  dehors  lorsqu'il  fait  du  brouillard,  tant  on  est  intimidé 
par  plusieurs  assassinats  commis  impunément  dans  le  voisinage. 
D'après  ce  tableau  de  vexations,  d'excès  et  de  crimes  dont 
on  offre  les  preuves,  il  est  démontré  que  l'anarchie  et  le  désor- 
dre est  porté  à  im  tel  point  que  non-seulement  le  simple 
citoyen  se  verra  forcé  de  quitter  sa  patrie,  où  il  n'y  a  plus  de 
seureté  pour  luy,  mais  encore  que  les  seigneurs  des  terres 
seront  contraints  eux-mêmes  d'abandonner  leurs  châteaux, 
s'ils  ne  veulent  ris([uer  d'y  être  brûlés  ou  assassinés  par  des 
brigands  qu'on  a  vu  oser  tirer  à  leurs  fenêtres,  et  qui,  journel- 
lement venant  chasser  dans  leurs  jardins,  les  tiennent  comme 
assiégés  et  les  mettent,  ainsi  que  leur  famille,  dans  l'inouïe 
nécessité  de  ne  pouvoir  sortir  quand  il  leur  plaît,  s'ils  ne 
veulent  s'exposer  au  danger  certain  d'être  assaillis  sur  leurs 
propres  terres,  près  de  leurs  foyers,  dans  le  centre  du 
Royaume,  par  ces  braconniers  masqués,  qui  prennent  à  tâche 
de  les  provoquer.  Il  faut  donc  leur  céder  humblement  le 
terrain,  ou  se  bazarder  à  des  événements  dans  lesquels  le 
danger  fort  grand,  n'est  raclieté  par  aucun  honneur. 

Dans  des  circonstances  aussi  critiques,  où  l'on  voit  le  bon 
ordre  et  la  sécurité  publique  totalement  anéantis,  après  avoir 
tenté  infructueusement  tous  les  moyens  capables  de  les  l'éta- 
blir, soit  par  les  procédures  aidées  de  monitoires,  soit  par  la 
publication  des  arrêts  et  ordonnances  contre  les  atroupements 
rendus  par  MM.  les  Gens  du  Roi  au  Parlement  de  Toulouse, 
est-il  permis  de  douter  que  sous  le  plus  juste  et  le  meilleur  des 
rois,  une  contrée  qui  gémit  sous  la  tyrannie  de  tels  scélérats, 
échappera  à  ses  yeux  bienfaisants  et  ne  s'en  verra  pas  déli- 
vrée par  les  ordres  émanés  de  l'autorité  royale,  dès  que  l'on 
Cera  parvenir  aux  pieds  du  trône  la  connaissance  de  tant  de 
mauvaises  actions.  C'est  ce  que  l'on  fait  aujourd'huy,  en  met- 
tant entre  les  mains  du  ministre  éclairé  auquel  vient  d'être 
confiée  l'administration  de  cette  province,  les  motifs  propres 
à  exciter  de  plus  en  plus  sa  protection  et  sa  justice.  Pour  cet 
effet,  on  croit  indispensable  d'ajouter  au  présent  mémoire  le 
dêtnil   intéressant  et  plus  articulé  de  quelques-uns  des  princi- 


APPENDICE  373 

paux  excès  dont  on  vient  de  parler,  accompagné  de  notions 
sur  leurs  auteurs  connus  par  la  voix  publique.  On  le  supplie 
en  même  temps,  de  vouloir  comettre  quelqu'un  qui,  après 
avoir  pris  connaissance  des  procédures  constatant  la  plus 
grande  partie  des  délits  cy-dessus,  ou  des  preuves  locales  de 
ceux  dont  les  victimes  n'ont  pas  osé  porter  de  plainte  juridi- 
que, puisse  ensuite  luy  en  faire  le  rapport  et  le  mettre  en  état 
de  purger  le  pays  de  ces  pestes  publiques  qui  se  reproduiraient 
bientôt,  si  on  n'osait  espérer  que  la  sagesse  du  Gouvernement 
le  portera  à  opposer  les  plus  fortes  barrières  à  la  liberté  illi- 
mitée du  port  d'armes,  aux  attroupements  et  surtout  à  ces 
déguisements  qui  inspireront  toujours  de  l'audace  et  donne- 
ront la  facilité  à  ces  brigands  de  tout  entreprendre  sans  crainte 
d'être  punis. 


DÉTAIL 


Des   dépréciations,    des   excès  et  des  délits, 
dont  on   vient   de  parler  cy-dessus. 


VOLS   ET   DEPREDATIONS 

Le  nombre  de  ces  sortes  de  désordre,  se  portait;,  en  1783,  à 
un  si  haut  degré  que  les  clameurs  en  étant  parvenues  à  MM. 
les  gens  du  Roi  au  parlement  de  Toulouse,  ils  réprimandè- 
rent leur  substitut  de  la  ville  de  S^-Clar  sur  son  inaction  et 
son  silence;  celui-cy,  forcé  de  recueillir  les  faits,  porta  une 
plainte,  le  8  septembre  de  la  même  année  pour  demander 
d'informer  et  de  faire  même  publier  monitoire  contre  les 
auteurs  des  mauvaises  actions  indiquées  en  ces  termes  : 

((  On  est  avei'ti  que  certaines  personnes  se  sont  répandues 
«  dans  la  présente  ville  et  juridiction  de  S^-Glar  et  s'y  livrent 
«  à  toutes  sortes  d'excès  ;  qu'ils  ont  volé  des  chevaux  dans  les 


374  APPENDICE 

(.(  prairies,  des  grains  et  étïets  dans  les  maisons,  où  on  entre 
a  avec  des  fausses  clefS;,  ainsi  que  des  gerbes  de  grains,  de 
((  foin,  de  légumes  et  fruits  dans  les  campagnes  ;  ravagé  di- 
<(.  vers  jardins,  les  murs  desquels  on  a  scaladé  et  ou  l'on  a 
(.(  coupé  les  arbres,  arraché  et  éparpillé  les  plants  des  jardi- 
«  nages  et  d'où  l'on  a  enlevé  quantité  de  linge  et  du  fil  qu'on 
(.(  y  mettoit  à  sécher  ou  blanchir,  i» 

Mais  ce  substitut,  n'ayant  osé  donner  aucune  suite  à  cette 
plainte,  et  le  parlement  étant  instruit  que  le  mal  ne  faisoit  que 
s'accroitre,  donna  de  nouveaux  ordres  à  ce  substitut  aftin  de 
faire  publier  les  ordonnances  et  arrêts  contre  les  attroupe- 
ments ;  en  conséquence,  cette  publication  ayant  été  faite  le  4 
avril  1784 ,  on  entendit  quelqu'un  de  ces  garnemens  qui 
osèrent  dire ,  pendant  la  lecture  de  ces  ordonnances  ,  que  ce 
n'étoit  qu'un  épouvantail,  et  en  élTet,  pour  punir  ce  me  sem- 
ble, le  substitut  de  ces  démarches  ,  ainsi  même  que  le  curé 
de  S'-C-lar  de  s'être  élevé  contre  ces  brigandages  dans  ses 
instructions,  quelques-uns  de  ces  mauvais  sujets  entrèrent,  le 
lendemain  5  avril,  pardessus  les  murs  de  leurs  jardins,  où 
après  avoir  volé  et  saccagé  fleurs  et  fruits,  jeté  ça  et  là  ce 
dont  ils  ne  peurent  se  charger,  ils  en  arrachèrent  et  coupèrent 
tous  les  arbres. 

Quoyque  dans  cette  contrée,  les  fruits  et  les  légumes  des 
jardins,  tels  que  les  choux,  raves,  etc..  soient,  dans  certaines 
saisons  de  l'année^  presque  l'unique  nourriture  de  la  plupart 
des  paysans  communément  très-pauvres,  un  de  leurs  plus 
considérables  revenus  est  la  vente  des  poules,  canards,  dindes 
et  oyes  qui  y  abondent  tellement  que  les  pourvoyeurs  de  Tou- 
louse et  même  de  Bordeaux  viennent  les  acheter  sur  le  marché 
des  localités;  néanmoins  on  ne  parlera  pas  icy  des  vols  sans 
nombre  et  journaliers  qui  s'en  font,  et  dont  les  nup.iérations 
seraient  aussi  immenses  que  fastidieuses,  mais  qui  sont  cons- 
tatés par  des  miliers  de  plaignans;  on  ne  s'arrêtera  pas  non 
plus  aux  vols  de  grains,  non  moins  ordinaii-es,  commis  dans 
les  maisons  et  dans  les  moulins ,  et  si  fréquents  dans  ce  pays 


APPENDICE  375 

que  les  liabitans  de  Lectoiire  étoient  dans  l'usage,  l'année 
dernière,  de  s'inviter  réciproquement  le  soir,  à  se  donner  avis 
le  lendemain  des  vols  qui  se  seroient  faits  pendant  la  nuit,  et 
qui  effectivement  ne  manquait  jamais  d'être  marquée  par 
quelque  trait  de  cette  espèce.  On  va  donc  se  borner  à  rap- 
porter quelques  vols  graves  par  leurs  circonstances  ou  par 
leur  nature,  et  pris  parmi  ceux  qui  ont  été  récemment  commis 
dans  ce  malheureux  pays. 

Vers  la  fin  des  vacances  dernières,  deux  chasseurs  rencon- 
trent, près  de  Moissac,  un  voyageur  auquel  ils  demandent 
l'heure  qu'il  était;  tandis  qu'il  s'arrête  pour  leur  répondre, 
ils  le  rejoignent  et  le  forcent  de  leur  donner  sa  bourse. 

Le  7  décembre  dernier,  un  mai'chand  colporteur  est  arrêté 
sur  le  grand  chemin  près  de  S^-Clar  ;  on  décharge  les  ballots 
qui  étaient  sur  son  cheval,  et  sans  des  gens  qui  accoururent  à 
ses  cris  et  obligèrent  les  scélérats  à  s'enfuir,  il  eut  été  infail- 
liblement assassiné. 

Plusieurs  personnes  ont  été  pareillement  arrêtées  et  volées 
dans  Avezan,  dans  Mauroux,  et  au  pont  de  Tournecoupe, 
depuis  le  mois  de  novembre  dernier. 

Le  27  décembre  dernier,  on  enfonce  la  maison  du  curé 
d'Homps,  qui,  à  cause  des  offices  des  trois  fêtes  de  Noël,  avoit 
été  loger  en  maison  étrangère,  près  de  son  Eglise,  et  on  lui 
enlève  non  seulement  son  art^ent,  mais  encoi'e  les  c^rains,  linsfe 
et  tous  les  effets  qui  y  étaient  enfermés. 

Le  14  février  dernier,  plusieurs  personnes  attroupées,  vont 
avant  minuit,  enfoncer  une  chambre  de  la  maison  du  sieur 
Frans,  à  Mauroux,  et  enlèvent  tout  ce  qui  s'y  trouvait. 

Le  26  du  même  mois,  on  va  voler  a  Duprat,  tanneur  au 
même  lieu  de  Mauroux  et  pendant  la  nuit,  sa  provision  de 
cuirs,  pour  une  somme  considérable. 

Dans  ce  même  mois,  un  homme  va  pendant  la  nuit,  frapper 
à  la  porte  du  curé  de  S*-André,  près  de  Gimont,  en  s'annon- 
yant  poui-  le  valet  d'un  curé  voisin  ;  une  des  sœurs  du  curé 
de  St^-André,  qui  va  ouvrir,  est  saisie  au  col  pour  l'empêcher 


376  APPENDICE 

de  crier,  et  sept  hommes  masqués  courent  à  la  chambre  du 
curé,  qui  entrait  dans  son  Ut,  hii  mettent  un  poignard  sur  la 
poitrine,  opinent  de  le  tuer  et  ne  luy  accordent  la  vie  qu'en 
l'obligeant  de  leur  livrer  sur  l'heure  7500  livres  qu'il  venait 
de  i-ecevoir  de  son  patrimoine,  et  1500  livres  qu'avoient  ses 
sœurs  dans  la  maison. 

Le  4  mars  on  enfonce  la  fenêtre  du  sieur  Berniac,  à  Avezan, 
par  où  Ton  entre,  et  on  lui  enlève  beaucoup  d'outils  outre  les 
grains  et  les  poules  même.  Dès  le  20  du  mois  de  février,  on 
avoit  fait  un  trou  sur  le  toit  de  cette  maison  pour  tâcher  d'y 
entrer. 

L'année  dernière  des  gens  masqués  se  rendent  de  nuit  à  la 
porte  du  nommé  Soulès,  à  la  porte  de  son  frère,  à  Terraube, 
et  après  être  entrés  ils  forcent  les  deux  Soulès  de  leur  indi- 
quer leur  argent  et  leur  enlèvent  800  livres  qui  étaient  tout 
l'avoir  des  deux  frères. 

En  février  dernier,  quatre  personnes  masquées  n'ont  pas 
craint  de  voler  en  plein  jour  dans  la  paroisse  de  Piis,  chez  un 
berger  âgé,  des  agneaux,  mais  comme  ces  gens  n'avaient  entre 
tous  pour  arme  qu'un  sabre,  ils  ont  été  arrêtés  par  le  peuple 
qui  accourut  en  foule. 

Vers  les  premiers  jours  du  mois  de  mars  de  la  présente 
année,  quatre  chasseurs  masqués  ont  arrêté  à  demi-lieue 
d'Auch,  à  huit  heures  du  matni,  le  sieur  Druilhet,  consul  et 
collecteur  de  Biran,  et  luy  ont  enlevé  700  livres  qu'il  poi'tait 
au  receveur. 

Dans  la  nuit  du  17  au  18  du  même  mois,  deux  grenieis  ont 
été  enfoncés  dans  S'-Clar  dont  on  a  enlevé  le  bled. 

La  nuit  du  lll  novembre  1787,  on  enfonce  avec  elîraction 
une  maison  dans  S*-Clar,  ou  Cordé,  tailleur,  tenoit  son  vin  ; 
on  ouvre  les  barriques  et  on  répand  son  vin. 

Le  18  mars  dernier  le  nommé  Sentrailles,  de  la  juridiction 
de  Maurou.x,  fut  arrêté  à  l'entrée  de  la  nuit,  près  le  pont  de 
las  Moulios,  dans  la  même  juridiction;  on  lui  prit  son  argent, 


APPENDICE  377 

et  sans  le  nommé  Pierrot,  vigneron,  on  eut  achevé  de  l'asso- 
mer  de  coups  de  bâton,  dont  on  le  rossait. 

On  enfonça,  il  y  a  quelques  jours,  pendant  l'obscurité,  Ja 
boutique  du  sieur  Gézerac,  marchand  à  S^-Clar;  on  luy  enleva 
toute  la  marchandise  et  l'argent  qu'il  y  avoit. 

Le  même  mois  de  mars  dernier,  plusieurs  masques  vont  de 
nuit  chez  M.  ^laucau,  à  la  paroisse  de  Faget,  près  de  Saramon, 
et  le  contraignent  de  leur  remettre  dix  mille  livres  d'argent 
qu'il  avoit. 

INCENDIES 

A  Plieux,  on  incendie  une  pile  de  Ijois  considérable  dans 
la  cour  du  sieur  Laclaverie,  juge-criminel  du  Sénéchal. 

A  Mauroux,  on  incendie  le  pailher  du  nommé  Pertusé,  et 
au  Casteron,  celui  de  Dubord. 

A  Balignac,  celui  d'un  particulier,  et  on  nomme  l'auteur 
sans  que  nui  ose  déposer. 

A  Tournecoupe,  une  pile  de  bois  du  sieur  Passérieu,  avocat. 

Au  même  lieu,  des  pailhères  de  divers  particuliers  et  un 
tas  de  gerbes  du  sieur  Maurice,  chirurgien. 

Dans  la  juridiction  de  Lectoure,  on  incendie,  le  29  juillet 
4784,  une  grange  du  sieur  Chapes,  contenant  2200  gerbes  de 
grain  et  du  foin. 

A  Mauvezin,  un  tas  de  gerbes  appartenant  au  sieur  S'-Anto- 
nin,  greffier  à  Moissac;  l'année  dernière  1786,  les  braconniers 
sont  sui'pris  tirer  sur  les  pigeons  de  la  maison  de  campagne  du 
collège;  on  commence  contr'eux  des  informations  qu'on  ter- 
mine par  quelques  légères  amendes  ;  peu  après,  le  pigeonnier 
étant  forcé  pendant  la  nuit  et  dévasté,  on  a  coupé  tous  les 
arbres  fruitiers,  et  enfin  dans  la  nuit  du  31  may,  on  incendie 
une  grande  pile  de  bois  qui  était  toute  la  provision  du  collège 
pour  l'hyver  suivant. 

A  Lisle-Bouzon,   le  pailher  de   la    veuve   de   Navarre  est 


378  APPENDICE 

incendié  clans  la  nuit  du  30  janvier  dernier.  Comme  cette 
veuve  est  voisine  du  garde-cliasse  de  M.  le  marquis  de  Galard, 
qui  est  seigneur  de  Liste,  ce  garde-chasse  fut  poursuivi  jus- 
qu'à sa  maison,  ce  jour-là,  par  quatre  braconniers  masqués, 
faisant  partie  de  sept^  dont  trois  s'étaient  séparés,  dès  le  matin, 
au  pont  de  Gramont,  pour  se  porter  dans  Plieux.  Le  public 
accuse  ces  quatre  brigands  d'être  les  auteurs  de  cette  incen- 
die, croyant  brûler  le  pailher  et  la  maison  dudit  garde. 

ACTIONS   ATROCES 

Le  nommé  Scarnot,  de  Marignac,  ayant  prêté  i^OOO  livres 
au  nommé  Dupin,  d'Estramiac,  sur  son  billet,  est  obligé,  le 
terme  étant  échu,  de  faire  des  diligences  pour  retirer  son 
payement.  Le  débiteur  s'adresse  à  quelques  malfaiteurs  qui 
induisent  le  créancier  à  se  rendre  avec  ses  billets  et  pièces  du 
procès,  dans  un  cabaret  champêtre.  Il  s'y  rend  au  jour  indi- 
qué et  monte  dans  une  chambre.  Un  instant  après,  deux  mas- 
ques, armés  de  fusils  et  pistolets,  entrent,  le  renversent  par 
terre,  le  prennent  à  la  gorge,  lui  mettent  un  mouchoir  sur  la 
bouche  et  un  pistolet  au  visage.  Alors  ils  lui  enlèvent  les  billets 
avec  les  papiers  du  procès  et  lui  ayant  donné  quelques  bour- 
rades qui  l'ensanglantèrent,  ils  s'enfuirent  à  toute  course.  Sur 
la  j)lainte  portée  contre  le  dél)iteur,  son  lils  et  Jean-Ba})liste 
Dulaur,  de  S^-Clar,  par  devant  le  juge  de  Solomiac,  cette  horri- 
ble affaire  a  été  terminée  par  une  gi'ande  et  plus  forte 
somme. 

Le  cheval  du  sieur  Cazaubon,  de  Lisle-Bouson,  est  tué  la 
nuit  dans  la  prairie,  par  un  inconnu. 

Le  nommé  Laffai'gue,  de  Miradoux,  étant  en  procès  avec 
J^afage  aine,  de  Saint-Glar,  est  attoudu  sur  le  chemin,  à 
l'entrée  de  la  nuit,  le  premier  jour  de  Tau  I78i,  par  sa  parlie 
adverse  et  quatre  autres  garnemens  (hint  trois  étaient  masqués. 
L'un  d'eux  hii  tire  un  coup  de  fusil  (pii  l'atteignit  aux  cuisses 
et  aux  jambes;  après  quoi,  le  pistolet  à  la  gorge,  on  le  menace 


APPENDICE  379 

de  le  tuer  s'il  ne  passe  un  acte  de  procuration  en  blanc,  qui 
donne  pouvoir  au  procureur  fondé  de  faire  certaines  déclara- 
tions et  divers  avœux,  aussi  préjudiciables  à  Latïargue  qu'a- 
vantageuses à  son  adversaire.  On  l'assure,  en  même  temps  de 
le  tuer  très-certainement,  s'il  ne  gardoit  pas  le  secret,  et  il 
n'échappa  au  danger  qu'en  se  laissant  conduire  à  une  mettai- 
rie  ou  se  trouve  un  notaire,  pardevant  lequel  il  fut  forcé  de 
consentir  la  procuration  telle  qu'on  la  voulut,  mais  contre  la 
teneur  de  laquelle  il  se  hâta  de  protester  par  acte  retenu  par 
Despons,  notaire  de  Castelnau. 

Le  nommé  Passama,  habitant  de  la  terre  d'Avezan,  était 
créancier  de  la  somme  de  530  livres  à  terme^,  du  sieur  Couaix, 
son  allié,  résidant  au  hameau  d'Embarte-Damouroux. 
L'échéance  arrivée,  Couaix  demande  quelque  delay  ;  peu  de 
temps  après,  en  décembre  dernier,  il  envoya  son  frère  chez 
son  créancier  pour  l'inviter  à  venir  retirer  son  payement. 
A  son  arrivée,  il  sort  un  sac  d'argent,  donne  du  papier  et 
une  plume  à  Passama,  luy  dicte  une  quittance,  et  après 
qu'elle  eut  été  signée,  il  la  prend,  la  met  dans  sa  poche,  fait 
retirer  le  sac  d'argent  par  son  frère,  et  tous  deux  congédiè- 
rent de  telle  sorte  le  malheureux  Passama,  avec  des  menaces 
graves  s'il  parlait  de  son  aventure,  que  celuy-ci  n'eut  rien  de 
plus  pressé  que  de  sortir  de  chez  de  tels  hôtes.  A  la  vérité, 
Couaix,  épouvanté  des  suites  d'une  action  aussi  noire,  qui  n'a 
peu  rester  si  secrète  que  la  connaissance  n'en  soit  parvenue  à 
des  gens  de  considération  qui  ont  pris  intérêt  à  l'affaire,  a 
pris  le  parti  d'assoupir  une  action  caractérisant  justement  les 
sentiments  qui  régnent  parmi  les  brigands  dont  ce  pais  est 
rempli . 

Le  sieur  Molas,  premier  échevin  de  S^-Clar,  ayant  voulu, 
le  26  février  1786,  faire  un  acte  de  police  et  éviter  des  désor- 
dres, en  congédiant,  à  l'entrée  de  la  nuit,  des  groupes 
dansant  en  public,  et  en  ordonnant  à  un  valet  de  ville  de 
retirer  d'entre  les  mains  d'un  homme  qui  s'en  servait,  le 
tambour  appartenant  à  la  ville  même,  fut  cruellement  insulté, 


380  APPENDICE 

principallemeiit  par  le  nommé  Canteloup,  braconnier  dange- 
reux; le  valet  de  ville  en  exécutant  les  ordres  donnés,  reçut 
un  coup  de  couteau  dans  le  bras,  et  pendant  la  nuit  du  27, 
on  coupa  quatre-vingts  pieds  d'arbres  dans  les  possessions  du 
sieur  Molas,  qui  crainte  de  pis,  n'osa  porter  de  plainte  de 
ces  excès,  presque  journaliers. 

Le  sieur  Laporte,  troisième  éclievin  de  S'-G]ar_,  se  retirant 
la  nuit  du  28  du  même  mois,  d'une  maison  où  il  venait  de 
faire  cesser  un  trop  grand  bruit  insupportable  à  un  malade 
de  la  maison  voisine,  fut  attendu  dans  la  rue  par  des  masques, 
qui  éteignirent  et  jettèrent  à  terre  la  lantei-ne  qu'on  portoit 
devant  luy,  maltraitèrent  violemment  l'éclievin  même,  qui 
redoutant  quelque  chose  de  plus  sinistre,  a  été  forcé  aussi  de 
garder  le  silence. 

Le  sieur  Frans  étant  échevin  de  cette  même  ville,  il  y  a 
quatre  ans,  et  ayant  voulu  y  établir  quelque  police,  en  fut 
puni  par  le  dommage  qu'il  éprouva  sur  sa  récolte  de  seigle, 
qu'on  alla  faucher  en  vert,  pendant  la  nuit. 


Violences  en  tout  genre  commises  par  des  braconniers, 

menaces  vis-à-vis  des  officiers  de  justice, 

des  seigneurs,  leurs  gens  et  eux-mêmes,  suivies  de  leurs  effets 

et  insultes  aux  seigneurs. 

Le  sieur  Dansac,  chirurgien,  faisant  sa  visite  de  malades  en 
S'-Léonard,  le  3  novembre  1784,  rencontre  six  masques, 
mangeant  dans  un  champ,  qui  luy  font  signe  de  quitter  le 
ciiemin  et  de  prendre  à  gauche  ;  la  haie  élevée,  l'empêchant 
de  faiie  ce  mouvement  de  suite,  deux  des  l)rigands  vont  à  lui 
avec  leur  fusil,  le  menacent  en  termes  très  injurieux,  jurant 
de  luy  tirer  dessus  s'il  n'avance  rapidement  le  pas  et  le 
forcent  ainsi  de  se  retirer  en  l'empêchant  do  faire  les  fonctions 
de  son  état. 


n 


APPENDICE  381 

Pierre  Labat,  bordier  de  Peyris,  est  menacé  par  un  masque 
et  couché  en  joue,  et  obligé  par  conséquent  de  cesser  son 
travail  et  de  s'enfermer. 

Jean  Laclavère,  bordier  de  Frencoteulé,  passant  dans  un 
chemin,  est  menacé,  par  gestes,  de  la  part  de  six  masques, 
qui  l'obligent  à  se  réfugier  dans  une  métairie,  où  les  mêmes 
individus  sont  allés  de  suite  se  faire  donner  du  vin,  le  mena- 
çant, s'il  les  regarde,  de  lui  tirer  un  coup  de  fusil. 

Guillaume  Aragon,  tailleur,  est  rencontré  par  une  bande  de 
brigands,  qui  le  forcent  de  reculer  et  de  rentrer  chez  lui,  non 
sans  être  bien  insulté  et  bien  épouvanté. 

Henri  Denjoy,  étant  à  la  fenêtre  du  moulin  d'Avezan,  fut 
couché  en  joue  et  menacé  de  mort,  par  plusieurs  masques, 
ce  dont  il  fut  fort  effrayé. 

Pierre  Rouède,  allant  ramasser  du  fruit  dans  sa  vigne,  y 
trouve  plusieurs  masques  qui  la  pillaient  et  qui  le  menacent 
de  lui  brûler  la  cervelle,  s'il  ne  se  retirait  incontinent. 

Guillaume  Barrière,  ferblantier,  revenant  de  Lectoure,  par 
le  grand  chemin,  est  forcé  par  quatre  masques,  d'abandonner 
ce  chemin  et  d'aller  à  travers  champs,  où  il  fut  encore  suivi 
par  ces  gens-là  pendant  assez  longtemps. 

Les  femmes  de  Jean  Langlade  et  de  Pierre  Rouède,  étant 
à  filer  devant  leur  porte,  le  9  avril  1784,  furent  visées  par 
cinq  masques  armés  de  fusils,  et  menacées  de  mort,  si  elles 
ne  s'enferment  dans  leur  maison. 

Guillaume  Grimaud,  du  hameau  du  Cluzet,  refusant  de 
donner  à  manger  à  six  masques,  le  3  novembre  1784,  ceux-cy 
l'y  forcent  en  menaçant  de  maitre  le  feu  à  son  pailher  et  à  sa 
maison,  et  de  le  tuer  ensuite. 

Jean  Lannes  est  obligé  de  donner,  sous  peine  de  mort,  du 
vin  et  de  la  novuTiture  à  cinq  masques,  qui  en  partant,  tirent 
sur  les  chiens  de  garde  de  Laforgue,  au  hameau  du  Bastard,  et 
sur  ceux  de  la  mettairie  des  Moulins,  le  tout  en  S^-Léonard, 
où  on  avait  refusé  de  se  soumettre  à  leurs  continuelles 
demandes  de  vin. 


382  APPENDICE 

Marie  Langlade,  épouse  de  Jacques  Grimaud,  est  également 
obligée,  avec  force  menaces,  par  des  gens  masqués,  à  leur 
donner  des  vivres  qu'elle  leur  avoit  d'abord  refusés. 

Le  sieur  Larribeau,  procureur-fiscal  qui  a  prêté  son  minis- 
tère dans  quelques  procédures  contre  ces  brigands,  est  menacé 
par  divers  billets  anonymes.  Les  effets  ont  suivi  les  menaces, 
car  à  quelque  temps  de  là,  après  avoir  empoisonné  ses  chiens 
de  garde,  on  enlève  quelques  pierres  de  l'ouverture  de  la  cave 
de  sa  maison  dans  S'-Glar,  où  étant  entré,  on  luy  enfonce  cinq 
grandes  pièces  de  vin  qui  conséquemment  se  perdit  en  entier; 
plus  on  luy  fait  périr  un  cheval  à  l'écurie  ;  plus  on  luy  coupe 
les  arbres  de  son  jardin  ainsi  que  de  sa  métairie  ;  dans  un 
autre  temps,  on  enfonce  la  fermeture  de  sa  cave  pour  y  jette r 
du  tabac  de  contrebande  et  au  point  du  jour  les  gardes  de  la 
Ferme,  prévenus,  ne  manquent  pas  de  se  rendre  chez  le  sieur 
Larribeau  qui  ne  fait  aucune  difficulté  de  tout  ouvrir.  Ils  vont 
droit  au  bas  de  l'ouverture,  où  ils  trouvent  le  tas  de  tabac  et 
dressent  leur  procès-verbal  en  conséquence.  Le  sieur  Larri- 
beau n'a  échappé  à  l'amende  de  mille  livres  que  par  l'évidence 
des  preuves  de  la  fourberie.  Enfin  le  soir  du  16  avril  1784, 
devant  partir  pour  Toulouse  afin  de  faire  juger  un  procès 
contre  Lafage,  insigne  braconnier,  il  reçoit,  dans  une  rue  de 
S'-Glar,  un  coup  de  fusil,  dont  il  fut  blessé  grièvement  à  une 
jambe  et  retenu  long  temps  cliez  lui. 

Nota  :  Ges  faits  sont  prouvés  par  des  verbaux  de  police  et 
les  relations  des  divers  médecins  et  chirurgiens.  Il  est  seule- 
ment remarquable  que  les  échevins  de  S^-Glar  n'osèrent  pas 
dénoncer  ce  coup  de  fusil  aux  cavalliers  de  maréchaussée, 
qui  chaque  semaine,  viennent  s'informer  s'il  y  est  arrivé 
(pielque  désordre. 

Le  sieur  llivière,  greffier,  dans  diverses  procédures  inté- 
ressant ces  mauvais  garnemens,  reçoit  de  pareils  écrits 
anonymes  et  menaçants.  On  lui  met  le  feu  au  pailher  voisin 
de  sa  maison,  au  faubourg  de  S'-(llar,  et  elle  ne  fut  garantie 


APPENDICE  383 

elle-même  des  flammes  que  par  la  multiplicité  des  secours. 
Il  ne  peut  parvenir  a  avoir  de  chien  de  garde  parce  qu'on  les 
lui  empoisonne  ou  tue  tous  pendant  la  nuit,  a  coups  de  fusil 
devant  sa  porte,  a  laquelle  on  frappe  fortement  a  des  heures 
indues  pour  l'engager  de  paraître  afin  de  le  tirer,  ou  tout  au 
moins  de  l'épouvanter.  On  a  égorgé  sa  jument  dans  sa  prairie 
et  lui-même  a  été  poursuivi  a  coups  de  pierre  sur  les  routes. 
Dulau  aîné,  de  S^-Glar,  fort  mauvais  sujet,  a  osé  dire  a 
M.  Deguilhem  fils,  que  Rivière  avait  été  très-heureux  d'avoir 
porté  en  croupe  derrière  lui  a  cheval,  un  certain  jour  qu'il 
indiqua,  le  père  dudit  Deguilhem,  sans  quoi  Rivière  était  tué. 
Cantaloup,  piqueur  sur  les  chemins,  et  camarade  de  Dulau, 
en  a  dit  autant;  Dulau  puisné,  dit  au  fils  cadet  du  sieur 
Rivière,  le  8  may  1785,  qu'a  la  première  occasion,  il  tirerait 
un  coup  de  fusil  a  son  père.  Le  2  mars  1786,  a  une  heure  de 
nuit,  on  tira  un  coup  de  fusil  au  sieur  Rivière,  lorsqu'il 
sortait  de  S^-Glar,  et  la  balle  effleura  et  marqua  son  habit  sur 
la  hanche.  Peu  de  jours  après,  Lafage  aîné,  marchant  derrière 
lui,  dans  un  chemin,  siffla  fortement  pour  l'engager  a  se 
retourner,  et  lui  cria,  après  force  menaces,  qu'il  lui  enverrait 
des  prunes  qu'il  avalerait  mures  ou  vertes,  faisant  allusion  au 
coup  de  fusil  qui  précédemment  ne  l'avait  pas  atteint.  Le 
même  Lafage  aîné,  dans  une  autre  occasion,  en  compagnie  de 
plusieurs  personnes,  étant  sur  le  chemin  de  Beaumont,  et 
ayant  vu  le  sieur  Rivière  qui  le  dépassa,  dit  à  Lagarde,  tail- 
leur :  ((  S'il  fi'y  eut  eu  que  vous,  Rivière  était  mort,  et  je 
vous  aurais  donné  tant  de  coups  de  bato7i  que  vous  n'eussiez 
osé  porter  témoignage  contre  moi.  »  Le  1^^''  juin  1786,  on  fau- 
cha, à  un  pied  de  terre,  une  partie  de  sa  récolte  en  bled, 
ainsi  que  tout  son  bien,  on  coupa  tous  ses  arbres  fruitiers,  ce 
qui  fut  prouvé  par  un  verbal  de  police.  Pour  éviter  la  ren- 
contre de  cinq  braconniers  masqués,  le  14  octobre  1786,  le 
sieur  Rivière  fut  obligé  de  se  retirer  dans  une  mettairie  a 
St-Léonard  ;  (quelques  jours  après,  Dulau  aîné,  ne  ht  pas  de 
difficulté  de  dire  au  sieur  Deguilhem  père,  que  le  plus  jeune 
de  ces  masques  avoit  pleuré  et  pleuroit  encore  de  regret  de 


384  APPENDICE 

n'avoir  pas  mis  le  feu  aux  quatre  coins  de  la  mettairie  du 
seigneur,  tandis  que  Rivière  y  était  dedans;  mais  qu'il  était 
sur  qu'on  tueroit  le  sieur  Rivière,  qu'on  l'attendroit  derrière 
une  haye  et  qu'a  la  première  occasion,  il  y  passeroit.  Dans 
toutes  les  occasions  ou  ledit  Rivière  est  rencontré  par  les 
Dulau,  Lafage  et  Cantaloup,  il  est  menacé  et  insulté  par  eux, 
en  termes  couverts. 

Le  sieur  de  Guilhem,  avocat,  et  juge  dans  diverses  terres,  a 
eu  son  pailher  incendié  tout  près  de  sa  métairie  qui  courut  le 
plus  grand  danger  ;  il  a  été,  de  plus,  menacé,  sur  un  chemin, 
par  un  de  ces  scélérats,  d'un  coup  de  fusil  ou  de  pistolet. 
Dulau  aîné,  après  avoir  eu  dit  au  fils  du  sieur  de  Guilhem, 
qu'il  savoit  qu'on  faisoit  une  procédure  de  chasse  en  S^-Léo- 
nard  contre  les  masques,  mais  qu'on  auroit  peine  a  trouver 
des  preuves  contr'eux,  ajouta  que  le  père  de  Guilhem  ferait 
très-bien  d'abandonner  la  judicature^  qu'il  le  lui  conseilloit  et 
qu'il  seroit  prudent  a  lui  de  ne  plus  se  mêler  de  faire  de 
pareilles  procédures.  S'il  ne  prenoit  pas  ce  parti,  il  ne  lui 
j'épondroit  point  qu'il  ne  luy  arrivât  malheur,  et  qu'il  ne 
risquât  d'être  tué.  Depuis  il  a  osé  annoncer  en  face,  au  sieur 
Deguilhem  même,  le  dernier  des  malheurs,  s'il  continuoit  a 
se  mêler  des  procédures  contre  les  masques. 

Dix  braconniers  masqués  s'assemblèrent,  il  y  a  quelques 
années,  avant  le  jour,  dans  le  bois  de  Rrugnens,  terre  appar- 
tenant a  M.  le  Marquis  d'Esclignac,  et  après  y  avoir  chassé, 
passèrent  dans  son  autre  terre  de  Cadeilhan,  où  ils  désarmè- 
rent et  maltraitèrent  Gensac,  son  garde-chasse.  J 

Le  sieur  Figard,  régisseur  de  la  terre  de  S'-Léonard,  reçoit 
de  la  part  des  braconniers  masqués,  un  coup  de  fusil  dans  le 
bas-ventre,  qui  mit  sa  vie  dans  le  plus  gi-and  danger  et  l'a 
tenu  long-temps  hors  d'état  d'agir  ;  ce  fait  a  été  prouvé  par  la 
procédure  <[ui  n'a  produit  aucune  connaissance  sur  les  noms 
des  coupables. 

Un  garde-chasse  de  M.  le  Martpiis  d'Esclignac  est  tué  sur 
place  par  des  gens  masqués,  dans  sa  terre  de  Cadeilhan.  Cela  a 


APPENDICE  385 

été   prouvé   également   par   une   procédure   qui   n'a  produit 
aucun  renseignement  sur  les  meurtriers. 

Des  braconniers  masqués  se  sont  jactés  *  souvent,  dans  S'- 
Léonard,  que  s'ils  pouvaient  joindre  le  sieur  Figard,  régisseur, 
qu'ils  avaient  vu  les  observer,  ils  lui  tireraient  sans  mercy 
dessus.  L'un  d'eux  ajouta  que  c'étoit  lui  qui  l'avoit  déjà  blessé 
autrefois,  et  que  ce  régisseur  devoit  bien  s'en  souvenir.  Dans 
d'autres  occasions  ils  disent  qu'il  faut  se  débarrasser  de  ce 
surveillant  gênant,  et  ils  lui  envoient  dire  «  qu'ayant  déjà 
reçu  une  prune  de  leur  compagnie,  on  lui  en  promet,  pour 
plus  tard,  une  autre  plus  sanglante.  »  Gouaix,  mauvais  sujet, 
rencontre  sur  un  chemin,  Castarède,  habitant  de  S'-Léonard, 
et  lui  crie  que  s'ils  peuvent,  lui  et  ses  camarades,  attraper  ce 
garde-chasse^  ils  comptent  bien  l'étriller,  et  lui  donner  sur  les 
oreilles.  Les  mêmes  menaces  sont  faites  vis-a-vis  du  sieur  La 
Salle,  qui  accompagne  quelquefois  le  seigneur  a  la  chasse, 
«  et  qui  sera  rudement  traité  quand  il  sera  tombé  entre  leurs 
mains.  »  Dans  une  autre  occasion,  ils  demandent  au  nommé 
Caubet  si  le  gueux  de  La  Salle  étoit  chez  lui,  et  allant  roder 
autour  de  sa  maison  ils  ajoutent  que  s'ils  peuvent  le  joindre, 
ils  ne  lui  feront  pas  plus  quartier  qu'à  un  lièvre.  On  les  a  vus 
souvent,  lorsqu'ils  apercevaient  les  gardes  des  seigneurs,  met- 
tre des  balles  dans  leurs  fusils  et  leur  faire  ironiquement 
signe   d'avancer. 

En  avril  1784,  François  Dérey,  brassier,  revenant  de  tailler 
sa  vigne,  à  l'entrée  de  la  nuit,  est  arrêté  au  milieu  d'un  che- 
min, dans  S^-Léonard,  par  cinq  de  ces  brigands  qui  avaient 
chassé  ce  jour-là.  Ils  le  couchent  en  joue  avec  des  jurements 
affreux,  l'accusent  d'être  un  espion  du  seigneur,  le  forcent  de 
se  mettre  à  genoux,  de  jeter  son  chapeau  à  terre,  et  en  luy 
disant  de  faire  un  acte  de  contrition  ils  luy  posent  le  bout  d'un 
fusil  sur  la  poitrine  en  l'assurant  qu'ils  veulent  le  tuer.  Après 
un  long  temps  de  suspens,  ils  ne  le  laissèrent  aller  qu'après 
que  ce  malheureux  leur  eut  certifié  d'où  il  venoit,  leur  mon- 

'  Vieux  mot  d'où  vient  jactance. 

25 


386  APPENDICE 

trant  ses  outils  et  les  conjurant  de  lui  laisser  la  vie,  leur 
disant  son  nom  et  sa  profession.  Mais  la  frayeur  du  traite- 
ment qu'il  essuya  dans  l'obscurité  fit  une  telle  impression  sur 
ce  pauvre  homme  qu'il  ne  lit  que  languir  depuis  lors,  et  qu'il 
mourut  sans  s'être  rétabli  de  son  trouble,  dix-sept  mois  après. 
Quoyque  dans  sa  déposition,  il  n'ait  point  déclaré  le  nom 
d'aucun  de  ces  brigands,  il  n'a  peu  s'empêcher  de  dire  depuis, 
que  celui  qui  le  vexa  le  plus,  faisant  mine  de  le  tuer,  était  le 
fils  de  Castelnau,  insigne  braconnier. 

En  décembre  1785,  neuf  masques  dans  Caumont,  forcent 
des  gens  de  Monsieur  de  Catelan,  qui  en  ost  seigneur,  par 
lesquels  ils  furent  rencontrés,  de  se  retirer,  en  les  menaçant 
de  leur  faire  sauter  la  cervelle. 

Le  garde-chasse  de  Monsieur  de  Bazillac,  dans  S^-Pesserre, 
est  cruellement  maltraité  en  1786  par  des  braconniers  masqués 
qu'il  voulut  approcher. 

En  la  même  année,  un  grand  nombre  debraconniers  mas- 
qués ont  ravagé,  plusieurs  jours  de  suite,  la  terre  de  S'-Jean 
du  Bouzet;,  et  l'on  ne  cessa  de  menacer  le  garde  du  seigneur. 

Le  20  janvier  1786,  cinq  braconniers  barbouillés  de  noir, 
appercevant  le  garde  et  le  cocher  du  seigneur  de  S^-Léonard, 
au  coin  d'un  bois,  se  rassemblent  en  sifflant,  coulent  des 
balles  dans  leurs  fusils,  et  forcent  ces  domestiques  de  s'éloi- 
gner rapidement  de  peur  d'être  enveloppés.  Quelques  heures 
après,  ils  couchent  en  joue,  pendant  plusieurs  minutes,  le 
sieur  La  Salle  qui  passait  au  galop  de  son  cheval,  dans  un 
chemin  au-dessous  d'eux;  après  quoi  ils  entrent  dans  la  terre 
de  TournecoupC;,  appartenant  à  Monsieur  le  comte  de  Preissac, 
et  dans  celles  de  Cadeillan  et  de  Bivès  qui  sont  à  Monsieur  le 
marquis   d'Esclignac,  où  on  les  a  vu  tuer  beaucoup  de  gibié. 

François  Dupont,  domestique  au  château  de  S^-Léonard, 
revenant  de  S'-Clar  le  14  octobre  1786,  entendant  tirer  et 
croyant  que  c'étoient  les  chasseurs  du  château,  va  à  eux,  tombe 
au  milieu  de  cinq  braconniers  masqués,  dont  l'un  lui  lire  un 
coup  de  fusil  aux  pieds  et  le  laisse  pour  mort  sur  la  place.  Les 


APPENDICE  387 

mêmes  en  se  retirant  de  nuit,  assomment  sur  le  chemin  de 
S'-Léonard  à  S^-Clar,  Moure  fils,  maçon,  qui  dans  l'obscu- 
rité, entendant  quelque  bruit,  avait  voulu  s'avancer  et  deman- 
der qui  était  là. 

Bellefort,  mauvais  sujet  de  S^-Clar,  chassant  dans  le  bois  de 
cette  communauté,  où  il  y  a  souvent  des  loups,  perd  son  chien. 
Il  luy  plait  d'accuser  les  gens  de  Monsieur  le  marquis  de 
Galard,  seigneur  de  Lisle-Bouzon  et  de  Magnas,  qui  chassoit 
aussi,  de  le  luy  avoir  tué  ;  il  va  trouver  leur  maitre  dans  son 
château  pour  qu'il  oblige  ses  domestiques  à  le  luy  payer,  et 
sur  son  refus  à  une  demande  qui  n'étoit  appuyée  d'aucune 
preuve,  il  ose  luy  signifier  qu'il  n'a  qu'à  prendre  garde  à  ses 
propres  chiens.  Quelques  mois  après,  le  chien  d'arrêt  de 
Monsieur  le  marquis  de  Galard,  accompagnant  son  garde,  est 
tiré  par  des  braconniers  sur  le  bord  de  sa  terre. 

Pendant  l'office  des  fêtes  de  la  Noël,  en  4783,  quatre  bracon- 
niers masqués,  s'approchent  du  mur  du  village  de  S^-Léonard 
et  viennent  tirer  au  clocher  de  l'église  qui  masque  le  château 
seigneurial.  Quelques  années  auparavant,  plusieurs  de  ces 
brigands  se  sont  j  actes  en  vouloir  plus  au  seigneur  de  cette 
terre  qu'au  gibier  et  qu'ils  auroient  tiré  sur  lui  avec  plus  de 
plaisir. 

Le  3  novembre  1784,  six  braconniers  masqués  qui  chas- 
saient dans  les  bois  de  S^-Léonard,  ont  tué  un  chien  de 
chasse  au  seigneur  de  cette  terre,  qui  attiré  par  les  coups  de 
fusil  qu'ils  tiroient  au  gibié,  vint  à  eux  et  les  carressait  en 
jappant,  ce  qui  fit  dire  par  un  de  ces  brigands  aux  autres, 
qu'il  fallait  plutôt  tuer  le  maître  que  le  chien,  si  on  pouvait 
l'attraper. 

Le  29  décembre  suivant,  le  même  seigneur  de  S^-Léonard 
a  reçu  par  la  poste,  un  paquet  au  timbre  de  Lectoure,  à  son 
adresse,  contenant  des  chansons,  dans  lesquelles,  en  parlant 
du  traitement  fait  à  son  chien  d'arrêt  le  3  novembre  précé- 
dent, on  luy  donnoit  à  entendre  ce  qu'il  avoit  à  craindre  luy- 
même  des  chasseurs  libres  qui  n'entendent  pas  raillerie. 


388  APPENDICE 

La  demoiselle  Lannes,  de  Castelnau,  a  entendu  des  masques 
dire  que  s'ils  pouvaient  joindre  le  seigneur  de  la  terre  de 
St-Léonard,  ils  luy  joueroient  un  mauvais  tour. 

Dulau  aîné  n'a  pas  craint  un  jour  de  l'année  dernière,  de 
dire  en  présence  de  La  Fage,  son  beau-frère,  au  cocher  du 
seigneur  de  S'-Léonard  auquel  il  demandoit  si  c'étoit  luy  qui 
l'observoit  un  jour  de  neige  qu'il  poursuivoit  des  perdrix  :  et 
«  que  s'il  y  en  avoit  douze  comme  luy,  ils  chaufferoient  bien 
son  maître  et  seigneur  dans  son  château.  »  Lafage  s'empressa 
d'interrompre  cet  étrange  discours  en  lui  répondant:  «  Tais-toi, 
tu  parles  trop.  )) 

Le  21  janvier  dernier  François  Dupont,  domestique  du 
château  de  S'-Léonard,  revenant  de  S^-Glar  à  l'entrée  de  la 
nuit  avec  d'autres  personnes,  trouve  sur  ses  pas  Lafage  cadet, 
qui  le  prenant  à  l'écart,  luy  dit,  sans  doute  pour  l'intimider  ; 
qu'il  avoit  tort  de  se  retirer  si  tard,  parce  qu'il  l'avertissoit 
que  luy  et  le  cocher  avoient  tout  à  craindre,  leur  conduite  vis 
à  vis  des  masques  n'étant  pas  ignorée,  ajoutant  qu'il  tenoit 
cela  de  deux  personnes  qu'il  ne  connaissoit  point  et  aux  quelles 
il  l'avoit  ouï  dire. 

Le  30  janvier  dernier,  jour  auquel  Monsieur  le  marquis  de 
Galard  faisoit  faire  dans  la  terre  de  Lisle-Bouson,  qu'il  habite, 
un  service  pour  ^ladame  sa  mère  *  quatre  masques  viennent 
y  chasser  tout  le  jour  et  ont  l'insolence  de  tirer  un  lièvre  dans 
un  champ  sous  le  château,  et  ils  poursuivent  jusqu'à  sa  maison 
le  garde  qui  les  observoit. 

Le  5  du  môme  mois,  six  braconniers  masqués,  après  avoir 
chassé  dans  Tournecoupe,  entrent  dans  Cadeilhan  et  vont 
tuer  deux  perdrix  près  du  château  de  Monsieui'  le  marquis 
d'Esclignac.  Il  en  avoit  paru  cinq  dans  cette  même  terre  le  22 
décembre  précédent  et  quatre  autres  le  lendemain  23,  qui 
lurent  renconti'és  face  à  face  par  Monsieur  le  marquis  de 
Maravat. 

*  Marie  de  Mibiellc  avait  épousé,  le  4  juillet  I7i3,  Jean  de  Galard,  seigneur  de  Luzanet 
et  de  l'cllchaut,  décédé  en  1779. 


APPENDICE  389 

Personne  clans  cette  contrée  ne  se  rapelle  sans  indignation 
la  double  insulte  que  Monsieur  le  comte  de  Latour  se  prome- 
nant sur  la  terrasse  de  son  cliàteau  de  Miramont,  reçut  de  la 
part  de  deux  de  ces  brigands,  qui  non-seulement  vinrent 
chasser  sous  cette  terrasse  même,  mais  qui,  ayant  tiré  ensemble 
sur  une  perdrix  et  disputant  qui  des  deux  l'avoit  tuée,  portè- 
rent leur  impudence  jusqu'à  demander  au  seigneur  lui-même, 
de  décider  qui  des  deux  l'avoit  abattue  ;  différent  qu'il  fut 
obligé  de  vuider. 

Les  cavaliers  de  la  maréchaussée  ne  sont  guère  respectés 
par  ces  brigands;  en  voici  quelques  preuves  : 

Le  5  février  1784,  deux  cavaliers  de  maréchaussée  arrivés  à 
St-Clar  le  matin,  à  cause  du  marché  et  promenant  devant  une 
des  portes  de  la  ville^  virent  le  long  de  la  rivière  de  l'Arax, 
un  chasseur  ayant  la  tête  couverte  d'un  mouchoir.  Ayant  voulu 
lui  courir  sus,  celui-cy,  qui  portait  un  fusil  à  deux  coups,  les 
menaça  de  tirer  sur  eux  et  les  obligea  de  se  retirer. 

Le  nommé  Laforgue,  jardinier  chez  le  sieur  Grabias,  de 
Gràmont,  est  rencontré,  chassant  le  long  de  la  rivière  de 
l'Arax,  par  un  cavalier  de  maréchaussée  qui  voulut  le  désar- 
mer; mais  couché  enjoué  et  menacé  de  mort  s'il  approche,  il 
dresse  néanmoins  son  verbal,  ht  plus  tard  arrêter  ce  bracon- 
nier, qui,  conduit  aux  prisons,  est  bientôt  élargi  provisoi- 
rement. 

Le  14  août  dernier,  cinq  masques  chassant  dans  Tourne- 
coupe  et  Avezan,  sont  rencontrés  par  la  brigade  de  la  maré- 
chaussée de  Lectoure,  qui  conduisait  deux  prévenus  à  Beau- 
mont,  et  loin  de  fuir  à  leur  vue,  ces  braconniers  en  présence 
des  gens  d'armes,  tirèrent  en  leur  présence.  Ce  fait  est  prouvé 
par  le  procès-verbal  qu'en  ont  dressé  les  cavaliers. 

Le  '2  avili  courant,  sept  braconniers  finissaient  de  se  dégui- 
ser dans  un  bois  situé  sur  la  terre  d'Avensac.  Ils  ordonnèrent  à 
Garros,  fils  du  secrétaire-grefher  de  cette  communauté,  qui 
alloit  passer  près  d'eux  pour  se  rendre  au  château  et  y  travail- 


390  APPENDICE 

1er  aux  règlements  des  comptes  de  recette  du  concierge,  de 
s'éloigner  vivement.  Ayant  fait  part  au  susdit  concierge  de  ce 
qui  venait  de  luy  arriver,  ils  sortirent  ensemble  et  ils  virent 
ces  garnements  chassant  dans  la  terre  où  ils  tuèrent  trois 
lièvres  et  deux  perdrix.  Les  braconniers  entrèrent  ensuite 
dans  Estramiac,  appartenant  à  Monsieur  le  marquis  de 
Gardouch,  où  ils  tuèrent  aussi  du  gibié,  et  se  tirent  porter  à 
manger;  après  quoy  ils  passèrent  dans  Vives,  terre  de  M.  le 
marquis  d'Esclignac.  Ces  sept  braconniers  ayant  été  apperçus 
dans  Avensac,  près  la  grande  route,  par  le  brigadier  et  deux 
cavaliers  de  la  maréchaussée  de  Beaumont,  couchèrent  en 
joue  les  gens  d'armes  qui,  vu  l'inégalité  de  la  partie,  furent 
obligés  de  se  retirer. 

Le  7  avril  courant,  vingt-quatre  braconniers  masqués  ont 
été  vus  dans  Vives  au  point  du  jour;  ils  se  sont  fait  donner  à 
manger  par  le  sieur  Darné,  ont  chassé  ensuite  dans  Tourne- 
coupe,  sont  rentrés  dans  Vives  qu'ils  ont  parcouru  ainsi  que 
Gadeilhan,  terres  appartenant  à  M.  le  marquis  d'Esclignac.  Ils 
dirent  à  un  de  ses  garde-chasse  qu'ils  reviendraient  au  nombre 
de  trente.  De  là  étant  venus  dans  l'après-dinée  à  S^-Léonard, 
ils  ont  remis  à  l'entrée  de  la  nuit,  à  un  bordier  du  seigneur, 
un  écrit  qu'ils  luy  ordonnèrent  d'aller  porter  de  suite  à  son 
maitre,  sous  peine  d'être  incendié  dans  sa  métairie.  Dans  cet 
écrit  insolent  ils  osent  annoncer  la  mort  au  sieur  Rivière,  dont 
il  a  été  parlé  cy-devant. 

MENACES   CONTRE  LES  TÉMOINS 

Les  menaces  que  ces  brigands  sont  dans  l'usage  de  faire 
contre  les  témoins,  sont  prouvées  juridiquement.  L'on  y  voit 
que  le  nommé  Duffaut-Gastérat,  un  de  ces  braconniers,  va 
menacer  le  troisième  et  le  dix-huitième  témoins  cités  dans  une 
information  contre  luy. 

Le  nommé  Gaul)Oue  se  rend  chez  Langlade,  dit  Labesque, 
qu'il  soupçonne  l'avoir  dénoncé  et  il  veut  luy  couper  les  oreil- 


APPENDICE  39^1 

les  et  les  clouer  à  la  porte  de  l'église  de  Brugnens  et  ensuite 
le  tuer. 

Trémoulet  et  Boret,  mauvais  sujets,  se  vantent  que  ceux  qui 
déposeront  contr'eux  auront  bientôt  leur  procès  vuidé. 

Guillaume  Grimaud  menace,  avec  deux  pistolets  qu'il  sort 
de  sa  poche,  Laporte  aîné,  en  luy  disant  qu'il  le  fera  repentir 
de  ce  qu'il  a  rapporté,  s'il  le  rencontre  à  l'écart  ;  il  fait  pareille 
menace  au  frère  puiné  du  sieur  Laporte. 

L'on  voit  dans  les  procédures  qu'on  a  tenté  contre  ces  bri- 
gands, qu'une  infinité  de  témoins  interrogés  sur  les  auteurs 
des  délits  à  raisons  desquels  on  informe,  déposent  «  qu'ils  ont 
ouï  dire  à  plusieurs  personyies  que  quand  même  elles  connai- 
traient  et  sauraient  bien  qui  sont  ces  malfaiteurs,  elles  se 
garderaient  bien  de  les  dénoncer,  crainte  d'être  brûlées  dans 
leurs  maisons  et  égorgées  a  la  première  rencontre  d.  Par  ce 
langage  que  les  témoins  interrogés  sur  ces  mauvais  sujets, 
mettent  dans  la  bouche  d'autrui,  il  n'est  pas  difficile  de  juger 
qu'il  était  leur  sentiment  propre  ;  aussi  ces  malfaiteurs  sont-ils 
tellement  persuadés  de  l'effet  de  la  terreur  que  leurs  actions 
ont  répandu,  que  Dulau  aîné,  regardé  dans  sa  contrée  comme 
un  des  principaux  chefs  de  ces  brigands  a  pu  annoncer  au  sieur 
De  Guilhem  «  qu'on  ne  trouverait  pas  de  preuves  contre  les 
masques  ». 

ASSASSINATS   ET   EXCÈS 

Dupouy  habitant  de  S'-Créac,  venant  la  nuit  de  son  champ, 
où  son  bled  étoit  en  javelles,  est  assassiné  par  des  gens  qu'on 
a  connus  et  personne  n'a  osé  déposer  contre  ceux  qui  ont 
commis  ce  crime. 

Les  nommés  Ladouce,  bordier  du  sieur  Massac,  et  les  hls  du 
meunier  de  S^-Rose  sont  attendus  à  deux  reprises  dans  les 
bas -fonds  de  Lamouret,  juridiction  de  Massac,  par  trois 
personnes,  qu'on  nomme,  qui  les  attaquent,  et  les  laissent 
presque  morts  ;  nul  témoin  pareillement  ne  veut  déposer. 


392  APPENDICE 

Le  sieur  Lacaze,  habitent  dans  sa  métairie  de  Fatigue,  juri- 
diction de  Lectoure,  ne  paraissant  dans  la  matinée  du  16 
octobre  4786,  on  va  dans  sa  chambre,  où  Ton  ne  trouve  que 
ses  habits,  sa  culotte  sous  le  chevet  et  ses  souliers  près  du  lit, 
mais  non  sa  personne.  On  le  croit  étouffé  et  enterré  pendant  la 
nuit,  mais  les  informations  et  les  monitoires  n'ont  pu  pro- 
curer nulle  révélation  sur  son  sort. 

Catherine  Cane,  femme  de  Dubuc,  et  Guillemite  Berniac, 
femmes  de  Dulau,  dans  la  juridiction  de  S'-Léonard,  sont 
aperçues  de  loin  dans  un  chemin,  par  six  braconniers  masqués 
et  poursuivies  par  eux  si  vivement,  qu'elles  furent  obligées  à 
deux  reprises  différentes,  de  se  réfugier  dans  des  mettairies  et 
de  s'y  barricader. 

Nota  :  On  a  vu  cy-dessus  pareils  attentats  contre  la  seureté 
publique,  commis  par  ces  brigands  vis-à-vis  diverses  personnes 
sur  les  chemins. 


NOTIONS 

Sur  quelques-uns  des  principaux  garnements  et  braconniers 
dans  la  Lomaigne,  ou  dans  les  environs. 

Baptiste  Dulau,  de  S^-Clar,  fils  d'un  petit  particulier  qui 
travaille  son  bien,  est  lui-môme  sans  nulle  vocation,  et  quoy- 
que  sans  fortune,  il  est  toujours  très-élégamment  velu,  est  de 
toutes  les  parties  de  débauche  des  braconniers  et  est  noté  par 
la  voie  publique  et  par  différents  traits,  comme  le  principal 
chef  des  mauvais  sujets  du  pays.  On  l'a  vu,  cy-dessus,  imi)liqué 
dans  la  plainte  portée  par  Scarnot,  pour  fait  d'enlèvement 
d'ol)ligation  et  d'assassinat;  il  a  été  décrété  en  septembre  1782, 
pour  l'enlèvement  d'un  clieval  de  Dupin,  cy-devant  son  cama- 
rade; il  paroit  grandement  initié  dans  les  projets  atlVeux  des 
scélérats  masqués,  par  les  propos  qu'il  tint  au  sieur  de 
(iuilhem  iils  et  au  sieur  de  Guilheni  père,  en  leur  annonçant 


APPENDICE  393 

le  traitement  qu'on  préparait  au  sieur  Rivière  et  au  sieur  de 
Guilhem  luy-même  en  lui  faisant  part  des  regrets  d'un  de 
ces  brigands  de  n'avoir  peu  mettre  le  feu  à  une  méttairie,  lors- 
que le  sieur  Rivière  s'y  réfugia,  comme  on  l'a  lu  cy-dessus.  Si 
quelques  témoins  seulement  se  sont  contentés  de  dire  qu'ils 
avoient  cru  reconnaître  le  dit  Baptiste  Dulau  parmi  les  mas- 
ques qui  ont  pillé  et  commis  des  excès  dans  les  terres  et  sur  les 
gens  du  seigneur  de  S'-Léonard,  une  infinité  d'autres  témoins 
déposent  unanimement  que  ce  Dulau  est  reconnu  pour  être  un 
grand  braconnier,  homme,  ajoutent-ils^  très-dangereux,  et  que 
le  public  craignoit  grandement. 

Charles  Dulau,  frère  puisné  du  précédent,  que  plusieurs 
témoins  disent  avoir  cru  reconnaître  dans  ces  parties  de  mas- 
ques, est  dénoncé  par  eux  comme  un  insigne  braconnier, 
capable  de  tout.  Les  propos  qu'il  a  tenus  au  fils  cadet  du 
sieur  Rivière,  cités  cy-dessus,  décèlent  la  férocité  de  son 
caractère.  Le  coup  de  fusil  que  le  sieur  Rivière  père,  reçoit 
dans  ses  habits,  dix  mois  après,  et  quelques  mots  lâchés 
depuis,  par  ledit  sieur  Dulau,  puisné,  donnent  des  idées  peu 
favorables  sur  cet  homme. 

Baptiste  Lafage,  beau-frère  de  Dulau,  est  encore  du  nombre 
de  ceux  que  divers  témoins  dans  leur  audition  disent  avoir 
cru  reconnaître  parmi  les  brigands  masqués,  en  ajoutant  que 
ce  Lafage  est  fort  dangereux.  Ses  propos  sanguinaires  vis-à-vis 
le  sieur  Rivière  et  d'autres,  semblent  indiquer  qu'il  mérite  un 
rang  distingué  parmi  les  coupe-j arrêts. 

Couaix,  de  Mauroux,  dont  on  a  vu  un  trait  infâme  plus  haut, 
passe  encore  pour  un  braconnier  très  redoutable  ;  camarade 
des  personnages  cy-dessus,  il  est  du  nombre  de  ceux  que  les 
témoins  disent  avoir  reconnu,  principallement  à  ses  cheveux 
rouges,  dans  les  partis  des  gens  déguisés.  On  le  regarde  comme 
un  très  mauvais  sujet,  qui  après  avoir  été  forcé  de  s'engager 
pour  se  soustraire  aux  punitions  encourues,  a  racheté  son 
congé  peu  de  temps  après,  pour  venir  grossir  la  liste  des 
brigands  de  cette  contrée. 


394  APPE>DICE 

Cantaloup,  cy-devant  fort  petit  mardiand,  ayant  mal  fait 
ses  affaires,  et  forcé  de  faire  cession  de  ces  biens,  passe  pour 
un  homme  très  à  craindre.  Il  ne  marche  jamais  qu'avec  un 
fusil,  ou  tout  au  moins  une  canne  à  lance  et  des  pistolets  de 
poche,  qu'il  ne  fait  pas  façon  de  suspendre  au  bout  de  sa  canne, 
en  se  promenant  ainsi  publiquement  à  S^-Glar.  C'est  chez 
lui  que  les  mauvais  sujets  ont  coutume  de  s'assembler,  et  de 
manger  dit-on,  le  gibié  pris  et  la  volaille  dérobée. 

Caussade,  vitrier  de  S'-Clar,  qui  vit  en  une  très-grande 
société  avec  tous  les  garnements  dont  on  vient  de  parler,  est 
encore  du  nombre  de  ceux  que  certains  témoins  disent  avoir 
vu  et  reconnu  parmi  les  braconniers  masqués.  Il  a  la  réputa- 
tion d'être  très  dangereux  et  il  s'est  trouvé  dans  des  occasions 
où  il  y  a  eu  des  personnes  gravement  maltraitées. 

Ces  témoins  ouï  ont  déclaré  avoir  reconnu  encore  dans  ces 
parties  de  braconniers  déguisés,  les  nommés  Dastros  et  Banau 
tous  deux  garçons  cordonniers  chez  Baptiste  Lafage  à  S^-Clar, 
ainsi  que  Goyau  infatigable  braconnier,  et  Maignaud,  tous  de 
S'-Clar,  Guaropuy,  dit  Marc,  et  Naudon,  tous  deux  de 
Castelnau,  Foucaud,  régent  cy-devant  à  Bayonette  et  Roubaut, 
cadet,  à  Mauroux. 

Outre  ceux  qu'on  vient  de  nommer  et  qui  sont  ceux  que  les 
témoins  déposent  avoir  reconnus  dans  les  attroupements  de 
gens  masqués,  il  est  une  foule  de  braconniers  qui  vaguent 
continuellement  partout,  en  armes  et  fort  dangereux.  Tels  sont 
Lafite,  puisné,  Taure,  Laclavère,  Goulard  ^lalus,  tous  habi- 
tants de  Castelnau,  Bellefont,  Tardin  fils,  au  hameau  du 
Charroy,  près  S^-Clar,  Cirât  et  les  deux  frères  Dupin  à 
Estramiac,  les  nommés  Bordes  de  Séran,  Daguzan  de  Puycas- 
quier,  Comagnac  à  Sarrau,  Cauboue  et  La])orde  à  Fleurance, 
Gazes  père  et  fils  à  La  Sauvetat,  etc.,  auxquels  on  pourrait  en 
ajouter  d'autant  plus  aisément  une  infinité  d'autres  s'il  en  est 
besoin,  que  l'on  peut  dire,  avec  toute  vérité  qu'on  trouve  à 
tout  instant  des  braconniers  et  des  rodeui's  sur  ses  pas,  dans 
ce  pays-cy. 


ï 


APPENDICE  395 

On  doit  observer  au  reste,  que  parmi  ces  derniers,  il  en  est 
qui  passent  pour  être  très-fréquemment  du  nombre  des 
braconniers  masqués  commettant  divers  excès,  mais  qui 
n'ayant  pas  été  clairement  reconnus  par  les  témoins,  n'ont  pas 
été  mis  comme  tels,  cy-dessus.  » 


396  APPENDICE 

Lettres  et  Notes  à  l'appui  du  ci-devant  factum, 
pour  certifier  les  désordres  causés 
par  les   Braconniers  dans  la  Lomagne, 
en  1787 


A    Monsieur    le    Comte    de    Grossolles ,    lieutenant  -  général 
des    Années    du    Roi, 

A  St-Martin. 

«  Mon  Général, 

»  Mon  frère  m'a  remis  la  lettre  que  vous  m'avez  fait  l'Iion- 
neui-  de  m'écrire,  ainsi  que  la  rescription  qui  y  étoit  jointe  ; 
je  la  ferai  acquitter  à  mon  retour  de  Nogaro,  conformément  à 
vos  désirs.  Mon  départ  pour  Auch  est  fixé  à  dimanche  pour 
le  plus  tard,  ne  le  pouvant  guère  plus  tôt,  et  avant  cette  épo- 
que, j'aurai  une  entrevue  avec  le  sieur  Rivière,  qui  doit  me 
fournil"  de  nouvelles  indications  ;  l'information  déjà  faite,  était 
à  peine  clôturée,  qu'on  vint  prévenir  M.  le  comte  du  Bouzet, 
que  quatre  chasseurs  avoient  assiégé  son  garde.  Vous  sentez, 
mon  Général,  que  ce  seigneur  ne  voulut  point  s'exposer,  ni 
suivre  les  traces  du  seigneur  de  Puigaillard,  (jui  voulut  aller 
au  devant  de  plusieurs  chasseurs  braconnant  ses  terres,  s'en 
trouva  beaucoup  trop  près,  et  prit  le  parti,  devant  leur  nom- 
bre,  de  battre  en  retraite  et  de  laisser  ample  liberté  à  ces 


APPENDICE 


397 


Messieurs.  Des  gens  masqués,  au  nombre  de  six  ou  sept, 
entrèrent  mercredi  dernier,  dans  le  château  de  Lisle-Bouzon, 
chez  Monsieur  le  marquis  de  Galard,  et  lui  dirent  qu'il  pouvoit 
être  tranquille,  pour  cette  fois,  qu'ils  ne  faisoient  que  passer, 
qu'ils  alloient  à  S*-Léonard,  chez  leur  bon  ami.  Le  désordre 
dans  cette  partie  de  la  province  est  venu  si  grand  et  si  général 
([u'il  sera  diflicile  d'y  remédier,  et  de  détruire  les  mauvais 
sujets,  le  nombre  en  étant  trop  multiplié; 

))  Je   suis   avec   respect,    mon  Général,    votre  très  humble 
serviteur , 

»  LA  GLAVERIE.  » 


Plieux,  le  2  Février  1787. 


I 


398  APPENDICE 

A  Monsieur  le  Ministre, 
chargé  de  la  Police  dans  la  province  de  Guyenne. 

«  Monsieur  le  Ministre, 

»  Un  militaire  qui  a  passé  beaucoup  plus  de  soixante  ans 
au  service  du  Roy  ou  il  s'est  acquis  une  réputation,  ne  craint 
pas  tant  qui  vit,  de  donner  des  avis  aux  Ministres.  Dans  cette 
idée.  Monsieur,  je  ne  chercheroy  pas  à  mettre  sous  vos  yeux 
tous  les  désordres  ou  les  différents  événements  ont  mis  cette 
partie  de  la  province  de  Gascogne,  et  surtout  la  Lomagne, 
persuadé  que  vous  en  recevez  journellement  des  plaintes  de 
toutes  parts  et  par  ceux  qui  sont  préposés  pour  vous  informer 
de  tout  ce  qui  se  passe;  mais  comme  depuis  long  temps  nous 
sommes  livrés  à  nous-mêmes,  sans  nulle  autorité  à  qui  nous 
puissions  recourir,  pour  mettre  nos  biens  et  nos  vies  en  sûreté, 
je  suis  persuadé.  Monsieur,  que  vous  me  sentirez  gré  de  l'avis 
que  je  vous  donne. 

»  Nous  n'entendons  parler  plus  que  de  vols,  soit  dans  les 
maisons,  à  main  armée,  soit  sur  les  chemins,  même  en  plein 
jour,  de  manière  qu'on  n'oze  plus  s'exposer  à  marcher  seul,  ni 
la  vigilence  des  Maréchaussées,  ni  les  précautions  des  particu- 
liers, ne  mettent  plus  personne  en  sûreté.  Cependant  chacun  a 
des  affaires,  et  le  mal  peut  durer  fort  long  temps  avant  que  les 
tribunaux  aient  rendu  la  justice  qu'on  est  en  droit  d'attendre. 
Trouvez-bon,  Monsieur,  qu'un  vieux  militaire  vous  propose 
un  moyen,  qui  s'il  n'empêche  pas  tout  le  mal,  diminuera  du 
moins  une  grande  partie.  C'est  le  rétablissement  des  patrouilles 
dans  toutes  les  paroisses,  soit  de  ville  ou  de  campagne, 
comme  il  l'éloil  du  temps  de  Monsieur  le  Maréchal  de  Richelieu. 
Ces  patrouilles  établirent  dans  les  provinces  et  dans  tout  son 
gouvernement,   un  ordre  inconnu  jusqu'alors,  et  qui  procura 


APPENDICE  399 

une  sûreté  générale.  Je  ne  chercherez  pas,  Monsieur,  à  étabUr 
dans  ma  lettre,  le  bien  qui  en  résulteroît  ;  il  est  palpable  ;  mais 
je  puis  vous  certifier  que  toutes  les  provinces  qui  en  connois- 
sent  les  avantages  pour  la  sûreté  publique,  les  redemandent, 
et  que  les  plus  saines  parties,  informées  que  sur  la  fin  de  la 
guerre,  ce  fut  moy  qui  obtins  de  Monsieur  le  Maréchal  de  les 
établir,  s'adressent  à  moy  pour  tâcher  de  les  faire  rétablir, 
comme  un  moyen  unique  d'obtenir  la  sûreté  publique. 

»  J'adresse  cette  même  demande  à  Messieurs  Necker,   de 
Brienne,  de  Villedeuil  et  de  Barentin. 

»  CtROSSOLLES, 
((  Lieutenant-Général  des  armées  du  Roi.  » 


St-Martin,  ce  17  mars  1787. 


400  APPENDICE 


A   Monsieur   le   duc   de  Narbonne. 

«  Personne  n'est  plus  à  même  que  le  comte  d'Esparbès  de 
représenter  le  désordre  de  la  province  où  il  commande.  L'in- 
térêt que  je  prend  et  dois  prendre  à  tout  ce  qui  le  regarde 
m'oblige  d'étayer  par  mon  suffrage  le  cry  public  qui  est  bien 
fait  pour  se  faire  entendre.  L'impunité  a  fait   dégénérer  en 
crimes  ce  qui  n'étoit  d'abord  que  braconnage  et  libertinage,  et 
que  personne  n'a  cherché  à  arrêter.  Ces  mêmes  gens  se  sont 
d'abord  mis  à  voler  le  gibier,  puis  les  volailles;  enfin  aujour- 
d'huy  ils  pillent  les  maisons,  arrêtent  les  passans  et  personne 
n'ose  marcher  la  nuit.   Chacun  se  fait  veiller.  Telle  est  notre 
situation  ;  et  on  entend  le  public  se  plaindre  et  dire  :  nous 
sommes  abandonnés  de  Dieu  et  des  hommes,  nul  ne  s'occuppe 
de  nous,  ni  commandant,  ni  premier  Président,  ni  procureur- 
général,  ni  intendant,  ni  prévôt-général.  A  qui  donc  s'adresser 
efficacement?  Le  comte  d'Esparbès  doit  représenter  au  baron 
de  Breteuil  notre  triste  situation  et  luy  faire  connaître  que  la 
justice  ne  peut  rien  là  où  on  ne  peut  fournir  de  preuves,  et  la 
cause  qui  les  rend  impossibles,  c'est  le  terreur  qu'ont  inspiré 
les  brigands.  Un  remède  plus  prompt  et  plus  efficace  seroit  que 
le  nouveau  Ministre  écrivit  une  lettre  circulaire  à  tous  ceux 
qui  sont  chargés  de  faire  vivre  les  citoyens  en  paix,  par  laquelle 
il  déclareroit  que  le  Roy  informé  des  désordres  qui  se  comettent 
tous  les  jours,  luy  a  ordonné  de  faire  enlever  tous  ces  espèces 
de  gens  reconnus  et  convaincus  par  les  faits  de  leur  culpabilité; 
qu'il  ordonnât  aux  intendants  de  faire  afficher  aux  portes  des 
églises,  copie  de  pareille  lettre,  et  que  cependant  on  fit  enlever 
dans  toutes  les  petites  villes  telles  que  Moissac,  Castel-Sarrasin, 
lieaumont,  Lavit  etc.,  et  autres,  deux  ou  trois  mauvais  sujets, 
ainsi  (pie  dans  les  parroisses  des  environs,  et  choisir  parmi  les 
mauvais  garnements  connus,  qui  n'ont  ni  femme  ni  enfant,  la 
plupart  sans  vocations,  qu'on  les  lit  passer  sur   les  ports  de 
mer   pour   y   être    embarqués   et    transportés   dans  quelque 


.   APPENDICE  401 

colonie.  Un  pareil  enlèvement  d'une  cinquantaine  de  mauvais 
sujets  qui  vont  former  une  pépinière  en  corrompant  les  jeunes 
gens,  feroit  rentrer  la  sûreté  et  la  paix  bien  plus  sûrement  que 
toutes  les  potences  et  les  chaînes. 

))  Qu'on  y  prenne  garde  ;  ce  mal  se  propage  furieusement, 
et  l'état  où  en  sont  les  affaires  dans  le  P^oyaume,  mériteroit 
que  le  Gouvernement  s'en  occupât  un  peu  plus. 

)>  Le  Marqt'is  de  Montgaillard.  » 


Auch,  le  iO  mars  1787, 


«  Messieurs  de  Mondenard,  du  Bouzet,  de  S'-Léonard, 
de  Noé,  de  Preyssac,  tous  les  seigneurs  de  la  Lomagne,  se 
joignent  à  moi  pour  souhaiter  que  le  gouvernement  rende 
le  calme  à  d'honnêtes  gens  qui  sont  sans  cesse  vexés  par 
de  la  vraie  canaille.  » 


Après  la  lecture  de  ces  diverses  pièces  qui  furent  approuvées 
comme  parfaitement  exactes  par  les  membres  de  l'Assemblée, 
^ont  plusieurs  avaient  été  victimes  des  excès  et  des  insolences 
les  braconniers  mentionnés  dans  le  mémoire,  il  fut  demandé 
ie  faire  envoyer  à  la  maréchaussée  l'ordre  de  désarmer  les 
individus  sans  aveu,  désignés  comme  gens  dangereux  pour 
'ordre  public.  La  suite  de  cette  réclamation  ne  se  fit  pas 
ittendre,  et  une  note  fut  expédiée  de  Bordeaux,  quelques  jours 
iprès  la  fm  de  la  session,  au  lieutenant-commandant  à  Auch  ; 
nais  le  résultat  ne  répondit  point  à  l'espoir  général  ;  le  nombre 
les  crimes,  contre  les  personnes  et  les  propriétés,  continua 
l'augmenter  dans  une  proportion  effrayante  en  Lomagne 
iomme  dans  le  reste  de  la  France. 

26 


402 


APPENDICE 


Etat  des  Braconniers  à  désarmer 
dans  la  lieutenance  de  la  sénéchaussée  d'Auch 


BRIGADE 

d'auch. 


Paroisse  de  Nougaroulet. 

Jean  Conté,  dit  Molas. 

Paroisse  de  Puycasquier. 

Jean  Daguzan,  fils,   habitant  à  la  métairie  de 

Couliauniac. 
Jean-Baptiste  Pouget,  demeurant  à  la  Bernadette. 

Paroisse  de  Mansempuy. 

Le  fils  unique  du  nommé  Boue,  dit  Dumoulin, 

habitant  au  Gap  d'Age. 
Le  nommé  Taibosc,  dit  Serrela veille,  dudit  lieu. 


BRIGADE 
DE  LECTOURE. 


Paroisse  de  Saint-Clar. 

Baptiste  Dulau,  fils  aîné. 

Charles  Dulau,  frère. 

Baptiste  Lafage,  aîné,  cordonnier. 

François  Canteloup,  ancien  piqueur. 

Bellefont,  fils. 

Dartres ,    Banau ,     garçons    cordonniers    chez 

Lafage. 
Goyau. 
Maignaud. 
Tardin,  fils,  au  hameau  de  Charroy. 


APPENDICE  403 

Paroisses  de  Mauroux  et  de  Saint-Créac. 

Dominique  Larribau,  fils  aîné. 

Guillaume  Davasse,  maçon,  du  hameau  d'Em- 

barte. 
Jean   Bordes,    faisant  son   bien,    habitant   du 

Janetori. 
Le  sieur  Gouaix. 
Roubaut,  cadet. 

BRIGADE  Paroisse  de  Sempessère. 

DE  LEGTOURE. 

Les  nommés  Pierre  et  Philippe  Guillon,   père 

et  fils. 
Jean  Guillon,  du  Baluché. 
Bernard   Sallesses,    de   la   métairie  de  Gallée, 

appartenant  à  M.  Lascaban. 
Bernard    Barbelane,    fils   aine    de    Barbelane, 

tisserand  à  la  Pétte. 

Paroisse  de  Castelnau. 

Le  nommé  Garraupouy,  dit  Marc. 

Le  nommé  Naudon. 

Laffite,  puisné. 

Taure. 

Laclavère. 

Goulard-Malus. 

Paroisse  de  Bajonnête. 

Le  nommé  Foucaud,  régent. 

Paroisse  d'Estramiac. 

Le  nommé  Dirat. 

Les  deux  frères  Dupin. 


404  APPENDICE 

Paroisse  de  Séran. 

Bordes. 
Goumaignac. 

Paroisse  de  Fleurance. 

Cauboue. 
Laborde. 

Paroisse  de  La  Sauvetat. 
Gazes,  père  et  fils. 

BRIGADE  Paroisse  de  Lauit. 

d'auvillakd. 

Darnis,   chaudronnier  et  aubergiste. 

Biaise  Grêvesegnes. 

Dominique  Belly,   fils  aîné. 

Barry,   dit  Ganteloup. 

Danerel. 

Lauriol. 

Vicamont,   fils. 

Trau,  fils. 

Gui  1  hem,  valet  de  Belly. 

Toiiie  Mazel,  bordier  à  Bourgoigne. 

Joury,  bordier  à  Gassian. 

Le  fils  d'Antoine   Mazel,  bordier  à  Gaulet. 

Raymond   Moussaron,   faisant  son  bien  à  Pey- 

rugrand. 

Le  gendre  de  l'eu  Jacques  Moussaron. 

(Jouiaré,  faisant  son  bien  à  Gajos. 

Jean  Peret,  aîné,  entre  Lavit  et  Si-Aroiimez. 

Le  bordier  de  la  Gouillie. 

Le  sieur  Roques. 

Le  sieur  Maupas. 


APPENDICE  405 

Paroisse  de  Sainte-Blanche. 
Jean  Garros,  aîné. 

BRIGADE  Paroisse  de  Monyaillard. 

d'auvillard. 

Jean  Villemeur;,  meunier. 

Paroisse  de  Maumesson. 

Moulincé,  ancien  domestique. 
Celui  de  la  Doumejourre. 

Paroisse  d'Esparsac. 

Moncouet,  meunier. 
Les  deux  fds  de  Gassagneau. 
Deluc,  père,  habitant  au  lieu  dit  le  Ruisseau 
profond. 

Nous  ordonnons  au  lieutenant-commandant  la  maréchaus- 
sée, à  la  résidence  d'Aucli,  de  faire  désarmer,  conformément 
à  l'ordre  cy-joint,  tous  les  particuliers  dénommés  au  présent 
état,  de  toutes  les  armes  qui  se  trouveront  chez  eux*. 

Fait  à  Bordeaux,  le  25  Septembre  1787. 

Signé  :  Le  Marquis  de  Brienne. 


^  Archives  du  château  de  Magnas-Saiiit-Clar  (Oersi 


1 

i 


I 


i 


LISTE  COMPLÈTE 


DE    MM.    LES    DEPUTES   DE   LA   REGION   SUD-OUEST 
DE    LA   FRANCE 


r  r 


AUX     ETATS- GENERAUX 


AVEC  LEURS  ADJOINTS  ET  SUPPLEANTS 


1614  ET  1789 


APPENDICK  409 


Liste  complète  de  MM.  les  Députés  de  la  région 

Sud-Ouest   de   la    France 

aux   Etats-Généraux,    avec    leurs   Adjoints 

et  Suppléants. 


Aux  Elals-Généraiix  do  1614,  les  députés,  mandés  par  la 
reine  Marie  do  Médicis,  régente  du  royaume  pendant  la 
minorité  de  Louis  XIII,  se  rendirent  à  Paris  et  se  réunirent 
aux  Augustins,  sous  la  présidence  du  cardinal  de  Joyeuse, 
pour  le  Clei'gé,  <lu  baron  de  Sénecey,  pour  la  Noblesse,  et  de 
Rolteil-Miron,  [iiévùl  des  Marchands  de  Pai'is,  pour  le 
Tiers-Etat. 

Les  membres  de  la  sénéchaussée  de  Guyenne  étaient  :  le 
cardinal  de  Sourdis,  archevêque  de  Bordeaux,  Périssac,  sous- 
doyen  de  S'-André,  poui'  le  Cler<^v,  Durfoi't  de  Castelbayart, 
pour  la  Noblesse,  Claveau,  jurai  de  Ooixleaux,  et  Boucand, 
conseiller,  pour  le  Tiers-Etat. 

SÉNÉCHAUSSÉE  D'AGÉNOiS 
Gelas,  évé({ue  d'Agen Clergé. 

NOMPARÏ  Ï)K  CaUMOM  DK  LaUZUN.   .    .         NOHLESSE. 

Ue  la  Goutte N. 

Baron  du  Buisson N. 

Villemon,  procui'eur  du  Hoi Tn-nis-ErAT. 

De  Cambefort,  consul  d'Agen T.-E. 

De  Sabaros,  syndic  du  pays T.-E. 


410  APPENDICE 

PAYS  ET  COMTÉ  DE  COMMINGES 

De  Bellegarde,  évêq.  de  Couzerans.  Cl. 

De  Souvré,  évêque  de  Comminges.  .  Cl. 

Denys  de  la  Hillière N. 

De  Combis T.-E. 

PAYS  DE  RIVIÈRE-VERDUN 

De  Souvré^  évêque  de  Comminges.   .       Cl. 
Lelong,  juge-général T.-E. 

SÉNÉCHAUSSÉE  D'ARMAGNAC 

De  Trappes,    archevêque   d'Auch..   .  Cl. 
De  Tresses,  évêq.  de  Laodicée,  coad- 

juteur  de  l'évêque  de  Lectoure.   .   .  Cl. 

De  Léaumont,  baron  de  Puygaillard.  .  N. 

Le  Long,  lieutenant-général T.-E. 

SÉNÉCHAUSSÉE  DE  CONDOMOIS  ET  GASCOGNE 

De  Caux,  évêque  d'Aure,  coadjuteur 

de  l'évêque  de  Condom Cl. 

De  Buzet,  baron  de  Poudenas N. 

De  Monlezun,  baron  de  Meillan.   .  .  N. 

BoucHARAN  1,  1er  cousul  de  Condoui  .  T.-E. 

De  Goujon,  jurât T.-E. 

SÉNÉCHAUSSÉE   D'ALBRET 

Raymond  de  Moncassin N. 

De  Chastillon N. 

Baron  de  Mauvoisin N. 

Du  Roy,  lieutenant-civil T.-E. 

Broca,   consul  de  Nérac T.-E. 

On  trouve  aussi  ce  nom  écrit  Ponchalan. 


i 


APPENDICE 


411 


SÉNÉCHAUSSÉE  DES  LANNES 

D'EcHAUX,  évêque  de  Bayonne.   .   .   .  Cl. 

Du  Sault,  évêque  d'Acqs Cl. 

Le  Comte  de  Grammont N. 

De  Babry,  lieutenant-général T.-E. 

De  Croist,  syndic T.-E.  *. 

Les  députés  de  la   région   Sud-Ouest   de   la    France,    aux 
Etats-Généraux,  furent,   en   1789,   pour   : 

AGEN 

Clergé.  —  D'Usson  de  Bonnac,  évêque  d'Agen  (Jean, 
Louis,  né  à  Paris,  en  1734,  sacré  le  14 
février  1768). 

—  Malateste  de  Beaufort,  curé  de  Montastruc, 

près  Monclar^. 

—  Fournetz,   curé   de   Puymiclan,    près   d'Ai- 

guillon. 
Noblesse.    —    Le  Duc  d'Aiguillon  (Armand  du  Plessis). 

—  Le  Marquis  de  Bourran,  demeurant  à  Ville- 

neuve. 

—  Le  Marquis  de  Fumel-Montségur,  comman- 

dant de  l'Agênois. 
Tiers- Etat.  —  Daubert,  juge-royal  de  Villeneuve. 

—  Escoure  de  Pélussac,  avocat  à  Libos,  près 

Villeneuve. 

—  Renault,  avocat  à  Agen. 

—  Termes,  bourgeois  à  Marmande. 

—  François  aîné,  bourgeois  à  Clairac. 

—  Bellisle,  avocat  à  Miramont^. 
Suppléant.  —    Boussion,  médecin  à  Lauzun. 


1  Cette  liste,  fort  incomplète,  se  trouve  dans  ï  v  lllsloire  des  Etats-Généraux   en 
France  »,  par  M.  de  Landine,  1788. 

^  M.  de  Beaufort  était  resté  quatre  ans  vicaire  à  Castillonnès,  où  ses  vertus  lui  avaient 
acquis  l'estime  de  tous. 

3  Le  sieur  Bellisle  refusa  le  mandat,  prétextant  son  grand  âge  et  ses  infirmité» 


412 


APPENDICE 


AUCH 


Clergé.  —  Aullx  de  Sémezat,  archiprêtre  de  Lavardens  i. 

Noblesse.      —  Le    Baron    de    Luppé  de   Teybosc,    ancien 

militaire,  chevalier  de  S'-Louis. 
Tiers- Etat.  —  Sextex,  procureur  du  Roi  au  Sénéchal  d'Auch. 
—  Pérès,  avocat  à  Mirande. 

LECTOURE 

Clergé.  —  Le  Curé  de  Lanux,  en  Armagnac. 

Noblesse.      —  Le  Baron  d'Angosse,  maréchal  de  camp. 
Tiers- Etat.  —  De  Laterrade,  juge-mage   du   Sénéchal   de 
Lectoure. 

—  La    Glayerie    de    La    Chapelle,    juge    de 

Lectoure. 

CONDOM 

Clergé.  —  Laborde,  curé  de  Corneillan. 

Noblesse.      —  Le  Marquis  de  Lusignan,   résidant  en  son 

château  de  Xaintrailles. 
Tiers- Etat.  —  Pelauque,  procureur  du  Roi  en  l'Election  de 

Condom. 

—  Meiniel,  avocat  de  Caumont. 

NÉRAC 


Clergé.  —  D'Anteroche,  évèque  de  Condom  (Alexandre- 

César),  né  au  diocèse  de  S^-Flour,  en  1721, 
sacré  le  5  juin  1763. 

Noblesse.      —  Le    Baron    de    Batz,    de    Tartas,    giand- 
sénéchal. 

Tiers- Etat.  —  Broustel,  avocat  à  Casteljaloux. 
—  Brunet,  juge  de  Puch. 

'  Il  était  âgé  de  soixante  aii.s  et  fut  nommé  à  runaiiimilé. 


APPENDICE  413 

DAX 

Clergé.  —  Goze,  curé  de  Goas,  diocèse  de  Dax. 

Noblesse.      —  Le  Comte  de  Barbotan,  résidant  à  S'-Sever- 

Clialosse. 
Tiers- Etat.  —  De  Basquiat,  lieutenant-général  au  Sénéchal 

de  S^-Sever. 

—  Lamarque,     procureur    du    Roi    au    même 

siégea 

MONT-DE-MARSAN 

Clergé.  —  De  La  Porterie,  curé  de  Lencouacq. 

Noblesse.      —  Le  Marquis  de  Roquefort. 
Tiers -Etat.  —  De  Pérès,  ancien  conseiller  au  Parlement  de 
Bordeaux. 
—  ]\Ioiret  de  Flory,  avocat  au  Parlement. 

Nota.  —  Ce  dernier  avait  été  en  ballottage  avec  le  sieur  Pascal, 
négociant  à  Mont-de-Marsan 

BAZAS 

Clergé.  —  De  Saint-Sauveur,  évéque  de   Bazas  (Jean- 

Baptiste  Amédée  Grégoire,  né  au  diocèse 
de  Monde,  le  24  juin  1709,  sacré  le  16 
octobre  1746). 

Noblesse.      —  De  Pus,  grand  sénéchal. 

Tiers- Etat.  —  Saige,  avocat  au  Parlement  de  Bordeaux. 

—  Lavenne,  avocat  au  môme  Parlement. 

BOllDEAU.X 
Clergé.  —  Champion  de  Cicé,  archevêque  de  Bordeaux 

(Jérôme  Marie,  né  à  Rennes,  en  1735, 
sacré  évêque  de  Rodez,  le  26  août  1770), 

—  L'Abbé  d'Héral,  chanoine  de  la  cathédrale. 

—  PiFFON,  curé  du  Médoc. 

—  L'Abbé  de  Laage,  curé  du  Blayois. 

Nota.  —  Il  y  eut  .sci.ssion  dans  ronlcede  la  Noblesse,   de  là  deux 
élections. 

•  C'était  le  père  du  célèbre  içénéral  Lamarque. 


414 


APPENDICE 


Première  élection,   avec  pouvoirs  limités: 

Noblesse.      —  Le  Berthon,  premier  président  au  Parlement 
de  Bordeaux. 

—  Lavie,  président  au  même  Parlement. 

—  Le  Vicomte  de  Ségur,  de  Bordeaux. 

—  Le  Chevalier  de  Verthamon,  frère  du  Pré- 

sident du  même   nom,    au   Parlement   de 
Bordeaux. 

Seconde  élection,  avec  pouvoirs  généraux  : 

Noblesse.      —  Le  Maréchal  de  Duras. 

—  Le  Marquis    de    La    Fayette,    lieutenant- 

général  des  armées  du  Roi. 

—  Le  Marquis  de  Cadillac. 

—  Le  Vicomte  de  Ségur  (de    la  première  élec- 

tion). 
Tiers- Etat.  —  Paul  Nérac,  négociant  à  Bordeaux. 

—  Lafargue,  négociant,  ancien  jurât  de  cette 

ville. 

—  De  Sèze,  médecin  de  la  même  ville. 

—  G  archet  Delisle,  négociant. 
Suppléant.  —  Mercier,  bourgeois  vivant  noblement. 
Campagne.  —  Fisson,  médecin  à  Cadillac. 

—  De  Luze  de  l'Estang,  notaire  à  Coutras. 

—  Boissonneau,    notaire    à    S^-Paul,    dans    le 

Blayois. 

—  Bernard,  bourgeois  à  Bourg. 
Suppléant.    —  Lesnière,  avocat  du  Fronsonnais,  près  Bor- 
deaux. 


LIBOURNE 

Clergé.  —  Malarty,  cuié  de  S^-Denis. 

Noblesse.      —  De  Puch  de  Montbreton,  gentilhomme  rési- 
dant à  sa  terre,  près  S'c-Foy  sur  Dordogne. 
Tiers-Etat.  —  Mestre,  avocat  à  Stc-Foy. 

—  Dumas,  bourgeois  de  Libourne. 


APPENDICE  415 

RIVIÈRE-VERDUN 

Clergé.  —  Le  Tonnelier  de  Breteuil,  évêque  de  Mon- 

tauban  (Anne,  Victor,  François,  né  à  Paris 
en  1726,  sacré  le  24  février  1763). 

Noblesse.      —  De  Cazalès. 

Tiers -Etat.  —  Long,   procureur   du   roi   à   Beaumont-les- 
Lomagnes. 
—  Pérès  de  Gesse,  avocat. 

TARTAS 

Clergé.  —  Lanusse,  curé  de  S^-Etienne-Labourd. 

Noblesse.      —  Le  Baron  de  Batz,  grand  sénéchal  du  duché 

d'Albret. 
Tiers-Etat.  —  Larreyre,  conseiller  au  Sénéchal  de  Tartas. 

—  Castagnède,  notaire  et  juge  à  Labouheyre. 

TAREES 

Clergé.  —  Rivière,  curé  de  Vic-Bigorre. 

Noblesse.      —  Le  Baron  de  Gonès,  syndic  des  Etats. 
Tiers- Etat.  —  Barère  de  Vieusac,   conseiller  au   Sénéchal 
de  Tarbes. 

—  Dupont,  avocat  à  Luz  en  Barège^ 

RODEZ 

Clergé.  —  De  Colbert,  évêque  de  Rodez  (Seignelay  de 

Gast-le-Hill,  né  en  1736,  sacré  le  22  avril 

1781). 
Noblesse.      —  Le  Vicomte  d'Adhémar-Panat,  maréchal  des 

camps  et  cordon  rouge. 
Tiers-Etat.  —  Pons  d'Alon,  lieutenant  de  robe-courte   en 

la  Sénéchaussée  de  Rodez. 

—  RoDAT,   neveu  du  précédent,   seigneur  d'O- 

lemps,  y  résidant. 

'  Jadis  professeur  au  Collège  Louis-le-Granii  à  Paris,  puh  au  Collège  de   Pau. 


416 


APPENDICE 


CAHORS 

Clergé.  —  Ayrolles,  curé  de  Reyrevignes. 

—  De  Nigolaï,  évoque  de  Gahors. 

—  Laymerie,  curé  de  S'-Privat. 
Noblesse.  —  Le  Marquls  de  la  Valette. 

—  Le  Duc  de  Lauzun-Biron. 

—  Le  Comte  de  Tannes. 

Tiers-Etat.  —  Feydel,  avocat  en  la  Sénéchaussée  de  Gahors. 

—  PoNCET,  avocat  à  Montauban. 

—  Durand,  avocat  à  Léobard-Gourdon. 

—  BouTARiE,  président  en  l'Election  de  Figeac. 

—  Lachèze,  lieutenant-général  à  Martel. 

—  Gouges  Cartonney,  négociant  à  Lauzerte. 


Clergé. 


Suppléant. 
Noblesse. 

Suppléant. 

Tiers -Etat, 


Clkugé. 


LE  PUY  EiN  VELAY 

De  Galard  de  Terraube  ,  évêque  du  Puy 
(Marie,  Joseph,  né  dans  le  diocèse  de  Lec- 
toure,  le  20  mai  173G,  sacré  le  24  juillet 
1774,  aumônier  du  roi  et  chanoine  de 
l'église  de  Paris  *). 

Privar,  prieur  et  curé  de  Crapone. 

Le  Marquis  de  Maubourg,  colonel  du  régi- 
ment Soissonnais. 

De  Jussar  de  Monistrol,  capitaine  d'artil- 
lerie. 

Bonnet  de  Treyches,  lieutenant-général  de 
la  Sénéchaussée. 

Richohd,  avocat  au  Puy. 

PÉUhUIEUX 

Delfaut,  archiprètre  d'Aglan  en  Sarladais. 
Laporte,  curé  de  S^-Martial  d'Hautel'ort,   en 
Péi'igord. 


'   En  178y,  les  vicaires-içénéraux   de  Mu''  tle  ("lalaid  tMaieiit  :    Messieurs  de  S»-(iéry,  de 
l'iua,  des  Grainjcs  et  de  Maillé.  —  Secrétaire  :  Le  Flo. 


APPENDICE 


417 


Noblesse.      —  Le  Comte  de  La  Roque  de  Mons,  près  Ber- 
gerac. 

—  Foucault  de  Lardimalie,  résidant  à  S^-Pierre 

de  Clignac. 
Tiers -Etat.  —  De  la  Charmie,  lieutenant-général  du  séné- 
chal de  Périgueux. 

—  GoNTiER  DE  BiRAN,  Ucutenant-général  de  Ber- 

gerac. 

—  Loys,  avocat,  premier  consul  de  Sarlat. 

—  Paulhiac,  avocat  de  la  Sauvetat-Grasset,  près 

Villamblard. 

VILLE-FRANCHE 

Clergé.  —  De  Villaret,  grand-vicaire  de  Rodez,   mem- 

bre   de    la   commission    intermédiaire   de 
l'Administration  provinciale. 
—  Malrieux,  curé-prieur  de  Lombes,  près  Ville- 

franche. 

Noblesse.      —  Le  Comte  de  Bournazelle,   membre   de   la 
commission  intermédiaire  provinciale. 

—  Le  Comte  de  Yezins,  de  Milhau. 
Suppléant.     —  Son  père. 

Tiers -Etat.  —  Manhaval,  avocat,  près  Ville-Franche. 

—  AxDURAND,  avocat,  de  Ville-Franche. 

—  Perlx  de  Viviers,  avocat,  près  Ville-Franche. 

—  Lambel,  avocat,  du  Mur-de-Barès,  en  Rouer- 

gue. 


27 


418  APPENDICE 

Résumé  et  Analyse  des  Députations 
des    Trois -Ordres    aux    Etats  -  Généraux. 


Haut  Clergé 

Cardinal 1 

Archevêques 10 

Evêques 35 

Recteur  de  l'Université 1 

Supérieur  général  d'Ordre 1 

Proviseur  de  Collège 1 

Comtes  de  Chapitres 2 

Abbés  commendataires 10 

Conseiller  au  Parlement 1 

Grands-Vicaires 9 

Chanoines 8 

Total 79 

Clergé  Pastoral 

Curés 214 

Total  général  pour  Messieurs  les  Membres 

du  Clei-gé 293 

Noblesse  de  Cour 

Prince  du  sang 1 

Princes 3 

Ducs 19 

Comtes 46 

Marquis 41 

Exempt  des  cent  Suisses 1 

Barons 11 

Chevaliers 2 

Total 124 


appendice  419 

Noblesse  de  Province 

Marquis 29 

Comtes 30 

Chef  d'Escadre 1 

Capitaine  des  vaisseaux  du  Roi 1 

Présidents  à  mortiers  et  autres 11 

Procureur  général 1 

Conseillers 11 

Barons 17 

Chevaliers 16 

Lieutenant  des  Maréchaux  de  France 1 

Procureur  du  Roi 1 

Avocat  gentilhomme 1 

Lieutenants  généraux  de  juridiction  inférieure.    ...  2 

Total 122 


Hommes  de  Robe 

Procureur  général 1 

Conseillers  d'Etat 2 

Maîtres  des  eaux  et  forêts 6 

Procureurs 3 

Greffier 1 

Subdélégués 7 

Baillis 3 

Lieutenants-généraux  civils    et  criminels,  Présidents, 

Avocats,  Procureurs  du  Roi  et  Conseillers 146 

Avocats 184 

Total 353 


420  APPENDICE 


Arts  et  Métiers 

Garde  du  Trésor  Royal 1 

Prêtres  Chapelains 2 

Comte 1 

Prévôt  de  Maréchaussée 4 

Gentilshommes 8 

Receveur  général  des  Finances 1 

Maires  et  Echevins 18 

Major  d'un  Régiment  Provincial 1 

Intendant  de  Marine 1 

Intendant  de  l'Inde 1 

Lieutenant  des  Canoniers 1 

Secrétaire  du  point  (l'honneur 1 

Auteurs 3 

Cultivateurs 40 

Armateur 1 

Négociants  et  banquiers 74 

Capitaine  de  vaisseau  marchand 1 

Médecins 15 

Officier  chez  le  Roi 1 

Maître  d'hôtel  de  Monsieur 1 

Bourgeois  et  propriétaires 50 

Directeurs  des  monnaies 2 

Maîtres  en  droit 2 

Maîtres  de  forges 2 

Notaires 10 

Libraires 2 

Entreposeur  du  Tabac 1 

Total 242 


APPENDICE 


421 


RÉSUMÉ 


Haut  Clergé 

79 

Clergé  Pastoral..    .    . 

214 

Noblesse  de  Cour.    .    . 

124 

Noblesse  de  Province.  . 

122 

Hommes  de  Robe.  .    .    . 

353 

Arts  et  Métiers.  .    .    . 

242 

Total  général. 

1,134 

ÉTAT  DE  LA  FRANCE 


EN   1787 


APPENDICE  425 


Etat  de  la  France  en  1787 


MARÉCHAUX  DE    FRANCE 

(histitués   par   Philippe  -  Auguste ,    en    il85.J 

MM.  de  Richelieu,  de  Biron,  de  Contades,  de  Soubise, 
de  Broglie,  de  Noailles,  de  Fitz-James,  de  Mouchy,  de 
Duras,  de  Mailly,  d'Aubeterre,  de  Laval,  de  Beauvau, 
de  Castries,  de  Vaux,  de  Ségur,  de  Choiseuil  -  Stainville, 
de  Lévis. 

Secrétaire  général  de  MM.  les  Maréchaux  de  France 

M.  de  La  Croix,  chevalier  de  Saint-Louis,  commissaire  des 
Guerres  des  chevau-légers  de  la  Garde  du  Roi. 

M.  Gondot,  chevalier  de  Saint-Louis,  honoraire. 


426  APPENDICE 


CONSEILS  DU  ROI 


Conseil  d'Etat 
Le  Roi. 

MM.  le  Maréchal  de  Castries,  ministre  et  secrétaire  d'Etat, 
le  Maréchal  de  Ségur,  ministre  et  secrétaire  d'Etat. 
le  Comte  de  Vergennes,    conseiller  d'Etat  ordinaire, 

ministre  et  secrétaire  d'Etat. 
le  Marquis  d'Ossun,  ministre  d'Etat. 
le  Baron  de  Breteuil,  conseiller  d'Etat  ordinaire,  mi- 
nistre et  secrétaire  d'Etat, 
de  Calonne,   ministre  d'Etat,  conseiller  ordinaire   au 
Conseil  Royal,  contrôleur  général  des  Finances. 

Conseil  des  Dépêches 
Le  Roi. 
MM.  le  Garde  des  Sceaux. 

les  Maréchaux  de  Castries  et  de  Ségur. 

le  Comte  de  Vergennes,  ministre  d'Etat. 

le  Marquis  d'Ossun,  id. 

le  Baron  de  Breteuil,  id. 

Bertier  de  Sauvigny,  conseiller  d'Etat. 

de  Calonne,  ministre  d'Etat. 

Bouvard  de  Fourqueux,  conseiller  d'Etat  o«rdinaire. 

Conseil  Royal  des  Finances 

Le  Roi. 

MM.  le  Garde  des  Sceaux. 

le  Comte  de  Vergennes. 

de  Calonne,  contrôleur-général  des  Finances. 

Feydeau  de  Marville,  doyen  du  Conseil. 

de  Boullongne,  conseiller  d'Etat  ordinaire. 

Boutin,  id. 

Le  Noir,  id. 


appendice  427 

Conseil  Royal  de  Commerce 
Le  Roi. 
MM.  le  Garde  des  Sceaux. 

de  Galonné,  de  Boullongne,  de  Fourqueux. 

le  Comte  de  Vergennes. 

le  Maréchal  de  Castries. 

Feydeau  de  Marville. 

de  La  Michodière,  conseiller  d'Etat  ordinaire. 

de  Montyon,  id. 

le  Baron  de  Breteuil,  id. 

de  Montholon,  id. 

Compagnie  des  Indes 
M.  Boutin,  conseiller  d'Etat. 

Législation  des  Monnaies 
M.  Pajot  de  Marcheval,  conseiller  d'Etat. 

Conseil  d'Etat 

Messire  René-Nicolas-Charles-Augustin  de  Maupeou,  cheva- 
lier, chancelier,  commandeur  des  Ordres  du  Roi. 

Messire  Armand  -  Thomas  Hue  de  Miromesnil,  chevalier, 
garde  des  Sceaux. 

Conseillers  d'Etat  ordinaires 

MM.  le  Maréchal  d'Aubeterre. 
le  Maréchal  de  Castries. 
le  Maréchal  de  Ségur. 
le  Comte  de  Vergennes. 
de  Roquelaure,  évêque  de  Senlis. 
l'Abbé  Bertin. 

l'Abbé  Peguilhem  de  Larboust. 
l'Abbé  de  Radonvilliers. 
le  Baron  de  Breteuil. 
de  Galonné. 


428  APPENDICE 

MM.  Feydeau  de  Marville. 
de  La  Porte. 
Bertier  de  Sauvigny. 
de  Boullongne. 
Joly  de  Fleury. 
Lescalopier. 
Boutin. 
de  Sartine. 
de  La  Michodière. 
Bouvard  de  Fourqueux. 
FouUon. 
d'Ormesson. 
d'Orceau  de  Fontette 
Le  Noir. 

Drouyn  de  Vaudeuil. 
Vidaud  de  La  Tour, 
de  Montyon. 
Fargès. 
de  Cotte. 
Lambert. 

Dupleix  de  Bacquencourt. 
Lefèvre  de  Gaumartin. 
de  ^lontholon. 

de  Chaumont  de  la  Galaisière. 
Pelletier  de  Morfontaine. 
Pajot  de  Marcheval. 
d'Aguesseau. 
de  Flesselles. 
Dupré  de  Saint-Maur. 
Mérault  de  Villeron. 
de  Cy pierre. 


ft 


APPENDICE  429 

PRINCES,  SEIGNEURS  ET  PAIRS  DE  FRANGE 
D'après  le  rang    qu'ils   ont  au  Parlement. 

Princes  du  Sang 

M.  le  Duc  d'Orléans,  M.  le   Prince  de  Gondé,   M.  le   Duc    de 
Bourbon;,M.  le  Prince  de  Gonti,  M.  le  Duc  de  Pentliièvre. 

Pairs  Ecclésiastiques 

MM.  de  Talleyrand-Périgord,  archevêque,  duc  de  Reims, 
de  Sabran,  évêque,  duc  de  Laon. 
de  La  Luzerne,  évêque,  duc  de  Langres. 
de  La  Rochefoucauld,  évêque,  comte  de  Beauvais. 
de  Glermont-Tonnerre,  évêque,  comte  de  Châlons. 
de  Grimaldi,  évêque,  comte  de  Noyon. 

Pairs  Laïcs 

4572  MM.  le  Duc  d'Uzès. 

1582  le  Duc  d'Elbeuf,  Prince  de  Lambesc. 

1595  le  Duc  de  Montbazon,  Prince  de  Rohan. 

1599  le  Duc  de  ïhouars,  Duc  de  La  Trémouille. 

1606  le  Duc  de  Sully. 

1619  le  Duc  de  Luynes  et  de  Ghevreuse. 

1620  le  Duc  de  Brissac. 

1631  le  Maréchal  Duc  de  Richelieu. 

1634  le  Duc  de  Fronsac. 

1652  le  Duc  d'Albret    de    Ghâteau  -  Thierry,     Duc    de 

Bouillon. 
—  le  Duc  de  Rohan  i. 


•  Messieurs  de  Rohan  et  d'Albret  avaient  une  difficulté  pour  leur  rang  de  préséance, 
qui  n'était  pas  résolue  en  1787. 


430  APPENDICE 

1662  MM.  le  Duc  de  Piney,  Duc  de  Luxembourg. 

1663  le  Duc  de  Gramont. 

—  le  Duc  de  Villeroy. 

—  le  Duc  de  Mortemart. 

—  le  Duc  de  Saint-Aignan. 

—  le  Duc  de  Gesvres. 

—  le  Maréchal  Duc  de  Noailles. 
1665  le  Duc  d'Aumont. 

1690  le  Duc  de  Charost,  Duc  de  Béthune-Charost. 

—  le  Duc  de  Saint-Cloud,  archevêque  de  Paris. 

1710  le  Duc  de  Harcourt. 

—  le  Maréchal  Duc  de  Fitz-James. 

1711  le  Duc  de  Chaulnes. 

1714  le  Maréchal  Duc  de  Rohan-Rohan,  Prince  de  Sou- 
bise. 

1716  le  Duc  de  Villars-Brancas,  Duc  de  Brancas,  Cheva- 
lier de  la  Toison  d'Or. 

—  le  Duc  de  Valentinois,  Prince  de  Monaco. 
1721  le  Duc  de  Nivernois. 

1723  le  Maréchal  Duc  de  Biron. 

1731  le  Duc  d'Aiguillon. 

1736  le  Duc  de  Fleury. 

1757  le  Maréchal  Duc  de  Duras,  Chevalier  de  la  Toison 

d'Or. 

1759  le  Duc  de  La  Vauguyon. 

1762  le  Duc  de  Praslin. 

1770  le  Duc  de  La  Rochefoucauld. 

1775  le  Duc  de  Clermont-Tonnerre,  Duc  de  Tonnerre. 

1777  le  Duc  d'Aubigny,  Duc  de  Richmond. 

1786  le  Duc  de  Choiseul. 


APPENDICE 


431 


DUCS    HÉRÉDITAIRES,  NON    PAIRS,    VÉRIFIÉS 
AU   PARLEMENT. 


1667  MM. 
1696 
1742 
1747 

1758 

1766 

1767 
1769 
1773 

1774 
1777 
1780 

1784 

1786 


e  Duc  de  Chevreuse. 
e  Duc  de  Bouteville. 
e  Maréchal  Duc  de  Broglie. 


e  Duc  de  Coigny. 

e  Duc  de  Liancourt. 

e  Maréchal  Duc  de  Laval-Montmorency. 

e  Prince  Ferdinand  de  Rohan,  archevêque,  duc  de 

Cambrai, 
e  Duc  de  Montmorency, 
e  Duc  de  Beaumont,  Prince  de  Tingry. 
e  Duc  de  Lorges. 
e  Duc  de  Croï  d'Havre, 
e  Duc  de  Villequier. 
e  Duc  du  Châtelet. 
e  Duc  de  Polignac. 
e  Duc  de  Maillé, 
e  Maréchal  Duc  de  Lévis. 
e  Duc  de  Saulx-Tavannes. 


432  APPENDICE 


DUCS  A  BREVET 


MM.  le  Comte  de  Lauraguais. 
le  Duc  d'Ayen. 
le  Duc  de  Gontaut. 
le  Duc  de  Duras, 
le  Duc  de  Lesparre. 
le  Duc  de  Lauzun. 
le  Duc  de  Fitz-James. 
le  Prince  de  Groï. 
le  Marquis  de  Laval, 
le  Duc  de  Ghabot. 

le  Prince  de  Poix,  Ghevalier  de  la  Toison  d'Or, 
le  Duc  de  Narbonne. 
le  Prince  de  Montmorency. 
le  Duc  de  Givrac. 
le  Gomte  de  La  Tour  d'Auvergne, 
le  Gomte  de  La  Tour  d'Auvergne  fils, 
le  Duc  de  Guines. 
le  Duc  de  Mailly. 
le  Duc  de  Grussol. 
le  Prince  de  Broglie. 
le  Duc  de  Guiclie. 
le  Gomte  de  Praslin. 

le  Gomte  de  Gand,  brevet  d'honneur  héréditaire, 
le  Marquis  de  Goigny. 
le  Duc  de  Gastries. 
le  Duc  de  Gossé. 
le  Duc  de  Beuvron. 
le  Duc  d'Agénois. 


APPENDICE  433 


GRANDS   D'ESPAGNE. 


MM.  le  Maréchal  Duc  de  Mouchy,  Chevalier  de  la  Toison 
d'Or, 
le  Duc  de  Nivernois. 
le  Duc  de  Valentinois. 
le  Duc  de  Céreste-Brancas. 
le  Comte  de  la  Marck,  Prince  d'Aremberg. 
le  Comte  d'Egmont-Pignatelli,  Chevalier  de  la  Toison 

d'Or, 
le  Prince  de  Salm-Kirbourg. 
le  Duc  d'Havre  et  de  Croï. 
le  Prince  de  Robecq. 
le  Maréchal  Prince  de  Beauvau. 
le  Comte  de  Tessé. 
le  Prince  de  Chimay. 
le  Marquis  de  Rouault. 
le  Comte  de  Périgord. 
le  Marquis  d'Hautefort. 
le  Prince  de  Ghistelle. 
le  Comte  de  Buzançois. 

le  Marquis  d'Ossun,  Chevalier  de  la  Toison  d'Or, 
le  Marquis  de  Saint-Simon, 
le  Duc  de  Doudeauville. 
le  Prince  de  Montbarrey. 
le  Duc  de  Crillon-Mahon. 
le  Comte  d'Estaing. 
le  Prince  de  Nassau. 

le  Duc  d'Ayen,  Chevalier  de  la  Toison  d'Or, 
le  Duc  de  Caylus. 
le  Vicomte  de  Gand. 


38 


434  APPENDICE 


GOUVERNEUR  DE  L'HOTEL  ROYAL  DES  INVALIDES. 


M.  le  Maréchal  de  Ségur,  ministre  et  secrétaire  d'Etat,  ayant 
le  département  de  la  guerre,  et  sm'intendant  de  l'Ecole 
Royale  Militaire,  dont  M.  le  Marquis  de  Timbrune- Valence, 
lieutenant- général,  grand  -  croix  de  Saint  -  Louis,  était  le 
gouverneur  et  inspecteur  général. 


APPENDICE  435 

LISTE   DES   FERMIERS-GÉNÉRAUX 

DES  FERMES  ROYALES  UNIES  ,   1787 

MM.  Alliot  de  Mussey  —  Augeard  —  Deville  —  Roullongne 
de  Préninville  —  Brac  de  la  Perrière  —  Chalut  de  Vérin  — 
Dangé  de  Bagneux  —  Couturier  —  d'Arlincourt  —  de  Goul- 
miers  —  de  Laàge,  père  —  de  Laàge,  fils  —  de  La  Borde  —  de 
La  Hante  —  de  La  Haye  —  de  l'Epinay  —  de  Luzines  —  de 
Montcloux,  père  — de  Montcloux,  fils  —  de  Neuilly  —  de  Saint- 
Alphonse  —  de  Saint-Amand  —  de  Saint-Christau  —  de  Saint- 
Germain  —  de  Saint-Prix  —  de  Saint-Hilaire  —  Doazan,  père 
—  Doazan,  fils  —  Douet  —  du  Vaucel  —  Faventines  de  Fonte- 
nilles  —  Lavoisier  —  Le  Gendre  de  Villemorien  —  Parseval  — 
Le  Gendre  de  Luçay  fils  —  Loiseau  de  Béranger  —  Ménage  de 
Pressigny  —  Papillon  d'Auteroche  —  Papillon  de  Sannois  — 
Paulze,  père  —  Paulze,  fils  —  Perler  —  Pignon  —  de  La  Haye, 
fils  —  Puissant  —  Roslin  —  Rougeot  —  Saleur  de  Grizien, 
père  —  Saleur  de  Grizien,  fils  —  Taillepied  —  Vente  — 
Varanchan  —  Verdun. 

Mercier  —  Tronchin,  fermiers-généraux  honoraires. 

Navier,  secrétaire-général  des  Fermes. 

Pour  le  département  des  impositions,  M.  du  Gravier  de 
Vergennes,  maître  des  Requêtes,  était  intendant-général  ;  il 
avait  sous  sa  direction  :  La  taille,  la  capitatlon;,  les  vingtièmes, 
les  dons  gratuits  du  Clergé  de  France,  les  impositions  des 
Clergés  des  Frontières,  et  de  l'Ordre  de  Malte,  les  travaux  de 
charité,  l'agriculture,  les  recettes  générales  et  particulières 
des  finances,  l'expédition  de  tous  les  états  des  finances  des 
pays  d'Etats  et  des  pays  conquis,  la  régie  des  poudres  et  sal- 
pêtres, celle  des  étapes  et  convois  militaires,  la  vérification  des 
Etats  au  vrai,  qui  s'arrêtaient  au  Conseil. 

M.  Tarbé,  premier  commis  au  même  département,  avait  la 
direction  du  brevet  général  de  la  taille,  des  impositions 
accessoires  et  de  la  capitation.   Il  s'occupait  aussi  du  règle- 


436  APPENDICE 

ment  des  diminutions  et  de  toute  la  correspondance  relative 
aux  formes  de  l'assiette  et  répartitions  des  impositions,  ce  qui 
comprenait  la  direction  générale  des  vingtièmes  et  le  conten- 
tieux relatif  à  cette  imposition,  ainsi  que  les  Assemblées  des 
Administrations  provinciales,  la  capitation  de  la  Cour  et  les 
impositions  de  la  Ville  de  Paris. 

M.  Gaudin  était  chargé  des  recettes  générales  des  finances, 
des  recettes  particulières  des  Provinces  et  de  la  Ville  de  Paris, 
de  l'inspection  sur  les  recouvrements  et  la  résidence  des  rece- 
veurs particuliers,  des  grâces  et  pensions  du  département  des 
impositions,  autres  que  celles  relatives  à  l'Administration  des 
vingtièmes,  enfin  de  toutes  les  dépenses  acquittées  par  les 
receveurs  généraux  des  finances  dans  les  Provinces.  De  plus, 
il  avait  dans  son  département,  les  travaux  de  charité,  la  régie 
des  poudres  et  salpêtres,  celle  des  étapes  et  convois  militaires, 
la  correspondance  et  le  contentieux  relatif  à  tous  ces  objets 
et  la  vérification  des  états  au  vrai  des  recettes  générales  ffui 
s'arrêtaient  au  Conseil. 

M.  Subert  devait  s'occuper  du  contentieux  de  la  taille  et  de 
la  capitation,  des  Sociétés  d'agriculture,  des  dessèchements, 
défrichements,  abolition  du  droit  de  parcours,  partages  entre 
les  communes,  impositions  locales  pour  les  reconstructions 
ou  réparations  d'églises,  presbytères  et  autres  ouvrages  à  la 
charge  des  communautés. 

j\I.  Albaret  était  le  secrétaire  de  ce  département,  et  en  cette 
qualité,  chai'gé  du  renvoi  des  placets  et  mémoires. 

L'Agi'iculture  était  considérée  comme  si  importante  qu'elle 
avait  une  administration  particulière,  présidée  par  M.  de  Ver- 
gennes,  et  composée  de  :  MM.  le  Duc  de  Liancourt,  de 
Cheyssac,  de  Lasousky,  Courtois  de  Minut,  Tillet,  Darcet, 
Poissonnier,  Lavoisier,  du  Pont,  Le  Hoc,  Lefebvre,  procureur 
général  de  la  congrégation  de  France,  et  Subert,  premier 
commis  aux  finances  ^ 


•  Etal  do  la  France  en  1787. 


LE 


TRIBUNAL  IlÉYOLUTlONNAIRli 


DE    TOULOSE 


I 


APPENDICE  439 


Le  Tribunal  Révolutionnaire 
de  Toulouse 


Le  Tribunal  Révolutionnaire  de  Toulouse,  décrété  par 
Danton,  se  montra  d'une  sévérité  et  d'une  injustice  révol- 
tantes. Au  nombre  des  victimes,  désignées  dans  toutes  les 
classes  de  la  société,  on  peut  citer  le  Comte  Jean  du  Barry, 
l'intendant  de  Bouche-Porn,  Madame  de  Cassand,  David- 
d'Escalonne,  Lignières,  négociant  ;  Aurcolles,  vitrier  ;  Gar- 
naut,  épicier,  et  trente-six  autres  habitants  de  Toulouse,  des 
conditions  les  plus  diverses.  Le  Tribunal  était  présidé  par 
Hugueny,  ancien  notaire  de  Beaumont  -  de  -  Lomagne,  et 
l'accusateur  public  se  nommait  Capelle  ;  il  était  originaire  du 
Lauraguais.  Les  exécutions  eurent  lieu  à  la  Porte-Neuve. 

Les  cinquante  magistrats  du  Parlement  furent  guillotinés  à 
Paris.  Parmi  eux  se  trouvaient  MM.  du  Barry,  de  Miégeville, 
Caumont,  d'Ayguevives,  Reversat-Marsac,  de  Guiringaud, 
d'Aspe,  de  Montégut,  de  Larroquand,  d'Héliot,  de  Balzac- 
Firmy,  etc..  ^. 


*  Nos  Premiers  Présidents  Je  Toulouse,  par  H.  Amilhau 


EXÉCUTION 


DE  L  ARRETTE  DU  REPRESENTANT  DU  PEUPLE 

DARTIGOYTTE 

ORDONNANT  LA  MISE  A  FERME  DES   BIENS   DES   PÉRÈS 

ET  MÈRES  d'Émigrés,  25  floréal,  an  2. 
(Archives  de  Magnas) 


APPENDICE  443 


Exécution  de  l'arretté  du  représentant  du  peuple 

Dartigoytte 

Ordonnant  la  mise  à  ferme  des  biens 

des  pères  et  mères  d'émigrés,  25  Floréal,  an  2. 

{Archives   de   Magnas) 


Ce  jourd'huy  vingt  unième  prairial,  l'an  deuxième  de  la 
République  française  une  et  indivisible,  par  devant  nous 
administrateur  du  district  de  Lectoure,  est  comparu  le  citoyen 
Cezerac,  receveur  de  la  régie  nationalle  et  des  domaines  au 
bureau  de  Lectoure,  à  deux  heures  de  relevée,  qui  nous  a  dit 
qu'en  exécution  de  l'arretté  du  représentant  du  peuple  Darti- 
goyte,  du  vingt  cinq  floréal  dernier  qui  ordonne  que  les  biens 
des  pères  et  mères  d'émigrés  seront  affermés  comme  les  autres 
domaines  nationaux,  le  bail  à  ferme  des  biens  de  la  citoyenne 
épouse  Galard-Lisle-Bouzon,  cy-devant  marquise,  situés  dans 
la  commune  de  Magnas,  a  été  annoncé  par  des  affiches  pour 
en  prévenir  le  public  ;  lesdits  biens  consistant  en  six  métairies 
et  deux  moulins^  preds,  avec  toutes  ses  appartenances  et 
dépendances  sous  la  convention  expresse  néanmoins  que  le 
fermier  sera  tenu  de  résilier  le  bail  sans  indemnité  en  cas  de 
vente,  ou  que  la  Convention  nationalle  décidât  en  quelque 
autre  forme  sur  les  biens  des  pères  et  mères  d'émigrés,  et 
que  dans  le  présent  bail  ne  sont  pas  compris  les  maisons 
d'habitation,  ny  aucun  meuble  et  effets  inventoriés,  à  l'excep- 
tion de  la  vaisselle  vinaire  et  futailles  qui  se  trouveront  libres, 
les  coupes  des  bois  réservées,  et  que  le  bail  est  fait  aux 
mômes  clauses,  conditions  et  qualifications  des  biens  des  émi- 
grés eux-mêmes,  pour  trois  années  et  trois  récoltes,  à  moins 
que  les  cas  prévus  cy-dessus,  n'interrompent  le  bail  et  que 


444  APPENDICE 

l'adjudicataire  se  chargera  des  capitaux  des  bestiaux  sur  l'esti- 
mation qui  en  sera  faite  de  suitte. 

La  mise  à  prix  a  été  à  3,900  livres. 

Le  troisième  feu  allumé  et  après  plusieurs  enchères,  le 
bail  a  été  provisoirement  adjugé  au  citoyen  Saint-Avit^  au 
prix  de  9,800  livres. 

Le  quatrième  feu  allumé  s'étant  éteint  sans  nouvelle  enchère, 
le  bail  a  été  deffinitivement  adjugé  audit  Jean  Saint- Avit,  habi- 
tant de  Lectoure,  au  prix  de  9,800  livres,  et  n'a  signé  pour  ne 
savoir,  de  ce  requis,  et  à  l'instant  ledict  Jean  Saint- Avit,  adju- 
dicataire, a  offert  pour  caution  Jean  Laboubée,  habitant  de 
Marsolan,  et  autre  Jean  Saint-Avit,  habitant  de  Lectoure. 

Lecture  faite  de  la  susdite  adjudication  et  charges  d'icelle, 
les  citoyens  Laboubée  et  Saint-Avit,  après  l'avoir  entendu 
ont  déclaré  se  rendre  caution  dudict  Jean  Saint-Avit,  adjudi- 
cataire, et  s'obliger  solidairement  par  les  mêmes  voyes  et 
contraintes  avec  ledit  adjudicataire  et  avec  renonciation  au 
beneffice  d'ordre,  division  et  discution,  d'exécuter  la  susdite 
adjudication  en  tout  son  contenu  envers  les  régisseurs  de 
l'enregistrement,  et  a  signé  avec  nous,  ledit  Jean  Laboubée, 
caution,  le  citoyen  Gezerac,  receveur  ;  non  ledit  Saint-Avit, 
ni  autre  Saint-Avit  aîné,  caution,  mais  ont  fait  une  croix  en 
présence  des  citoyens  Barrau  fils,  Barrieu,  commis  au  district, 
Laboubée,  Barrau,  Barrieu,  signés,  enregistré. 

Collationné, 

MONBRUN. 

Le  14  Nivôse  de  l'An  4  de  la  Bépublique,  le  citoyen  Branet, 
receveur  de  la  Bégie  nationale  de  l'enregisti-ement  et  du 
domaine  national  à  Fleurance,  donna  quittance  pour  une 
somme  do  !),800  livres,  i)rovenant  de  la  vente  des  meubles  de 
Jose[)h  Galard,  ex-marquis,  cy-devant  seigneur  de  Lisle-Bouzon 
et  Magnas,  département  du  Gers,  en  faisant  déduction  des 
frais  de  séquestre  et  de  gardien,  montant  à  500  fr.  9:4*. 

*  Archives  de  Magnas. 


445  APPENDICE 

Les  métairies  de  La  Garrièi  e,  Dubernet,  La  Salle,  La  Tour, 
Dubartassé,  Le  Pittre,  La  Bouridère,  deux  moulins  à  eau,  un 
moulin  à  vent,  des  prairies,  locateries,  bois,  forge  et  vignes, 
avaient  été,  en  4787,  déclarées  par  estimation  d'experts,  rap- 
porter la  somme  le  '21, 600  livres,  non  compris  les  droits 
féodaux  du  marquisat  de  Lisle-Bouzon.  Le  tout  fut  confisqué 
par  la  nation,  et  vendu  338,606  livres,  au  district  de  Lec- 
toure,  l'an  ii  de  la  République  ^ 

Le  mobilier  du  château  de  Lisle-Bouzon,  affiché  et  mis  aux 
enchères,  les  14,  15,  16  et  17  Messidor,  l'an  ii  de  la  Républi- 
que, atteignit,  comme  nous  l'avons  vu,  le  prix  de  9,800  livres. 
Les  acquéreurs  furent  princi[)alement  des  habitants  de  loca- 
lités voisines.  On  nomme,  dans  le  procès-verbal  de  la  vente  : 
«  Les  citoyens  Cazaubon,  Laljarthe,  Lasserre,  Esparbès,  Sen- 
tis, Truillé,  Lannes,  ^lassoc,  Laboup,  Laporte,  Canteloup, 
Carrère,  Bavasse,  Laforgue,  Pêne,  Laclavère,  P^oux,  LaboUe, 
Clamens,  Ladevèze,  Noguès,  Cadéot,  Barrieu,  Bourgeat, 
Dubarry,  Autin,  Bascou,  tous  de  l'Isle-Bouzon  ;  Duffour 
(d'AstaiTort),  Gauran  (de  Plieux),  Dansans  (de  Mauroux), 
Moussaron  (de  Gramont),  Dauzas  et  Lafargue  (de  Saint- 
Léonard),  Dufour  et  Jean  Bordes  (d'Ayraud),  Roussel,  Hérisson, 
Deluc,  Vidaillan,  Tartanat-Laburthe,  Guilhemette,  Courront 
(de  Miradoux),  Thévenin,  Filou,  Maignaut  (de  Saint-Clar), 
Pouzols,  Dumoulin,  Gavarret,  Dupuy,  Gamereyt,  Ducasse, 
Béliard  (de  Lectoure),  Lafont  (d'Andiran),  et  nombre  de 
curieux  venus  de  Gastet-Arrouy,  Saint-Avit  et  autres  localités 
des  environs  ^. 


*  Archives  de  Mngnas. 

'  «  Inventaire  du  mobilier  garnissant  le  chAtcau  de  Lisle-Bouzon,  que  la  nation  nous 
a  enlevé  et  vendu  pendant  la  terreur,  —  Marquise  de  Galard.  «  —  (Archives  de  Magnas.) 


446  APPENDICE 

Signification  adressée  à  la  citoyenne  Galard-Lisle-Bouzon , 
cy-devant  marquise  et  baronne  de  Magnas. 

Lisle-Bouzon,  ce  25  Vendémiaire, 
3ine  année  Rép. 

L'arrêté  du  représentant  du  peuple  du  14  du  courant  porte 
(art.  vi)  :  le  citoyen  propriétaire  d'une  cy-devant  chapelle  ou 
d'un  édilice  sur  lequel  il  y  auroit  des  signes  extérieurs  d'un 
culte  quelconque  est  tenu  dans  la  décade,  de  faire  disparaître 
leurs  signes  et  de  faire  donner  à  la  cy-devant  chapelle  une 
construction  extérieure  qui  s'assimile  aux  édifices  et  propriétés 
des  particuliers,  sous  peine  d'être  réputé  suspect,  traité  comme 
tel  et  de  confiscation  dudit  objet,  lequel  sera  ensuitte  démoli  à 
la  diligence  de  la  municipalité. 

La  municipalité  t'invite  et  te  requiert  en  tant  que  besoin 
seroit,  de  te  conformer  dans  le  délai  prescrit,  pour  l'ex-cha- 
pelle  de  Magnas  *,  aux  dispositions  du  susdit  arrêté. 

Salut  et  fraternité. 

Roux,  Maire,  et  Esparbés,  Officier  municipal. 

Jean-Antoine  Laffitte,  commissaire  ;  Gaillau,  huissier. 


Acte  de  fondation  de  la  Chapelle  de  Magnas  (16781. 

L'an  mil  six  cent  soixante  et  dix  huit  et  le  4^  jour  du  mois 
de  Février,  après-midi,  dans  le  château  noble  de  Magnas, 
reignant  très  chrétien  Prince,  Louis,  par  la  grâce  de  Dieu, 
Roi  de  France  et  de  Navarre, 

Par  devant  moi  notaire  royal  au  lieu  de  Gastelnau  d'Arbieu, 
soussigné  et  témoins  bas-nommés,  constitué  en  sa  personne, 
messire  Jean  de  Saint-Géry,  seigneur  de  Magnas,  et  autres 
places,    lequel   de   son  bon  gré,  pure  et  agréal)le  volonté,  en 

•  Archives  de  Mngiias  (Gers).  La  Clia|iclle  de  Magnas  avait  été  élevée  en  1G78.  —  Voir, 
ci-aprés,  l'acte  de  fondation. 


APPENDICE  447 

exécution  de  l'ordonnance  rendue  par  Monseigneur  l'Evêque 
de  Lectoure,  le  15  septembre  dernier,  sur  la  demande  à  lui 
faite  par  le  dit  seigneur  de  Magnas,  de  l'édification  d'une 
chapelle  et  bénédiction  d'icelle  aux  offres  de  la  mettre  en  état 
qu'on  y  put  décemment  célébrer  la  sainte  messe,  y  établir  un 
fonds  convenable  en  faveur  du  sieur  curé  dudit  Magnas  et  ses 
succeseurs  à  l'avenir,  pour  en  dire  une  chaque  semaine,  et 
dailleurs  et  encore  que  ledit  fonds  fut  suffisant  pour  que  ledit 
curé  puisse  en  cas  de  negligeance  dudit  seigneur  de  Magnas 
et  ses  successeurs  à  l'avenir,  prendre  sur  iceluy  de  quoi  entre- 
tenir ladite  chapelle,  bien  couverte,  lambrissée  par  le  haut, 
bien  vitrée  et  pavée,  aussi  un  autel  propre  assorti  de  pare- 
ments, grédence,  tableau,  chasuble,  habits  blancs,  missel,  et 
d'un  honnête  calice  d'argent  :  ayant  ledit  seigneur  constituant 
satisfait  au  désir  de  l'ordonnance  de  mondit  seigneur  évèque, 
pour  avoir  mis  ladite  chapelle  en  l'état  requis  et  proposé,  en 
telle  manière  qu'il  n'y  a  rien  au  dedans  ni  dehors  ni  autour 
de  ladite  chapelle  qui  ne  soit  convenable,  et  ne  reste  qu'à 
établir  le  fonds  pour  le  service  d'une  messe  par  semaine  et 
qu'a  été  établi  par  ledit  seigneur  de  Magnas  tant  pour  lui  que 
ses  successeurs  à  l'avenir  et  à  perpétuité,  à  vingt  livres  par  an, 
en  fournissant  le  vin,  le  luminaire  et  adeo  payable  ladite 
somme  de  vingt  livres  de  dix  mois  en  dix  mois  à  compter  du 
jour  de  la  bénédiction  de  ladite  chapelle,  laquelle  dite  somme 
de  vingt  livres  ledit  seigneur  de  Magnas  a  donné  et  donne  audit 
sieur  curé  dudit  Magnas  et  ses  successeurs  à  l'avenir  et  non 
à  d'autres  prêtres,  an  par  an,  à  quoi  revient  le  nombre  des 
dites  pour  une  chaque  semaine,  et  s'oblige  de  fournir  lumi- 
naire, vin  et  adeo  pour  dire  ladite  messe,  et  pour  le  paiement 
de  ladite  somme  de  vingt  livres  ledit  seigneur  affecte  et  hypo- 
thèque tous  et  chacun  des  biens  présents  et  à  venir  et  notam- 
ment la  métairie  de  Hontconque,  juridiction  de  Lectoure,  sur 
laquelle  sera  encore  pris  de  quoi  entretenir  ladite  chapelle  et 
icelle  tenir  en  état  qu'elle  est  à  présent,  ainsi  que  tous  les 
témoins  bas-nommés  en  conviennent  après  l'avoir  exactement 
visitée  par  le  dehors  et  le  dedans  et  particulièrement  ledit  sieur 


448  APPENDICE 

curé  qui  en  demeure  d'accord  aussi  bien  que  de  ladite  dona- 
tion de  ladite  métairie  d'Hontconque  pour  le  paiement  desdites 
messes  et  entretien  de  ladite  chapelle,  lequel,  maître  Jean  Pépet, 
prêtre  et  curé  dudit  Magnas,  sous  le  bon  plaisir  de  mon  dit 
seigneur  évêque  dudit  Lectoure,  tant  pour   lui   que   ses   dits 
successeurs   à   l'avenir,   tant  pour  la  gloire  de  Dieu  que  pour 
correspondre  à  la  piété  du  dict  seigneur  de  Magnas,  a  accepté 
et  accepte  et  promet   de   dire   une   messe   chaque  samedi  de 
l'année  dans  ladite  chapelle,    ou   en   défaut  se  trouvoit  quel- 
qu'empêchement   légitime   par   quelque   fonction    curiale    ce 
jour-la,  en  prendrait  autre  de  la  semaine   aux   conditions   et 
otYres  susdites  et  faculté  de  pourvoir  comme  dit  est  à  l'entre- 
tien de  ladite  chapelle  sur  le  fonds  dudit   Hontconque,    faute 
par  ledit  seigneur  ou  ses  successeurs  de  le  faire,  à  raison   de 
quoi  ledit  seigneur  ayant  pleinement  satisfait  quant  à  présent, 
à  l'ordonnance  de  mon  dit  seigneur  l'évêque  de  Lectoure  et  à 
condition  de  l'observer  à  l'avenir  selon  sa  forme  de  teneur,  il 
espère  de  mon  dit  seigneur  évêque   la   bénédiction  de  ladite 
chapelle,  attendu  la  dotation  qu'il  en  fait  à  présent,    vérifica- 
tion de  l'état  actuel  qu'elle  est  et  acceptation  du  service  par 
ledit  sieur  curé  de  Magnas,  obligeant   ledit   seigneur   comme 
dit  est,  tous  et  chacun  ses  biens  présents  et  à  venir  et  notam- 
ment ladite  métairie  de  Hontconque  pour  le  service  et  entre- 
tien de  ladite  chapelle  à  perpétuité,  et  ledit  sieur  curé  accep- 
tant  le   service   à  peine  do  toute  indemnité,  consentant  ledit 
seigneur  que  ladite  fondation  soit  spiritualisée  et  enregistrée 
au  Grelle  ecclésiastique,  comme  il  plana   à   mon  dit  seigneur 
l'évêque,  et  tout  ce  dessus  lesdites  parties  ont  réciproquement 
stipulé  et  accepté  cliacun  en  ce  qui  les  concerne,  promettant  le 
tout  tenir,  garder  et  obseiver  à  l'obligation  de  tous  et  chacun 
leurs  biens  présents  et  à  venir,   iceux   soumis   aux   forces   et 
rigueurs  de  justice,  et  ainsi  l'ont  promis  et  juré,  en  présence  de 
Monsieur  Jean  de  Larribau,  prêtre  et  recteur  dudit  Castelnau, 
Pierre  Eipau,  habitant  dudit  lieu,  signé   et   ledit   seigneur  et 
ledit  sieur   Pépet,  curé  dudit  Magnas.  Approuvant  l'augmen- 
tation de  vingt  livres,  et  ratures  faites  audit  acte  avec  ledit  curé 


APPENDICE  449 

de  Castelnau,  non  le  ditErpau,  pour  ne  savoir,  de  ce  requis,  par 
moi  qui  ai  retenu  et  expédié,  sans  pouvoir  servir  en  justice 
qui  ne  soit  en  grosse  et  parchemin  timbré. 

Signé  : 
Desponts,  notaire  royal. 
(Sur  le  timbre  :  Généralité  de  Montauban^  Foix  et  Bigorre  ^) 

Le  Conseil  municipal  de  Mauroux,  à  l'exemple  de  celui  de 
Lisle-Bouzon,  tenait  à  la  disparition  de  tout  ce  qui  pouvait  rap- 
peler le  régime  tombé.  Voici  la  lettre  qu'il  écrivit,  le  8  décem- 
bre 1790,  au  comte  de  Grossolles,  son  ancien  seigneur. 

A  Monsieur  Grossolles  cadet,  à  Saint-Martin. 

Il  y  a  déjà  long-temps,  Monsieur,  que  vous  devès  avoir  été 
prévenu  par  M.  le  procureur  de  la  commune  de  notre  muni- 
cipalité que  vos  giroiettes  placées  sur  deux  maisons  de  notre 
territoire  ne  pouvoient  y  être  plus  long-temps;  nous  scavons 
même  que  le  dict  procureur  vous  en  a  fait  avertir  par  vos 
agens;  malgré  cella,  vous  vous  êtes  roidi  jusqu'à  ce  jour  à  les 
y  laisser  ;  vous  aves  fait  la  sourde  oreille  et  nous  avons  gardé 
le  silence  jusqu'à  ce  jour;  mais  maintenant  il  n'est  plus  temps 
de  tergiverser;  vos  giroites  doivent  être  otées  incessamment, 
et  nous  espérons  que  dans  vingt-quatre  heures  elles  ne  seront 
plus  en  leur  place  actuelle.  Faute  de  ce,  nous  sommes  forcés 
de  vous  déclarer  que  nous  en  ferons  notre  affaire  ;  nous  avons 
l'honneur  d'être,  Monsieur,  votre  très-humbles  et  très-obéis- 
sants serviteurs,  —  les  officiers  municipaux  de  Mauroux, 

Signé,  le  8  Décembre  1790, 

CouAix,  maire. 

Serres,  Duprat, 

Pertuzé,  officier  municipal, 

Mauquié,  prêtre  de  la  commune^. 

Nota.  —  Ce  dernier  est  aussi  vicaire  du  dit  Maurou.K  et  de  Saint- 
Martin. 

1  Archives  de  Magnas,  liasse  de  papiers  concernant  la  chapelle  du  château 
'  Archives  de  Saint-Martin  de  las  Houmetos  (Gers). 

29 


450  APPENDICE 

Sommation,  adressée  le  24  germinal,  au  Régisseur  du 
cy-devant  domaine  de  Lisle-Bouzon,  représentant  le  propi'ié- 
taire  dudit  domaine,  en  la  pi'ésente  année  : 

«  Le  citoyen  Vital  Massoc  vous  requiert  à  prêter  une 
Bari(|ue  vide  poui-  porter  de  l'eau  de  Salpaitre  i>rise  dans  la 
sy-devant  Eglise  de  i.isie,  poui'  })Oi'ter  à  Saint-Ciai",  le  12(» 
germinal.   » 

<t  IJsle,  ce  24  germinal,  l'an  deuxième  de  la  Hépuldique 
une  et  indivisiMe. 

Aragon,  olTicier, 
Cadkot,  agent*. 


'  Arcliivei  do  Ma|{nas-SuiiU-Clar  (dors).  l'a|iiei-t  do  I»  «t'iKiiourif  dv  l'l:ilo-it(>uiun 


CKIVriFK.AT  MOimiyVlUK 


)K  JKAN,  IU)SK  l)K  (lALAlU) 


Di^crdt^,     le     (>    juin     ISOO  ,     à     Cîn'is:(i(t)ixl(r(J 

En  risle  Sainte-Croix, 

{amkiuoi'k) 


APPENDICE  453 


Certificat  Mortuaire    de  Jean    Rose    de    Galard 
décédé,  le  6  juin  1800,  à  Christianstœd 
en  risle  Sainte-Croix,  Amérique 


DÉCLARATION  D'EMBARQUEMENT 

Je,  soussigné,  consul  de  Sa  Majesté  le  Roi  de  Prusse  dans 
le  port  et  ville  de  Bordeaux,  déclare,  atteste  et  certifie  par  la 
présente  que  le  citoyen  Jean-Rose  Galard  de  MagnaS;,  dépar- 
tement du  Gers,  s'est  embarqué  pour  Saint-Thomas  et  Saint- 
Domingue  dans  le  navire  Prussien  le  Vriendsha})  d'Emsen, 
commandé  par  le  capitaine  Johann  Schmidt,  muni  de  son 
passeport  du  Gouvernement  français,  et  qu'il  a  été  enregistré 
dans  le  livre  du  consulat,  en  datte  du  12  frimaire  (3  décem- 
bre 1779). 

En  foy  de  quoy  j'ai  délivré  la  présente,  muni  du  sceau  du 
consulat. 

Fait  au  consulat  de  Prusse  à  Bordeaux,  le  28  frimaire, 
an  8. 

J.-H.    WlISTEMBERG. 

Vu  pai-  le  commissaire  principal  de  marine  à  Bordeaux. 

A.  Bergerin. 

Vu  par  l'administrateur  du  bureau  central  du  canton  de 
Bordeaux  pour  la  légalisation  de  la  signature  du  citoyen 
Bergerin. 


454  APPENDICE 

Fait  à  Bordeaux,  dans  la  maison  d'administration,   le  29 
frimaire,  l'an  8  républicain. 

G.  Fieffé. 
Dalurens,  secrétaire. 

Vu  par  nous,  administrateur  du  département  de  la  Gironde, 
pour  la  légalisation  de  la  signature  du  citoyen  Fieffé. 
Bordeaux,  le  29  frimaire,  an  8  de  la  République  française. 

Partarieu,  Journaube, 
DuMÈRE,  secrétaire, 


CERTIFICAT  MORTUAIRE 

Le  sept  de  juin  mil  huit  cent,  le  corps  de  Jean-Rose  de 
Galard  de  Magnas,  mort  liier,  à  9  heures  du  soir,  âgé  de  vingt- 
deux  ans,  (nouvellement  arrivé  de  France),  a  été  enterré  avec 
les  cérémonies  prescrites  par  la  sainte  Eglise,  par  moi,  prêtre 
catholique  romain  et  curé  des  catholiques  romains  de  la  ville 
est  juridiction  de  Clnistianstœd  en  ITsle  de  Sainte-Croix  en 
Amérique. 

Signé  :  Math.  Hérard,  prêtre  c.  r.  curé. 

Donné  par  moi,  soussigné,  en  la  maison  curiale  de  Chris- 
tianstœd,  en  ITsle  de  Sainte-Croix,  le  dixiesme  jour  de  juin  mil 
huit  cent. 

Signé  :  Matliieu  Hérard,  p.  c.  r.  et  curé. 

Moi,  le  sou-ssigné  lïans  West,  notaire  public  de  Sa  Majesté 
Danoise  pour  l'Isle  de  Sainte-Croix  en  Amérique,  fait  savoir 
à  tous  ceux  qu'il  appartiendra,  que  la  signature  cy-dessus  de 
Mathieu  Hérard  est  celle  du  curé  de  l'Eglise  romaine  en  cette 
Isle,  qui  est  duement  autorisé  dans  ladite  capacité  de  passer 
des  pareils  certificats. 


APPENDICE  455 

Ce  que  je  certifie  en  apposant  ma  main  et  le  sceau  du  nota- 
riat de  cette  Isle  de  Sainte-Croix. 
Ce  16  juin  1800. 

Signé  :  Hans  West,  not.  publ. 

Collationné  et  vidimé  par  moi  Jean-Baptiste  Porée,  chance- 
lier du  commissariat  particulier  des  relations  commerciales 
de  la  République  française,  à  Philadelphie,  y  résidant,  sous- 
signé sur  l'original  de  la  pièce  cy-dessus  transcrite,  qui,  pour 
cet  effet,  m'a  été  présenté  et  que  j'ai  de  suite  rendu. 

Philadelphie,  ce  18  ventôse  de  l'an  9  de  la  dite  République 
une  et  indivisible. 

Porée. 

Je,  Philippe-Joseph  Létombe,  soussigné,  chargé  d'affaires  de 
la  République  française  et  son  commissaire  général  et  parti- 
culier des  relations  commerciales  à  Philadelphie,  certifie  à  tous 
ceux  qu'il  appartiendra,  que  le  citoyen  Jean-Baptiste  Porée 
qui  a  signé  cy-dessus,  est  chancelier  du  commissariat  parti- 
culier et  que  foi  doit  être  ajoutée  à  sa  signature,  tant  en  juge- 
ment que  hors  ;  en  témoin  de  quoi  j'ai  délivré  ces  présentes 
auxquelles  j'ai  fait  apposer  le  sceau  dudit  commissariat  parti- 
culier. 

Philadelphie,  ce  18  ventôse,  l'an  Q  de  ladite  République 
une  et  indivisible  *. 

Létombe. 


Archives  du  château  de  Magnas-Saint-Clar  (Gers). 


NOTICE 

SUR     LA     F  A  M  ILLE 


DE 


PORTES 


APPENDICE  459 


Notice  sur  la  famille  de  Portes. 


Jean-François  de  Portes,  marquis  de  Pardeilhan,  conseiller 
au  Parlement  de  Toulouse,  de  1704  à  1712,  appartenait  à 
une  bonne  et  ancienne  famille  du  Languedoc,  originaire  de 
Nîmes  ^  Son  fils,  François-Joseph  de  Portes-Pardeilhan,  fut 
premier  président  de  la  seconde  chambre,  à  Toulouse,  en 
1736.  Il  rendit  hommage  au  Ptoi,  pour  sa  terre  de  Pardeilhan, 
le  6  juillet  1722. 

Antoine-François-Auguste,  marquis  de  Portes,  baron  de  La 
Pêne,  (marié  avec  Marie  de  Gasamajor  de  Charritte),  devint 
aussi  président  de  la  seconde  chambre  au  Parlement,  de 
1759  à  1764,  et  gouverneur  de  Toulouse  et  de  l'Albigeois. 

Le  marquis  de  Portes,  conseiller  au  Parlement  de  Toulouse, 
en  1755,  assista  à  l'Assemblée  générale  de  la  noblesse  du 
Languedoc,  en  1789,  avec  son  frère,  Jean-Joseph-François- 
Thomas,  comte  de  Portes,  grand-sénéchal  du  Languedoc, 
marié  avec  Catherine  de  Beauvarlet  de  Bomicourt. 

On  conserve  dans  un  registre  du  Capitole  de  Toulouse,  les 
reconnaissances  générales  et  particulières  du  lieu  d'Assignan, 
consenties  pour  messire  François-Joseph  de  Portes,  marquis 
d'Assignan,  seigneur  de  Pardeilhan,  Saint-Martial  et  autres 
lieux,  président  au  Parlement  de  Toulouse  par  les  consuls 
et  habitants  d'Assignan  ,  le  10  novembre  1740  et  le 
29  janvier  1747,  passées  par-devant  maître  Joseph  Giran, 
notaire  royal  de  la  ville  de  Saint-Chinian. 

(Nobiliaire  Toulousain). 

Ce  fut  en  faveur  de  François-Joseph  de  Portes,  président 
aux  enquêtes  du  Parlement  de  Toulouse,  que  le  roi  Louis  XV 

*  Lors  de  la  révocation  de  rEdit  de  Nantes,  une  branche  de  la  maison  de  Portes  fut 
s'établir  en  Suisse,  où  elle  subsiste  encore 


i 


460  APPENDICE 

éleva,  en  février  1747,  la  baroiinie  de  Manses,  diocèse  de 
Mirepoix,  au  rang  de  marquisat  sous  le  nom  de  marquisat  de 
Portes.  Le  roi  motive  cette  grâce  spéciale  par  les  grands  ser- 
vices rendus  à  lui  et  à  ses  prédécesseurs  soit  dans  le  métier 
des  armes,  soit  dans  les  dignités  judiciaires,  par  Jean-François 
de  Portes  et  ses  ancêtres  en  ligne  paternelle  et  maternelle. 

Archives  de  Magnas  (Gers). 
(Voir  ci-après,  les  lettres  patentes.) 

Extrait  généalogique  sur  la  Famille  de  Portes 


Noble  Pierre  de  Portes,  épousa,  vers  1600,  Suzanne  de 
Larroque. 

François  de  Portes,  baron  de  Pardeillan,  épousa,  en  1655, 
Marie  de  Guibal. 

Jean-François  de  Portes-Pardeilhan,  épousa  Marguerite  de 
Vilepassans. 

François-Joseph  de  Portes-Pardeilhan,  épousa  Henriette 
d' Aignan-d'Orbessan . 

Antoine-François- Auguste  de  Portes,  épousa  Marie  de 
Casamajor  de  Charritte. 

Jean-Joseph-François-Thomas,  comte  de  Portes,  épousa,  le 
13  novembre  1777,  G.  de  Beauvarlet-Bomicourt. 

Ils  eurent  deux  enfants  : 

l'J  Auguste,  marquis  de  Portes,  marié,  en  premières  noces, 
avec  Mademoiselle  de  La  Place,  dont  une  fille,  la  marquise  de 
Colbert-Gliabanais,  et  en  deuxièmes  noces,  avec  Mademoiselle 
de  Martel,  dont  :  la  vicomtesse  de  Sapinaud,  madame  de 
Montgomery,  et  le  marquis  Georges  de  Portes,  qui  a  continué 
la  descendance. 

2'i  Et  Catherine-Amélie  de  Portes,  née  le  20  juin  1785,  ma- 
riée le  6  juin  1803,  avec  Louis-Ray mond-Gharles,  marquis  de 


APPENDICE  461 

Galard,  de  l'Isle-Bozon,  baron  de  Magnas,  grand-père  du 
marquis  Hector  de  Galard-Magnas,  marié  avec  E.  de  Grussol- 
d'Uzès,  et  du  comte  Bertrand  de  Galard-Captan,  marié  avec 
E.  d'Estampes-Mauny. 


Lettres- Patentes,  portant  érection  de  la  Terre  de  Manses  en 
Marquisat,  sous  la  dénomination  de  Marquisat  de  Portes, 
données  à  Versailles  au  mois  de  Février  1747,  régistrées 
au  Parlement  de  Toulouse  le  25  dudit  mois  et  an,  et  en 
la  Cour  des  Comptes,  Aijdes  et  Finances  de  Mo7îtpellier, 
le  il  Mars  suivant. 

Louis,  par  la  grâce  de  Dieu,  Roy  de  France  et  de  Navarre, 
à  tous  présens  et  à  venir,  salut. 

Notre  amé  et  féal  le  sieur  François-Joseph  de  Portes  de 
Pardailhan,  baron  de  Pardaillian,  président  aux  enquêtes  de 
notre  Gour  de  Parlement  de  Toulouse,  Nous  a  fait  représenter 
qu'il  est  propriétaire  de  la  Terre  et  Seigneurie  de  Manses, 
situées  dans  le  Diocèse  de  Mirepoix  en  notre  Province  de 
Languedoc,  en  toute  justice  et  autres  droits  Seigneuriaux  et 
Féodaux,  en  dépendans,  mouvante  et  relevante  de  Nous,  et 
ressortissante  au  Sénéchal  de  Limoux,  et  que  cette  terre  qui 
est  composée  des  Paroisses  et  Consulats  de  Manses,  Teilhet, 
Vais,  Saint-Félix,  Lapenne,  Villauton,  Cazazils,  Ribouisse, 
Seignalens,  Lignairolles,  Corbières  et  Laures,  circonstances  et 
dépendances,  se  trouve  par  son  étendue,  par  les  droits  et 
revenus  considérables  qui  en  dépendent,  et  par  les  arrière- 
fiefs  qui  en  relèvent,  en  état  de  porter  le  titre,  nom  et  dignité 
de  Marquisat,  s'il  nous  plaisoit  lui  accorder  nos  lettres  d'érec- 
tion sur  ce  nécessaires,  sous  le  nom  de  Marquisat  de  Portes. 
Mettant  en  considération  l'ancienneté  de  la  famille  de  l'expo- 
sant et  les  services  que  lui  et  ses  ancêtres,  tant  paternels  que 
maternels,   Nous  ont  rendus,  et  aux  Rois  nos  prédécesseurs 


462  APPENDICE 

soit  dans  les  différents  emplois  militaires  dont  ils  ont  été 
honorés,  soit  dans  les  principales  charges  de  la  magistrature 
dont  ils  ont  été  revêtus  et  qu'ils  ont  rempli  avec  autant 
d'honneur  que  de  dignité,  notamment  le  sieur  de  Bertier  de 
Monravé,  son  bisayeul  maternel,  premier  président  en  notre 
Cour  de  Parlement  de  Toulouse,  dont  il  fut  pourvu  en  l'année 
1632,  et  qu'il  a  exercée  avec  distinction  pendant  plusieurs 
années  ;  et  voulant  lui  donner  des  marques  honorables  de 
la  satisfaction  que  nous  en  avons,  et  le  gratifier  de  quelque 
nouveau  titre  d'honneur  qui  puisse  passer  à  ses  successeurs, 
et  ces  causes,  et  pour  autres  considérations  à  ce  nom  nouveau. 
Nous  avons  de  notre  grâce  spéciale,  pleine  puissance  et  auto- 
rité royale,  créé,  érigé  et  élevé,  et  par  ces  présentes  signées  de 
notre  main,  créons,  érigeons  et  élevons  ladite  terre  et  seigneu- 
rie de  Manses,  avec  tous  les  fiefs  qui  la  composent,  que  nous 
avons  unis  et  joints  pour  ne  composer  à  l'avenir  qu'une  seule 
et  même  terre,,  en  titre,  nom  prééminence  et  dignité  de  Mar- 
quisat, sous  la  dénomination  de  Marquisat  de  Portes  ;  à  l'elYet 
de  quoi,  (c  Nous  avons  commué  et  changé,  commuons  et  chan- 
»  geons  ledit  nom  de  Manses  en  celui  de  Portes  »,  pour  être 
à  l'avenir  ladite  terre  et  seigneurie  tenue  et  possédée  par  ledit 
sieur  de  Porles-Pardailhan,  et  ses  enfants,  postérité,  et  descen- 
dants, nés  et  à  naître,  en  légitime  mariage  audit  nom,  titre  et 
dignité  de  marquis  de  Portes.  Voulons  qu'il  se  puisse  dire  et 
qualilier  tel  en  tous  actes,  tant  en  jugement  que  dehors  ;  et 
qu'en  cette  qualité  il  jouisse  des  honneurs  armes  et  blazons, 
prérogatives,  lang  prééminence  en  fait  de  guerre.  Assemblée 
d'Etats  et  de  Noblesse,  et  autres  avantages  et  privilèges,  ainsi 
que  les  autres  marquis  de  notre  royaume,  encore  qu'ils  ne 
soient  si  particulièrement  exprimés  ;  que  les  vassaux,  arrière- 
vassaux  justiciables  et  autres  tenant  noblement  ou  en  roture 
dudit  Marquisat  de  Portes,  le  reconnoissent  pour  tel,  faisant 
leurs  foi  et  hommage,  et  baillent  leurs  aveux  et  dénombrement 
le  cas  y  échéant,  sous  ledit  nom,  qualité  et  dignité  de  Marquis 
de  l'orles,  sans  toutefois  que  pour  ladite  érection  de  Marqui- 
sat, et  changement  de  titre  il  y  ait  aucun  changement  de  mou- 


APPENDICE  463 

vance,  et  que  ledit  marquis  soit  tenu  envers  nous,  ni  ses 
vassaux,  arrière-vassaux  et  tenanciers,  envers  lui  à  d'autres  ni 
plus  grands  droits  que  ceux  qu'ils  doivent  à  présent.  Voulons 
pareillement  que  les  Officiers  exerçant  la  justice  dans  ladite 
Terre  et  Marquisat  de  Portes,  intitulent  leurs  sentences  et 
jugements  de  ladite  qualité  de  marquis  sans  aucune  multipli- 
cité de  degrés,  changement  de  ressort,  ni  contravention  aux 
cas  royaux,  dont  la  connoissance  appartient  à  nos  baillifs  et 
sénéchaux,  et  sans  qu'à  défaut  d'enfants  mâles  nés  en  légitime 
mariage,  nous  puissions,  ni  nos  successeurs  Rois,  prétendre 
la  réunion  dudit  Marquisat  à  notre  Domaine,  en  conséquence 
de  l'ordonnance  du  mois  de  juillet  1506,  et  autres  sur  ce  inter- 
venues auxquelles  nous  avons  dérogé  et  dérogeons  par  ces 
mêmes  présentes,  pour  ce  regard  seulement.  Si,  donnons  et 
mandons,  à  nos  amez  et  féaux  conseillers,  les  gens  tenant  notre 
Cour  de  Parlement  de  Toulouse,  Cour  des  Comptes,  Aydes  et 
Finances  de  Montpellier,  Présidons,  Trésoriers  de  France, 
Généraux  de  nos  Finances  à  Toulouse  et  à  tous  autres  nos 
Officiers  et  justiciers  qu'il  appartiendra,  que  ces  présentes  ils 
ayent  à  faire  régistrer;  et  du  contenu  en  icelles  jouir  et  user 
l'exposant,  pleinement  paisiblement  et  perpétuellement,  ces- 
sant et  faisant  cesser  tous  troubles  et  empêchements  contraires, 
auxquels  Nous  avons  dérogé  et  dérogeons  par  ces  mêmes 
présentes  ;  car  tel  est  notre  plaisir  ;  et  afin  que  ce  soit  chose 
ferme  et  stable  à  toujours.  Nous  avons  fait  mettre  notre  scel  à 
cesdites  présentes. 

Donné  à  Versailles  au  mois  de  Février  Fan  de  grâce  mil  sept 
cent  quarante-sept,  et  de  notre  règne  le  trente-deuxième. 

Signé  :  Louis. 

Et  plus  bas  par  le  Roy, 

Phelypeaux. 
Visa  :  Daguesseau. 

Les  présentes  Lettres-Patentes  ont  été  régistrées  par  nous 


464 


APPENDICE 


greffier   soussigné   es   registres  de  la   Cour  du  Parlement  de 
Toulouse,  en  conséquence  de  son  Arrêt  du  25  Février  1747. 

Lagarde. 

Controllé  :  Verlhac. 

Les  présentes  ont  été  régistrées  es  registres  de  la  Cour  des 
Comptes,  Aydes  et  Finances  de  Montpellier  pour  jouir  de 
l'effet  y  contenu,  suivant  l'Arrêt  de  ce  jourd'huy,  11  Mars 
1747. 

Pouget. 

Controllé  :  Albisson. 

Collationné  par  nous  conseiller-secrétaire  du  Roi,  Maison  et 
couronne  de  France  en  la  chancellerie  de  Languedoc,  près  le 
Parlement  de  Toulouse.  * 


•  Archives  de  Magnas  (Gers),  et  de    Portes  (Arièj 


NOTICE 


SUR     LA     FAMILLE 

DE 

GAPTAN 


30 


APPENDICE  467 


Notice  sur  la  famille 
de  Captan-Monein-Bourrouillan 


Les  Cap  tan ,  barons  de  Bourouillan ,  seigneurs  de  La 
Cassore  ^  Beaunom,  Monein,  Gouhin,  Projean,  Gastera,  etc., 
étaient  originaires  de  La  Plume  en  Bruilhois  ^  et  se  transpor- 
tèrent au  xvF  siècle,  dans  la  ville  de  Saint-Sever-Chalosse. 

Bernard  de  Cap  tan  fut  député  aux  Etats-Généraux^,  en  1576. 
{Histoire  de  Gascogne,  par  Monlezun.)  Son  fils  épousa  Anne 
de  Beaunom,  et  devint  lieutenant-général  de  la  prévôté  royale 
de  Saint-Sever,  l'année  1667. 

Monsieur  de  Gap  tan,  lieutenant-général  au  baillage  de  Brui- 
lhois, fut  envoyé  (1609),  vers  Henry  IV,  vicomte  de  Bruilhois, 
pour  retirer  des  mains  d'Etienne  de  Bernard,  la  seigneurie  de 
Plaichac,  et,  moyennant  600  livres  payées  au  seigneur  dépos- 
sédé, l'ajouter  à  la  ville  royale  de  La  Plume. 

Pierre  de  Captan,  marié  avec  Catherine  de  Labatut,  pre- 
mier consul  et  maire  perpétuel  de  Saint-Sever,  fit  construire 
dans  cette  ville,  la  fontaine  publique,  où  son  nom  est  inscrit 
avec  la  date  de  1684. 

Antoine  de  Captan,  capitaine  de  cavalerie  au  régiment  de 
Gondé,  chevalier  de  Saint-Louis,  auteur  de  la  branche  de 
Bourrouillan-d'ArmagnaC;,  naquit  vers  1676.  Il  fut  convoqué 
en  1702,  avec  la  Noblesse  de  la  Sénéchaussée  de  Saint- 
Sever. 

Décédé,  le  17  février  1755,  on  l'ensevelit  dans  l'église  des 
Jacobins  de  cette  ville.  Sa  femme,  Jeanne  de  Montbeton  de 

1  En  1550. 

2  Frontet  de  Captan,  qualiiié  de  noble  dans  un  acte  du  4  décembre  1512,  lesta  le  20 
novembre  1550. 


468  APPENDICE 

Bourrouillan  ^  était  héritière  de  ce  nom.  Leur  fille,  Gérarde 
de  Gaptaii,  épousa  noble  Jean-Pierre  de  Batz,  officier  au  régi- 
ment de  Lorraine,  et  leur  lils  Jean-Joseph  de  Gaptan,  cornette 
de  cavalerie  au  régiment  de  Gondé,  en  1735,  marié  avec 
Marie  d'Arnaud,  fut  grand-père  de  Pierre  de  Gaptan,  baron 
de  Bourrouillan,  qui  assista  à  l'Assemblée  de  la  Noblesse 
d'Armagnac,  convoquée  par  le  marquis  d'Angosse,  grand- 
sénéchal  (1789). 

Pierre  de  Gap  tan,  seigneur  de  Monein  et  Gouhin,  capitaine 
au  régiment  de  Gondé-cavalerie,  fut  créé  major  et  chevalier  de 
Saint-Louis,  à  la  bataille  de  Lawfeld.  Sa  femme  était  Angélique 
de  Cours-,  iille  du  seigneur  baron  du  Vigneau  et  d'Angélique 
de  Lassalle-Boquefort. 

Antoine  de  Gaptan-Monein^,  capitaine  de  dragons  (1786), 
mourut  à  l'armée  de  Gondé  et  fut  inhumé  dans  l'église  de 
Manheim.  Son  frère,  Pierre-Augustin-Frédéric-Joseph,  né  en 
1769,  officier  au  régiment  d'Aunis,  chevalier  de  Saint-Louis, 
servit  dans  l'armée  des  Princes,  et  après  son  licenciement, 
émigra  en  Ecosse,  où  il  s'embarqua  avec  Lord  Moira,  pour 
une  expédition  scientilique.  A  son  retour  en  France,  Monsieur 
de  Gaptan  se  maria,  à  Saint-Sever  (Landes),  avec  Paule- 
Gamille  de  Bourdeau-d'Audigeos  de  Gastera,  dont  il  eut  deux 
filles  :  La  baronne  de  Borda-Labatut  '^,  décédée  sans  enfants, 
et  la  marquise  de  Galard-Magnas.  Héritier  du  titre  de  baron 
par   la   mort   de   son   cousin   Pierre-Dominique  de    Gaptan- 

*  Les  armes  dct>  Bourrouillan  anciens  étaient  :  d'azur  à  la  croi.x  d'or. 

Les  Monbelon-Bourrouillan  portaient  :  aux  premier  et  quatrième  d'azur  à  la  croix  d'or 
au  deuxième  d'or  à  deux  cloches  d'argent  bataiilées  de  sable,  au  troisième  de  gueules 
aux  deux  burettes  d'argent. 

■^  Armes  des  Cours  :  écarlelé  aux  premier  et  quatrième  d'azur  au  lion  d'or,  aux 
deuxième  et  troisième  de  gueules  à  une  meule  de  moulin  d'argent.  —  Les  Cours  de 
Maupas  portaient  :  d'argent  au  pin  de  sinople  terrassé  de  sable,  senestré  d'un  lion  contre- 
rampant  de  gueules,  couronné  de  même. 

•*  Armes  des  Borda  ;  écartelé,  au  premier  d'or  à  trois  chevrons  de  gueules,  au  deuxième 
d'azur  au  paon  rouant  d'argent,  au  troisième  d'azur  à  trois  poissons  d'argent,  posés  en 
fascc,  au  quatrième  d'or,  à  la  levrette  de  gueules,  colletée  d'argent. 

(Archives  de  Ca|ilan-Ca.stera  et  de  Magnas.) 


I 


APPENDICE  469 

Bourrouillan,  le  chevalier  de  Gaptan-Monein  a  été  le  dernier 
de  son  nom.  La  Restauration  l'avait  nommé,  en  1817,  com- 
mandant de  l'arrondissement  de  Saint-Sever. 

En  vertu  du  jugement  de  maintenue  de  Monsieur  Bazin  de 
Bezons,  Pierre  et  Joseph  de  Gaptan  furent  inscrits  dans  le 
catalogue  des  nobles  de  la  sénéchaussée  de  Saint-Sever,  et 
leurs  armes  furent  enregistrées  dans  l'Armoriai  général 
de  1698,  par  Charles  d'Hozier,  de  la  façon  suivante  :  écartelé 
au  premier  d'azur,  au  chevron  d'or  accompagné  de  cinq  besans 
malordonnés  de  même,  posés,  deux  en  chef,  trois  en  pointe  ; 
au  deuxième,  de  gueules  au  cygne  d'argent  ;  au  troisième,  de 
gueules  à  trois  fasces  ondées  d'argent  ;  au  quatrième,  d'azur  à 
trois  étoiles  malordonnées  d'or. 

Mais  dans  la  collection  des  sceaux,  aux  archives  des  Basses- 
Pyrénées,  on  trouve  les  armes  de  Jean-Joseph  de  Gaptan, 
seigneur  de  Bourrouillan,  dans  un  cartouche  ovale,  de  vingt- 
un  millimètres  sur  dix-neuf,  en  cire  rouge,  plaqué  sur  un 
dénombrement  daté  d'Auch,  le  24  septembre  1754,  ainsi  dis- 
posées :  au  premier,  d'azur  à  trois  d'étoiles  d'or,  au  deuxième, 
d'azur  au  cygne  d'argent,  au  troisième,  d'azur  au  chevron  d'or 
accompagné  de  cinq  besans  du  même,  posés  deux  en  chef  et 
trois  en  pointe,  au  quatrième,  d'argent  à  trois  fasces  ondées 
de  gueules;  timbrées  d'une  couronne  de  comte'. 


'  L'Histoire  dt;  la  fainillu  de  Cuptan  a  été  magistralement  ccrit<;  |»ar  Monsieur  l'abbé 
Cazauraii,  dans  sou  beau  livre,  La  Uiirunnic  de  Bourrouillan, 


LES 

ÉMIGRÉS  A  L'ÉTRANGER 

PENDANT  LA 

RÉVOLUTION 

FRANÇAISE 


APPENDICE  473 


Les  Emigrés  à  l'Etranger  pendant  la 
Révolution  Française 


L'émigration,  excusable  en  tant  que  nécessité  de  se  sous- 
traire à  la  mort,  fut,  comme  système  politique,  une  grande 
erreur;  sans  parler  des  nombreux  défenseurs  qu'elle  enlevait 
à  l'ordre,  dans  l'intérieur  de  la  France,  elle  dépopularisait 
une  belle  cause,  en  paraissant  l'associer  aux  prétentions  de 
l'étranger. 

Le  comte  de  Puymaigre,  dans  ses  «  Souvenirs  de  1778  d 
1833  y>,  tout  en  rendant  hommage  à  la  valeur  du  petit  corps 
d'armée  de  Condé,  juge  parfaitement  la  faute  qui  fut  commise 
par  les  Princes,  en  plaçant  le  drapeau  blanc  sous  la  protection 
des  ennemis  anciens  du  pays.  Il  eut  été  plus  habile  de  concen- 
trer en  Bretagne  et  en  Vendée,  tous  les  gentilshommes  parti- 
sans du  Roi,  qui  auraient  ainsi  combattu  sur  leur  territoire, 
et  qui  auraient  appelé  à  eux  la  partie  valide  de  la  nation  hostile 
aux  excès  révolutionnaires. 

Malgré  leur  misère,  les  Emigrés  n'avaient  point  perdu 
l'habitude  de  l'ancienne  étiquette  qui  présidait  jadis  à  tous 
les  actes  importants  de  leur  vie;  ils  conservaient  leurs  titres 
nobiliaires  et  ceux  de  leurs  dignités  passées.  Môme  après  dix 
ans  d'exil,  ils  ne  renonçaient  pas  à  l'espoir  de  voir  arriver  le 
terme  de  leurs  maux,  et  de  reprendre,  en  France,  les  charges 
qu'ils  y  occupaient  autrefois.  Si  quelques-uns  ne  surent  pas,  à 
l'étranger,  demander  au  travail  un  moyen  d'existence,  le  plus 
grand  nombre  mena  dignement  une  vie  de  privations  et  sup- 
porta avec  courage  et  résignation  un  malheur  tel  que  jamais 
ce  monde  élégant  et  raffmé  n'en  avait  rêvé  de  pareil. 

Nous  avons  découvert,  et  nous  citons  ici,  un  acte  de  naissance 
qui  fut  dressé  à  Munster,  en  1802,  dans  lequel  la  mère  qualifiée 
de  haute  et  puissante  dame  était  aloi's  ol)ligée,  pour  vivre,  de 
demander  à  son  aiguille  le  pain  de  chaque  jour. 


474  APPENDICE 

Extrait  du  Registre  des  Baptêmes  de  la  paroisse 
de  Saint- Lambert,  dans  la  ville  de  Munster,  en  Westphalie. 

c  Aujourd'hui  samedi,  troisième  jour  du  mois  d'avril,  an  mil 
huit  cents  deux,  dans  l'église  paroissiale  de  Saint-Lambert,  à 
Munster,  en  Westphalie,  et  en  présence  de  M.  le  curé  de  la 
paroisse, 

Nous,  Cardinal  de  Montmorency,  Evêque  de  Metz,  Prince 
du  Saint-Empire,  grand-aumônier  de  France,  et  commandeur 
de  l'Ordre  du  Saint-Esprit,  avons  baptisé  Emmanuel-Louis- 
Charles- Jules -Marie,  né  dans  la  nuit  précédente,  vers  les  onze 
heures,  fils  légitime  de  très-haut  et  très-puissant  seigneur 
M.  le  comte  Caprais  de  GrossoUes-Flamarens,  et  de  très-haute 
et  très-puissante  dame,  Ghristine-Marie-Françoise  de  Riquet 
de  Caraman,  comtesse  de  Grossolles-Flamarens,  ses  père  et 
mère.  Le  Parein  a  été  Monseigneur  Emmanuel-Louis  de  Gros- 
solles-Flamarens, évêque  de  Périgueux  i,  qui  a  été  représenté 
par  jMonseigneur  Louis- Charles  du  Plessis-d'Argentré,  évêque 
de  Limoges,  et  la  Mareine  Madame  la  comtesse  de  Mac-Mahon, 
née  de  Riquet  de  Caraman,  et  ont  signé  avec  nous  dans  le 
présent  Registre  :  Monseigneur  l'Evéque  de  Limoges,  repré- 
sentant de  Monseigneur  l'Evoque  de  Périgueux,  Madame  la 
comtesse  de  Mac-Mahon,  mareine,  Monsieur  le  curé  de  la 
paroisse  de  Saint-Lambert,  à  Munster,  en  Westphalie,  le  jour 
et  an  que  dessus. 

Fridericus  Matthias  Berghans, 
Pastor  Sancti  Lamberti. 
Die  13  Aprilis  4802.  » 

A  Hambourg,  le  vicomte  d'Abzac,  ancien  premier  page  du 
Roi,  enseignait  l'équitation,  après  avoir  été  pendant  dix-sept 


'  Monsieur  de  Grossolles-Flamarens,  évoque  de  Périgueux,  était  alors  émigré  eu  Angle- 
terre, où  il  mourut  en  1815. 


APPENDICE  475 

ans,  commandant  du  manège  Royal  de  Versailles  ;  à  Bruxelles, 
le  baron  de  Maynard,  donnait  des  leçons  d'escrime  ;  à  Lon- 
dres, le  marquis  de  Galard,  vivait  de  son  pinceau  ;  son  cou- 
sin, le  chevalier  de  Terraube,  entrait,  comme  précepteur,  à 
Brunswick,  chez  le  baron  de  Marenhoff,  et  plus  tard  chez  le 
comte  de  Guttichan,  mais  il  ne  s'en  qualifiait  pas  moins  hau- 
tement d'ancien  page  de  Monsieur ^,  capitaine  au  régiment  des 
dragons  de  la  Reine,  chevalier  de  Saint-Louis,  de  Saint-Jean 
de  Jérusalem,  et  chevalier  de  justice  dans  l'Ordre  de  Malte. 

En  Ecosse,  le  chevalier  de  Captan-Monein,  ex-capitaine  au 
régiment  de  Condé-dragons,  s'embarquait  avec  Lord  Moira  2, 
pour  une  expédition  scientifique  autour  du  monde  ;  le  duc 
de  La  Force  élevait  en  Angleterre  une  imprimerie,  dont  les 
produits,  portant  son  nom,  sont  encore  recherchés  par  les 
bibliophiles;  en  Russie,  les  Damas,  les  Crussol-d'Uzès,  les 
Blacas,  les  Saint-Priest,  en  Allemagne,  les  Launay,  en  Autri- 
che, les  Rohan,  étaient  entrés  dans  l'armée  et  mettaient  leur 
activité  et  leur  expérience  au  service  du  souverain  qui  leur 
donnait  asile,  tandis  que  le  duc  de  Richelieu  fondait,  à  Odessa, 
une  ville  nouvelle,  célèbre  par  la  perfection  de  son  organisa- 
tion civile  et  monumentale. 

En  Angleterre,  les  émigrés  avaient  trouvé  un  assez  bon 
accueil  dans  la  population,  et  cependant  l'hospitalité  qu'on 
leur  offrait,  était,  comme  en  Allemagne,  pleine  de  méfiance  et 
de  réserve  de  la  part  du  gouvernement  ^,  sur  qui  retomba 
la  responsabilité  du  massacre  de  Quiberon. 

Le  10  janvier  1793,  il  parut  un  acte  du  Parlement  relatif  aux 
étrangers  arrivant  sur  le  sol  Britannique,  mais  adressé  spé- 
cialement aux  malheureux  forcés  de  s'expatrier  de  France, 
pour  conserver  leur  vie. 

1  Plus  tard  Louis  XVIII. 

'  Devenu  Lord  Hastings 

'  A  Augsbourg,  la  municipalité  Allemande  avait  fait  imprimer  et  placarder  l'avis  sui- 
vant :  «  Aucun  hôte,  aubergiste  ou  bourgeois,  ne  s'hazardera  pas  de  donner  abris  à 
«  aucun  émigré  Français  sous  l'amande  de  dix  écus.  » 


i76  APPENDICE 

Nous  le  donnons  en  entier,  avec  ses  incorrections  de  langage 
et  d'orthographe,  tel  qu'il  fut  affiché,  en  français,  sur  les  murs 
de  Londres. 


Extrait  de  Vacte  du  Parlement  relatif  aux  Etrangers 
arrivants  ou  demeurants  dans  ce  royaume. 

1 

((  Il  est  ordonné  que  tout  maitre  ou  capitaine  de  vaisseau  qui 
prendi'a  terre  dans  un  Port  de  ce  royaume,  déclarera  aussitôt 
au  Collecteur  de  la  Douane  de  l'endroit,  et  cela  par  écrit,  le 
nombre  des  étrangers  qu'il  a,  à  son  bord,  leurs  noms,  rangs 
et  occupations. 

2 

Faute  à  lui  de  faire  ladite  déclaration  il  sera  condamné  à 
une  amende  de  5  livres  sterling,  pour  chaque  étranger  non 
déclaré. 

3 

Tout  étranger  qui  arrivera  dans  ce  Royaume  depuis  le  10  de 
janvier  1793  inclusivement,  déclarera  aussitôt  par  écrit,  au 
Collecteur  do  la  plus  prochaine  Douane,  ses  noms,  rang  et 
occupation,  et  s'il  est  domestique,  les  noms,  etc.,  de  son 
maitre  ou  de  sa  maîtresse,  on  fera  une  déclaration  verbale  à 
cet  effet  qui  sera  rédigée  par  écrit  par  ledit  Collecteur.  Il 
déclarera  aussi  le  pais  on  il  a  fuit  sa  principale  résidence 
durant  les  six  derniers  mois,  faute  de  quoi,  ou  dans  le  cas 
d'une  fausse  déclaration,  il  sera  condamné  à  sortir  du  Royau- 
me, et  s'il  retourne,  il  sera  transporté  pour  la  vie. 

4 

Tous  Etrangers  arrivant  dans  ce  Pays-ci  recevront  du  Col- 
lecteur de  la  Douane  une  copie  certifiée  par  lui  de  la  Déclara- 
tion (ju'ils  lui  auront  faite. 


APPENDICE  477 


Sont  exceptés  les  marins  Etrangers  formant  l'équipage  des 
vaisseaux  déclarés  par  le  maitre  au  Collecteur. 

6 

Il  est  défendu  aux  Etrangers  d'apporter  dans  ce  Royaume 
aucune  arme,  poudre  à  canon  ou  munition  de  guerre  quel- 
conque, excepté  les  Articles  de  i\Iarchandise  autorisée  par  la 
Loi,  et  il  est  permis  aux  Officiers  de  la  Douane  de  se  saisir  de 
toute  Arme,  etc.,  après  en  avoir  pris  un  Etat  par  écrit. 


Lorsque  Sa  Majesté  jugera  à  propos  de  défendre,  par  Procla- 
mation ou  Ordonnance  de  son  Conseil,  l'Abordage  ou  l'Entrée 
de  ce  Royaume  aux  Etrangers,  ou  de  ne  leur  permettre 
d'aborder  que  dans  certains  Ports,  tout  maitre  ou  capitaine 
ayant  des  Etrangers  à  son  bord  qui  permettroit  aux  dits 
Etrangers  de  prendre  Terre  dans  le  Royaume  contre  la  dispo- 
sition de  ladite  Proclamation,  (à  moins  d'avoir  une  permis- 
sion expresse  de  Sa  Majesté),  payera  une  Amende  de  50 
livres  sterling  pour  cbaque  Etranger,  et  son  navire  sera  con- 
fisqué. 

8 

Il  ne  sera  permis  à  aucun  Etranger  de  sortir  du  Lieu,  ou  il 
aura  débarqué  (excepté  pour  faire  la  susdite  Déclaration), 
sans  avoir  obtenu  du  maire,  ou  autre  magistrat  de  l'Endroit, 
ou  du  Juge  de  Paix  du  District,  un  Passeport,  dans  lequel 
seront  spécifiés  les  nom,  rang  et  occupation  du  dit  Etranger, 
ainsi  que  le  nom  de  la  Ville  où  il  se  propose  d'aller. 

9 

Tout  Etranger  (à  l'exception  des  Domestiques  actuellement 
au  service  des  Anglais)  arrivé  dans  ce  Royaume  depuis  le  l^r 
janvier  1792,  ou  qui  y  arrivera,  voulant  changer  de  demeure, 


478  APPENDICE 

OU  quitter  la  ville,  ou  il  sera  arrivé  en  vertu  de  son  premier 
Passeport,  demandera  du  Maire  ou  Juge  de  Paix  de  la  Ville  ou 
District,  un  Passeport  contenant  les  nom,  etc.,  dudit  Etran- 
ger de  même  que  le  nom  de  la  Ville  ou  il  se  propose  de  se 
rendre. 

10 

Les  Négotiants  Etrangers  obtiendront  des  Passeports  pour 

voyager    généralement   dans    toute    l'Etendue    du    Royaume 

Anglais. 

41 

Les  Maires  des  Villes  ou  les  Juges  de  Paix  des  Districts, 
sont  autorisés  à  demander  le  Passeport  de  tout  Etranger 
arrivé  dans  ce  Royaume  depuis  le  1er  janvier  1792,  ou  devant 
y  arriver  dans  la  suite  (à  l'exception  des  Domestiques  men- 
tionnés ci-dessus),  soit  que  le  dit  Etranger  voyage,  ou  qu'il 
réside  dans  l'endroit  :  et  en  cas  qu'il  s'y  refuse,  ou  qu'il  ne  soit 
pas  dans  la  route  de  la  ville  spécifiée  dans  son  Passeport,  ou 
qu'il  y  ait  raison  de  le  soupçonner  de  ne  pas  s'y  rendre,  ou 
d'avoir  été  mis  à  terre  d'une  manière  clandestine,  contraire  à 
la  Proclamation,  le  Maire  ou  Juge  de  Paix  le  fera  conduire  en 
Prison  jusqu'à  ce  qu'on  en  donne  Avis  au  secrétaire  d'Etat  de 
Sa  Majesté,  et  si  Sa  Majesté  n'envoie  pas  Ordre  de  le  relâ- 
cher, il  sera  détenu  prisonnier  jusqu'à  ce  qu'il  soit  libéré 
suivant  les  Formes  ordinaires  de  la  Justice. 

12 

Tout  Etranger  qui  refusera  de  montrer  son  Passeport,  ou 
qui  sera  trouvé,  faisant  une  autre  Route  que  celle  de  la  Ville 
spécifiée  dans  son  Passeport,  ou  qui  sera  venu  à  terre  d'une 
manière  clandestine  contraire  à  lu  Proclamation,  sera  mis  en 
Prison  pour  un  Espace  de  Temps  qui  n'excédera  pas  un  mois, 
et  sera  ensuite  obligé  de  quitter  le  Royaume. 

13 

Toute  Personne  qui  contrefera  ou  changera  un  Passeport,  ou 
qui  en  obtiendra  un  sous  un  nom  diiïérent  de  celui  qu'il  aura 


APPENDICE  479 

déclaré  au  Collecteur  de  la  Douane,  ou  qui  prendra  fraudu- 
leusement un  nom  inséré  dans  un  autre  Passeport,  encour- 
rera  la  môme  Peine  mentionnée  dans  l'Article  précédent. 

14 

Un  avis  du  contenu  de  cet  Acte  sera  imprimé  en  différentes 
langues,  affiché  dans  les  différents  Ports,  et  donné  aux  Etran- 
gers, sans  que  dans  le  cas  de  contravention,  il  soit  nécessaire 
de  prouver  qu'on  leur  en  ait  donné  connoissance. 

15 

Tout  Etranger  qui  refusera  de  sortir  du  Royaume  sur  l'Ordre 
à  lui  donné  par  Sa  Majesté,  sera  emprisonné. 

16 

Tout  Etranger  refusant  d'obéir  à  la  Proclamation  ou  Ordre 
de  Sa  Majesté,  sera  emprisonné  pour  un  mois,  et  ensuite 
sortira  du  Royaume  dans  un  temps  limité,  et  si  on  le  trouve, 
ledit  Temps  expiré,  dans  le  Royaume,  il  sera  transporté  pour 
la  vie. 

17 

Les  Secrétaires  d'Etat,  en  cas  de  Soupçon  que  quelque 
Etranger  n'obéisse  pas  sur  le  champ  à  la  susdite  Proclama- 
tion, sont  autorisés  à  le  livrer  à  un  messenger  de  Sa  Majesté, 
pour  le  conduire  hors  du  Royaume. 

18 

Sa  Majesté,  par  un  Ordre  du  Conseil,  ou  un  Ordre  signé 
de  sa  main,  pourra  ordonner  à  tout  Etrangers  arrivés  dans  ce 
Pais  depuis  le  1er  janvier  1792,  ou  devant  y  arriver  dans  la 
suite,  (à  l'exception  des  Negotiants  et  Domestiques  mention- 
nés ci-dessus),  d'aller  fixer  leur  Résidence  dans  tel  District 
que  Sa  Majesté  jugera  à  propos,  et  les  Etrangers,  contreve- 
nant à  cet  ordre,  seront  mis  en  Prison. 


480  APPENDICE 


19 


Tout  Etranger  arrivé  en  Angleterre  depuis  le  l^r  janvier 
1792,  fera,  dans  dix  jours  après  le  10  janvier  1793,  et  tout 
Etranger  devant  arriver  dans  la  suite  fera  aussi  dans  dix  jours 
après  son  arrivée,  dans  l'Endroit  spécifié  dans  son  Passeport, 
au  Magistrat  du  Lieu  où  il  se  trouvera,  ou  à  défaut  de  Magis- 
trat, au  Juge  de  Paix  du  District,  une  Déclaration  par  Ecrit 
contenant  son  nom^  son  rang  et  occupation  et  l'Endroit  de 
sa  demeure  et  de  sa  dernière  Résidence  depuis  six  mois,  et 
en  recevra  un  certificat,  et  s'il  néglige  ou  refuse  de  faire  une 
telle  Déclaration  ou  s'il  en  fait  une  fausse^  il  sera  empri- 
sonné. 

20- 

Les  Magistrats  qui  soupçonneront  les  Etrangers  de  n'avoir 
pas  fait  leur  dite  déclaration,  pourront  les  mander  par  devant 
eux  et  les  faire  arrêter. 

21 

Tout  Juge  de  Paix,  Maire  ou  Magistrat  en  chef,  pourra  exi- 
ger par  écrit,  de  tout  Bourgeois,  une  liste  des  Etrangers  logés 
chez  lui. 

22 

Les  Officiers  de  la  Douane  transmettront  aux  Secrétaires 
d'Etat  copie  des  Déclarations  faites  par  devant  eux. 

23 

Les  juges  des  Cours  supérieures  de  Westminster  pourront 
cautionner  les  Etrangers. 

24 

Les  Juges  de  Paix  auront  le  même  Droit  en  vertu  d'une 
Autorisation  d'un  Secrétaire  d'Etat. 

25 

Touts  Etrangers  arrivés  dans  ce  Royaume  depuis  le  l«r  jan- 
vioi-  1792  feront  (s'ils  se  trouvent  dans  les  villes  de  Londres  et 


1 


APPENDICE  481 

Westminster  ou  les  Environs)  sous  le  10  de  janvier  1793  (ou 
s'ils  sont  hors  de  ces  limites)  dans  dix  jours  après  le  dit  10  de 
janvier,  et  touts  Etrangers  devant  arriver  dans  le  Royaume 
feront  dans  dix  jours  après  leur  Arrivée,  au  plus  prochain 
Magistrat,  une  Déclaration  de  toutes  Armes,  Poudre  à  canon 
et  munitions  qui  sont  ou  seront  en  leur  Possession  et  trois 
jours  après  cette  Déclaration,  ils  remettront  audit  Magistrat 
les  dites  Armes,  etc.,  excepté  celles  qu'il  leur  sera  permis  de 
garder,  par  Ordre  d'un  Secrétaire  d'Etat.  Aucun  étranger 
n'aura  droit,  après  avoir  remis  les  dites  armes,  etc. . . ,  d'acheter 
ou  d'avoir  en  sa  Possession  ou  dans  la  Possession  d'aucune 
autre  personne,  pour  son  usage,  aucune  Arme,  etc.,  et  tout 
Etranger  coupable  de  contravention  à  quelqu'un  de  ces  Arti- 
cles, sera,  sur  la  conviction  d'icelle,  condamnée  à  quitter  le 
Royaume,  et  s'il  y  reste  après,  il  sera  transporté. 

26 

Les  Magistrats  pourront  exiger  que  les  Etrangers  résidant 
ou  voyageant  dans  leurs  Districts  leur  remettent  toutes  leurs 
Armes,  etc.,  sous  peine  d'être  condamnés  à  quitter  le 
Royaume. 

27 

Les  Secrétaires  d'Etat,  deux  Juges  de  Paix,  le  Maire  ou 
Magistrat  en  chef,  pourront  visiter  toute  maison  occupée  par 
des  Etrangers,  (les  Négotiants  Etrangers  excepté),  ou  bien  ou 
logeraient  des  Etrangers,  et  ce  durant  le  jour,  et  en  présence 
d'un  Officier  de  Paix,  pour  découvrir  s'il  y  a  des  Armes  et 
s'en  saisir. 

28 

Et  pourront  exiger  de  toutes  personnes  qui  logent  des  Etran- 
gers une  Déclaration  par  Ecrit  de  toutes  les  Armes,  etc.,  qui 
se  trouveroient  dans  leur  maison. 

29 
Sa  Majesté  pourra  renvoyer  du  Royaume  tout  Etranger  qui 


482  APPENDICE 

auroit  été  emprisonnée  pour  contravention  quelconque   à  cet 
Acte. 

30 
Tout  Etranger  qui  retournera  après  avoir  été  renvoyé  sera 
transporté. 

31 
Dans  toutes  questions  relatives  à  l'infraction  de  cet  Acte  la 
Prévention  sera  contre  l'accusé. 

32 

Aucun  Etranger  ne  sera  réputé  Négotiant  a  moins  qu'il  ne 
soit  bona  fide  engagé  dans  le  Commerce. 

33 

Les  Ambassadeurs   Etrangers  et  leurs  famille  et  Domesti- 
ques sont  exceptés  de  cet  Acte. 

34 
Sont  exceptés  pareillement    les   Etrangers    au-dessous    de 
quatorze  ans. 

35 

Les  certificats  et  Passeports  seront  délivrés  gratis. 

36 

On  donnera  de  nouveaux  Passeports  et  certificats,  en  cas  de 
Perte  des  anciens. 

37 

Les    personnes    condamnées    à    être    transportées    seront 
envoyées  où  il   plaira  à   Sa  Majesté. 

38 
Toute  personne  condamnée,  en  vertu  de  cet  Acte,  à  la  trans- 
porta tion,   qui  sera  trouvée  dans  le  Royaume  après  sentence, 
sera  regardée  comme  coupable  de  Félonie  et  souffrira  peine 
de  mort. 

London.  —  Printed  by  Charles  Eyre  and  Andrew  Strahan, 
Printers  to  the  King's  most  Excellent  Majesty.      1793.  *  t> 

*  Archives  de  Magnas. 


APPENDICE  483 

Le  prince  de  Gondé  disait,  le  4  Avril  1795  à  M.  de  La  Tour  : 
«  Il  me  manque  beaucoup  non  seulement  pour  un  entretien 
convenable  mais  même  pour  le  plus  strict  nécessaire  ;  on  aura 
de  la  peine  à  le  croire,  mais  je  donne  ma  parole  d'honneur 
qu'en  ce  moment  il  ne  me  reste  que  64  louis  pour  vivre  avec 
mes  trois  enfants,  et  pour  soutenir  mon  artillerie,  mon  hôpi- 
tal et  mon  quartier  général.  Après  avoir  entretenu  la  Noblesse 
de  mes  propres  fonds  en  1792,  l'argent  de  la  Russie  m'a  seul 
soutenu  pendant  les  deux  dernières  campagnes;  tout  allait 
crouler,  au  mois  de  Novembre  dernier,  lorsque  les  6,000  livres 
sterling  de  l'Angleterre  me  sont  arrivées.  Gela  m'a  mené  avec 
bien  de  la  peine  jusqu'au  15  Février.  Depuis  ce  temps  je  vis 
d'industrie  *.  » 

A  Vérone,  Louis  XVIII  était  dans  une  si  grande  gêne  que 
l'ambassadeur  d'Angleterre,  Macartney,  fut  frappé  de  la 
misère  qu'il  y  rencontra,  misère  qui  n'empêchait  point  de 
nombreux  fidèles  d'entourer  leur  souverain  de  soins,  d'affec- 
tion et  de  respect. 

«  Tout  ce  qui  environne  le  Roi  dénote  une  grande  pau- 
vreté, écrivait  Lord  Macartney  à  Lord  Grenville,  le  12  août 
1795  ;  la  table,  si  importante  pour  un  français,  est  peu  abon- 
dante, servie  sans  élégance;  les  domestiques  sont  rares,  mal 
vêtus  ;  même  dans  les  appartements  privés,  les  meubles  essen- 
tiels font  défaut.  La  maison,  à  l'Orto  del  Gazzola,  n'est  ni 
grande,  ni  belle,  ni  commode.  Monsieur  de  Hautefort,  envoyé 
en  Angleterre  au  mois  de  juillet  dernier,  par  le  Roi,  a  été 
retardé,  plusieurs  jours,  faute  de  50  livres  sterling  pour  payer 
son  voyage.  Les  manières  de  Louis  XVIII,  son  accueil,  sont 
affables,  agréables,  familiers,  même,  sans  altérer  sa  dignité, 
que  l'on  distingue  encore  dans  son  éclipse.  On  le  dit  discret, 
bon,  amical  ;  il  me  semble  que  ses  courtisans  et  ses  serviteurs 
l'abordent  et  le  servent  avec  respect,  zèle  et  alTection.  Les 
principaux   hommes   d'affaires  de   son  entourage    sont   :   le 

*  V Angleterre  et  f émigration  Française,  par  A.  Lebon. 


484  APPENDICE 

.maréchal  de  Castries,  le  baron  de  Flaclislanden,  l'évêque 
d'Arras,  le  marquis  de  Jaucourt,  le  bailli  de  Grussol  ^,  (ces 
deux  derniers  cordons-bleus),  le  duc  de  Guiché,  le  comte  de 
Duras,  le  comte  d'Avaray,  le  comte  de  Gossé,  l'évêque  de 
Vence,  M.  de  Gazalés,  hommes  de  caractère  loyal,  bien  nés, 
corrects  dans  leur  attitude  ;  pas  un  roué  ni  un  dissipateur 
avoué,  parmi  eux.  Tous  tiennent  le  langage  qui  convient  à 
leur  situation  et  aux  circonstances.  Le  souvenir  de  la  grandeur 
et  de  la  prospérité  anciennes  de  la  France  est  encore  puis- 
samment gravé  dans  l'esprit  de  presque  tous  les  émigrés  que 
j'ai  vus.  Français  de  France,  et  émigrés,  prennent  feu  à  la 
moindre  pensée  d'un  démembrement  de  leur  pays,  quels  que 
soient  les  autres  sacrifices  auxquels  ils  pourraient  consentir, 
et  il  en  est  beaucoup  qui  préféreraient  que  le  Roi  ne  recou- 
vrât jamais  sa  couronne  plutôt  que  de  la  voir  dépouillée  de  ses 
fleurons  et  qui  aimeraient  mieux  voir  en  France  une 
République  puissante  qu'une  Monarchie  mutilée,  a  Nous 
»  sommes  Royalistes  mais  Français  avant  tout  »,  s'écriait 
M.  de  Lameth,  en  1796. 

A  Blankenburg,  la  misère  de  Louis  XVIII  fut  encore  plus 
grande  qu'à  Vérone.  «  Le  pauvre  Roi  est  dans  une  fort  vilaine 
petite  ville,  dans  un  très  vilain  logement,  étroit,  mal  meublé, 
ou  presque  point;  un  habit  bleu  fort  sec,  une  veste  et  culotte 
noire  râpée,  mais  l'air  très  affable  -.  » 

Rheinardt,  l'agent  du  Gouvernement  Français,  décrit  avec 
une  sorte  de  pitié,  la  misère  des  émigrés  :  «  Quelques-uns 
cherchent  avec  résignation  des  moyens  quelconques  de  sub- 
sister, soit  en  faisant  un  petit  commerce,  soit  en  exerçant  quel- 
que métier  ;  la  ci-devant  comtesse  de  Neuilly  tient  un  maga- 


*  Grand  bailli  de  l'Ordre  de  Malle,  frère  d'Einiiiaiiuel-Charles-Henry  de  Crusâol,  baron 
de  Crussol,  marquis  de  Fiorcnsac,  lieutenant-général  des  armées  du  Roi,  commandeur  des 
Ordres  militaires  et  hospitaliers  de  N.-D.  du  Mont-Carmel  et  de  Saint-Lazare  et  Jérusa- 
lem, clievalier  de  Saint-Louis,  marié  avec  G.-B.  de  Boulainvilliers,  décédé  le  1 1  octobre 
1818,  et  enseveli  avec  sa  femme,  dans  la  clia|iellc  du  château  de  Widevillc  (Scine-et-()ise) 

■^  La  Thuillerie  à  l'uysaye,  Blankenburg,  SC»  Avril  171)7, 


APPENDICE  485 

sin  de  modes  et  de  lingerie;  le  marquis  de  Romans  et  la 
comtesse  d'Asfeld  se  sont  associés  pour  un  commerce  de  vins  ; 
M.  de  Monlau,  officier  aux  gardes-françaises,  est  entré  dans  la 
troupe  d'un  théâtre,  sous  le  nom  de  Dubreuil,  et  M.  de  la 
Gorce,  très  bon  gentilhomme  du  Bordelais,  exerce  les  fonc- 
tions de  souffleur  au  même  théâtre  ;  M.  de  Milon  *  fournit  les 
rafraîchissements  des  bals  de  la  comédie,  et  sa  femme  vend 
des  recettes  de  sirops  et  de  gâteaux  ;  MM.  de  Baudus  et  de 
Vielcastel  dirigent,  à  Hombourg,  (de  spectateur  du  Nord. i»  Le 
comte  de  Taillefer,  les  Vassé,  les  Genouillac,  ont  fondé  une 
teinturerie  en  soie,  qui  leur  permet  de  vivre  et  de  secourir  les 
infortunes  de  leurs  compatriotes  émigrés. 

La  fille  aînée  du  maréchal  deNoailles,  «Adrienne-Gatherine, 
femme  de  René  de  Froulay,  comte  de  Tessé,  Grand-d'Espa- 
gne, ex-premier  écuyer  de  la  Reine,  ci-devant  lieutenant- 
général  aux  gouvernements  du  Perche,  du  Maine  et  de  Laval, 
lieutenant  du  régiment  des  Croates  »,  s'était  réfugiée  en 
Suisse,  au  château  de  Lowemberg,  dans  les  environs  de  Morat. 
Plus  tard,  gi^âce  à  quelques  valeurs  emportées  de  France,  elle 
put  créer  une  modeste  exploitation  rurale  à  Ploen,  près 
d'Altona.  Elle  y  tenait  120  vaches  qu'elle  soignait  avec 
Madame  de  Montagu  et  Mademoiselle  de  Tott.  La  comtesse 
d'Argouges  et  la  princesse  de  Talmont,  arrivées  de  France  en 
sabots  et  sans  linge,  travaillaient  à  des  ouvrages  de  broderies, 
aidées  par  la  marquise  des  Réaux,  les  comtesses  de  Saisseval, 
de  Lastic  et  la  marquise  de  Jaucourt,  dont  le  mari  gagnait 
quelques  florins  en  tenant  les  comptes  et  en  faisant  les  écri- 
tures d'un  marchand  de  la  ville  voisine. 

La  comtesse  de  Beauregard,  devenue,  comme  Madame  de 
Pelleport,  dame  de  compagnie,  la  comtesse  de  Sécillon  qui 
donnait  des  leçons  de  danse,  Madame  de   Gontaud,  qui  pei- 


'  Descendant  de  Benoist  Milon,  seigneur  de  Wideville-Davron,  au  pays  Mantois,  inten- 
dant des  Finances  et  de  rOrdre  du  Saint-Esprit,  marié  avec  Marguerite  de  Crêvccœur- 
Boulenc,  décédé  à  Paris,  le  23  juillet  1592.  (Histoire  de  Widcville.) 


486  APPENDICE 

gnait  des  dessus  de  boîtes,  le  marquis  de  Chavannes,  mar- 
chand de  houille,  trouvaient  moyen  de  venir  en  aide  à  la 
détresse  affreuse  de  Mademoiselle  de  Montmorency,  qui  s'était 
faite  porteuse  de  sceaux  d'eau  à  Hambourg^,  dans  la  boutique 
de  pâtisserie  de  son  oncle,  le  chevalier  de  Montmorency,  pour 
procurer  quelques  sous  à  sa  mère  mourante.  Le  comte  de 
Preissac-Esclignac-Fezensac-Marestang,  monta  un  atelier  de 
tourneur  ;  la  duchesse  de  Bouillon  et  Pauline  de  Lannoy, 
duchesse  de  Ghâtillon^  consacraient  les  épaves  de  leur  fortune 
à  élever  les  filles  pauvres  que  la  Révolution  avait  privé  de  leurs 
parents.  Ce  monde,  si  frivole  jadis,  tenait  à  honneur  de  ne 
point  sembler  atteint  par  les  privations  matérielles  ;  c'était 
un  des  signes  de  la  bonne  compagnie  et  comme  un  instinct  de 
noblesse,  à  peu  près  disparu  de  nos  jours,  que  l'indifférence 
aux  détails  du  bien-être  physique  et  aux  petites  satisfactions 
que  procure  une  installation  bourgeoise. 

((  J'ai  toujours  remarqué,  écrivait  la  vicomtesse  de  Noailles, 
ï>  que  les  regrets  donnés  au  matériel  ne  se  montraient  vive- 
»  ment  que  dans  les  parvenus.  »  «Dès  que  vient  le  soir,  chacun 
se  coiffe  et  se  pare  et  on  va  passer  quelques  heures  chez  la 
marquise  de  Bouille,  où  on  trouve  un  petit  souper,  et  où  on 
cause  comme  au  temps  passé,  en  oubliant  la  misère  actuelle. 
On  apprend  aux  enfants  le  ton  de  la  cour  et  de  la  bonne 
compagnie,  on  élève  leur  esprit  au-dessus  de  l'adversité,  par 
delà  l'heure  présente,  pour  le  monde  dans  lequel  ils  sont  nés, 
avec  un  complet  mépris  du  bien  être,  de  l'oppression  et  de  la 
destinée.  On  les  instruit  des  souvenirs  de  la  famille,  des 
leçons  du  point  d'honneui'^  du  désintéressement  et  du  bon 
goût  sans  prétention. 

A  Londres,  quand  on  a  trois  schellings,  on  peut  se  faire 
présenter  chez  la  duchesse  de  Fitz-.lames  ;  on  est  invité  par 
elle  à  diner,  et  on  sait,  qu'en  sortant  de  table,  on  met  les  trois 
schellings  dans  une  tasse  qui  est  sur  la  cheminée.  On  rencon- 
trait chez  elle  toute  la  bonne  compagnie.  Les  émigrés,  aidés 
par  quehjues  anglaises  charitables,  émues  de  pitié  à  la  vue  des 


APPENDICE  487 

misères  si  noblement  supportées  par  les  Français  réfugiés  en 
Angleterre,  avaient  fondé  une  école  de  filles,  dont  les  maî- 
tresses étaient  d'anciennes  religieuses,  la  comtesse  de  Quengo, 
et  Mesdemoiselles  de  Landal,  de  Trémereux,  de  Kersalio,  de 
Villier,  de  Cornulier-Lucinière,  de  Boisrion,  etc..  *.  » 


*  Forneron,  Histoire  des  émigrés,  mémoires  divers,  etc. 


ABREGE 

DE  L'HISTOIRE  DE  LA  FAMILLE 

DE 

MANAS 

ET  DES  FIEFS   DE  MAGNAS  ET   DE  l'ISLE-BOZON 
EN 

LOMAGNE 


APPENDICE  491 


Abrégé  de  l'histoire 

de  la  famille  de  Manas  et  des  fiefs  de  Magnas 

et  de  risle-Bozon  en  Lomagne 


La  baronnie  de  Magnas,  (Manhas,  Manas  et  Maignas),  située 
dans  le  comté  de  Gaiire  en  Lomagne,  entre  Lectoure,  S^-Clar 
et  Castelnau  d'Arbieu,  était  baillivie,  dès  1250*.  Elle  avait, 
croit-on,  reçu  son  nom  de  la  famille  de  Manas,  race  ancienne, 
illustre  et  puissante,  tirant  son  origine  des  anciens  Comtes 
d'Astarac,  qui  possédait  les  seigneuries  de  Manas,  Avensac, 
le  Pin,  Laas,  Durfort,  Aux,  Cous,  Homps,  Valinhac,  Mont- 
bardon,  La  Motbe,  Augnax,  Clermont,  Boredils,  Sabazan, 
Trie,  Lamesan,  Gaudonville,  Estramiac,  Mansonville,  Saint- 
Germié,  Perrequines  et  Montmorin. 

Bienfaiteurs  de  l'abbaye  de  Simorre,  plusieurs  membres  de 
la  maison  de  Manas,  avaient  figuré  aux  croisades. 

Raymond  Sanche  de  Manas,  seigneur  dudit  lieu,  donna,  en 
1056,  l'église  de  Saint-Barthélémy  au  monastère  de  Simorre. 
Son  fils,  Géraud,  y  ajouta  l'église  de  Laffitau,  dans  la  même 
paroisse;  les  huguenots  la  détruisirent  vers  1570  ^. 

Raymond,  Sans  de  Manas,  était,  en  1276  et  1290,  Grand- 
Maître  de  l'Ordre  religieux  de  la  Foi  et  de  la  Paix. 

Sanche,  Garsie  de  Manas,  Navarre  sa  femme,  et  Odon  de 
Pisaco,  frère  de  Navarre,  firent  accord,  le  18  octobre  1279, 
avec  l'abbaye  de  Granselve,  Ordre  de  Giteaux,  diocèse  de 
Toulouse,  touchant  les  lieux  de  Bordellis  et  du  Pin,  moyennant 

*  Histoire  de  Gascogne,  par  Montlezun. 

*  Dom  Brugelles. 


492  APPENDICE 

que  le  monastère  reconnaîtrait  lesdits  lieux  comme  tenus  en 
fief  dudit  Manas,  et  qu'il  serait  payé  cinq  sols  d'acape  à  chaque 
mutation  de  seigneur  K 

Massip  de  Manas,  chevalier,  épousa  le  12  octobre  1304,  Nu- 
mide de  Goalard,  fille  d'Ayssin  de  Goalard,  seigneur  de  Ter- 
raube. 

Jacques  de  Manas  portait,  en  1317,  le  titre  de  Commandeur 
d'Arçrentens  et  de  Cours. 

Viguier  de  Goalard,  fils  de  Géraud,  et  petit-fils  d'Ayssin  II 2, 
seigneur  de  Goalard,  Terraube,  L'Isle-Bozon,  Saint-Avit,  Sem- 
pessère,  Saint-Léonard  etc.,  est  désigné,  dans  plusieurs  Char- 
tes de  1324,  1329, 1330,  1332,  comme  seigneur  de  Manhas. 

Sybille  de  Manas,  fille  du  seigneur  de  ISIontbardon  en  Asta- 
rac,  épousa  Arnaud  d'Antin,  baron  d'Antin  et  des  Affittes,  qui 
reçut  en  1399,  les  hommages  des  seigneurs  d'Artigue,  Castex 
et  Saint-Cricq,  ses  vassaux. 

Jean  de  Manas,  docteur  ès-décrets,  était  avant  1398,  prieur- 
mage  de  l'abbaye  de  Montauriol,  ordre  de  Saint-Benoist ,  au 
diocèse  de  Cahors. 

Jean  de  Manas,  seigneur  d'Aux,  fut  chargé  de  faire  confir- 
mer par  le  comte  de  Pardiac  (1424),  les  coutumes  données  au 
Comté  de  Pardiac  en  l'année  1300. 

Dominique  de  Manas,  de  la  branche  des  Manas-Laas,  au 
diocèse  de  Lombez,  (éteinte  dans  les  mâles,  vers  1730),  siégeait 
en  1419,  comme  abbé  de  Gimont. 

Jean  II  de  Manas,  seigneur  d'Avezan,  Montgaillard,  Man- 
sonville  et  autres  lieux,  marié  avec  Annette  de  Montlezun, 
eut  trois  enfants  :  Bertrande  3,  qui  épousa,  en  1415,  Jean  de 
Galard,  chevalier  de  Saint-Michel,  chambellan  de  Louis  XI, 
baron  de  Brassac,  Roze,  devenue  (1450),  la  femme  d'Odet  de 


*  Docaments  sur  le  Tarn-et-Garonne,  par  Moulenq. 

*  Ayssin  II  de  Goalard  avait  épousé  la  Tille  de  Bertrand  de  l'Isle-Jourdain- 
'  Bertrande  de  Manas  testa  le  11  Février  1465  (Archives  de  Magnas). 


\ 


APPENDICE  493 

Goth,  seigneur  de  Rouilhac  *,  et  un  fils  Jean,  qui  s'allia,  en 
1458,  avec  une  fille  de  la  maison  d'Abzac,  et  qui  laisse  ses 
biens,  par  son  testament  du  7  avril  1506  à  son  neveu  Antoine 
de  Manas,  marié  avec  Juanita  de  Bassoues. 

Bertrand  de  Gère,  seigneur  de  Sainte-Gemme,  signa  comme 
témoin,  l'acte  de  mariage  du  sieur  de  Manas-Homps  avec  la 
fille  de  Gérard  de  Pins,  en  1578. 

Bertrand  de  Manas  assista,  le  27  janvier  1503,  à  la  vente  de 
Pouy-Lobrin,  par  Jean  d'Ornézan,  à  Bertrand  de  Béon  son 
gendre. 

Raymond,  Garcie  de  Manas,  seigneur  de  Durfort,  Montmo- 
rin,  Montbardon,  etc.,  épousa  Madeleine  de  Foix,  qui  testa  en 
1515  ;  leur  fille  Catherine  de  Manas  donna  sa  main,  en  1519, 
à  noble  Jean  de  Podenas,  seigneur  de  Marambat;  leur  fils, 
François  de  Manas,  était  marié  avec  Anne  de  Montlezun, 
sœur  de  Jean,  seigneur  de  Saint-Lary. 

La  vaste  seigneurie  d'Homps,  avec  son  important  château 
féodal,  appartenait,  dès  1560,  à  la  famille  de  Manas,  qui  pos- 
sédait aussi  Saint-Germié  au  pays  de  Rivière- Verdun,  Laas  en 
Comminges,  Marsac  en  Lomagne  et  quantité  d'autres  fiefs. 

Léonard  et  Bertrand  de  Manas  étaient  archers  des  Ordon- 
nances du  Roi,  sous  la  charge  du  chevalier  de  Monluc. 

En  1612  et  1624,  Jouannoton  de  Manas-Lamezan  était  dési- 
gné comme  seigneur  de  Laas  et  de  La  Barthe. 

Le  27  octobre  1633,  Jean,  Bertrand  de  Manas,  seigneur 
d'Homps,  fit  partie  de  la  réunion  de  la  noblesse  de  Lomagne 
assemblée  dans  la  ville  de  Lectoure. 

Les  alliances  de  la  famille  de  Manas  ont  été  avec  les  Massât 
Sanguenède,  Castelnau-Laloubère,  de  Foix,  Montesquiou,  de 
Batz-de-Benque,  Saint-Julien,  Rabastens,  Saint-Pastou,  d'As- 
pès,  de  Voisins,  Marestang,   de  Goth-Rouilhac,  Faudoas,  de 
Saux,  de  Junquières,  du  Bouzet,  de  Montant,  de  Génibri,  de 

^  Le  château  de  Rouilhac,  situé  entre  Miradoux  et  Sainte-Mcre,  dans  la  Lomagne, 
conserve  encore  une  tour  et  quelques  restes  de  sa  splendeur  passée.  Il  a  eu  pour  proprié- 
taires successifs,  après  les  Goth-Rouilhac-Epernon,  les  Bourdeau  et  les  Courrent, 


494  APPENDICE 

Galard,  de  Bon,  de  Lasserre,  de  Sevin-Segognac,  de  Batz-Tren- 
quelléon,  etc. 

Cette  maison  de  Manas,  éteinte  dans  les  branches  de  Laas- 
Lamezan,  de  Saint-Germié  et  d'Homps,  est  représentée,  de 
nos  jours,  par  les  rameaux  d'Avezan-Perrequines.  Elle  a  donné 
des  gouverneurs  à  Lourdes,  Verdun  et  Lectoure,  deux  capi- 
taines aux  gardes,  un  député  de  la  noblesse  du  Gomminges  aux 
Etats  de  Blois,  plusieurs  abbés  et  de  nombreux  chevaliers  de 
Saint-Louis  et  de  la  Légion  d'Honneur. 

La  branche  de  Saint-Germié  a  fini  dignement  en  la  per- 
sonne de  deux  officiers  morts  au  service,  non  mariés,  l'un  colo- 
nel de  cavalerie,  l'autre  capitaine  d'infanterie  ^. 

Les  Manas  avaient  anciennement  pour  armes,  un  écusson 
écartelé  d'or  et  de  gueules  ;  quelques  branches  portaient  : 
d'azur  à  la  croix  d'argent,  à  la  bordure  de  même,  semé  de 
tourteaux  de  sable;  enhn  M.  de  Jaurgain,  dans  sa  notice  sur 
les  maisons  de  Galard-Béarn-Brassac,  blasonne  ainsi  les  ar- 
moiries des  Manas  :  de  gueules  à  la  croix  d'or  : 

Devise  :  Memni  et  Perma.nebo. 

Sortie  depuis  longtemps  de  la  famille  de  Manas,  qui  lui  avait 
probablement  donné  son  nom,  la  seigneurie  de  Magnas  était 
devenue  un  fief  dépendant  de  la  Baronnie  de  l'Isle-Bozon,  En 
elïet,  comme  nous  l'avons  déjà  noté,  dès  le  commencement  du 
xivmc  siècle  (1324),  Viguier  de  Goalard,  seigneur  de  Terraube, 
Si-Avit,  S'-Léonard,  etc.,  portait  le  titre  de  baron  de  l'Isle- 
Bozon  et  de  Magnas;  plus  tard,  Jean  de  Goalard,  seigneur 
de  Sic-Livrade  (lils  de  Bertrand  de  Goalard),  chambellan  du 
duc  de  Vendôme  et  du  roi  de  Navarre,  sénéchal  d'Armagnac, 
marié  avec  Madeleine  de  St'^-Colombe,  de  la  Maison  de  Mon- 
tesquiou-Fézensac,  se  qualifie  de  seigneur  de  l'Isle-Bozon  et  de 
Magnas.  N'ayant  pas  eu  d'enfant  de  cette  union,  et  son  frère 
Béraud,  n'étant  point  marié,  Jean  de  Galard  laissa  ses  biens  à 
son  parent,  Jean  de  Galard-ïerraube,  seigneur  de  S'-Gérici, 

'  Notice  hislorique  et  généalogique  sur  la  rainille  de  Manas,  établie  par  uu  de  ses  mem- 
bres. —  (Caslelsarrazin,  chez  Coudol,  1855). 


APPENDICE  495 

qui,  forma  la  seconde  branche  de  Galard-L'Isle-Bozon,  éteinte 
en  1753,  dans  la  personne  de  Jean  Charles  de  Galard,  marquis 
de  L'Isle-Bozon,  seigneur  de  Fourcès,  resté  veuf,  sans  enfant, 
de  Marie  de  Bastard  *. 

Les  grands  fiefs  de  ïerraube  et  de  L'Isle-Bozon  ayant  été 
une  possession  indivise  de  la  famille  de  Galard  avant  1270, 
époque  à  laquelle  ces  deux  terres  furent  partagées  entre  les 
deux  frères  Ayssieu  et  Géraud  de  Galard,  ce  fut  en  vertu  de 
cette  communauté  d'origine  que  le  sire  de  L'Isle-Bozon  dis- 
posa de  tous  ses  biens,  le  21  avril  1518,  en  faveur  de  Jean  de 
Galard-Terraube,  seigneur  de  Saint-Cérici,  marié  avec  Jeanne 
de  Gaulejac  -. 

Vingt  ans  auparavant,  une  paitie  du  fief  de  Magnas,  dépen- 
dant de  la  seigneurie  de  Lisle-Bozon,  et  ancien  apanage  des 
cadets  de  cette  branche  des  Galard,  était  passé  à  la  maison  de 
Saint-Géry,  allié  par  plusieurs  mariages  à  cette  famille. 

Un  acte  de  1488,  donne  à  Messire  de  Saint-Géry  le  titre  de 
baron  de  Magnas.  Il  partagea  cette  seigneurie  avec  Geoffroy 
de  Durban,  chevalier,  de  1525  à  1552.  A  cette  date,  Antoine  de 
Saint-Géry,  marié  avec  Suzanne  de  Mauléon,  veuve  de  Geof- 
froy de  Durban,  devint  seul  seigneur  de  Magnas. 

Son  fils  Antoine  de  Saint-Géry,  mari  de  Marguerite  de 
Saint-Lary,  est  qualifié  de  même  en  1578,  ainsi  que  Raymond 
de  Saint-Géry  (1594). 

Jean  de  Saint-Géry,  signe  en  1596,  tous  ses  actes  publics  et 
privés,  du  nom  de  Magnas. 

Sa  femme  était  Marguerite  de  Laas,  belle-sœur  de  Guy  de 
Galard,  seigneur  de  Castelnau-d'Arbieu. 

Joseph  de  Saint-Géry  seigneur  de  Lamotlie,   Urdens,  etc.. 


*  bans  TËtat  des  Justices  Royales  et  seigneuriales  qui  relèvent  par  Appel  au  sénéchal  de 
Condom,  Fan  1760,  on  cite,  pour  la  justice  de  Fourcès  et  Laspeyres,  la  marquise  de  Bonas, 
et  M.  de  Goalard,  seigneur  et  marquis  de  l'Isle-Bozon  ;  pour  la  justice  du  Marquisat  de 
Terraube  et  de  Saint-Cérici,  on  nomme  M.  de  Goalard,  seigneur  et  marquis  de  Terraube. 

^  Documents  historiques  sur  la  maison  de  Galard. 


496  APPENDICE 

était  désigné  dans  un  titre  de  1670,  comme  W  de  Magnas.  Il 
avait  épousé,  en  1617,  Jeanne,  Louise  de  Montaut. 

Leur  fille,  Catherine,  Charlotte  de  Saint-Géry,  devint,  le 
9  janvier  1639,  la  femme  de  François  de  Galard,  seigneur  de 
L'Isle-Bozon 

Jean  de  Saint-Géry,  dit  le  baron  de  Magnas,  seigneur  de  La 
Mothe  et  d'Urdens,  mourut  à  Mézin,  le  26  juin  1678.  Il  s'était 
marié,  en  1645,  avec  Marguerite  de  Montesquiou,  dont  il  eut  : 

Marie  de  Magnas  qui  porte  ce  fief,  le  19  janvier  1689,  à  son 
époux  Louis,  Léger  de  Sérillac  ',  marquis  de  Saint-Léonard  '. 

Leur  fille,  Marie,  eut  en  dot  la  terre  de  Magnas,  lors  de  son 
mariage  avec  M.  de  La  Valette  (1739)  3. 

Marie  Angélique  de  La  Valette,  leur  unique  enfant,  mariée 
avec  M.  de  Lacarry-Mauléon  *  ,  lieutenant-général  dans  la 
marine,  fut  très  peu  de  temps  propriétaire  de  Magnas,  qui 
passa  à  sa  fille,  devenue  le  18  octobre  1741,  Madame  de  La 
Junquière.  Son  mari,  Pierre,  Jacques  de  Taphanel  ^  de  La  Jun- 
quière,  capitaine  de  vaisseau,  chevalier  de  Saint-Louis,  inspec- 


•  «  Contrat  afferme  passé,  le  4  avril  1692,  par  Messire  de  Sédillac,  marquis  de  Saint 
Léonard,  seigneur  de  Castelnau,  baron  de  Magnas,  pour  la  métairie  d'Honconque,  en 
faveur  de  Jean  Guillaumct  Laporte,  père  et  fils,  par  devant  Coustaing,  notaire  Royal,  de 
Saint-Clar,  dans  le  château  noble  de  Magnas,  Sénéchaussée  d'Armagnac  et  diocèse  de 
Lectoure.  »  (Archives  de  Magnas). 

'  Un  de  ses  ancêtres,  Odon  de  Sérillac,  avait  épousé,  le  19  janvier  1329,  Lugane  de 
Galard,  fille  de  Bertrand  de  Galard,  seigneur  de  L'Isle-Bouzon. 

3  Jacques  de  la  Valette,  baron  de  Fenouillet,  en  Commingcs,  fut  maintenu  dans  sa  no- 
blesse par  M.  Le  Pelletier,  intendant  de  la  Généralité  de  Montauban,  le  i"  août  1699. 
Armes  :  ccartelé  :  aux  premier  et  quatrième  d'azur,  à  la  croix  alisée  d'argent,  au  chef 
cousu  de  gueules,  aux  deuxième  et  troisième,  au  lion  d'or  issant  de  la  bande.  (Nob. 
Toulousain). 

*  Voir,  ci-après,  la  notice  sur  la  famille  de  Lacarry. 

^  Parmi  les  dames  chanoinesses  de  Saint-Antoine  de  Viennois  (Ordre  de  Malte),  près  de 
Saint-Marcellin,  on  trouve  mentionnées  Sophronic,  Clémence  de  Taffancl  de  la  Jonquière 
née  le  14  juillet  1785,  et  l-Y.inçoisc,  Auguste,  Anne,  Caroline,  nées  àOuilalcns,  au  diocèse 
de  Lavaur,  alliées  aux  maisons  de  Vialar,  Kouftiac,  Orbessan,  de  Portes,  etc. 

Les  armes  de*  Talfanel  de  La  Jonquière  sont  :  d'argent  à  la  l'asce  Uc  gueules. 


APPENDICE  497 

teur  des  flottes  de  Sa  Majesté),  prit  les  titres  de  baron  de 
Maanas,  seigneur  d'Urdens  et  de  Gastelnau-d'Arbieu  V 

Leur  lille  Jacquette-^Iar(]uette  de  La  Junquière,  épousa,  le 
6  avril  1769,  Jacques  Roger,  marquis  de  Noé,  vicomte 
d'Estancarbon  (dit  l'Aveugle),  seigneur  de  Goubignan,  et  laissa 
Magnas  à  Charlotte -Louise-Pétronille  de  La  Junquière,  son 
héritière,  mai'iée  avec  son  cousin,  Louis  Pantaléon,  comte  de 
Noé  ;  ce  dernier,  vendit,  en  1785,  la  baronnie  de  Magnas,  avec 
ses  droits  de  haute,  moyenne  et  basse  justice,  au  descendant  de 
ses  anciens  seigneurs,  Joseph  de  Galard-Pellehaut-Balarin, 
marquis  de  l'Isle-Bozon,  et  auteur  de  la  troisième  branche  de 
ce  nom,  qui  plaça  sur  ce  domaine  la  dot  de  sa  femme  -. 

Cette  acquisition  obligea  à  de  nombreuses  et  longues  for- 
malités ;  il  fallut,  pour  ratifier  la  vente,  obtenir  une  sentence 
du  Chàtelet,  le  29  janvier  1788  ;  la  remise  des  fonds  eut  lieu 
le  8  février  de  la  même  année,  chez  maître  Maigret,  notaire  à 
Paris;  il  donna  quittance  de  la  somme  de  138,000  livres,  res- 
tant due  sur  le  prix  d'acliat,  contracté  à  Lectoure,  le  11  avril 
1787.  Le  dépôt  des  pièces,  papiers,  titres  divers,  concernant  la 
terre  et  seigneurie  de  élaguas,  eut  lieu,  le  7  avril  1788,  chez 
Barljeret,  notaire  à  Bordeaux,  à  charge,  par  lui,  de  terminer 
cette  affaire,  et  de  mettre  le  jnarquis  de  Galard  en  possession 
dudit  domaine,  pour  l'annexer  et  joindre  au  marquisat  de 
Lisle-Bouzon,  propriété  de  l'acquéreur,  qui  le  tenait  par  héri- 
tage de  son  oncle,  Jean-Charles  de  Goalard,  marquis  de  Liste, 


'  Voyez,  plus  loin,  le  iniiiKlenienl  de  la  taille  en  la  comimiiiaulé  de  Ca.stelnau-d'Arhieu. 

2  La  terre  de  Ma^'iias  ayant  été  déclarée  et  reconnue  comme  bien  dotal,  ne  fut  que 
séquestrée  (depuis  le  "li  nivôse,  an  il,  jusqu'au  27  prairial,  an  m),  et  non  confisquée, 
pendant  la  révolution,  et  Madame  de  C.alard,  à  sa  sortie  de  réclusion,  put  rentrer  en  pos- 
session de  ce  domaine. 

Son  iîls,  le  marquis  (lliarles  de  T.alard,  au  retour  de  l'émigration,  retrouva  fort  i>cu  de 
biens  paternels  échappés  à  la  vente,  ordonnée  par  la  nation,  l'an  il  de  la  Hépublique.  il  lit 
valoir  ses  droits  sur  la  moitié  du  château  de  l'Isie-Bouzon,  qui  n'avait  pas  trouvé  acqué- 
reur. Une  portion  des  dépendances  a|)iiartenait  déjà  au  baron  de  Saint-Géry,  auquel  aban- 
don fut  fait,  par  le  marquis  de  Galard,  en  1817,  après  de  nombreux  procès,  de  tous  Ses 
droits  éventuels  sur  le  restant  des  ruines  du  vieux  manoir. 

(Archives  de  Majjiias.) 

32 


498  APPENDICE 

baron  de  Fourcès,  seigneur  de  La  Tour,  ancien  officier  dans 
les  armées  du  Roi,  décédé  en  son  château  de  Lisle-Bouzon, 
le  1<^'"  septembre  1753,  sans  enfant  de  sa  femme,  Marie  de 
Bastard.  L'acte  d'achat  avait  été  passé,  le  11  avril  1787,  à 
Lectoure,  avec  le  consentement  de  M.  le  comte  de  Durfort- 
Civrac,  de  dame  Catherine  Brown,  comtesse  de  Durfort- 
Civrac,  de  Louise-Adélaïde  de  Durfort-Givrac,  marquise  de 
Clermont-Tonnerre,  de  M.  le  marquis  de  Clermont-Tonnerre, 
de  M.  Hennequin,  comte  d'Ecqueviliy,  d'Amable,  Cécile  de 
Civrac,  comtesse  d'Ecqueviliy,  de  M.  d'Estutt,  comte  de  Tracy, 
de  Madame  Emilie-Louise  de  Civrac,  comtesse  de  Tracy,  fille 
d'Emery-François  de  Durfort,  et  de  Marie-Françoise  de  Par- 
daillan-Gondrin-d'Antin ,  du  comte  et  de  la  comtesse  de 
Noé,  et  du  marquis  de  Noé.  L'argent,  provenant  de  la  vente 
de  Magnas,  fut  employé  par  la  famille  de  Noé,  à  acquérir  le 
duché  d'Antin  ^. 

La  terre  de  Magnas  appartient  actuellement  au  marquis  de 
Galard,  arrière-petit- fils  de  Joseph  de  Galard-Pellehaut- 
Balarin,  marquis  de  l'Isle-Bozon,  baron  de  Magnas,  mort  sur 
l'échafaud,  le  26  germinal,  an  ii  de  la  République. 


*  Archives  de  l'Isle-Bozon,  de  Magnas  (Gers),  et  de  Wideville  (Seine-et-Oise). 


NOTICE 

SUR    LA    FAMILLE 

DE 

LACARRY 


APPENDICE  501 


Notice  sur  la  famille  de  Lacarry 


Les  Lacarri,  ou  Lacarry,  étaient  issus  d'une  ancienne  famille 
faisant  partie  des  dix  maisons  nobles  du  pays  de  Soûle,  ayant 
titre  de  potestat.  (Gensier  de  4378.) 

Menaud,  seigneur  et  potestat  du  Domec  de  Lacarry,  capitaine 
en  1515;,  fut  la  tige  de  la  l)ranche  des  marquis  de  Salha,  en 
Basse-Navarre. 

Michel  de  Lacarry  alla  s  établir  à  Lectoure,  vers  1480  ^ 

Pierre  de  Lacarry,  baron  de  Mauléon  -,  était  procureur  au 
Parlement  de  Toulouse.  Son  fils  Jean,  baron  de  Mauléon,  con- 
seiller au  même  Parlement,  fut  maintenu  dans  sa  noblesse  par 
jugement  souverain  rendu  sur  la  proposition  de  M.  de  Bezons, 
le  27  janvier  1670,  ainsi  que  ses  fils,  dont  l'un  était  Sénéchal 
d'Armagnac. 

Jean  de  Lacarry,  seigneur-baron  de  Mauléon,  Domat,  Sama- 
ran  et  autres  lieux,  fit  le  dénombrement  de  ses  fiefs  nobles 
devant  les  capitouls  de  Toulouse,  le  7  avril  1689. 

En  1751,  Alexandre  de  Lacarry  occupait  un  siège  à  la 
Chambre  des  Requêtes,  à  Toulouse. 

Arnaud  de  Lacarry,  seigneur  de  Beaucrurenapiement,  dans 
la  paroisse  de  Pinsaguel,  était  arrière-grand-père  de  Joseph 
de  Lacarry,  seigneur  de  Mauléon,  Sajas,  etc.,  brigadier  des 
armées  du  Iloi,  chevalier  de  Saint-Louis.  Il  dénombra  ses 
biens  nobles,  le  6  mai  1778,  et  assista  à  la  réunion  de  la 
noblesse  du  Gorniiiinges,  tenue  à  Muret,  en  1789. 

Catherine  -  Françoise  -  Etiennette  -  Joséphine  d'Advizard, 
épouse  de  messire  de  Lacarry,  déclara  ses  fiefs  nobles, 
devant   les   capitouls   de   Toulouse,   le  19  juin  1778. 

'  Ou  trouve  uu  Miqueo  de  Lachani,  habitant  Lectoure,  le  23  août  1485 

*  La  commune  de  Lacarry  est  voisine  de  celle  de  Mauléon  (Basses-Pyrénées), 


502  APPENDICE 

Le  chevalier  de  Lacarry  fut  présent  à  l'Assemblée  de  la 
noblesse^  appelée  à  Toulouse  en  1789. 

A  cette  famille  appartenait  Jean  de  Lacarry,  (de  Lectoure), 
«  escholier  Gascon  qui  reçut  la  fleur  de  la  soulcie  pour  son 
chant  Royal  ».  Son  ouvrage  a  pour  titre  :  «  Clijtie  pour  le 
triomphe  du  Soucy,  à  Monseigneur  le  premier  Président^  ». 

Plus   tard,  A.    Golomiez,  imprimeur  à  Toulouse,  publia  : 
a  Le   triomphe  pour   la   fleur  de    la    Violette  » ,    par  Char- 
l'on  de  Lacarry,  Lectourois  fixé   à   Toulouse,    dont   il   devint 
capitoul. 

En  1687,  messire  de  Lacarry,  juge  aux  Jeux  Floraux,  com- 
posa a  un  huitain  »  adressé  à  Victor  Gironis  de  Beaufort,  pour 
son  triomphe  sur  l'Eglantine  ^. 

M.  de  Jaurgain,  dans  son  étude  sur  les  Lacarry  ^,  croit  qu'il 
faut  aussi  rattacher  à  cette  maison,  Gilles  de  Lacarry,  jésuite, 
du  Diocèse  de  Gastres,  né  en  1605,  mort  en  1684,  qui  a  laissé 
entr'autres  travaux  littéraires,  une  «  Historia  coloniariim  ». 

j\Iessire  Jean-Pierre  de  Lacarry,  chanoine  de  Lectoure,  cha- 
pelain du  Roy,  eut,  de  1594  à  1632,  un  long  procès  avec  le 
chevalier  de  Grossolles,  seigneur  de  Saint-Martin  de  las  Hou- 
metos,  et  Jean-Géraud,  fils  de  ce  dernier,  ((  prêtre  professeur 
en  la  Sainte  Tliéologie,  au  sujet  d'un  Archidiaconnat  dans 
ladite  église  de  Lectoure  *  ». 

Anne  de  Lacarry,  fille  de  Jean  de  Lacarry  et  de  Gatherine  de 
Labrunie,  fut,  le  6  novembre  1673,  élue  prieure  du  Garmel 
de  Lectoure,  sous  le  nom  de  Marie-Anne  de  la  Sainte-Tri- 
nité '•'  ;  elle  décéda  le  5  mars  1694. 


'   A  Tolose,  par  I.   Boude,   imp.   ord.   du  Roi,  devant  le  Collège  de  Foix,  à  l'enseigne 
Saint-Jean,  163G, 
Dédié  à  Jean  de  Berlier,  seigneur  de  Monlrabc,  chancelier  aux  Jeux  Floraux. 

*  lievue  de  Gascogne. 
3  lievue  de  Gascogne. 

*  Archives  du  château  de  Flamarens  (Gers). 

'  Le  Carmel  de  Lecloure,  par  M.  Am,  Plieux. 


APPENDICE  503 

Les  armes  des  Lacarry  étaient  :  d'azur  à  une  serrure,  avec 
quatre  clous  d'argent,  accostée  d'une  clef  d'or. 

a  La  maison  noble  et  potestaterie  de  Domec  de  Lacarry, 
au  pays  de  Soûle,  avait  été  vendue,  à  pacte  de  rachat  perpé- 
tuel, le  15  janvier  1605,  à  messire  Pierre  de  Béhéty,  abbé  de 
Saint-Engrace,  archidiacre  de  Gouserans,  conseiller  du  Roi  en 
ses  conseils  d'Etat  et  privé,  agent-général  du  Clergé  de  France, 
secrétaire  de  la  Chambre  ecclésiastique  aux  Etats-Généraux 
tenus  à  Paris,  le  27  octobre  1614,  fils  de  Jean  de  Béhéty, 
sieur  de  Castarraing  (protestant),  et  de  Marie  du  Domec  de 
Lacarry,  par  nobles  Pierre  de  Lacarry  et  Jeanne  d'Aïnciondo- 
Salha,  sa  femme,  seigneur  et  dame  de  Salha,  Aguerre  de 
Helette  et  autres  lieux.  Ce  domaine  fut  revendu,  le  28  avril 
1615,  par  Pierre  de  Béhéty,  à  messire  d'Etchart,  procureur 
du  Roi.  Le  contrat  fut  cancellé  quelque  temps  après  *.  » 

«  Le  17  septembre  1653,  noble  Gabriel  d'Oïhénart-la-Salle, 
seigneur  de  Cibits ,  Gainçury,  Erdoy,  Troussecaillau  de  Suc- 
cos,  avocat  au  Parlement  de  Navarre,  épousa  Gràcy  de  Sar- 
tillon,  fille  de  Petiry  de  Marchanton,  sieur  de  Sartillon,  et  de 
Marie  de  Couget,  dame  de  la  maison  noble  et  potestaterie  de 
Lacarry.  Cette  seigneurie  appartenait,  en  1658,  à  Jeanne- 
Marie  d'Athaguy,  femme  de  Bertrand  de  Çaro,  seigneur  des 
Salles-Çaro,  Aincille,  Bascassan  ^,  » 


*  Arnaud  d'Oïhenard,  par  J.  de  Jaurgain. 

*  Arnaud  d'Oïhenard,  par  J.  de  Jaurgain. 


DE  LA  TAILLE  EN  LA  GO:\IMUNAUTÉ 

DE 

CASTELNAU-D'ARBIEU 

DANS   LE   COMTÉ   DE 

GAURE 

ET 

ROLLE  DE  LA  CAPITATION 

POUR   l'année 

1739 


ELECTION   D'ARMAGNAC 


APPENDICE  507 


Mandement  de  la  taille  en  la  communauté 

de   Castelnau-d'Arbieu, 

dans    le    comté    de    Gaure,     et    Rolle 

de  la  Capitation  pour  l'année  1739 


ELECTION    D'ARMAGNAC 

1739   —   29  NOVEMBRE 


L'an  1739  et  le  29<'  jour  du  mois  de  novembre,  au  lieu  de 
Castelnau-d'Arbieu,  soubs  lauban  de  l'église,  à  l'issue  de  la 
messe  paroissiale  dudit  lieu,  auroit  comparu  Jean  et  François 
Castarède,  consuls  modernes  dudit  lieu,  ayant  la  présence  des 
sieurs  François  et  Georges  Despons,  François  Laclavère, 
Fabien  Lary,  Bernard  et  François  Castarède,  Gérard  et  Jean 
Lartigau,  et  plusieurs  autres  jurats  et  habitants  dudit  lieu,  et  le 
sieur  Joseph  Pronux,  procureur  juridictionnel,  auquel  auroit 
été  dict  et  représenté  par  le  dict  Jean  Castarède,  premier 
consul,  qu'il  auroit  reçu  la  Mande  Pioyalle,  pour  les  imposi- 
tions à  faire  pour  l'année  prochaine  1740,  et  requis  de  procé- 
der au  département,  ce  quy  auroit  été  faict  en  la  manière  sui- 
vante : 

Premièrement  pour  le  pied  de  la  Taille,  suivant  la  Mande, 
1092  livres. 

Plus  pour  le  droit  de  quittance  à  M.  le  Receveur,  2  livres, 

Plus  pour  le  sceau  du  Rolle,  7  livres,  4  sols. 

Plus  pour  le  quartier  d'hyver  ou  habillement  des  milices,  ou 
sol  pour  livre,  162  livres,  9  sols,  9  deniers. 

Plus  pour  le  logement  militaire  ou  sol  pour  livre,  3  livres, 
18  sols,  9  deniers. 


508  APPENDICE 

Plus  pour  le  droit  de  vérification  à  MM.  les  Elus,  2  livres. 

Plus  pour  le  contrôlle  des  Epices,  12  sols. 

Plus  pour.  .  .  .   (illisible)  ....  42  sols. 

Plus  pour  l'enregistrement  de  l'Election  consulaire,  présan- 
tation  au  procureur,  ou  remise  du  Rolle  au  Greffe,  2  livres, 
8  sols. 

Plus  pour  la  faction  des  rolles  ou  papier  employé  à  iceux, 
11  livres,  10  sols. 

Plus  pour  le  voyage  pour  faire  vérifier,  3  livres,  10  sols. 

Plus  pour  la  procession  votive  que  la  communauté  fait,  tous 
les  ans,  à  Notre-Dame  de  Tudet,  12  livres. 

Plus  pour  l'honoraire  de  MM.  les  Consuls,  ou  port  de  livrées 
consulaires,  30  livres. 

Plus  pour  celuy  quy  faict  aller  l'horloge,  10  livres. 

Plus  pour  l'entretien  dudict  horloge,  5  livres. 

Plus  pour  l'honoraire  du  secrétaire  de  la  communauté,  5 
livres. 

Plus  pour  les  gages  du  valet  de  MM.  les  Consuls,  8  livres. 

Plus  pour  les  gages  du  carilloneur,  5  livres. 

Plus  pour  le  coniplantement  des  arbres,  20  livres. 

Plus  pour  le  droict  de  levée  ou  collecte,  30  livres. 

Toutes  les  susdictes  sommes  montent  à  celle  de  mil  quatre 
cens  seize  livres  quy  a  été  départie  sur  le  nombre  de  1356  con- 
cades  dont  le  territoire  se  compose,  à  raison  de  une  livre  et  un 
sol  par  concade. 

Ainsi  a  été  délibéré  en  Castelnau-d'Arbieu,  les  an  et  jour  que 
dessus. 

Madame  Anne-Marguerite  de  Saint-Martin,  veufve  de  mes- 
sire  Jean-Vincent  de  Montant,  en  (jualité  de  mère  tutrice  et 
légitime  administresse  de  la  personne  et  biens  de  messire 
Armand  de  Montant,  co-seigneur  dudict  lieu  et  autres  places 
qu'il  possède  en  biens  ruraux  audict  lieu,  soit  277  concades, 
5  places,  17  oscats  ;  argent,  201  livres,  un  sol. 

Madame  Marie-Angélique  de  Valette,  espouse  de  messire 
Pierre-Jacques   de   Lajonquière,    capitaine   des  vaisseaux  du 


APPENDICE  509 

Roy,  chevalier  de  l'ordre  militaire  de  Saint-Louis,  co-seigneu- 
resse  dudict  lieu,  possède  et  jouit  en  biens  ruraux,  70  conca- 
des,  4  places,  18  escats;  argent,  73  livres_,  14  sols. 

Demoiselle  Anne  de  Goalard,  co-seigneuresse  dudict  lieu, 
avec  Jean  de  Goalard,  une  concade,  21  places,  12  escats  ; 
argent,  une  livre,  15  sols,  un  denier. 

'     M.  Jacques  de  Bastard,  avocat  au  Parlement,  a  42  concades, 
16  places,  16  escats;  argent,  44  livres,  13  sols,  8  deniers. 

M.  le  comte  de  Flamarens,  102  concades,  14  places,  5  escats, 
au  lieu  dict  Aurenque;  argent,  107  livres,  11  sols,  11  deniers. 

Le  reste  se  partage  entre  les  divers  habitants  de  la  paroisse, 
dont  les  noms  suivent  : 

Gastarède,  Laclavère,  Lary,  Masses,  Thore,  Peylabère,  Des- 
pons,  Canteloup,  Dulong,  Maignaud,  Lacase,  Derrios,  Gelas, 
Ducasse,  Lartigau,  Lane,  Langlade,  Dulau,  Mares,  Laforgue, 
Massoc,  Vignaux,  Taurignac,  Lane,  Davasse,  Fillol,  Desbarats, 
Laborde,  Bruchet,  Moreau,  Lansson,  Gauboue,  Dansas,  Masè- 
res,  Gauran,  Lamothe,  Barrieu,  Delpech,  Garrepuy,  Saint- 
Amans,  flouillan,  Ladevèze,  Garrigues,  Noguès,  Despiau, 
Lasserre,  Senton,  Dupouy,  Pérès,  Bordes,  Salesses,  limozin, 
Gahusac,  Deliet,  Pradeau,  Dubarry,  Délas,  Candelon,  Bayron, 
Lafont,  M.  Denaus,  juge-mage,  M.  Joseph  Madères,  avocat 
du  Roy,  M.  Despons,  lieutenant  au  comté  de  Gaure. 

Le  tout  vérifié,  signé  par  : 

Darparéne,  Daignan  du  Sendat  et  Despons. 

(c  La  répartition  de  la  présente  capitation  a  été  faicte  le  plus 
équitablement  qu'il  a  été  possible,  par  les  jurats  et  cotisateurs 
nommés  par  la  communauté. 

»  Signés  :  Gastarède,  consul;  Despons,  Lary, 
tous  les  autres  ne  sachant  signer.  » 

(Archives  de  La  Balcre,  ea  Castelnau.) 


510  APPENDICE 


Liste   des   seigneurs   de   Castelnau-d'Arbieu, 

en  Lomagne,   du  nom   de   Galard, 

pendant  463   ans. 

1317*. —  Othon  de  Montaut,  était  co-seigiieur  de  Castelnau- 
d'Arbieu,  avec  Arbieu  de  Francs,  dont  la  fille, 
Alexie,  épousa  Guillaume -Bernard  de  Galard, 
seigneur   de   Frandat-Saint-Avit  ;  ils    donnèrent, 

1405.  —  le  11  août  1405,  à  Bernard  de  Lary,  l'investisse- 
ment de  terres  mouvantes  du  fief  d'Aurenque. 
Bernard  de  Galard  vivait  encore  en  1443. 

1459.  —  Béguier  de  Galard,  seigneur  de  Flamarens,  La  Cha- 
pelle, Balarin  en  Condomois,  Castera-Lectourois, 
Castelnau-d'Arbieu,  etc.,  passa,  le  17  novembre 
1459,  un  acte  d'inféodation  avec  Pierre  de  Pélis- 
son,  pour  diverses  terres  sises  en  Castelnau-d'Ar- 
bieu, sous  la  domination  de  Charles  d'Armagnac, 
comte  de  Fezensaguet,  et  le  pontificat  d'Amalric, 
évèque  de  Lectoure.  Il  vivait  en  1404. 

1473.  —  Pierre  de  Galard,  marié  avec  Jeanne  de  Montaut, 
co-seigneuresse  de  Castelnau-d'Arbieu,  donna  à 
l'église  dudit  lieu,  la  grosse  cloche  qui  porte 
encore  son  nom.  11  mit  Hugues  d'Espagne,  le  30 
septembre  1480,  en  possession  de  l'évèché  de 
Lectoure,  et  le  31  août  1487,  il  fit  la  même  céré- 
monie pour  Pierre  d'Abzac.  Sa  fille,  Miramonde 
de  Galard,  épousa  A.  de  Montaut,  seigneur  de 
Pauillac.  Pierre  de  Galard  passa  des  actes  féodaux 

'  La  seigneurie  de  Castelnau-d'Arbieu,  eu  Lomagne,  avait  eu  précédemment  pour  sei- 
gneur, Arbieu  de  Labalut,  qui  donna  (1263)  son  nom  au  village,  en  y  faisant  construire 
un  cliàteau.  Sa  lille  Blanclie  fut  mariée  avec  Oalin  de  Montaut ,  fils  d'Odon  de  Montaut, 
seigneur  de  Gramont,  (12'J3).  Elle  devint  veuve  en  1317,  et  son  fils,  Othon  de  Montaut. 
continua  la  lignée  des  Montant,  co-seigneurs  de  Castelnau-d'Arbieu,  avec  les  de  Francs, 
(Actes  divers,  de  1263,  12'J3  et  1317.) 


APPENDICE  511 

à  Castelnau,  en  1501  et  1504  ;  il  vivait  encore  le 
26  mai  1506.  Le  5  mai  1506,  Jeanne  de  Galard, 
épousa  M.  de  Sérillac. 

1514.  —  Jean  de  Galard,  seigneur  de  Gastelnau-d'Arbieu,  mit, 
le  l^r  janvier,  Jean  de  Barton  en  possession  de 
l'évêché  de  Lectoure.  11  fit,  le  9  février  1515,  acte 
de  reconnaissance  avec  Pierre  de  Lary,  seigneur 
de  Mansempouy,  pour  divers  droits  féodaux. 

1521.  —  Géraud  de  Galard  et  Jean  de  Galard,  oncle  et  neveu, 
étaient  seigneurs  de  Gastelnau-d'Arbieu.  Jean, 
acheta,  le  15  janvier  1521,  diverses  terres  à  Ter- 
raube.  Il  épousa  N.  de  Massas  de  Castillon,  et  fit 
hommage,  le  2  mai  1521,  au  duc  d'Alençon,  de  ses 
terres  de  Gastelnau-d'Arbieu,  Magnas  et  Urdens. 

1528.  —  Jean  de  Galard,  seigneur  de  Gastelnau-d'Arbieu, 
épousa,  le  15  novembre  1528,  ^larie  de  Galard, 
fille  du  seigneur  de  Terraube  et  de  dame  de  Vau- 
dreuil.  Jean  vivait  encore  en  1530. 

1533.  —  Géraud  de  Galard  était  seigneur  de  Gastelnau-d'Ar- 
bieu ;  Bernard ,  son  frère ,  seigneur  de  Gézan , 
fut  reçu  chevalier  de  Saint-Jean  de  Jérusalem. 

1542.  —  Jean  de  Galard  passa,  cette  année,  divers  actes  féo- 
daux au  sujet  de  sa  seigneurie  de  Gastelnau- 
d'Arbieu. 

1551.  —  Jean-Guy  de  Galard  fit  faire,  à  cette  date,  tout  le 
dénombrement  de  ses  terres  en  la  seigneurie  de 
Gastelnau-d'Arbieu.  Il  épousa  Catherine  de  Las, 
qui,  devenue  veuve,  se  remaria  avec  Antoine  de 
Montant,  co-seigneur  de  Gastelnau-d'Arbieu.  Guy 
de  Galard,  le  28  juin  1558,  assista  à  la  vente  du 
moulin  d'Aurenque,  faite  pour  2,000  livres,  par 
Bernard  de  Bassabat,  seigneur  de  Vicmont  et 
Bernard  de  Pordéac,  son  fils,  à  Jacques  de  Mon- 
taut,  co-seigneur  du  lieu  de  Gastelnau-d'Arbieu, 
avec  le  susdit  Guy  de  Galard  ;   Guy  de  Galard  fut 


512  APPENDICE 

décapité  pour  crime  de  lèse-majesté,  avec  Pierre 
de   La   Force,  à  Toulouse,  le  15  décembre  1567. 
Ses  biens  confisqués,  furent  rendus,  en  1568,  à  sa 
fille.  Guy  de  Galard  avait  été  ancien  gentilhomme 
de  la  Chambre  du  Roi  Charles  IX,  et  seigneur  de 
Castelnau-d' A  rbieu. 
1612.  —  Jean  de  Galard,  seigneur  de  Castelnau-d'Arbieu,   y 
fonda,  dans  l'église,  une  chapelle  dédiée  à  Saint- 
Michel,    le   8   mars  1612,  pour  le  repos  de  l'àme 
de  sa  sœur,  Esclarmonde  de  Galard,   femme  de 
noble  Pierre  de  Béraut,  seigneur    dudit   lieu,    au 
diocèse  de  Condom.   Sa  nièce,  Jeanne  de  Galard, 
mariée  avec  le  seigneur  de  Saint-Léonard,   le  12 
août  1587,  eut,  en  1620,  un  procès  avec  Jean  de 
Lary,  seigneur  de  La  Tour  ;    elle  vivait  encore  au 
château   de   Saint-Léonard,    en    1634,    et    avait 
apporté   à   son   mari  la  co-seigneurie  de  Castel- 
nau-d'Arbieu, qui  appartenait,  le  17  janvier  1751, 
en  partie  seulement,  à  son  petit-neveu,  Jean  de 
Galard;  celui-ci  mit,  (1751),  Guillaume  de  Barton 
en    possession   de   l'évéché    de    Lectoure.    A   ce 
moment,     la    seigneurie    de    Castelnau-d'Arbieu 
était   pour    un    liei's,    aux    Galard,  aux  Sérillac- 
Saint-Léonard  et  aux   Montant;   ces  derniers  la 
conservèrent  jus([u'à  la  Ilévolution  i.  A  cette  épo- 
que, «  madame  Anne-IMarguurite  de  Saint-Martin, 
veuve  de  feu  noble   Jean- Vincent   de   Montant, 
quand  vivait,  co-seigueur  dv,  Castelnau-d'Arbieu, 
et  mère  de  messii'e   Armand   de    Moutaut,    dont 
elle  avait  été  tutilce  légitinie,   en    1739   »>,    s'était 
letirée   dans   le   village   de   Castelnau,   ancienne 
seigneurie   de  la    l'amille   de  son  mari,  et  elle  y 
mourut  obscurément  vers  1804  ^. 

'  Archives  de  Magiias-Saiiit-Clar,  Terraiihc,  l'Iainarciis,  l,alias,  Sainl-Avil,  Balariii,  etc. 
*  Registres  de  la  mairie  de  Castelnau-d'Arbieu. 


NOTICE 

SUR    LA    MAISON 


DE 


BASSABAT  -  PORDEAG 


33 


APPENDICE  515 


Notice  sur  la  Maison  de  Bassabat-Pordéao 

Pierre  de  Bassabat  est  cité,  dans  un  titre  de  1402,  comme 
seigneur  du  château  de  Roquefort,  en  Guyenne,  et  de  Por- 
déac,  près  Pessoulens. 

Bernard  de  Bassabat,  seigneur  de  Pordéac  et  de  Castet- 
Arrouy,  lieutenant  du  sénéchal  d'Armagnac,  figure  dans  le 
syndicat  des  habitants  de  Lectoure,  réunis  le  20  août  1487, 
pour  régler  leurs  différents  avec  l'évêque  et  le  chapitre  ^ 

Géraud  de  Bassabat,  seigneur  de  Gastex,  près  d'Aire,  avait 
épousé,  vers  1490,  Cécile  de  Roquelaure  2,  fille  de  Jean  III, 
seigneur  de  Roquelaure,  Gaudoux,  Longart,  et  d'Antoinette  de 
Monlezun-Meillan. 

En  1562,  le  baron  de  Pordéac  s'empara  de  Lectoure  avec 
les  troupes  catholiques,  commandées  par  Peyrot,  Clermont, 
neveu  de  Monluc,  d'Urtubie  et  Henry  de  Foix-Candale,  comte 
d' Astarac  ;  ce  dernier  périt  glorieusement  (1573),  devant  Sau- 
mières,  en  Languedoc,  à  la  tête  de  vingt-deux  compagnies  de 
Gascons.  {Histoire  de  Gascogne,  par  Monlezun.) 

Avant  d'expirer,  il  demanda  à  être  enseveli  dans  les  caveaux 
du  château  de  Gastelnau-Barbarens,  où  il  fut  conduit  par 
Jean  de  Saint-Glar,  protonotaire  du  Saint-Siège,  et  abbé  de 
Gimont.   (Dom  Brugèle.) 

Le  15  août  1611,  Suzanne  de  Bassabat,  fille  de  Béraud  de 
Bassabat,  baron  de  Pordéac,  gouverneur  de  Verdun,  en  Guyen- 
ne, capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes,  et  de  Catherine 
d'Hébrail  des  Fontaines,  dame  de  Capendu,  fut  mariée  avec 
Antoine,  seigneur  de  Roquelaure  en  Armagnac,  Gaudoux, 
Sainte-Ghristie,  Monbert,  Longart,  ]\Iirepeix,  baron  de  Lavar- 

'  Archives  de  la  ville  de  Lectoure,  par  P.  Druilhet. 

Les  Bassabat-Pordéac  occupaient  à  Lectoure  une  maison  devenue,  en  1591,  halle  et 
hôtel  de  ville,  qui  avait  été  donnée  par  Louis  XI,  après  la  prise  de  cette  ville,  au  baron 
de  Pordéac,  en  récompense  de  ses  services. 

'  Armes  des  Roquelaure  :  d'azur  à  trois  rocs  d'échiquier  d'argent. 


516  APPENDICE 

dens  et  de  Biiau,  maitre  de  la  Garde-Robe  du  Roi,  chevalier 
de  ses  ordres,  sénéchal-gouverneur  du  Rouergue  et  de  Foix, 
lieutenant-général  de  la  Haute-Auvergne  et  du  Gouvernement 
de  Guyenne,  capitaine  du  château  de  Fontainebleau,  maire 
perpétuel  de  Bordeaux  et  maréchal  de  France  en  1615.  Il 
était  fils  de  Géraud,  seigneur  de  Roquelaure,  et  de  Catherine 
de  Bezolles,  et  il  mourut  subitement,  à  Lectoure,  le  9  juin 
1625,  âgé  de  81  ans.  On  l'ensevelit  dans  l'église  de  Roquelaure, 
comme  il  l'avait  ordonné  ^  Sa  première  femme  était  Cathe- 
rine d'Ornézan^  ,  veuve  de  Gilles  de  Montai,  baron  de  Roque- 
brau,  Carbonnières,  etc.,  et  fille  de  Jean-Claude  d'Ornézan, 
seigneur  d'Auradé,  Noaillaii;,  gouverneur  de  Metz,  et  de  Bru- 
nette  de  Gornil.  Antoine  de  Roquelaure  eut,  de  ses  deux  fem- 
mes, dix-huit  enfants.  Ses  lilles  entrèrent  dans  les  maisons  de 
Gramont-d'Andoins ,  Noailles-d'Ayen ,  La  Vauguyon-Saint- 
Mégrin,  Serrecave  de  Saint-Pé,  Lévis-Mirepoix,  Monluc-Bala- 
gny,  et  Cassagnet-Fimarcon.  Un  de  ses  fils,  Jean-Louis,  comte 
de  Roquelaure  et  de  Beaumont,  commandant  un  régiment  de 
cavalerie,  avait  épousé  sa  cousine,  Catherine  de  Bassabat- 
Pordéac  3. 

La  sœur  de  la  maréchale  de  Roquelaure,  Anne  de  Bassabat- 
Pordéac,  se  maria,  le  3  octobre  1600,  avec  Bernard  de  Baylens, 
baron  de  Poyanne  *,  seigneur  de  Gamarde,  Onart,  Clermont, 
Mimbaste,  Poyartin,  Montfort,  chevalier  des  Ordres  du  Roi, 
conseiller  d'Etat,  gouverneur  de  Dax,  Saint-Se ver-Cap,  Navar- 


'  «  Le  3  novembre  1C32,  sous  l'épiscopat  de  Jean  d'Estresses,  la  reine  Anne  d'Autriche 
et  le  cardinal  de  Hichelicu,  furent  reçus  par  les  consuls  et  les  notables  bourgeois  de  Lec- 
toure, au  hameau  de  Tané,  situe  entre  cette  ville  et  Magnas,  et  ils  assistèrent,  le  5  novem- 
bre, dans  l'église  de  Saint-Gervais,  au  baptême  de  Louis  et  Marie  de  Roquelaure,  enfants 
jumeaux  du  feu  maréchal.  » 

(Archives  municipales,  citées  par  Am.  Plieux.) 

*  Armes  des  d'Ornczan  :  d'or  à  trois  fasces  de  gueules.  Les  Ornezaa-Saint-Blancat  écar- 
telaient  :  d'azur  au  lion  d'or. 

'  Archives  de  Magnas  (Gers). 

*  Les  Baylens  portaient  dans  leur  écusson  :  aux  premier  et  quatrième  d'or,  au  lévrier 
rampant  de  lîueules,  bouclé  et  colleté  d'argent  ;  aux  deuxième  et  troisième  d'azur,  à  trois 
canettes  d'argent,  posées  deux  et  une.  —  (Gcnouillac.) 


APPENDICE  517 

reins,    commandant,    pour  Sa  Majesté,    au  pays  des  Lannes, 
lieutenant-général  en  Béarn  et  Navarre. 

M.  de  Bassabat,  comte  de  Pordéac,  mousquetaire  du  Roi 
en  1681,  et  proche  parent  de  Madame  de  Lary-Latour,  était 
d'une  force  prodigieuse  et  d'une  adresse  remarquable.  Le 
Mercure  de  France  du  mois  de  novembre  1710,  raconte 
«  qu'un  jour  un  malheureux  bretteur  et  filou  l'ayant  insulté  et 
luy  ayant  dit  qu'ils  se  rencontreraient  l'épée  à  la  main,  M.  de 
Bassabat,  d'une  bravoure  éprouvée,  et  ne  voulant  pas  se  com- 
mettre avec  un  tel  maraud,  luy  dit,  d'un  air  de  grand  sang- 
froid  qu'il  espéroit  bien  qu'il  ne  l'attaqueroit,  car  il  étoit 
observateur  régulier  des  ordres  du  Roy  ;  l'autre  faisant  le 
fier-à-bras,  luy  dit  :  Ouy,  je  vous  attaquerai  avant  qu'il  soit 
peu.  Vous  me  le  promettez,  luy  répondit  froidement  M.  de 
Bassabat,  et  luy  présentant  la  main  :  touchez  donc  là;  l'autre 
met  la  main  dans  la  sienne  et  celuy-cy  la  lui  serra  si  fort 
qu'il  lui  brisa  le  bras  en  deux.  L'autre  faisoit  des  cris  effroya- 
bles, et  M.  de  Bassabat  luy  dit  sèchement  :  «  Vous  me  ferez 
«  savoir  quand  vous  serez  en  état  de  manier  l'épée.  » 

«  Casser  en  deux  un  fer  à  cheval,  rompre  une  pièce  d'ar- 
gent et  porter  des  poids  que  quatre  hommes  n'auroient  pu 
remuer,  étaient  un  jeu  pour  M.  de  Bassabat  *.  » 

Les  armes  de  la  maison  de  Bassabat  étaient  :  d'argent  à 
trois  corbeaux  de  sable,  becqués  et  membres  d'or  ;  on  les 
trouve  quelquefois  ainsi  blasonnées  :  d'or  à  trois  merlettes 
de  sable,  posées  deux  et  une. 

Devise  :  il  m'est  fidèle. 


Mercure  de  France,  novembre  1710. 


NOUS   RAPPORTONS   LE  DOCUMENT  CI-APRÈS  COMME  POUVANT 
INTÉRESSER  PLUSIEURS  FAMILLES   DE 

FLEURANCE 

DONT  LES  ANCÊTRES   ONT  FAIT  DIVERSES  LIBÉRALITÉS 
A  l'hôpital  SAINT-JACQUES  EN  CETTE  VILLE 


RENTES 


FAITES    PAR    DES    PARTICULIERS 

A 

l'Hôpital  de  Saint-Jacques 

EN   LA   VILLE   DE 

FLEURANCE 


APPENDICE  523 


Liste  ou  Etat  des   Particuliers    qui    font  Rente 
à  l'Hôpital  de   Fleurance. 

Anne  Capdeville,  Philip  Gastadère,  et  aujour- 
d'hui Mauroux,  tailleur,  font  cinq  livres  de 
rente,  par  acte  du  3  février  1769.  —  Dupuy, 
notaire cy.      5  • 

Boue,  de  Lectoure,  et  Boue,  de  Estaffort, 
soixante  quinze  livres,  par  acte  du  17  jan- 
vier 1757,  —  Sillières,  notaire  à  Vives  .     cy.     75 

Jean  Taurignac,  munier  à  Castelnau,  cinq  livres 
payables  le  5  février,  suivant  l'acte  de  recon- 
noissance  du  17  janvier  1777.  —  Fitte, 
notaire cy.      5 

Lasserre,  Marie  de  Gouè,  à  Fleurance,  six  livres 
quinze  sols  pour  la  jouissance  de'  3  cazaux, 
1  place,  22  escats  de  Préd  à  l'isle  du  moulin, 
à  la  décharge  de  Bavant.  Acte  du  7  février 

1694.  —  Bupuy,  notaire cy.       6    15  » 

Cet  acte  fut  renouvelé  par  Rouquette,  repré- 
sentant Lasserre,  ledit  acte  passé  par  Benjoy, 
notaire  de  la  dite  ville. 

Cahuzac,  forgeron  à  Aurenque,  deux  livres.  Acte 
renouvelle  le  14  octobre  1770.    —   Bupuy, 

notaire cy.      2 

Mauvers,  demeurant  à  Aurenque,  remplace 
Cahuzac  d'Aurenque.  Acte  passé  par  Benjoy, 
notaire,  le  19  mars  1816. 

Marie  Carbonneau,  Jean  et  autre  Jean  Boutan, 
forgeron  à  Pauilhac,  vingt  livres  payables 
au  27  février,  suivant  la  reconnoissance  du 
27  novembre  1780.  —  Fitte,  notaire.  .     cy.    20 

Rivière,  sergent  à  Fleurance,  six  livres.  Acte 
du  25  février  1750.  —  Bupuy,  notaire,     cy.      6 


524  APPENDICE 

Desparbès,  Darboles  à  Fleurance,  deux  livres, 
deux  sols,  trois  deniers,  à  la  décharge  de 
Desparbès  du  Tuco,  acte  du  27  février  1663. 
—  Noguès,  notaire cy.       2      2      3d 

Barthélémy  et  François  Douzens  à  Pauilhac, 
quinze  livres,  payables  le  8  mars,  suivant 
l'acte  du  18  septembre  1764,  retenu  par 
Moisset,  notaire,  et  renouvelé  par  Dupuy, 
notaire,  qui  s'est  adressé  à  Pierre  Buzet, 
cultivateur  à  Pauilhac,  représentant  François 
Douzens cy.    15 

Masson,  habitant  à  Cadeilhan,  sept  livres  dix 
sols.  Acte  du  22  mars  1750.  Renouvelé  le  23 
août  1701. —  Dupuy,  notaire cy.       7    10 

Héritiers  de  Mauméjan ,  cordonnier ,  à  la  dé- 
charge de  Castaigné  et  celuy-cy  à  la  décharge 
de  Morlan  jeune,  deux  livres  ;  acte  du  26 
mars  1657.  Lagasson,  notaire.  C'est  Antoine 
Soulès,  au  Brana  du  Bas,  qui  est  maintenant 
chargé  de  la  rente cy.      2 

Héritiers  de  Pierre  Gariepuy,  à  Fleurance,  trois 
livres,  deux  sols,  six  deniers,  payables  le  14 
juillet,  suivant  l'acte  du  8  juin  1769.  — 
Dupuy,  notaire cy.      3      2      6 

Pierre  Poncin,  à  Fleurance,  une  livre,  cinq  sols, 
pour  la  jouissance  de  la  moitié  de  Sainte- 
Catherine,  acte  du  8  mars  1669.  Pierre 
Marassé,  garde-forestier,  représentant  ledit 
Poncin,  est  maintenant  représenté  par  Pierre 
Fouraignan,  sabotier  en  cette  ville,  qui  se 
trouve  chargé  dudit  article  en  vertu  de  l'acte 
nouvellement  passé  en  septembre  1818.     cy.      1       5 

Dominique  Lacoste,  masson  à  Fleurance,  cinq 
livres,  quinze  sols;  acte  du  26  juin  1785.  — 
Denjoy,  notaire cy.      5    15 


APPENDICE  525 


La  femme  Doat